Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Deux heures et demie de l'après-midi)
M. HYDE (président): Qu'on ouvre les portes. Let the doors be
opened.
A l'ordre, messieurs. Affaires courantes.
Présentation de pétitions. Lecture et réception de
pétitions. Présentation de rapports de comités
élus. Présentation de motions non annoncées.
Est-ce que le député de Trois-Rivières a une motion
à présenter?
M. GABIAS: Je propose, secondé par le député de
Yamaska, que M. Charles Faure, contrôleur des assurances,
ministère des Finances de la province de Québec, soit
assigné à venir témoigner devant le comité des
comptes publics, mardi le 14 juillet 1964 à 10 h. 30 du matin, dans la
salle No 91-A du comité des bills privés du Conseil
législatif au palais législatif de Québec et à y
apporter les livres, pièces et dossiers suivants: a)les contrats ou
copies de contrats d'assurances de tout genre et de toute catégorie dans
lesquels le gouvernement de laprovincedeQué-bec ou un de ses organismes
est ou sont la partie assurée, contrats intervenus au cours des
années 1960-1961, 1961-1962, 1962-1963, 1963-1964 et 1964 à date;
-Il s'agit de l'article 711, M. le Président. - b)originaux et/ou copies
de toute correspondance et mémo échangés entre le
contôleur des assurances ou aucun de ses officiers et chacune des
compagnies d'assurance ou aucun de ses officiers qui et/ou ont assumé un
ou des risques énumérés dans les contrats ou copies de
contrats mentionnés au paragraphe a) des présentes; c)originaux
et/ou copies de toute correspondance et mémo échangés
entre le contrôleur des assurances ou aucun de ses officiers et chacun
des ministères, ministres ou aucun de leurs officiers au sujet des
contrats et copies de contrats d'assurance dont s'agit au paragraphe a) des
présentes; d) la liste des noms et adresses de toutes les compagnies
d'assurance qui sont la partie assureur dans les contrats d'assurance dont
s'agit dans le paragraphe a) des présentes; e) la liste des noms et
adresses de tous les courtiers et agents d'assurance qui ont été
intermédiaires entre la partie assurée et la partie assureur dans
les contrats ou copies de contrats d'assurance dont s'agit au paragraphe a) des
présentes; f) Chèques ou copies de chèques émis sur
autorisation. i) du ministère des Finances de la province de
Québec ou aucun de ses officiers. ii) du Conseil de la Trésorerie
ou aucun de ses officiers. iii) du Conseil exécutif ou aucun de ses
officiers en paiement des primes dues ou exigibles sur les contrats
d'assurances dont s'agit au paragraphe « A » des présentes.
g) La liste des noms et adresses des récipiendaires des commissions
payées on à être payées par les compagnies
d'assurances dont s'agit au paragraphe « B » des présentes
qui ont assumé un ou des risques assurés dans les contrats ou
copie de contrats d'assurances dont s'agit au paragraphe « A » des
présentes. h) Originaux et ou copie de tous mémos et
correspondance échangés entre le ministre des Finances ou aucun
de ses officiers, le contrôleur des assurances ou aucun de ses officiers
mentionnant ou désignant le ou les récipiendaires des commissions
payées ou à être payées par les compagnies
d'assurances à la suite de l'entrée en vigueur des contrats
d'assurances dont s'agit au paragraphe « A ».
M. LESAGE: M. le Président, il me semble qu'il s'agit d'une
motion dont avis aurait dû être donné au feuilleton et de
plus je crois qu'il appartient au comité de décider quels sont
les témoins qui doivent être assignés. 405 dit: « Un
comité spécial ne peut requérir la comparution de
personnes ou la recommandation de pièces au dossier à moins d'y
avoir été autorisé par la Chambre. » Très
bien. Mais il appartient au comité d'assigner.
M. GABIAS: Je vous ferai remarquer que c'est en vertu de l'article 711,
M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Je me demande si 711 ne s'applique pas aux
témoins qui doivent être assignés devant la Chambre.
M. LESAGE: Devant la Chambre, M. le Président, et non devant les
comités. Devant les comités...
M. JOHNSON: « ... devant elle ou devant un de ses comités
».
M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON: « ... devant elle ou devant un de ses comités
». L'article 711 est...
M. GABIAS: C'est bien, bien clair, M. le Président.
M. BELLEMARE: Si on désire interroger un député;
à 712. Ce n'est pas un témoin; à 712, c'est un
député.
M. LESAGE: M. le Président, je suggère que vous preniez la
motion en délibéré pour que nous puissions en discuter
demain. Je demande l'ajournement de la discussion sur la motion à
demain.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est la première fois que
j'entends dans cette Chambre un député suggérer à
l'orateur de prendre une motion en délibéré. C'est
l'orateur qui...
M. LESAGE: Non, non, j'ai proposé...
M. JOHNSON: ... sait si oui ou non, il peut...
M. LE PRESIDENT: La discution, la discussion!
M. LESAGE: J'ai proposé, M. le Président, l'ajournement de
la motion à demain...
M. LE PRESIDENT: Du débat.
M. LESAGE: Du débat sur la motion, à demain.
M. JOHNSON: M. le Président, parlant sur la motion d'ajournement
puisque c'est ce que le premier ministre vient de faire, je le présume,
il semble qu'il n'y ait pas nécessité, ou tout au moins, la
nécessité de l'ajournement n'a pas été
démontrée à cette Chambre par le proposeur de la motion
d'ajournement.
Le premier ministre prenant la parole sur cette motion, la motion du
député des Trois-Rivières, motion non annoncée, a
choisi évidemment de ne pas la discuter, mais a fait une proposition
d'ajournement qui, a toutes fins pratiques évidemment, épuise son
droit de parole sur la présente motion.
M. le Président, je ne vois pas pourquoi si vous vous sentez
prêt à rendre une décision vous auriez à
remettre...
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas une question de décision de ma
part. Je ne voudrais pas interrompre le chef de l'Opposition, mais je dois dire
que j'avais quelques doutes sur la motion à ce stade. Je lis simplement
la note sous l'article 708: « avant d'ordonner l'assignation d'un
témoin, il est nécessaire que, d'une façon ou d'une autre,
la Chambre ait décidé de faire une enquête sur le sujet sur
lequel doit porter l'interrogatoire du témoin. » Alors,
franchement, je ne considère pas que le premier ministre a
soulevé, je n'ai pas eu l'impression que le premier ministre a
soulevé un point d'ordre.
M. LESAGE: Non.
M. LE PRESIDENT: Il a suggéré la possibilité que
ça devrait être une motion annoncée, ou que ça
devrait relever du comité lui-même. Avant de se prononcer
là-dessus...
M. LESAGE: Oui, ça a quatre pages.
M. LE PRESIDENT: ... il avait demandé, il avait
suggéré et proposé l'ajournement du débat.
Maintenant, moi, je voudrais, j'aimerais obtenir le consentement des
députés, et suivre cette suggestion là, autrement je crois
que je devrais moi-même attirer l'attention sur les règlements,
et, là-dessus, je le prendrai en délibéré pour
étudier la question. Après tout, ce n'est pas quelque chose qui
arrive tous les jours en Chambre.
M. LESAGE: Une motion de quatre pages.
M. JOHNSON: M. le Président, est-ce que je comprends qu'il n'y a
pas de motion d'ajournement...
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. JOHNSON: ... de la discussion sur la motion
présentée?
M. LE PRESIDENT: C'est ça oui, et j'avais demandé la
coopération des députés pour accepter la motion...
M. JOHNSON: Et on doit présumer que le premier ministre a
retiré ce qui paraissait être, au début, une objection
quand au fond, une objection de forme.
M. LESAGE: M. le Président, je pense que le chef de l'Opposition
a tort de présumer. Je propose l'ajournement de la discussion de cette
motion, sous réserve de tous les points de règlements que je
pourrai invoquer.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. GABIAS: J'ai d'autres motions M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Alors, sur la motion du député de
Trois-Rivières, la discussion est ajournée à demain.
M. JOHNSON: Pour éviter un vote; adopté sur division.
M. LESAGE: Bien oui mais, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: La motion d'ajournement a été
adoptée sur division.
M. LESAGE: M. le Président, je ne comprends pas l'attitude du
chef de l'Opposition. Il exige toujours du gouvernement que nous lui donnions
avis des jours et des jours d'avance des motions et des législations que
nous voulons présenter.
Sur une motion annoncée qui a trois pages et demie, qui est une
procédure absolument inusitée, il voudrait que nous soyions en
mesure immédiatement de nous prononcer sur la forme et sur le fond. Il
est normal, M. le Président, dans les circonstances que je
suggère que nous discutions de la question demain.
M. JOHNSON: Vous allez me donner, M. le Président, l'autorisation
de répondre.
M. LESAGE: Sous réserve de tous les droits que je conserve
d'invoquer que la motion est irrégulière.
M. JOHNSON: J'ai déclaré tantôt qu'on n'avait pas
démontré à la Chambre la nécessité de
remettre la discussion de cette motion qui est très simple et qui est
conforme à ce qu'avait dit le premier ministre lors de la
dernière réunion, alors qu'à la demande du
député des Trois-Rivières, il avait dit: « Oui avec
plaisir je ferai venir M. Faure avec tous les documents ». Et la motion
conclue à ce que monsieur Faure s'amène devant la prochaine
réunion du comité des comptes publics avec les documents.
M. LESAGE: Je regrette, M. le Président. Ce n'est pas du tout ce
que j'ai dit au comité des comptes publics, et je prends à
témoin le député de St-Jacques. J'ai dit: « A la
prochaine séance du comité des comptes publics, nous discuterons
du bilan de la province, et à la séance suivante, M. Faure
viendra témoigner ». Ça c'est exactement ce que j'ai
dit.
M. GABIAS: Non, non.
M. LE PRESIDENT: Alors si je comprends bien, la discussion est suspendue
jusqu'à demain, à la prochaine séance.
M. LESAGE: A la prochaine séance.
M. LE PRESIDENT: Et sur division, la décision de suspendre...
M. LESAGE: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: La discussion est adoptée sur division.
M. LESAGE: Au nom du député, ce sera appelé quand
je voudrai.
M. JOHNSON: Prochaine séance?
M. LESAGE: Prochaine séance, ça peut vouloir dire dans
quinze jours.
M. JOHNSON: Ah! le premier ministre nous avertit d'avance qu'il va
enterrer cette motion!
M. LESAGE: Ce n'est pas le chef de l'Opposition qui dirige la Chambre,
c'est le premier ministre.
M. CADIEUX: C'est ça.
M. JOHNSON: Cela paraît aussi.
M. GABIAS: Est-ce que je comprends qu'on m'applaudit parce que je me
lève, M. le Président?
M. CADIEUX: Une chance que c'est comme ça.
M. GABIAS: Une autre motion, secondée par le député
de Yamaska, que M. Alexandre Larue, chef de Cabinet, du bureau du premier
ministre de la province de Québec, soit assigné à venir
témoigner devant le comité des comptes publics, mardi le 14
juillet 1964 à 10 h 30 du matin, dans la chambre numéro 91-A du
comité des bills privés du Conseil législatif au palais
législatif de Québec, et y apporter originaux et/bu copies de
tout mémo ou correspondance échangée entre le chef de
Cabinet du premier ministre ou aucun de ses officiers et compagnie d'assurance
ou aucun de ses officiers qui ont émis des contrats d'assurances dans
lesquels le gouvernement de la province et/ou un de ses organismes sont la
partie assureur au cours des années 1960,1961, 1961-1962, 1962-1963,
1963-1964 et 1964 à date.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je comprends qu'on va faire la même
chose, suspendre, qu'on va le prendre comme avis.
M. JOHNSON: Non, non. On va attendre.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, M. le Président, je propose l'ajournement
de cette motion à la prochaine séance pour les mêmes
raisons que celles qui ont été exposées par le premier
ministre sur la motion d'abord présentée par le
député de Trois-Rivières.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. JOHNSON: Adopté sur division.
M. LE PRESIDENT: Adopté sur division.
M. GABIAS: Motion secondée par le député de l'Islet
que M. Marcel Hénault, gérant-général de la
compagnie d'assurance l'Union canadienne, soit assigné à venir
témoigner devant le comité des comptes publics, mardi le 14
juillet 1964, à 10 h 30 du matin dans la salle numéro 91-A du
comité des bills privés du Conseil législatif, au palais
législatif de Québec.
M. BERTRAND (Missisquoi): On va attendre.
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président, je propose l'ajournement
du débat pour les mêmes raisons qui ont été
mentionnées pour les autres motions.
M. LE PRESIDENT: Adopté sur division.
M. GABIAS: Autre motion, secondée par le député de
l'Islet: « Que M. Hector caron, de Caron Hector A. Inc., 630 ouest, rue
Dorchester, dans la cité du district de Montréal soit
assigné à venir témoigner devant le comité des
comptes publics, le mardi 14 juillet 1964, à 10 h. 30 du matin, dans la
salle No 91 A du comité des bills privés du Conseil
législatif au Palais législatif de Québec ».
M. HAMEL (St-Maurice): Je propose l'ajourne ment du débat pour
les mêmes raisons que pour les motions antérieures.
M. LE PRESIDENT: Adopté? Adopté sur division.
M. GABIAS: Secondé par le député de Yamaska:
«Que M. Victor Larue, domicilié au No 192 A rue Aberdeen, dans la
cité et le district de Québec, soit assigné à venir
témoigner devant le comité des comptes publics, le mardi 14
juillet 1964, à 10 h. 30 du matin, dans la salle No 91 A du
comité des bills privés du Conseil législatif au Palais
législatif de Québec ».
M. HAMEL (St-Maurice): Je propose l'ajournement du débat pour les
mêmes raisons qui ont été mentionnées pour les
motions antérieures.
M. LE PRESIDENT: Adopté sur division.
M. GABIAS: Une autre motion, secondée par le député
de l'Islet: « Que M. Etienne Creirer président de la compagnie
d'assurance « La Prévoyance », soit assigné à
venir témoigner devant le comité des comptes publics, le mardi 14
juillet 1964, à 10 h 30 du matin, dans la salle No 91 A du comité
des bills privés du Conseil législatif, au Palais
législatif de Québec, et à y apporter les livres,
pièces et dossiers concernant tout paiement des commissions
effectué par la compagnie dont il est le président, à
Hector Caron, de Caron Hector A. Ins., 630 ouest, rue Dorchester,
Montréal, au cours des mois d'octobre ou novembre 1960 ».
M. HAMEL (St-Maurice): Je propose l'ajournement du débat pour les
mêmes raisons.
M. LE PRESIDENT: Adopté sur division.
M. GABIAS: Secondé par le député de l'Islet:
« Que la Chambre envoie au Conseil législatif un message priant le
Conseil de permettre à l'honorable Philippe Brais, représentant
pour la division de Grandville, de venir déposer devant le comité
des comptes publics, le mardi 14 juillet 1964, à 10 h. 30 du matin, dans
la Chambre No 91 A du comité des bills privés du Conseil
législatif, au Palais législatif de Québec, afin que
l'honorable Philippe Brais y soit interrogé relativement aux paiements
de primes d'assurance faits à Caron Hector A. Ins. par la compagnie
d'assurance « La Prévoyance » au cours des mois d'octobre ou
novembre 1960. Cette dernière motion est en vertu de l'article 715, M.
le Président.
M. LESAGE: Et Auréa Cloutier?
M. HAMEL (St-Maurice): Je propose l'ajournement pour les mêmes
raisons.
M. LE PRESIDENT: Adopté sur division.
M. LESAGE: Est-ce que le député de Trois-Rivières a
des motions pour assigner l'honorable Gérald Martineau et mademoiselle
Auréa Cloutier?
M. BELLEMAE: Cela va coûter moins cher.
M. GABIAS: La question posée par l'honorable premier ministre
demande sûrement une réponse. Premièrement, quand
l'honorable premier ministre a fait en sorte que l'honorable Martineau soit
poursuivi, il n'a pas eu le courage de porter l'accusation...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: M. le Président, invoquant une question de
privilège, je suggère qu'il est antiparlementaire d'accuser le
premier ministre de manquer de courage lorsque le gouvernement a recours, par
l'intermédiaire de ses procureurs de la Couronne aux tribunaux de la
province.
M. JOHNSON: Après avoir dépensé $1,000,000.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. GABIAS: Après discussion, je retire l'expression...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. GABIAS: ... et je dis...
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. GABIAS: Voyons, M. le Président. Je dis, pour employer une
expression qui a été reçue hier de la part du premier
ministre, qu'il a eu peur de poursuivre l'honorable Martineau dans cette
Chambre.
M. LESAGE: Je n'en avais pas le droit.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Il n'y a pas de débat
à ce moment-ci.
M. LESAGE: On n'a pas le droit de juger un membre d'une autre Chambre,
voyons donc.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. GABIAS: M. le Président, est-ce que je peux dire à
l'honorable premier ministre, de lire, de lui suggérer...
DES VOIX: A l'ordre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Je ne peux pas permettre une
discussion générale sur ce point. Est-ce que le
député a d'autres motions à présenter.
M. GABIAS: Non, mais je peux dire ceci... M. LE PRESIDENT: A l'ordre,
messieurs.
M. GABIAS: M. le Président, le premier ministre m'a posé
une question.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Il n'y a rien devant la Chambre.
S'il y a d'autres...
M. JOHNSON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre a posé
une question qui ne doit pas rester sans réponse.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. J'ai l'impression que, non
seulement le député de Trois-Rivières a répondu,
mais il a répondu deux fois.
M. JOHNSON: Non, non. UNE VOIX: Deux fois de trop.
M. LE PRESIDENT: Il n'est pas question de permettre un temps
illimité à répondre. Le premier ministre avait posé
une question. Peut-être n'aurait-il pas dû la poser. Mais j'ai
laissé répondre le député de Trois-Rivières
et je considère que l'incident est clos.
M. GABIAS: M. le Président, l'honorable premier ministre m'a
posé une question...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Je viens justement de dire que je
considère que l'incident est clos.
M. GABIAS: Oui, mais ce n'est pas la question à laquelle vous
pensez.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. On n'est pas rendu...
M. BRISSON: On respecte le président.
M. LE PRESIDENT: ... on est à l'item « Présentation
de motions non annoncées ».
M. GABIAS: J'invoque une question de privilège, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Cela peut venir après.
M. GABIAS: Sur une question de privilège. M. LE PRESIDENT: Pas
à ce moment-ci.
M. GABIAS: Bien, voici le premier ministre a parlé deux fois sur
une question de privilège ça lui a été
accordé...
M. BELLEMARE: Le premier ministre l'a demandé deux fois.
M. LE PRESIDENT: C'était durant la discussion.
M. GABIAS: On m'a accusé de ne pas connaître le
règlement et je crois qu'il est obligatoire pour chacun des
députés dans cette Chambre, et en particulier pour le premier
ministre, de connaître le règlement. Je le réfère
à l'article 715 du règlement pour assigner l'honorable Brais.
M. LE PRESIDENT: Très bien. Présentation de bills
privés.
Présentation de bills publics. Affaires du jour.
M. LESAGE: M. le Président, hier j'ai annoncé que nous
étudierions la législation dans un certain ordre. Pour
coopérer avec l'Opposition, à la suggestion du
député de Missisquoi, j'ai tenté d'établir un
nouvel ordre de l'étude de la législation et des crédits
qui permettrait à la Chambre de continuer à siéger en
même temps que siège le comité des bills publics.
Le comité de la fonction publique doit siéger à
trois heures (il est trois heures cinq); ce comité, je crois, a le droit
de siéger en même temps que la Chambre tandis que le comité
des bills publics n'en a pas le droit. Je demande donc le consentement unanime
de la Chambre pour que le comité des bills publics puisse siéger
cet après-midi à partir de quatre heures en même temps que
la Chambre siège, à la suite de la conversation que j'ai eue avec
le député de Missisquoi et le député de St-Jacques
ce matin.
Nous commencerons alors par l'étude du bill 28: « Loi
concernant le parc provincial du Mont Tremblant »; ensuite la loi
modifiant la Loi des autoroutes.
Ensuite, si le ministre de l'Education a terminé son travail au
comité de la fonction publique, comme on l'appelle communément,
eh bien, nous prendrons la loi du financement des investissements
universitaires. Si cela nous porte jusqu'à six heures et que nous avons
terminé, de toute façon, immédiatement après, je ne
serai pas ici, mais un de mes collègues fera motion pour que la Chambre
se forme en comité des subsides pour tenter de terminer l'étude
des crédits du ministère des Richesses naturelles.
Quant aux deux autres projets de loi dont j'avais annoncé
l'étude, trois autres, il s'agit de celui des allocations scolaires. A
cause de certains aspects du bill, je crois qu'il est de mon devoir
d'être en Chambre; un autre, c'était celui des agents de
réclamation, il est à mon nom; et l'autre est celui qui
apparaît au nom du ministre du Travail: « Loi modifiant la loi des
accidents du travail », et le ministre du Travail doit être
présent avec moi au comité des bills publics, où les bills
qui y sont étudiés intéressent particulièrement son
ministère.
M. LE PRESIDENT: Alors, la motion concernant la possibilité de
siéger en même temps que le comité des bills publics, sera
adoptée à l'unanimité? Adoptée.
M. JOHNSON: Adoptée. M. LESAGE: Alors, No 3, M. le
Président.
Echange de territoire
M. JOHNSON: M. le Président, à la suite de l'annonce
faite, hier, par le premier ministre, à l'effet que les
négociations sont suspendues relativement aux chutes Hamilton, y a-t-il
lieu de s'attendre, quand même, à une loi concernant
l'échange de territoires entre Terre-Neuve et Québec?
M. LESAGE: M. le Président, si nous voulons terminer la
présente session au mois de juillet, il ne saurait en être
question au cours de ce mois.
M. JOHNSON; Et si la session n'est pas terminée au mois de
juillet, peut-on s'attendre à avoir pareil projet de loi?
M. LESAGE: La politique du gouvernement, M. le Président, sera
énoncée en temps et lieu.
La Fashion Craft
M. JOHNSON: M. le Président, est-ce que le ministre du Travail
songe à établir, sur le même modèle que
l'organisation montée à Thetford, un organisme de secours pour
les employés de la Fashion Craft, à Victoriaville, qui n'ont pas
encore trouvé d'emplois?
M. FORTIN: Il n'en est pas question pour le moment.
M. JOHNSON: Le ministre pourrait-il nous dire combien d'employés
de Fashion Craft qui ont été licenciés et mis à
pied, pour être plus exact, par suite de la fermeture de l'usine, ont
trouvé de l'emploi?
M. FORTIN: M. le Président, les employés de la Fashion
Craft ont dit qu'ils régleraient leurs problèmes eux-mêmes
et n'ont pas demandé l'intervention du ministère.
M. JOHNSON: Le député d'Arthabaska n'a pas demandé
l'intervention du ministère?
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. JOHNSON: Le procureur général, ou le premier ministre
songe-t-il à accorder, à faire suite à la requête
que j'ai émise dans cette Chambre, demandant une enquête royale
sur l'affaire des faux certificats?
M. LESAGE: M. le Président, l'affaire est devant les
tribunaux.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. M. LESAGE: No 3.
M. GAGNON: Le ministre de l'Agriculture et de la Colonisation aurait-il
des commentaires à faire concernant les protestations de 1'U.C.C,
à la suite des appareils qui produiraient de la pluie artificielle, et
installés en collaboration avec le ministère des Richesses
naturelles, et qui seraient la cause de la mauvaise température dans la
province, causant des dommages aux cultivateurs.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. GAGNON: C'est une nouvelle qui est passée à la radio ce
midi.
M. RENE LEVESQUE: Si le député veut nous envoyer ses
renseignements techniques, on essaiera de faire regarder ça.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Affaires du jour.
M. LESAGE: No 3.
M. LE PRESIDENT: No 3, question de M. Raymond.
M. LESAGE: Oui, il y a une copie. Est-ce que le député de
Champlain a demandé s'il y avait une copie? La réponse est
oui.
M. BELLEMARE: Oui, merci. M. LESAGE: No 20.
Parc du Mont Tremblant
M. LE PRESIDENT: M. Bertrand (Terrebonne) propose la deuxième
lecture du bill No 28 intitulé: « Loi concernant le parc
provincial du Mont Tremblant ». Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. BERTRAND (Terrebonne): M. le Président, le bill 28.
M. LESAGE: M. le Président, je m'excuse, ce n'est pas le No 20
que j'aurais dû appeler mais le No 21 car le bill est complètement
sur résolution.
M. BERTRAND (Terrebonne): M. le Président, le
lieutenant-gouverneur étant mis au courant de la teneur du
présent bill en recommande la discussion par cette Chambre.
M. LE PRESIDENT: M. Bertrand propose que je quitte maintenant le
fauteuil pour que la Chambre se forme en comité plénier pour
étudier les résolutions relatives au bill No 28. Cette motion
sera-t-elle adoptée? Adoptée.
M. BERTRAND (Terrebonne)! M. le Président, sur le bill 28
présentement devant la Chambre, je dois tout simplement dire ceci. Qu'en
vertu des notes explicatives et du plan que j'ai devant moi le parc provincial
de Mont Tremblant, sera réduit dans ses limites actuelles.
Ses limites actuelles sont de 1,155 milles carrés et nous
demandons de le réduire de 235 milles d'abord dans sa partie nord-est au
nord de L'Ascension et dans sa partie sud-est près de
St-Michel-des-Saints.
Le parc du Mont Tremblant a été réduit il y a deux
ans, je crois, d'une superficie de 150 milles ou 200 milles carrés parce
qu'au cours des vingt dernières années des lots de colonisation
avaient été accordés à l'intérieur
même du parc. C'était le cas dans la région de St-Jovite,
dans la région de La Conception et de Labelle. Et c'est tellement vrai
qu'il y a deux ans de nouvelles limites ont été données au
parc du Mont Tremblant de façon à exclure du parc le Grand Lac
Caché dont les rives ouest
avaient déjà été concédées
entre Labelle et le Grand Lac Caché.
Aujourd'hui nous demandons de réduire les limites pour des
raisons qui nous paraissent absolument sensées. C'est qu'en 1942, quand
le gouvernement fédéral, et en 1944, quand le gouvernement
fédéral a demandé au gouvernement de Québec de
faire de ce parc un parc national, il avait été
suggéré dans le temps 300 milles carrés seulement.
Le parc a, à l'heure actuelle 1,155 milles carrés. Il sera
diminué de 235 milles carrés et ce sont là des questions
de régie interne de façon à mettre en application des
plans directeurs que nous voulons avoir pour tous les parcs et toutes les
réserves qui existent dans la province de Québec.
Je ne parlerai pas de la partie est du parc. C'est un toute petite
section de façon à permettre que la limite naturelle entre
St-Donat et St-Michel-des-Saints, soit le chemin qui longe le lac Forbes. Il y
a là un club privé, qui s'appelle le Club Rocheleau, et nous
voulons nécessairement donner à tous ceux-là qui
s'adonnent à la chasse, et qui ont à passer par cette route, le
moins d'ennuis possibles.
Au nord de l'Ascension, ou à l'Ascension même, dans le
village, région que je connais d'une façon bien
particulière, il y a une rivière qui s'appelle « La Rouge
», qui divise le village de l'Ascension en deux, et au nord de la
rivière Rouge, nous avions une dizaine de clubs privés ou partie
de clubs privés qui existent encore. Il y avait, nécessairement,
au nord de la rivière Rouge et au sud de la rivière Rouge des
chemins de communication qui entraient profondément en forêt.
Nous avons pensé que nous devions, dans le contexte de notre plan
directeur, permettre à « La Rouge » de devenir la limite
naturelle du parc du Mont-Tremblant, de façon à éviter les
ennuis que nous avons eus par dizaine et je dirais par centaine au cours des
années dernières. Les limites naturelles, ça s'impose un
peu partout, parce que quand nos règlements de chasse et de pêche
mentionneront qu'a l'Ascension c'est la rivière Rouge qui est la limite
naturelle du parc du Mont-Tremblant, et qu'au nord de la rivière Rouge
c'est une partie de la rivière Lenoir, bien tous les gens familiers avec
le territoire le sauront; et quand dans le secteur St-Donat,
St-Michel-des-Saints il sera mentionné que c'est la route aux environs
du club Rocheleau qui est la limite naturelle du parc du Mont-Tremblant, il n'y
aura pas d'ennuis futurs. Je pense que chacun admettra avec moi, et le
député de Labelle probablement mieux qu'un autre que les
chasseurs qui rentraient aujourd'hui à
L'Ascension étaient nécessairement obligés de
prendre le chemin du Lac Maison-de-Pierre d'arrêter à notre
barrière, d'avoir leurs fusils et leurs carabines scellés, de
traverser le parc en entier, pour sortir à une autre barrière,
afin de gagner leur propre territoire de chasse et de pêche.
Il en résultait que, chaque année, nous avions de
multiples infractions involontaires, que nous devions étudier et quand
nous avions les rapports étudiés d'une façon bien
minutieuse, nous nous rendions compte que les limites du parc étaient,
en fait, les grands responsables de ce qui arrivait.
Maintenant, il n'en reste pas moins vrai que L'Ascension est un village
dans le comté de Labelle, à douze milles de L'Annonciation et de
la route numéro 11. C'est un village qui a connu autrefois des heures de
villégiature excessivement profitables, et notre intention serait de
donner encore à ce village, qui est dans le comté de Labelle, une
popularité particulière. Si nous éliminons d'une
façon officielle le chemin qui conduit au Lac Maison-de-Pierre, il y
aura là une zone ouverte aux chasseurs et aux pêcheurs sur le
ruisseau « Dix-Milles », et une zone libre qui existera au nord de
la rivière Rouge.
Maintenant le bill 28 dit d'une façon bien nette, d'une
façon bien claire que la limite est la rivière Rouge, avec,
nécessairement, la limite des Trois-Chênes située au nord
de la rivière.
Je crois qu'il nous appartient, si nous voulons faire un plan
maître du parc du Mont-Tremblant, de n'avoir qu'une seule entrée
à l'Ascension, et de l'avoir sur le côté est de la
rivière Rouge, c'est-à-dire en passant le pont, dans le village
de L'Ascension en face de l'hôtel qui y existe, et en montant vers le
nord en suivant le versant est de la rivière Rouge. Et c'est tellement
vrai qu'à l'heure actuelle nous entrevoyons dans le parc du
Mont-Tremblant d'avoir tantôt le chemin de ceinture qui permettra
à quelqu'un qui, partant de Montréal le matin, passera par
St-Faustin, le Lac Supérieur, et entrera dans le parc du
Mont-Tremblant.
Il fera trente ou trente-cinq milles à l'intérieur et
pourra en sortir par St-Donat dans le comté de Montcalm et vice et
versa. Je puis dire à la Chambre cet après-midi que les travaux
avancent rapidement et que j'ai nettement l'impression qu'au tout début
d'août, nous pourrons ouvrir officiellement ce chemin à la
circulation des villégiateurs et ceci sera à l'avantage de tous
ceux qui fréquentent le parc du Mont Tremblant pour du camping mais qui
le fréquentent également pour des raisons de villé-
giature, de repos et de détente.
Et notre intention serait M. le Président, je m'excuse de prendre
trois ou quatre minutes de plus, mais d'ouvrir tantôt dans notre plan
général, d'ouvrir tantôt un chemin qui partant de ce chemin
de ceinture pourra tomber directement à St-Michel-des-Saints. A l'heure
actuelle personne n'ignore et le député de Labelle moins que les
autres, que nous avons, que nous nous sommes rendus acquéreurs de
l'ancien club Bagot près de La Macaza. Quand le chalet principal du club
Bagot a été incendié, on nous a demandé la
permission de reconstruire. Nous nous y sommes opposés et comme le
territoire du club Bagot était à l'intérieur du parc du
Mont Tremblant nous avons négocié un prix d'achat pour le reste
de leurs achats et je crois que c'est pour la somme de $10,000 que nous avons
acheté des édifices qui leur appartenaient.
Ce club, cette année, est en pleine exploitation, sous le
contrôle du ministère du Tourisme de la Chasse et de la
Pêche et le chemin de ceinture dont j'ai parlé tantôt
conduira par le lac Munroe directement au club Bagot. On me dit que le chemin
entre La Macaza et le club Bagot est impossible, impraticable en certaines
saisons et qu'il serait encore mieux de passer par l'intérieur du parc
au lac Munroe pour des questions de contrôle administratif.
Quoiqu'il en soit je prévois ceci, chemin de ceinture entre le
lac Supérieur, St-Donat à l'intérieur du parc, chemin de
communication avec St-Michel-des-Saints, chemin de communication à
l'intérieur du parc avec La Macaza par le club Bagot, et chemin de
communication par l'Ascension sur le côté sud montant à
l'intérieur des terres pour rencontrer en vertu des exigences de notre
plan directeur, les chemins dont je viens de parler.
Je le répète encore, toute la section au nord de la
rivière Rouge sera nécessairement rayée de notre carte. Ce
sera une source d'ennuis que nous éliminons en faveur des chasseurs et
des pêcheurs et je dois dire que lesdits clubs ou parties de club dont il
est question ici sur la présente carte représentent des
investissements pour une somme de $265,000.
J'ai eu l'occasion de rencontrer ces personnes j'ai eu l'occasion de
rencontrer un grand nombre des membres qui appartiennent à ces-dits
clubs ou parties de club qui sont situés à l'intérieur du
parc. Le député de Labelle en connait beaucoup mieux que moi.
J'en connais qui demeurent dans mon comté. J'en connais qui demeurent
à Montréal, et avec la liste que je lui ai remise il n'y a pas
longtemps, bien il y a des clubs dans cette section qui sont incorporés
depuis le début du siècle. C'est donc dire que ces clubs
représentent au nord de l'Ascension un investissement de $265,000.
Maintenant si nécessairement quelqu'un me dit pourquoi $265,000
et si quelqu'un me dit aujourd'hui bien vous devriez garder ce terrain
disponible il n'en reste pas moins vrai que la partie au nord de l'Ascension,
comme toute la partie qui s'étend au nord de l'Annonciation et
Nominingue, jusqu'à Mont-Laurier, jusqu'à Grand Remous,
jusqu'à Notre-Dame-du-Laus et en montant vers le nord-est jusqu'à
Ste-Anne-du-Lac, c'est un territoire qui est ouvert entièrement à
la grande villégiature et j'ai nettement l'impression que si
tantôt il devenait nécessaire que nous ayions à agrandir le
parc du Mont Tremblant parce qu'il a été réduit, je crois
que nous devrions diriger nos efforts vers St-Michel-des-Saints de façon
à pouvoir désservir d'une façon adéquate toute la
population qui demeure dans cette partie de la province incluant Joliette,
incluant Berthier, incluant St-Michel-des-Saints et tous les villages
environnants.
Et d'ailleurs, M. le Président, au nord du parc du Mont
Tremblant, nous avons le parc de La Vérendrye, que j'ai eu l'occasion de
visiter il y a à peine dix jours. C'est un parc de 5,000 milles
carrés, et nous avons déjà des réserves sur la
Gatineau, nous avons le Parc des Laurentides, différentes
réserves dans différents coins de la province, et je crois, en ce
moment, faire énormément plaisir aux membres de cette Chambre qui
habitent la Mauricie et les comtés environnants en disant que si une
réserve de chasse et de pêche a été
créée en Mauricie, c'est tout simplement pour prévoir
demain, comme il a été recommandé en 1961 au conseil du
Tourisme, par les associations mauriciennes, de créer un parc provincial
sur la Mauricie; et la communication sera facile entre St-Michel-des-Saints et
Mattawin, sera facile entre Mattawin, La Tuque et le lac St-Jean par la route
qui est actuellement ou qui va se construire, et sera également facile
entre St-Michel-des-Saints, St-Donat, lac Supérieur, Ste-Agathe,
St-Jovite, Montébello, pour rejoindre la vallée de l'Ottawa.
M. le Président, je crois que c'est là une question de bon
sens, c'est là une question qui va nous permettre de faire un plan
directeur, de développer ce parc de 920 milles carrés d'une
façon intelligente et sensée, pour en faire le lieu de
rendez-vous, de détente et de villégiature au point de vue
camping, mais en même temps au point de vue de rafraîchissement au
contact de la grande nature, aux portes mêmes de la métropole. Je
crois que les explications que j'ai données je suis prêt
à répondre à toute question qui pourrait être
posée
s'Inspirent de pouvoir, dans les cadres de 920 milles carrés,
crééer quelque chose qui soit à l'avantage de « la
belle province ».
M. JOHNSON: M. le Président, vous venez d'entendre le ministre
utiliser une technique qui lui est bien habituelle. On appelle ça la
technique de noyade du poisson. Il a noyé tout le problème dans
un flot de paroles, dans un luxe de détails, mais on ne retient rien
d'une démonstration qui serait convaincante. Voici, cette loi tend
à réduire de 1,155 milles carrés à 920 milles le
parc du Mont-Tremblant. C'est le gouvernement actuel, c'est le ministre actuel
et ses collègues, qui ont, à plusieurs reprises, vanté la
nécessité des parcs, et qui ont, à tour de rôle,
prôné qu'il fallait les agrandir, et aujourd'hui, on nous apporte
un projet de loi pour le diminuer.
M. BERTRAND (Terrebonne): Non, je n'ai pas dit ça.
M. JOHNSON: M. le Président, on diminue la superficie du parc du
Mont Tremblant de 1,155 milles carrés à 920 milles carrés.
C'est clair, c'est précis.
M. BERTRAND (Terrebonne): Non, c'est une question de privilège.
Jamais je n'ai dit qu'il fallait agrandir les parcs provinciaux, mais à
maintes reprises, pendant la discussion de mes crédits, j'ai dit qu'il
fallait les multiplier, et tantôt j'ai dit, qu'à la suite d'une
recommandation faite en 1961, au conseil du Tourisme, par toutes les
associations de la Mauricie et des comtés environnants, que nous
entrevoyons tantôt, puisque nous avons, il y a un an, créé
une réserve de chasse et de pêche, de créer un parc
provincial en Mauricie. Je n'ai pas dit un parc fédéral, bien que
le chef de l'Opposition mélange les deux mots, sans trop savoir
exactement où il va.
M. JOHNSON: Comment, sans savoir où je vais? Je le sais où
je vais! Je m'en vais démasquer l'illogisme du ministre, et du
gouvernement. Le ministre dit que c'est nécessaire de réduire ce
parc...
M. BERTRAND (Terrebonne): Oui.
M. JOHNSON: ... afin de pouvoir effectuer un plan d'ensemble.
M. BERTRAND (Terrebonne): Certainement.
M. JOHNSON: M. le Président, pourquoi faut-il réduire le
parc pour le développer?
M. PARENT: Les bornes naturelles.
M. JOHNSON: Qui est-ce qui va croire ça qu'il fallait
réduire la superficie pour réaliser un plan d'ensemble? Les parcs
provinciaux, ce que nous appelions autrefois les parcs nationaux...
M. BERTRAND (Terrebonne): On ne les a jamais appelés comme
ça.
M. JOHNSON: Oui. Les parc nationaux, M. le Président,
c'était la loi de 1889...
M. BERTRAND (Missisquoi): Elle a changé de nom.
M. JOHNSON: C'est par un acte de cette législature en 1961,
projet de loi auquel nous nous sommes objectés, qu'on a fait acte de
colonialisme en laissant à Ottawa le mot « national » et
nous avons adopté, nous, le mot « provincial »,
évidemment pour marquer, selon toute la logique libérale, que
nous sommes un Etat. On se sert d'Etat quand ça fait son affaire. On se
sert de parc provincial quand ça fait son affaire et on donne le mot
national en exclusivité à Ottawa alors que nous l'avions depuis
1889. A tout événement, le problème n'est pas
compliqué; le gouvernement veut réduire la superficie. Je trouve
qu'en principe, c'est mauvais; en pratique, c'est peut-être bon.
M. BERTRAND (Terrebonne): Très bon.
M. JOHNSON: En principe, c'est mauvais, parce que les parcs sont
censés être maintenus et développés et
exploités au profit des contribuables en général, et on
sait que c'est gênant pour le gouvernement d'accorder des territoires
exclusifs à des clubs à l'intérieur des parcs.
M. BERTRAND (Terrebonne): Oui.
M. JOHNSON: Dans le passé, le gouvernement de la province a
accordé l'exclusivité à certains clubs à
l'intérieur des limites des parcs.
M. BERTRAND (Terrebonne): Tous les gouvernements.
M. JOHNSON: Probablement. Même le gouvernement actuel.
M. BERTRAND (Terrebonne): Oh non, oh non! M. le Président, je
demanderais au chef de l'Opposition de corriger l'affirmation qu'il vient de
faire; elle n'est pas exacte. Depuis
1960, il n'y a pas eu un territoire nouveau accordé dans le parc
du Mont Tremblant.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre tantôt a pris
quelques minutes de plus, avec notre permission, pour nous parler d'un club
dont le nom avait une résonnance pour lui peut-être un peu
spéciale...
M. BERTRAND (Terrebonne): Bagot?
M. JOHNSON: ... et certainement pour moi, le club Bagot. On pourrait
déduire de là que celui qui vous parle a, qu'il a eu des
intérêts dans le club. Je tiens à déclarer, ici, que
je n'ai jamais eu d'intérêts dans ce club. C'est un groupe de mes
amis dans le temps qui l'avaient formé et ils avaient cru me faire
plaisir en nommant ça le club Bagot, et après, je n'y suis jamais
allé.
M. BERTRAND (Terrebonne): On les a tous replacés ailleurs.
M. JOHNSON: Je n'y suis jamais allé. Je suis allé une fois
sur ce territoire dans toute ma vie et c'était avant que le club Bagot
n'existe. Alors, je n'y suis jamais allé; je ne sais pas quelles
installations ils ont faites là; je n'ai aucun intérêt
là-dedans et je suis parfaitement libre pour discuter de ce
problème.
M. BERTRAND (Terrebonne): Pas question de ça.
M. JOHNSON: Mais M. le Président, il est bien évident que
le ministre qui est d'une habilité, j'allais dire jésuitique, qui
est un casuiste extraordinaire, a trouvé une manière d'accorder
des baux à ses amis et à des gens, des citoyens de la province,
peut-être pas nécessairement rien que de ses amis, dans le
territoire du parc du Mont Tremblant, sans se faire accuser d'accorder des
territoires dans le parc du Mont Tremblant. En somme, il retranche du parc du
Mont Tremblant une superficie de 200 quelques milles carrés à
même laquelle il donnera à ses amis, les contribuables, des clubs
et on ne pourra pas lui dire: « Mais, vous donnez ça dans un parc!
» Mais non, il l'a enlevé du parc au début. Maintenant il
est libre. Ah, il est habile le ministre, il couvre toujours ses pistes. Il est
tellement plus prévoyant que d'autres.
D'avance, là, il a planifié son affaire pour ne pas se
faire accuser d'accorder des territoires en exclusivité à des
clubs, pour ne pas se faire accuser par des citoyens en général
qui prétendent, et avec raison, que les parcs doivent être
réservés à l'utilisation du public en
général, le ministre dit: « On va enlever du parc une
superficie assez grande, une tarte ou un gâteau assez grand afin que, le
divisant en tranches raisonnables, on puisse faire plaisir à un nombre
considérable de ses amis. » M. le Président...
M. BERTRAND (Terrebonne): Mais non, ça va être les
mêmes qu'avant.
M. JOHNSON: Les mêmes vont être maintenus, sauf Bagot qui a
été acheté.
M. BERTRAND (Terrebonne): Non, mais Bagot, c'est O.K. Ils ont consenti,
à Bagot. C'est toute la différence du monde. A Bagot, on leur a
fait une proposition. Non, non. Ils sont venus nous voir. Leur chalet principal
avait été incendié et ils voulaient reconstruire.
Maintenant, la politique de mon ministère depuis 1960, en tout cas
depuis l'an passé, au mois d'avril 1963, c'est le
récupérer tous les territoires privés qui sont
présentement à l'intérieur du parc.
C'est tellement vrai que, dans le Club Bagot, le chalet principal ayant
été incendié, nous avons négocié pour
l'achat des autres chalets qu'il y avait autour du chalet principal. Nous nous
sommes entendus pour une somme de $10,000, si mon souvenir est exact, et nous
l'avons payée. Or, le Club Bagot est sorti du Parc du Mont Tremblant. Et
quand cette section là...
M.JOHNSON: Là, on va le sortir pour vrai.
M. BERTRAND (Terrebonne): Non, non, quand cette section-là sera
sortie,...
M. JOHNSON: On enlève le territoire du parc.
M. BERTRAND (Terrebonne): ... cela ne voudra pas dire que les clubs qui
existaient vont perdre leurs privilèges. Non, il y a peut-être un
avantage pour le moment pour eux d'obtenir les droits de chasse qu'ils n'ont
jamais obtenus dans le temps où ils étaient à
l'intérieur du parc. Mais il n'en reste pas moins vrai que le Balsam ou
quatre ou cinq exploitants («outfitters »), qui opèrent
aujourd'hui à l'intérieur même du parc, recevront
graduellement des avis...
M. JOHNSON: M. le Président, même si je suis debout,
j'espère qu'on ne m'attribuera pas toutes ces paroles qui ne sont pas de
moi, mais du ministre qui fait une intercalation un petit peu...
M. BELLEMARE: Longue.
M. JOHNSON: ... un petit peu longue, compromettante.
M. BELLEMARE: Poussiérieuse.
M. JOHNSON: Avis aux préposés à l'enregistrement.
Donc, le ministre enlève une superficie d'environ deux cent quinze
milles carrés du parc et, dans ce territoire, soustrait à la
superficie l'origine du parc environ cent cinquante-cinq milles carrés.
Le ministre accordera ou n'accordera pas des clubs, c'est son affaire. On en
discutera lors de l'étude de ses crédits. Y a-t-il une bonne
raison à ça? J'en connais une que le ministre a
ébauchée, peut-être la seule Importante, c'est que ce
territoire, tel que rétréci, est mieux borné; il est
borné d'une façon plus visible...
M. BERTRAND (Terrebonne): C'est ce que j'ai dit.
M. JOHNSON: ... et ça évite, peut-être, beaucoup de
surveillance. Il arrive, dans l'état actuel du parc, qu'on est des fois
dans le parc et des fois en dehors du parc en étant sur la même
route et on ne le sait pas.
M. BERTRAND (Terrebonne): C'est ça.
M. JOHNSON: Alors ça exposait des gens peut-être à
commettre des infractions tandis que, là, il paraît que l'on aura
des bornes naturelles, faciles à reconnaître. La rivière,
c'est facile; d'un côté de la rivière, ce n'est pas le
parc, puis de l'autre côté c'est le parc. Alors ça c'est
facile. La lettre est grosse, tout le monde va se comprendre. Cela, ça
peut être une raison.
Mais ce n'est pas une grosse raison pour priver le public en
général, au moment où il y a tellement d'intensité
dans ce domaine des loisirs, au moment où les gens ont plus de loisirs,
au moment où il y a plus de gens qui se cherchent des endroits, ce n'est
pas le temps, il me semble, de réduire la superficie des parcs. Ce
serait plutôt le temps de l'étendre.
Maintenant, la preuve et le fardeau de la preuve est sur les
épaules, les faibles épaules du ministre. Quant à moi, je
ne trouve pas qu'il ait établi d'assez bonnes raisons pour que, sans
réserve, j'accepte ce projet de loi, mais j'en reste là pour le
moment.
M. BERTRAND (Terrebonne): Je suis satisfait.
M. LAFONTAINE: A la démonstration que le ministre nous faisait
tout à l'heure pour les nouvelles bornes du Parc du Mont Tremblant, le
ministre a invoqué le fait que son ministère bâtira des
nouvelles routes d'accès et un chemin de ceinture, etc.
Je me souviens qu'en cette Chambre lorsque son
prédécesseur, l'honorable Levesque, était ministre de la
Chasse et de la Pêche, j'avais demandé à l'honorable
Levesque, ministre de la Chasse et de la Pêche à ce
moment-là, s'il prévoyait développer l'entrée sud
du Parc du Mont Tremblant à L'Ascension et le ministre m'avait
répondu qu'il n'en prévoyait pas le jour. Et tout à
l'heure, l'actuel ministre a parlé de chemin de ceinture,
d'entrées éventuelles dans l'Ascension.
M. BERTRAND (Terrebonne): Il y a combien d'années de cela?
M. LAFONTAINE: Bien, ça fait deux ans, je crois.
M. BERTRAND (Terrebonne): Cela doit faire trois ans.
M. LAFONTAINE: Peut-être trois ans. M. BERTRAND (Terrebonne):
Très bien.
M. LAFONTAINE: Et l'actuel ministre se servait tout à l'heure
dans sa démonstration du fait qu'il bâtirait de nouvelles routes.
Il n'a pas précisé que la route à l'Ascension s'ouvrirait
bientôt, il a tout simplement fait planer ça comme un
désir; je dirais, comme le chef de l'Opposition, que le ministre a
été très habile, très habile, c'est un compliment
que je lui fais. Mais si le ministre voulait nous dire quand cette route de
pénétration sera construite?
M. BERTRAND (Terrebonne): Je n'ai pas à être habile, M. le
Président,...
M. JOHNSON: De susciter des appétits, des espoirs d'une
élection à l'autre.
M. BERTRAND (Terrebonne): ... Moi je n'ai pas à être habile
puisqu'en 1960 l'ancien député de Terrebonne me confiait qu'il
avait obtenu $22,000 pour le développement du parc du Mont Tremblant, et
c'était le premier montant dépensé en 1960 dans le parc du
Mont Tremblant. M. le Président, je crois que c'est bon de faire cette
mise au point, et c'est simplement depuis quatre ans que le parc du Mont
Tremblant a été développé. Je ne sais pas ce que
l'ancien mi-
nistre de la Chasse et de la Pêche a dit dans le temps, mais il y
a eu un ministère créé le 3 avril, l'an passé, en
1963, « Tourisme, Chasse et Pêche », et je crois, nous avons
accepté la responsabilité du camping, nous avons accepté
non seulement « chasse et pêche » mais encore la grande
récréation et la grande détente en forêt, et je
connais assez l'Ascension pour savoir qu'il serait impossible de
développer à la fois le côté est et le
côté ouest, ou le côté nord ou sud de la
rivière Rouge, et que je préfère, pour ma part,
développer le chemin qui, passant sur le pont, passant devant
l'hôtel, gagnant la barrière, le lac McIntyre, les camps Valenti,
de façon à pouvoir rejoindre tantôt nos chemins de
communication à l'intérieur, et ce serait normal. Et quand je dis
tantôt qu'on entre par le lac Caché, c'est vrai, on va entrer
tantôt. Non, non, je n'ai pas fini, M. le Président.
M. LAFONTAINE: M. le Président, si le ministre me permet, j'ai
tout compris ça. J'aimerais éviter au ministre un flot de
paroles.
M. BERTRAND (Terrebonne): Non, non, l'Ascension ça vient de
finir.
M. LAFONTAINE: Ce que j'ai demandé au ministre tout à
l'heure, j'ai dit au ministre qui avait parlé de chemins, il est en
train de répéter sa même démonstration. Il a
ajouté qu'en 1960 ou en 1959 le gouvernement précédant
l'actuel gouvernement avait disposé d'une somme d'argent pour commencer
le développement des chemins touristiques au sein du parc du Mont
Tremblant. Il l'a fait par l'ouverture qui passe par St-Jovite. C'était
un commencement. Le successeur du ministre de l'Union nationale,
c'est-à-dire l'honorable Gérard Lévesque, à une
question que je lui posais relativement au développement du parc du Mont
Tremblant, parce que je sais que le ministre actuel, c'était un
promoteur du développement du parc du Mont Tremblant en 1960, et aussi
en 1962 lors des élections, je ne veux pas amener ça sur un
terrain électoral, mais j'ai compris, à ce moment-là, que
le gouvernement voulait ouvrir l'entrée de l'Ascension, l'entrée
sud, je ne parle pas de l'entrée nord, l'entrée sud, le chemin
qui passe, qui traverse le pont et qui passe devant l'hôtel comme dit le
ministre. Alors, je demande au ministre, est-ce qu'il a l'intention d'ouvrir
cette entrée au public avant longtemps? Je comprends que le ministre m'a
parlé du lac Munroe, etc, mais cette entrée particulière
de l'Ascension, est-ce que le ministre prévoit l'ouvrir cette
année, l'année prochaine, ou dans deux ans ou dans trois ans?
C'est simplement ça que je veux du ministre, pas un flot de paroles.
M. BERTRAND ((Terrebonne): M. le Président, je n'ai pas
d'objection. Je l'ai mentionné tantôt que c'était un chemin
d'accès par ce versant de la rivière du Nord pour rejoindre les
chemins à l'intérieur. Que je dise au député de
Labelle que je vais le faire cette année, je serais peut-être
malhonnête de le dire, parce que je commence...
M. LAFONTAINE: Je ne veux pas que le ministre soit malhonnête.
M. BERTRAND (Terrebonne): ... à l'intérieur des terres
pour faire d'abord le chemin de ceinture dont il est question depuis deux ou
trois ans, et je veux rejoindre le chemin du club Bagot, cette année. Et
puis le club Bagot, bien tantôt, le chef de l'Opposition n'y est
pas...
M. LAFONTAINE: Oui, mais le ministre est encore rendu à 150
milles de l'Ascension.
M. BERTRAND (Terrebonne): On va y revenir.
M. LAFONTAINE: Je lui demanderais de rester dans l'Ascension.
M. BERTRAND (Terrebonne): Non, j'ai besoin de demander au
député de Labelle...
M. LAFONTAINE; Je lui demande ses prédictions, dans combien
d'années.
M. PINARD: A l'ordre.
M. BERTRAND (Terrebonne): J'ai besoin d'expliquer au
député de Labelle ce qu'il ne connaît même pas sur
son propre territoire et je vais lui poser une question, M. le
Président. Est-ce qu'il est en faveur qu'on réduise cette
partie-là du parc du Mont Tremblant pour donner un principal
accès au versant est, comme tantôt il l'a demandé, et de
faire immédiatement le chemin d'accès? Est-il prêt, comme
député de Labelle, à sacrifier la partie qui est
réduite du plan afin que nous puissions entrer immédiatement dans
le versant est de la rivière Rouge, et établir les chemins de
communication pour relier le lac Supérieur, relié à La
Macaza, et en même temps relier St-Michel-des-Saints et St-Donat?
M. LAFONTAINE: Le ministre est très habile, le ministre n'a
même pas répondu à ma question.
M. BERTRAND (Terrebonne): Je l'ai dit, oui.
M. LAFONTAINE: J'ai posé la question au ministre. Est-ce que le
ministre, dans ses plans, le ministre apporte-t-il cette loi devant la Chambre
suivant une grande planification? Alors, le fait de réduire le parc, le
fait pour le ministère de la Chasse et du Tourisme de réduire les
limites du parc actuel, n'avancerait pas plus les travaux de chemin du
côté sud de la rivière, du tout, aucune relation entre les
deux. Le ministre aurait pu garder les bornes existantes du parc, et aurait pu
faire les travaux qu'il a mentionnés sans toucher à cette partie.
Alors, quand le ministre me demande, « est-ce que le député
de Labelle est prêt? » Les deux n'ont aucune relation.
M. BERTRAND (Terrebonne): Non, non, c'est bon ça.
M. LAFONTAINE: La question que je posais au ministre c'était
ceci: le ministre est arrivé avec...
M. BERTRAND (Terrebonne): C'est bon à savoir ce que le
député de Labelle pense.
M. LAFONTAINE: ... un grand plan de construction de chemins
d'accès, d'un chemin de ceinture du parc du Mont Tremblant, j'en suis,
tout le monde en est, le chef de l'Opposition aussi.
Mais nous demandons au ministre, c'est bien beau de faire miroiter aux
yeux de la population toute cette grande planification mais nous lui
demandons...
M. BERTRAND (Terrebonne): Vous êtes contre la
réduction.
M. LAFONTAINE: ... la porte d'entrée du parc du Mont Tremblant
par L'Ascension quand va-t-elle être ouverte?
M. BERTRAND (Terrebonne): J'ai dit tantôt, M. le Président,
que je serais malhonnête...
M. LAFONTAINE: Mais il nous parle du club Bagot quand on lui pose la
question.
M. BERTRAND (Terrebonne): ... si je disais au député de
Labelle que les travaux vont se faire cette année mais j'ai
ajouté dans mes remarques tantôt que nous faisions un plan
directeur de l'entier parc du Mont Tremblant et j'ai mentionné les
routes d'accès qui y seraient comprises. Mais il me semble que si le
député de Labelle n'accepte pas les explications que je donne, il
est de mauvaise foi ou il ne connaît pas le territoire dont il est le
représentant.
M. LAFONTAINE: M. le Président, le ministre vient de parler d'un
plan directeur...
M. BERTRAND (Terrebonne): Bien oui.
M. LAFONTAINE; ... alors est-ce qu'il pourrait préciser dans son
plan directeur à quel item d'urgence se situe...
M. BERTRAND (Terrebonne): Je l'ai dit.
M. LAFONTAINE: ... l'entrée du parc du Mont Tremblant par le
village de L'Ascension.
M. BERTRAND (Terrebonne): Cela fait cent fois. Il y a une route. Le
député de Labelle ne sait pas qu'en entrant dans le village de
L'Ascension on traverse le pont, on passe devant l'hôtel...
M. JOHNSON: Vous pensez ça sérieusement qu'il ne sait pas
ça lui?
M. BERTRAND (Terrebonne): Non, il ne le sait pas. Il ne s'en rend pas
compte s'il le sait.
M. LAFONTAINE: Vous n'êtes pas sérieux.
M. BERTRAND (Terrebonne): Non, il ne s'en rend pas compte. Et qu'on
monte sur le versant sud de la rivière Rouge, qu'on monte...
M. JOHNSON: Non!
M. BERTRAND (Terrebonne): ... à l'heure actuelle sur une distance
de 35 et 38 milles.
M. JOHNSON: C'est une rivière qui monte, ça?
M. BERTRAND (Terrebonne): Mais non, de la façon avec laquelle le
député de Labelle vient d'expliquer ça, il ne
connaît même pas le territoire dont il est le représentant
et je le regrette.
M. LAFONTAINE: M. le Président, tout ce que le ministre a dit, je
le sais. Mais quand on monte ce versant-là, nous ne pouvons pas
atteindre St-Jovite.
M. BERTRAND (Terrebonne): Vous n'avez pas regardé le plan?
M. LAFONTAINE: Bien oui, je l'ai regardé. Je l'ai ici.
M. BERTRAND (Terrebonne): Non, le chemin de ceinture n'est pas trop
loin.
M. LAFONTAINE: Ah! il n'est pas très loin le chemin de
ceinture.
M. BERTRAND (Terrebonne): Bien oui.
M. LAFONTAINE: Mais est-ce qu'on peut communiquer? C'est ça que
je demande au ministre. Quand...
M. BERTRAND (Terrebonne): Je lui ai dit tantôt que le principal
accès serait là. Je le lui ai dit. Je serais malhonnête de
lui dire que les travaux seraient faits cette année. Le plan directeur
les prévoit.
M. LAFONTAINE; Mais quand? Je demande au ministre quand si ce n'est pas
cette année. Est-ce que ce sera l'année prochaine, dans deux ans
ou dans dix ans ou aux calendes grecques? Simplement ça.
M. BERTRAND (Terrebonne): Non, ça dépendra l'an prochain
si avec les résultats du plan directeur je présente des
crédits pour trois-quarts de million, il appartiendra au parlement de
les voter et de me donner la lumière verte.
M. LAFONTAINE: Voici, M. le Président, je ne serais pas
entré dans ces détails-là si le ministre, dans son flot de
paroles, tout à l'heure pour faire passer son bill qui est
présentement devant la Chambre, n'avait pas apporté dans la
discussion les motifs relativement aux chemins, chemin de ceinture, chemins
d'accès...
M. BERTRAND (Terrebonne): Bien non, c'est parce que je vous l'ai
exposé. Cela vous donne une chance dans le comté de Labelle. Cela
ne m'en donne pas dans Terrebonne.
M. LAFONTAINE: Le ministre n'a rien exposé. Le ministre a
essayé de noyer dans un flot de paroles comme le disait le chef de
l'Opposition...
M. BERTRAND (Terrebonne): Je n'en ai pas besoin dans Terrebonne de
ça. Ce n'est pas dans mon comté du tout.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: Non, M. le Président...
M. BERTRAND (Terrebonne): C'est dans
Labelle et dans Montcalm. Ce n'est pas chez nous ça.
M. JOHNSON: ... évidemment le ministre a poussé un peu
trop loin peut-être son grand talent de casuistique. Obtenir du ministre
une réponse précise, claire, catégorique à...
M. BERTRAND (Terrebonne): Cela fait quatre fois que je la donne.
M. JOHNSON: ... une question très simple, ça n'a jamais
été facile. Je pense que la dernière fois qu'il a
été catégorique c'est quand il a dit « oui »
au mariage.
M. BERTRAND (Terrebonne): Cela fait longtemps.
M. JOHNSON: Il n'a jamais dit « oui » et ça fait
longtemps. Il n'a jamais dit « oui » catégoriquement depuis.
C'est: « peut-être bien », « peut-être »,
« ça dépend »,«on verra »...
M. BERTRAND (Terrebonne): J'ai été pas mal «
bucké »...
M. JOHNSON: ... « si la Chambre veut », « le plan
directeur », bien voyons donc!
M. BERTRAND (Terrebonne): ...en 1942.
M. JOHNSON: Il disait « non » surtout. Il disait même
non à Mackenzie King.
M. BERTRAND (Terrebonne): Oui, et puis M. Johnson m'écrivait et
puis me félicitait.
M. JOHNSON: M. le Président, je ne me souvenais pas lui avoir
écrit mais je me souviens très vivement, de l'admiration que le
jeune député de Terrebonne du temps avait suscité chez un
jeune...
M. BERTRAND (Terrebonne): Très bien, merci.
M. JOHNSON: ... étudiant comme moiparce qu'il avait eu le courage
de se tenir debout devant Mackenzie King.
M. LE PRESIDENT: Bill No 28 adopté?
M. BERTRAND (Terrebonne): Je me tiens debout aujourd'hui aussi.
M. JOHNSON: Cela a été la dernière fois, M. le
Président. Depuis ce temps-là qu'il est couché devant
Ottawa et Québec.
M. BERTRAND (Terrebonne): C'est donc de valeur!
M. JOHNSON: Je ne retire pas ma lettre. Il la méritait dans le
temps.
M. PINARD: A l'ordre.
M. BERTRAND (Terrebonne): Elle était belle!
M. JOHNSON: Mais je ne savais pas qu'il s'en servirait.
M. BERTRAND (Terrebonne): Non, bien non!
M. JOHNSON: Mais un de ces jours, je ferai le ménage dans ma
correspondance avec le député de Terrebonne et je trouverai de
grands compliments probablement à M. Duplessis...
M. PINARD: Ah! Cela a été dit l'an passé. Cela fait
plusieurs fois qu'on l'entend celle-là.
M. JOHNSON: C'est la première fois que le ministre...
M. BERTRAND (Terrebonne): Il dit ça pour me...
M. JOHNSON: Pardon!
M. PINARD: Ce n'est pas la première fois que le chef de
l'Opposition en parle de celle-là.
M. JOHNSON: Non mais « Bis repetita placent ».
M. BERTRAND (Terrebonne): J'essaie de faire une malice et puis le chef
de l'Opposition s'emballe.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que la résolution est adoptée?
M. BERTRAND (Terrebonne): C'est une malice.
M. JOHNSON: Vous voyez la technique du ministre là qui nous
amène en dehors de la question tout le temps. A-t-il, à
même son plan directeur, comme partie de son plan directeur une liste des
priorités? Je vais expliquer au ministre ce que ça veut dire.
Avec l'argent qu'il pourra obtenir du Trésor ou faire voter...
M. BERTRAND (Terrebonne): Pour la Chambre, très bien.
M. JOHNSON: ... le ministre a-t-il établi par ordre a, b, c, ou
1- 2- 3- quels sont les travaux qu'il va faire? Et s'il a une liste où
est situé dans cette liste le travail dont parlait le
député de Labelle, cette entrée sud du parc? A quel
endroit?
M. BERTRAND (Terrebonne): M. le Président, je l'ai dit
tantôt. C'est la quatrième fois que je me lève pour le
dire, demain on le verra par le compte rendu des débats. J'ai dit:
« cette année, le chemin de ceinture, le lac Supérieur,
l'entrée du parc avec St-Donat et Saint-Michel-des-Saints ».
M.JOHNSON: Mais dans un plan d'ensemble on a une cédule.
M. BERTRAND (Terrebonne): C'est sur le plan. Ce sont les travaux
prévus que vous avez approuvés. Vous les avez approuvés
lors de la discussion de mes crédits et je l'ai dit...
M. JOHNSON: Est-ce qu'il y a une cédule.
M. LAFONTAINE: Est-ce que le ministre a des idées pour le
futur?
M. BERTRAND (Terrebonne): Oui, oui. Mais j'ai dit que cette
année, on recourait, et dans le budget supplémentaire, ça
m'évitera de faire des commentaires quand la discussion viendra, on
engage des urbanistes, on engage des ingénieurs pour nous
préparer un plan d'ensemble...
M. JOHNSON: Une grosse affaire!
M. BERTRAND (Terrebonne): Non, ce n'est pas une grosse affaire
des ingénieurs forestiers vont faire ça
M. LAFONTAINE: Le ministre disait tout à l'heure que son plan
directeur était fait.
M. BERTRAND (Terrebonne): Votre route elle est prévue, elle est
dans le plan directeur. On va demander un accès par L'Ascension
exactement.
M. LAFONTAINE: Est-ce que le plan directeur est fait?
M. BERTRAND (Terrebonne): Le plan directeur on l'a tracé selon
nos propres conceptions à nous autres, mais d'un autre côté
on veut le faire reviser d'une façon entière, de façon
à ne pas faire d'erreur avec ce qui a été fait à
l'heure actuelle. Ce n'est pas une grosse dépense, c'est peut-être
une dépense d'une dizaine de milliers
de piastres. On a besoin de voir clair. Pourquoi? Parce qu'il s'agit un
peu de photographie aérienne...
M. JOHNSON: Ah oui, on a...
M. BERTRAND (Terrebonne): Il s'agit de savoir à quoi s'en
tenir.
M. LAFONTAINE: Et ces plans-là seraient faits par des
urbanistes?
M. BERTRAND (Terrebonne): Non, chez-vous c'est réglé. Il
font un chemin d'accès par L'Ascension. C'est normal. C'est un des
endroits touristiques par excellence, et quand vous allez avoir le parc
à droite...
M. LAFONTAINE: Le ministre dit...
M. BERTRAND (Terrebonne): Non, laissez-moi finir
M. LAFONTAINE: ... qu'il fait le chemin d'accès par
L'Ascension...
M. BERTRAND (Terrebonne): Laissez-moi finir non, non, il est fait
déjà le chemin. On va à trente-cinq milles...
M. LAFONTAINE: Oui, oui, mais l'ouvrir et lui donner les communications
avec les autres chemins.
M. CADIEUX: Laissez-le donc parler!
M. BERTRAND (Terrebonne): On peut rentrer. Ce n'est pas tout le monde
qui aime à avoir à l'intérieur des parcs des chemins aussi
larges que l'autoroute. Ils aiment avoir des chemins qui sont agréables
au point de vue scénique. Mais de l'autre côté, on ne s'en
occupera pas. Cela ne dérangera pas les clubs qui sont là. Il y
aura encore le chemin pour monter au lac Maison-de-Pierre. Mais notre chemin
principal, que nous allons améliorer, ce sera à
l'intérieur des parcs, pour rencontrer les autres qui sont
déjà à l'intérieur.
M. LAFONTAINE: Quand ce chemin-là va-t-il rencontrer les autres
chemins?
M. BERTRAND (Terrebonne): Mettons l'an prochain, qu'à la
prochaine session on vienne avec nos estimations. Ils ne sont pas prévus
cette année. Je l'ai dit tantôt. C'est la troisième fois.
Je ne comprends pas que le député de Labelle insiste.
M. LAFONTAINE: M. le Président, je pense bien que je ne reposerai
plus la question au ministre. C'est la dernière fois que je lui en
parle. Ce que je retiens de ceci c'est que le ministre a dit qu'il avait un
plan directeur. Après avoir affirmé qu'il avait un plan
directeur, le ministre a dit qu'il engageait des urbanistes. Il serait mieux de
consulter les gens de la région que des urbanistes.
M. BERTRAND (Terrebonne): Ce n'est pas exactement ça, ce n'est
pas exact...
UNE VOIX: A l'ordre!
M. LAFONTAINE: Et troisième des choses, le ministre a dit que,
dans ses crédits de cette année, il n'avait rien de prévu
pour relier le chemin de l'entrée sud de L'Ascension avec les autres du
parc...
M. BERTRAND (Terrebonne): Non.
M. LAFONTAINE: ... mais que cela viendra plus tard. Quand? Dieu le
sait!
M. BERTRAND (Terrebonne): Non. Le député de Labelle doit
avoir assez d'expérience parlementaire pour savoir que dans le budget
supplémentaire il y a une somme de prévue pour certains travaux,
ou certains relevés, que nous avons à faire dans certains parcs
provinciaux. C'est dans les estimations supplémentaires de cette
année. Et je suis content que cela vienne cet après-midi parce
que je le mentionne tout de suite. Mais cela ne veut pas dire que nous n'avions
pas déjà, au ministère, un plan directeur qui nous
permettait de penser à l'avenir ou de dire à ceux-là qui
tantôt, certains ingénieurs forestiers qui seront peut-être
appelés, peut-être pas nécessairement dans le parc du
Mont-Tremblant si nous pouvons nous suffire à nous-mêmes, mais
dans le Parc de LaVérendrye, dans le parc des Laurentides et ailleurs.
Mais j'ai répété que je calculais et j'estimais que
L'Ascension devait être un point d'entrée dans le parc comme
Labelle pourra le devenir, comme St-Jovite l'est, par Mont-Tremblant, comme le
Lac Supérieur l'est, comme St-Donat l'est, comme St-Michel-des-Saints va
le devenir.
Mais ça, nécessairement, je n'ai pas défendu
ça dans mes estimations de cette année. J'ai dit qu'il y aurait
un chemin de ceinture qui arrivera à St-Donat et ça, c'est sur le
point de se terminer. Quand les prochains crédits viendront bien, le
député de Labelle pourra me demander des comptes, et je serai en
mesure de lui répondre.
M. LAFONTAINE: C'était peut-être une
indiscrétion...
M. LESAGE: M. le Président, est-ce que l'on me permettrait, comme
leader de la Chambre, de dire un mot? C'est que j'avais cru que le ministre de
l'Education pourrait présenter le bill des investissements
universitaires avant que nous retournions en subsides sur les crédits du
ministère des Richesses naturelles. Or, il me dit qu'il a pris un
engagement pour recevoir les instituteurs, je ne sais trop, à 5 heures.
C'est donc dire que, après le bill des autoroutes, nous retournerons en
subsides, mais de toute façon, que nous ayons terminé ou non
l'étude des subsides du ministère des Richesses naturelles,
à 8 heures nous étudierons le bill des investissements
universitaires pour retourner en subsides après.
M. JOHNSON: D'accord.
M. LESAGE: Je remercie le député de Labelle.
M. LAFONTAINE: Or, le ministre dit que cette année, il n'y avait
rien dans ses crédits pour l'ouverture de la partie sud,
c'est-à-dire l'entrée sud de L'Ascension dans le parc du Mont
Tremblant. C'est peut-être une indiscrétion de ma part quand je
lui ai demandé: « Est-ce qu'il va prévoir dans ses budgets
de l'an prochain, ou dans deux ans ou dans trois ans. » J'aurais
aimé savoir ça pour qu'on...
M. BERTRAND (Terrebonne): Je l'ai dit.
M. LAFONTAINE: ... puisse dire bien, dans deux ans la route va
être faite, dans trois ans la route va être faite, ou dans quatre
ans la route va être faite. C'est tout simplement ça.
Réellement, je pense que le ministre a dit que ce n'était pas
cette année ça tout le monde le sait, parce qu'on a
étudié les crédits avec lui, et ce n'était pas
prévu dedans. Je sais que ce n'est pas encore fait parce que je demeure
dans cette région. Alors, le ministre ne m'a rien appris lorsqu'il m'a
répondu de cette façon-là. Mais j'avais pensé que
le ministre aurait pu nous donner, peut-être un aperçu de sa
politique à venir, puis qu'il a invoqué cette politique-là
dans la défense de son bill.
M. BERTRAND (Terrebonne): Je l'ai dit.
M. LAFONTAINE: Mais je n'insiste pas pour avoir une réponse plus
précise de la part du ministre parce que je vais être encore
noyé dans un flot de mots.
M. BERTRAND (Terrebonne): J'ai dit que c'était prévu, un
chemin d'accès à L'Ascension.
M. LAFONTAINE: Ce n'est pas prévu dans le budget.
M. BERTRAND (Terrebonne): J'ai des invitations dans Labelle, à
l'heure actuelle, pour donner des conférences...
M. LAFONTAINE: Cela n'est pas prévu dans le budget.
M. BERTRAND (Terrebonne): ... J'ai des invitations dans Labelle à
l'heure actuelle pour donner des conférences, j'ai des invitations pour
l'automne et l'hiver prochain et à ce moment-là, je serai
peut-être en mesure d'annoncer publiquement ce qui existera, mais je dois
dire qu'à l'heure actuelle, notre plan d'aménagement n'est pas
terminé, mais j'ai dit et je répète que j'estime qu'une
voie d'accès au parc du Mont Tremblant par l'Ascension est essentielle,
qu'il y a déjà trente ou trente-cinq milles de route qui sont
carossables et que ça ne sera pas une grosse affaire que de relier ce
tronçon de route à celle qui existe déjà plus bas
au coeur même du parc du Mont Tremblant.
M. LAFONTAINE: La dernière déclaration du ministre M. le
Président, je ne peux pas la laisser passer, il vient de déclarer
qu'il annoncera la politique officielle du gouvernement relativement au parc du
Mont Tremblant à l'extérieur de la Chambre lorsque nous lui
demandons de l'annoncer en Chambre.
M. BERTRAND (Terrebonne): Non, j'espère que le
député de Labelle sera invité, qu'il sera devant moi et
que je pourra lui dire qu'il a collaboré avec moi.
M. McGUIRE: M. le Président, je voudrais simplement poser une
question au ministre. Est-ce que le chemin déjà existant M. le
ministre entre St-Donat et St-Michel-des-Saints qui appartient à la
Consolidated Paper sera-1-il considéré comme appartenant au parc
ou en dehors du parc?
Je crois que M. le ministre n'a pas compris ma question. Est-ce que le
chemin entre St-Donat et St-Michel-des-Saints appartiendra au parc ou sera
considéré comme en dehors du parc?
M. BERTRAND (Terrebonne): M. le Président, je répondrai au
député de Berthier qu'il y a présentement
nécessairement le chemin qui relie St-Donat à
Notre-Dame-de-la-Merci
à St-Michel-des-Saints. Avant d'arriver, aux terres
cadastrées de St-Michel-des-Saints, aux limites de votre comté,
il y a des chemins, des compagnies forestières qui
rentrentàl'intérieur du parc, je ne suis pas très familier
avec votre région, mais je pense que c'est ça qui existe et si on
regarde la carte qui fera aujourd'hui la communication avec St-Donat, bien on
s'aperçoit que du point où il y a un détour qui est
effectué vers St-Donat il y a encore vingt ou vingt-cinq milles de
chemins qui s'en vont à l'intérieur des terres, et que si j'en
juge par la carte, il y aurait probablement quatre ou cinq milles simplement
effectués pour rejoindre les chemins des compagnies forestières
dont vous parlez.
Mais quoiqu'il en soit, en tant que nous sommes
intéressés, et c'est précisément la raison pour
laquelle la limite est du parc a été changée, pour donner
la borne naturelle à la route, et en même temps pour permettre un
accès plus facile par les chemins forestiers auxquels vous
référez. Maintenant je n'ai pas le statut je ne suis pas familier
avec la région et dans la carte que j'ai ils sont bien indiqués
et il n'y aurait pas je crois un trajet fort considérable pour les
relier ensemble.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. McGUIRE: Voici, ce qui accommoderait beaucoup la population et le
touriste principalement, c'est que ces chemins-là étant un chemin
d'une compagnie privée, il y a un droit de péage et ceci est
considérable à la fin de l'année. Je demanderais au
ministre de faire certains arrangements avec la Consolidated Paper afin que les
touristes n'aient pas à payer ce qui les prive parfois d'utiliser cette
route qui serait si intéressante pour la traversée du parc.
M. BERTRAND (Terrebonne): Non, je remercie le député de
Berthier des observations qu'il vient de faire, je sais qu'entre
Notre-Dame-de-la-Merci et St-Michel-des-Saints, on est obligé de payer
un droit de péage à la Consolidated, si je ne fais erreur, et je
crois que ceux qui rentrent en forêt doivent payer dans différents
endroits, doivent payer des droits de péage. Mais d'un autre
côté, je puis affirmer que en autant que nous sommes
concernés, nous allons tenter de négocier avec les compagnies
intéressées parce qu'il n'y a pas simplement la Consolidated, il
y a également la Cie de Papier International et nous allons tenter de
trouver une formule puisque nos chemins sont à l'intérieur du
parc pour tenter un jour ou l'autre à en venir à une entente
à ce sujet et je remercie le député de Berthier, d'avoir
attiré mon attention sur cette question parce que je sais que j'ai eu de
nombreuses représentations et probablement que le député
de Montcalm les a eues également des personnes qui avaient à
circuler entre Notre-Dame-de-la-Merci et St-Michel-des-Saints.
Mais en tant que je suis intéressé, je le remercie d'avoir
attiré mon attention sur cet aspect de la question.
M. LE PRESIDENT: Résolution adoptée? Adoptée.
M. JOHNSON: Sur division. Le ministre ne m'a pas convaincu.
M. BEDARD (président du comité plénier): M. le
Président le comité d'arbitrage, résolution relative au
bill numéro 28.
M. HYDE (président): M. Bertrand propose que la résolution
soit maintenant lue et agréée, cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. JOHNSON: Sur division.
M. LE PRESIDENT: Sur division. Adopté. Deuxième
lecture?
M. BERTRAND CMissisquoi): M. le Président, je propose la seconde
lecture du bill 28 au sujet du parc provincial du Mont-Tremblant.
M. LE PRESIDENT: Sur division?
M. JOHNSON: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Adopté sur division.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Troisième lecture?
M. JOHNSON: Est-ce que le ministre insiste pour faire un discours en
troisième lecture?
M. BERTRAND (Terrebonne): Non, je n'en fais pas.
M.JOHNSON: On va l'adopter, pendant qu'il est bien disposé.
M. LE PRESIDENT: Sur division?
M. LE GREFFIER ADJOINT: Troisième lecture.
M. LE PRESIDENT: Et maintenant, le bill 29?
M. PINARD: Le bill 29.
Loi des autoroutes
M. LE PRESIDENT: « Loi modifiant la Loi des autoroutes. »
Deuxième lecture?
M. PINARD: Il y en a une partie sur les résolutions, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: M. Pinard propose la deuxième lecture du bill
29: « Loi modifiant la Loi des autoroutes ».
M. PINARD: C'est un bill qui est très simple, M. le
Président. L'article 1er a pour objet de fixer la durée du mandat
du président de l'Office des autoroutes à dix ans. L'article 2
modifie la disposition relative à la pose des affiches et des enseignes
le Ion de l'autoroute en vertu d'une réglementation adoptée par
l'Office; ça permet à plus d'un propriétaire d'un
établissement d'annoncer son commerce, et je pense que c'est pour viser
tout simplement le cas des centres d'achats qui se font de plus en plus
nombreux et dont les locataires seraient en quelque sorte lésés
si chaque locataire ou chaque propriétaire de magasin, à
l'intérieur du centre d'achats, ne pouvait pas avoir le droit
d'afficher, de mettre une annonce, une affiche indiquant son poste de commerce.
Et l'article 3 demande le pouvoir d'assujétir à la loi des
convictions sommaires les causes qui peuvent être faites concernant
l'application de cette réglementation quant aux
panneaux-réclames, quant aux enseignes.
M. JOHNSON: M. le Président, à l'autoroute il y a un
président qui s'appelle Guy Poliquin, qui, avec deux autres commissaires
ou trois, administrent une commission extrêmement importante et
appelée, je pense bien, à un rôle encore plus
considérable. On sait que le gouvernement actuel, en plus de charger une
taxe sur l'essence qu'il a augmentée, tient à ce que les
automobilistes, après avoir payé la taxe sur l'essence, paient
aussi pour voyager sur les autoroutes. A tout événement,
là n'est pas le problè- me. C'est que M. Guy Poliquin veut se
mettre à l'abri des intempéries politiques. M. Guy Poliquin est
le premier de tout un groupe de libéraux nommés après les
élections de 1960,...
M. CADIEUX: Un bon gars.
M. JOHNSON: ... après l'exécution sommaire, très
sommaire, des commissaires qui administraient ces commissions, M. Guy Poliquin
est à la tête de toute une série de libéraux qui
cherchent à s'assurer des postes de sécurité. Un se fait
nommer juge, l'autre se fait nommer dans un autre territoire, et le
troisième, M. Poliquin...
M. PINARD: Je soulève une question de règlement, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. PINARD: Je pense avoir fait des commentaires très sobres sur
le but visé par le projet de loi. Je demanderais au chef de l'Opposition
de rester dans l'objet de la discussion et de ne pas s'étendre sur des
considérations qui pourraient être de nature personnelle quant au
président de l'Office lui-même. Il s'agit de savoir si on est
d'accord sur la nomination du président, sur la durée de son
mandat et si on est d'accord également sur les autres points qui sont
demandés par le texte de loi qui est présentement en
discussion.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est un bill qui est vicié
à la base. En votant pour ce bill donnant une permanence à M.
Poliquin, je me trouverais à sanctionner une injustice, un
système faux, qui avait été dénoncé par les
libéraux et qui a été pratiqué par eux. Au
lendemain de l'élection de 1960, on a exécuté
sommairement, je le répète, les commissaires de l'autoroute qui
étaient des hommes compétents et honnêtes, très
compétents, extrêmement bien préparés pour faire ce
travail, quand il s'agit surtout du président, ancien ingénieur
en chef de la Voirie, qui avait servi la province sous le gouvernement
Duplessis d'abord, le gouvernement Godbout, et ensuite sous les gouvernements
Duplessis.
M. PINARD: M. le Président, je soulève une question de
règlement. Le chef de l'Opposition commet une insjustice quand il
affirme que le président de l'office dans le temps, l'ancien
ingénieur en chef du ministère de la Voirie, M. Goyer, a
été congédié. Au contraire, M. Goyer a donné
sa démission. Et ce n'est pas du tout ce que prétend le chef de
l'Opposition; il a donné sa démission de façon très
libre et, de toute façon, il aurait accédé a sa pension
dans les mois qui suivaient.
M. JOHNSON: M. Desjardins aussi a donné sa démission et
les autres commissaires qui étaient là, n'est-ce pas?
M. PINARD: Absolument.
M. JOHNSON: Oui, oui, ils ont fait ça librement, gentiment, sous
les pressions de personne.
M. PINARD: Là, si le chef de l'Opposition me permet de
l'interrompre, selon l'habitude dans le temps, je pense que nous devons nous
entendre sur ce point-là. C'étaient des avocats
démissionnaires...
M. JOHNSON: Ce n'est pas exact, M. le Président. Il y a un
monsieur Forget qui était là. Il a appris qu'il n'était
plus commissaire en lisant les journaux.
Maurice Forget, commissaire à l'autoroute, un courtier, un homme
de finance, a appris par le journal qu'il avait démissionné,
qu'il était remplacé, par qui? Par Guy Poliquin, agent
d'assurances, comme président.
M. PINARD: M. le Président...
M. JOHNSON: C'est ça qu'on a fait à l'autoroute.
M. PINARD: M. le Président, je soulève de nouveau un point
d'ordre. Je me demande si réellement, en vertu des règlements, le
chef de l'Opposition peut parler de la façon dont il le fait en ce
moment, alors qu'il s'agit de dire si oui ou non il est d'accord sur les
pouvoirs demandés par le projet de loi. On ne discute pas la
personnalité de l'ancien président de l'Office, on ne discute pas
non plus de la personnalité du nouveau président de l'Office ni
d'aucun des commissaires, on discute tout simplement le bien fondé des
pouvoirs demandés par le projet de loi actuellement en discussion, c'est
tout. Il me semble que le chef de l'Opposition devrait connaître
suffisamment les règlements pour s'en tenir à ce que je viens de
déclarer.
M. JOHNSON: Mais oui, M. le Président, cette loi demande que le
président de l'autoroute soit nommé...
M. PINARD: Il est nommé déjà.
M. JOHNSON: ... soit en fonction, qui est actuellement, soit en fonction
pour dix ans, et qu'il ne puisse être destitué que pour cause.
M. PINARD: C'est ça.
M. JOHNSON: En principe, M. le Président, je favorise une telle
disposition, mais je ne peux pas voter pour cette loi parce que, en votant pour
cette loi, je sanctionnerais par mon vote et mon attitude une situation
ridicule, une situation injuste, une situation qui démontre bien comment
le parti libéral, après avoir parlé contre le patronage,
s'est mis à en faire. Et je répète que Maurice Forget,
commissaire de l'autoroute, a appris par les journaux qu'il était
décapité, et il a été remplacé par M.
Poliquin, agent d'assurances. Bon garçon, charmant garçon, aimant
la vie...
M. CADIEUX: C'est ça.
M. JOHNSON: ... agréable, civil, poli...
M. CADIEUX: Comme le chef de l'Opposition.
M. JOHNSON: Mais quelle préparation avait-il pour ça?
Agent d'assurances?
UNE VOIX: Courtier.
M. JOHNSON: Deuxième préparation, deuxième
élément de préparation, organisateur libéral.
M. COURNOYER: Très bien.
M. JOHNSON: Or, il a été nommé, très bien.
En apparence, ça n'a pas l'air qu'il a accompli une mauvaise besogne, il
a le sens de la publicité, il a le sens du « showmanship
».
M. CADIEUX: Il est intelligent.
M. JOHNSON: Après un autre que je connais bien, c'est le
meilleur, il arrive deuxième. Il a à ce moment-là pris un
intérêt particulier à ce problème. Il a donné
des causeries partout. Alors on s'est dit, M. Poliquin, sorti de la politique,
va faire un très grand commis pour la province. Arrivé
l'élection de 1962, voici que M. Poliquin était le factotum du
chef du parti libéral, était son mentor, son valet de chambre,
son valet de pied, son secrétaire particulier, son préposé
à l'itinéraire des voyages, et au confort, et à la
sécurité de sa personne. Cela c'était M. Poliquin. Il ne
faisait pas de politique, il avait le temps, il avait une grosse affaire
à administrer, l'autoroute, le prolongement de l'autoroute, les projets
de l'autoroute des cantons de l'Est, et il avait le temps quand même,
pendant deux mois, de se promener avec le chef du parti libéral dans les
assemblées politiques.
M. PINARD: M. le Président, est-ce que je peux soulever un point
d'ordre? Je pense que le chef de l'Opposition a eu amplement le temps de
discuter de ce dont il discute en ce moment
en d'autres occasions; d'abord sur mes crédits l'année
dernière. Il a fait des déclarations en Chambre, en d'autres
occasions, concernant les activités présumément politiques
de M. Poliquin, le premier ministre dans le temps lui a répondu, je m'en
souviens bien, qu'il verrait à faire en sorte que le statut du
président de l'Office ne serait plus discutable et qu'il
présenterait les amendements à la loi de l'autoroute pour
justement donner un mandat au président de l'Office pour le faire
travailler en permanence à l'Office, et non pas seulement de
façon partielle, et pour l'assujettir aux devoirs des présidents
qui occupent des postes semblables dans d'autres corporations, ou dans d'autres
organismes para-gouvernementaux, de sorte que personne ne pourrait se plaindre
dorénavant des activités politiques du président pour qui,
maintenant, ça lui est complètement défendu.
Alors, nous sommes arrivés justement à ce moment où
nous voulons donner une augmentation, quant à la durée du mandat
du président, mais lui défendre de s'occuper d'autre chose que de
l'administration de l'Office. J'imagine que le chef de l'Opposition est
d'accord là-dessus puisque c'est lui-même qui l'a
réclamé parmi les premiers, alors pouquoi revenir en
arrière et faire le procès de M. Poliquin pour les
activités passées. Prenons le cas tel qu'il se présente en
ce moment...
M. JOHNSON: C'est ça.
M. PINARD: Et discutons de façon obj ective et honnête
envers M. Poliquin.
M. JOHNSON: M. le Président, vous avez entendu le ministre,
irrégulièrement d'ailleurs, faire un discours dans mon discours,
dire; eh bien maintenant M. Poliquin, il a décidé de ne plus
faire de politique. « Le diable devenu vieux se fit moine », ou le
diable devenu inquiet se fit moine.
M. PINARD: Présumément en politique.
M. JOHNSON: M. Poliquin, sentant venir la défaite des
libéraux, veut se mettre à l'abri pour dix ans.
M. PINARD: C'est ça.
M. JOHNSON: Il a dit: je serai bon garçon, je n'en ferai plus.
J'en ai fait pendant seize ans, j'ai contribué à vous faire
battre en 1960; en 1962 c'est moi qui ai organisé les assemblées
du premier ministre, mais maintenant ça ne compte plus ça, je
vais être bon, je vous le promets, je ne ferai plus de politique.
M. le Président, il a besoin de changer, il est venu en Chambre
ici, Je n'ai pas soulevé ce cas dans le temps, mais c'est le temps de le
soulever. Il s'est conduit en Chambre, ici, comme un petit gars à une
assemblée contradictoire qui approuvait le premier ministre, riait,
faisait des grimaces lorsqu'on intervenait lors de l'étude des
crédits de la Voirie.
M. PINARD: M. le Président, j'invoque le règlement. Je
proteste énergiquement contre la déclaration du chef de
l'Opposition...
M. JOHNSON: Ah, bien moi, je le voyais.
M. PINARD: ... quant à la conduite du président de
l'Office...
M. JOHNSON: Oui, oui.
M. PINARD: ... alors qu'il était à mes côtés,
lors de la discussion de mes crédits et alors que, pour la
première fois, il a été discuté des crédits
de l'Office des autoroutes. Je n'étais pas obligé de discuter des
crédits de l'autoroute en Chambre, c'était tout simplement pour
fournir des renseignements à l'Opposition et surtout au
député de St-Jacques qui m'avait demandé si je verrais
objection à discuter, pas tellement longtemps, des pouvoirs et
responsabilités des officiers de l'autoroute.
M. JOHNSON: A l'ordre, M. le Président. Qu'on me laisse donc
finir, le ministre répondra, il a un droit de réplique.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LAFONTAINE: M. Poliquin avait nettement une conduite partisane
à ce moment-là. Nous le voyions, nous: il se trouvait assis en
face de nous autres.
M. COURNOYER: On va lui dire de ne plus rire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. COURNOYER: On va lui faire le
message.
M. LE PRESIDENT: La seule chose que je tiens à dire sur le rappel
au règlement du ministre de la Voirie, c'est que je ne peux pas
empêcher le chef de l'Opposition de discuter de M. Poliquin, ça va
sans dire, mais je voudrais lui demander d'essayer de le faire sans
référer aux débats antérieurs de la Chambre
à cette session-ci.
M. JOHNSON: M. le Président, je ne réfère pas
à un débat antérieur. Je dis tout simplement qu'en votant
pour cette loi, je sanctionnerais une affaire qui n'a pas d'allure...
M. COURNOYER: Voilà, vous avez outrepassé votre
pensée.
M. JOHNSON: ... parce qu'il est entré en fonctions d'une
façon, j'allais employer un terme qui n'est peut-être pas
parlementaire, mais d'une façon qui est en contradiction avec tout ce
qu'avait prêché le parti libéral.
M. PINARD s Absolument pas.
M. JOHNSON: Admettons qu'il a fait une bonne besogne. Admettons qu'il
travaille bien. Je n'ai pas de reproche à faire à M. Poliquin,
sauf un,...
M. MAILLOUX: Sauf qu'il est libéral.
M. JOHNSON: ... c'est qu'il s'est servi de sa position encore
récemment pour faire de la politique, pour faire de la propagande
libérale et faire, encore une fois, planer sur ses devanciers des doutes
qui sont injustes. M. Poliquin ne cesse de parler du coût de la
première section.
M. PINARD: M. le Président,...
M. JOHNSON: Je l'invite, M. le Président, j'invite le ministre et
je l'avertis d'avance à en parler l'an prochain de cet
aspect-là.
M. PINARD: ... je soulève une question de règlement. Ce
dont parle le chef de l'Opposition a été
précisément discuté à la fin de l'étude de
mes crédits en Chambre et c'est moi-même qui ai conduit la
discussion sur les coûts comparatifs de la construction de la
première section de l'autoroute des Laurentides par rapport à la
deuxième section.
M.JOHNSON: Oui.
M. PINARD: C'est moi-même qui ai mené cette discussion avec
des chiffres à l'appui. Il ne s'agit donc pas de déclarations
faites par M. Poliquin et je ne vois pas de quelle façon le chef de
l'Opposition, en ce moment, pourrait suivre le règlement s'il discute de
déclarations qui n'ont pas été faites par M. Poliquin
lui-même, mais bien par le ministre de la Voirie qui en était
responsable et les députés de l'Opposition ont eu tout le loisir
pour lui répondre au moment opportun. Cette discussion est
terminée, mes crédits ont été adoptés, le
budget de l'Office a été adopté, ce n'est donc plus le
temps pour le chef de l'Opposition de reprendre cette discussion en ce
moment.
M. JOHNSON: M. le Président, j'affirme dans cette Chambre que,
depuis le débat, depuis la discussion à laquelle le ministre
vient de référer, M. Poliquin, de nouveau, en public, a
parlé dans le même sens évidemment que son rapport du 29
mars 1963. Et je trouve que M. Poliquin, président de l'autoroute,
gâte son affaire.
M. PINARD: M. le Président, je demanderais au chef de
l'Opposition de circonstancier les affirmations de M. Poliquin, de me donner la
date de sa déclaration et de ne pas se raccrocher aux
déclarations qui sont contenues dans le rapport du président de
l'Office qui a été discuté au moment de mes
crédits. Ce n'est pas la même chose.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est pour les identifier que je
fais allusion ou réfère au rapport.
M. PINARD: Le chef de l'Opposition rappelle le passé, c'est ce
qu'il fait.
M. JOHNSON: Je rappelle le passé. Je rappelle que,
récemment, M. Poliquin, président de l'Office des
autoroutes,...
M. PINARD: Où et quand?
M. JOHNSON: ... a fait des déclarations publiques dans des
conférences devant un club social, je ne me souviens pas lequel (je vais
demander la production de tous ses textes), des déclarations qui ne
conviennent pas dans la bouche d'un homme qui se prétend
indépendant, qui voudrait avoir le statut d'un grand commis de l'Etat.
Que M. Poliquin laisse donc au ministre de la Voirie la politique. C'est la
responsabilité du ministre que de faire de la politique et c'est son
droit et son devoir, comme c'est le mien d'en faire, mais ce n'est pas le droit
de M. Poliquin ni son devoir. Qu'il cesse donc de se montrer aussi
zélé. M. le Président, tout le monde l'a vu en Chambre: il
était assis à côté du ministre.
M. PINARD: Vous l'avez dit, cela! On l'a entendu plus d'une fois!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: A un moment donné,... M. LE PRESIDENT: A l'ordre,
messieurs.
M. JOHNSON: ... il s'est pensé dans le même rôle que
pendant la campagne électorale de 1962...
M. COURNOYER: Voyons donc.
M. JOHNSON: ... après laquelle, M. le Président, on a mis
dehors M. Montgrain parce qu'il avait fait de la politique contre les
libéraux...
M. PINARD: A l'ordre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: ... et on a gardé M. Poliquin qui avait fait de la
politique pour les libéraux.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: Mais oui, deux poids, deux mesures.
M. COURNOYER: C'est public ça, tout le monde le sait.
M. LE PRESIDENT: J'ai déjà dit au chef de l'Opposition que
je ne suis pas pour l'empêcher de discuter de M. Poliquin. Mais ça
va être sur M. Poliquin seulement, ce n'est pas un débat
général que de faire des comparaisons avec d'autres et surtout de
ne pas référer aux discussions qui ont déjà eu lieu
en Chambre à cette occasion.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre nous demande de voter
pour cette loi. Il y a des bonnes choses dans cette loi-là. Il y en a
une qui vicie tout le reste. Je voudrais déclarer ici pour ne pas
être mal interprété que je ne fais pas de reproches quant
à l'administration. Je n'ai pas de preuves. Je n'ai pas d'accusations
non plus à porter ni vague ni autrement sur la façon qu'il
administre les autoroutes. Je n'ai pas à l'accuser. Je n'ai pas
l'intention de l'accuser. Je n'ai aucun motif pour le moment de l'accuser de
faire du patronage. Rien de ça. Une mise en garde, M. le
Président; je sais que la loi va passer quand même.
Je pourrais dire à M. Poliquin comme à tous les autres qui
cherchent à se mettre à l'abri actuellement en faisant passer des
lois pour que leur nomination dure au moins pendant dix ans que ce n'est pas
nécessaire. L'Union nationale en arrivant au pouvoir, dès les
prochaines élections...
UNE VOIX: Ce n'est pas arrivé.
M. JOHNSON: ... va pratiquer ce que les libéraux ont
prêché et n'ont jamais pratiqué. Des gens comme M.
Poliquin, s'ils ont été honnêtes, s'ils sont bien rouges,
même s'ils ont été nommés par les libéraux
garderont leur fonction.
M. COURNOYER: Est-ce que ça s'adresse au ministre des Transports
ça?
M. JOHNSON: Cela s'adresse à tous les ministères et on l'a
fait dans le passé.
M. COURNOYER: Est-ce que ça s'adresse...
M. JOHNSON: Ce qu'il y avait de plus rouge comme sous-ministre
nommé par des libéraux ont été gardés
pendant 16 ans du temps de l'Union nationale et les présidents de
commissions, des commissaires qui sont compétents, honnêtes,
même s'ils ont été nommés par des rouges, même
s'ils sont portés des fois à se montrer trop rouges garderont
quand même leur position même sans une loi pareille.
Donc il n'y a qu'une conclusion: M. Poliquin, qui a de
l'expérience, de 1939 à 1944 M. Poliquin a connu le pouvoir, il
était secrétaire de M. Godbout dans le temps, et M. Poliquin a
été 16 ans dans l'Opposition. Il n'est pas bête, il dit:
« Moi je ne prends plus de risques, une petite loi s'il vous plaît.
Vous me devez bien ça pour me donner une sécurité de dix
ans ».
M. COURNOYER: Je pense bien, avec vous autres !
M. JOHNSON: Pas bête! Il a dit au premier ministre: « Je
vous ai transporté. Je vous al fait manger. Je vous ai fait coucher
à l'heure pendant la campagne électorale. J'ai réussi des
organisations. Vous me devez bien cela, chef...
M. PINARD: A l'ordre.
M. JOHNSON: ... Vous allez me passer une petite loi pour me donner dix
ans de sécurité parce que vous vous pouvez partir et puis le
diable est dans le parti libéral. On va perdre le pouvoir, et puis je ne
suis pas sûr que Daniel me garderait ».
M. PINARD: Quel commérage!
M. JOHNSON: M. le Président, dans le fond, je voudrais assurer M.
Poliquin de ne pas s'énerver. Ce n'est pas nécessaire de
dépenser l'argent de la province pour faire passer des lois pareilles.
Ce n'est pas nécessaire, et j'avertis tous les autres qui cherchent
à se faire caser de ne pas prendre tout de suite la panique, car nous on
nommera même des rouges s'ils sont compétents.
M. MAILLOUX: En 1990.
M. JOHNSON: Oui, en quelle année?
M. MAILLOUX: En 1990.
M. JOHNSON: Oui, on reviendra pour la deuxième fois encore, ce
sera un retour, un retour en 1990.
M. MAILLOUX: C'est d'accord!
M. JOHNSON: Non, ça va être en 1965 et puis on va laisser
faire jusqu'en 1980. C'est réglé ça.
M. COURNOYER: Pas les mêmes?
M. JOHNSON: M. le Président, les 20 sont pour nous des dates de
changement; 1940, 1960 mais j'aimerais mieux 1965 comme prochaine
élection.
UNE VOIX: Le bill.
M. JOHNSON: Alors sur division. Nous allons en comité.
M. PINARD: J'espère que le chef de l'Opposition va me
permettre...
M. JOHNSON: Le ministre veut faire perdre le temps de la Chambre. Il a
fait quatre discours...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. JOHNSON: ... pendant le
mien.
M. PINARD: Je voudrais souligner tout de même à cette
Chambre...
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres députés qui
voudraient parler sur la motion de M. le député. Si le ministre
parle, à ce moment-là, ça va terminer le débat.
M. PINARD: Oui, je voudrais exercer mon droit de réplique. Je
voudais souligner tout de même l'illogisme du chef de l'Opposition qui
à corps et à cri, à de multiples occasions, a
critiqué la conduite à la Chambre et en dehors de la Chambre du
président actuel de l'office, M. Guy Poliquin. Dans le temps il
l'accusait de ne pas être au service de façon permanente de
l'office, donc de la province, de ne s'occuper que partiellement des
intérêts de l'office, donc de la province, alors que les
obligations de l'office grossissaient puisque la section de l'autoroute des
Laurentides est maintenant une chose beaucoup plus considérable que dans
le passé puisque l'autoroute conduit jusqu'à
Ste-Adèle.
Depuis nous avons créé une nouvelle section, une nouvelle
autoroute entre Sherbrooke et Montréal, il y aura également la
création d'une autoroute entre Montréal et Trois-Rivières
et Québec. Donc latâche du président, des commissaires,
sera grossie, l'administration deviendra plus considérable, donc plus
compliquée. Il faudra travailler à l'Office de façon
permanente dans le cas du président bien entendu et aujourd'hui le chef
de l'Opposition critique la volonté du gouvernement de donner un mandat
de dix ans au président pour l'obliger à s'occuper de
façon permanente des intérêts de l'Office, de surveiller
l'administration, de voir à la planification des projets, de voir
à ce que tout soit construit selon les plan et devis.
Il faut aussi voir à ce qu'il y ait des appels de soumissions
publiques, à ce que la réglementation établie par l'office
soit bien appliquée et soit bien suivie et respectée, et
aujourd'hui, puisque le gouvernement exprime sa volonté de donner des
cadres aux fonctions du président, de lui assurer la
sécurité, et c'est absolument normal en 1964, quand on
conçoit un tant soit peu l'importance des fonctions du président,
voilà que le chef de l'Opposition critique cette décision du
gouvernement. Eh bien, je dis que les critiques du chef de l'Opposition me
paraissent tout à fait illogiques.
A tout événement, je crois que la situation du
président de l'Office est en tout point semblable à la situation
de d'autres présidents, de d'autres commissions, qui sont
protégées, dont la durée du mandat est une chose presque
aussi considérable, sinon davantage, que la durée du mandat du
président de l'Office des autoroutes. Et je me demande
sincèrement pourquoi le chef de l'Opposition, parce qu'il s'agit de M.
Guy Poliquin, ne voudrait pas qu'il bénéficie de la même
sécurité que les autres présidents de d'autres commissions
gouvernementales, de d'autres corporations paragouvernementales. Pourquoi M.
Guy Poliquin ne pourrait pas obtenir une prolongation de son mandat?
Pourquoi
il ne serait pas payé ce que ça vaut d'être
président de l'office en 1964, quand on sait les responsabilités
que ce poste comporte? Même si M. Guy Poliquin ne partageait pas dans le
temps les opinions, les vues du parti de l'Union nationale, ce n'est pas une
raison pour lui enlever du talent, pour lui enlever le sens de
l'administration...
M. JOHNSON: C'est vrai.
M. PINARD: ... pour lui enlever le sens des responsabilités, pour
faire de Guy Poliquin ce qu'il est, et en quoi il est bien connu à
travers la province comme un excellent administrateur, un homme de devoir, un
homme compétent...
M. JOHNSON: Et comment expliquez-vous sa conduite de 1962?
M. PINARD: Bien évidemment ce sont des faits, moi je n'ai pas
suivi Guy Poliquin dans les campagnes électorales.
M. COUTURIER: Il n'était pas à plein temps.
M. PINARD: On pourrait discuter longuement sur la déclaration du
chef de l'Opposition quant aux activités politiques de M.
Poliquin...
M. JOHNSON: Ah non.
M. PINARD: Je ne prolongerai pas mes remarques là-dessus.
M. JOHNSON: Cela a été admis en Chambre.
M. PINARD: Le chef de l'Opposition a droit à son opinion. Je ne
la partage pas, et c'est mon droit de ne pas la partager. Mais je pense que
nous pouvons nous entendre, tous les députés de cette Chambre,
pour dire que les fonctions d'un président de l'Office, en 1964, sont
autrement plus importantes qu'elles l'étaient autrefois. Alors qu'il
s'agissait d'administrer un petit tronçon d'autoroute, en quelque sorte.
Alors c'est pourquoi je termine mes remarques en disant que tous les
députés devraient se montrer d'accord sur les pouvoirs
demandés par le présent bill, à l'article 1, et que les
députés devraient se déclarer satisfaits de constater la
volonté bien arrêtée du gouvernement de donner un mandat de
dix ans au président, pour lui permettre de bien accomplir son devoir,
de bien suivre l'administration des actifs de l'Office, de bien suivre les
projets et de les mener à bon terme, de sorte que ce sera non seulement
les députés de la Chambre, mais tous les citoyens de la province
de Québec qui bénéficieront d'un réseau routier
moderne, et surtout d'autoroutes qui seront à la hauteur des besoins de
la province.
M. LAFRANCE: Très bien.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture sera-t-elle
adoptée?
M. JOHNSON: Sur division.
M. LE PRESIDENT: Adoptée sur division. Deuxième
lecture.
LE GREFFIER ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second reading
of this bill.
M. LE PRESIDENT; M. Pinard propose que je quitte maintenant le fauteuil
pour que la Chambre se forme en comité plénier pour
étudier le bill 29. Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. LAFRANCE: Adoptée.
M. JOHNSON: Adoptée.
M. LE PRESIDENT: Adoptée.
M. BEDARD (président du comité plénier): Article 2,
adopté?
M. JOHNSON: Non, je comprends que le texte actuel est un peu restrictif
et que...
M. PINARD: C'est ça.
M. JOHNSON: ... qu'on veut se donner un peu plus de latitude. Est-ce que
je peux exprimer le désir qu'on n'abusera pas ou qu'on ne laissera pas
abuser? Techniquement on ne devait afficher qu'un seul nom...
M. PINARD: C'est ça.
M. JOHNSON: ... et on veut en afficher plusieurs...
M. PINARD: Je pense bien que c'est le cas des centres d'achats qui est
visé surtout.
M. JOHNSON: Mais est-ce que sur l'autoroute on affiche aussi les noms du
ministre et du sous-ministre, comme c'est le cas? Une autre réalisation
Bernard Pinard. Cela me fait penser...
M. PINARD: A l'ordre.
M. JOHNSON: ... quand je vois ça, « une autre
réalisation Bernard Pinard », aux annonces de grands couturiers,
« création haute couture »...
M. PINARD: Je soulève un point d'ordre.
M. LE PRESIDENT: Il ne s'agit pas de construction.
M. JOHNSON: ... la coupe Oleg Cassini. Ah, ça fait bien.
M. LAFRANCE: Il est parti encore.
M. JOHNSON: Mais il me semble que ça va mieux au ministre de
l'Education ça, « une autre réalisation de Paul
Gérin-Lajoie », là, ç'al'air haute couture pour
vrai.
M. LE PRESIDENT: Article 2? M. PINARD: Article 2, à l'ordre.
M. JOHNSON: Non, mais j'ai vu une enseigne, « une autre
réalisation du ministère de la Voirie, Bernard Pinard
».
M. PINARD: A l'ordre, M. le Président. Le chef de l'Opposition ne
m'entrainera pas dans un débat.
M. JOHNSON: Et il y a le nom d'un autre ministre aussi.
M. PINARD: A l'ordre. C'est un point d'ordre.
M. JOHNSON: Oui.
M. PINARD: L'affiche dont parle le chef de l'Opposition ne se trouve pas
sur l'autoroute, ne se trouvait pas sur l'autoroute.
M. JOHNSON: Dans Vaureuil-Soulanges?
M. PINARD: Non plus.
M. JOHNSON: Ah, il y en a deux.
M. PINARD: Non plus. Il s'agissait d'un panneau qui était dans un
comté, et qui a été enlevé depuis longtemps. Alors
je ne pense pas que la discussion que veut engager le chef de l'Opposition, qui
serait irrégulière puisqu'elle ne s'applique pas à
l'Office des autoroutes dont nous discutons un projet de loi.
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est permis, je crois bien, de
faire une remarque. Je trouve que le gouvernement est plus sévère
pour les autres que pour lui-même quand il s'agit des affiches. La Loi
défend de mettre plus qu'un nom et eux mettent le nom du ministre et du
sous-ministre.
M. LE PRESIDENT: Non, c'est le contraire!
M. JOHNSON: Qu'est-ce que ça donne à la province de voir
le nom du sous-ministre de la Voirie, de rappeler à tout le monde qu'il
a été battu deux fois dans la province...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! M. PINARD: A l'ordre, à
l'ordre!
M. LE PRESIDENT: L'amendement a pour objet de ...
M. JOHNSON: Rappeler à tout le monde que la manière
pour...
M. LE PRESIDENT: A l'ordrel
M. JOHNSON: ... arriver à être sous-ministre, c'est de se
faire battre.
M. PINARD: A l'ordre, à l'ordre! M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAFRANCE: Chassez le naturel, il revient au galop.
M. LE PRESIDENT: L'amendement a pour objet que l'Office permette
d'accorder un permis à plus d'un occupant d'une même construction
et non pas les autres panneaux sur les routes. J'aimerais bien qu'on s'en
tienne à l'article 2, si on veut finir avant 5 heures.
M. PINARD: C'est ça, M. le Président!
M. JOHNSON: Est-ce qu'on a une heure limite, M. le Président?
M. PINARD: Non, pour discuter dans le cadre de la Loi.
M. JOHNSON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sur la portée de l'article.
M. JOHNSON: Adopté, M. le Président. M. LE PRESIDENT:
Article 3. M. JOHNSON: C'est pourquoi?
M. PINARD: C'est pour prévoir que des poursuites en vertu des
articles 22 à 25 D seront susceptibles d'appels.
M. JOHNSON: Oui, d'accordl M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. PINARD: C'est une prérogative propre à la sauvegarde
des droits des citoyens.
M. JOHNSON: Adopté.
M. BEDARD (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité n'a pas
fini de délibérer et qu'il demande la permission de siéger
de nouveau.
M. HYDE (Président): Quand siégera-t-il? A la même
séance. Résolution?
M. PINARD: Alors, M. le Président, le lieutenant-gouverneur, mis
au courant de la teneur de la présente résolution, en recommande
la discussion et l'adoption par la Chambre.
M. JOHNSON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Il n'y a rien devant la Chambre.
M. JOHNSON: Oui.
M. LE PRESIDENT: M. Pinard propose que je quitte maintenant le fauteuil
pour que la Chambre se forme en comité plénier pour
étudier la résolution.
M. JOHNSON: M. le Président, à ce présent stade, je
pourrais faire un débat sur cette résolution.
M. PINARD: Ce serait des répétitions.
M. JOHNSON: Normalement nous le faisons lorsque le président du
comité est là. Je crains que le président du
comité, M. le Président ou M. l'Orateur, me restreigne au sens
littéral et ne me laisse point parler de l'à-propos
d'agréer ou non cette résolution. J'en ai déjà
parlé tantôt, je ne veux pas faire de répétitions.
Mais je veux ajouter un exemple qui va bien illustrer ma pensée.
Après les élections de 1960,...
M. PINARD: A l'ordre!
M. JOHNSON: ... on a mis dehors des employés de la Voirie sous
prétexte que ce qu'ils avaient fait n'était pas utile...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je crois qu'on devrait discuter
l'à-propos de la résolution.
M. JOHNSON: M. le Président, on veut donner une permanence de dix
ans à un « patro-neux » qui a été nommé
par patronage alors qu'on a mis des gens dehors.
M. PINARD: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. JOHNSON: ... parce qu'ils avaient assisté à des
assemblées de l'adversaire et à lui, parce qu'il a
organisé des assemblées du premier ministre, on lui donne une
sécurité de 10 ans.
M. PINARD: Sur une question de règlement!
M. JOHNSON: C'est là le principe de la résolution, M. le
Président.
M. PINARD: M. le Président, le chef de l'Opposition a eu
amplement le temps de discuter ce qu'il veut discuter en ce moment. D'ailleurs
il l'a déclaré au moins 10 fois.
M. LAFRANCE: Oui, oui!
M. PINARD: Ce n'est rien de nouveau. Tous les députés,
témoins ici, peuvent l'affirmer. Alors il veut tout simplement refaire,
de façon irrégulière, et en temps inopportun, la
discussion qu'il a entreprise tantôt...
M. LAFRANCE: C'est ça!
M. PINARD: ... de façon répétée et
très longue.
M. LAFRANCE: C'est parce qu'il n'avait rien à dire.
M. LE PRESIDENT: A ce stade-ci, c'est simplement la motion pour former
le comité. Il n'est pas question de discuter de la résolution
elle-même et je crois que la discussion
pourrait établir si, oui ou non, on devrait l'étudier
à ce moment-ci. Mais ce n'est pas sur le fond même de la
résolution qu'on discute à l'instant.
La résolution va être discutée en comité et
même si le chef de l'Opposition craint que le président ne lui
permettrait pas de discuter de certaines choses, cela relève du
comité, cela ne relève pas de l'Orateur à ce moment-ci.
Mais, je ne peux pas permettre une discussion de la résolution sur la
motion pour former le comité.
La motion sera-t-elle adoptée?
M. PINARD: Adoptée.
M. JOHNSON: Non, M. le Président Oui, d'accord!
M. LE PRESIDENT: Adoptée.
UNE VOIX: Il est tellement habitué à dire non!
M. PINARD: Mauvaise habitude!
M. BEDARD (président du comité plénier):
Résolution au bill numéro 29.
M. JOHNSON: Commençant, M. le Président par une question
de détails, je demanderais au ministre sur quel précédent
s'est-on basé pour rédiger cet article? Est-ce qu'on en a
d'autres semblables dans les lois, dans d'autres statuts de la province? Par
exemple, dans quel statut dit-on que le président « ne peut
être destitué que pour cause et son traitement ne peut être
réduit ? ».
Est-ce que c'est dit, dans d'autres lois, ça, que le traitement
du commissaire ou du président ne peut être réduit?
M. PINARD: Je pense que c'est une disposition qui est absolument
normale, qu'un président qui occupe une fonction aussi importante que
celle de président de l'Office ne puisse être destitué que
pour cause, pour mauvaise conduite, mauvaise administration et qu'il devrait
recevoir toute la protection de la loi en pareille circonstance. Je n'ai pas
à la mémoire de disposition précise, mais je pense qu'elle
doit se retrouver dans plusieurs statuts et dans le cas de plusieurs
présidents de corporations gouvernementales ou paragouvernementales qui
doivent nécessairement, en vertu des fonctions qu'ils occupent et des
pouvoirs qui leur sont confiés, être protégés par la
loi et n'être destitués que pour cause.
M. JOHNSON: Mais le ministre est-il certain que le président de
la Régie des transports, par exemple, bénéficie d'une
provision semblable?
M. PINARD: Dans le cas de l'Hydro, par exemple là, je ne le sais
pas. Je pense qu'il y a les destitutions pour cause, et les autres...
M. JOHNSON: Non.
M. COURNOYER: Avez-vous ce statut?
M. JOHNSON: « Et son traitement ne peut être réduit.
»
M. le Président, ça c'est à l'envers de tout ce que
le gouvernement a prêché. Le gouvernement a toujours
prêché que la vraie manière démocratique
d'administrer, c'est de soumettre chaque année, à la Chambre, les
estimations en détail. Faire voter ça. Fini, le temps où
on tirait sur le fonds consolidé. Fini, le temps où l'on jouait
à la cachette. Il faut absolument remettre à la Chambre, dit
souvent le premier ministre, le contrôle démocratique des
crédits. Or il veut nous faire voter une résolution dans laquelle
on dit: « Le salaire de M. Guy Poliquin (président actuel qu'on
veut « statufier », M. le Président, là, pour dix
ans, là dans son poste) ne pourra être réduit. » Lui,
c'est une exception à toutes les règles. Je ne connais pas de
précédents. Le ministre a peut-être raison mais il n'en
connaît pas lui non plus. Il dit qu'il y en a probablement. Et il n'a pas
de précision, j'attends le statut.
M. PINARD: Il me semble avoir lu la disposition dans...
M. JOHNSON: J'attends le chapitre 143 de la loi de la Régie des
trans ports, c'est 143? Avez-vous le 143, Statuts refondus?
M. COURNOYER: Je pense que le salaire est mentionné dans la
Régie des transports.
M. JOHNSON: Non, on fait une loi spéciale et pourquoi est-elle
nécessaire? Si M. Poliquin pense que les libéraux vont rester au
pouvoir dix ans, pourquoi s'inquiète-t-il?
M. LALONDE: Non, non pendant 20 ans.
M. JOHNSON: Mais non, lui, il ne prend pas de risques, il veut une
loi.
M. LALONDE: Bien oui, mais 20 ans, 25.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il a peut qu'à l'occasion d'un changement
de chef il sauterait?
M. COURNOYER: Peut-être.
M. JOHNSON: La seule manière de renouveler le Cabinet actuel, je
dis ça pour ceux qui sont à la porte et qui attendent depuis
longtemps, c'est de changer de chef; vous aurez une chance d'entrer.
M. LALONDE: Ce que vous pouvez être comique, cet
après-midi!
M. JOHNSON: A tout événement, je n'en connais pas de
précédents et...
M. COURNOYER: Le salaire est indiqué pour les commissaires de la
Régie des transports.
M. JOHNSON: ... c'est extraordinaire qu'on fasse une provision pareille,
semblable...
M. COURNOYER: Même il y a eu un règlement pour augmenter
leur salaire.
M. JOHNSON: ... pour ce cas. En somme le président avait raison
en principe et vous aussi, M. le Président, si on passait une loi
générale, qui ne s'applique à personne en particulier, qui
va s'appliquer à des gens qu'on nommera plus tard, je ne pourrais pas
parler de cas particuliers. Mais il y a une régie qui existe, un office,
il y a un président et on apporte une loi pour dire: « Le
président, tel président, on va le figer dans ses fonctions
pendant 10 ans; il ne pourra être destitué que pour cause. »
C'est normal que le président d'une commission soit nommé pour au
moins dix ans, c'est généralement la condition que l'on pose et
que certaines personnes sollicitées pour occuper ces postes posent. Un
avocat en pratique, un agent d'assurances qui a un commerce prospère,
ces gens-là ne veulent pas accepter des positions du gouvernement
à moins de se faire garantir une certaine sécurité. Cela
est normal. Mais c'est anormal dans le cas de M. Poliquin.
M. PINARD: Bien, est-ce que le chef de l'Opposition me permet une
question?
M. JOHNSON: Oui.
M. PINARD: Je trouve la chose tout à fait normale, et je vais
dire pourquoi. C'est que M. Poliquin, nous lui avons demandé de laisser
toute activité de côté autre que celle de se dé-
vouer entièrement et de façon permanente aux
intérêts de l'Office. Je pense bien que je ne déclare rien
que le chef de l'Opposition ne savait pas, c'est que M. Poliquin était
un courtier en assurances avant d'assumer les fonctions de
président.
Nous lui avons demandé de laisser complètement le commerce
des assurances, de fermer son bureau. Comme question de faits, il a
liquidé son bureau, il a vendu ses intérêts dans le bureau
de courtage dont il était propriétaire, il dévoue
entièrement ses services de façon permanente à l'office,
et je pense, nous pouvons nous entendre, le chef de l'Opposition et moi, pour
dire que c'est une fonction importante et qui mérite certainement un
dévouement total et une permanence à l'office. Il a tout de
même un budget très important à administrer et comme
question de faits, il augmente sensiblement d'année en année.
M. JOHNSON: Quel salaire a-t-il actuellement?
M. PINARD: Le salaire de M. Poliquin a été augmenté
à $20,000, je pense à partir de juillet 1963.
M. JOHNSON: Combien avait-il en 1960?
M. PINARD: Je pense qu'il avait... il avait $12,000.
M. JOHNSON: Il est rendu à $20,000, à quelle date,
après les élections de 1962?
M. PINARD: L'arrêté ministériel est en date du 2
juillet 1963.
M. JOHNSON: 1963! M. PINARD: Oui.
M. JOHNSON: On l'a fait attendre pendant un an, non? 8 mois.
M. PINARD: « Il est ordonné par des propositions du premier
ministre que le traitement de M. Guy Poliquin, président de l'Office des
autoroutes du Québec, soit porté à compter du 1er juillet
1963, à la somme de $20,000. Signé Jacques Prémont,
greffier-adjoint du Conseil législatif. »
M. JOHNSON: Est-ce qu'il fait partie du Service civil? Depuis quand?
M. PINARD: Je pense qu'il est assujetti aux dispositions de la loi du
Service civil.
M. JOHNSON: Depuis quand?
M. PINARD: J'aimerais bien vérifier. J'ai envoyé quelqu'un
faire un téléphone pour faire les vérifications
demandées par le chef de l'Opposition, à savoir si on retrouve un
précédent et pour connaître exactement l'assujettissement
du président de l'Office quant aux dispositions de la commission du
Service civil.
M. JOHNSON: En attendant les renseignements, je voudrais continuer mes
remarques. Le ministre nous a interrompu par son intervention.
M. PINARD: Invité du chef de l'opposition.
M. LAFRANCE: Justifiée.
M. PINARD: J'ai demandé la permission.
M. JOHNSON: Il ne peut, dit l'article, être destitué que
pour cause et son traitement ne peut être réduit. A sa face
même, M. le Président, ça ne tient pas debout, cette
prescription à l'effet que son traitement ne peut être
réduit. Mais M. Poliquin a donc peur, n'a donc pas confiance. M.
Poliquin, qui a de l'expérience, puisqu'il a été le
secrétaire de M. Godbout de 1939 à 1944, se souvient par exemple,
qu'un gouvernement pour régler le cas d'un président de
commission qui ne voulait pas s'en aller, avait fait passer une loi pour
réduire le salaire à $1, $1 par année. Ça c'est une
manière radicale, de faire démissionner.
M. le Président, je ne fais allusion à aucune personne ici
présente, je ne faisais allusion à personne de parent avec qui
que ce soit ici. Je songeais à un cas spécifique à
Montréal. La personne est décédée. Je ne connais
pas de ses descendants et il n'y a pas d'inconvénients, mais je pense
que ce n'est pas à l'honneur de ceux qui ont passé cette
loi-là à ce moment-là. Mais il faut se rapporter à
1936. C'était dans les moeurs du temps. J'espère qu'on a
évolué depuis ce temps-là et j'espère qu'il n'y
aura pas une Chambre, à l'avenir, qui voterait une diminution de
traitement comme moyen de faire démissionner quelqu'un, mais je trouve
que ce n'est pas logique de donner l'impression qu'on lie pour l'avenir, la
Chambre, quelle que soit la majorité alors régnante ou dominante,
par un texte pareil par exemple si pour des raisons de politique
générale, pour le bien commun, le gouvernement actuel ou un
gouvernement qui lui succéderait, décidait par mesure
d'économie, de baisser les salaires de tous les commissaires de chacune
des commissions, disons de 10%.
Il est arrivé des mesures d'économie, des périodes
de se serrer la ceinture dans certains pays, eh bien, on dirait, non M.
Poliquin, lui, ne peut pas être sujet à ça. Il a des
raisons spéciales M. Poliquin, parce qu'ayant été 16ans
dans l'Opposition et étant revenu au pouvoir, nommé à une
grosse fonction, il a fait de la politique en 1962. Le petit qui était
allé à une assemblée de l'Union nationale en 1960, qui
gagnait $1,500 par année, dehors, article 60, activité
politique.
M. PINARD: Non, non, à l'ordre.
M. JOHNSON: Dehors, dehors le petit fonctionnaire qui avait osé
parler dans le corridor à un député de l'Union nationale:
activité politique, dehors. Mais celui qui gagne $12,000 par
année qui fait de la politique pendant deux mois alors qu'il est bien
occupé, et ensuite on le monte à $20,000 par année et on
nous demande ensuite d'accepter dix ans et décréter surtout que
son salaire ne pourra pas être réduit, à lui. Le ministre
voit bien que ça n'a pas d'allure, le ministre voit bien que ça
n'a pas de sens.
M. PINARD: Un instant, je vais répondre.
M. JOHNSON: Le ministre voit bien qu'il nous demande là une
affaire illogique, et on ne peut pas, même si on le voulait, lier la
Chambre pour l'avenir avec ce texte-là. On ne peut pas lier la Chambre
pour l'avenir avec ce texte. Je réfère le ministre à la
cause de Harris, survenue en Union Sud-Africaine, et qui est allée
jusqu'au comité judiciaire du Conseil privé.
M. PINARD: Qui était-il Harris? M. JOHNSON: Pardon? M. PINARD:
Qui était-il?
M. JOHNSON: C'est la cause où la Cour, le comité
judiciaire du Conseil privé a décidé que la
législature qui croyait s'être liée par une loi
n'était pas liée. Quant à la loi, elle pouvait s'en
délier.
M. PINARD: Dans quel cas? Dans le cas des fonctionnaires?
M. JOHNSON: Non, c'était relativement à un amendement
à certaine loi qui concernait des problèmes...
M. PINARD: Ah oui.
M. JOHNSON: ... là-bas, mais le principe est le même. C'est
qu'on ne peut pas lier aujourd'hui par le texte devant nous, la Chambre, pour
l'avenir, mais on a mis ça à la demande de M. Poliquin qui avait
de l'expérience: Je sais que c'est arrivé à d'autres mais
je ne voudrais pas que ça m'arrive. L'Union nationale s'en vient au
pouvoir. Je veux être certain que mon salaire ne sera pas
réduit.
Je dis M. le Président, je le répète,
j'espère qu'il se trouvera jamais une Chambre ici, pour voter une
réduction de salaire ou de traitement par vengeance politique, mais il
peut s'en trouver qui votent une réduction générale de
salaire, et une telle prévision en est une qui devrait sauter à
mon sens. Elle est illusoire, d'abord, crée une fausse impression et
ça me justifie donc de penser que le plus prudent et le plus habile des
prudents, c'est mon ami Guy Poliquin, le président de l'Office des
autoroutes.
M. PINARD: M. le Président, on m'imforme tout d'abord qu'il y a
des précédents, qui me justifient de demander...
M. LAFRANCE: Ah!
M. PINARD: ... des pouvoirs accrus en faveur du président actuel
de l'Office. D'abord, quant à la durée de mon mandat, il y a le
président de la Commission municipale dont la durée du mandat est
de dix ans...
M. LAFRANCE: Ah!
M. PINARD: Il y a aussi le président de la Commission du Service
Civil.
M. JOHNSON: Je n'ai pas questionné; d'ailleurs, j'admets
ça.
M. PINARD: Un instant.
M. JOHNSON: Il y en a plusieurs commissaires qui sont nommés pour
un terme.
M. PINARD: Mais, quant au salaire, évidemment, comme le mandat du
président de l'Office n'est pas permanent, enfin qu'il peut être
destitué pour cause, il peut arriver aussi qu'autrement que pour cause,
sur la question du salaire, on l'oblige à ne plus occuper ses fonctions
de président, si on pouvait réduire à volonté le
salaire de $20,000 à $1.00 c'est clair que pour des raisons
d'intérêt financier, d'intérêt économique, le
président qui aurait été nommé dans le temps
à $20,000, et dont on réduirait le sa- laire à un moment
donné à un dollar, n'aurait plus de justification de rester
président de l'Office, il s'en irait tout bonnement, et le tour serait
joué. C'est pourquoi on met une disposition dans la loi pour
protéger le salaire du président de l'Office des autoroutes, et
on statue également qu'après la durée de son mandat,
il y a bien l'auditeur de la province qui ne peut être
congédié que pour cause et sur vote affirmatif des deux Chambres.
M. JOHNSON: C'est ça.
M. PINARD: Mais il a une protection additionnelle, l'auditeur de la
province, son salaire est statutaire, son salaire est protégé,
alors j e pense que dans le cas du président de l'Office, son salaire
n'étant pas statutaire, il faut lui donner une protection d'un autre
côté, c'est-à-dire on protège la durée de son
mandat, et il ne peut être congédié que pour cause valable.
Je pense que le chef de l'Opposition et que les députés
s'accordent pour dire que ce sont des dispositions saines, pour permettre
à un homme compétent, un homme responsable, de bien faire son
travail et de dévouer tout son temps aux intérêts du
gouvernement, de l'Office dont il est le président. Alors, je pense que
les raisons que je viens d'invoquer expliquent très bien les motifs de
la décision du gouvernement de donner une durée de mandat de dix
ans, et de protéger le salaire du président, qui est de $20,000,
de sorte qu'il puisse bien faire son travail comme je viens de le dire. Et
l'analogie que j'ai faite tantôt dans le cas des précédents
quant au président de la Commission municipale, quant au
président de la Commission du Service Civil, indique bien que c'est une
chose tout à fait normale que d'agir dans le sens désiré
par le projet de loi actuellement en discussion. Evidemment, dans le cas de
l'auditeur, eh bien, je le répète il y a une protection
additionnelle, c'est la protection de son salaire qui est statutaire.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. JOHNSON: Combien gagnent les autres commissaires? Et qui sont-ils, de
mémoire? Aimé Lorion de Granby?
M. PINARD: Ils gagnent, ils travaillent de façon partielle
seulement, leur salaire est de $5,000.
M. RUSSELL: Combien y en a-t-il?
M. PINARD: Il y a trois commissaires. M.
Lorion et, il y a M. Rouleau qui est ingénieur, également
commissaire, Claude Rouleau.
M. JOHNSON: Combien est-il payé M. Rouleau?
M. PINARD: $5,000.
M. JOHNSON: Il n'est pas payé plus cher que M. Lorion?
M. PINARD: Il est à temps partiel seulement à
l'Office.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il fait des travaux à part ça comme
ingénieur pour l'autoroute?
M. PINARD: Non. M. JOHNSON: Non.
M. PINARD: Cela lui est complètement défendu. Evidemment
la loi le dit bien de ne pas avoir d'intérêt contradictoire.
M. RUSSELL: M. le Président, est-ce que le ministre affirme que
M. Poliquin fait partie du service civil à l'année?
M. PINARD: C'est le renseignement que j'essayais d'obtenir, je ne l'ai
pas eu encore.
M. RUSSEL: Deuxièmement, ce que je veux savoir est ceci; si nous
faisons la preuve que M. Poliquin fait de la politique, est-ce qu'il peut
être destitué suivant l'article 60 de la Loi du service
civil...
M. PINARD: Je pourrai vous répondre quand j'aurai
l'information...
M. RUSSELL: ... malgré cette loi-là...
M. PINARD: ... à savoir s'il est assujetti au dispositions de la
Loi du service civil. Je ne suis pas pour vous répondre à cette
question-là avant d'avoir obtenu l'information quant à la
première.
M. JOHNSON: Oui.
M. PINARD: Je crois que c'est logique.
M. JOHNSON: M. Laurion, c'est M. Laurion qui est le directeur de la
« Voie de l'Est » de Granby?
M. PINARD: Je crois que le chef de l'Opposition y a répondu.
M. JOHNSON: Journal quotidien, catholique...
M. PINARD: Et français.
M. JOHNSON: ... et libéral.
M. LAFRANCE: Ami du maire de Granby.
M. JOHNSON: Non pas libéral, indépendant.
M. RENE LEVESQUE: Pas avec moi.
M. LE PRESIDENT: Résolution adoptée?
M. JOHNSON: Non et je regrette, M. le Président... Est-ce qu'on
va attendre les informations demandées par le...?
M. PINARD: Bien, je les donnerai. Je pense bien que le chef de
l'Opposition n'a pas besoin de cette information précise pour l'adoption
de la loi. Je la lui donnerai avec plaisir demain. Bien, je n'aurais pas
d'objection à ce que le chef de l'Opposition pose une question au
feuilleton alors je lui donnerai le renseignement.
M. JOHNSON: Bien, que le ministre le donne donc au député
l'information...
M. PINARD: Très bien.
M. JOHNSON: ... et si cela a un intérêt public, autrement
ça l'air de vouloir faire de la persécution que de poser des
questions à M. Poliquin. C'est pour établir une fois pour toutes
son statut vis-à-vis la loi etje l'appellerai pour lui donner mes
conseils.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. PINARD: Nous sommes dans un pays de liberté.
M. BEDARD (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
adopté les résolutions relatives au bill numéro 29.
M. HYDE (président): M. Pinard propose que les résolutions
soient maintenant lues et agréées. Cette motion sera-t-elle
adoptée? Adoptée.
La Chambre de nouveau en comité plénier.
M. BEDARD (président du comité plénier): Article 4,
adopté.
M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le
comité a adopté le bill numéro 29.
M. HYDE (président): Troisième lecture?
M. JOHNSON: Est-ce que le ministre aimerait mieux attendre à
demain?
M. PINARD: Non, j'aime autant continuer tout de suite. Je ne vois pas de
raison de retarder.
M. JOHNSON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Sur division?
M. JOHNSON: Oui.
M. LE PRESIDENT: Sur division, adopté. Troisième
lecture.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Troisième lecture de ce bill. Third
reading of this bill.
M. PINARD: De nouveau en comité des subsides.
M. LE PRESIDENT: Pour M. Lesage, M. Pinard propose que je quitte
maintenant le fauteuil pour la Chambre se forme de nouveau en comité des
subsides. Cette motion sera-t-elle adoptée? Adoptée.
Subsides: Richesses naturelles
M. BEDARD (président du comité des subsides).
M. RENE LEVESQUE: Je pense que les six premiers sont adoptés.
M. LE PRESIDENT: Nous avions adopté l'article 6, M. le
ministre?
M. RENE LEVESQUE: Oui, nous étions à l'article 7. Article
7 adopté?
M. LE PRESIDENT: Article 7, « Travaux dans les villages miniers
», $8,000.
M. RENE LEVESQUE: Article 7.
M. LE PRESIDENT: « Travaux dans les villages miniers ».
M. JOHNSON: Est-ce qu'on procède par demandes de soumissions
publiques?
M. RENE LEVESQUE: Dans chaque cas, on me dit que ce sont des
soumissions.
M. JOHNSON: Merci.
M. RENE LEVESQUE: Il n'y a à peu près pas de choses en
régie, presque tout est remboursé parce que ça ne
correspondait pas avec les chiffres que j'ai ici, alors tout ce qui est
impliqué là, c'est essentiellement les travaux d'arpentage et les
choses comme ça, pour le $8,000 qui est inscrit à l'item 7, tout
le reste... Alors à 105, le chef de l'Opposition est à la page
105, lui aussi,...
M. JOHNSON: Je m'en viens.
M. RENE LEVESQUE: J'ai fini par y arriver.
M. JOHNSON: Très bien.
M. RENE LEVESQUE: Alors, il y a $340,000 de prévu cette
année et d'après la différence avec l'an dernier, le chef
de l'Opposition verra qu'on s'en va vers la fin des travaux. C'est
essentiellement à Matagami, village minier ou ville minière de
Matagami. Comme le fonds des villages miniers prévoit les
remboursements, sur $340,000, pour $332,000, il reste $8,000 de dépenses
réelles prévues et, dans chaque cas, les travaux sont par
soumissions, sauf qu'il peut arriver qu'il y ait des engagements
professionnels; enfin, on mentionnait les arpenteurs, c'est à peu
près tout.
M. JOHNSON: Et d'où ça vient, ce
remboursement-là?
M. RENE LEVESQUE: Du fonds des villages miniers...
M. JOHNSON: Du fonds des villages miniers.
M. RENE LEVESQUE: ... qui est essentiellement la
récupération prévue au moyen de ventes de terrains, ventes
d'ouvrages aussi, à la ville à mesure qu'elle est capable de se
débrouiller ou à des particuliers dans le cas des terrains.
M. JOHNSON: Cela veut dire que, pour l'année en cours, on va
récupérer $332,000?
M. RENE LEVESQUE: Pardon?
M. JOHNSON: On va effectivement faire entrer $332,000, ou si on va
facturer $332,000?
M. RENE LEVESQUE: Cela rentre dans les
comptes recevables. Alors là, c'est une histoire de
comptabilité. Il est évident qu'il ne rentrera pas $332,000 cette
année mais sur le $340,000 dont on prévoit la dépense
effective, on prévoit aussi que $332,000 sont des dépenses qui,
à toutes fins pratiques, sont des avances.
M. JOHNSON: Oui.
M. RUSSELL: Si je comprends bien, l'an dernier les chambres ont
voté $873,000 et on marque en bas $858,000 de remboursement. Est-ce que
c'est $858,000 d'argent remboursé ou si c'est seulement de la
facturation?
M. RENE LEVESQUE: Bien non, c'est la même chose, c'est la
facturation, c'est $858,000 de comptes recevables...
M. RUSSELL: De comptes recevables.
M. RENE LEVESQUE: ... comme à Chibougamau, avant et puis
ailleurs, c'est cette loi des villages miniers qui fait que le gouvernement
(qu'on soit pour le principe ou non, pour l'instant la loi continue à
exister) à toutes fins pratiques crée des villages miniers. Cela
lui permet de faire un certain travail d'urbanisme, de les créer avec un
certain ordre, d'avoir un certain contrôle aussi sur le « squatting
» et puis toutes les histoires qui, autrefois, assez facilement au
début dans les camps miniers, créait des villages de taudis et
tout ça via le fonds des villages miniers qui s'accumule à mesure
que la ville prend de l'ampleur et aussi, aussitôt qu'elle est
créée, à mesure qu'elle peut lancer des obligations pour
se sortir normalement de son administration et qui soient recevables par le
gouvernement.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté, article 7. Article 8: « Postes
mobiles de sauvetage ».
M. RENE LEVESQUE: Bien, ça aussi, c'est un classique et puis
c'est tout remboursable sauf le $1,000.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 9: « Indemnités aux
accidentés ou leurs dépendants et soins médicaux
».
M. JOHNSON: Adopté, 10.
M. LE PRESIDENT: Adopté. 10: « Contribution ».
M. JOHNSON: « Conseil canadien des ministres des ressources
». M. le Président, je comprends qu'il s'agit là de cet
organisme, fondé l'année dernière ou il y a deux ans, qui
réunit les ministres des ressources de chacune des provinces du Canada
plus, on me corrigera si je me trompe, le ministre fédéral des
Ressources.
M. RENE LEVESQUE: C'est sur la base, enfin je ne peux pas traduire, de
la « co-equal governments », onze gouvernements.
M. JOHNSON: Ce n'est pas du fédéralisme
coopératif?
M. RENE LEVESQUE: Je ne sais pas exactement. Si le chef de l'Opposition
voulait m'é-clairer, ça m'aiderait.
M. JOHNSON: Ce n'est pas du fédéralisme coopératif
qui démêle rien mais qui mêle tout? Non, je crois, M. le
Président, que c'est une excellente initiative et je regrette que sa
création n'ait pu être rétroactive. Je regrette que sa
création n'ait pu avoir un effet rétroactif.
M. RENE LEVESQUE: Sur quoi? M. JOHNSON: Sur tous les projets. M. RENE
LEVESQUE: Ah!
M. JOHNSON: Il me semble qu'il y a une coordination nécessaire de
base qui doit être faite entre les ministres des ressources hydrauliques
et les principaux hauts fonctionnaires. Alors qu'on a des réunions
canadiennes de toutes sortes de fonctionnaires ou d'associations qui ont moins
de portée sur la vie nationale ou le bien commun, il était temps
qu'on fasse celle-là. C'est une des initiatives que j'aurais aimé
avoir créée dans le temps si c'eût été
possible. Si les libéraux ne nous avaient pas battus si vite, on aurait
pu faire autre chose. Mais j'ai lu quelque part un article, très
récemment (je le retrouverai peut-être) où on semble
blâmer le ministre de n'avoir pas assisté à la
dernière réunion. Qu'un ministre soit occupé ailleurs, je
le sais. Mais je voudrais demander au ministre s'il avait une raison de
politique de ne pas assister à la dernière réunion.
M. RENE LEVESQUE: Non, c'est parce que c'était, enfin, pas
l'intersession, mais dans le congé de la fin de juin, congé des
derniers jours de juin. Pendant ces jours-là il y avait deux ou trois,
enfin deux en tout cas, séances du Con-
sell des ministres qui touchaient des sujets extrêmement
importants et qui concernaient directement le ministère ou l'Hydro.
Alors, tout bien pesé, le mieux possible, dans la balance, en nous
servant du jugement que le bon Dieu nous a donné, j'ai pensé
qu'il valait mieux envoyer des gens qui, de toute façon, sont des
experts, qui ont suivi ça depuis le début de leur mieux, et
m'excuser (ce que j'ai fait à profusion, d'ailleurs) et j'avais
été inscrit au menu de la réunion pour dire en anglais
« the grace » pour le premier repas...
M. JOHNSON: Enfin, on vient de trouver la raison.
M. RENE LEVESQUE: Non, au contraire ça me séduisait
beaucoup mais de façon coopérativement fédéraliste,
j'ai demandé, je pense, aux gars de Colombie-Britannique de prendre ma
place et ça s'est fait harmonieusement, pas M. Laing, mais ça
aurait pu arriver.
M. JOHNSON: Est-ce tout ce qu'on avait donné comme participation
publique du ministre? Est-ce que c'était la seule occasion au ministre
de parler de réciter le bénedicite ou les grâces.
M. RENE LEVESQUE: Il ne faut pasoublier que c'est un organisme
essentiellement coopératif donc c'était un des gestes importants
de la réunion.
M. JOHNSON: Je ne peux presque pas blâmer le ministre de n'y
être pas allé. Il méritait au moins de dire le benedicite,
pas rien que...
M. RENE LEVESQUE: Pas rien que ça, j'avais le goût aussi de
voir...
M. JOHNSON: ... les grâces à la fin.
M. RENE LEVESQUE: ... l'Ile-du-Prince-Edouard parce que c'est
très joli, il paraît, et puis je n'y suis jamais allé, je
n'ai pas eu de chance.
M. JOHNSON: Mais est-ce que le ministre voudrait nous dire, si dans son
opinion, cet organisme fait effectivement du bon travail?
M. RENE LEVESQUE: Bien, pour le prix qu'il coûte qui est
très modeste comme voit le chef de l'Opposition, même s'il y a une
certaine augmentation, pour le prix qu'il coûte, je crois que c'est une
expérience qui vaut la peine d'être tentée. Jusqu'ici
ç'a donné de bons résultats dans le domaine consultatif et
aussi grace au secrétariat qui explique le budget à toutes fins
pratiques, un petit secrétariat à Montréal, qui est dans
l'édifice de l'Hydro-Québec d'ailleurs, il a été
installé à Montréal. Evidemment le $19,400 est
proportionnel et les dix autres gouvernements paient leur part, le gouvernement
fédéral payant, si j'ai bonne mémoire, un tiers du total.
Enfin ce n'est peut-être pas tout à fait ça. Et puis les
autres payant au prorata.
Et grâce au fait que ça permet d'avoir un
secrétariat à Montréal qui est une centrale d'information
qui coordonne à peu près tout ce qui paraît au Canada sur
les ressources au sens le plus vaste et qui a été chargé
également de faire des études, entre autres sur des choses comme
la loi ARDA, de la façon dont ça fonctionne dans tous les coins
du pays. Je crois qu'on en a pour notre argent. Maintenant où ça
peut aller, à quel point ça peut prouver de façon
permanente son utilité, ça fait rien qu'un an que ça
existe.
M. JOHNSON: Il n'y a pas de statut voté, de règlement
établi. C'est assez flou encore.
M. RENE LEVESQUE: Ils ont une charte.
M. JOHNSON: Est-ce que le fédéral est là tout
simplement à titre de responsable des ressources naturelles de ses
territoires à lui ou s'il, selon sa tentation permanente s'il essaie
encore d'agir en paternel vis-à-vis toutes les provinces?
M. RENE LEVESQUE: Non, moi j'ai l'impression qu'on peut dire que dans
cet organisme-là le fédéral a été
très discret. Essentiellement au point de vue, si vous voulez,
constitutionnel, il représente ses territoires mais il représente
aussi quand même le gouvernement qui, jusqu'à nouvel ordre, a des
lois comme ARDA etc... qui affectent le domaine des ressources. Alors c'est bon
qu'il soit à table tant que ça dure, au moins pour qu'on sache ce
qu'ils font.
M. LE PRESIDENT: Article 10 adopté. Article 11 «
subventions ».
M. JOHNSON: Non, mais l'augmentation, si vous permettez, M. le
Président, l'augmentation de $10,000 à $19,000 c'est quoi
ça?
M.RENE LEVESQUE: C'est essentiellement un rajustement des proportions,
il y a deux facteurs, un petit rajustement des proportions qui étaient
injustes pour deux ou trois provinces en particulier, parce que ce
n'était pas
du tout en fonction de leur importance numérique parce que c'est
supposé être au prorata ça, et aussi parce qu'il y a eu
peut-être deux ou trois engagements additionnels au secrétariat
qui en tout ne comprend même pas dix personnes à Montréal,
mais réparti ça donnait quand même $19,000 pour notre
budget à nous.
M. JOHNSON: Est-ce qu»on a un président qui alterne chaque
année?
M. RENE LEVESQUE: Oui, c'était celui qui vous parle, l'an
dernier, et cette année c'est M. Rossiter? de me du Prince-Edouard et
l'an prochain ce sera le ministre de Colombie britannique, M. Welliston.
M. JOHNSON: Est-ce sorti ça de cette conférence « On
Resources and Conservation » que M. Alvin Hamilton avait
préparée?
M. RENE LEVESQUE: En fait c'est sorti de la conférence que M.
Hamilton et puis M. Walter Dinsdale avaient entretenue Jusqu'en 1961 et peu
à peu, enfin à la fin de 1961 et 1962 il y a eu pas mal de
discussions pour voir si ça devait mener à quelque chose et comme
expérience il en est sorti ce conseil des ministres des ressources.
M. LE PRESIDENT: Adopté? M.JOHNSON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 11, « subventions ».
M. RUSSELL: Quel genre de subventions?
M. RENE LEVESQUE: L'essentiel de la subvention, ça tombe bien que
ce soit le député qui me le demande, je crois, c'est $90,000
encore cette année, la dernière, sûrement, pour le
déficit prévu du service d'électricité de ville de
Lac Mégantic.
M. RUSSELL: Ce n'est pas chez nous.
M. RENE LEVESQUE: Non, mais ce n'est pas loin.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 12 « dépenses
diverses et imprévues » $25,000, adopté?
M. JOHNSON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 13, « régie de
l'électricité et du gaz ».
M. JOHNSON: Un instant.
M. LE PRESIDENT: $324,000 plus, au budget supplémentaire,
$70,000.
M. RENE LEVESQUE: Est-ce que 12 est adopté?
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. RENE LEVESQUE: Article 13, alors.
M. LE PRESIDENT: Nous sommes à 13.
M. JOHNSON: « Régie de l'électricité et du
gaz ». Le ministre voudrait-il nous donner une explication quant à
la survie de cet organisme, la nécessité de lui voter plus
d'argent ou... ?
M. RENE LEVESQUE: D'abord premièrement, il va survivre.
Premièrement, sauf accident imprévu, absolument imprévu et
imprévisible, l'organisme va survire. Il va survivre de moins en moins
bien que ça existe encore quelque peu en fonction de son rôle dans
l'électricité mais de plus en plus en fonction de son rôle
dans le domaine du gaz.
Entre autres choses, très bientôt. Je pense que
l'arrêté en Conseil est prêt. On prévoit l'adoption.
Enfin c'est tout prêt. Cela représente pas mal de travail de la
part des régisseurs et de gens qu'ils avaient à consulter,
à faire travailler. L'adoption d'un code du gaz, de la distribution du
gaz, et des règlements qui vont avec, de façon à ce que
ça puisse s'appliquer au plus vite. Et entre temps, une des choses qui
explique l'augmentation des chiffres c'est qu'il y a eu l'entraînement de
quelques équipes préliminaires. Je pense qu'on a une idée
des détails. Des techniciens du gaz. Enfin, cela rejoint un peu ce que
le chef de l'Opposition lui-même' évoquait, je crois, sur un autre
item, la nécessité d'avoir des cadres professionnels ou
semi-professionnels pour assurer la sécurité, cela va
peut-être passer plus vite pendant qu'ils se parlent la
sécurité dans le domaine de la distribution du gaz.
Adopté? Adopté.
M. JOHNSON: M. le Président, pourquoi augmenter de $70,000?
Pourquoi un budget supplémentaire?
M. RENE LEVESQUE: C'est du personnel et des dépenses
inévitables qui découlent justement de l'application du nouveau
code prévu pour immédiatement, ou après l'approbation d'un
arrêté en Conseil qui est prêt, nous dit-on, du nouveau code
du gaz à Montréal.
M. JOHNSON: C'est un code ça, national?
M. RENE LEVESQUE: Non, c'est un code qui a été
préparé, en très grande partie au point de vue
administratif en tout cas, et ça été un travail de chien,
en fonction des besoins de la Régie, et en français, avec un
texte de base...
M. JOHNSON: Mais en fait...
M. RENE LEVESQUE: ... mais qui est assorti, au point de vue technique,
pour certains cas spécifiques, au point de vue technique, qui sont
à toutes fins pratiques, intraduisibles et où il faut que tout le
monde se rejoigne, assorti d'un code américain qui est essentiellement
celui qui règne dans tout le continent.
M. JOHNSON: Ah bon!
M. RENE LEVESQUE: Alors, le code administratif, enfin prévoyant
tous les cas comme on a pu les vivre à Montréal et dans la
région où il y a du gaz dans la province de Québec au
point de vue problèmes de distribution, inspection, enfin toutes les
choses qu'il faut prévoir, sécurité, tout ça, au
point de vue strictement technique et là il y a un paquet de chiffres et
de plans et tout ce qui implique par exemple, la définition de telle ou
telle installation là, etc,... C'est le code qu'ils ont
préparé à Montréal, et complété par
le code apparemment le plus classique en Amérique du Nord au point de
vue technique.
M. JOHNSON: Est-ce que la Régie conserve sa juridiction pour
l'expropriation? Elle entend encore les causes d'expropriation?
M. RENE LEVESQUE: Oui.
M. JOHNSON: Mais on sait qu'elle entend les causes de tarif de gaz, de
gaz naturel. Ces causes ont eu un grand retentissement, mais quant à
l'électricité, il ne lui reste plus, en somme que l'expropriation
pour le passage des lignes.
M. RENE LEVESQUE: Plus les petits distributeurs qui restent
évidemment dans le domaine privé, hors du domaine des
coopératives, qui ne sont pas nombreux mais qui existent encore, et
évidemment tout le domaine des appels en cas d'expropriations.
M. JOHNSON: Le juge Vadeboncoeur est-il encore président? Quel
traitement?
M. RENE LEVESQUE: Oui.
M. JOHNSON: Est-ce qu'on a ça à la main?
M. RENE LEVESQUE: Le président de la Régie $18,000.
M. JOHNSON: Le commissaire c'est monsieur?
M. RENE LEVESQUE: Trudel, vice-président $16,000.
M. JOHNSON: Oui.
M. RENE LEVESQUE: Et puis il y a un régisseur qui est M. Messier,
$14,000.
M. JOHNSON: Oui. Le secrétaire actuel c'est Monsieur?
M. RENE LEVESQUE: M. Morin.
M. JOHNSON: Secrétaire perpétuel comme à
l'Académie française? Il est excellent d'ailleurs. Très
compétent.
M. RENE LEVESQUE: Pourquoi pensez vous qu'il est encore là?
M. JOHNSON: Parce qu'il est compétent, et parce que le ministre,
comme moi, croit qu'il ne faut pas, dans une période d'expansion de la
province, se priver des services des gens compétents à condition
qu'ils soient honnêtes, quelles que soient leurs convictions
politiques.
M. RENE LEVESQUE: Est-ce qu'il en a?
M. JOHNSON: C'est d'ailleurs pour ça qu'il est resté
là pendant 16 ans.
M. RENE LEVESQUE: Est-ce qu'il en a des convictions...? Je n'ai jamais
su s'il en avait.
M. JOHNSON: Non, si on veut connaître son c'est un autre
exemple, M. le Président, c'était l'ancien secrétaire du
ministre des Terres et Forêts sous le régime Libéral.
Alors, cela a survécu du temps de l'Union nationale.
M. RENE LEVESQUE: C'est un bon secrétaire quand même!
M. JOHNSON: Oui, oui. Mais je pense que les jeunes députés
libéraux, les plus fringants, ont intérêt à
apprendre ça. Ils ont cru la propagande qui a été faite en
1960, ils ne se sont ja-
mais imaginés que l'Union nationale avait gardé des
libéraux. On les gardait et puis on leur donnait des promotions. A
l'Hydro par exemple, tandis que les libéraux ont fait maison rase le
lendemain. Je ne veux pas en reparler parce que je sais que ça va...
M. RENE LEVESQUE: M. le Président, mais c'est parce qu'on
voudrait finir!
M. LE PRESIDENT: Alors 13, adopté. 14, « Office de
l'électrification rurale ».
M. JOHNSON: Je n'aurais pas d'objection! M. le Président, je
voudrais parler de l'Office de l'électrification rurale. On se souvient
que j'avais conclu une entente avec le ministre des Richesses naturelles,
entente qui n'est pas du tout dans la nature d'un complot, mais qui
était fait comme on le sait pour l'intérêt
général. C'est-à-dire que le ministre des Richesses
naturelles a présenté à cette Chambre un projet de loi
pour amender la Loi des coopératives d'électricité, afin
qu'elles puissent recevoir vraiment de l'Hydro, et qu'elles puissent distribuer
l'actif. Si le ministre veut patienter un peu, je vais trouver mon dossier.
M. RENE LEVESQUE: Ah, on a tout le temps.
M. JOHNSON: Comment s'appellait ce bill-là, cette
loi-là?
M. RENE LEVESQUE: Bill 30, je crois. C'est ça, bill 30. Est-ce
que le chef de l'Opposition en veut un exemplaire?
M. JOHNSON: Ah je l'ai, je l'ai, merci. Alors M. le Président, le
bill 30, donc, a été passé en vitesse sur division afin de
permettre aux coopératives de recevoir et de distribuer l'argent; argent
qui leur revient par suite de leur liquidation. Le ministre ne sera pas surpris
d'apprendre que plusieurs personnes dans cette province n'ont pas
approuvé ça ni sa décision et encore moins la façon
dont il est arrivé à atteindre ses fins, façon qui n'est
peut-être pas nécessairement sa façon à lui, mais
qu'il doit endosser comme ministre.
On a offert aux coopératives d'électricité de
l'argent pour qu'elles se fassent harakiri. On leur a ensuite fait une offre
additionnelle, quand on voyait que ça ne marchait pas assez. On a grossi
l'appât. On l'a rendu plus attrayant et on les a fait tomber toutes, je
crois, moins une peut-être, dont la décision... toutes?
M. RENE LEVESQUE: Quarante-cinq sur quarante-six. Une qui n'est pas
encore...
M. JOHNSON: Les coopératives d'électricité
méritent au moins un éloge funéraire et ce n'est pas un
éloge qui sera enthousiaste parce qu'elles disparaissent, comme le
gendre qui vante sa belle-mère quand elle meurt, après qu'elle
est morte, mais c'est un éloge enthousiaste parce que j'ai cru à
la formule coopérative et je crois encore à la formule
coopérative.
On se souvient dans quelles circonstances cette loi a été
passée, la loi créant l'office de l'électrification
rurale, sous le régime de M. Duplessis en 1946. A ce moment-là,
dans toute la province de Québec, il n'y avait pas 20% des
résidences rurales qui étaient « électrifiées
», pour employer un terme compréhensible. Je dirai qu'il n'y avait
pas 20% de nos régions rurales qui étaient «
électrifiées ». Nous étions en 1946, alors qu'en
Ontario à ce moment-là, au-delà de 60% des fermes et des
résidences rurales jouissaient de l'électricité. Nous
étions donc terriblement en retard. Nous étions au moyen
âge pour vrai dans certains coins de la province. Nous étions
arriérés à un point qui nous faisait mal de constater,
surtout par rapport à la province voisine.
Or il fallait, avant de songer à toutes sortes de grands trucs,
il fallait d'abord, pour le bon équilibre de l'économie de la
province, électrifier le territoire. C'était le devoir du
gouvernement de voir à ce que les citoyens de la Gaspésie, comme
ceux du Témiscamingue, soient bénéficiaires de
l'électricité au même titre que les résidents des
cantons de l'Est étaient peut-être, à ce point de
vue-là, plus avancés, plus favorisés.
Donc le gouvernement envisageait ce problème d'envergure, un
problème extrêmement coûteux, un problème dont
l'importance, la gravité et le coût étaient aussi
considérables par rapport au budget de ce temps-là que les
problèmes que le gouvernement actuel a à envisager aujourd'hui et
que les gouvernements futurs auront à envisager. En somme, un
problème qu'on admettra tout de suite être un problème
majeur.
Il y avait à ce moment-là des théoriciens. Il y
avait à ce moment-là des propagandistes, certains
théoriciens, les théoriciens du « maîtres-chez-nous
», les docteurs du « maîtres-chez-nous », et c'est en
toute déférence pour sa mémoire, c'est un homme qui a
considérablement contribué, je crois, à l'avancement de la
cause politique dans la province: le docteur Hamel. M. Chaloult et les autres
prêchaient, eux
autres, la nationalisation tout de suite, l'étatisation de la
Montreal Light Heat & Power, de la Beauharnois, puis de tout ce qu'il y
avait.
M. Duplessis avait résisté à ça, disant:
« Il faut procéder graduellement. » Ces gens-là
pressés se sont choquées, ont lâché M. Duplessis et
ont essayé de le battre en 1939.
Effectivement, M. Chaloult s'est présenté, on s'en
souviendra, dans le comté de Lotbinière sous l'étiquette
libérale, Dieu! que les libéraux l'ont regretté quelques
mois après, mais ça c'est une autre affaire. M. Chaloult me
pardonnera d'être exact dans mes souvenirs politiques et de dire la
vérité.
Donc, des gens comme le docteur Hamel et M. Chaloult, les
pélerins de l'absolu, voulaient que tout de suite on immobilise tout
l'argent de la province pour acheter les compagnies d'électricité
et ensuite faire l'électrification. M. Duplessis, en homme de bon sens,
en homme pratique, après avoir passé le prêt agricole pour
que nos cultivateurs soient maîtres chez eux pour vrai, (ça
commence là; quand on est exposé à se faire enlever sa
terre du jour au lendemain, on n'est pas maître chez soi), a passé
le prêt agricole, donc, il rendait le cultivateur maître de son
sol.
On sait les conséquences: les commissions scolaires ont
reçu des remboursements de taxes des municipalités; l'argent
s'est mis à circuler; la guerre est arrivée, elle a
créé une certaine prospérité à la campagne.
Mais nous n'avions toujours pas, en 1946, plus que 20% de nos fermes qui
étaient « électrifiées. »
Et à ce moment-là, M. Duplessis a trouvé une
solution: il a apporté une loi, qui s'appelle la Loi créant
l'office de l'électrification rurale, la véritable
législation qui a réellement fait électrifier nos
campagnes.
M. le Président, je tâche d'abréger et c'est pour
ça que je ne ferme pas tous mes points, que je ne ferme pas mes
paragraphes. Mais c'est la Loi créant l'office de
l'électrification rurale qui a été la cause directe et
indirecte de l'électrification de toutes nos campagnes.
En 1959, nous en étions rendus à une
électrification équivalant à 98 point quelque chose. De
juillet 1945, date de l'entrée en vigueur de la loi (je m'excuse, je me
corrige, c'est en 1945, la loi), au 31 décembre 1959, il s'est construit
29,000 milles de lignes, c'est-à-dire, aussi long de lignes qu'il y a de
distance pour faire le tour de la terre, combien de fois? Le
député de Québec-Est pourrait me dire ça. Je crois
que c'est une fois. Et on a apporté l'électricité à
142,891 clients ruraux.
Les coopératives ont desservi, pendant cette période,
67,627 clients ruraux, au moyen de 9,019 milles de lignes. Les compagnies
privées ont fait de l'électrification sur une longueur de 12,010
milles pour un total d'environ, je dirais, 82,000 ou 83,000 clients ruraux
nouveaux. Et ça a coûté à la province environ
$30,000,000, si ma mémoire est fidèle. Oui, ça a
occasionné pour la province un engagement d'environ $30,000,000 et un
coût net que le ministre pourra nous donner tantôt.
Avec un montant aussi minime, on a réussi à
exécuter un travail à la largeur de la province qui a
ramené nos régions rurales à l'heure de 1950, qui nous a
fait non seulement rattraper le retard sur l'Ontario, mais qui nous a permis de
dépasser l'Ontario et toutes les autres provinces du Canada au point de
vue de l'électrification rurale.
Ce qui me frappe là-dedans, c'est ce génie qu'avait M.
Duplessis de trouver une législation qui ferait marcher les compagnies
privées et qui nous ferait, évidemment, obtenir ce qu'on
recherchait, sans ruiner le crédit de la province. La solution la plus
facile, et c'est toujours la plus facile quand on a un problème comme
celui-là, c'est s'asseoir et dire: « Le gouvernement va acheter
des sources, le gouvernement va bâtir les lignes, et on finira bien par
le faire.» Mais quand on fait ça, M. le Président, à
un moment donné on manque d'argent.
M. RENE LEVESQUE: Dans ce temps-là on retourne dans la
philosophie.
M. JOHNSON: Non, je reviens là. Alors à ce
moment-là, c'est la solution facile, solution étatique
complète, c'est la solution facile; on achète tout, on engage les
grands diplômés, on leur donne des grands bureaux, on leur donne
plusieurs assistants, on fait faire des rapports des comités
interministériels et tout ce que vous voulez, et puis on fait une grosse
organisation, puis on ne bâtit rien. On fait des plans pendant quatres
ans de temps comme ça arrive, pas dans les bureaux du ministre, mais
dans d'autres ministères dont nous avons déjà eu
l'occasion de parler et je ne veux pas soulever de débat
là-dessus.
Mais il y a une solution qui est moins facile, c'est la solution
coopérative. Elle paraît bien sur le papier, elle aussi, et c'est
celle, à mon sens, qui respectait le plus la liberté de nos gens,
la liberté individuelle. Les compagnies privées auraient quand
même fait de l'électrification rurale sans cette loi, mais il n'y
a personne qui a vu à l'oeuvre cette loi qui va nier que certaines de
ses provisions ont servi de stimulants particulièrement efficaces
à l'élec-
trlfication de nos campagnes par les compagnies privées dans leur
territoire. Même pendant la guerre, certaines compagnies privées
ont fait de l'électrification; je songe à Québec Power et
un peu Shawinigan.
Et immédiatement après la guerre, sauf la Canada Power,
les autres compagnies sont entrées dans la ronde et se sont mises
à faire l'électrification. Mais elles voulaient, ces compagnies,
prendre les rangs doubles par exemple chez nous. Et c'est grâce à
la loi créant l'Office de l'électrification rurale que nous avons
pu avoir l'électrification complète du comté de Bagot
avant décembre 1948.
En moins de deux ans et demi, l'électrification de 80% du
comté de Bagot s'est faite grâce à la loi passée par
M. Duplessis, mais avec la création d'une seule coopérative pour
un seul secteur.
Nos cultivateurs professionnels, des gens habitués à
s'occuper du bien-être de leurs confrères, se sont mis à
fonder des coopératives dans Bagot avec l'aide d'un jeune avocat qui
pratiquait dans ce bout-là, qui est devenu plus tard
député, en 1946. Et quand la compagnie apprenait qu'une
coopérative se formait, le député libéral du temps,
un chic garçon, réunissait les cultivateurs et la compagnie et
disait aux cultivateurs: « Mais, vous, ne faites donc pas de
coopérative! » Alors, là, les cultivateurs me disaient:
« Qu'est-ce que vous en pensez vous, Daniel? » Je leur disais:
« Ecoutez, insistez! »
M. LALONDE: On aura tout vu.
M. JOHNSON: Je n'ai pas dit ça, hein, bon. Je ne suis pas plus
modeste que le député de Mégantic, mais beaucoup plus que
la plupart des autres.
M. MAHEUX: C'était pour vous le dire.
M. JOHNSON: M. le Président, à ce moment-là, les
directeurs de la coopérative, de concert souvent avec le conseiller
juridique, voyaient la compagnie et disaient à la compagnie: «
Vous allez tout électrifier, autrement, nous, on va s'en occuper et on a
la priorité, en vertu de la loi, et non seulement on a la
priorité, mais on a aussi le pouvoir en vertu d'un article de la loi
d'exproprier la ligne du village, celle qui est payante, »
Infailliblement, la compagnie en venait à une entente et
électrifiait toute la paroisse, de sorte qu'en moins de deux ans, 80% du
comté de Bagot a été électrifié. C'est
presque un record dont je suis extrêmement fier et que j'attribue,
évidemment, à cette bonne législation.
Le ministre a décidé de les faire disparaître.
Franchement, je ne comprends pas pourquoi. Je ne comprends pas, sur le plan
idéologique, pourquoi. On fait une campagne pour dire: Maîtres
chez-nous » et on abolit les organismes économiques qui,
incontestablement, rendent maîtres chez eux les citoyens. Au nom de la
sacro-sainte efficacité on détruit un réseau d'organismes
qui devenait de plus en plus efficace, un réseau d'organismes qui, avec
un peu d'aide de la part du gouvernement, sous forme de l'Hydro Québec,
aurait pu, évidemment établir pour leurs clients des taux
raisonnables, mais le gouvernement actuel a décidé de
procéder par la formule la plus facile, un gros organisme.
L'individu de l'autre côté, un gros bulldozer, et une
poussière d'individu. Il est un économiste bien connu, qui ne
partage pas toujours les idées du gouvernement, et dont je ne partage
pas toujours les idées non plus, et qui est très rarement
d'accord, je pense, avec le ministre des Richesses naturelles, qui a fait un
exposé assez violent, lors d'une conférence devant les
coopératives, et qui a fait une thèse que je résume en 12
paragraphes très courts, ce qui permettra au ministre de répondre
paragraphe par paragraphe. 1. Loin d'être libres, les coopératives
ont subi l'assaut des agents du ministre et les menaces voilées du
ministre, dit M. Angers. Je cite textuellement: « Le ministre a poursuivi
contre les coopératives une campagne de contrainte morale pour gagner
». C'est à la page 740 de « L'Action nationale » de
cette année. 2. Le ministre a averti les coopératives que les
taux que l'Hydro chargera aux coopératives pour le pouvoir seraient
extrêmement élevés. Pages 740 et 741. 3. Le ministre a fait
miroiter la remise du $100 de mise de fonds aux sociétaires. 4.
Même la politique s'en est mêlée. M. Angers dit à la
page 740, paragraphe 3: « Mettez maintenant dans ce persiflage les
organisateurs politiques rouges des comtés, dit-il. » 5. «
Non, dit M. Angers, j'ai vu, de mes yeux vu, le commencement de ce qu'est un
régime de terreur ». C'est là une accusation assez grave.
M. Angers dit: « Des gens écervelés par la propagande, des
gens traqués par la peur de l'incertain, etc, etc.
M. RENE LEVESQUE: Est-ce que le chef de l'Opposition, pour cette fois,
je voudrais juste qu'il n'y ait pas d'ambiguïté, est-ce que le chef
de l'Opposition, qui a commencé par dire que parfois il n'était
pas d'accord, etc, endosse ces choses-là, ou s'il les cite simplement
pour information?
M. JOHNSON: M. le Président...
M. RENE LEVESQUE: J'aimerais savoir.
M. JOHNSON: ... je n'ai pas eu le temps de vérifier...
M. RENE LEVESQUE: Ah, bon.
M. JOHNSON: ... tout ce qui est dit par M. Angers, mais je
déclare ici que, connaissant M. Angers depuis bien des années,
par ses écrits surtout, je crois que c'est un témoin
extrêmement idoine, exceptionnellement compétent.
M. RENE LEVESQUE: Compétent?
M. JOHNSON: Compétent.
M. RENE LEVESQUE: D'accord.
M. JOHNSON: Surtout quand il s'agit de coopératives. Quelles sont
ses sources quand il s'agit d'une question de fait, ça je ne le sais
pas, M. le Président, et je n'ai pas eu le...
M. RENE LEVESQUE: D'accord.
M. JOHNSON: ... temps de faire des enquêtes. 6. M. Angers parle
même de facisme. On verra à la page 742. 7. La coopérative
étant la forme démocratique d'organisation
décentralisée par excellence, elle aurait dû survivre
évidemment. 8. Quant à la formule du « Maîtres chez
nous » qui est sensée avoir été laprincipale
inspiration véritable de la nationalisation, comment peut-elle conduire
à déposséder, dit M. Angers, ceux qui sont
déjà maîtres chez eux de la plus efficace façon?
Autres citations qui constituent les piliers de l'article de M. Angers. 9. Il
est bien évident qu'un immense consortium, comme l'Hydro, ne peut pas
être administré du centre sans qu'il en résulte de
formidables goulots d'inefficacité. 10.Un ministre qui aurait quelques
principes et un minimum de pensée vraiment sociale et
démocratique j'incite le ministre à se rappeler ce
passage-là particulièrement loin de vouloir
détruire les coopératives, peut-être malheureusement parce
que ce fut une initiative duplessiste, il se piquerait au jeu d'effectuer le
déblocage des mesures vexatoires qui les avaient arrêtées
dans leur développement. Page 745, paragraphe 3. 11.Dans une
région particulière de la province, la Côte-Nord, la
destruction des coopéra- tives n'est pas seulement un scandale, c'est
une sorte de crime. C'est toute la région qui, à l'exception du
pouvoir municipal de Baie-Comeau, était organisée en
coopérative pour l'électricité. 12. La politicaillerie,
dit M. Angers, a malheureusement, dans cette région, brouillé
tout le problème.
L'accusation est de taille, M. le Président, puisque voici un
homme du prestige et du calibre et de l'honnêteté intellectuelle
de M. Angers qui fait des affirmations dans son style assez particulier qui
ressemble par la violence quelquefois au style du ministre, au style
parlé du ministre.
M. COURNOYER: Vous avez des doutes là-dessus.
M. JOHNSON: Pardon?
M. COURNOYER: Vous même avez des doutes là-dessus.
M. JOHNSON: Sur?
M. COURNOYER: Sur la déclaration de M. Angers. Vous sentez le
besoin de la vérité, vous avez affirmé que vous ne l'aviez
pas vérifié.
M. JOHNSON: M. le Président, sur le terrain des principes, je
m'entends avec M. Angers. C'est quand il s'agit des faits, quand il dit, par
exemple, que dans certaines assemblées Il est arrivé telle et
telle chose, je ne sais pas s'il y était, je ne sais pas quelle sorte de
contrôle il a fait. Moi je n'y étais pas et je n'ai pas fait de
contrôle. Mais sur les principes je suis d'avis qu'on aurait dû
développer le secteur coopératif. L'Hydro aurait pu, de cette
façon, se décharger de plusieurs problèmes administratifs
sur le plan local, problèmes qui auraient pu être mieux
réglés par des gens de la coopérative que par des
employés relevant de la centrale, d'une grosse organisation au
centre.
L'Hydro aurait pu venir en aide à ces coopératives mais il
est bien évident et là c'est moi qui parle, il est bien
évident que le gouvernement, avant même de faire la
nationalisation, voulait tuer les coopératives et l'Hydro a reçu
des délégations de l'Association ou de la
fédération des coopératives en mars 1962 et l'Hydro leur a
dit: « N'y comptez pas, vous n'aurez pas du pouvoir à meilleur
marché ».
En somme, on avait planifié la nationalisation à ce
moment-là. On la planifiait, et on planifiait en même temps la
mort des coopératives. Maintenant, c'est une question d'opinion,
c'est une question d'écoles de sociologie, d'écoles
d'économie, c'est une question d'opinion et je respecte l'opinion de
ceux qui ne pensent pas comme moi dans ce domaine. Mais, je pense que tout le
monde me reconnaît le droit de dire au gouvernement actuel qu'il est en
train, avec cette politique, de se monter un très gros organisme qui
s'appelle l'Hydro contre lequel il n'y a que des individus éparts, au
lieu d'avoir tout un réseau d'organismes près du peuple qui
auraient pu s'intégrer au travail de 1'Hydro et des organismes qui
auraient pu former des gens sur le plan local, qui auraient pu contribuer
à la décentralisation non seulement administrative mais de
planification économique. On aurait pu, si on avait été
animé d'une autre philosophie, utiliser ce qu'on avait de
coopératives d'électricité en vue d'une
décentralisation industrielle qui, à mon sens, aurait
été un immense avantage pour la province. Le ministre a choisi
d'agir autrement et une fois son école de pensée étant
déterminée, Il a agi durement, cruellement, sans
ménagement pour les coopératives et en leur donnant moins comme
compensation que ce qu'on a accordé, peut-être pas par sa faute
à lui, aux détenteurs d'actions des compagnies
privées.
M. RENE LEVESQUE: Je regrette, M. le Président, d'avoir à
prendre quelques minutes. Je vais essayer de les garder aussi brèves que
possible, pour essayer d'épargner du temps. Sur le dernier point que
vient d'évoquer le chef de l'Opposition, il y a une confusion dans son
esprit, mais cela, ce n'est pas grave en soi, parce que c'est une confusion
dans les faits.
Les actionnaires des compagnies d'électricité ont
reçu une compensation pour leurs actions. Les coopérateurs, enfin
les sociétaires des coopératives reçoivent leurs actions,
plus pas mal d'argent additionnel comme je l'expliquerai au besoin, d'une part,
et d'autre part étant en même temps les clients, ils
reçoivent des baisses de taux dont je donnerai une idée aussi.
Donc ce sont de deux sources en même temps qu'ils reçoivent
quelque chose.
Pour ce qui est de M. Angers, j'ai beaucoup de respect pour la
carrière de M. Angers; j'en al moins pour son style. J'espère que
je ne lui ressemble pas trop, je n'en al pas du tout pour la façon dont
il se renseigne qui s'explique peut-être un peu par le fait que,
lorsqu'il a donné son opinion, il était quelque peu, je crois,
ébranlé par le fait aussi qu'il était allé à
Manicouagan, c'est-à-dire à la coopérative de Manicouagan
Baie-Comeau Hauterive, pour essayer justement d'empêcher que la
coopérative décide de se vendre parce qu'il considérait,
apparemment, que c'était idéologiquement son devoir de les
convaincre. Il n'y avait personne, soit dit en passant, pour lui donner la
réplique de l'autre côté idéologique, mais par une
majorité écrasante, la coopérative a décidé
de passer outre à la sagesse de M. Angers qu'ils ont peut-être
trouvée un peu dépassée, et de se vendre quand
même.
Parmi les faussetés, je n'ai pas relevé tout, que le chef
de l'Opposition énuméralt, sans les prendre a son compte mais
dans l'article de M. Angers, il est absolument faux que l'Hydro a jamais
menacé ni de près ni de loin, ni directement ni indirectement
aucune coopérative d'augmenter les taux; ni l'Hydro, ni le
ministère, ni personne, mais enfin je ne veux pas me cacher
derrière un faux-fuyant, c'est faux de A jusqu'à Z ce
paragraphe-là.
Il est vrai que l'Hydro n'a pas promis immédiatement des
diminutions de taux. Personne n'a dit qu'il n'y en aurait pas. Simplement,
l'Hydro a dit: « Il faudra l'étudier si on garde le secteur
coopératif, malgré les offres qui ont été faites.
» Le gouvernement devait dire la même chose parce que le
contribuable de toute la province, à même le budget provincial,
payait des centaines de milliers de dollars par année pour entretenir
ces coopératives d'électricité.
Deuxièmement, il est faux aussi, c'est la seule fausseté
additionnelle que je voudrais relever, il est faux autant que je sache que les
organisateurs « rouges » aient établi quelque système
de terreur que ce soit. Je voudrais juste préciser une chose, c'est
qu'à chaque, et s'ils l'ont fait, les gens devaient les voir venir dans
les cantons parce que c'était bien entendu, qu'à chaque
assemblée décisive des coopératives
d'électricité, non seulement il n'y avait pas de gens de la
politique qui étaient mandatés ou autorisés de quelque
façon que ce soit d'aller là, mais en plus le ministère
n'était même pas représenté. C'était
strictement et uniquement des officiers supérieurs, que le chef de
l'Opposition a connu aussi bien que moi, M. Rioux, M. Mercier etc.. qui y
allaient pour expliquer les conditions aux sociétaires. Un point c'est
tout.
Maintenant au point de vue de la coopération, je suis d'accord
avec le chef de l'Opposition. J'irais même jusqu'à dire que ces
coopératives ont joué un rôle en très grande partie
utile, que les compagnies privées auraient dû jouer. Mais l'ancien
gouvernement n'a pas pu se résigner à obliger les compagnies
privées à prendre le petit lait en même temps que le
gâteau de leur territoire. Alors évidemment, il fallait que
quelqu'un le fasse, et ç'a été bien et ç'a
aidé à suppléer à la carence des compagnies
pri-
vées que l'on ne s'était pas résigné
à corriger en 1945, mais au moins ça électrifiait en effet
les campagnes.
Et il y a eu beaucoup de dévouement et je l'ai déjà
dit, je n'ai pas envie de m'étendre là-dessus, il y a seulement
une chose que je noterais, que ni le chef de l'Opposition ni M. Angers n'ont
l'air de remarquer, c'est qu'au domaine des principes des coopératives,
ce n'est pas tout à fait la formule des coopératives
d'électricité ou alors la coopération ça ne veut
plus rien dire. Le principe de la coopération, il me semble, ça
doit exiger qu'il y ait une libre adhésion des coopérateurs,
autrement la coopération est viciée à sa base
même.
Alors c'est absolument inapplicable dans le cas des coopératives
d'électricité où on a dit à des gens: « Vous
n'avez pas d'électricité, entrez coopérateurs, payez $100
ou plus ou un peu moins, pour être coopérateurs et puis,
après, le gouvernement vous aidera et puis, si vous le faites, et
uniquement si vous le faites... » C'était la Loi de 1945 et son
esprit. C'était bon en soi, mais qu'on ne vienne pas dire que cela
répond au principe de la libre adhésion des coopératives.
C'étaient des coopératives forcées.
Deuxièmement, il y a aussi que des coopératives, qui sont
des entreprises démocratiques et qui se soutiennent elles-mêmes,
peuvent avoir besoin de subventions à l'occasion mais pas à un
point où elles deviennent des organismes d'Etat déguisés
émergeant à un nombre majestueux de centaines de milliers de
dollars au budget général de la province, c'est-à-dire aux
frais de tous les autres contribuables de la province. Ce qui n'est pas une
critique des coopératives, ce qui est simplement pour indiquer que
c'étaient des pseudo-coopératives.
Et autant on peut être pour la vraie coopération, autant il
est difficile de faire des trémolos et puis d'en faire du sentiment
beaucoup quand, en fait, il s'agit, dans la plupart des cas, de pauvres gens
dans des régions pauvres qui avaient été obligés de
mettre leur argent pour obtenir un service essentiel dans des
pseudocoopératives dépourvues de toute liberté et, en
plus, que le gouvernement, c'est-à-dire le budget de tous les
contribuables était obligé de les entretenir.
Quant à la liberté du choix qu'ils ont eue, je suis
prêt à concéder au chef de l'Opposition que si le fait de
se faire mettre sur un plateau tout l'argent qu'ils avaient mis là,
jusqu'à un certain point, une partie de l'argent aussi qui, en fait,
était une compensation pour des sacrifices et c'est comme ça
qu'on l'a justifiée, mais qui n'était pas strictement due aux
coopérateurs.
Donc, tout cet argent-là d'un côté plus des baisses
de taux radicales par l'Hydro-Québec, si ça impliquait qu'on leur
diminuait leur liberté parce qu'on leur offrait trop, c'est vrai. Il y
avait une espèce, peut-être, de tentation maximum d'en profiter.
Mais pourquoi pas? puisque c'est un soulagement pour ces gens-là.
Maintenant, à quel point ils ont été libres? Eh
bien, au cours des discussions publiques, au cours des discussions publiques
qui ont précédé l'approbation que le peuple du
Québec a donnée à la politique du gouvernement
d'étendre l'Hydro dans toute la province, en lui permettant
d'acquérir les réseaux privés de production, de
distribution aussi, autres que ceux qui produisent de l'énergie pour
leur propres fins industrielles, on a répété, à ce
moment-là, et répété à
satiété, que l'Hydro serait en mesure alors d'acquérir
librement les coopératives et cela, ça fait
déjà deux ans de donner à leurs consommateurs le
même service, au même prix, que les autres clients de l'Hydro dans
les autres parties rurales de la province. Et, à ce moment-là, on
a bien précisé que les coopératives seraient libres de
décider si elles le feraient ou non.
Dès le début de 1963, il y a déjà un an et
demi à peu près» De nombreux membres des
coopératives nous écrivaient pour savoir quand
l'Hydro-Québec prendrait possession de leur coopérative afin
qu'ils puissent bénéficier tout de suite de meilleurs taux,
meilleurs tarifs, et obtenir évidemment le remboursement de l'argent
qu'ils avaient investi, non librement, pas librement du tout à ce
moment-là, dans leur coopérative. Les coopératives qu'on
leur avait imposées à toutes ces gens. Nous avions
répondu, c'est un fait, c'était à prendre ou
à laisser Vous serez électrifié en vertu de
l'électrification rurale.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre me permettra, je le
laisserai terminer avant six heures, mais si les coopératives
étaient obligées de charger plus cher, c'est parce que l'Hydro ne
voulait pas baisser le prix de son électricité en gros. C'est
l'Hydro qui fournissait toute l'électricité.
M. RENE LEVESQUE: Non, non, un des grands principes du chef de
l'Opposition, c'est que les compagnies privées dans la province
faisaient leur tâche. Je me souviens de la campagne de 1962, alors les
coopératives, dans presque tous les cas, achetaient les compagnies.
M. JOHNSON: Je parle de 1963 là, sauf Gaspésie. Je parle
après l'étatisation.
M. RENE LEVESQUE: Ah après! Bien je viens d'en parler. J'ai dit
au chef de l'Opposition qu'il est évident qu'on ne leur a pas offert
immédiatement ni de la part de l'Hydro, ni du gouvernement qui fait les
frais de tout ça, à même l'argent des contribuables, de
leur donner des subventions additionnelles en plus des mêmes taux. Il
faut choisir et j'allais arriver d'ailleurs à ça, mais comme il
est six heures et que ça a l'air qu'avec tous les autres item, on en a
encore pour un petit bout de temps.
UNE VOIX: Ce n'est pas fini.
M. RENE LEVESQUE: Bien non, parce que... à moins que le chef de
l'Opposition accepte, si le chef de l'Opposition pense que ça peut aller
très vite pour les autres, moi je veux finir très vite aussi.
M. JOHNSON: Je pense qu'il y a quelques questions qu'on devrait poser
à huit heures. Alors que le ministre prenne son temps, il pourra.
M. RENE LEVESQUE: Est-ce qu'on peut demander l'ajournement?
M. LE PRESIDENT: Jusqu'à huit heures si ça peut vous
être utile,
M. RENE LEVESQUE: C'est parce qu'on va revenir sur les investissements
universitaires.
M. JOHNSON: Non, je ne pense pas que ça soit fini à huit
heures en bas. C'est la dernière nouvelle que le premier ministre m'a
donnée. A huit heures on n'aura probablement pas fini...
M. RENE LEVESQUE: On pourra peut-être reprendre.
M. JOHNSON: ... on pourrait continuer ici.
M. RENE LEVESQUE: Moi j'en ai pour exactement trois minutes sur cette
partie-là.
M. JOHNSON: Une phrase en réponse à ce qu'a dit le
ministre.
M. LE PRESIDENT: Très bien.
M. RENE LEVESQUE: Alors, est-ce qu'on peut ajourner à huit heures
ou si on peut continuer?
M. LE PRESIDENT: La condition de trois minutes c'est le temps.
M. RENE LEVESQUE: Ah oui, parole, parole.
M. LE PRESIDENT: La séance du comité est suspendue
jusqu'à huit heures.
Reprise de la séance à 8 h p.m.
M. BEDARD (président du comité plénier): A l'ordre,
messieurs.
M. LESAGE: Avec la permission du comité, je voudrais faire
rapport que nous n'avons pas terminé nos travaux au comité des
bills publics, je comprends qu'il reste encore certain temps à utiliser
pour l'étude des crédits du ministre des Richesses naturelles et
par la suite, nous retournerons en Chambre pour l'étude du bill des
investissements universitaires.
Alors, lorsque nous retournerons en Chambre, le ministre de l'Education,
au nom du député de Jacques-Cartier présentera le rapport
du comité de la fonction publique comme nous le connaissons, et je serai
en mesure demain matin de présenter des amendements additionnels au bill
54, afin que nous soyons prêts la semaine prochaine à
l'étude de ce bill, suivant l'ordre que je donnerai, ce soir ou
demain.
Après l'étude du bill des investissements universitaires,
il nous reste le bill des allocations scolaires, le bill des accidents du
travail, celui des agents de réclamations, mais évidemment, dans
deux des cas, il faut que je sois en Chambre, et dans l'autre cas, il est
nécessaire que le ministre du Travail soit en Chambre, et nous sommes
pris tous les deux, avec le député de St-Jacques, au
comité des bills publics.
Si l'étude du bill des investissements universitaires se termine
avant que nous ayons terminé notre travail au comité des bills
publics, je demande au ministre de l'Education de faire une proposition de
suspension des travaux de la Chambre, jusqu'à ce que les cloches
sonnent, mais j'espère que nous pourrons terminer notre travail au
comité des bills publics avant que l'on termine ici en Chambre
l'étude du bill des investissements universitaires.
M. RENE LEVESQUE: A l'item 14.
J'avais commencé à répondre au chef de
l'Opposition, je voulais le plus sobrement et le plus calmement possible finir,
je pense qu'il est un peu au courant de ce que j'ai à dire d'ailleurs,
ça va prendre deux minutes. En ce qui concerne la liberté des
coopératives d'électricité de se vendre, je rappelais que
dès le début de 1963, c'est-à-dire, il y a un an et demi,
de nombreux membres des coopératives nous écrivaient
déjà pour savoir quand l'Hydro-Québec prendrait possession
de leur coopérative afin qu'ils puissent bénéficier de
meilleurs taux et aussi obtenir le remboursement de leur part sociale à
tout le moins.
A tous ces gens, nous avions répondu que c'était à
eux et à leur conseil d'administration à faire les
premières démarches, suivant les modalités prévues
par la loi même de l'électrification rurale.
En juillet, 1963, après avoir reçu des demandes des
conseils d'administration de plusieurs coopératives,
l'Hydro-Québec leur a fait tenir des offres en bonne et due forme pour
l'achat de leurs entreprises contre paiement des parts sociales plus ou moins
selon le cas, les trop-perçus ou les déficits. La même
offre était faite à toutes les coopératives qui
demandaient à l'Hydro-Québec quelles étaient ses
conditions, ça c'était vers juillet 1963, cinq
coopératives ont accepté ces conditions telles quelles,
dès le début mais entre temps l'association des
coopératives qui groupait la plupart des coopérateurs, nous a
soumis un mémoire où elle argumentait que les prix ainsi
payés par l'Hydro-Québec ne tenaient pas compte de toute la
valeur des entreprises, valeur sociale si on peut dire, du sacrifice que
ça avait exigé pendant des années donc, de l'offre ne
tenait pas compte suffisamment de ces facteurs-là. A la suite de ce
mémoire, nous avons rencontré à l'été, au
début de l'automne 1963, les dirigeants de l'Association et il y a eu
une discussion très franche à ce sujet.
Pour notre part, il fallait souligner que dans l'ensemble, la
transaction, dont les conditions connues et offertes par l'Hydro
n'étaient pas avantageuses pour l'Hydro, pour cette dernière, qui
prenait un groupe de clients très dispersés, ayant une faible
consommation et qui pour la plupart, obtiendraient tout de suite, au moment de
la transaction, des baisses de taux importantes.
Juste pour illustrer cela, pour finir en même temps les quelques
notes que j'ai ici, un ou deux, trois exemples que tout de suite, je l'avoue,
je prends parmi les plus impressionnants. Le cas de la coopérative des
Iles-de-la-Madeleine où il y a 1,937 clients peut-être un peu
moins de coopérateurs parce qu'il y a quelques clients qui ne sont pas
toujours des sociétaires, 1,937 clients dont la consommation mensuelle,
moyenne en Kilowattheure ça c'est important quand même parce qu'au
point de vue social on voit ce que ça peut représenter pour ces
gens-là de payer trop cher quand déjà ils n'ont pas une
économie tellement forte. La consommation moyenne des 1,937 clients de
la coopérative des Iles-de-la-Madeleine, 140 Kilowattheures par mois, ce
qui est je crois à peine le quart ou parfois le cinquième de ce
qu'une maison modeste normale dans le centre de la province consomme en
électricité, alors au prix qui payait, au taux d'avant la prise
de possession par l'Hy-
dro, ces pauvres misérables de 140 Kilowattheures par mois de
consommation moyenne leur coûtait $9.35 par mois, au taux nouveau qui est
en vigueur depuis la prise de possession c'est baissé d'un coup à
$3.32 c'est-à-dire à un tiers de ce que c'était, ce qui
veut dire non pas tellement qu'ils vont épargner l'argent
peut-être mais qu'ils vont pouvoir doubler ou même tripler pour le
confort et pour la vie normale leur consommation, ou en tout cas, s'ils veulent
ils peuvent aussi garder le même nombre d'ampoules et mettre $6,00 dans
leur poche et puis je suis sûr qu'ils peuvent en faire un bon usage, ce
qui revient à dire qu'une baisse mensuelle de $6.03 aux
Iles-de-la-Madeleine par rapport à $9.35 que c'était avant,
ça baisse à $3.32 et sur une année c'est quand même
juste pour un compte domestique d'électricité $72.36, eh bien, en
dehors du fait qu'on leur paye, l'Hydro leur paye évidemment ce que
ça leur a coûté de part sociale plus leur
trop-perçu, plus 50% de tout ce qu'ils avaient remboursé
déjà au gouvernement sur les prêts consentis par l'Office
d'électrification rurale. Un autre exemple, plus près de nous,
c'est Témiscouata dans le bas du fleuve, la coopérative de
Témiscouata avait 1984 clients là encore 160 Kilowattheures de
consommation moyenne, le prix $6.40 de la coopérative, $6.40 par mois,
le nouveau taux, maintenant qu'ils sont sous l'Hydro-Québec
immédiatement $3.54 par mois, immédiatement aussi $2.86 de moins
par mois c'est-à-dire presque 50% ou $34.32 de moins par année,
et un dernier exemple que je donne et encore une fois je répète
que c'est parmi les exemples les plus impressionnants, c'est quand même
dans chaque cas, 1,900 familles que je viens de nommer, Sacré-Coeur des
environs de Tadoussac, la coopérative de Sacré-Coeur de
Tadoussac, qui est tout près de l'embouchure du Saguenay de ce
côté-ci ou de l'autre côté je m'excuse je ne me
souviens plus, 290 clients ici il y a une consommation moyenne plus forte, et
plus régulière si on veut, 363 kilowattheures par mois, ça
c'étaient les consommations moyennes des derniers mois et ç'a
été établi au printemps ça, $10.66 par mois qui
devient pour les 363 kilowattheures de consommation moyenne, $10.66 par mois
qui est devenu immédiatement $5.77 c'est-à-dire encore une fois
tout près de 50% d'économie immédiate par mois, $4.89 sur
la base d'une année $59.68.
Alors ça, c'est juste pour illustrer ce que je disais
déjà cet après-midi au chef de l'Opposition, le fait qu'en
dehors de l'argent qu'ils ont reçu « mutatis mutandis »
comme des actionnaires de compagnies, il y a aussi pour chacune de ces familles
dans beaucoup de cas, une économie qui s'est appliquée dès
la prise de possession dans au moins plus de trente, à une trentaine de
coopératives, immédiatement le jour de la prise de possession par
l'Hydro. Après quoi pour ne pas prolonger ça, je voudrais juste
ajouter que, donc au moment où l'association des coopératives
nous a demandé qu'est-ce que l'Hydro et le gouvernement, l'un ou
l'autre, ou l'un et l'autre pourrait faire de plus que la première offre
l'été dernier, après pas mal de discussion avec l'Hydro,
et ici au Conseil des ministres, il a été décidé
d'ajouter à la première offre de l'Hydro, qui était de
repayer les parts sociales en même temps que de donner les nouveaux
tarifs, il a été décidé de faire ajouter, par
décision du gouvernement, 50% des remboursements qui avaient
déjà été faits à l'Office
d'électrlflcatlon rurale sur les prêts consentis par le
gouvernement depuis les années que dure l'électrification. Alors
ces 50% ajoutés à $2,500,000, à peu près,
amenaient, autrement dit, la somme globale que l'Hydro paie, est en train
déjà de payer à $10,000,000 presqu'exactement en fait,
peut-être quelques mille piastres de plus, quelques mille piastres de
moins, les bilans ne sont pas tous terminés. Alors ces 70,000 à
peu près coopérateurs d'électricité vont recevoir,
ils ont commencé à le recevoir déjà dans deux ou
trois cas, vont recevoir $10,000,000 qui représentent toutes leurs parts
sociales, plus les trop-perçus quand il y en a d'accumuler, plus 50% de
tous les paiements qu'ils avaient faits au cours des années en
remboursement des prêts sur trente ans consentis par l'Office
d'électrification rurale.
L'Hydro-Québec de son côté, en plus de payer ce
$10,000,000, et ça été la dernière offre qui leur a
été transmise au début de l'automne avant qu'ils aient un
congrès pour en discuter au moins de décembre 1963, alors,
l'Hydro, de son côté, en plus de ces $10,000,000 qu'elle leur
pale, absorbe les obligations, c'est-à-dire les emprunts qu'il fallait
rembourser à l'Office d'électrification rurale, aux mêmes
conditions l'Hydro va continuer a les rembourser et ça représente
$12,750,000, dont le gouvernement a décidé de faire un moratoire
complet, c'est-à-dire en fait d'éliminer 5 paiements, parce que
les paiements étaient de $500,000 par année, donc $2,500,000 pour
compenser l'Hydro-Québec pour le $2,500,000 qu'une décision du
gouvernement l'a amené à donner de plus aux coopérateurs
d'électricité.
Pour résumer: $10,000,000 comptant distribués
aussitôt que les bilans seront terminés c'est déjà
commencé aux coopérateurs, le gouvernement absorbant, via
l'Office d'électrification les $2,500,000, qui étaient
l'addition
à l'offre de l'Hydro que le gouvernement lui a demandé de
faire, et la balance de $10,250,000, l'Hydro continuant à faire les
paiements exactement comme les coopératives les faisaient au
gouvernement.
Alors tout ça a été soumis aux coopérateurs,
ils l'ont discuté à leur congrès de décembre 1963,
et bien entendu l'offre finale était additionnée d'une condition
qui était que sur 46 coopératives, au moins les trois quarts ou
35 devaient accepter l'offre avant le 1er avril, parce qu'autrement ça
devenait non-rentable d'ajouter $2,500,000, et d'être exposé
à garder un budget de $1,000,000 ou de $1,500,000 à même
l'argent des contribuables de la province, pour un office
d'électrification qui aurait continué, malgré tout,
à être obligé d'assumer toutes ces charges-là. Il
fallait que l'offre soit acceptée par un nombre suffisant pour diminuer
le poids. Alors on s'est aperçu très vite, après le
congrès, où ça a été discuté,
où des gens qui étalent contre l'année d'avant, ont
accepté et se sont ralliés librement, ça été
très vite facile de voir que la majorité serait acquise, en fait
c'est 45 sur 46 aujourd'hui...
M. RUSSELL: Laquelle n'a pas accepté?
M. RENE LEVESQUE: St-Jean-Baptiste de Rouville pour l'instant. Pour
prendre une décision libre, il faut connaître les faits, alors je
crois que je viens d'exposer à quel point on les leur a expliqués
et, en dehors de toute politique partisane en tout cas, c'était
uniquement les officiers de l'électrification rurale qui donnaient les
explications. Pour prendre une décision libre et non pas faciste du
tout, il faut connaître les faits, il faut pouvoir penser à
l'avenir et évaluer son propre intérêt dans une
décision, ou l'intérêt collectif d'un groupe, et puis
assumer ses responsabilités, on peut refuser, on peut accepter, bien
c'est ce que les membres des coopératives ont fait. Dire qu'ils
n'étaient pas libres, c'est leur faire une sorte d'injure, parce que
ça voudrait dire qu'en fait leur liberté a été
enlevée par l'intérêt qu'ils avaient d'accepter une offre
qui leur paraissait une offre plus qu'acceptable, une offre attirante. Bien je
ne crois pas qu'on puisse leur prêter des motifs comme ceux-là,
que la liberté est quelque chose qu'ils auraient décidé de
vendre au plus offrant, en fait ça soulageait leur famille, ça
leur éliminait un paquet de trouble au point de vue technique parce
qu'à mesure que les réseaux vieillissent il faut bien avoir des
spécialistes et investir de l'argent, continuellement davantage dans la
modernisation.
Or, d'une part ils sont débarrassés d'une foule de
problèmes techniques pour lesquels les coopératives n'ont jamais
été équipées, ç'a toujours été
l'office d'électrification rurale qui a été obligée
de courir comme un pompier dans tous les coins chaque fois qu'il y avait
quelque chose qui ne marchait pas.
Deuxièmement, ils ont des tarifs qui sont les mêmes tarifs.
J'ai montré tout à l'heure par des chiffres se rapportant au
point de vue familial dans une foule de cas, qui sont les mêmes tarifs
que leurs voisins des territoires de l'Hydro, et en même temps, ils
reçoivent globalement $10,000,000 qui représentent les paiements
dont je viens de parler. Ils ont eu presque toute l'année, en fait toute
l'année 1963 pour en discuter, pour négocier, pour aller en
congrès pour se décider, ensuite, faire des assemblées
depuis décembre 1963 jusqu'à avril 1964, ou pas une fois il n'y a
eu même pas des représentants du ministère,
c'étaient toujours des officiers de l'électrification rurale qui
leur expliquaient les faits, et c'était à eux de
décider.
M. LAVOIE: (Wolfe): Est-ce que c'était tout calculé sur la
même base que celle du ministre?
M. RENE LEVESQUE: Tous sur la même base, les mêmes normes
qui peuvent s'appliquer différemment selon le nombre de
coopérateurs, évidemment, des fois les parts sociales, ce
n'était pas les mêmes chiffres, mais tous sur la même
base.
Et en terminant je dirai que, grâce au fait que le chef de
l'Opposition nous a permis récemment de passer la loi rapidement qui
prévoyait une procédure de liquidation, il y a six bilans qui
sont terminés, on espère en terminer d'autres d'ici la fin du
mois, probablement la plupart d'ici le 15 août. Déjà deux
coopératives, l'Ile-aux-Coudres et une autre, enfin de la même
région, les chèques doivent être rendus, et quatre autres,
les chèques partent ces jours-ci s'ils ne sont pas déjà
partis, et toutes les autres d'ici un mois, un mois et demi auront reçu
au moins les paiements initiaux globaux, les parts sociales et tout ça,
quitte à ce qu'il y ait des répartitions encore à faire
parmi les membres.
M. JOHNSON: M. le Président, cet après-midi j'ai
peut-être involontairement donné l'impression que M. Angers
était le seul qui s'était objecté, pour des questions de
principes, à l'étatisation, au génocide des
coopératives.
Le ministre est indiscutablement doué pour simplifier les
problèmes et leur donner une plau- sibilité. Mon Dieu! que
ç'a l'air vrai, que ç'a l'air simple, c'est clair, facile,
presque irréfutable. Evidemment, ça prend un peu de temps pour se
galvaniser contre ces impressions que le ministre peut répandre
facilement, ce sont des ondes subtiles qui vous pénètrent si vous
n'êtes pas aguerri à ces propos agréables à
entendre, dans un ton...
M. RENE LEVESQUE: Arrêtez vous, là!
M. JOHNSON: ... qui a l'air tout à fait détaché, et
le ministre le sait, plus j'ai des compliments et plus je réserve des
épines après. Mais la phrase-clé de tout son
exposé, est là où il est obligé de force, j'allais
dire gauchir la vérité pour que ça ne soit pas tout
à fait une fausse représentation, c'est quand il dit: «
Dire des coopératives qu'elles n'étaient pas libres, c'est en
même temps les accuser d'être mues par l'intérêt
personnel ou...
M. RENE LEVESQUE: Pas les accuser? Dire qu'elles étaient mues et
puis en grande partie c'est vrai, pourquoi pas, l'intérêt
personnel, ça existe.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est l'Hydro-Québec et le
ministre des ressources hydrauliques qui ont acculé au pied du mur les
coopératives, et comme témoin, je n'ai pas besoin d'autre chose
qu'une lettre que le ministre a adressée lui-même aux
coopératives d'électricité.
Evidemment, les coopératives, voyant venir le sort qu'on leur
réservait, ayant de bonnes raisons de croire que la pensée
politiaue du ministre conduirait vers l'absolutisme, le contrôle absolu
par un seul organisme, se sont organisées en associations et ont tenu
des congrès pour étudier leurs intérêts communs. On
a tenu un congrès à Montréal au mois d'octobre 1963.
L'Hydro, non c'était à Sherbrooke, celui-là.
M. RENE LEVESQUE: Non.
M. JOHNSON: L'Hydro a été invitée à
reconsidérer ses positions.
M. RENE LEVESQUE: Montréal c'était décembre, je
pense.
M. JOHNSON: Décembre 1962. Et en 1963, au mois de novembre...
M. RENE LEVESQUE: En 1963.
M. JOHNSON: ... « La Tribune » de Sherbrooke, le plus grand
quotidien des Cantons de l'est, de l'Estrie, rapportait sous la signature de M.
Adéodat Ross...
M. RENE LEVESQUE: Monsieur qui?
M. JOHNSON: M. Ross, Adéodat Ross, ce n'est jamais aussi
rosse que le ministre peut l'être mais c'est son nom de famille,
celui-là, rapportait une nouvelle voulant que les
coopératives d'électricité tiendraient un congrès
spécial pour demander à l'Hydro de reconsidérer ses
offres. Et là on cite, dans une nouvelle datée de Québec,
une lettre du ministre dans laquelle il disait...
M. RENE LEVESQUE: A qui? Quelle date?
M. JOHNSON: A toutes les coopératives, ça doit être
en octobre ou novembre 1963.
M. RENE LEVESQUE: Très bien.
M. JOHNSON: « Quant aux coopératives qui n'accepteront pas
l'offre, le ministre a fait savoir qu'elles sont libres de le faire...
DES VOIX: Ah!
M. JOHNSON: C'est bien, ça: « Vous êtes libres de le
faire ». Mais elles ne doivent pas compter que et l'on cite une
partie de la lettre du ministre « l'on continuera à voter
tous les ans un budget considérable pour l'application de la Loi de
l'électricité rurale car, avec l'appui de la population, le
gouvernement a décidé de confier à l'Hydro-Québec
la tâche de fournir l'électricité dans toute la province
».
M. le Président, je ne sais où le ministre a pris
ça, si on l'a cité correctement...
M. RENE LEVESQUE: C'est mot à mot.
M. JOHNSON: Tant mieux! Donc la base de mon argumentation est
solide.
M. RENE LEVESQUE: Ah, parfaite!
M. JOHNSON: Le ministre dit; « Le gouvernement a reçu de la
population un mandat à l'effet de confier à l'Hydro-Québec
la tâche de fournir l'électricité dans toute la province
». Mais le ministre n'est pas sérieux. Quel est l'électeur
qui a compris que, en votant libéral en 1962, il donnait à
l'Hydro le mandat spécifique de fournir l'électricité
partout par-dessus la tête des coopératives, à
côté ou en dessous? C'est un exemple parfait de perversion d'un
texte ou d'interprétation d'un mandat. Moi, je n'ai jamais compris, et
l'on sait quej'ai étudié le problème...
M. COURCY: Il n'a jamais compris, c'est vrai.
M. JOHNSON: ... je n'ai jamais compris comment on pouvait être
honnête intellectuellement et libéral en même temps. C'est
ça...
M. RENE LEVESQUE: Est-ce que le chef de l'Opposition...
M. JOHNSON: ... que je n'ai jamais compris. Et ça va prendre un
autre que le ministre de l'Agriculture pour m'en convaincre, pour me faire
comprendre ça.
M. RENE LEVESQUE: ... voudrait juste un détail sur la lettre, je
vais lui en envoyer une copie.
M. COURCY: Il ne comprendra jamais.
M. RENE LEVESQUE: C'est que, en fait, c'est textuellement la phrase que
vient de lire le chef de l'Opposition mais ça s'enchaînait sur
quelque chose qui ne change pas le sens de la phrase mais qui la place dans son
contexte. Il y a deux petits paragraphes de trois lignes. Je vais les lire.
C'est adressé à M. Labbé, directeur de
l'association et à toutes les coopératives: « Je dois
souligner que par décision formelle du conseil des ministres, cette
offre, l'offre définitive qu'on leur transmettait, qui
équivaut à $10,000,000 doit être
considérée comme ferme et définitive. Elle ne sera valable
(il ne faut pas oublier, je l'ai expliqué avant que le chef de
l'Opposition revienne, qu'il y a $2,500,000 que le gouvernement absorbe
lui-même là-dedans à même des paiements dont l'Hydro
est déchargée pour $2,500,000; donc il y a $2,500,000 de l'argent
des contribuables, alors c'est pour ça que je disais): ne sera valable
qu'à la condition que les trois-quarts des coopératives, soit 35
sur 46, l'acceptent avant le 1er avril 1964. Les coopératives qui ont
déjà accepté ou accepteront l'offre originale de
l'Hydro-Québec recevront, après le 1er avril, la compensation
additionnelle, coûtant $2,500,000 au gouvernement, de 50% des versements
sur les prêts si la condition ci-dessus, c'est-à-dire les
trois-quarts, est remplie. » Cela c'était le début.
Alors les coopératives qui désiraient continuer leur
exploitation c'était uniquement si l'offre était
acceptée, c'est-à-dire s'il en reste quatre, cinq, trois, quatre,
elles ne peuvent pas s'attendre à avoir le même soutien
éternel à même le budget de la province de l'Office de
l'électrification rurale. Si l'offre avait été
refusée par la majorité des trois-quarts; bien,
évidemment, on aurait continué l'Office de
l'électrification rurale. En lisant toute la lettre, c'est ça qui
est vrai. Cela ne change pas le sens de la phrase que citait le chef de
l'Opposition. Cela la situe mieux dans son contexte. Je m'excuse.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est donc le ministre qui a
posé aux coopératives un ultimatum: « Continuez si vous
voulez. Gérez votre coopérative si vous voulez, mais ne comptez
pas sur la coopération du gouvernement pour que vous puissiez vous
acquitter d'une façon normale de vos obligations sociales envers vos
membres ».
Et ce n'est pas moi qui le dis, M. le Président, c'est l'opinion
exprimée dans le journal « Le Devoir », numéro du 19
janvier 1963, par M. Jules Thibault qui est sensé s'y connaître
dans ce domaine.
Je crois qu'il vaut la peine de vous citer d'abord un paragraphe qui
traite du problème en général. « L'inspiration,
disait M. Thibault, qui a fait naître les coopératives
d'électricité de la province a surtout été
puisée aux Etats-Unis. Il y a 983 coopératives
d'électricité qui desservent 4,736,000 clients au 30 juin 1959;
c'est 3.4 fois plus de clients que tout le potentiel de la province de
Québec en 1960. »
M. le Président, on s'aperçoit tout de suite, et c'est moi
qui fais le commentaire, que des coopératives cela peut fonctionner et
que ça fonctionne non pas seulement sur une petite échelle mais
sur une grande échelle, non seulement dans des pays
sous-développés mais dans des pays qui ont la réputation
d'être bien équipés. Dans quelle région
particulière des Etats-Unis? Je ne le sais pas.
M. RENE LEVESQUE: Est-ce que le chef de l'Opposition me permet de
l'interrompre?
M. JOHNSON: Oui.
M. RENE LEVESQUE: Parce qu'on a des détails. Je me souviens de
l'article de M. Thibault cela nous a quelque peu, je n'ai pas besoin de le dire
au chef de l'Opposition, intéressés; on a vérifié.
Et aux Etats-Unis qui, évidemment, est un pays très riche et
où les unités comparables aux nôtres sont souvent de un
million de clients c'est quasiment comparable à l'Hydro-Québec
comme coopérative.
M. JOHNSON: Ah oui!
M. RENE LEVESQUE: J'enverrai les chiffres au chef de l'Opposition mais,
en plus de ça, là encore cela coûte un argent fou au
trésor public pour les entretenir, via, par exemple, le « Corps of
Engineers » qui leur donne une série de services. Si on veut faire
ça, d'accord. C'est ce qui, je crois, on a arrêté de...
M. JOHNSON: Je pense que le ministre là, il fait ça
globalement un peu.
M. RENE LEVESQUE: Bien...
M. JOHNSON: Il y a un total de 4,000,000 de clients pour 963 ou 983
coopératives. La moyenne ne peut pas être de 1,000,000 tout de
même.
M. RENE LEVESQUE: Je n'ai pas dit la moyenne, j'ai dit que cela peut
atteindre des unités...
M. JOHNSON: Il ne peut pas y en avoir tellement loin de 1,000,000. Si on
a 983 coopératives avec un total de 4,736,000 clients. Tout de
même!
M. RENE LEVESQUE: Ah non!
M. JOHNSON: Alors, aux Etats-Unis, M. le Président,
d'après M. Thibault, je pense que le ministre a dû faire
vérifier ces chiffres, mais aux Etats-Unis les coopératives sont
organisées en association connues sous le sigle de N.R.E. C.A.
En 1940, dit M. Thibault, leur coût moyen de l'énergie
achetée des compagnies privées était de $0.0124 le
kilowattheure. En 1958, il était de $0.080 par kilowattheure. En 1940,
leur coût moyen de l'énergie achetée du
fédéral et des autres utilités publiques était de
$0.090 par kilowattheure. En 1958, $0.054 par kilowattheure. La moyenne
nationale est, dit M. Thibault de $0.064 par kilowattheure. Elles obtinrent
éga- lement une législation plus favorable. »
Cela, c'est aux Etats-Unis. Or, ici, dans la province de Québec,
au 17 janvier 1963, le président, il était peut-être
seulement vice-président à ce moment-là, de l'Association
des coopératives, M. Jules Thibault, disait ceci, et je suis à
même de déclarer ici qu'il avait raison quant à certains
coins de la province dont je connaissais, dans le temps, la situation.
M. Thibault dit donc: « Chose assez curieuse, nous payons
l'énergie plus cher de 1'Hydro que des compagnies privées. En
1963, l'Hydro étatisée, organisme d'Etat, vendait son
électricité en gros aux coopératives plus cher que les
compagnies privés, » dit M. Thibault.
M. COURCY: Les anciens contrats!
M. RENE LEVESQUE: Non, c'est surtout des faits tronqués. M.
Thibault se battait à mort jusqu'à la dernière minute
contre la menace de perdre son emploi. Pas d'objection. Mais ce serait un long
débat.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre se bat avec des faits
tronqués, des déclarations de hautes voltiges pour garder sa
« job » de ministre. C'est à peu près aussi
sérieux. Il travaille même, et j'avoue ça, pour garder le
gouvernement au pouvoir.
Alors, si on fait un procès d'intentions, au départ, c'est
partie nulle entre M. Thibault et le ministre, c'est probablement entre moi et
le ministre. Mais il reste quand même que la vérité a ses
droits et je vous déclare, M. le Président, que M. Thibault avait
raison quant à une certaine partie de la province. A ma grande surprise,
j'ai appris en 1962, que l'Hydro vendait à un prix qui avait tous les
éléments d'une mesure antisociale, à Sept-Iles sur la
Côte-Nord.
M. RENE LEVESQUE: Oui, justement c'est un contrat du temps de l'Union
nationale puis on l'a fait casser deux fois.
M. JOHNSON: M. le Président, je l'admets. Je l'admets, M. le
Président...
M. RENE LEVESQUE: Bien oui, mais qu'est-ce que vous voulez que j'y
fasse? On l'a cassé quand on a pu.
M. JOHNSON: Oui, je le sais, mais là n'est plus le
problème. Le gouvernement a reçu un mandat du peuple (en tout cas
une permission assez large) d'acheter des compagnies privées. C'est de
même que j'ai in-
terprété le verdict, et s il y en a un qui l'a
étudié ce problème-là, c'est moi. Je suis
concerné là-dedans. D'aller dire, comme le ministre l'a
écrit dans une lettre, que la province, la population a donné le
mandat au gouvernement, de confier à l'Hydro-Québec la
tâche de fournir l'électricité dans toute la province, il y
a une marge. Le peuple n'a jamais dit: « Nous vous donnons instruction et
mandat d'abolir les coopératives et d'être le seul et unique
distributeur. » Ce n'est pas exact.
M. RENE LEVESQUE: Si le chef de l'opposition...
M. JOHNSON: Ce n'est pas exact, M. le Président.
M. RENE LEVESQUE: Non, je veux dire au chef, s'il est arrivé au
chef de l'Opposition, s'il est arrivé dans les cinq premières
minutes où je me suis excusé de commencer en son absence, j'ai
dit justement qu'on s'était tué à répéter
que, pour autant que les coopératives étalent concernées,
pendant la campagne électorale même à laquelle il fait
allusion, elles seraient libres; les municipalités aussi d'ailleurs.
M. JOHNSON: M. le Président, il est indiscutable que le
gouvernement, l'équipe actuelle qui gouverne, a reçu le mandat
d'acheter les compagnies d'électricité...
M. RENE LEVESQUE: J'espère.
M. JOHNSON: On ne sait pas à quel prix, on ne sait pas avec quel
bonus, on ne sait pas avec quels profits, on ne sait pas avec quelle combine,
ça c'est une autre affaire.
M. RENE LEVESQUE: C'est ouvert, ça.
M. JOHNSON: Mais, c'est de la haute fantaisie que de dire que le mandat
était que l'Hydro devienne le seul distributeur
d'électricité. Le ministre dit que ça n'a pas de sens de
laisser vivre les coopératives parce que leurs tarifs étaient
plus élevés, leur consommation était plus basse et il
fallait les aider. Mais leur aider par des subsides votés par cette
Chambre ou aider les coopératives en leur vendant par l'Hydro
l'électricité en gros, à un prix réduit, quelle
différence y a-t-il?
M. RENE LEVESQUE: Beaucoup, mais ça ne sert à rien d'en
discuter à ce moment.
M. JOHNSON: M. le Président, pour le contribuable, qui est
maintenant propriétaire et, comme le disait le député de
Laval dans une publicité extrêmement habile: « Vous allez
devenir actionnaires, disait-il, de l'Hydro », et il leur envoyait comme
publicité un facsimilé d'action. C'était en or,
c'était bien trouvé pour créer l'illusion. Les gens
essaient d'échanger les coupons depuis ce temps-là, puis
ça ne marche pas: l'électricité a monté au lieu de
baisser dans certains coins M. le Président.
M. RENE LEVESQUE: L'électricité a monté où
depuis ce temps-là?
M. JOHNSON: Disons qu'elle n'a pas baissé comme on s'attendait
qu'elle baisse.
M. RENE LEVESQUE: Elle n'a pas baissé?
UNE VOIX: Pas surprenant, le ministre est calme.
M. JOHNSON: Elle a baissé par rapport... Pardon?
M. COURCY: Chez nous, les cultivateurs et les colons payent 40% moins
cher qu'ils payaient et ils sont heureux.
M. RENE LEVESQUE: Mais c'est un fait, à part ça.
M. COURCY: Que le chef de l'Opposition vienne donc dire ça chez
nous.
M. JOHNSON: Il leur faut une consolation d'avoir un député
comme ils ont là.
M. RENE LEVESQUE: Alors, pourquoi dire que ça a monté.
Où?
M. JOHNSON: Et ça leur permet d'avoir un petit peu d'argent pour
payer les autres taxes qu'on leur a imposées.
M. COURNOYER: C'est l'impénitence finale.
M. RENE LEVESQUE: Non, mais est-ce que le chef de l'Opposition
sait...
M. JOHNSON: Cela leur coûte plus cher pour payer rien que la taxe
de vente une fois augmentée et, plus de deux fois, l'économie
qu'ils ont faite sur l'électricité chez eux.
M. RENE LEVESQUE: M. le Président, j'in-
voque le règlement. C'est parce que, là, le chef de
l'Opposition est en train de parler d'autre chose, comme la taxe de vente, les
taxes des cultivateurs etc.; c'est un tout autre débat. Uniquement parce
que le chef de l'Opposition a dit une chose et je lui ai posé une
question. Je ne prétends pas que ça compense pour toutes les
taxes; je demande simplement s'il veut dire que l'électricité a
monté. Bien, je regrette, ce n'est pas vrai. Elle a baissé dans
beaucoup d'endroits.
M. JOHNSON: M. le Président, les contribuables de la ville de
Valleyfield ou de Beauharnois (je m'excuse, je ne veux pas attacher la
véracité à l'une ou l'autre mais je crois que c'est
Valleyfield) paye un coût augmenté pour chaque lumière de
rue. L'Hydro vient d'augmenter son tarif à la ville de Beauharnois ou de
Valleyfield.
M. RENE LEVESQUE: C'est bien possible mais seulement est-ce que le chef
de l'Opposition peut me dire si c'est la même force de lumière, si
c'est une consommation accrue. Il faudrait que je vérifie pourquoi dire
les choses faciles, à moins qu'il y ait tous les détails.
M. JOHNSON: M. le Président, que le ministre vérifie.
M. RENE LEVESQUE: Ça, ce n'est pas les familles de toute
façon.
M. JOHNSON: Mon renseignement, M. le Président, c'est que le
contribuable de la ville de Valleyfield ou de la ville de Beauharnois paie plus
cher.
M. RENE LEVESQUE: Possible. S'ils ont doublé leur consommation,
ils paient plus cher.
M. JOHNSON: L'Hydro les a averti de l'augmentation et toujours sous le
prétexte de la normalisation évidemment, mais ce n'est pas
là le point, le ministre a raison. Donc, le contribuable de la province
de Québec est devenu à la fois un actionnaire de l'Hydro et
évidemment, le payeur de taxes de la province. Qu'on ait la
coopérative des Iles-de-la-Madeleine, prenons cet exemple, par un budget
plus considérable à l'item en étude, office de
l'électrification rurale, ou qu'on l'accorde par des taux plus bas,
l'Hydro absorbant la différence entre le coût réel du
kilowattheure et la vente, le prix de vente, ça revient au même,
M. le Président, et je n'admets pas le raisonnement du ministre qui dit:
« Cela n'avait pas de sens de mainte- nir les coopératives, en
somme, parce que leurs clients n'étaient pas assez nombreux,
deuxièmement leurs taux étaient trop élevés et
troisièmement, ils manquaient peut-être, c'est ce qu'il a dit
ailleurs, de connaissances techniques.
M. COURNOYER: Ils y perdaient de l'argent.
M. JOHNSON: M. le Président que le ministre me dise donc si dans
son opinion, ça coûte moins cher administrer la coopérative
des Iles-de-la-Madeleine par des coopérateurs des Iles-de-la-Madeleine
que si c'est administré par des collets blancs, par des fonctionnaires,
qui relèvent d'un bureau de Montréal ou d'un bureau
régional.
M. RENE LEVESQUE: Je regrette de dire au chef de l'Opposition qu'aucun
des employés permanents qui voulaient rester, sauf des jeunes filles
dans la plupart des cas, qui voulaient se marier cette année, on ne peut
pas les empêcher, mais la plupart des employés des
coopératives sont restés, comme, ce que le chef de l'Opposition
appelle des collets blancs, ils sont restés les mêmes collets
blancs pour leurs amis.
M. JOHNSON: Mais est-ce que ça coûte moins cher à la
province de faire administrer ça par l'Hydro la distribution de
l'électricité aux Iles-de-la-Madeleine que ça aurait
coûté, leur vendre en gros, à un prix raisonnable?
M. RENE LEVESQUE: Oui, parce que l'Hydro dans ses surplus, dans ses
réserves, a, mais c'est autre chose, mais à ce moment-là
ça serait devenu de la très mauvaise administration pour
l'Hydro-Québec, qu'elle fasse sa péréquation à
l'intérieur de ses revenus généraux, on a passé une
loi, des amendements Pan dernier pour lui permettre de faire ça,
à travers toute la province, mais qu'on commence à entretenir des
unités artificielles avec toute la surenchère que ça
implique, si on peut l'éviter, moi je suis contre. Cela a l'air que l'on
ne s'entendra pas, mais ce n'est pas grave. Les coopératives sont du
même avis que nous.
M. JOHNSON: M. le Président, j'ai un autre témoignage qui
est celui de M. Rochon que je ne connais pas.
M. RENE LEVESQUE: Pas Paul toujours?
M. JOHNSON: Je ne pense pas, non. C'est un monsieur Roland Rochon, T.P.,
technicien professionnel, qui disait, M. le Président, dans « Le
Devoir » du 28 février 1963:
M. COURNOYER: Un quidam.
M. JOHNSON: Ceci et ]e cite: « Maftres chez-nous », c'est le
titre du paragraphe. « M. Lévesque nous disait, nous croyons que
les raisons qui justifiaient l'intégration des compagnies
d'électricité à l'Hydro-Québec, s'appliquent aussi
en gros aux coopératives d'électricité. Pour nos membres,
les raisons qui favorisaient l'étatisation, sont celles qui
résonnent toujours à leurs oreilles, depuis les dernières
élections provinciales, «maîtres chez-nous », «
la clef de notre économie », « le recouvrement de nos
richesses », etc, etc. Il faut comprendre qu'il est assez difficile de
faire croire que ces mêmes raisons prévalent pour
l'intégration des coopératives d'électricité. En
effet, les coopératives appartiennent à leurs membres et sont
administrées par eux. »
Quelle meilleure manière d'être maîtres chez-nous que
celle-là M. le Président? Quelle meilleure manière,
être propriétaires d'un bien et l'administrer soi-même.
Maîtres chez-nous, ça veut dire que c'est le gouvernement qui est
maître chez-nous, et non pas les contribuables qui sont maîtres
chez-nous. Les coopératives, est-il nécessaire d'en faire la
théorie sont l'un des moyens les plus efficaces, je dirais, de
réaliser l'indépendance économique dans la liberté
et dans la dignité, comme dirait un chef d'un certain parti: « La
sécurité dans la dignité, la sécurité dans
le respect des droits de l'individu ». Mais il reste que les
coopératives, M. le Président...
M. COURNOYER: Le chef de l'Opposition parle comme un libéral.
M. JOHNSON: Je parle comme les amis du député de
Richelieu, je parle de ceux de 1946, lors de sa première
élection, alors qu'on a écrit des pages sanglantes dans
l'histoire de la politique de la province de Québec. Bon je ne
digresserai pas plus longtemps. Les coopératives, est-il
nécessaire de le rappeler, sont l'un des moyens qu'on a
représentés comme le plus susceptible de nous rendre maitres
chez-nous. C'est M. René Paré, Président du Conseil
supérieur de la Coopération qui, depuis des décennies dans
cette province, avec le Père Georges-Henri Levesque et les autres, et
avec M. le sénateur Vaillancourt qui nous ont fait toute la
théorie des coopératives et qui nous ont « vendu »
cette idée-là. Je ne sais pas où était le ministre
dans ce temps-là, il est à peu près de mon âge, moi
j'ai « acheté » l'idée et je l'ai gardée.
Les coopératives, M. le Président, c'est une formule
tellement féconde que le premier ministre de cette province, le chef du
ministre des Richesses naturelles, parlant lors de la présentation de la
loi des Caisses populaires devenues des Caisses d'épargne a fait un
éloge, comme jamais je n'en ai entendu de la formule coopérative,
au congrès des coopératives. Il y avait aussi le ministre de
l'Agriculture qui avec un texte magnifiquement écrit, qu'il a suivi
scrupuleusement Dieu merci, a fait l'éloge des coopératives et de
la technique coopérative comme personne; avec sincérité
par-dessus le marché, ça ne paraissait pas...
M. COURCY: Et j'ai travaillé longtemps dans les
coopératives.
M. JOHNSON: C'est quand ça ne paraît pas qu'il est
sincère, et c'est quand il paraît sincère qu'il ne l'est
pas.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre.
M. JOHNSON: Donc, M. le Président, pourquoi le gouvernement
actuel a-t-il commis ce génocide? Car c'est lui le gouvernement actuel
qui a acculé au pied du mur toutes les coopératives
d'électricité. C'est là le témoignage des gens du
milieu. C'est le témoignage de M. Jules Thibault et c'est le
témoignage de M. Labbé et de tous les autres qui s'y connaissent.
Le gouvernement a pratiqué là le « crois ou meurs ».
Le gouvernement a affamé les coopératives, dès mars 1962
comme je l'ai dit avant six heures, alors que les coopératives se sont
rendues à l'Hydre rencontrer M. Labbé et d'autres commissaires
pour demander qu'on baisse les prix au moins au même niveau que les
compagnies privées. L'Hydro a refusé parce qu'on ne voulait pas
que survivent les coopératives.
M. COURCY: Il a préféré baisser les taux aux
clients.
M. JOHNSON: M. le Président, on a droit, de croire que les
coopératives ne peuvent pas être efficaces dans la distribution
d'électricité. On a le droit à cette opinion-là
mais je ne la partage pas. Mais si on a cette opinion c'est qu'on professe que
le système idéal, dans l'état du Québec,
réel, ou en devenir, c'est un gouvernement qui mène tout, et qui
dirige tout, qui réglemente tout, qui punit tout le monde, qui met tout
le monde en ligne, et d'autre part des individus. C'est le socialisme d'une
certaine catégorie. Il y a d'autres pays où on a un gouvernement
socialiste depuis 20, 25, 30, 35 ans et où pourtant les
coopératives trouvent
moyen de vivre, de progresser, où les coopératives ont une
influence considérable, où elles détiennent un capital
très appréciable, où elles ont une influence sur la vie
économique, où elles ont une seule voix au chapitre de la
planification; alors qu'ici, M. le Président, on les tue.
C'est une question de théorie politique, sociologique,
économique. Je n'ai pas un mot à dire. Le ministre a le droit de
partager cette opinion-là, mais s'il est de cette opinion-là le
ministre de l'Agriculture n'a pas le droit de venir nous faire les grands
compliments sur la coopération alors qu'il est complice du
génocide des coopératives dans la province de Québec.
M. LE PRESIDENT: Article 14, adopté.
M. RENE LEVESQUE: Article 15. Pas l'article 14, parce que la tentation
va m'y revenir d'y répondre. Très bien.
M. RUSSELL: Est-ce que les coopératives vont payer le mêmes
taux à travers laprovince.
M. RENE LEVESQUE: Si quoi?
M. RUSSELL: Les coopératives vont-elles payer les mêmes
taux, c'est-à-dire les contribuables des coopératives, vont-ils
payer le même taux, à travers la province, de
l'Hydro-Québec?
M. RENE LEVESQUE: Ils vont payer exactement le chiffre que je donnais
tantôt, indiquez ça pour trois exemples, ils vont exactement, ils
paient déjà d'ailleurs, dans la plupart des cas, depuis la prise
de possession par l'Hydro, le même taux que le territoire dont ils font
partie, puis dans la plupart des cas, comme c'est rural, ça va
être, je pense, à peu près le même taux pour tous.
Par exemple, les Iles-de-la-Madeleine vont payer le même tarif rural,
même s'il faut des diesels et tout ce qu'on voudra, que ceux par exemple
du bas du fleuve.
M. RUSSELL: Ceux des Cantons de l'Est?
M. RENE LEVESQUE: Bien là, il faudrait que je regarde tous les
chiffres. Ils vont payer le même taux en tout cas que leur entourage dans
la même catégorie dans les Cantons de l'Est. Cela doit être
commencé d'ailleurs, le député n'a qu'à
vérifier, d'après les derniers comptes.
M. RUSSELL: M. le Président, j'ai vérifié la
publicité qui a été faite aux élections de 1962,
ainsi que le candidat libéral de Drummond...
M. RENE LEVESQUE: C'est une question?
M. RUSSELL: ... et je pense que le ministre en a pris connaissance lors
de l'Assemblée parce qu'il a reçu un journal, il y a un
contribuable qui est allé lui en porter un...
M. RENE LEVESQUE: Où ça?
M. RUSSELL: Dans le comté de Shefford, aussi bien que dans le
comté de Drummond, là où on disait qu'à la suite de
la nationalisation, le taux baisserait dans la ville de Granby aussi bien que
dans la ville de Drummond, de moins de 50%, et on avait les factures.
M. RENE LEVESQUE: Je me souviens. M. RUSSELL: Oui.
M. RENE LEVESQUE: Si le député ne veut pas ramener
à la campagne parce qu'on n'est plus dans la même
assemblée, ce journal-là était tout à l'envers, je
crois que je l'ai dit que c'était de la propagande, que moi je
n'admettais pas, et je l'ai dit publiquement.
M. RUSSELL: Oui.
M. RENE LEVESQUE: Bon, alors qu'est-ce que vous voulez que je dise de
plus.
M. RUSSELL: Bien, c'est justement, je voulais que le ministre fournisse
ici, en Chambre.
M. JOHNSON: Quel journal?
M. RUSSELL: ... parce qu'à ce moment-là le journal, qui
était un journal local, qui était là à
l'assemblée où le ministre des Richesses naturelles aujourd'hui a
démenti cette chose là. Oui, le ministre l'a démenti, mais
le journal ne l'a pas publié.
M. RENE LEVESQUE: Donc, qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse?
M. RUSSELL: Donc, il y avait..
M. CLICHE: Vous pouviez le faire publier vous-même.
M. RUSSELL: Oui.
M. JOHNSON: Est-ce que c'est parce qu'on avait l'argent des
libéraux?
M. RUSSELL: Voici...
M. RENE LEVESQUE: En tout cas, si ça peut faire plaisir au
député, je le répète aujourd'hui, que cette
propagande qui avait été faite, je l'ai dit, il y avait tout de
même quelque cent personnes là. C'était quelque chose
d'excessif, de fabriqué; ça ne tenait pas debout.
M. RUSSELL: Je voulais simplement rétablir les faits, et
j'aimerais que « La voix de l'Est » rétablisse les
faits.
M. RENE LEVESQUE: Oh oui, si vous voulez lui dire.
M. RUSSELL: Et deuxièmement, je crois qu'il serait juste que les
contribuables de toute la province, un cultivateur dans la région de la
Gaspésie aussi bien qu'un cultivateur des Cantons de l'Est, pei le
même taux.
M. RENE LEVESQUE: A toutes fins pratiques c'est à peu près
cela.
M. RUSSELL: Ce n'est pas certain que c'est cela. Parce que moi, la
question de baisser les taux à 50%, de ce qu'onpayait,leprix de la
Shawinigan ou de la Southern Power, je ne l'ai jamais cru.
M. RENE LEVESQUE: Est-ce que c'est une question que le
député veut poser?
M. RUSSELL: Pardon?
M. RENE LEVESQUE: Si c'est une question que le député veut
poser?
M. RUSSELL: C'est cela.
M. RENE LEVESQUE: C'est parce que je veux y répondre très
vite. Non seulement je suis d'accord avec le député, mais je
crois qu'on est à peu près là, et je me demande si on
n'est pas, à toutes fins pratiques, exactement à ce
niveau-là, que les cultivateurs, enfin, disons plutôt les milieux
ruraux, parce que dans les milieux ruraux il n'y a pas rien que des
cultivateurs, mais les gens des catégories rurales ont, je crois en ce
moment, le même tarif partout ou tellement peu de différence que
ça ne vaut pas la peine de le mentionner, par exemple, même les
coopératives à diesel comme je disais au député ont
été mises, au point des familles, les tarifs domestiques sur le
même tarif que le tarif rural régulier et je crois que c'est
à peu près la même chose partout. Bien enfin je peux
vérifier, s'il veut, mais je crois que c'est ça.
M. RUSSELL: M. le Président, est-ce que les villes, qui, à
l'heure actuelle, ont leur organisation locale municipale, vont payer un tarif
assez bas pour pouvoir rencontrer les mêmes tarifs que les autres
villes?
M. RENE LEVESQUE: Non, dans le cas des villes, puisque le
député pose la question, il me l'avait un peu annoncé
entre les deux séances, puis je lui ai donné une partie de la
réponse, dans le cas des villes, prenons le cas de Sherbrooke, ou le cas
de Beloeil, la ville se sert de son service d'électricité pour
réaliser des revenus, dans certains cas ça peut être
très payant pour la ville, c'est ce qu'on m'a dit par exemple dans le
cas de Sherbrooke. Cela peut permettre de diminuer certaines taxes
foncières, etc. Autrement dit, la ville fait le commerce de
l'électricité et les citoyens ont seulement à demander des
bilans pour être au courant, à savoir ce que ça rapporte
comme profit.
On ne peut pas demander à l'Hydro de faire grossir des profits
comme ça qui sont le commerce d'électricité des villes
à même tout l'ensemble de ses clients parce qu'à ce
moment-là ça déséquilibre tout. Vous avez des
citoyens qui, par exemple dans certains cas, je ne nommerai pas de villes dans
ce cas-là se font des développements à n'en plus finir et
puis ils peuvent faire de la publicité et puis tant mieux pour eux en
disant: « Nos taxes foncières sont presque inexistantes chez nous,
il n'y a quasiment pas de taxes » pendant qu'ils font leur argent avec
l'électricité. Si les citoyens veulent ça, ils
l'acceptent, ils veulent continuer à avoir ce système-là,
ils sont libres, on l'a dit et puis ça continue, personne ne va les
forcer, c'est sûr, à changer.
Seulement ce qui arrive c'est ceci, par exemple, et puis ce sont des cas
qu'on a courramment parce qu'il y a plusieurs municipalités, il y en a
une trentaine au-delà dans la province de Québec qui ont un
service d'électricité et puis à un moment donné la
filerie ou l'ensemble des poteaux de distribution avec les fils dessus ou
quelque chose dans les transformateurs commencent à claquer et puis
là on s'aperçoit qu'à même les profits de cette
année on va avoir 100,000 ou $200,000 des fois $500,000, ça
dépend de la grosseur de la ville, à immobiliser en capitaux
nouveaux parce que ça va tomber notre patente.
A ce moment-là, évidemment, c'est plus profitable.
Là on va trouver l'Hydro et puis on dit à l'Hydro: « Est-ce
que vous voulez nous acheter parce que là ce n'est plus bon ». Et
c'est ce que l'Hydro fait couramment. Seulement tant que c'est payant, bien
évidemment, on a
plutôt tendance à essayer de continuer à faire des
profits avec. Mais il ne faut pas demander à l'Hydro-Québec, qui
à un moment donné dans chaque cas va récupérer le
vieux système quand il sera fini, en plus de prendre à même
ses revenus l'argent pour faire faire des profits additionnels à des
services commerciaux d'électricité.
On a demandé à l'Hydro de réévaluer ses
taux, au besoin de les diminuer selon l'échelle des taux blocs
régionaux mais pas plus pour l'instant, c'est-à-dire on ne
pouvait pas lui demander plus mais nous donner son avis s'il fallait aller plus
mais c'est tout ce qu'on pouvait lui demander, nous, comme suggestion, si vous
voulez, administrative.
M. RUSSELL: En somme, la ville de Sherbrooke va être
imposée comme tout autre citoyen de la province de Québec par
l'Hydro-Québec et n'aura pas un tarif spécial comme celui qu'il
obtenait de la Shawinigan auparavant afin que l'électricité
puisse être vendue à bien meilleur marché.
M. RENE LEVESQUE: Je m'excuse, je n'ai pas saisi le début de la
question.
M. RUSSELL: J'ai dit, les citoyens de Sherbrooke vont être
traités par l'Hydro-Québec sur un pied d'égalité
par l'Hydro. L'électricité qu'ils vont acheter de
l'Hydro-Québec va être payée en gros.
M. RENE LEVESQUE: Non, non, mais la ville de Sherbrooke comme toutes les
villes qui a un service de distribution, ce qu'elle achète elle
l'achète en bloc, en gros et le prix qu'elle fait à ses citoyens
incorpore sa marge de profit et puis elle en fait le commerce, et ça
c'est son problème c'est sûr...
M. RUSSELL: D'accord!
M. RENE LEVESQUE: Le prix que l'Hydro lui fait peut être
ajusté et puis l'Hydro étudie actuellement les tarifs de blocs et
les tarifs industriels, les taux en gros mais ils ne sont pas ajustés
à un point, enfin on ne peut pas le demander à l'Hydro, on ne se
sent pas le droit de le demander, à un point qui permettrait à
telle ou telle ville d'augmenter des profits commerciaux à même
l'argent de l'ensemble des clients de l'Hydro, pas à ce
point-là.
M. RUSSELL: M. le Président, je vais être clair, je veux
simplement enlever l'illusoire de gens qui se promènent pour des profits
politi- ques personnels ou autres qui ont fait une propagande disant que
lorsque la nationalisation serait complétée qu'ils pourraient
acheter de l'Hydro-Québec de l'électricité à 50% du
prix qu'ils payaient de la Shawinigan ou d'autres compagnies privées et
je veux simplement rétablir les faits que c'était simplement
illusoire et c'était mentir à la population que d'agir de cette
façon-là et je ne dis pas que c'est le ministre qui l'a fait.
Remarquez bien, je vais être clair, parce que lorsqu'il est venu chez
nous il a démenti certaines publicités qui venaient de Drummond
et le ministre, le candidat libéral de Drummond...
M. PINARD: C'est le député de Drummond qui avait
affirmé ça d'après le député de
Shefford?
M. RUSSELL: Pardon?
M. PINARD: Est-ce que c'est le député de Drummond qui
avait affirmé ces choses-là d'après le
député de Shefford?
M. RUSSELL: Non, je dis que c'est par son comité parce que en
pratique...
M. PINARD: Absolument pas!
M. RUSSELL: ... c'était publié par le comité
libéral du comté de Drummond...
M. PINARD: Absolument pas!
M. RUSSELL: ... et c'était son comité de publicité
du comté de Drummond qui avait fait ça d'abord.
M. PINARD: M. le Président, je proteste. Je soulève un
point d'ordre. C'est absolument faux ce que prétend le
député de Shefford parce que les statistiques que nous avons
données et les tableaux comparatifs que nous avons expliqués au
peuple du comté de Drummond étaient les mêmes que ceux qui
nous avaient été fournis par le ministre des Richesses naturelles
et qu'il a expliqués à travers toute la province, il n'y avait
aucune illusion là-dessus, tout le monde avait bien compris que nous
disions la vérité.
M. RUSSELL: D'abord on va prendre, il est sage d'envoyer une copie du
journal de Drummond sur lequel on va imprimer deux factures; une c'est à
un résident de Drummond qui avait probablement employé juste
quelques kilowatts durant le 60 jours et l'autre facture venant d'un
contribuable de l'Ontario qui travaillait pour l'Hydro d'Ontario qui
demeurait dans la bâtisse de l'Hydro d'Ontario, qui avait un tarif
préférentiel et aurait fait un décor et en plus de
ça on va truquer des chiffres et on aura publié ça dans un
journal de Drummond et c'est cette publicité qui est venue, qui a
été publiée dans « La voix de l'est » dans le
comté de Shefford et en bas c'était marqué: «
publié parle comité libéral du comté de Drummond
».
M. PINARD: Oui.
M. RUSSELL: Et j'en ai encore les copies, je vais en envoyer un
photostat au ministre, il sera au courant de ce qui a été
publié durant sa campagne électorale.
Mais, simplement, je ne voulais pas discuter de la campagne
électorale. Je voulais rétablir les faits.
UNE VOIX: Cela fait une demi-heure qu'il dit ça.
M. RENE LEVESQUE: M. le Président, le député m'a
posé une question. Je lui ai répondu. Je lui ai dit que les
chiffres que j'avais vus, je les avais démentis publiquement, que
c'était une erreur à tout le moins et que c'était
falsifié. Est-ce que je veux un débat sur la campagne de 1962?
Cela ne changera pas les résultats d'il y a deux ans, franchement.
M. JOHNSON: Non mais ça servirait peut-être à faire
à la province comment les libéraux ont gagné les
élections.
DES VOIX: Ah!
M. RENE LEVESQUE: Cela tombe justement sur un comté où les
élections sont allées de votre côté. Arrêtez
donc!
M. JOHNSON: On fait de la propagande,... le député de
Drummond. On fait de la propagande, deux comptes,dont l'un est truqué,
c'est-à-dire pas complètement expliqué, et pendant que les
votes rentrent dans les urnes pour les libéraux dans Drummond, le
ministre des Richesses naturelles lui dit;...
M. PINARD: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. JOHNSON: ... « Bien je suis contre ça ce genre de
publicité-là ». Et la voix de l'Est » dont le
directeur est un membre...
M. PINARD: A l'ordre.
M. JOHNSON: ... de l'Office de l'autoroute, il n'y a pas de danger de
risquer cette mise au point.
M. PINARD: Le chef de l'Opposition a eu toutes les occasions de venir
expliquer ce qu'il prétend soutenir ce soir en Chambre. Il n'a pas
réussi à convaincre le peuple du comté de Drummond pas
plus que le peuple de la province de Québec de ce que le
député de Shefford affirme et ce que le chef de l'Opposition
affirme ce soir est la vérité. Et le résultat de
l'élection a prouvé bel et bien que le peuple donnait davantage
confiance au ministre des Richesses naturelles, au chef du parti
libéral, aux ministres et à ses députés qu'à
l'Opposition. C'est ça la leçon que le chef de l'Opposition
devrait comprendre.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est toujours le même
système et ce n'est pas le député de Drummond qui l'a
inventé. C'est vieux comme le monde: Laissez publier les choses qui sont
fausses, qui sont de nature...
M. COURNOYER: Ah, mon Dieu!
M. JOHNSON: ... à vous donner des votes; indignez-vous en public
en disant que vous n'approuvez pas ce genre d'affaire, mais récoltez les
résultats quand même ».
M. COURNOYER: L'ouverture des moulins de Chicoutimi.
M. JOHNSON: Autorisez l'arrestation d'un citoyen honnête...
M. COURNOYER: Onze ans! Les communistes!
M. JOHNSON: Faites passer tout un parti pour croche et ensuite, quand le
gars est libéré, dire: « Je regrette c'était une
erreur. » Mais en attendant, on a pris le pouvoir avec ça.
M. LE PRESIDENT: Article 14.
M. JOHNSON: Cela, M. le Président, ce sont des
méthodes...
M. COURNOYER: Loi pour la réouverture des moulins de
Chicoutimi!
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'article 14 est adopté, s'il vous
plaît, messieurs?
M. JOHNSON: Il a une autre manière de gagner ses
élections. Un de ces jours, on en parlera. Quand le député
de Laurier ne saura plus comment se faire élire, qu'il aille voir le
député de Richelieu.
M. RENE LEVESQUE: On va en parler tout de suite après l'article
14.
M. JOHNSON: Tout de suite après l'article 14. Le ministre a un
expert dans le Cabinet près de lui qui sait se faire élire sans
bruit, sans scandale...
M. LE PRESIDENT: Article 14.
M. RENE LEVESQUE: Il m'a promis de m'expliquer ça aussitôt
que 14 va être adopté.
M. JOHNSON: Il a du sang qui coule des fois. Demandez ça à
M. Caouette en 1946.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, l'article 14. M. RENE LEVESQUE: M. le
Président,... M. JOHNSON: Je reviens à l'article...
M. PINARD: On va adopter vos méthodes électorales.
M. JOHNSON: Avec plaisir. M. PINARD; Cela va aller loin.
M. JOHNSON: Le ministre a essayé ça bien des fois chez
nous, et chaque fois la majorité augmente.
M. COURNOYER: Bagot, c'est un jardin. C'est un petit comté qui
aurait dû disparaître.
M. RENE LEVESQUE: Article 14 adopté, M. le Président?
M. JOHNSON: Un moyen radical pour se débarasser du
député de Bagot, c'est d'enlever le comté de Bagot. Mais
le...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. RENE LEVESQUE: M. le Président, quand même.
M. JOHNSON: Je dirais au ministre, il faut tout de même que je lui
réponde. Cela va paraître chez nous ça.
M. RENE LEVESQUE: Non.
M. JOHNSON: Que le ministre me dise si c'est chez lui qu'il veut que
j'aille me présenter ou dans St-Hyacinthe ou dans Drummond? Le quel des
ministres veut se faire battre? Lequel des trois veut se faire battre?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. RENE LEVESQUE: Sunny Liston était sûr comme ça et
puis il s'est trompé.
M. JOHNSON: M. le Président... M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: D'abord, il y a deux questions. Une que j'ai soulevée
il y a deux ans...
M. RENE LEVESQUE: 14 ou 15?
M. JOHNSON: 14. Est-ce qu'on a réglé l'affaire des taux
chargés aux cultivateurs qui, par leurs activités agricoles, pas
au sens de la Loi de l'impôt, la loi de M. Klerans, utilisent beaucoup
d'électricité, par exemple les aviculteurs et les autres. On leur
charge un tarif commercial...
M. RENE LEVESQUE: Oui, et puis un tarif commercial souvent
accroché à la définition avec les moteurs spéciaux,
j'oublie le terme. On est en train de les reviser actuellement...
M. JOHNSON: Est-ce qu'on peut espérer quand même que les
cultivateurs...
M. RENE LEVESQUE: On essaie d'abord de trouver une consolidation entre
tous les « Moses » de taux qu'il y avait.
M. JOHNSON: ... recevront un peu de soulagement de ce
côté-là dans les tarifs?
M. RENE LEVESQUE: Les tarifs bloquent là. Ceux qui ont de petites
industries ou qui demandent l'installation de la machinerie électrique
un peu spéciale et qui demandent...
M. JOHNSON: Oui mais je songe surtout aux aviculteurs de chez-nous, aux
gens qui ont des séchoirs de tabac...
M. RENE LEVESQUE: Je suis sûr qu'ils auront les mêmes
avantages que les autres.
M. JOHNSON: D'accord! Deuxièmement,
qu'est-ce qui arrivent aux employés des coopératives, le
ministre a dit tantôt que la plupart demeuraient en fonction, est-ce
qu'il y a une politique générale là-dessus.
M. RENE LEVESQUE: Oui, bien on a demandé à l'Hydro, en
deux mots, de garder, sauf pour causes, exactement comme faisaient les
coopératives avant, tous les employés permanents. C'est ce qui
est fait en ce moment, comme je l'ai dit tout à l'heure sauf des cas
où il y a des jeunes filles qui s'en vont se marier ou des choses comme
ça là, personne n'est supposé bouger chez les
employés permanents.
M. JOHNSON: Un gérant, par exemple, comme M. Bégin, en
Abitibi, qu'est-ce qui arrive?
M. RENE LEVESQUE: Est-ce qu'il est permanent? Cela dépend
si...
M. JOHNSON: C'est le gérant, le
secrétaire-gérant.
M. RENE LEVESQUE: Oui je sais, je l'ai rencontré, il était
gérant, mais là je ne sais pas dans son cas là s'il est
permanent. Je n'ai pas de rapport encore, je ne sais pas si la prise de
position est faite.
M. JOHNSON: Qu'est-ce qui est arrivé de M. Bégin?
M. CLICHE: En Abitibi-Ouest, puis il a pris le « mors ».
M. JOHNSON: M. le Président, si M. Bégin gérant de
la coopérative d'Abitibi-Ouest survit, je serai obligé de
féliciter le ministre de l'Agriculture.
M. RENE LEVESQUE: Mais contrairement à ce que peut penser le chef
de l'Opposition M. Bégin avec qui on avait eu un petit accrochage parce
qu'il était contre l'idée au début, après avoir vu
les dernières conditions tout ça, il est devenu un de nos
supporteurs au point de vue de l'intégration des coopératives
dans le Nord-ouest. Le ministre est là pour en témoigner, et je
ne l'ai pas revu depuis quelques temps mais seulement il est entendu que les
employés permanents, chez lui comme ailleurs, ne seront pas
dérangés, c'est tout.
M. JOHNSON: Cela serait, dans le comté d'Abitibi-Ouest
l'exception qui confirme la règle.
M. RENE LEVESQUE Oui, mais il s'agit de savoir; M. Bégin, je
crois, avait d'autres occupations, et je ne suis pas sûr moi-même
qu'il veuille rester. Il ne faut tout de même pas exagérer.
M. JOHNSON: M. le Président, ces coopératives qui ont
rendu beaucoup de services, surtout en Abitibi...
M. RENE LEVESQUE: Ah non, non! On ne recommence pas!
M. JOHNSON: Non. Je résume mon affaire. M. RENE LEVESQUE:
D'accord.
M. JOHNSON: Ces coopératives qui ont permis
l'établissement du député de Témiscamingue par
exemple, vous l'auriez vu actionner sa « drill » à dent,
à pied, si ça n'avait pas été de la
coopérative d'électricité du Témiscamingue. Ces
coopératives ont rempli un rôle social, et il me semble qu'elles
auraient pu continuer, sous une forme modifiée, intégrée,
dans tout le système de distribution, ç'aurait été
une manière de respecter un corps intermédiaire qui doit,
à mon sens, exister et faire son oeuvre, pour empêcher que l'Etat
n'englobe tous les individus à un moment donné, ne les
régente. On le n'a pas fait. Je le regrette, et j'en parlerai ailleurs.
Adopté.
M. RENE LEVESQUE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 14, adopté. Article 15, «
Construction, réfection de chemins, ponts et barrages ».
Adopté.
M. JOHNSON: Bien quels sont les principaux...
UNE VOIX: Le barrage...
M. RENE LEVESQUE: Cette année, cela veut dire essentiellement
oui c'est ça essentiellement le programme de routes de
l'Abitibi. De terminer la route Senneterre-Desmaraisville, enfin celle qui
relie, à toutes fins pratiques, l'Abitibi au Lac St-Jean et où il
y a encore un tronçon à terminer, et de pousser la route qui part
du nord de Chibougamau pour aller vers le Lac Albanel, Lac Mistassini. C'est
l'essentiel. Je peux donner le détail, mais enfin c'est l'essentiel.
C'est tout par contrats, par soumissions.
M. JOHNSON: Le ministre me permettrait-il une suggestion...
M. RENE LEVESQUE: Ah oui!
M. JOHNSON: ... au chapitre de construction ah, je suis rendu
à 16 déjà, je m'excuse-au sujet de barrage, de quel
barrage s'agit-il? Est-ce qu'il est question de Massawipi. C'est fait
ça? Cela va être payé cette année.
M. RENE LEVESQUE: Du côté barrage, il n'y a pas grand chose
de donné, on espère s'en débarrasser et les passer
à l'Hydro. Barrage Massawipi demande le chef de l'Opposition? Je crois
que Massawipi je veux être sûr là de ce que je
réponds Massawipi n'a pas l'air d'être impliqué
cette année.
M. JOHNSON: Adopté, M. le Président.
M. RENE LEVESQUE: Il y a des travaux prévus surtout la Manouan,
des tout petits barrages à part ça, enfin dans le genre de celui
du barrage Morin à Rivière-du-Loup, barrage Barrière
Dieu sait où, barrage Pibrac, sur la Rivière-aux-Sables,
barrage du Lac Masson, barrage Théodore, du Lac Théodore, et puis
les réparations encore sur Manouan, Barrage Montenanc, Barrage Mercier,
c'est sûrement des choses dont le chef de l'Opposition se souvient
sûrement d'avoir vu, des choses de routine.
M. JOHNSON: M. le Président adopté. 16. M. LE PRESIDENT:
Article 16.
M. JOHNSON: Achat et construction de lignes de transmission et de
centrales électricques $100,000. Evidemment, cette année on ne
peut pas...
M. RENE LEVESQUE: Non, c'est $1,000.
M. JOHNSON: Moins remboursement qui vient de qui? De l'Hydro?
M. RENE LEVESQUE: C'est-à-dire en fait, c'est un chiffre
symbolique c'est parce que tout ce qui était cet item-là, qui est
lignes de transmission et centrales électriques qui étaient les
installations, de l'Office d'électrification rurale, et tout ça
est passé à l'Hydro-Québec, alors, il y a un $1,000
symbolique là au cas où.
M. JOHNSON: La suggestion que je voulais faire au ministre, c'est que
l'Office d'électrification rurale avant de disparaître, si elle
doit disparaître jamais, nous fasse un rapport complet, tout à
fait complet ça m'éviterait ... je vais peut-être
poser la question au feuilleton... un rapport complet...
M. RENE LEVESQUE: Est-ce que le chef de l'Opposition accepterait
peut-être que ça prenne la forme, si ça se
produit-là, d'un chapitre spécial, très
spécial enfin, dans le rapport annuel ou s'il voudrait que je sois
plus...
M. JOHNSON: Non, non ça devrait normalement attendre le rapport
annuel. Et je crois M. le Président, qu'il est temps avant de terminer
l'étude de ces crédits de rendre hommage à celui qui est,
le grand responsable de l'Office, M. Rioux.
M. RENE LEVESQUE: Il s'est marié, il n'y a pas très
longtemps.
M. JOHNSON: M. Albert Rioux. M. le Président, le ministre
m'annonce en signes, ils sont plus familier chez les sourds-muets que chez les
députés, des nouvelles que je ne connaissais pas, mais M. Rioux,
ainsi que le juge Tremblay et M. Bouchard, conseiller législatif, ont
été les pionniers dans l'électrification rurale et je
crois qu'avec leurs techniciens, avec leurs successeurs comme M. Euclide
Paré et M. Jean Mercier et d'autres qui ont travaillé à
cet Office d'électrification rurale, je songe à M. Jean Blanchet,
à M. Albert Leblanc qui était l'ingénieur en chef dans le
temps, tous ces gens-là méritent que nous leur rendions hommage
pour une oeuvre extrêmement bien faite avec des moyens modestes, mais qui
a obtenu des résultats spectaculaires, tellement spectaculaires, que le
gouvernement a eu beaucoup de mal à faire cette opération,
ça lui a pris beaucoup de planification, et il a dû mettre en
oeuvre des méthodes que j'ai qualifiées, mais dont je ne
répète pas les épithètes. Le gouvernement, dis-je,
doit reconnaître que l'oeuvre accomplie par les coopératives et
l'Office en est une qui classe ces gens comme des citoyens ayant bien
mérité de la province. J'espère que l'Hydro qui est
maintenant, de par la volonté du peuple, c'est
l'interprétation du ministre, le seul distributeur
d'électricité, saura dans son administration, être aussi
souple, aussi efficace, dis-je, que l'ont été les
coopératives et qu'elle évitera notre Hydro, de tomber dans la
lourde et dispendieuse bureaucratie qui est si détestable et qui est si
incompatible avec la liberté des citoyens. Je sais que le ministre va
transmettre mon message aux gens de l'Hydro. Je sais que le ministre,
même s'il ne partage pas toutes mes idées, même si nous
n'avons...
M. RENE LEVESQUE: Non, pas encore. M. JOHNSON: Non, loin de
là.
Je sais que le ministre M. le Président veut quand même, en
somme, atteindre le même but que celui que j'essaie d'expliquer ici, mais
il s'y prend par des moyens différents. Il prétend avoir raison.
Moi je prétends qu'il a tort. C'est de valeur que ce soit le peuple qui
doive payer pour décider lequel des deux araison.
M. RENE LEVESQUE: Non, c'est le peuple qui en profite.
M. JOHNSON: En attendant, nous souhaitons bonne chance à l'Hydro
et au ministre bonne santé après une discussion des
crédits qui ont été plus longue que d'habitude.
M. RENE LEVESQUE: Je veux remercier le chef de l'Opposition juste en
terminant tout en disant ainsi-soit-il à ses derniers sentiments. Je
crois que c'est nécessaire de le rassurer sur le sort des gens de
l'Office d'électrification rurale. Il n'a pas tout à fait fini
son rôle, M. Rioux et les autres qu'il a nommés. Ils vont
continuer au moins l'année qui vient il y a un budget de prévu au
moins je dis bien, il y a un budget de prévu parce qu'il y a encore des
bilans à faire.
Il y a une coopérative qui reste, il s'agit de voir où
elle doit aller, comment l'Hydro devra l'adopter, si elle décide de
demeurer coopérative; parce qu'encore une fois, elle est libre. Comme
tout leur travail doit se terminer, et tous les employés, quels qu'ils
soient, qui sont encore de vie active, sont déjà en train
d'être versés ou sont déjà versés pour la
plupart, dans le cas des techniciens ou des ingénieurs, soit à
l'Hydro, soit au ministère des Richesses naturelles, il n'y en a pas un
qui, jusqu'ici, et je ne crois pas que ça se produise, qui
ait été sacrifié en cours de route. Parce que c'est vrai,
le dévouement dont parlait le chef de l'Opposition et le travail
acharné et souvent très difficile qu'ils ont
réalisé, à l'intérieur d'un système qui,
avec toutes ses qualités, avait quand même ce défaut
fondamental de ne pas être de la vraie coopération et coûter
cher aux contribuables.
M. GABIAS: Seulement une question au ministre.
M. RENE LEVESQUE: Ah! mon Dieu! j'aurais dû me taire.
M. GABIAS: Non, voici! le ministre déclare à cette Chambre
qu'après les compliments du chef de l'Opposition il est obligé de
dire: « Ainsi soit-il ». Est-ce que c'est la façon la plus
certaine pour lui donner un coup mortel?
M. RENE LEVESQUE: A qui, au chef de l'Opposition?
M. GABIAS: Non?
M. RENE LEVESQUE: Parce que si c'est ça que le
député de Trois-Rivières veut dire, je comprendrais
certaines intentions... je ne sais pas... enfin!
M. GABIAS: Je comprends que le ministre veut me juger d'après
lui-même, c'est dangereux.
M. BEAUPRE (président du comité des subsides): Article 16
adopté.
M. RENE LEVESQUE: Merci.
M. BEAUPRE (président du comité des subsides): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
adopté plusieurs résolutions et qu'il demande la permission de
siéger.
M. HYDE (président): Quand siégera-t-il? Même
séance, prochaine séance?
M. JOHNSON: Mettez donc; même séance.
M. LE PRESIDENT: Pour M. Lesage, M. Gérin-Lajoie propose que les
résolutions soient maintenant lues et agréées. Cette
motion sera-t-elle adoptée?
UNE VOIX: Adoptée.
Motions rejetées
M. LE PRESIDENT: Je voudrais rendre une décision concernant les
motions de cet après-midi. J'ai examiné les motions
présentées cet après-midi par le député de
Trois-Rivières, et les articles du règlement qui les concerne.
Ces derniers apparaissent au chapitre 1er du titre 14 du règlement et
jecite la note 1, sous l'article 708 du Règlement: « Avant
d'ordonner l'assignation d'un témoin, il est nécessaire que,
d'une façon ou d'une autre, la Chambre ait décidé de faire
une enquête sur le sujet sur lequel doit porter l'interrogatoire du
témoin. »
Le député des Trois-Rivières s'est basé sur
l'article 711 du Règlement et cet article prend pour acquit que la
Chambre a ordonné une enquête et que, surtout, le comité
concerné avait droit d'assigner des témoins. Et là-dessus,
je réfère à la note sous 708 que je viens de citer.
L'article 709 du Règlement se lit comme
suit: « Tout comité autorisé (et je souligne le mot
« autorisé ») à envoyer quérir des personnes,
des pièces et des dossiers, peut assigner des témoins au moyen
d'ordres signés par le président de ce comité et les
requérir d'y apporter des livres, des pièces et des dossiers.
»
Mais le comité des comptes publics n'a pas été
autorisé spécialement à requérir la comparution de
témoins, et là-dessus, je réfère aux articles 405
et 468 du Règlement. Pour que ce comité puisse assigner des
témoins, il faudrait qu'il fasse rapport à la Chambre pour en
obtenir la permission.
Sur cette demande, la Chambre décidera et, si la permission est
accordée, ce sera le comité lui-même qui ordonnera
l'assignation, des témoins. En conséquence, je déclare les
sept motions présentées cet après-midi, par le
député du district électoral des Trois-Rivières,
irrégulières et illégales et j'ordonne qu'elles soient
mises de côté.
M. GABIAS: Voici, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Il n'y a pas de discussion sur une décision qui
est rendue. Le député peut en appeler, c'est tout.
M. GABIAS: Surtout à cause que le procès-verbal...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs...
M. GABIAS: Cela n'a pas de bon sens, aucun bon sens.
M. JOHNSON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Je considère que toute
l'affaire est seulement élémentaire.
M. GABIAS: C'est la peur, et uniquement la peur.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
UNE VOIX: Devant le comité, c'est épouvantable.
M. LE PRESIDENT: C'est pour la confirmer, je crois que la
décision va être consignée au Journal. Quand même, si
on voulait indiquer qu'il y a dissidence, on pourrait mettre que ç'a
été confirmé sur division...
M. JOHNSON: Non, non.
M. LE PRESIDENT: On pourrait appeler les gens...
M. GABIAS: Non.
M. JOHNSON: Non. J'ai une question à vous poser, M. le
Président...
M. GABIAS: Il y a toujours une limite.
M. JOHNSON: Est-ce que le président de la Chambre peut modifier
une décision de la Chambre...
M. GABIAS: De cet après-midi.
M. JOHNSON: Cet après-midi, la Chambre, sur présentation
de la motion du député de Trois-Rivières, a
décidé, sur division, que l'étude de la motion
était remise à demain. Je prétends que la Chambre ayant
décidé cet après-midi sur la première motion et sur
les quatre ou cinq qui ont suivi,
M. GABIAS: Six.
M. JOHNSON: Six qui ont suivi, que le débat sur les motions
proposées devrait avoir lieu à une séance
ultérieure. Je prétends, dis-je, que vous n'avez pas le
droit...
M. GABIAS: Absolument pas.
M. JOHNSON: ... d'intervenir à ce stade. Vous auriez pu, je
l'admets, déclarer la motion irrecevable, mais le premier ministre a
fait motion pour remettre l'étude de la motion tant au fond, que sur la
forme, et le ministre...
M. PINARD: M. le Président... M. LE PRESIDENT: A l'ordre. M.
PINARD: Je soulève un point d'ordre...
M. JOHNSON: Et le ministre de l'Education a été le
proposeur de cette motion d'ajournement dans la deuxième motion...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Je comprends que le ministre de la Voirie
voudrait soulever un point d'ordre. J'ai laissé continuer le chef de
l'Opposition, même si on ne peut pas avoir une discussion à ce
moment-ci; mais je comprends l'argumentation du chef de l'Opposition. Il faut
que j'ajoute à ces remarques le fait que, premièrement, le
premier ministre lui-même, en faisant sa motion d'ajournement
a expliqué clairement que c'était sujet à toute
objection légale sur la forme de la motion, sur la
régularité de la motion.
M. JOHNSON: Qui peut être soulevée demain.
M. LE PRESIDENT: J'ai moi-même, quand le premier ministre avait
proposé sa motion d'ajournement, j'ai moi-même indiqué
à la Chambre, j'ai lu la note qui apparaît sur l'article 708. J'ai
attiré à ce moment-là l'attention de la Chambre
là-dessus, et j'ai dit à ce moment-là que j'avais des
doutes sur la régularité des motions, ou de la motion à ce
moment-là.
M. GABIAS: La Chambre avait...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. J'ai dit que même si la Chambre ne
voulait pas à ce moment-là accepter la motion, je crois
que je l'ai traitée comme suggestion à ce moment-là du
premier ministre, que le débat devrait être ajourné.
J'ai indiqué à ce moment-là que même si le
débat n'a pas été ajourné, je prendrais sur
moi-même de suspendre le débat pour que je puisse étudier
le règlement là-dessus, et prendre la décision en
délibéré.
M. GABIAS: Cela n'a pas été le cas.
M. LE PRESIDENT: C'est ce que j'ai fait...
M. JOHNSON: Mais la Chambre...
M. LE PRESIDENT: C'est ce que j'ai dit cet après-midi, et c'est
la décision que j'ai prise...
M. JOHNSON: Mais la Chambre...
M. GABIAS: Il a changé le consentement...
M. JOHNSON: J'ai refusé le consentement à ce
moment-là.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. GABIAS: Cela ne s'est jamais
vu.
M. JOHNSON: J'admets, M. le Président, que vous avez très
bien résumé la situation, mais je pense que vous oubliez un
élément. Vous avez demandé si on consentait unanimement
à ce que vous preniez la chose en délibéré. Nous
avons dit non, et nous avons, sur division, accepté la motion du premier
ministre.
M. LESAGE: Appelez...
M. JOHNSON: M. le Président, la motion du premier ministre, c'est
que l'on doit étudier les motions à la prochaine séance et
le premier ministre a dit que la prochaine séance ça pouvait
être Dieu sait quand, et il se réservait de soulever les moyens de
forme comme des moyens de fond.
M. LESAGE: Non, M. le Président, sous réserve de la
régularité de la motion.
M. JOHNSON: Non, non.
M. GABIAS: Jamais. On est à tromper la Chambre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs. Je ne peux pas permettre une
discussion ou un débat. J'avais compris qu'il y avait peut-être un
malentendu et j'ai laissé continuer, mais je ne suis pas pour permettre
une discussion ou un débat. J'ai rendu ma décision et c'est la
Chambre qui va décider si oui ou non la décision pourrait
être maintenue. Ce n'est pas moi qui dois avoir le dernier mot.
M. GABAES: Epouvantable.
M. JOHNSON: M. le Président, vous posez un
précédent.
M. LESAGE: M. le Président... M. PINARD: A l'ordre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs. Affaires du jour.
M. JOHNSON: On en a appelé de votre décision.
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés. Que tous ceux
qui sont en faveur du maintien de la décision veuillent bien se
lever.
M. LE GREFFIER ADJOINT: MM. Lesage, Bédard, Lalonde,
Gérin-Lajoie, Lévesque (Montréal-Laurier), Saint-Pierre,
Cliche, Dion-ne, Lafrance, Pinard, Cournoyer, Levesque (Bonaventure), Fortin,
Roy, Harvey, Blank, Maheux, Collard, Vaillancourt, Boulais, Ouimet, Hamel
(Iberville), Crépeau, Théberge. Dallaire, Lacroix, Brisson,
Hébert, Mailloux, McGuire, Beaupré, Godbout, Dupré,
Martin.
M. LE PRESIDENT: Que tous ceux qui sont contre veuillent bien se
lever.
M. LE GREFFIER ADJOINT: MM. Johnson, Elie Dozois, Bertrand (Missisquoi),
Bellemarre, Johnston, Boudreau, Lafontaine, Gabias, Guillemette, Russell,
Somerville, Gosselin, Raymond, Gervais, Gagnon, Gauthier, Lavoie (Wolfe).
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs.
M. LE GREFFIER: Pour: 34. Contre: 18. Yeas: 34. Nays: 18.
M. LE PRESIDENT: La décision est maintenue.
M. LESAGE: Numéro 26.
M. GERIN-LAJOIE: Le lieutenant-gouverneur informé du contenu de
ces résolutions en propose la considération par cette
Chambre.
M. LE PRESIDENT: M. Gérin-Lajoie propose que je quitte maintenant
le fauteuil pour que la Chambre se forme en comité plénier pour
étudier les résolutions relatives au bill numéro 43
intitulé « Loi pour le financement des investissements
universitaires de 1964 ». Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
Investissements universitaires
M. LE PRESIDENT: Bill No 43, résolution No 1.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, la résolution No 1, qui
reproduit l'article 1er du bill, a pour objet de prolonger le programme
établi en 1961, de deux ans, c'est-à-dire de l'étendre au
1er avril 1966 plutôt qu'au 1er avril 1968, plutôt qu'au 1er avril
1966 tel que prévu dans la loi originale 1961; en conséquence la
somme de $175,000,000 prévue en 1961 est remplacée par une somme
de $250,000,000.
M. JOHNSON: On en reste, M. le Président, à $40,000,000
par année.
M. GERIN-LAJOIE: Pardon?
M. JOHNSON: C'était le maximum annuel qu'on avait prévu
dans la première loi, $40,000,000 ou si c'était dans la
deuxième loi?
M. GERIN-LAJOIE: Dans la première loi.
M. JOHNSON: Dans la première, on en demeure à ce
maximum.
M. GERIN-LAJOIE: Oui. Le même montant par année, on le
prolonge de deux ans.
M. JOHNSON: M. le Président, est-ce l'endroit pour soulever un
problème dont la discussion n'est pas du tout anticipée pour le
ministre, j'en suis certain, c'est le problème de la
répartition.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce qu'on pourrait en discuter à l'article 3
du bill où on aura les annexes prévoyant un montant pour chaque
université?
M. JOHNSON: Ce sera peut-être à ce moment-là plus
approprié si le ministre préfère attendre ce
moment-là. Je suis prêt à adopter la résolution No
1. Quant à la résolution No 2, M. le Président, vous
l'avez...
M. LE PRESIDENT: Résolution 1, adoptée?
M. JOHNSON: ... devant vous. Le lieutenant-gouverneur en Conseil peut
autoriser le ministre des Finances à payer une subvention
accordée en vertu de la présente loi en assumant l'obligation
d'acquitter un emprunt obligataire contracté par l'institution
créancière de la subvention. En ce cas, le ministre des Finances
acquitte à chaque échéance à même le fonds
consolidé du revenu, les intérêts et l'amortissement ou les
versements dus sur le principal de l'emprunt obligataire. Il s'agit d'un
alinéa qu'on ajoute à l'article 8.
Or, lorsque le ministre a donné des explications sur ce bill en
première lecture, il est très amusant de constater qu'il n'a pas
parlé du tout de ce troisième effet du bill. En effet on peut se
référer à la page 4041 des Débats de
l'Assemblée législative pour le mercredi 17 juin. Le ministre
fait semblant que ce n'est pas important et, pour des gens qui n'auraient pas
l'occasion d'étudier ces problèmes comme je dois le faire par mon
devoir d'état, ça passerait.
Moi, j'ai une explication à ça, que le président
pourra certainement contredire, que le ministre pourra contredire, mais qui,
à mon sens, est très claire. Le gouvernement ne veut pas trop
donner de publicité à ce dernier amendement et voici pourquoi: on
se rappellera qu'en 1961, lorsque le ministre a présenté sa loi,
l'Opposition l'a dénoncée cette loi avec violence en
déclarant qu'elle n'était passée que pour des fins de
publicité politique, qu'elle était inutile et qu'elle ne
servirait, en somme, qu'à exercer un plus grand contrôle et,
peut-être, du patronage politique.
Nous disions dans le temps que les lois de l'Union nationale, 8-9
Elisabeth II, chapitre 5, chapitre 11 et chapitre 15, suffisaient pour le
règlement des finances des universités. En effet, l'article 2 de
la Loi, 8-9 Elisabeth II, chapitre 5, permettait au gouvernement de garantir le
remboursement de tout emprunt obligataire d'une université en capital et
intérêts, et aussi de payer toute annuité d'un emprunt
obligataire tant le capital que les intérêts.
Cette loi, le gouvernement l'a abrogée, en passant la Loi 8-9
Elizabeth II, chapitre 34, et aujourd'hui on voit ce même gouvernement
libéral demander aux Chambres de rétablir une disposition de la
loi que l'Union nationale avait passé dans le temps. C'est là
exactement la portée de l'article 2.
En somme, vous comprenez le problème, M. le Président. Il
fallait les entendre, ces libéraux là, à ce
moment-là. Tout ce que l'Union nationale avait fait, ça n'avait
pas de bon sens et le ministre des Finances avait une éloquence dans ce
temps-là, il était plus jeune de trois ans en âge et de
peut-être dix ans en énergie. Il avait à ce
moment-là le don, en montant sur le bout de ses pieds, de nous dire
combien on...
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, le bill 43.
M. JOHNSON: ... avait raison d'abolir des dispositions de la loi de
l'Union nationale, chapitre 5, et aujourd'hui subrepticement, sans que le
ministre trouve que ça vaille la peine de le mentionner lorsqu'il donne
les explications pour la première lecture, on rétablit cette
disposition. Pourquoi? Parce que l'administration est en mauvaise posture
financière. Parce que la façon de procéder que nous avions
instaurée était la plus logique et la plus intelligente. M. le
Président, nous avons là une preuve additionnelle que le
gouvernement, après bien des promesses, après bien des critiques
de l'ancien régime, revient au bon sens et nous demande d'édicter
aujourd'hui une provision qu'il avait fait abolir dans le temps à grands
coups de clairon en déclarant qu'elle était
inadéquate.
Le gouvernement revient au bon sens, à un petit peu plus
d'humilité. Le gouvernement est rendu à bout de souffle. Cela se
voit au point de vue financier et il est obligé, dans ce domaine comme
dans bien d'autres, de prendre la voie prudente, celle d'assumer les paiements
des versements dus par une université qui aurait fait un emprunt
obligataire. C'est d'ailleurs la méthode que le gouvernement a
décidé de suivre pour venir en aide aux hôpitaux quant
à leurs dettes, mais dans le cas des hôpitaux le gouver- nement ne
s'engage pas pour un long terme, il ne le fait que sur une base annuelle.
Quant à la présente loi, il n'est pas clair que le
ministre, du moins dans la rédaction à première vue,
puisse s'engager avec l'autorisation du lieutenant-gouverneur à long
terme. On dit ici: « Le lieutenant-gouverneur peut autoriser le ministre
des Finances à payer une subvention accordée en vertu de la
présente loi en assumant l'obligation d'acquitter un emprunt obligataire
contracté par l'institution créancière de la subvention.
»
Peut-être qu'on peut dire que le ministre peut intervenir lors de
l'émission et de prendre l'engagement, comme cela s'est fait de temps
immémorial, de payer à chaque émission, à chaque
terme, à chaque échéance, le montant ou partie du montant
que le gouvernement aurait décider d'assumer.
J'aimerais entendre le ministre de l'Education se lever et dire: «
L'Union nationale avait raison de passer cette loi en 1959 et elle avait raison
en 1961 de nous critiquer lorsque nous avons aboli ladite loi ou au moins
l'article 2 de cette Loi qu'on édicté de nouveau par la
présente résolution ».
M. LE PRESIDENT: Résolution numéro 2.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, non au sujet de l'article
numéro 2, si vous me le permettez, je vais dire quelques mots, non pas
sur le ton qu'a employé le chef de l'Opposition, parce que même
s'il n'a pas élevé physiquement le timbre de la voix, et il a
commencé par certaines insinuations que je qualifierais volontiers de
malveillantes en ce qui concerne la façon dont j'ai
présenté le bill à cette Chambre en première
lecture.
Je ne m'en prendrai pas à ses paroles sur les intentions qu'il
m'a prêtées en particulier. Je m'en tiendrai simplement à
l'article 2 qui est actuellement devant nous et à sa justification. Tout
d'abord, à la grande déception, sans doute, du chef de
l'Opposition, je ne dirai pas ce qu'il me demandait de dire dans ses
dernières paroles; la Loi du financement des investissements
universitaires telle qu'adoptée par cette Chambre et par la
Législature en 1961 est une loi dont nous sommes fiers, une loi qui a
favorisé le développement rapide des universités du
Québec et une loi qui continuera à favoriser ce
développement rapide des universités du Québec et une loi
qui continuera à favoriser ce développement des
universités sans mettre en danger en aucune façon leurs
structures financières, ce qui est essentiel au progrès des
universités.
La Loi de 1961 à laquelle le chef de l'Opposition a
référé, du moins la section 1 de cette Loi,
prévoyait le paiement comptant des subventions accordées par le
gouvernement aux universités de la province. Il n'y a eu à cette
règle d'ordre général qu'une exception prévue dans
la section 2 de la loi telle qu'adoptée en 1961, section 2 qui
prévoyait la possibilité pour les institutions d'enseignement
supérieur d'emprunter de la Société centrale
d'hypothèques et de logement et d'obtenir non seulement la garantie du
gouvernement mais la promesse que le gouvernement rembourserait capital et
intérêts sur ces emprunts.
L'explication a été donnée à
l'époque, c'est que la Société centrale
d'hypothèques et de logement offrait des conditions d'emprunt que nulle
institution financière commerciale ne pouvait offrir,
c'est-à-dire un prêt dont le remboursement était
réparti sur 50 ans et à un taux d'intérêt
inférieur à celui que peuvent accorder les institutions
financières ordinaires et que peut supporter le marché commercial
ordinaire.
Maintenant, quel est le but de l'article qui est présenté
ici? Il est très simple. C'est que des institutions ont
déjà contracté des emprunts, institutions qui sont
considérées comme éligibles aux subventions prévues
à la section 1 de la Loi du financement des investissements
universitaires. Or, si en pareil cas, le gouvernement payait comptant la
subvention qui lui a été remise d'accorder, en vertu de la
section 1, l'institution d'enseignement ne pourrait, elle, racheter ses
obligations émises sur le marché sans une pénalité
financière. D'accord.
M. JOHNSON: Un cas.
M. GERIN-LAJOIE: Le chef de l'Opposition l'admet.
M. GERIN-LAJOIE: Effectivement, je n'ai rien à cacher. Bien au
contraire, c'est l'occasion toute désignée pour expliquer
à cette Chambre, les buts complets des articles des lois qui sont
présentées, cet article est spécifiquement
inséré dans la loi à l'occasion de la situation
présentée par le Collège St-Paul à Montréal.
En principe, en vertu de la loi du financement des investissements
universitaires votés en 1961, une institution d'enseignement doit
présenter son projet d'expansion avant de s'engager dans la
réalisation du projet, donc avant d'en courir aucune dépense,
aucune dépense significative. De la sorte il est possible pour le
gouvernement de payer ces subventions comptant au fur et à mesure que
les dépenses sont encourues par l'institution.
Seulement le ministère de l'Education et le conseil des
ministres, ministère de la Jeunesse à l'époque et le
conseil des ministres en sont venus rapidement à la conclusion qu'il ne
fallait pas pénaliser les institutions qui s'étalent
engagées dans des programmes d'expansion après septembre 1959,
alors que le premier ministre de l'époque, chef d'un nouveau
gouvernement, avait annoncé une nouvelle politique d'aide
financière du gouvernement pour l'expansion des investissements des
institutions universitaires. Alors que des institutions se sont engagées
dans des programmes, sans pouvoir bénéficier des lois
adoptées par le gouvernement de l'époque, et sans pouvoir,
d'autre part, soumettre au nouveau gouvernement élu en juin 1960, ces
projets d'expansion attend pour recevoir une promesse de subvention avant de
réaliser les investissements.
Pour ne pas pénaliser de telles institutions donc celles qui se
sont engagées dans des programmes d'expansion entre septembre 1959 et
septembre 1961, à peu près, après l'adoption de la loi en
juin 1961, pour ne pas pénaliser ces institutions, le gouvernement a
décidé de proposer à cette Chambre et à la
législature d'insérer l'article 2 pour permettre au gouvernement
d'assumer les obligations ainsi engagées. Effectivement le cas du
collège St-Paul est très simple, c'est que M. le
Président, après que le programme de cette institution a
été soumis au gouvernement à l'époque, nous en
sommes venus à la conclusion qu'une subvention d'au-delà d'une
somme que je n'ai pas devant moi, que mes fonctionnaires pourront
peut-être me fournir, d'une somme variant entre $1,000,000 et $2,000,000
devait être accordée mais cette somme n'a pas été
accordée parce que les dépenses étaient encourues par
l'institution.
Comme c'était déjà payé à même
le produit de l'emprunt que l'institution avait contracté sur le
marché, et effectivement, depuis l'adoption de la loi en 1961, le
gouvernement, par le ministère de la Jeunesse a versé à
cette institution au titre de la loi du financement des investissements
universitaires en 1962-1963, une somme de $55,000, en 1963-64 une somme de
$110,000 correspondant au paiement d'intérêt et au remboursement
de capital qui venait d'être échu à cette époque, et
une fois l'article proposé, comme article numéro 2 du bill 43
adopté, le ministère de l'Education pourra accorder au
collège St-Paul une subvention du montant prévu suivant les frais
de construction, mais une subvention qui sera payée au fur et à
mesure des échéances de capital et d'intérêt,
conformément aux termes de l'émission d'obligations
assumée par cette institution. Le gouvernement
n'a pas d'autres dessins, ni machiavéliques ni de
générosité, il s'agit de cas comme celui-là, et le
gouvernement a bien l'intention de continuer à appliquer la loi du
financement des investissements universitaires selon l'esprit de la loi, c'est
à dire, en payant comptant les subventions qui sont accordées,
soit aux universités énumérées dans l'annexe A,
soit aux collèges et autres institutions affiliées qui peuvent
recevoir des subventions en vertu de l'article 7, de la loi.
M. JOHNSON: M. le Président, il reste que si le gouvernement
n'avait pas aboli cet article, la loi de 1959, il ne serait pas obligé
de nous demander de la réédicter. Il ne s'en servira dit-il que
pour le collège St-Paul.
M. GERIN-LAJOIE: Et des cas analogues d'obligations déjà
encourues et non pas d'obligations à encourir.
M. JOHNSON: Le ministre, ni le Cabinet ne sont liés par cette
déclaration que nous venons d'entendre, et une fois que la Chambre aura
donné le pouvoir de procéder de cette façon, sans
restriction, le gouvernement pourra continuera le faire. Cette année, je
présume, nous pourrons nous mettre au courant des détails, et
nous pourrons savoir comment on a utilisé ces pouvoirs. Quant à
moi, M. le Président, je suis prêt à adopter cette
résolution.
M. LE PRESIDENT; Est-elle adoptée?
M. GERIN-LAJOIE: Quant à la résolution No 3, M. le
Président, deux choses. D'abord il s'agit surtout de l'annexe A qui
prévoit les subventions aux universités de la province, mais je
crois que c'est le moment approprié, M. le Président, pour
communiquer à cette Chambre un état complet des subventions
accordées à date aux institutions d'enseignement supérieur
prévues à l'article 7 de la loi de 1961, c'est-à-dire les
institutions de niveau supérieur, de niveau universitaire qui ne sont
pas prévues dans l'annexe A, j'ai ici un grand tableau...
M. JOHNSON: Le ministre en a-t-il une copie?
M. GERIN-LAJOIE: Oui, j'en al plusieurs copies que je veux remettre au
chef de l'Opposition et aux membres de cette Chambre qui en désirent, je
me demande s'il ne serait pas utile de publier cette liste...
M. JOHNSON: Ce n'est pas nécessaire, ça coûte trop
cher.
M. GERIN-LAJOIE: Aux débats, le chef de l'Opposition a-t-il
objection à ce qu'on publie la liste?
M. JOHNSON: Non, non, au contraire, M. le Président.
M. GERIN-LAJOIE: Je suis un peu embarrassé par l'ampleur du
tableau, mais je pense bien que le chef de l'Opposition consentira à ce
que ce tableau apparaisse au « Journal des débats »
simplement pour qu'il complète l'information que je suis appelé
à ce moment-ci à fournir à la Chambre.
M. JOHNSON: Avec plaisir, M. le Président, et je crois que tout
le monde a intérêt à ce que la vérité soit
connue sur ce problème qui est actuellement discuté dans un bon
secteur de l'opinion publique. Il y a eu un travail on le sait,
considérable, qui a fait du bon, le travail de M. Michel Brunet, une
publication dont j'ai ici une copie, datée de 1963, intitulée
« Le financement de l'enseignement universitaire au Québec
».
La publication que M. Brunet a complétée par addenda, il y
avait quelques erreurs. Il a reconnu qu'il y avait quelques erreurs dans sa
plaquette. Moi j'espère que je réfère au bon dossier, de
la bonne plaquette, mais le ministre a contredit ces chiffres qu'avait
utilisés un journal de Montréal, le Journal « Le Devoir
». Je crois cependant que tout le monde a intérêt à
ce que les faits indiscutables soient connus et que la diffusion, une
très large diffusion en soit faite, et l'un des moyens afin que ces buts
soient atteints, c'est précisément d'inscrire au « Journal
des débats » le tableau que le ministre vient de
déposer.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, pour éviter tout
malentendu, le tableau dont j'ai parlé il y a un moment, est
intitulé: « Subventions accordées aux collèges,
séminaires (Cours collégial) et écoles normales
indépendantes de brevet A en vertu de la loi du financement des
investissements universitaires ».
Les subventions, énumérées dans ce tableau,
ajoutées aux subventions qui sont mentionnées à l'annexe
A, du bill 43 de la présente session, constituent
l'énumération complète des subventions accordées
depuis 1961, en vertu de la Loi du financement des investissements
universitaires. Et je dépose également un deuxième
tableau, intitulé subventions d'investissement accordés par le
gouvernement du Québec depuis 1961, ce tableau distinguant entre les
universités de langue française et institutions affi-
liées d'autre part, et les institutions de langue anglaise et les
institutions affiliées d'autre part, de sorte que l'on constate, dans la
dernière colonne de droite de ce tableau, que les institutions de langue
française se sont vues accorder jusqu'ici, des subventions pour la somme
totale de plus de $146,292,717.21, alors que les institutions de langue
anglaise, se sont vues accorder une somme totale de $54,420,000, soit un total
en tout de $200,712,717.21.
M. LESAGE: Est-ce que je comprends que le chef de l'Opposition veut que
ce soit en appendice au Journal des débats.
M. JOHNSON: C'est le ministre qui a demandé ça, j'ai
consenti avec plaisir.
M. LESAGE: Ah bon. Alors il est dix heures.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le chef de l'Opposition veut débattre
davantage l'article 3, ou si dans les circonstances...
M. JOHNSON: Oui, j'aurais aimé parler de l'article 3.
M. LE PRESIDENT: Alors, il est dix heures et je suggère que les
appendices apparaissent en troisième lecture.
M. BEDARD (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité n'a pas
fini de délibérer, et qu'il demande la permission de
siéger à nouveau.
M. HYDE (président): Quand siégera-t-il? A la prochaine
séance? A la prochaine séance?
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je demanderais la permission de
la Chambre pour déposer à ce moment-ci le rapport, le 6e et
dernier rapport du comité spécial, institué aux fins
d'étudier les dispositions qui doivent régir la
négociation collective des conditions de travail, ainsi que l'arbitrage
dans les services publics, et le procès verbal de la 8e et
dernière réunion du comité.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le consentement est donné?
M. JOHNSON: Bien, à ce qu'il doit déposer,
considéré comme lu mais non reçu pour le moment.
M. LESAGE: Comment « et non reçu »?
M. JOHNSON: Bien voici, c'est ce qu'on a fait pour les autres...
M. LESAGE: Ah! bon, très bien, oui.
M. JOHNSON: ... je n'ai pas eu le temps de le regarder.
M. LESAGE: C'est une question de procédure.
M. JOHNSON: Très bien.
M. LESAGE: M. le Président, demain...
M. JOHNSON: A part ça, M. le Président, peut-être
que vous allez décider cette nuit qu'il n'est pas recevable? Je voudrais
vous laisser votre liberté.
UNE VOIX: C'est possible.
M. LESAGE: M. le Président, le comité des bills publics
n'a pas terminé son travail mais nous allons siéger après
10 heures pour tenter de terminer l'étude des trois bills. Il y en a
déjà deux de passés et nous espérons pouvoir
adopter le troisième avec des amendements d'ici minuit.
M. JOHNSON: On tirera les conclusions qu'on voudra, mais nous autres on
a trouvé moyen d'adopter bien plus de bills que les gens d'en bas.
M. LESAGE: M. le Président, j'ai dit, en confidence, au chef de
l'Opposition certaines
raisons pour lesquelles l'étude du premier des bills, celui qui
concerne les plombiers, avait été longue. Je n'ai aucune
intention de répéter ces raisons à la Chambre.
Demain, M. le Président, nous étudierons en comité
plénier la Loi des agents de réclamation. Ensuite la 2e lecture,
je crois, ou je ne sais pas, je n'ai pas le bill devant moi,c'est
peut-être seulement sur résolutions (je ne crois pas), les
allocations scolaires; ensuite les amen- dements à la Loi de la
Commission des accidents du travail et, si nous avons terminé avant midi
et demie, nous commencerons l'étude des crédits du
secrétariat de la province. Ceci ne vaut que pour demain; l'agenda pour
lundi sera différent.
M. LE PRESIDENT: La Chambre est ajournée à demain matin
à 10 heures et demie.
ANNEXE Référer à la version PDF page 4595
ANNEXE Référer à la version PDF page 4596