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(Dix heures et demie du matin)
M. le Président: Qu'on ouvre les portes. Let the doors be
opened.
À l'ordre, messieurs!
Affaires courantes!
Présentation de pétitions.
Lecture et réception de pétitions.
Présentation de rapports de comités élus.
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Le bill C-76 sera-t-il
discuté à la conférence
fédérale-provinciale?
M. Johnson: M. le Président, le premier ministre a
peut-être pris connaissance, comme moi, de la réponse que
l'honorable Chevrier, premier ministre intérimaire du Canada, a
donnée à une question posée par le député de
Joliette-L'Assomption-Montcalm. Il s'agit toujours du bill C-76. M. Chevrier
aurait répondu, je crois avec raison, qu'il ne voulait pas intervenir
dans la conférence des premiers ministres. Le premier ministre de la
province a demandé que le bill soit différé
jusqu'après l'étude par les premiers ministres. Ma question au
premier ministre: A-t-il l'intention de demander que cette question, les
problèmes posés par le bill C-76, soit étudiée
à la conférence fédérale-provinciale qui doit avoir
lieu et à laquelle on doit discuter d'autres problèmes de
même nature?
M. Lesage: M. le Président, toutes ces questions touchent au
même problème et je n'ai pas reçu de réponse du
premier ministre du Canada à ma lettre du 7 juin, je crois. Et, avant de
faire des commentaires, je crois que tout le monde trouvera raisonnable que
j'attende cette réponse.
L'étude du bill 60
M. Johnson: M. le Président, est-ce que, vu que c'est mercredi,
journée des députés, le premier ministre me dirait s'il a
l'intention d'appeler l'article 36 cette semaine?
M. Lesage: 36. Je vous le dirai demain matin.
M. Johnson: Demain matin. Le premier ministre a dû recevoir quant
au bill 60 des demandes...
M. Lesage: M. le Président, le bill 60...
M. Johnson: ... pour que l'étude soit différée,
est-ce qu'il a l'intention de se rendre à ces demandes?
M. Lesage: Je vais dans un instant donner l'ordre du jour pour
aujourd'hui; je donnerai ce soir l'ordre du jour pour demain et, demain matin,
lorsque nous nous réunirons, je serai en mesure de dire à quel
moment nous appellerons le bill 60.
M. Johnson: Tout de même, M. le Président vous comprendrez
qu'il s'aoit d'une loi importante et s'il a l'intention de l'appeler
vendredi...
M. Lesage: Évidemment qu'il s'agit d'une loi importante et nous
allons l'étudier le plus rapidement possible. Je sais que le chef de
l'Opposition a hâte de faire tous les grands discours qu'il
prépare depuis quelque temps. Mais, c'est demain matin que je serai en
mesure de lui donner une réponse. Je lui demande, il me semble que c'est
normal, 24 heures pour le leader de la Chambre, pour lui dire
précisément quand la loi viendra pour étude.
M. Johnson: M. le Président...
M. Lesage: Je traite le chef de l'Opposition aux petits oignons, je l'ai
trop gâté, M. le Président.
M. Johnson: M. le Président, je dois admettre que c'est vrai,
j'ai reçu un cahier du ministère de la Jeunesse, comme d'ailleurs
mes collègues, et il y a là-dedans un alphabet...
M. le Président: Un débat.
M. Johnson: Non, non, c'était un remerciement, M. le
Président. Et il y a même un endroit où c'est inscrit
"Discours du premier ministre", c'est un endroit réservé d'avance
le discours du premier ministre et il paraît qu'il est épais comme
ça, M. le Président.
M. le Président: Affaires du jour.
M. Lesage: M. le Président, je prooose la suspension de la
séance jusqu'à 4 heures, suivant l'entente intervenue hier, et,
lorsque nous reviendrons en Chambre, nous prendrons la législation dans
l'ordre suivant: je donne le numéro des articles, parce que c'est plus
facile et plus rapide: no 30, no 34, no 39, no
40. Vos crédits, M. le Président. Les crédits
supplémentaires. Les crédits du ministère du Revenu. Je
pense bien qu'il va être 1(1 heures. Non, j'ai dit vos crédits, M.
le Président. Les crédits supplémentaires, les
crédits du ministère du Revenu.
M. le Président: La séance est suspendue jusqu'à 4
heures cet après-midi.
(Reprise de la séance à 4 h 06 de l'après-midi
Questions au feuilleton
M. Lesage: No 4, question de M. Élie, réponse de M.
Courcy.
No 17, question de M. Gabias, réponse par M. Pinard.
No 21, question de M. Gabias, réponse par M. Lapalme.
No 26, question de M. Élie, réponse de M. Courcy.
No 52, motion de M. Johnston, document déposé par M.
Arsenault.
No 54, motion de M. Gabias, je crois, ou du député de
Champlain, je ne suis pas sûr...
Une voix: M. Bellemare.
M. Lesage: Trois-Rivières, document déposé.
M. Bellemare: Vous n'avez pas une copie?
M. Lesage: Je n'ai pas de copie; la distribution des prix. No 30.
M. le Président: La Chambre de nouveau en comité
plénier sur le bill no 62.
Bill no 62 Comité plénier
M. Bédard (président du comité plénier):
À l'ordre!
M. Arsenault: M. le Président, la deuxième lecture du bill
62 a été adoptée hier soir et nous en sommes à
l'étude de la résolution. Je dois rectifier une
déclaration que j'ai faite hier soir, M. le Président. Le 7 juin,
le premier ministre du Canada, l'honorable M. Pearson, écrivait à
l'honorable M. Lesage, premier ministre de la province, en réponse
à une lettre du premier ministre de la province, et je citerai le
deuxième paragraphe. Comme cela a été signalé hier
soir, c'est à la suite de la correspondance entre le premier ministre de
la province et M. Diefenbaker, qui a été reprise par le premier
ministre de la province à la suite de l'élection du nouveau
gouvernement canadien.
Au deuxième pararaghe, M. Pearson dit: "Nous proposerons !e plus
tôt possible, au cours de !a présente session. des modifications
à certains articles de la loi afin de les rendre conformes au titre
général et à la vérité historique."
Mardi, un officier supérieur de l'administration
fédérale m'a informé qu'en effet une résolution
était à l'ordre du jour avait été inscrite à
l'ordre du jour... Pardon?
M. Johnson: Le ministre voudrait-il faire un effort Dour que nous
comprenions, ici?
M. Arsenault: Mardi, M. le Président, un officier
supérieur de l'administration fédérale m'a informé,
à mon bureau, qu'effectivement une résolution avait
été inscrite le même jour au feuilleton de la Chambre,
à Ottawa; et c'est ce que j'ai déclaré en Chambre, hier
soir. Je dois rectifier parce que, ce matin, j'ai demandé aux officiers
de mon ministère de vérifier et, après avoir
communiqué avec Ottawa, ils m'ont informé que la
résolution n'est pas encore inscrite, mais son inscription est
imminente.
M. Johnson: Mais est-ce que ca sera nécessairement une
résolution?
M. Lesage: J'ai seulement une chose à dire, c'est que je ne sais
pas qui a informé le Secrétaire de la province, mais je ne suis
pas sûr qu'une résolution soit nécessaire.
M. Johnson: Rien voici, moi non plus; c'est une correction tout
simplement dans la loi.
M. Lesage: Dans la loi, c'est sûr, ca serait le projet de loi, pas
une résolution.
M. Arsenault: Pas une résolution. De toute façon, c'est ce
qu'on m'avait dit hier, c'est ce qu'on m'avait dit mardi; seulement, je puis
dire de façon précise que, dans le courant de la semaine
prochaine, le ministre concerné à Ottawa doit déposer le
rapport annuel de la Commission d'administration du centenaire de la
Confédération du Canada et qu'à cette occasion il en
profitera pour réaffirmer que le gouvernement canadien actuel proposera
le plus tôt possible des modifications à certains articles de la
loi précitée afin de les rendre conformes au titre
général et à la vérité historique.
M. Johnson: Qui est le ministre à Ottawa chargé de cette
loi?
M. Arsenault: C'est le président du conseil, M. Lamontagne.
M. Johnson: Est-ce que le ministre est
bien certain?
M. Lesage: C'est dans la note que je viens de voir et qui vient de M.
Darveau.
M. Johnson: Évidemment, c'est dans la loi fédérale,
le mot "ministre" désigne le premier ministre du Canada ou tel autre
membre du Conseil privé de la reine pour le Canada que désigne le
gouverneur en conseil; mais il faudrait que cela ait été fait
récemment. Il y eut hier ou avant-hier, à Québec, une
réunion de la Commission du centenaire, présidée par M.
Fletcher; est-ce qu'il y avait un ministre d'Ottawa ici, est-ce que
Québec a été invité?
M. Arsenault: Non, les membres de la commission étaient à
Québec lundi, jour de la Confédération. Ils ont tenu une
réunion lundi, ils sont venus me rendre visite à mon bureau, M.
le Président, mardi.
M. Johnson: M. le Président, je l'ai expliqué hier, nous
votons une loi sans avoir connaissance des amendements faits par Ottawa.
Évidemment, il y a un engagement, M. Pearson a présenté
une loi.
M. Lesage: J'ai été très précis dans ma
correpondance.
M. Johnson: Oui, oui. Le premier ministre a été
très précis, je l'approuve à part ça.
M. Lesage: M. Pearson a été très précis
aussi.
M. Johnson: M. Pearson dit: Nous proposerons le plus tôt possible,
au cours de la présente session, des modifications à certains
articles de loi afin de les rendre conformes au titre général et
à la vérité historique.
M. Lesage: Ça fait suite aux représentations.
M. Johnson: Mais tout à coup que ça ne passerait pas.
M. Lesage: Mais oui, mais, si ça ne passe pas, il n'y a rien qui
nous oblige d'agir; si ça passe, nous serons prêts, sans
être obligés d'attendre une autre session.
M. Johnson: Oui, on pourrait, le député de Missisguoi me
le suggère, mettre que la loi entrerait en vigueur sur
proclamation...
M. Lesage: D'accord. Voici, c'est parce que nous avons des projets que
l'on voudrait amorcer, à un moment donné, et des projets auxquels
nous donnerions peut-être suite, même si cette loi n'existait
pas.
M. Dozois: Vous la proclamerez, la semaine prochaine, si vous
voulez.
M. Lesage: Il y a certains projets, aussi bien le dire; nous songeons
sérieusement à profiter de cette loi pour développer un
parc historique à Carillon, un tiers Hydro-Québec, un tiers
fédéral, un tiers gouvernement provincial, et aussi un autre parc
historigue aux chutes Montmorency, de l'autre côté, du
côté nord-est de la rivière, sur l'escarpement. Là
encore ce serait un tiers Hydro, un tiers province de Québec et un tiers
gouvernement canadien. Ce sont deux projets qui franchement nous
intéressent grandement et qui seraient un grand actif, je crois, pour la
province et pour sa population.
M. Johnson: A Montmorency, qui va payer l'autre tiers?
M. Lesage: L'Hydro. M. Johnson: Ah l'Hydro!
M. Lesage: Oui, mais l'Hydro est devenue propriétaire.
M. Johnson: Oui, mais qu'est-ce qu'elle a?
M. Lesage: Oui, mais il y a tout l'autre côté, c'est
magnifique, j'invite sérieusement le chef de l'Opposition, s'il a
l'occasion d'aller jouer une partie de golf à Boischâtel,
d'arrêter quelques minutes de l'autre côté de la
rivière, après avoir passé l'ancien Kent, qui est
maintenant la rivière Montmorency.
M. Johnson: Pourquoi ce serait l'Hydro qui paierait?
M. Lesage: Une partie du terrain appartient déjà à
la compagnie Québec Power.
M. Johnson: Oui, mais pourquoi ce serait l'Hydro qui débourserait
pour faire un parc?
M. Lesage: C'est parce que la chute est la propriété de
l'Hydro et une partie du terrain du côté nord-est de la
rivière est la propriété de l'Hydro.
M. Johnson: Oui! Ils vont finir par faire augmenter les taux avec toutes
ces dépenses-là.
M. Lesage: Oh non. Cela coûte meilleur marché que bien
d'autres choses.
M. Bédard (président du comité plénier):
Article 1, adopté. Article 2.
M. Johnson: Le premier ministre a déjà pris des
engagements...
M. Lesage: Je dis que nous y songeons. En principe, je trouve que ce
sont d'excellentes suggestions sur lesguelles il faut s'arrêter et quant
a Carillon, après tout, il y a le souvenir de Dollard-des-Ormeaux que
nous rappellerions et un parc à Carillon desservirait la région
métropolitaine de Montréal, permettrait aux gens de
Montréal d'aller visiter ce parc et même s'y reposer en fin de
semaine. À Québec, ce serait pour le tourisme et, même pour
les citoyens de Québec, un actif considérable parce que la vue de
l'autre côté, la vue des chutes du côté nord-est de
la rivière Montmorency, sur la rive gauche de la rivière, est
encore plus belle que celle que nous pouvons avoir de la maison Montmorency ou
même de ce petit promontoire qui avait été construit dans
le temps où la maison Montmorency était le Kent House.
M. Johnson: Seulement, quant au parc à Carillon, l'Hydro y
songerait depuis longtemps à en installer un; le site, d'abord, est
historique, si on peut finir par s'entendre sur un des endroits...
M. Lesage: Ne commençons pas à nous chicaner
là-dessus.
M. Johnson: Cela m'a l'air que ce n'est pas encore réglé.
Deuxièmement, le développement du barrage et les usines
présentent en soi un intérêt assez grand pour les touristes
et l'Hydro songeait dans le temps, dans les bonnes années, avant 1960,
à faire un parc qui constituerait un très grand attrait pour le
tourisme et qui serait en même temps une occasion pour notre population
de la région de Montréal de se familiariser avec un
développement hydroélectrique. C'est la magnifique occasion pour
préparer nos enfants à comprendre ce que constitue le
développement hydroélectrique. Quant à Montmorency, je
comprends que ça appartient à Québec Power et que l'Hydro
en est devenue propriétaire, mais je verrais mal que l'Hydro
dépense beaucoup d'argent à Montmorency, alors qu'il me semble,
ça doit être donné par...
M. Lesage: M. le Président, c'est parce que le
député de Baqot demeure à Montréal; quand c'est
près de Montréal, c'est correct, mais quand c'est près de
Québec, ah non, tout dans les alentours de Montréal, rien pour
les alentours de Québec.
M. Johnson: Le premier ministre n'est pas sérieux.
M. Lesage: Il est comme ces gens de Montréal qui disent: Je m'en
vais en ville.
Pour eux, ça ne peut être que Montréal.
M. Johnson: M. le Président...
M. Lesage: Moi, des fois, M. le Président, je dis: Je m'en vais
en ville. Quelqu'un me dit: Ah, tu t'en viens à Montréal? Je dis:
Non, je m'en vais chez nous, à Québec.
M. Johnson: M. le Président, le premier ministre voudrait
soulever évidemment un point ici qui dans son intention embêterait
peut-être l'Opposition, le premier ministre qui est né à
Montréal.
M. Lesage: Ah oui, je suis né à Montréal, mais je
ne suis pas prêt à dire que je m'en vais en ville quand je parle
de Montréal.
M. Johnson: Ses concitoyens de Montréal, M. le Président,
il vient de semer le mépris sur eux, dans cette Chambre.
M. Lesage: Jamais de la vie.
M. Johnson: C'est une manifestation...
M. Lesage: M. le Président, le parc de Carillon, d'après
les estimations préliminaires, coûterait à peu près
trois fois, au plus trois fois ce que coûterait l'aménagement d'un
parc aux chutes Montmorency. Alors, il me reste encore un peu d'atavisme pour
Montréal...
M. Johnson: Si le premier ministre veut bien me laisser terminer. Je
comprends, il a été adopté par Québec et il s'y
trouve bien d'ailleurs, il a une majorité confortable. Mais je lui dirai
que je suis encore plus à l'aise que lui. Je représente Bagot qui
n'est ni Montréal ni Québec...
M. Lesage: Non, mais vous demeurez à Montréal.
M. Johnson: Et qui est très bien situé entre
Montréal et Québec.
M. Lesage: C'est loin de Québec.
M. Johnson: In medio stat virtus. Disons que le milieu est un peu
rangé du côté de Montréal mais il reste guand
même...
M. Lesage: Non, mais je suis certain que le député de
Bagot est un de ceux qui disent: Je m'en vais en ville. Cela, ça veut
dire Montréal.
M. Johnson: Ah non, M. le Président, quand je m'en vais en ville,
moi, je m'en vais à Acton Vale, dans le comté de Bagot, et puis,
quand je m'en vais au village, c'est
à Saint-Pie.
M. le Président, je voudrais parler des dépenses qui ont
déjà été faites, mais je pense que c'est sous
l'article 3, sur la résolution tantôt.
M. Bédard (président du comité plénier):
Alors, 1, adopté.
Article 2, adopté.
M. Johnson: Non, non, 2... Alors, vous voyez, c'est là qu'est le
point, M. le Président. Avec l'article 1 d'ailleurs, nous autorisons le
ministre à prendre une entente avec le gouvernement du Canada ou un
organisme créé par lui, par la loi 9-10 Elizabeth Il, chapitre
60, contre laquelle loi nous avons un tas d'objections nous aussi, objections
que le premier ministre a très bien exprimées dans ses lettres au
premier ministre du Canada, lettres qui se sont adoucies dans le ton avec le
changement du titulaire de la fonction de premier ministre du Canada. Mais de
toute façon le fond est exact quelle qu'en soit la forme, adoucie ou
aigrie, et nous espérons que le ministre secrétaire de la
province ne se hâtera pas d'aller signer des enqagements avant qu'Ottawa
n'ait donné suite à la lettre de M. Pearson en date du 7
juin.
M. Arsenault: D'ailleurs, le premier ministre a donné cette
garantie-là.
M. Johnson: Vous savez, quand c'est le premier ministre de Québec
qui écrit à M. Pearson à Ottawa, le 7 juin, pour lui
demander de retarder une loi, un mots après on n'a pas de
réponse; et quand c'est M. Pearson qui écrit au premier ministre
le 7 juin, le même jour, moins d'un mois après on est prêt
à adopter une loi à Québec; c'est ça qui n'est pas
tout à fait normal. On n'a pas cette attitude...
M. Arsenault: Mais il y a une autre chose, M. le Président, qui
n'est pas tout à fait normale; quand le premier ministre de
Québec écrit sur le même sujet à M. Diefenbaker,
ça lui prend trois mois et puis il répond: Non.
M. Johnson: Il n'a pas répondu: Non.
M. Arsenault: Il a répondu: Non. Il a mis des formes.
M. Johnson: Il n'a pas répondu: Non, M. le Président Et
d'ailleurs le secrétaire ne devrait pas parler ainsi. Il y avait
à Ottawa M. Pearson et 58 autres libéraux qui ont voté
unanimement cette loi-là quand elle a été
présentée à Ottawa en 1960. Si le ministre avait
été encore député fédéral il aurait
voté pour cette loi, à tour de bras, il n'aurait jamais fait de
lutte là-dessus.
Adopté, quant à moi.
M. Bédard (président du comité plénier): 1
et 2, adopté.
M. Johnson: Oui, et 4, je le changerai tantôt.
M. Bédard (président du comité plénier):
M. le Président, le comité n'a pas fini de
délibérer et demande la permission de siéger de
nouveau.
M. le Président: Quand siégera-t-il, même
séance? Même séance.
M. Arsenault: M. le Président, Son Honneur le
lieutenant-gouverneur avant pris connaissance de ce projet de loi, il a plu
à Son Honneur le lieutenant-gouverneur d'en recommander l'adoption.
M. le Président: M. Arsenault propose que je quitte maintenant le
fauteuil pour que la Chambre se forme en comité plénier pour
étudier la résolution concernant le bill 62. Cette motion est
adoptée? Adopté.
M. Bédard (président du comité plénier):
Bill 62, la résolution.
M. Johnson: La résolution, M. le Président, concerne les
dépenses. Je comprends qu'il y a déjà un engagement pour
la province qui a été pris même avant que la loi ne
fût votée ici. Et c'est pour contribuer à la construction
d'un édifice commémoratif à Charlottetown. Quel est le
montant et en vertu de quelle loi le premier ministre s'est-il
engagé?
M. Arsenault: M. le Président, ça relève
peut-être de la loi mais...
M. Lesage: Non, non.
M. Arsenault: C'est une affaire complètement
différente.
M. Lesage: C'est dans les crédits de l'Exécutif.
M. Arsenault: Dans le projet de Charlottetown, le gouvernement
fédéral paie 50% et toutes les autres provinces de la
Confédération, l'autre 50%.
M. Lesage: L'autre 50% au prorata de la population. Et c'est une entente
qui est intervenue lors d'une conférence interprovinciale. Il n'y a pas
de loi à ce sujet-là. C'est une entente purement et simplement et
nous demandons à la Législature, dans les crédits de
l'Exécutif, d'approuver les montants.
M. Bellemare: Quel est le montant?
M. Lesage: Je ne m'en souviens pas. Je vous le dirai sur mes
crédits. Cela apparaît d'ailleurs. Vous l'avez le montant, si vous
regardez, je n'ai pas mon volume de crédits, le Conseil
exécutif.
M. Bertrand (Missisquoi): $603,000.
M. Lesage: C'est ce qui va se dépenser cette année.
M. Bertrand (Missisquoi): Contribution au coût de...
M. Lesage: Oui, pour l'année. Mais il restera un peu à
payer sur 1964-1965. C'est $800,000 en tout, à peu près, en
chiffres ronds.
M. Johnson: Le premier ministre nous a fait part de quelques projets.
J'ai été surDris, comme bien des gens dans la province, que le
premier ministre soit si ardent à collaborer à
l'établissement de cet édifice à Charlottetown.
M. Lesage: M. le Président, je viens de dire que nous le
discuterons lors des crédits de l'Exécutif. Cela n'a absolument
rien à faire là-dedans.
M. Johnson: Oui, je sais ça. M. le Président, avant
d'adopter la résolution,...
M. Lesage: Je voudrais avoir mon dossier si on est pour discuter
ça.
M. Johnson: ...j'ai une suggestion à faire au premier ministre.
C'était juste ma première phrase. Une suggestion pour faire
dépenser de l'argent au fédérai et en ménaqer au
provincial. Il me semble que c'est à Québec que devrait ou aurait
dû être inauguré le...
M. Lesage: M. le Président, je n'ai pas mon dossier ici, j'ai
tout l'historique de la Confédération. Lorsque viendront mes
crédits, je serai en mesure d'expliquer les raisons historiques pour
lesquelles c'est à Charlottetown. Pour Québec, j'ai reçu
des propositions pour autre chose. Je n'ai pas mon dossier devant moi, je ne
veux pas parler par coeur; voici un cas où je dois demander qu'on s'en
tienne strictement au règlement.
M. Johnson: M. le Président...
M. Lesage: On ne peut pas me prendre par surprise alors qu'il n'est
aucunement question de ça.
M. Johnson: M. le Président, les dépenses
occasionnées au gouvernement de la province par l'application de la
présente loi sont payées par les deniers votés a cette fin
par la Législature. Je suggère à l'occasion de
l'étude de cette résolution qu'on fasse des dépenses et
qu'on en fasse faire par le fédéral pour marquer, pour bien
marquer...
M. Lesage: M. le Président, cela n'a absolument rien à
faire avec la présente loi qui concorde avec la loi
fédérale. Lorsqu'on viendra à mes crédits, j'ai
plusieurs remarques qui m'ont été faites, je serai prêt
à en faire part à la Chambre, mais au moins qu'on ne me prenne
pas par surprise sur un bill qui n'a absolument rien à faire avec tout
ce qui pourrait être construit à Québec comme
édifice commémoratif semblable ou de même nature que celui
à Charlottetown. Cela n'a absolument rien à faire avec la
présente loi. Cela n'a rien à voir avec la présente
loi.
M. Johnson: M. le Président, je sais bien que cela n'a rien
à faire, elle n'était pas votée, cette loi...
M. Bédard (président du comité
plénier):À l'ordre!
M. Lesage: Je déclare ici que le gouvernement ou, du moins, le
premier ministre est présentement en discussion pour l'érection
d'un monument commémoratif d'une forme ou d'une autre en collaboration
avec Ottawa et les autres provinces à Québec. Cela n'a rien
à faire avec la loi présente. On le discutera sur mes
crédits.
M. Johnson: M. le Président, la loi pour collaborer à la
célébration du centenaire de la Confédération au
Canada...
M. Lesage: Je crois qu'on doit s'en tenir à la déclaration
que je viens de faire et on doit accepter ma parole, M. le
Président...
M. Johnson: Que le premier ministre me laisse donc finir de dire ce que
j'ai à dire, il soulèvera son point d'ordre s'il y a lieu.
Nous sommes à étudier une loi pour collaborer à la
célébration du centenaire de la Confédération au
Canada. Or, avant que cette loi ne fût adoptée par le premier
ministre sans consulter les Chambres pour engager la province à payer
près de $1 million pour commémorer le centenaire de la
Confédération, mais à Charlottetown...
M. Lesage: M. le Président, je regrette...
M. Bédard (président du comité plénier): A
l'ordre!
M. Lesage: Je regrette, M. le Président, d'ailleurs c'est
à Charlottetown que les dernières résolutions ont
été adoptées en vue de la Confédération et
non pas à Québec.
Une voix: D'après le règlement.
M. Bédard (président du comité plénier):
D'après ce qu'il s'est dit, je comprends qu'il s'est engagé, il y
a eu des engagements de pris pour célébrer d'une façon
quelconque le centenaire de la Confédération par des monuments ou
édifices. Mais le premier ministre vient de dire que la présente
loi n'a rien à faire avec les engagements qu'il a déjà
pris et qui sont d'ailleurs mentionnés dans les crédits du
Conseil exécutif. Alors, le chef de l'Opposition s'il a des questions
à poser sur le million qui est engagé ici en vertu de la
résolution, il a le droit de le faire, mais non pas sur des projets
antérieurs qui n'ont rien à faire avec le présent projet
de loi.
M. Johnson: Alors, le million que le premier ministre a
décidé d'annoncer lors de son discours à Charlottetown,
sans avoir consulté les Chambres...
M. Lesage: M. le Président, j'invoque le règlement. Ici,
il est question de contribution du gouvernement provincial...
M. Bellemare: $1 million.
M. Lesage: Ici, bien oui, pour cette année, parce que le total,
c'est $1 par tête de population dans la province. Pour cette
année, c'est un million.
M. Bellemare: C'est ça qu'on discute.
M. Lesage: Bien oui, mais je dis que tous les travaux qui peuvent
être entrepris de commémoration de la Confédération
doivent l'être avec tout organisme relevant du gouvernement de la
province habilité à participer à une entente visée
à l'article précédent et à prendre et à
édicter à cette fin tous les engagements. Or, je dis que
l'édifice de Charlottetown ce n'est pas une construction tripartite
fédérale, gouvernement provincial et institutions de la province
de Québec. Au contraire, c'est le gouvernement fédéral
pour la moitié et les autres provinces pour l'autre moitié
suivant le chiffre de la population de chaque province. Cela n'a rien à
faire avec cela. M. le Président, je suis à l'encontre du
règlement en ce faisant, mais j'essaie d'avoir la paix de la part du
chef de l'Opposition. Qu'il attende donc les crédits, j'ai un dossier
qui comporte des projets pour la ville de Québec, non pas sur la base
prévue au bill 62, mais sur la même base qui a servi à
l'érection de l'édifice de Charlottetown. Qu'on se tienne donc en
ordre, il me semble.
M. Johnson: M. le Président, quand arriveront les crédits
du Conseil exécutif, je demanderai au premier ministre comment il se
fait qu'il ait engagé $600,000 sans en parler à la Chambre.
M. Lesage: M. le Président...
M. Johnson: Pour élever un monument...
M. Bédard (président du comité plénier): A
l'ordre!
M. Lesage: J'invoque le règlement.
M. Bédard (président du comité plénier):
À l'ordre!
M. Lesage: M. le Président, j'invoque le règlement et je
suis obligé, en invoquant le règlement, de le violer
moi-même, parce que je dois dire que je n'ai pas enqagé le
gouvernement ni la Législature à payer les $600,000 qui
apparaissent au livre des estimations budgétaires. Si la Chambre refuse
de les payer, le gouvernement ne les paiera pas ou refusera de les voter. Si le
chef de l'Opposition veut voter contre cet article, il votera contre. C'est son
affaire et n'importe lequel député est libre de voter contre. Si
j'avais la correspondance, je pourrais facilement démontrer que
l'engagement de la province a été pris sujet à
l'aporobation de la Législature, c'est normal. On dirait, ma foi de
Dieu, M. le Président, que le chef de l'Opposition vient d'arriver tout
bébé, tout rose, enfant nouveau-né dans cette Chambre.
C'est vrai qu'il n'avait le droit de rien dire et de rien apprendre quand il
était de ce côté-ci.
M. Gabias: Encore des bêtises.
M. Lesage: Mais, au moins, il devrait savoir que, quand le gouvernement
prend l'engagement de faire des paiements, c'est sujet à l'approbation
de la Législature, c'est l'enfance de l'art.
M. Johnson: M. le Président, vous allez tout de même me
permettre de répondre au premier ministre, au moins dans la partie
où il était dans l'ordre. S'il avait consulté la Chambre
avant son discours à Charlottetown, peut-être que la Chambre lui
aurait dit: Bien, c'est à Québec que ça doit aller le
principal monument, non pas Charlottetown.
M. Lesage: Je viens de dire, M. le Président, que je suis en
pourparlers actuellement, c'est aussi simple que ça. Je
n'ai jamais vu un... Je ne le dis pas.
M. Bédard (président du comité plénier): A
l'ordre:
M. Johnson: M. le Président, je n'ai jamais vu un homme avoir
autant de difficulté à s'adapter à la démocratie
que le premier ministre.
M. Lesage: Ah non, je n'ai pas de difficulté, mais s'adapter
à vous c'est pire que s'adapter à une belle-mère.
M. Johnson: M. le Président, je vais faire ci, je vais faire
ça, je vous donne un million pour Charlottetown, alors que c'est
Québec qui est le berceau de la Confédération.
M. Bédard (président du comité plénier):
À l'ordre, à l'ordre:
M. Johnson: Ça, M. le Président, ce n'était pas
important. Mais, à tout événement, peut-être que, si
on avait eu les explications du premier ministre, on aurait approuvé
même l'affaire de Charlottetown. On verra dans le temps que
Charlottetown, l'Île-du-Prince-Édouard a certainement joué
un rôle dans la naissance de la Confédération, et nous
n'avons pas d'objection en principe à ce que la province de
Québec fasse sa part. Mais, la résolution no 3, M. le
Président, qu'est-ce que le ministre va faire avec cette somme qui peut
aller jusqu'à $1,000,000 et qui n'est pas votée par la Chambre,
qu'il pourra tirer sur le fonds consolidé? Qu'est-ce qu'il a l'intention
de faire avec ce montant-là? Le ministre propose une résolution,
il nous a dit tantôt que le lieutenant-gouverneur était
informé et qu'il en avait approuvé la présentation. Cette
résolution dit entre autres que, pour l'année courante, cela est
payable à même le fonds consolidé du revenu, jusqu'à
concurrence de $1,000,000. Voici qu'on met $1,000,000 entre les mains du
Secrétaire de la province et sans aucun vote de la Législature,
c'est un mandat en blanc, c'est un blanc-seing, c'est un chèque en blanc
que nous donnons au Secrétaire de la province. Qu'est-ce qu'il va faire
avec ce montant de $1,000,000?
M. Arsenault: M. le Président, le gouvernement
fédéral_
M. Johnson: Changement de vie au secrétariat?
M. Arsenault: Ça viendra. Le gouvernement fédéral,
comme le premier ministre vient de le dire, souscrit un dollar par tête
de population, c'est-à-dire que la souscription du gouvernement
fédéral pour la province de Québec va être quelque
chose de l'ordre de $5,500,000. Et comme le gouvernement fédéral
ne participe financièrement qu'au tiers du coût des projets qui
seront soumis, ça voudrait dire que, si la province paie environ le
tiers, le gouvernement fédéral le tiers, les municipalités
ou d'autres organismes relevant du gouvernement, comme Hydro-Québec, le
tiers, nous aurons à dépenser non seulement $1,000,000, mais
quelque chose qui va se stiuer entre $13,000,000 et $15,000,000 d'ici 1967,
pour mettre en oeuvre des projets permanents, parcs, bibliothèques,
édifices publics, qui feront partie de cette célébration
du centenaire de la Confédération. Le million qui est inclus dans
le bill 62 n'est qu'un échantillon du montant qui va être
dépensé. Le chef de l'Opposition nous demande ce que nous allons
faire avec ça. Le premier ministre a déjà mentionné
tantôt deux grands projets, celui de Carillon et celui du parc des chutes
Montmorency, qui à eux seuls, M. le Président, vont prendre comme
participation provinciale plus de $1,000,000. Il est déjà
dépensé avant qu'il soit voté si nous le consacrons
uniquement aux deux projets qui viennent d'être mentionnés par le
premier ministre.
M. Bellemare: Il est déjà dépensé?
M. Arsenault: Bien voyons, si nous le consacrons entièrement
à ces deux projets-là au cours de l'année courante. M. le
Président, le chef de l'Opposition nous demandait ce que nous allons
faire avec le montant de $1,000,000. Alors j'étais à dire
à la Chambre que, si nous nous consacrions à nos deux uniques
projets qui ont été mentionnés par le premier ministre,
ça ne coûterait pas plus que $1,000,000.
M. Johnson: Pourquoi le ministre demande-t-il $1,000,000? Pourquoi pas
$500,000? Pourquoi pas $2,000,000? Je ne sais pas. Est-ce qu'il a une raison
quelconque de s'arrêter à $1,000,000 pour cette année?
M. Arsenault: Bien, $1,000,000 c'est un chiffre rond.
M. Bellemare: Ça, c'est un bon principe.
M. Johnson: C'est un chiffre rond, mais c'est aussi une somme
rondelette, quand on l'ajoute à tous les autres millions.
M. Lesage: On en a mis assez pour être sûrs de ne pas en
manquer si nous avons un départ assez rapide et fructueux sur les deux
projets que j'ai mentionnés.
M. Johnson: Moi, je vais être bien pratique, M. le
Président, je vais demander...
M. Lesage: Il est fort possible qu'on ne le dépasse pas.
M. Johnson: ...au président du Conseil de la trésorerie
quel est le montant qu'il va autoriser au Secrétaire de la province pour
ces fins-là au cours de l'année et pour quelles fins.
M. Lesage: Je viens de dire que nous avons deux projets en tête.
Pour ce qui est du coût des deux projets, je pense que le ministre des
Richesses naturelles en connaît plus que moi et qu'il serait en mesure de
vous donner des détails plus précis.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): La seule chose qu'il y a,
comme le disaient le premier ministre et le Secrétaire de la province,
c'est qu'on a le chiffre global estimatif des deux projets. Il y en a d'autres
qui vont s'ajouter et puis on ne sait pas ce qui va pouvoir être
réalisé cette année, d'autant plus que c'est tripartite.
Alors à quel moment chacun va payer sa part? Mais, en gros, on peut dire
que les deux projets peuvent être évalués à peu
près à $3,500,000, c'est-à-dire celui de Carillon et celui
de Montmorency. Celui de Carillon est beaucoup plus vaste parce que ça
répond à un besoin, plutôt que des monuments inutiles,
ça paraît quelque chose de terriblement important dans la
région métropolitaine. Je sais bien que j'en suis, moi, et je
suis obligé des fois de faire 100 milles pour trouver une place avec ma
famille pour la fin de semaine. Ce serait un parc "multi-purpose" comme ils
disent en anglais, c'est-à-dire les deux rives du bassin qui a
été créé par le barrage de Carillon, des terres en
partie appartenant déjà à l'Hydro et en allant le long de
l'Outaouais, à mesure qu'on pourra le développer, ça
pourrait être camping, pique-nique, canotage.
M. Gabias: Campement.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): C'est campisme ou camping,
je ne le sais pas. En tout cas, pour camping, d'accord, et puis canotage, la
pêche pour autant qu'on pourra peut-être ensemencer et il y a
même une possibilité d'une certaine chasse sportive le long des
rives de l'Outaouais, parce que ça remonte très loin les terres
qui ont été expropriées, forcément à cause
de l'élévation des eaux à même le barrage. Ah,
ça peut être un parc extrêmement important pour la
région métropolitaine qui n'en a pas, puisqu'il faut en
commencer. L'estimation est à peu près $3,500,000. Maintenant les
tranches seront payées le plus vite possible selon les
aménagements, puis il y en a d'assez grosses au début. Alors, il
fallait, prévoir puis il y a d'autres projets qui vont s'ajouter.
M. Johnson: Le ministre est-il d'avis que...
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Maintenant les autres, je
ne peux pas en parler, je ne les connais pas.
M. Johnson: Le parc à la rivière Montmorency, le ministre
est-il d'avis qu'il est urgent lui aussi?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): En deux mots, c'est
simplement ceci, c'est un projet qui avait été déjà
moussé. Il me paraît absolument scandaleux - et je crois que c'est
l'opinion de tous les Québécois, en tout cas, tous ceux de la
région de Beauport - qu'un morceau des chutes Montmorency ne soit pas
réservé pour un parc, parce que c'est à peu près
tout ce qu'on a de vraiment comparable comme beauté naturelle - les
grandes villes, surtout la ville de Québec - à Niagara dont on
sait le sort qu'on lui a fait.
Alors avant que ce soit aliéné et si on peut mettre la
main dessus et le développer en parc et que ça coïncide avec
une année de grand tourisme avec l'exposition en particulier, qu'il y
aurait moyen de... Plus il y aura de l'attraction, plus ça drainera de
ces gens-là vers le reste de la province, mieux ça sera. Ce sera
pour les Québécois et d'abord pour les Québécois
eux-mêmes, dont j'en ai entendu me dire souvent quand j'étais
étudiant: On a les chutes Montmorency, mais on n'a pas le droit d'y
aller ou en tout cas ce n'est pas accessible.
Là, il y a le Kent House, d'un côté, qui est la
Maison Montmorency, mais il s'agit de l'autre côté, pas de la
maison des Dominicains, de l'autre côté.
M. Bellemare: L'ancien Kent House, on peut aller au Kent House...
M. Lesage: Bien, ça coûte un peu cher.
M. Bellemare: Bien là, là.
M. Lesage: Ce sont les Pères Dominicains.
M. Bédard (président du comité plénier):
Adopté.
M. Bellemare: Alors, le gros principe c'est que le million c'est un peu
trop long...
M. Bédard (président du comité plénier): M.
Arsenault propose que [a résolution soit maintenant lue et
agréée. Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. Bédard (président du comité plénier):
Alors, article à...
M. Lesage: Sur la proclamation.
M. Bédard (président du comité plénier):
Article 4, amendé. La présente loi entre en vigueur sur
proclamation. Alors, entre ou entrera?
M. Lesage: ... entre.
M. le Président: M. Arsenault propose que l'amendement soit lu et
agréé. La motion est adoptée. Troisième
lecture?
M. Lesage: Troisième.
Troisième lecture
M. le Président: Troisième lecture adoptée.
M. le Greffier adjoint: Troisième lecture de ce bill, third
reading of this bill.
M. Lesage: No 34.
Bill no 45 Comité plénier
M. le Président: La Chambre de nouveau en comité
plénier pour étudier les résolutions relatives au bill no
45. Bill no 45, résolution no 1.
M. Johnson: Est-ce que le premier ministre avait répondu à
ma question que j'ai posée il y a deux mois?
M. Lesage: Est-ce que le chef de l'Opposition se souvient de sa
question?
M. Johnson: Je me souviens de la question, mais je ne me souviens pas de
la réponse. C'est un bill au sujet duquel la Chambre a joué de
malchance.
M. Lesage: Oui, c'est la généralité.
M. Johnson: Au moment où on s'apprêtait, pardon? Au moment
où nous devions l'étudier, l'après-midi où il
était appelé, ce fut le jour où la Chambre a appris le
décès de Sa Sainteté le pape Jean XXIII et nous avons
ajourné. A ce moment-là, M. le Président, le premier
ministre avait commencé à donner réponse à ma
question.
M. Lesage: Excusez-moi, je...
M. Johnson: Au sujet des compagnies qui volontairement, avaient fait une
entente avec la province et percevaient la taxe au moins au taux de 4% pour
ensuite la retourner au Revenu.
M. Lesage: Il y en avait deux.
M. Johnson: On m'a dit qu'il y avait Eaton et...
M. Lesage: Simpsons. Pour leur comptoir postal respectif.
M. Johnson: C'est ça et j'avais demandé aussi au premier
ministre s'il y avait beaucoup de gens qui proprio motu, de leur propre
initiative écrivent au ministère pour payer la taxe sur des
objets achetés en dehors de la province et qui sont, en vertu de la loi,
taxables.
M. Lesage: Jamais. M. Johnson: Jamais.
M. Lesage: Bien, il peut y en avoir eu, il y en a anonymement, des
remboursements.
M. Bellemare: Cela doit être les remises de Pâques...
M. Lesage: Ah bien, dans les cas des automobiles, oui.
M. Johnson: Oui, ça c'est...
M. Lesage: Bien, évidemment, puisqu'ils vont se faire
attraper.
M. Dozois: À part les automobiles, est-ce qu'il y a des
ministères qui font des efforts pour faire payer ces gens?
M. Lesage: Bien, comment voulez-vous qu'on les détecte?
M. Dozois: Il peut y avoir des modifications...
M. Lesage: On n'a pas de possibilités; les seules
possibilités, ce sont les dispositions du bill qui est devant nous. Ce
sont les raisons du bill.
M. Dozois: Pour ceux qui achètent en Ontario ou, je ne sais pas,
au Nouveau-Brunswick. Est-ce que ça comprend le Nouveau-Brunswick?
M. Lesage: Ça comprend toute province qui est prête
à nous donner la réciprocité. Maintenant, pour ce qui est
du comptoir postal chez Eaton, la taxe provinciale, la taxe reçue de
chez Eaton, 1958-1959 : $162,203.11; 1959-1960: $162,369.43; 1960-1961:
$161,697.33; 1961-1962 : $235,509.25; 1962-1963: $336,835.22.
M. Johnson: Ça, c'est Eaton?
M. Lesage: Bien oui, évidemment, l'augmentation depuis, en
1962-1963, il faut tenir compte de l'augmentation à 4%, de 2%
à 4%.
M. Johnson: Ah, c'était de 2% avant.
M. Lesage: Bien, évidemment.
M. Johnson: C'était sur la base de 2% auparavant.
M. Lesage: Oui, mais, là, c'est sur la base de 4% pour une partie
de l'année seulement 1962-1963. Mais il y a tout de même eu un...
Simpsons, c'est encore plus considérable. Simpsons percevait le
municipal aussi quand il pouvait le percevoir. En 1958-1959: $424,550;
1959-1960: $397,391; 1960-1961: $509,977.88; en 1961-1962: $737,790.39; en
1962-1963: $916,788.68. Cela nous donne une idée de l'ordre de grandeur
des achats des Québécois ailleurs que dans la province de
Québec et ça explique aux députés la raison pour
laquelle nous avons toujours été désireux d'en venir
à une entente spécialement avec l'Ontario pour pouvoir percevoir
sur une base de réciprocité d'une province à l'autre.
L'Ontario a les mêmes intérêts que nous.
M. Bellemare: Surtout là où la province touche aux limites
de l'Ontario.
M. Lesage: Oui, puis non seulement ça, mais j'ai vécu
à Ottawa pendant quelque temps et tous les matins sur le train de huit
heures partant d'Ottawa et qui arrive à Montréal à dix
heures, il y avait toujours un grand nombre de dames qui venaient faire leurs
emplettes à Montréal. Évidemment, elles se faisaient
livrer à Ottawa; par conséquent, pas de taxe.
M. Gabias: Elles s'en allaient en ville...
M. Lesage: Elles allaient dans la ville de Montréal, dans la
cité de Montréal.
Une voix: En ville.
M. Lesage: En ville pour moi, c'est Québec.
M. Bellemare: Il est venu bien proche de le dire.
M. Bédard (président du comité plénier):
Résolution no 1. Adopté.
M. Lesage: Où en sommes-nous, M. le Président?
M. Bédard (président du comité plénier):
Résolution no 2.
M. Johnson Au paragraphe 1, est-ce que je comprends bien la loi, moi,
là, "vendeur" va désigner ceux qui sont marchands dans le
Québec et "détaillant"...
M. Lesage: Non, non, c'est pour ceux qui doivent percevoir la taxe des
marchands de détail du Québec et "détaillant" s'appliquera
aux vendeurs de l'extérieur ou encore même à des vendeurs
résidant dans le Québec et vendant de la marchandise pour le
compte de personnes de l'extérieur.
M. Dozois: Dans d'autres provinces.
M. Lesage: Oui, des vendeurs non enregistrés dans le
Québec.
M. Dozois: En somme, le mot "détaillant" s'applique à un
marchand qui fait des affaires avec un citoyen d'une autre province.
M. Lesage: C'est ça. Ou à un citoyen d'une autre province,
un vendeur d'une autre province.
M. Johnson: Évidemment, ce n'était peut-être pas
possible de trouver une autre expression, là, on force...
M. Lesage: Bien, on a cru que c'était la façon la plus
simple de procéder...
M. Johnson: On force l'expression "détaillant", on la
réduit, on la limite à désigner des gens qui ne sont pas
des vendeurs dans Québec.
M. Lesage: Rien oui, mais ça arrive souvent en technigue
législative. Il faut faire ça pour fins de clarté.
M. Johnson: Oui, je comprends. Mais on a dans la même loi
"vendeur" et "détaillant" et "détaillant" est restreint à
une catégorie de vendeurs, lesguels vendeurs sont quand même des
détaillants au sens large du mot mais qui vont cesser de l'être au
sens de la loi. C'est ainsi que...
M. Lesage: Mon, ils ne l'ont jamais été au sens de la
loi.
M. Johnson: C'est ainsi que la langue se corrompt, M. le
Président, c'est...
M. Lesage: Non, non. En vertu de la loi telle qu'elle existe, la loi de
la taxe de vente, les agents chargés de percevoir la taxe ne sont pas
appelés détaillants mais vendeurs. Le mot "détaillant",
à l'heure actuelle, n'apparaît pas dans la loi, du moins, je ne le
crois pas. On voit l'expression "vente en détail" mais on appelle
les agents les vendeur?, non pas les détaillants.
M. Bédard (président du comité plénier):
Adopté?
M. Johnson: Non, est-ce qu'on a fait un effort pour trouver une
meilleure expression que ça?
M. Lesage: On a fait ce qu'on a pu.
M. Johnson: Est-ce qu'on a demandé au Conseil... M. Marier
d'essayer d'éclaircir ça?
M. Lesage: Les officiers du ministère et puis les conseillers
juridiques, les membres du comité de législation en sont venus
à la conclusion que c'était une façon bien claire de
régler le cas.
M. Johnson: Oui, pour les fins de la loi, ça le règle, on
n'a qu'à retourner à la définition au début de la
loi, mais il reste quand même...
M. Lesage: ...claire et simple.
M. Johnson: C'est du dadaïsme dans le langage, hein?
M. Bédard (président du comité plénier):
Adopté. Résolution no 2, article 3. Adopté.
Résolution no 3...
M. Lesage: Où sommes-nous, excusez-moi?
M. Bédard (président du comité plénier): 3,
résolution no 3.
M. Lesage: Oui, bien j'en ai des amendements, moi. 9p, ah oui, à
la résolution 2, le paragraphe 2, en anglais: "Subsections 2 to 5", et
non pas "2 and 5".
M. Bédard (président du comité plénier):
C'est marqué "2 to 5" ici.
M. Lesage: Ah bien, ils l'ont réimprimé, j'ai un vieux
bill.
M. Bédard (président du comité plénier):
Dans la résolution.
M. Lesage: Oui, oui, dans la résolution. Oui, mais dans ce
bill-là, il faudrait faire attention, c'est marqué "2 and 5".
M. Johnson: Vous voyez comme c'est important, ce n'est pas toujours que
le bill, c'est grave ça.
M. Lesage: Si on est rendu à la résolution no 4, bien,
c'est la même chose ici dans la 7e ou 8e ligne, là. je ne suis pas
sûr du texte anglais; voyez-vous, dans la résolution on a "as a
basis", tandis que dans le bill nous avons une erreur? "as a base". Ce n'est
pas un jeu de baseball, ça: c'est "as a basis". Dans le bill, il
faudrait faire attention.
M. Johnson: En matière de taxes, le premier ministre fait des
"home run".
M. Lesage: Ah, ça m'arrive, ça m'arrive.
M. Bédard (président du comité plénier):
Résolution no 3, adopté. Résolution no 4...
M. Lesage: Dans les mêmes matières, le chef de l'Opposition
fait des "foul ball".
M. Johnson: Dans les taxes, oui: ça coûte moins cher aux
contribuables des "fou! ball".
M. Lesage: Dans ses critiques.
M. Bédard (président du comité plénier):
Résolution no 4, adopté. Résolution no 5, adopté.
6, la même chose. 7, article 10, adopté. 8, même
chose...
M. Lesage: 8, un instant, là; ah oui, c'est bien.
M. Bédard (président du comité plénier):
Résolution no 9.
M. Lesage: Résolution no 9, M. le Président, j'aurais un
amendement à faire à p): il y a une loi 1959-1960. 8-9
Élizabeth Il, chapitre 87, qui prévoit la constitution de
corporations de cimetière catholique romain. Alors, il faudrait bien
parler de coroorations de cimetière, non seulement de compagnies et de
sociétés.
M. Johnson: Est-ce qu'on est rendu à la résolution?
M. Bédard (président du comité plénier):
Résolution no 9, p).
M. Lesage: Résolution no 9, oui, je propose un amendement. Alors,
M. le Président, il faudrait ajouter un mot, le mot "ou corporation",
pour que l'article se lise comme suit: "Aux ventes faites à la fabrique
ou aux syndics d'une paroisse pour les fins du culte, ou à une
société, compagnie ou corporation de cimetière pour les
fins du cimetière."
M. Johnson: Oui, alors le premier ministre vient de faire un amendement
important, il avait peur d'échapper quelques morts dans sa taxe, M. le
Président.
M. Lesage: Non, non, c'est à cause d'une loi qui a
été adoptée sous l'Union Nationale permettant la
constitution de corporations de cimetière.
M. Johnson: Oui, je comprends, mais sous l'Union Nationale, on ne taxait
pas les morts, les cimetières et tout ce qui se vend dans les
cimetières.
M. Lesage: Oui, oui, certainement.
M. Johnson: Bien, voyons donc! On les exemptait, mais là, par le
bill en question, le premier ministre veut taxer non seulement les...
M. Lesage: Mais non, on veut les exempter, le chef de l'Opposition est
dans les limbes complètement, M. le Président. On ne taxe pas les
corporations de cimetière, on les détaxe, on les exempte de
taxes.
M. Johnson: Ah oui? M. le Président, le premier ministre est
quasiment comme le Secrétaire de la province, il n'a pas compris son
bill. C'est par cet amendement-là qu'on va taxer non seulement les
malades, les frères, les soeurs, les religieux hospitaliers...
M. Lesage: C'est dans l'article des exemptions.
M. Johnson: Les cimetières, les morts et les
hôpitaux...
M. Lesage: M. le Président, est-ce que je pourrais
suggérer au chef de l'Opposition de s'asseoir 30 secondes et puis de
réfléchir? C'est l'article des exemptions.
M. Johnson: Oui, M. le Président, c'est l'article des exemptions,
c'était un article qui exemptait les cimetières de certaines
ventes en détail...
M. Lesage: On a découvert que sous l'Union Nationale il pouvait y
avoir des corporations de cimetière catholique romain; alors, pour
être sûr de les exempter, on l'ajoute aux exemptions.
M. Johnson: Non, M. le Président.
M. Lesage: Bien, voyons donc!
M. Johnson: La présente loi - dit le texte actuel, à
l'article 12 - ne s'applique pas - sous-paragraphe p) - aux ventes faites
à la fabrique ou aux syndics d'une paroisse ou à une
société ou compagnie de cimetière...
M. Lesage: On ajoute "corporation".
M. Johnson: On ajoute "corporation", c'est très bien.
M. Lesage: Ah bien, alors?
M. Johnson: À un hôpital pour les fins de son oeuvre ni aux
ventes faites par eux. Ce qu'on enlève, M. le Président, dans le
présent projet de loi, c'est "les ventes faites par eux". On limite les
exemptions aux ventes faites à la fabrique ou aux syndics d'une paroisse
pour les fins du culte.
M. Lesage: Oui, c'est clair.
M. Johnson: Ça n'y était pas, ça. "Ou à une
société ou compagnie de cimetière pour les fins du
cimetière, ou à un hôpital pour les fins de son oeuvre";
n'importe qui, même un enfant de dix ans, en cinquième
année, M. le Président, qui lirait ça attentivement se
rendrait compte que le premier ministre va chercher plus de taxes; en
réduisant les exemptions, il les limite, il les hausse.
M. Lesage: Ce que nous ne voulons plus exempter, c'est bien simple,
c'est les ventes qui sont faites souvent par les fabriques. Il y a des terrains
de jeux, par exemple, où nous savons qu'ils sont la
propriété d'une fabrique, et puis on y vend tout ce que vous
voudrez, des patins, des chandails. On fait concurrence au commerce ordinaire,
on ne charge pas de taxe, ce n'est pas normal ça, M. le
Président, il faut que ça disparaisse, c'est aussi simple que
ça.
M. Johnson: Est-ce qu'il y en a beaucoup de ces abus-là, de ces
soi-disant abus, M. le Président?
M. Lesage: Oh oui, il y en a, et puis il y a très souvent des
fabriques qui achètent par exemple des équipements de hockey pour
le club de la paroisse; dans les salles paroissiales, dans les salles de
quilles dirigées par les fabriques, il y a des magasins où l'on
vend de tout, ce n'est pas normal ça.
M. Dozois: Comment va-t-on déterminer que c'est pour les fins du
but?
M. Lesage: Ce n'est pas difficile, on le sait, ce dont on a besoin pour
l'église.
M. Dozois: Tout pour l'église?
M. Lesage: Certainement, tout pour l'église.
M. Dozois: Par exemple si on achète un tapis pour...
M. Lesage: Certainement, certainement.
M. Dozois: Je pose la question parce que...
M. Lesage: Oui, "mais la différence, tout ce qu'on n'exempte pas,
c'est les ventes, les reventes faites par la fabrique. Tout ce qu'on
enlève, c'est-à-dire que si une fabrique décide de faire
commerce... Tant qu'elle achète pour ses fins, elle ne paye pas de taxe,
elle est exempte, mais si, par exemple, elle revend - c'est ça qu'on
fait en enlevant ces mots-là - si elle décide de faire un
commerce, eh bien, là, elle doit percevoir la taxe, c'est tout.
M. Johnson: M. le Président, le premier ministre, ce n'est pas
clair ça, pour la...
M. Lesage: Si la fabrique décide de faire un commerce...
M. Johnson: Non, non, si elle décide de faire commerce, elle sera
taxée.
M. Lesage: Oui, oui, mais...
M. Johnson: ...c'est-à-dire qu'elle sera obligée de
charger la taxe aux consommateurs.
M. Lesage: Est-ce que le chef de l'Opposition me permet d'attirer son
attention?
M. Johnson: Ce n'est pas là.
M. Lesage: La seule chose que nous enlevons, c'est "ni aux ventes faites
par eux", c'est tout ce qu'on enlève.
M. Johnson: Oui, mais on a ajouté "pour les fins du culte".
M. Lesage: Bien oui, mais c'est évident.
M. Johnson: Bien voici, je vais vous donner un exemple.
M. Lesage: C'est pour les fins du culte. Si la fabrique...
M. Johnson: Je vais vous donner un exemple, M. le Président, une
fabrique qui ne fait pas commerce.
M. Lesage: Oui, mais, M. le curé ou M. le vicaire qui vont
s'acheter une soutane ou bien des souliers ou bien des bas, il faut qu'ils
paient la taxe de vente.
M. Johnson: Il faut qu'ils paient la taxe de vente?
M. Lesage: Bien oui, mais ils ont des salaires.
M. Johnson: Actuellement?
M. Lesage: Ils sont payés.
M. Alma: Une automobile pour aller voir les malades?
M. Lesage: Une automobile, ils doivent payer la taxe.
M. Johnson: M. le Président...
M. Lesage: Pas les fins du culte.
M. Johnson: ...dans certains comtés ruraux, c'est la fabrique qui
s'est chargée des terrains de jeux des paroisses, la fabrique a fait un
tennis, les citoyens l'ont aidée, ensuite, ils ont fait une patinoire
l'hiver. La fabrique achetait des patins, des hockeys, des raquettes de tennis,
l'équipement en somme pour le tennis ou pour la patinoire.
Jusqu'à maintenant, en vertu de la loi actuelle, la fabrique ne payait
pas la taxe, c'était un achat par la fabrique. À l'avenir,
même si la fabrique ne vendait pas ça, même si elle le
donnait aux jeunes de la paroisse de Sainte-Christine, par exemple, chez nous,
eh bien, elle aura quand même dû payer la taxe là-dessus
parce que ce n'est pas pour les fins du culte.
M. Lesage: Eh bien oui, mais...
M. Johnson: C'était une activité de la fabrique dans
certains milieux.
M. Lesage: Mais ils reçoivent très souvent, la plupart du
temps, des subsides du gouvernement.
M. Johnson: Oh, depuis 1960, ça été aboli à
bien des endroits.
Une voix: Dans les comtés de l'Opposition...
M. Lesage: On n'est pas pour en donner dans Westmount, ni dans les
Saint-Martyrs canadiens.
M. Johnson: Mais vous voyez ça, M. le Président, on fait
des restrictions dans les hôpitaux, dans les fabriques et les
corporations de cimetière, parce que c'est pour leurs fins.
M. Lesage: Eh bien, c'est évident.
M. Johnson: Quand il s'agit d'un gros bateau, d'un caboteur, eh bien,
ça on les détaxe. Cela est un autre changement dans cet
article-là.
M. Lesage: Mais oui, c'est pour encourager la construction de
bateaux.
M. Johnson: Ça ne s'applique pas aux remorqueurs et navires de
charge ou de passagers, autres que des yachts de
plaisance.
M. Lesage: Pas aux bateaux de plaisance.
M. Johnson: Non, pas aux bateaux de plaisance.
M. Lesage: C'est pour encourager la construction des remorqueurs et des
bateaux dans la province de Québec.
M. Johnson: M. le Président, pour remplacer des milliers et des
dizaines de milliers de dollars que les fabricants ou les acheteurs de bateaux
pourraient payer, qui sont tous en somme des commerçants, qui sont tous
des gens qui font des affaires, qui sont dans les grosses affaires, eh bien, on
va remplacer ça par des restrictions...
M. Lesage: Est-ce que le chef de l'Opposition est...
M. Johnson: ...sur les cimetières, les hôpitaux, les
fabriques.
M. Lesage: Est-ce que le chef de l'Opposition est contre l'exemption
accordée pour les remorqueurs, les bateaux de charge?
M. Johnson: M. le Président, je serais contre toutes les taxes
s'il y avait moyen.
M. Lesage: Ah oui. Comme tout le monde d'ailleurs.
M. Johnson: Il n'y a pas moyen. Il y en a qui ont prêché
ça, ça n'a pas pris complètement, ça a pris un
petit peu...
M. Lesage: Mais pas longtemps.
M. Johnson: ...mais ça n'a pas pris complètement.
M. Lesage: Pas longtemps.
M. Johnson: Alors, il faut des taxes, et quand l'État promet
quelque chose, eh bien, M. le Président, il faut bien qu'on aille
chercher l'argent quelque part. Le problème c'est, où est-ce
qu'on doit aller le chercher, comment doit-on le distribuer, et distribuer le
fardeau des taxes? Comment doit-on le distribuer, le fardeau des taxes? M. le
Président...
M. Lesage: Un problème difficile.
M. Johnson: ...c'est un problème qui n'est jamais facile. Et s'il
y a un homme qui le sait c'est un ministre des Finances dans une autre
juridiction. Il l'a appris que ce n'était pas facile, M. Gordon...
M. Bédard (président du comité
plénier):À l'ordre!
M. Johnson: ...de choisir où il fallait frapper...
M. Bédard (président du comité piénier): A
l'ordre:
M. Johnson: ...où il fallait taxer. Et les journaux nous
apprennent même une bonne nouvelle, c'est que les matériaux de
construction seront peut-être détaxés dans une certaine
mesure. Souhaitons-le. Ça va être difficile de critiquer M.
Kierans après le grand service qu'il vient de rendre à la
population canadienne. Il a dû remonter dans l'estime du premier ministre
du Québec sinon dans l'estime du premier ministre d'Ottawa.
M. Bédard (président du comité
piénierl:À l'ordre messieurs:
M. Johnson: Je ne veux pas m'immiscer dans les chicanes de famille, M.
le Président, ce n'est pas de mon affaire.
M. Bellemare: Il est presque ministrable.
M. Bédard (président du comité plénier):
Résolution no 9, adopté?
M. Johnson: Non, non. Mais le problème c'est de savoir où
on va taxer. Qui est-ce qu'on va exempter? Et là...
M. Lesage: D'accord.
M. Johnson: Et !à, le gouvernement détaxe les remorqueurs
et puis les navires. Cela, c'est acheté, non pas par des enfants qui
jouent dans un terrain de jeux à Sainte-Christine, comté de
Bagot, ou à Baie-du-Febvre ou à Saint-Pamphile, comté de
L'Islet, mais cela, c'est acheté par des grosses compagnies qui font des
grosses affaires, qui paient déjà des gros impôts et qui
reçoivent déjà des subsides dans bien des cas. Ah, ils
sont soignés ceux-là. Mais les fabriques, les hôpitaux, les
cimetières, ça, c'est le lieu de prédilection pour aller
chercher des taxes. Ça dénote, M. le Président, la grande
préoccupation qu'on a. Je ne veux pas "anamathématiser", comment
on dit ça? anathématiser le premier ministre à cause de
ça. Mais il me semble que le raoprochement dans le même article de
l'exemption en faveur des propriétaires ou des acquéreurs de gros
bateaux, pas des petits bateaux de plaisance, des gros bateaux de commerce qui
font de l'argent et les restrictions que l'on impose aux corporations
municipales, aux corporations scolaires, aux corporations épiscopales,
aux corporations de paroisse, aux corporations de cimetière et aux
corporations
d'hôpital, c'est un rapprochement qui c'est pas a l'honneur du
gouvernement. Il me semble que le gouvernement aurait eu frapper ailleurs. Il
ne doit pas y avoir tant d'abus que ça. Cette mentalité qui
consiste à poursuivre les petits abus et à en commettre des gros,
c'est ça que je n'aime pas dans cet article 9 et qui ressort de tout
ça. à moins que le premier ministre ait des explications
extrêmement habiles que j'attends avec beaucoup d'impatience.
M. Bédard (président du comité plénier):
Résolution no 9, adopté.
M. Lesage: M. le Président, non, juste un mot au sujet des
caboteurs. À entendre le chef de l'Opposition, tous les
prooriétaires de caboteurs sont des qros riches qui font
énormément d'argent. Et vous savez, M. le Président, que
pour ce qui est du service dans le fleuve Saint-Laurent, par exemple, au
service de transbordeurs, ils font tellement peu d'argent qu'il est
nécessaire que le gouvernement leur accorde des subsides. Mais ce n'est
pas tant le but de l'article, ce n'est pas de favoriser les caboteurs et de
favoriser les propriétaires de navires marchands, le but, c'est
d'encourager l'emploi dans les chantiers maritimes du Québec, parce que
la concurrence est très dure en ce qui concerne la construction de
navires. L'on sait que l'on peut construire, en Angleterre, beaucoup meilleur
marché qu'au Canada, par exemple. Et alors, tout ce que l'on peut faire
pour diminuer le coût à l'acheteur d'un navire ne peut qu'aider
l'emploi dans nos chantiers maritimes et c'est avec cet esorit que j'ai
moi-même suggéré au conseil l'amendement qui vient
d'être mentionné. Pour ce qui est... Pardon''
M. Johnson: Pour financer cet amendement-là, à l'occasion
du lancement, je ne parle pas du tout des circonstances, mais est-ce que ce
n'était pas une grosse compagnie qui venait d'acheter ce
bateau-là?
M. Lesage: Oui, mais c'était construit dans la province de
Québec. C'est la construction du bateau qui compte parce que c'est pour
les chantiers maritimes que c'est important, parce que ça leur permet de
concurrencer avec un peu plus de chances de succès les chantiers
maritimes anglais qui produisent à beaucoup meilleur marché que
nos chantiers maritimes du Saint-Laurent. Ça nous permet de concurrencer
avec les chantiers des provinces Atlantique.
M. le Président, je crois qu'au point de vue économique,
au point de vue de notre économie, étant donné
l'importance des chantiers maritimes dans le Québec... Nous en avons
plusieurs. Il y a Montréal, Sorel, Lauzon et puis a des endroits, bien,
je ne le dis pas, mais il y en a deux, Paspébiac et l'île
d'Orléans, il y a Gaspé... pardon, Saint-Jean-des-Piles. Alors,
nous avons des chantiers maritimes où il est nécessaire
d'encourager l'emploi et c'est la raison de l'amendement proposé.
Quant à l'autre amendement, je l'ai dit, il y a eu des abus, mais
des abus qu'il fallait corriger. Le chef de l'Opposition n'a pas d'objection
à ce que nous enlevions les mots "ni aux ventes faites par eux."
M. Johnson: Non, je n'ai pas dit que je n'avais pas d'objection.
M. Lesage: Non, non, bien, j'ai compris qu'il avait dit qu'il n'avait
pas d'objection. Et ça, ça ne les empêche pas de faire
commerce; si la fabrique ou un hôpital veut faire commerce, eh bien non,
ils doivent percevoir la taxe de vente comme les autres. Mais il craint que le
fait d'ajouter "pour les fins du culte" soit trop limitatif.
Je suis certain, et d'ailleurs les officiers qui m'entourent me l'ont
dit, que l'interorétation qui est donnée à cet article est
large, le plus large possible. Mais, d'un autre côté, il faut
éviter les abus et ce que nous voulons exempter, ce qui est normal que
nous exemptions, ce sont les dépenses faites par une fabrique pour les
fins du culte, par un hôoitai pour l'oeuvre même de l'hôpital
et par une corporation ou une société de cimetière pour
les fins pour lesquelles la corporation ou la société a
été constituée. Il me semble que tout ça c'est
normal, bien logé et c'est la seule explicaton que je ouisse donner au
chef de l'opposition. Il a raison de dire que c'est très difficile le
domaine de la taxation. Il faut toujours essayer d'être juste. Et si nous
donnons trop d'exemptions dans des domaines où ce n'est pas
justifié, ce sont les autres qui, en principe, et en fait, doivent
combler. C'est ça, le grand principe. C'est que si on permet de
s'écarter des principes mêmes d'une exemption, eh bien, il y en a
d'autres qui doivent payer pour; comme l'a dit le chef de l'Opposition,
administrer la province, ça prend de l'argent, il faut aller le chercher
quelque part. Et en ce faisant, il faut essayer d'établir d'abord des
principes de justice et, ensuite, de les appliquer d'une facon assez stricte
pour être juste pour l'ensemble des contribuables de la province.
M. Johnson: M. le Président, "les ventes faites par eux", quant
à cette expression, j'y aurais objection, moi. Quand il s'agit
d'hôpitaux, particulièrement. On sait que, dans les
hôpitaux, il s'y vend, pour la commodité des malades et du
personnel, une foule de petites choses et la loi actuelle exempte ce que vend
l'hôpital de toute taxe de vente. Alors, le projet de loi, lui, il
rattrape.
M. Lesage: Qu'est-ce qu'ils vendent dans les hôpitaux?
M. Johnson: Ah mon Dieu! M. Lesage: Quoi?
M. Johnson: Il y a certains appareils, il y a certaines
commodités.
M. Lesage: Pardon? Lesquelles?
M. Johnson: Des kleenex entre autres.
M. Lesage: Non, M. le Président, c'est fourni. C'est
l'assurance-hospitalisation. Ça n'existe plus.
M. Johnson: Non, non, voici.
L'assurance-hospitalisation ne paye pas tout pour les malades.
M. Lesage: Bien, évidemment, elle ne paie pas la location d'un
téléviseur.
M. Johnson: Non, non, non.
M. Lesage: Elle ne paye pas non plus les espèces de
poupées que l'on voit là dans les comptoirs, comme à
l'hôpital Notre-Dame.
M. Johnson: Vous voulez dire les cadeaux. J'espère que non,
j'espère que Thomas Tout-le-Monde n'est pas libéral à ce
point-là.
M. Lesage: Non, non, mais ça doit être taxé tout de
même.
M. Johnson: Non.
M. Lesage: Bien, il faut la taxe de vente, voyons. Les cadeaux qu'on
offre en vente dans les comptoirs dans les hôpitaux, il y a tout de
même la taxe de vente.
M. Johnson: M. le Président, dans les hôpitaux où
passe le patient, on lui vend certains remèdes non taxés et
certaines commodités admises.
M. Lesage: Non, non, les remèdes, c'est comme les prescriptions,
ce n'est pas taxable.
M. Johnson: Et, à ce moment-là, l'hôpital doit
vendre certains articles et je pense bien qu'il est obligé de charger
même si ça représente des montants insignifiants.
M. Lesage: Ce n'est pas ça qui est dangereux, c'est l'abus. La
vente des poupées en bas...
M. Johnson: Quand ils en ont vendu pour $1000 dans une année.
M. Lesage: Des poupées? Ils en vendent bien plus que
ça.
M. Johnson: Bien voyons donc!
M. Lesage: À l'hôpital Notre-Dame, avec les milliers de
personnes qui passent là chaque jour, ce n'est pas seulement les malades
qui achètent au comptoir en bas, ce sont les visiteurs.
M. Johnson: M. le Président, il y a des dames auxiliaires qui
s'occupent de ça, qui travaillent sans rémunération et
qui, à force...
M. Lesage: En tout cas, si elles n'en vendent pas beaucoup, ça ne
les dérangera pas beaucoup.
M. Johnson: Bien non, elles vont être obligées de faire des
rapports, elles vont être obligées de recevoir des inspecteurs;
elles en ont déjà assez de ces rapports et de ces inspecteurs,
c'est une affaire inutilement tracassante.
M. Lesage: C'est à croire qu'on va pouvoir faire commerce dans le
lobby d'un hôpital puis qu'on ne paiera pas la taxe de vente.
M. Johnson: Bien voyons donc! M. Lesage: C'est inconcevable.
M. Johnson: À ce compte-là, pourquoi est-ce que le
Café du parlement fait concurrence aux autres cafés?
M. Lesage: Eh bien, on pave la taxe. Quand on mange, on pave la
taxe.
M. Johnson: On paye la taxe, mais...
Une voix: Oui, monsieur. Oui, oui, oui, on paye la taxe.
M. Johnson: Oui, mais le contribuable paye le déficit, par
exemple. C'est ça...
M. Lesage: On peut remonter le prix des repas. Si c'est ça que
demande le chef de l'Opposition, on peut...
M. Johnson: Non, mais je dis que c'est inutilement tracassier et
même, vous savez, les gens qui étaient en bonne santé, qui
étaient vivants avaient entendu le premier ministre dire que toute sa
politique se ferait sans augmentation de taxes; eh bien, même les morts
vont être déçus après cet article 9.
M. Bédard (président du comité plénier):
Adopté. Article 10.
M. Lesage: Dépêchons-nous avant qu'il meure
lui-même.
M. Bédard (président du comité plénier):
Article 10.
M. Johnson: Il n'y a rien là-dedans.
M. Bédard (président du comité plénier): Il
n'y a rien dans ça. 10, adopté. Article 11.
M. Johnson: C'est correct.
M. Bédard (président du comité plénier):
Concordance. 12.
M. Dozois: Quel moyen la province aura-t-elle à sa disposition
pour forcer le détaillant de notre province à faire rapport
À l'article 15, là, on dit: "Tout vendeur" puis on ajoute...
M. Lesage: Il y a un amendement au Code de procédure civile si
l'on peut avoir le bill 46. Et ces dispositions ne viennent en vigueur dans la
province qu'à la condition que la promesse de nous donner les
mêmes avantages soit acceptée.
M. Bédard (président du comité plénier):
Résolution no 13.
M. Lesage: On m'informe que des dispositions semblables existent dans 22
États aux États-Unis. Cela est un échange de bons
procédés sur une base de réciprocité.
M. Bédard (président du comité plénier):
Résolution no 13. Adopté. 14, adopté. 15, adopté.
16, adopté. 17, adopté. Le comité a adopté les
résolutions relatives au bill 45.
M. le Président: M. Lesage propose que les résolutions
soient maintenant lues et agréées. Cette motion sera-t-elle
adoptée? Adopté.
Deuxième et troisième lecture
Deuxième lecture.
M. Johnson: Division.
M. le Président: Sur division. Troisième lecture.
M. Johnson: Sur division. M. le Président: Sur division.
M. le Greffier adjoint: Troisième lecture de ce bill. Third
reading of this bill.
M. Lesage: No 32.
Bill no 27 Deuxième lecture
M. le Président: M. Lesage propose la deuxième lecture du
bill no 27, Loi pour contrôler l'utilisation des subventions du
gouvernement.
M. Lesage: Voici, M. le Président.
M. Johnson: Division en comité.
M. Lesage: Si vous voulez. J'ai une explication générale
à donner, mais, je la donnerai en comité, M. le
Président.
M. Johnson: Très bien..
M. le Président: Deuxième lecture, adopté sur
division.
M. Lesage: Sur division? Cela fait suite aux recommandations d'une
commission d'enquête.
M. Johnson: On va voir ce nue vous avez à en dire.
M. Dozois: L'utilisation des subventions.
M. Lesage: Oui, sur recommandations d'une commission royale
d'enquête.
M. Johnson: Pardon?
M. Lesage: C'est pour donner suite aux recommandations d'une commission
royale d'enquête pour contrôler les dépenses du
gouvernement.
M. Johnson: Non, il y a actuellement, M. le Président...
M. Lesage: Ce que je ne comprends pas, c'est que...
M. Johnson: Je voudrais poser des questions au premier ministre.
M. Lesage: C'est bien.
M. Johnson: Si on allait au comité plénier.
M. Lesage: Non, moi, c'est le "sur division" qui me surprend.
M. Johnson: Non, sur division tout de suite, on épargnerait du
temps, au lieu de faire un débat sur cela en deuxième
lecture.
On va poser des questions au premier ministre.
M. Lesage: Très bien.
M. le Président: Deuxième lecture, adopté sur
division.
M. le Greffier adjoint: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. le Président: M. Lesage propose que je quitte maintenant le
fauteuil pour que la Chambre se forme en comité pour étudier le
bill 27. Cette motion est adoptée? Adopté.
Comité plénier
M. Lesage: M. le Président, il est évident que je vais
donner des explications en général aussi brèves que
possible. Dans son rapport d'enquête sur le sanatorium Ross de
Gaspé, l'honorable juge Chabot a fait des recommandations en ce qui
touche l'application des lois de contrôle des dépenses publiques;
il a dit ceci: "Au cours de son témoignage, le Dr Grégoire a
déclaré que maintenant, avec la loi du trésor, il n'est
plus possible d'accorder des bourses d'étude en passant par l'assistance
publique. Il ne devrait plus y avoir moyen non plus de faire aucun
détournement de fonds si on applique rigoureusement la même loi
qui est au chapitre 71 des Statuts refondus de Québec, 1941. Mais,
même si les subventions sont accordées et employées aux
fins prévues, un système d'inspection devrait être
constamment en action afin de voir si les fonds sont dépensés
comme ils doivent l'être. Au cours de l'enquête, il a
été mentionné par le Dr Beaulieu avec quel soin et quelle
régularité le gouvernement fédéral surveille la
dépense des montants d'argent qu'il accorde pour l'exécution des
programmes conjoints de santé et avec quel empressement il exige la
remise de tout solde de crédit non utilisé durant la
période. Le même Dr Beaulieu a déploré avec raison
l'absence totale de vérification de l'emploi des subventions de la part
du Québec. La commission croit, même si les subventions sont
accordées régulièrement après avoir
été approuvées par la Législature et le
lieutenant-gouverneur en conseil, qu'il devrait y avoir un examen
périodique et soigné de l'emploi que l'on a fait des fonds
publics. De plus, les institutions qui reçoivent de l'assistance de
l'État devraient être tenues de faire des comptes rendus
détaillés et fidèles de la façon dont les
subventions ont été dépensées."
Alors, l'on dit que de plus les institutions qui reçoivent de
l'assistance de l'État devraient être tenues de faire des comptes
rendus détaillés et fidèles de la façon dont les
subventions ont été dépensées. En fait, cette
recommandation est peut-être inutile. Quand on lit le chapitre 71 des
Statuts refondus de Québec, 1941, Loi du département du
Trésor, et le chapitre 7?, Loi du revenu et de la vérification
des comptes publics, on ne voit pas comment, si ces prescriptions rigoureuses
des lois avaient été suivies, les détournements de fonds
signalés au cours de l'enquête auraient pu être
exécutés. Naturellement, il faut pour cela que la loi et non
l'intérêt soit le seul régularisateur des actes des hommes,
surtout de ceux qui ont la mission d'administrer les affaires publiques. Je
crois qu'il est bon que je réfère pour un instant au chapitre 71,
section VIII, et qu'on examine un peu quelles sont les prescriptions de
l'article 68 de la loi actuelle. Je cite: "Les institutions et les
établissements qui sont soutenus par des allocations publiques doivent
rendre leurs comptes en détail tous les trois-mois, ou plus souvent si
le ministre des Finances de la province le juge convenable, afin qu'ils soient
examinés en les faisant accompagner des pièces justificatives de
rigueur pour justifier l'emploi des deniers qu'ils ont reçus; et, chaque
fois que ces comptes ou pièces justificatives sont insuffisants"...
Enfin, le principe, c'est qu'en vertu de la loi, c'est depuis... De toute
façon, ni l'auditeur, ni M. Dolbec, ni mon sous-ministre, M.
Biéler, qui sont ici depuis des années et des années, ne
peuvent se souvenir que les dispositions des articles 68, 69, 70 aient
été respectées. C'est lettre morte dans la loi et
l'auditeur nous a expliqué comment se faisait la vérification,
d'abord le contrôle avant l'engagement, la vérification avant
paiement. Il nous a dit, au comité des comptes publics, que pour ce qui
était de la vérification après paiement, en ce qui
concerne les institutions subventionnées et cela quant à
l'utilisation des subventions, il était physiquement impossible de
constamment faire le tour des institutions pour faire les auditions
nécessaires et qu'il fallait faire des vérifications qu'on
appelle des "spot checks". Il a dit que l'on faisait ce système en
rotation parce qu'il est absolument impossible, inconcevable, avec
l'auqmentation considérable du nombre et des montants des subventions -
je ne blâme pas du tout l'ancien gouvernement - absolument impossible de
donner suite aux prescriptions de 68 d'avoir les rapports. Mais voyez-vous les
institutions subventionnées envoyer au ministre des Finances un rapport
à tous les trois mois, rapport qui devrait être
vérifié? D'abord, imaginez-vous ce qu'on impose aux institutions
et, deuxièmement, ce que cela imposerait au service civil de la
province, au bureau de l'auditeur. C'est justement parce que c'était
avant tout l'examen des pièces justificatives et que c'était
physiquement impossible de donner suite aux prescriptions de 68 que celui-ci
est resté lettre morte et ça se comprend, je ne blâme
personne.
Aujourd'hui, le juge Chabot nous
recommande bien sincèrement de suivre les dispositions de cette
section VIII du chapitre 71. Mais, après consultation avec ceux qui sont
chargés de la vérification des comptes et suivant ce que je viens
de dire et ce que l'auditeur, qui est à mes côtés à
ce moment-ci a dit lui-même aux membres du comité des comptes
publics, il est clair que c'est impossible. Alors, nous avons discuté
avec l'auditeur, avec le sous-ministre des Finances et avec l'ancien auditeur,
M. Dolbec, d'un moyen pratique d'arriver au contrôle après
paiement. Parce qu'il faut être pratique, on a l'expérience que,
si les prescriptions sont trop sévères, trop rigides, elles
demeurent lettre morte. Alors, il s'agissait d'adoucir les prescriptions de 68,
tout en gardant le contrôle nécessaire pour permettre la
vérification après paiement.
Alors, c'est pour cela que, au lieu d'exiger un rapport à tous
les trois mois, le rapport est exigé à tous les ans, et,
évidemment, je suis obligé de parler de tous les articles en
même temps, je m'en excuse...
M. Johnson: Bien.
M. Lesage: L'article 26, et d'ailleurs, on verra qu'au lieu d'être
dans la loi du ministère des Finances, c'est un amendement à la
loi des vérifications, c'est-à-dire à la loi de
l'auditeur. C'est transféré chez l'auditeur parce que c'est sa
responsabilité, la vérification.
M. Johnson: Mais pourquoi n'avoir pas amendé tout simplement la
section VIII telle qu'elle existe et pourquoi l'avoir transféré
à l'autre...
M. Lesage: Bien, parce que nous croyons que c'est la
responsabilité de l'auditeur.
M. Johnson: En quoi?
M. Lesage: Bien, c'est lui qui fait le travail de la vérification
après paiement, et l'auditeur, je crois que le chef de l'Opposition
devrait en être satisfait, n'est pas responsable au ministre des
Finances, il est responsable à la Chambre.
M. Johnson: Oui.
M. Lesage: C'est un avantage pour les députés et c'est
reconnaître plus le rôle des députés que de confier
la vérification après paiement à l'auditeur, ce qu'il fait
actuellement. Toutes les fois qu'il y a eu des vérifications
après paiement, à même les rapports que l'auditeur me fait,
c'est fait par l'auditeur, pas par le ministère des Finances.
M. Bellemare: Est-ce que le lieutenant-gouverneur en conseil va
permettre certaines distinctions?
M. Lesage: Comment les distinctions?
M. Bellemare: Par exemple, va permettre de dispenser, à cause de
certaines raisons, de produire certains rapports?
M. Lesage: Bien ça, oui, évidemment, je le ferai sur la
recommandation de l'auditeur. C'est clair.
M. Bellemare: Oui, mais c'est le lieutenant-gouverneur en conseil qui
garde tous les privilèges.
M. Lesage: Mais il faut bien, qui voulez-vous que ce soit, M. le
Président? Pas d'autre que le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Johnson: Cela pourrait être le représentant de la
Chambre qui est l'auditeur.
M. Lesage: Bien non.
M. Johnson: Il le recommandera au premier ministre.
M. Lesage: Bien non, il faut que ce soit le lieutenant-gouverneur en
conseil qui puisse dispenser. D'ailleurs, cela ne peut pas être une autre
personne que le lieutenant-gouverneur en conseil qui puisse avoir
l'autorité nécessaire pour dispenser aux cas où il n'y a
pas lieu. Prenons un exemple; on construit un collèqe classique, la
subvention gouvernementale, nous le savons, est d'à peu près...
Les plans sont soumis au ministère de la Jeunesse, on établit le
coût à peu près -je ne connais pas cela, excusez-moi, je ne
peux pas risquer de donner de chiffres -mais mettons que la subvention, si vous
voulez, équivaut à peu près à 60%.
Tout ce qu'on a besoin de savoir, c'est que l'édifice est
construit, pas besoin de vérification, on peut exempter. Dans le cas des
universités...
M. Bellemare: C'est évident qu'il y a toute la communauté,
à ce moment, que vous avez demandé...
M. Lesage: Non, pas nécessairement. M. Bellemare: C'est la
loi.
M. Lesage: Non, non. D'ailleurs, c'est l'auditeur qui va être
chargé, puis qui va utiliser son jugement pour avoir ce qu'il lui faut
pour être satisfait...
M. Bellemare: ... avoir son compte de
revenus et dépenses...
M. Lesage: ... que la subvention a été utilisée
totalement pour les fins pour lesquelles elle a été
versée. C'est tout.
M. Bellemare: Cela, c'est correct. Ce n'est pas ça que la loi
dit...
Une voix: ... le bilan complet.
M. Lesage: Très bien, complet quant à cela, mais
évidemment...
M. Bellemare: Est-ce qu'il a tous les comptes de tous les revenus et de
toutes les dépenses... Un comptable public présente un bilan, le
compte de revenus et dépenses ainsi qu'un état
détaillé en plus de l'autorisation de la subvention.
M. Lesage: Qu'on lise donc 68 et 69.
C'était bien plus sévère que ça. La loi
actuelle est bien plus sévère que le bill que je
présente.
M. Bellemare: Oui, c'est vrai.
M. Lesage: Beaucoup plus sévère. Puis on va me reprocher,
M. le Président, d'être encore trop sévère. Non, M.
le Président, nous avons voulu que la loi soit applicable et nous
pourrions nous en servir de la loi actuelle et aller beaucoup plus loin que
nous pourrons aller avec la loi que nous présentons. Mais, nous croyons
que ce n'est pas juste et que la loi que nous présentons doit avoir les
dents nécessaires et donner à l'auditeur et au gouvernement les
moyens nécessaires pour faire la vérification après
paiement pour être sûr que la subvention a été
employée pour les fins pour lesquelles elle a été
versée.
Nous avons eu, M. le Président, des exemples - je pourrais en
donner - de nombreux exemples qui ont été découverts par
l'auditeur et ses employés, de nombreux exemples de cas où
l'utilisation de la subvention avait été détournée
de ses fins. Alors, devant la recommandation du juge Chabot, devant notre
expérience, tenant compte de l'impossibilité d'appliquer la loi
actuelle, nous avons tenu à présenter ce projet de loi qui va
garantir aux contribuables et aux députés que l'argent
voté par la Législature est bien employé pour les fins
pour lesquelles il est voté lorsqu'il doit passer entre les mains de
tiers.
M. Johnson: M. le Président, je voudrais bien qu'il soit
clairement compris que nous n'avons pas d'objection, que nous ne pouvons pas
nous opposer, que nous nous opposerons pas à un contrôle de la
dépense des montants du contribuable, à une surveillance du moins
de la dépense qui pourrait être faite par des institutions
subventionnées. Il y a actuellement cependant des dispositions dans le
chapitre 72 qui sont...
M. Lesage: ... tellement draconiennes que...
M. Johnson: ... très radicales. M. Lesage: Pas applicables.
M. Johnson: Mais on aurait pu les appliquer en partie et personne
n'aurait blâmé le gouvernement de l'avoir fait. On aurait pu
demander un rapport, si on trouve que tous les trois mois, c'est trop.
M. Lesage: La tolérance.
M. Johnson: M. le Président, la tolérance, ce n'est pas
une tolérance d'un homme qui donne une subvention de $1 million sans en
parler à la Chambre, c'est la loi telle quelle dans toute sa rigueur et
qui n'était pas applicable.
Je pense que tout le monde peut convenir de ça. Mais, ce que je
ne comprends pas d'abord, c'est la raison pour laquelle on n'a pas
amendé cette loi.
M. Lesage: Je l'ai dit.
M. Johnson: Le premier ministre m'a donné tantôt un
argument qui est intéressant. C'est que l'auditeur de la province, qui
ne peut pas être déplacé sans un vote, une adresse de la
Chambre, est un homme qui a toutes les coudées franches et qui est
réellement le mandaté de la Chambre en quelque sorte. Il
reçoit ses instructions de la loi seulement et il fait rapport à
la Chambre par son livre des comptes publics.
Seulement, c'est ni l'un ni l'autre dans cette loi, et le
député de Champlain l'a fait ressortir, c'est le
lieutenant-gouverneur et non pas la Chambre qui va prendre la décision
d'exempter certaines institutions et je crois qu'il doit y en avoir
d'exemptées; autrement, ce serait tracassier.
M. Lesage: Oui mais n'oublions pas que ça doit être
publié dans la Gazette officielle.
M. Johnson: Oui. Mais si...
M. Lesage: Alors, c'est une garantie ça.
M. Johnson: ... c'était l'auditeur qui prenait cette
décision, l'auditeur représentant la Chambre...
M. Lesage: Il est évident que je vais la prendre sur la
recommandation de l'auditeur. C'est comme ça que ça marche.
M. Johnson: Ce n'est plus de la tolérance là, c'est pire
que de la tolérance. Le premier ministre nous dit: Je vous donne ma
parole, mais c'est évident que je vais consulter...
M. Lesage: C'est toujours comme ça.
M. Johnson: Pourquoi ne pas le mettre dans la loi?
M. Lesage: Non.
M. Bellemare: Ah bien! c'est ça.
M. Johnson: Pourquoi ne pas le mettre dans la loi?
M. Lesage: Parce que c'est la responsabilité du
lieutenant-gouverneur en conseil de prendre les décisions d'adopter la
réglementation à être publiée dans la Gazette
officielle. Qu'on examine bien, on parle de réglementation.
M. Johnson: Oui, oui. Le lieutenant-gouverneur en conseil peut, par
règlement publié dans la Gazette officielle, dispenser certaines
personnes.
M. Lesage: Oui, oui, par règlement. Ça veut dire qu'il
faut que ça s'applique. C'est connu. Mais pas du patronage en dessous de
la couverte.
M. Johnson: Très bien. Vous voyez, M. le Président, il y a
un chapitre 71 qu'on aurait pu, s'il est troo sévère, amender. On
aurait pu amender, ça là. La seule raison que donne le premier
ministre pour transporter l'essence de ces dispositions du chapitre 71 au
chapitra 72, c'est qu'il voulait mettre ça sous la responsabilité
de l'auditeur.
M. Lesage: Oui.
M. Johnson: ... qui est, lui, un mandaté de la Chambre.
M. Lesage: C'est ça.
M. Johnson: Or, le premier ministre, par l'article 27, dit: C'est le
lieutenant-gouverneur en conseil qui va faire cela. Je soutiens que c'est le
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Lesage: Non, non, M. le Président. M. le
Président...
M. Johnson: Je vais terminer, M. le Président; le
lieutenant-gouverneur en conseil...
M. Lesage: M. le Président, il ne comprend rien encore.
M. Johnson: ... par règlement publié dans la Gazette
officielle, M. le Président, par catégorie... Pardon?
M. Lesage: C'est clair que c'est par catégorie.
M. Johnson: Évidemment, c'est clair, mais ce n'est pas l'auditeur
qui prend la...
M. Lesage: Non, c'est la responsabilité du lieutenant-gouverneur
en conseil d'adopter des règlements en vertu des lois et non pas la
responsabilité de l'auditeur; est-ce que le chef de l'Opposition va se
rentrer cela dans la tête?
M. Johnson: M. le Président, tout le monde sait ça...
M. Lesage: Comme tout le monde le sait, arrêtez.
M. Johnson: Mais dans combien de lois c'est sur la recommandation de
telle ou telle commission ou de tel ou tel fonctionnaire que les
règlements sont adoptés par le Conseil exécutif. Quelle
objection le premier ministre aurait-il à mettre dans la loi que c'est
sur la recommandation de l'auditeur mandaté de la Chambre? Là, il
sera logique, autrement, c'est illogique, M.. le Président.
M. Lesage: Oui, très bien, supposons, par exemple, que le
ministre de la Jeunesse me dise: Bien, dans le cas des collèges
classiques, ce n'est pas nécessaire. Moi, je demande à
l'auditeur: Qu'est-ce que vous en pensez? La recommandation m'est venue du
ministre de la Jeunesse, elle n'est pas venue de l'auditeur; mais ce que je
ferai, car exemple, je demanderai l'opinion de l'auditeur et je dirai:
Qu'est-ce que vous en pensez? Mais alors, ça ne sera pas
nécessairement sur la recommandation de l'auditeur; il faut tout de
même se qarder les coudées franches un peu, ça va
être publié dans la Gazette officielle quand on va dispenser une
catégorie; c'était bien plus dangereux que ça dans le
temps de l'Union Nationale, tout se faisait à la cachette rien que par
un homme. Dès l'instant qu'on veut être honnête, qu'on veut
être franc, ça ne fait pas encore, M. le Président; on
aurait mieux aimé garder la vieille loi inadéquate et
inapplicable. Nous arrivons honnêtement, franchement avec une loi qui va
permettre le contrôle après paiement des subventions et voyez
l'attitude de l'Opposition; moi, je ne parle plus, M. le Président, je
ne parle plus.
M. Johnson: M. le Président, le premier ministre...
M. Lesage: C'est inutile. il ne comprendra jamais rien.
M. Johnson: Si jamais il veut garder cette responsabilité au
Conseil exécutif, il l'a en vertu du chapitre 71; si les dispositions de
71 sont trop sévères, et je suis le premier à l'admettre,
il n'avait qu'à les adoucir, qu'à les rendre applicables. Mais
non, pour que ça paraisse bien, il dit: Puisque c'est l'auditeur qui est
chargé de vérifier les montants après dépenses,
puisque l'auditeur est un représentant de la Chambre, nous allons donner
ça à l'auditeur et nous allons transférer la substance de
cette réglementation, de cette loi, au chapitre 72. M. le
Président, ça paraît bien jusque-là, ça
paraît très bien et je suis en faveur de ça, mais qu'il ne
vienne pas maintenant se donner, par l'article 27, le pouvoir d'exempter des
catégories sans que ça soit sur recommandation de l'auditeur
mandaté par la Chambre; et ce n'est pas la publication dans la Gazette
officielle qui règle le problème. Quand c'est publié dans
la Gazette officielle, c'est rendu effectif, c'est rendu loi, ça
équivaut à une loi et c'est applicable, ça force,
ça doit être appliqué par toutes les personnes et nous,
nous n'avons pas un mot à dire, sauf critiquer à la session
suivante. Mais nous ne pourrons pas critiquer notre mandaté, notre
mandataire, nous ne pourrons pas le critiquer, ce n'est pas lui, c'est le
Conseil des ministres qui aura défait ça; peut-être que lui
ne sera pas d'avis qu'il faudrait exempter telle ou telle personne. En somme,
ce que je demande, ce n'est pas compliqué, qu'on se décide, qu'on
se penche, ou bien c'est l'Exécutif qui prend la responsabilité,
comme c'est le cas en vertu du chapitre 71, Exécutif qui répond
à la Chambre, ou bien donc ça sera la Chambre par son
fondé de pouvoir qui est l'auditeur de la province, mais, dans ce
cas-là, que l'exécutif n'aille pas se mêler autrement qu'en
publiant une liste, mais une liste qui sera approuvée par l'auditeur de
la province. Là, la Chambre sera tranquille, l'auditeur de la province
aura dit: Je recommande au lieutenant-gouverneur en conseil de publier dans la
Gazette officielle un règlement pour exempter telle catégorie de
personne, M. le Président. Alors, si le premier ministre voulait changer
cette disposition, je n'ai pas d'objection du tout; on en veut tous d'un
contrôle de la dépense, mais il me semble qu'on aurait pu rendre
ça un peu plus logique.
M. Lesage: M. le Président, juste un mot; je ne sais pas si je
vais réussir à satisfaire le chef de l'Opposition, mais c'est
certainement la responsabilité de l'Exécutif, il l'admet,
d'édicter des règlements et il appartient...
M. Johnson: Oui, oui, sur recommandation de qui? Ça c'est une
autre...
M. Lesage: Oui, mais il faut bien penser à ce qui suit: Si le
lieutenant-gouverneur en conseil exempte une catégorie d'institution,
par exemple, puis que ce n'est pas du goût de l'auditeur -
évidemment ça n'arrivera pas parce que, quant à moi, je
vais le consulter - mais supposons que ça arriverait dans l'avenir, la
responsabilité de l'auditeur vis-à-vis de la Chambre, c'est d'en
faire rapport dans les comptes publics, dans ses observations
générales que nous allons continuer d'étudier au
comité des comptes publics; c'est comme ça que ça marche.
C'est pour ça que j'ai l'intention de faire siéger le
comité des comptes publics tous les ans, non pas pour en faire une
boîte à scandale, mais simplement pour que les
députés aient l'occasion de questionner l'auditeur sur son
opinion. Alors, il me semble que la Chambre a toutes les garanties, je ne vois
pas, on cherche un point noir, il n'y en a pas. Je dis que c'est exactement
ainsi que ça doit se faire, ça ne peut pas se faire autrement. La
Chambre a toutes les garanties aussi. On dit qu'on n'aurait pas dû
à ce moment-là transférer à l'auditeur, mais c'est
lui qui les fait les auditions, c'est lui qui les fait; c'est normal que ce
soit dans la loi qui traite de ses fonctions.
Décider l'exemption possible de certaines catégories,
c'est une responsabilité du gouvernement. Si l'auditeur juge que le
gouvernement, en exemptant une telle catégorie, empêche la Chambre
d'avoir le contrôle nécessaire, l'auditeur, c'est son devoir de le
dire dans son rapport, dans les comptes publics. C'est la procédure
normale du contrôle de la dépense publique par la
Législature et c'est à condition que le comité des comptes
publics siège. Nous avons commencé cette année, cela a
bien été, l'atmosphère a été excellente et
j'ai l'intention de continuer le même système et de commencer au
début des sessions a faire siéger le comité des comptes
publics, pas comme une boîte à scandale, mais pour que les
députés sachent où sont allés les deniers qu'ils
ont votés. Je crois raccourcir en même temps les discussions sur
les crédits et je voudrais bien avoir une couple d'autres séances
du comité des comptes publics; nous en avons eu une, j'ai trouvé
que c'était très instructif, je suis sûr que les
députés qui y ont assisté ont trouvé cela aussi.
Nous allons continuer, je voudrais en faire le plus possible d'ici deux
semaines, d'ici à la fin de la semaine prochaine. Aussitôt que
nous allons trouver une minute, un matin, nous allons demander à
l'auditeur de venir au comité des comptes publics pour continuer
à le questionner; ça va apprendre en même temps aux
députés le rouage des contrôles de la dépense
publique et de l'audition.
Et puis, c'est comme ça que je pense qu'il faut marcher. Quant
à moi, je n'ai rien
à cacher, quant à moi, je veux que les
déoutés puissent remplir leur rôle totalement et
complètement et c'est dans ce but-là que j'ai proposé le
projet de loi que nous étudions maintenant.
M. Johnson: Le premier ministre a l'air bien convaincu. J'espère
que nous ne voulons pas du tout qu'il cesse de faire travailler le
comité des comptes publics, au contraire. Nous l'avons demandé
assez longtemps, nous sommes très heureux qu'il l'ait accordé et
nous allons continuer dans la veine du début, j'espère. Il peut
compter sur l'Opposition dans exactement cet esprit-là, parce que nous
considérons que le comité des comptes publics, c'est
peut-être l'aide la plus efficace que des ministres aient jamais
reçue. Et les ministres sont maintenant tranquilles; leurs hauts
fonctionnaires sachant qu'éventuellement ils peuvent être
appelés devant le comité des comptes publics, ils vont faire
attention; le ministre ne fera pas passer des ponts là où il n'y
a pas de rivière, il ne fera pas passer des constructions de ponts
à côté...
M. Lesage: Moi, je pense que le chef de l'Opposition ferait mieux
d'être prudent.
M. Johnson: Pourquoi, M. le Président?
M. Lesage: Pas parler de ponts, trop, trop.
M. Johnson: Voyons donc.
M. Lesage: J'ai été tenté su comité des
comptes publics, mais je l'ai dit, j'ai fait ma confession en Chambre, j'ai dit
non, je ne le ferai pas. Mais n'en parlez pas trop par exemple.
M. Johnson: Et dire que le premier ministre va passer pour vertueux pour
de tels propos; M. le Président, il a décidé de se
contenter de l'ersatz, il a fait dépenser $500,000 à la
province.
M. Bertrand (Missisquoi): Il récite son Notre-Père.
M. Johnson: Et puis, !à, parce qu'il s'est contenté de son
substitut au comité des comptes publics... Oui, oui, substitut c'est une
enquête qui a coûté bien de l'argent à la
province.
M. Lesage: Attendez donc une couple de jours avant d'en parler. Il va
être moins pariant.
M. Johnson: Ça, ça aurait pu être fait devant le
comité des comptes publics cette enquête.
M. Lesage: Vous allez avoir moins de façon.
M. Johnson: Cette enquête, M. le Président, aurait pu
être faite devant le comité des comptes publics. C'est là
que ça aurait dû être fait en droit parlementaire, c'est
là que pour ma part - et je crois parler au nom de tous mes
collègues - nous aurions été prêts à
comparaître et à prendre nos responsabilités, M. le
Président. C'est ça. Puis le premier ministre passe pour un
vertueux parce qu'il a résisté à la tentation de parler,
dit-il...
M. Lesage: Ah, ça a été très dur.
M. Johnson: C'est dur, certain que c'est dur avec la mentalité
qu'il a, M. le Président, je n'ai pas de misère à le
croire. Mais je peux dire au premier ministre et je peux dire au public que le
premier ministre avait d'autres raisons aussi. C'est qu'en remontant avant
1960, eh bien, 1960 étant accroché jusqu'à 1962, M. le
Président, ça aurait peut-être été moins
intéressant pour lui,
M. Lesage: C'est un livre ouvert.
M. Johnson: Joliment moins intéressant pour lui, ça se
fait à deux ça.
M. Lesage: M. le Président, depuis 1962...
M. Bédard (président du comité
plénier):À l'ordre, messieurs!
M. Lesage: Tout ça c'est de la bouillabaisse. 1962-1963, les
comptes publics sont devant le comité.
M. Johnson: M. le Président, non, c'est 1961 ça.
M. Lesage: 1961-1962, ça c'est encore mieux, de quoi il peut se
plaindre?
M. Johnson: M. le Président, les choses sont là et rira
bien qui rira le dernier, oui. Si on veut commencer par certains
ministères, je n'ai aucune objection, mais je voulais dire au premier
ministre ceci Nous sommes en faveur de ça, et sérieusement, et je
l'ai demandé, d'autres l'ont demandé dans mon parti et nous
allons, j'espère, continuer de faire siéger le comité
parce que c'est une aide précieuse pour les ministres et pour le
gouvernement. La crainte est le commencement de la sagesse. Cela va
protéger les ministres contre les pressions du député.
M. Lesage: M. le Président, pas du
tout, ce n'est pas pour cette raison qu'a été
institué le comité des comptes publics, c'est pour que la Chambre
puisse avoir le contrôle après paiement, vérifier
après paiement.
M. Johnson: M. le Président, ça c'est un moyen de
vérification après paiement, mais c'est aussi un moyen...
M. Lesage: C'est pour que la Chambre soit toujours
renseiqnée.
M. Johnson: Mais c'est aussi un moyen pour assurer une meilleure
administration aussi.
M. Lesage: Évidemment, cela a un effet, comme disait le chef de
l'Opposition, la crainte est le commencement de la sagesse. Mais le but
principal des comptes publics c'est de renseigner les
députés.
M. Johnson: C'est évident, mais j'ai dit dans le temps que ce
n'était pas suffisant.
M. Lesage: Ça dépend comment on entend le comité
des comptes publics. Si on l'entend comme en 1976...
M. Johnson: Ce n'était pas suffisant, M. le Président, et
le bill qu'on nous apporte aujourd'hui en est un moyen pour la Chambre
d'exercer le contrôle, mais je comprenais mal qu'on n'ait pas
amendé 71 et qu'on ait mis cela dans 72 alors que dans le bill en
question on n'est pas conséquent jusqu'au bout, parce qu'on fait
intervenir le lieutenant-gouverneur en conseil au lieu d'établir
certaines catégories.
Une voix: Ce n'est pas adopté?
Une voix: 6 heures.
M. Bédard (président du comité plénier): La
séance du comité est suspendue jusqu'à 8 heures.
(Reprise de la séance à 8 h 06 du soir)
M. Bédard (président du comité
plénier):À l'ordre, messieurs! Articles 1, 2, 3, adopté?
Article 1, adopté?
M. Johnson: Bien, attendez un peu, 1 à 25, oui.
M. Lesage: Appelez-les les uns après les autres, 25, 26.
M. Bédard (président du comité plénier):
Article 25, adopté. Article 26, adopté. Articles 27 et 28,
adopté.
M. Johnson: Est-ce que 28 là, l'amende c'est réellement un
moyen efficace?
M. Lesage: Je le crois parce qu'il s'agit d'institutions, il s'agit
d'institutions, je pense que c'est raisonnable.
M. Bertrand (Missisquoi): Procureur général.
M. Lesage: Dans tous les cas, il s'agit d'institutions; même si
l'amende est nominale c'est le fait qu'il y a une amende qui compte.
M. Bédard (président du comité plénier):
Article 2, adopté. Article 3, adopté.
M. le Président, le comité a adopté le bill no
27.
Troisième lecture
M. le Président: Troisième lecture.
M. le Greffier adjoint: Troisième lecture de ce bill. Third
reading of this bill.
M. Lesage: M. le Président, le ministre des Richesses naturelles
m'avait demandé s'il pouvait revenir à 8 h 30 seulement;
étant donné les dispositions de l'Opposition à 6 heures
j'ai dit, certainement. Mais, alors, est-ce que je puis suggérer que
nous étudiions les crédits de la Législation, M. le
Président?
M. Johnson: Oui.
M. Lesage: Avant ça cependant, avant de proposer que nous allions
en subsides, je pense que le président du comité des bills
privés pourrait faire son rapport maintenant sur la séance de ce
matin pour faciliter l'impression pour le Conseil législatif.
M. Johnson: Du moment que ça ne sera pas trop long.
M. Bertrand (Missisquoi): A-t-il un long discours?
M. Lesage: M. le Président, avec le consentement unanime de la
Chambre je suggère que nous retournions à l'article Rapports de
comités élus.
M. le Président: Adopté unanimement.
23e rapport du comité des bills
privés
M. Binette: M. le Président, j'ai l'honneur de soumettre à
la Chambre le 23e rapport du comité des bills privés.
M. le Président: M. Lesage propose que je quitte maintenant le
fauteuil pour que
la Chambre se forme de nouveau en comité des subsides.
Adopté?
M. Johnson: Très bien.
Comité des subsides
Etude des crédits de la
Législation
M. Bédard (président du comité des subsides): Page
83, Législation. Article 1. Traitements, $105,000.
M. Johnson: Adopté.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Article 2, frais de bureau, $10,000.
M. Johnson: Est-ce que le président en a assez de ce
montant-là?
M. Bédard (président du comité des subsides):
J'espère, c'est pour le Conseil législatif; à 2 c'est le
Conseil législatif. Ils ont demandé plus, je comprends que cela a
été coupé.
M. Johnson: Cela a été coupé, c'est bien.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Adopté. Article 3.
M. Johnson: Adopté.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Adopté. Article 4. Frais de bureau et dépenses diverses de
l'Assemblée législative.
M. Johnson: Adopté.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Bibiliothèque, adopté. Article 5.
M. Johnson: Adopté.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Adopté. Article 6. Achats de livres, $50,000.
M. Johnson: Adopté.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Adopté. Article 7. Impressions et reliure, $150,000.
M. Johnson: M. le Président, nous serons prêts à
adopter cet article, mais nous voudrions avertir le président qu'il a
pris un moyen un peu spécial pour nous attendrir; c'est une
méthode très habile d'influence indue sur l'Opposition, mais les
autres ministres ne peuvent pas compter sur le fait que nos réflexes
sont aussi paralysés sur leur ministère à eux. C'est juste
une première réaction.
M. Hyde: Cela ne relève pas de l'article ça.
M. Johnson: M. le Président, je comprends que vous êtes
parfait bilingue, mais c'est une impression dans mon cas, je vous le jure.
Quant à la reliure, bien ça, M. le Président, "it is
binding", mais je ne crois pas que ce soit réellement "binding" sur tout
le monde cette impression que j'ai eue.
M. Bertrand (Missisquoi): Ses décisions sont toujours
"binding".
M. Johnson: M. le Président, adopté.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Article 8. Budget supplémentaire. Page 7. $15,000. Comité
spécial institué à la suite de la motion.
Adopté?
M. Bertrand (Missisquoi): Merci. Très bien, adopté.
M. Hyde: Budget supplémentaire. Adopté.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Article 9. Journal des Débats, $200,000.
M. Johnson: Est-ce que le président nous dirait en vertu de
quelle autorité on peut voter ce montant-là? On n'a pas
d'objection de voter à l'article 8, mais quelle est l'autorité,
quelle est la loi, ou est-ce juste un désir de la Chambre?
M. Hyde: Je crois que ce serait la résolution de la Chambre.
M. Johnson: C'est juste un désir de la Chambre.
M. Lesage: C'est cette loi, pas nécessaire d'aller plus loin.
M. Johnson: Oui, je comprends, mais il faut tout de même qu'un
ministre ou un chef de département, comme c'est le cas, ait une
autorité que la loi lui donne.
M. Lesage: Mais oui, mais, le budget devient une loi.
M. Johnson: M. le Président, je comprends que le budget devient
une loi.
M. Lesage: C'est ça.
M. Johnson: Oans cette loi qui s'appelle la loi des subsides, no 1, no
2, etc., chaque
chose est une dépense autorisée par la Chambre, tout le
monde admet ça. Mais une dépense qui doit être faite par
une autorité qui est un ministère ou un chef ou un directeur ou
un président...
M. Lesage: L'Assemblée législative.
M. Johnson: ...tout le monde admet ça. Mais en vertu de ces
pouvoirs, les pouvoirs que la loi ou une loi donne à ce chef de
département ou à ce ministre, en vertu de quel article du
règlement, sous quelle loi, quelle partie de la Loi de la
Législature le président a-t-il le droit de le demander?
M. Lesage: La Législature est absolument maîtresse de la
dépense des deniers publics. C'est la Législature qui
décide, en votant la loi des subsides, la façon dont les
dépenses seront faites. Je ne veux pas rouvrir un débat, mais
simplement, cet après-midi, le chef de l'Opposition m'a reproché
la subvention à Charlottetown.
Une voix: Ça ne serait pas un bon exemple.
M. Lesage: Et c'est la même chose, le gouvernement s'est
engagé sans aucune loi, mais sujet à l'approbation de la
Législature; la Législature est absolument maîtresse.
M. Johnson: M. le Président, le premier ministre a
peut-être raison, je ne veux pas avoir envers lui les paroles un peu
dures qu'il a envers ceux qui ne partagent pas son opinion, mais je crois que
l'autorité pour dépenser et le droit de dépenser de
l'argent par un ministre ou un chef de service, c'est deux affaires
différentes.
M. Lesage: Non, non.
M. Johnson: Oui, oui.
M. Lesage: Le chef de l'Opposition...
M. Johnson: M. le Président, non, non, le premier ministre ne
pourrait pas se lever dans cette Chambre et dire: Je demande qu'on vote
$600,000, je ne veux pas soulever un débat, mais sur
Charlottetown...
M. Lesage: Mais oui.
M. Johnson: À moins qu'il ait une loi...
M. Lesage: Non.
M. Johnson: ...lui permettant comme chef de l'Exécutif - et il y
en a une - de présenter une demande de crédits pour des pouvoirs
qu'il a déjà en vertu de la Loi de l'Exécutif, ou dans le
cas présent de la Loi de la Législature...
M. Lesage: En vertu de la Loi de la Législature, la
Législature a le droit de voter tous les montants qui sont
nécessaires, de dépenser tout l'argent nécessaire,
c'est-à-dire de décider de la dépense nécessaire
pour la bonne administration des Chambres. Or, le document qui est devant nous,
ce budget supplémentaire, $200,000, a été
recommandé à l'attention de la Chambre par le
lieutenant-gouverneur sous sa propre signature. Est-ce assez?
M. Johnson: Non.
M. Lesage: Certainement. Je pense, M. le Président, que le chef
de l'Opposition a besoin d'un cours de droit constitutionnel...
M. Johnson: Non, M. le Président.
M. Lesage: Je donne ma langue au chat, il ne comprendra jamais rien.
M. Johnson: Non, que le premier ministre fasse étudier son
affaire par M. Pigeon.
M. Lesage: Bien, voyons donc! Ça fait...
M. Johnson: Comme d'habitude, n'ayant pas ses notes, il ne pourra pas me
répondre.
M. Lesage: Depuis 1945 que je suis député et je savais,
dès l'université, lorsque j'ai étudié le droit
parlementaire, parce que nous ['étudiions ici en ville, à
Québec, que la Législature est maîtresse absolue pour
autant que la dépense des deniers publics est concernée. Elle est
maîtresse absolue et proprio motu, du moment qu'il y a une recommandation
de la couronne dans le cas d'une dépense d'argent, décider de
n'importe quelle dépense et cette dépense est inscrite dans la
loi des subsides et c'est ça qui est la loi.
M. Johnson: M. le Président, si le ministre de la Voirie
demandait à même ses crédits un montant qu'on lui vote, un
montant de $1,000,000 pour bâtir un musée à Drummondville,
la Chambre ne pourrait pas lui donner ça, il faudrait amender la Loi de
la voirie, pour lui donner le droit de bâtir un musée. Alors,
c'est là...
M. Lesage: M. le Président...
M. Johnson: Ça, c'est élémentaire. M. le
Président, le cours...
M. Lesage: Ce qu'il y a de plus élémentaire...
M. Johnson: ...que le premier ministre a dû suivre était
certainement bon, mais ça doit être un des cours qu'il a
manqués, ça.
M. Lesage: Mais ce qu'il y a de plus élémentaire que tout
ça, M. le Président, c'est que ce n'est jamais le ministre de la
Voirie qui demande. C'est là que le chef de l'Opposition se trompe. Ce
n'est pas le ministre de la Voirie qui demande de voter tel montant. Ce n'est
pas ça. C'est le lieutenant-gouverneur en conseil...
M. Johnson: Mais évidemment.
M. Lesage: ...qui adresse sous sa propre signature une lettre à
la Chambre demandant de voter tel montant. Et tout ce que nous faisons, c'est
la classification par ministère suivant la responsabilité de
chacun des ministres. Ce n'est pas le ministre qui demande $2,000,000 pour un
musée à Drummondville, c'est le lieutenant-gouverneur en conseil.
C'est ça que le chef de l'Opposition ne comprend pas. Ce n'est pas un
ministre qui demande une dépense, c'est toujours le
lieutenant-gouverneur sous sa signature.
M. Johnson: M. le Président, on voit bien que le premier ministre
veut tous ramener au royalisme. D'ailleurs, il l'a dit en Angleterre, pour lui,
c'est le roi ou le représentant du roi qui décide tout ça.
Ce n'est pas exact. C'est...
M. Lesage: M. le Président, oui, mais c'est la...
M. Johnson: ...le ministre, c'est le cabinet des ministres.
M. Lesage: M. le Président, j'avais la parole...
M. Bédard (président du comité des subsides):
À l'ordre, messieurs!
M. Lesage: J'avais la parole si je ne me trompe. C'est le
lieutenant-gouverneur en conseil, ai-je dit, et le lieutenant-gouverneur en
conseil fait une recommandatior au lieutenant-gouverneur qui, sous sa
signature, présente le budget des dépenses à la Chambre
pour considération. Évidemment qu'il y a une classification
suivant les ministères et chaque ministre qui est chargé de
l'administration d'un ministère s'occupe, pour me servir d'une
expression courante, de défendre ce qu'on appelle ses crédits.
Vais ce ne sont pas ses crédits au sens constitutionnel du terme, si
l'on veut parler en termes constitutionnels, ce ne sont pas ses crédits,
ce sont les crédits du gouvernement approuvés par le
lieutenant-gouverneur en conseil, présentés à la Chambre
sous la signature du lieutenant-gouverneur.
Peu importe celui qui se lève - je vais me servir de l'expression
courante - pour défendre les crédits. Tantôt, nous allons
étudier le budget supplémentaire; il y a plusieurs ministres qui
ne sont pas ici, eh bien, c'est celui qui vous parle qui va donner les
explications.
M. Johnson: Ce n'est pas en vertu du droit constitutionnel, ça,
c'est en vertu du tempérament du premier ministre.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Adopté.
M. Lesage: Non...
M. Johnson: M. le Président, j'ai demandé au premier
ministre quel article de la Loi de la Législature autorisait le
président à faire ce budget.
M. Hyde: En vertu de l'article 46 de la Loi de la
Législature.
M. Johnson: Non, ce n'est pas ça, M. le Président.
M. Hyde: Oui, l'article, 45 prévoit que le budget annuel est
préparé par le greffier et l'autre par le sergent d'armes. Et 46
prévoit que les sommes d'argent votées par la Législature,
pour les états estimatifs, payables aux députés pour leur
indemnité, frais de déplacement sont remises et confiées
à la Trésorerie. C'est prévu dans la loi. Le budget est
préparé par le greffier, par le sergent d'armes, par d'autres
services, et c'est voté par l'Assemblée législative. Ce
n'est pas compliqué.
M. Johnson: M. le Président, ça, c'est clair que vous avez
le droit de demander un montant nécessaire pour Dayer l'indeminté
des députés.
M. Hyde: Non, pour le service.
M. Johnson: M. le Président, oui, je commence par
l'indemnité. Vous permettez, M. le Président, je vais traiter le
président comme si c'était un autre député de la
Chambre, en fait. Et c'est moi qui ai la parole. S'il se lève, je ne
suis pas obligé de m'asseoir.
Le président demande un montant pour payer les indemnités
des députés, disons. Mais l'indemnité des
députés, le président est obligé de
référer à la loi. S'il n'y avait pas de loi qui dit que
les députés doivent être payés, quand bien
même le président demanderait de l'argent, la Chambre ne pourrait
pas lui voter. Il faudrait qu'il y ait une loi et le premier ministre a
manqué
certains cours...
M. Lesage: Non, je regrette, je n'ai pas manqué de cours, mais si
l'on veut bien regarder, je ne l'ai même pas devant moi, il y a
certainement un "s" vis-à-vis...
M. Bellemare: Statutaire.
M. Lesage: Bien, c'est ça, c'est en vertu d'un statut.
M. Johnson: M. le Président, pas ce dont on parle.
M. Lesage: Sur l'indemnité des députés?
M. Johnson: Oui, oui.
M. Lesage: Évidemment que c'est statutaire. Il ne comprend pas.
On voit bien combien l'ancien chef de l'Union Nationale, M. Duplessis, tenait
ses ministres dans l'ignorance de ce qui se passait.
M. Johnson: M. le Président, au moins, il le faisait avec plus de
délicatesse que le premier ministre actuel vis-à-vis du
Secrétaire de la province aujourd'hui.
M. Bédard (président du comité des subsides):
À l'ordre, messieurs!
M. Johnson: Je demande au président si, dans la Loi de la
Législature, il y a une disposition qui lui permet de payer les
députés qui se déplacent ou siègent entre les
sessions. C'est le désir de l'Assemblée législative que ce
soit ainsi, je n'en ai aucun doute, M. le Président.
M. Hyde: Ce sont les articles 45 et 46.
M. Johnson: Oui, je sais, M. le Président. Mais si vous demandiez
de l'argent pour des fins autres que pour l'administration de votre
département... On dirait que vous allez au-delà de la loi. Le
gouvernement, le lieutenant-gouverneur en conseil n'a pas suivi la loi. Le
premier ministre est demeuré royaliste, évidemment, c'est le
Conseil des ministres qui prépare...
M. Lesage: Pardon?
M. Johnson: C'est le Conseil des ministres, c'est le Conseil de la
trésorerie, dans son cas, qui prépare ses estimations
budgétaires.
M. Lesage: Les supplémentaires, cette année, ont
été préparées par le Conseil des ministres.
M. Johnson: Pas par le lieutenant-gouverneur en tout cas. Il n'y est
jamais.
Correct, on se comprend. On se comprend, bon. Oui, mais vous savez,
depuis la déclaration du premier ministre en Angleterre, on ne sait
jamais s'il ne changera pas toute notre procédure...
M. Lesage: Voyez donc ce que j'ai déclaré.
M. Johnson: ... parlementaire. Alors, les budgets sont
préparés, mais le ministre au nom de qui on demande
l'autorisation pour dépenser tel montant déterminé doit
avoir l'autorité de s'occuper de ce domaine pour lequel il demande de
l'argent. Il est évident que le président a l'autorité
pour s'occuper des comités de la Chambre et le comité pour lequel
on demande de voter un montant est un comité de la Chambre. Mais je
demande en vertu de quelle autorité. Si ce n'est pas clair, on devrait
amender la Loi de la Législature pour une autre année pour rendre
la coutume conforme à la loi. Je n'ai aucune objection à ce que
cela soit voté, c'est évident, mais nous avons droit de savoir en
vertu de quelle autorité...
M. Lesage: Pour avoir l'autorité complète, il y a un
texte. C'est le texte du vote no 8 qui donne l'autorité - comité
spécial institué à la suite de la motion adoptée
par l'Assemblée législative le 22 mai 1963, frais divers y
compris par dérogation -c'est la loi des subsides qui comprendra ce
texte qui constituera la dérogation à la loi et qui donnera
l'autorité législative pour la dérogation à la loi
dans ce cas. C'est aussi simple que ça. Ce n'est pas pour rien qu'on a
mis "par dérogation" à la loi. C'est pour que ce soit dans la loi
des subsides, c'est une loi, et pourquoi le chef de l'Opposition veut-il
enlever à la Législature son pouvoir absolu de
législation?
M. Johnson: Non, M. le Président. On va prendre un exemple qui
est un peu poussé à l'extrême, mais on va se comprendre. Si
le président décidait de nous demander de l'argent ici, à
l'article 8, pour nous acheter chacun un scooter, chacun une automobile, on
dirait: Monsieur, la Loi de la Législature ne nous permet pas de
dépenser d'argent pour acheter des scooters, des automobiles, même
si c'est acheté à Rimouski.
M. Lesage: M. le Président, ce que le chef de l'Opposition ne
comprend pas, c'est que le président ne peut pas se lever en Chambre
pour proposer une dépense d'argent.
M. Johnson: C'est ça.
M. Lesage: Bien alors, pourquoi donne-t-il l'exemple qu'il vient de
donner?
M. Johnson: M. le Président, supposons
que le premier ministre étant debout et moi aussi, je regarde
ici, il y a un montant qui est marqué 8 pour achat de scooters pour les
députés, on dirait: Bien, M. le Président, cela n'a pas
affaire à...
M. Lesage: Bien d'abord, cela n'y serait pas, M. le
Président.
M. Johnson: Je sais que le Conseil de la trésorerie aurait
bloqué cela.
M. Lesage: Il y aurait une grosse chance.
M. Johnson: Alors, c'est parce que la loi ne nous permettrait pas de
faire cela.
M. Lesage: Non, non.
M. Johnson: Il est normal...
M. Lesage: La loi nous permettrait de le faire, M. le Président,
mais c'est le bon sens qui ne nous permettrait pas de le faire.
M. Johnson: Non, non.
M. Lesage: Certainement que la loi nous permettrait de le faire.
M. Johnson: Non, la loi ne permettrait pas à cette Chambre,
même une loi des subsides, de voter un montant à la disposition du
président pour acheter des scooters.
M. Lesage: Oui.
M. Johnson: Non.
M. Lesage: Oui, oui. Il faudrait dire que c'est par
dérogation.
M. Johnson: Non.
M. Lesage: Mais, M. le Président...
M. Johnson: Non, il faudrait amender la Loi de la
Législature.
M. Lesage: Mon, je regrette, M. le Président...
M. Johnson: Les conseillers législatifs ont droit à un
scooter.
Une voix: On n'en achètera pas de scooters.
M. Johnson: ... et les conseillers législatifs ont droit...
M. Bédard (président du comité des subsides):
À l'ordre!
Une voix: Vous avez assez de vos patins pour patiner.
M. Lesage: Non, mais les cadeaux qui se font aux
députés...
M. Johnson: Non, mon exemple est mal choisi...
M. Lesage: Oui, il est mat choisi, certain.
M. Johnson: ... pour les conseillers législatifs qui auraient
besoin de cela pour se promener dans le parlement. Adopté, M. le
Président.
Journal des Débats
M. Bédard (président du comité de subsides):
Article 9, journal des Débats. Traitements et autres dépenses.
Adopté?
M. Johnson: Le journal des Débats, est-ce que le président
pourrait nous dire s'il en est satisfait, s'il croit qu'il a assez d'argent,
où est-ce qu'on en est rendu dans nos expériences?
M. Hyde: S'il y aurait assez d'argent avec les $200,000?
M. Johnson: Oui.
M. Hyde: D'après les chiffres qu'on a fournis pour
préparer ce montant, on prévoit des salaires de $110,000, il
faudra acheter de nouveaux équipements et du matériel pour
$43,000, il y a des dépenses imprévues pour un montant assez
élevé, $46,000. Je crois qu'avec les $200,000 cela va être
assez pour une année.
M. Johnson: Qu'est-ce que cela a coûté jusqu'à
maintenant?
M. Hyde: Jusqu'à maintenant...
M. Johnson: Est-ce que le président a des chiffres?
M. Hyde: Je ne peux pas dire exactement, une partie a été
pavée par les Travaux publics et une partie a été
payée par le secrétariat. Je crois que le montant jusqu'à
maintenant pour l'équipement, c'est à peu près $50,000. Je
peux me tromper. À peu près $50,000 pour l'équipement et
il faudra en acheter pour $25,000 à peu près. Cela ferait
l'équipement permanent pour à peu près $75,000.
M. Johnson: Il y a trois juridictions qui s'occupent de ce journal des
Débats.
M. Hyde: Actuellement, je crois que
cela va venir dans mon département.
M. Johnson: Il y a les Travaux publics, le secrétariat pour les
impressions et le président, je ne sais pourquoi.
M. Hyde: Pour l'éditeur.
M. Johnson: Les Travaux publics payent l'équipement et du
personnel qui s'occupe de l'enregistrement, les impressions sont payées
par le Secrétaire de la province et le président, lui, qu'est-ce
qu'il payait à ce jour?
M. Hyde: Il n'a rien payé, il a simplement jeté un coup
d'oeil là-dessus pour le bon fonctionnement, pour faire des suggestions.
J'espère que, quand le système sera complètement
établi, ce sera le bon sens que la totalité revienne sous
l'autorité du président. Évidemment, je ne crois pas que
le président voudrait avoir le contrôle de la machinerie, de
l'installation, de la réparation des micros et tout l'équipement
technique. Mais les employés réguliers, les sténographes,
qui ont fait un travail magnifique jusqu'à ce jour, je crois qu'ils
devraient relever du président. Je crois que c'est l'intention de
commencer la prochaine session avec ce système.
M. Johnson: Est-ce que c'est l'opinion du premier ministre que ça
doit aller sous la juridiction du président?
M. Lesage: Bien, je crois, M. le Président, que c'est moi qui
vous en ai parlé le premier, non? C'est moi qui en ai parlé le
premier au président de la Chambre, je lui ai dit, après
discussion et discussion avec M. Lemieux, que je croyais qu'il fallait avoir
plus d'unité dans la direction, l'administration du journal des
Débats et c'est moi qui ai suggéré que le montant
supplémentaire que l'on voit, que nous sommes à étudier,
soit inscrit au chapitre Législation.
M. Johnson: M. Langlois dépend actuellement de quel
département?
M. Hyde: Du secrétariat.
M. Johnson: Du secrétariat. Quel salaire a-t-il?
M. Hyde: $9200.
M. Johnson: M. Boulay est son assistant?
M. Hyde: $6500.
M. Johnson: $6500. Les techniciens sont payés par les Travaux
publics à l'heure qu'il est?
M. Hyde: Oui.
M. Johnson: M. le Président, je ne connais pas leur salaire, je
ne pense pas que ce soit l'endroit pour le demander.
M. Hyde: Il y a M. Ford qui est en charge du côté des
Travaux publics; ça, c'est pour l'enregistrement. M. Ford a $6500, M.
Plamcndon, son assistant, a $5000 et nous avons les deux techniciens - il y a
toujours un technicien ici à la console - M. Brochu et M. Philippe
Langlois, tous les deux à $4500.
M. Johnson: M. le Président, tout le monde a remarqué le
travail extrêmement ardu que les techniciens doivent faire et je crois
pue je me rends au désir de tout le monde en disant que, pour une
première expér.ence, ce fut quand même une réussite
intéressante. Ce n'est pas parfait encore, mais nous réalisons
les difficultés terribles dans lesquelles on a dû travailler au
début. Maintenant, le président peut-il me dire si oui ou non ce
qui a été enregisté et transcrit cette année est
devenu ou peut être considéré comme officiel?
M. Hyde: Non, ça n'a jamais été l'intention.
M. Johnson: Parce qu'on sait le pourquoi de cette question, aucun
député, je crois, n'a pris le temps de corriqer ses textes.
J'avais entendu dire, par ailleurs, que ces textes seraient imprimés et
qu'ils constitueraient une partie officielle.
M. Hyde: On avait pensé à ça au commencement.
M. Johnson: Alors, nous pouvons avoir la certitude que tout ce qui a
été dit cette année n'est pas nécessairement
officiel, parce que ça n'a pas été corrigé ni
soumis aux beautés concernés.
M. Hyde: Si le chef de l'Opposition le permet, je profiterais de
l'occasion pour attirer encore une fois l'attention des députés
sur les instructions qui ont été distribuées sur la
feuille verte, et c'est le système qu'on va essayer pour faire les
corrections. Je crois qu'il y a plusieurs députés qui ont
trouvé que ça ne sera pas tellement facile de faire un discours
en Chambre, d'essayer d'écouter d'autres députés qui vont
parler et après se rendre corriger les épreuves et faire valoir
sont point de vue auprès de l'éditeur pour toutes les
corrections. Mais, évidemment, pour certainement le premier ministre,
pour le chef de l'Opposition, il faudrait avoir quelqu'un qui pourrait leur
donner un coup de mai.- pour faire le "proof reading" et faire des suggestions
auprès de l'éditeur. Mais
finalement, ce sera la responsabilité de chaque
député de corriger les épreuves et soumettre ses
suggestions à l'éditeur avant l'heure déterminée
afin que les épreuves corrigées par l'éditeur puissent se
rendre au bureau de l'impression. On a fait l'essai la semaine dernière
et ça allait assez bien, mais je ne suis pas prêt à dire
qu'on peut attendre que ça va marcher parfaitement pour le commencement
de la session prochaine, mais avec un peu d'expérience, un peu de temps,
je crois que ça peut très bien aller.
M. Johnson: Je voudrais dire au président qu'on a remarqué
un énorme progrès depuis le changement du Secrétaire de la
province; depuis que le député de Matapédia est là,
il y a une amélioration sensible dans la transcription.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Adopté.
M. le Président, le comité a adopté des
résolutions et demande la permission de siéger de nouveau.
M. le Président: Quand siégera-t-il? Même
séance? Même séance. M. Lesage propose que les
résolutions soient maintenant lues et agréées. La motion
est adoptée? Adopté.
M. Lesage: No 40.
Bill no 64 Deuxième lecture
M. le Président: M. Lévesgue (Laurier) propose la
deuxième lecture du bill no 64, Loi modifiant la Loi de la
municipalisation de l'électricité. La motion sera-t-elle
adoptée?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Est-ce qu'il y aurait
moyen de passer tout de suite en comité, parce que c'est un amendement
de convenance au bill?
M. Johnson: Adopté.
M. le Président: M. Lévesgue propose que je quitte
maintenant le fauteuil pour que la Chambre se forme en comité
plénier pour étudier le bill no 64. La motion sera-t-elle
adoptée? Adopté.
Comité plénier
M. Bédard (président du comité
plénier):À l'ordre!
M. Lévesque (Laurier): Alors, je vais me contenter, M. le
Président, si vous me le permettez, de lire l'article qu'on amende et je
crois que ça va devenir assez clair. Le bill 64, qui comporte un seul
article, dit ceci: l'article 19 de la Loi de la municipalisation de
l'électricité, chapitre 213 des statuts refondus, est
modifié en retranchant le dernier alinéa; alors, je vais lire
l'article 19, y compris l'article qu'on veut retrancher et donner deux
explications en deux phrases, et je crois que ça devrait suffire.
Article 19: "Sur la recommandation de la régie et sur l'ordre du
lieutenant-gouverneur en conseil, le trésorier de la province peut payer
à toute municipalité une somme - et elle va être
donnée par subvention - n'excédant pas 50% du coût capital
de la construction et de l'établissement, dans ou pour le service de
toute municipalité rurale, des lignes et des câbles de
transmission primaire, des transformateurs, des compteurs et des lignes
secondaires de service électrigue sur la voie publique, requis pour la
livraison du pouvoir dans toute municipalité rurale". Ce sont des
prêts qui s'ajoutent. "Aux mêmes conditions le trésorier de
la province peut, en outre, prêter à telle municipalité une
autre somme n'excédant pas 25% de ce coût capital des mêmes
ouvrages pour un terme de trente ans, avec intérêt à 4%".
Il s'agit alors de retrancher le troisième paragraphe: "Toutes sommes
payées aux corporations municipales pour telles fins, en vertu du
présent article, doivent être chargées dans les livres du
trésorier de la province comme dépenses au compte capital". On
s'est fait souligner à plusieurs reprises au point de vue
budgétaire et au point de vue de la vérification, aussi bien par
l'auditeur que par le comité du trésor, à quel point
ça manquait de logique et évidemment d'exactitude aussi, parce
qu'évidemment ce serait des dépenses en immobilisation de la
province, puisqu'on les verserait au compte capital. Or, en fait, on n'en
retire aucune propriété immobilière et il n'y a rien qui
s'ajoute à la propriété capitale de la province. C'est ou
bien versé au compte capital d'une municipalité - comme exemple
l'Office d'électricité de Sainte-Anne-des-Monts, qu'on a eu
depuis deux ans comme cas, alors ça devient leur propriété
-soit sous forme de prêt mais pour une propriété qui
s'ajoute à leur capital, soit sous forme de dons et de subventions pures
et simples. Alors, au strict point de vue budgétaire, il est
évident que ça doit aller dans les dépenses ordinaires;
c'est l'avis de tout le monde, et c'est pourquoi on voudrait faire retrancher
le dernier paragraphe de l'article 19.
M. Johnson: C'est clair. Mais, en fait, on en a payé, est-ce
qu'on en a fait beaucoup depuis 1960?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Le seul cas précis
sur lequel ça s'appliquait, mais il
peut y en avoir d'autres, c'est le cas de l'Office
d'électricité de Sainte-Anne-des-Monts - Cap-Chat qui avait des
dépenses à faire et il s'agissait de savoir où l'inscrire
dans le budget. Alors, on l'a inscrit tant bien que mal, mais on s'est
aperçu que ça pouvait toujours être ambigu. Alors ça
ne sert à rien, toutes les dépenses sont couvertes.
M. Johnson: Mais il y avait aussi des subventions à certaines
municipalités pour l'électrification rurale.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Ah oui; mais...
M. Johnson: Est-ce que le ministre en a fait depuis 1960?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Mon, il n'y en a pas eu,
parce qu'il y a l'Office d'électrification rurale tout simplement. La
municipalisation était quand même séparée de
l'électrification rurale, c'était le motif qu'on donnait dans la
loi de municipalisation. Le motif qu'on donne pour cette partie-là,
attendez un peu, 53. Dans la loi de municipalisation, si on lit, au chapitre
213, on trouve que c'est dans la septième section, Aide à
l'électrification rurale. Alors, ça, c'est le titre de la section
dans cette partie de la loi, mais, depuis trois ans que je fréquente
cette loi-là un peu, on n'a pas vu de cas où ça se posait
comme ça, à moins qu'on puisse appeler un cas comme Sainte-.
Anne-des-Monts-Cap-Chat de l'électrification rurale. Mais, en fait,
ça s'applique depuis trois ans que j'y suis, je n'ai pas remonté
très loin en arrière, mais des cas qu'on a vus, ça
s'applique à des groupes qui sont municipalisés tandis que
l'électrification rurale, elle, s'est fait une vocation du
côté des coopératives qui sont vraiment le dernier secteur
rural non englobé dans des compagnies ou dans l'Hydro maintenant.
M. Johnson: Est-ce qu'il y a des subventions à Mégantic,
dans la ville de Mégantic?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Non, Mégantic on
traite, du moins jusqu'à un certain point, dans un cas comme ça,
mais de toute façon, depuis deux ans, ce sont des cas spéciaux,
parce que des cas de déficits, ce n'est pas pour de la construction,
c'est pour boucher un trou.
M. Bédard (président du comité plénier):
Adopté.
Troisième lecture
M. le Président: Troisième lecture. Troisième
lecture, adopté.
M. le Greffier adjoint: Troisième lecture de ce bill. Third
reading of this bill.
M. Lesage: No 39.
Bill no 63 Deuxième lecture
M. le Président: M. Lévesque (Montréal-Laurier)
propose la deuxième lecture du bill 63, Loi modifiant la charte
d'Hydro-Québec.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Adopté''
M. Johnson: M. le Président, moi je n'ai pas de discours à
faire sauf de dire à cette Chambre que notre attitude est très
simple sur ce problème, la nationalisation c'est fait, le gouvernement a
un mandat et nous espérons qu'il prendra tous les moyens pour que
ça marche et, deuxièmement, pour qu'il tienne les promesses qu'il
a faites à l'électorat. C'est pour ça que nous votons
cette loi en deuxième lecture. Adopté.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Adopté? Alors, on
va en comité.
M. le Président: Adopté. Deuxième lecture. M.
Lévesque propose maintenant que je quitte le fauteuil pour que cette
Chambre se forme en comité plénier pour étudier le bill no
63. Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
Comité plénier
M. Bédard (président du comité plénier):
Bill no 63, article 1.
M. Johnson: Je ne tannerai pas le gouvernement, ça aurait pu
être plus restrictif que ça; on aurait pu, par exemple, dire que
tout membre de l'Hydro-Ouébec peut, sans détenir d'action,
être élu directeur d'une compagnie dont l'Hydro possède 51%
des parts. Ça aurait moins ouvert la porte -là actuellement on
ouvre la porte - à ce que les membres de l'Hydro puissent devenir
actionnaires de toute autre compagnie même s'ils ne devenaient pas
directeurs.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Non. Enfin, si je
comprends bien l'article, on va référer à l'article 40,
l'amendement dit ceci: "Un membre de la commission peut détenir les
actions requises pour être éligible comme directeur d'une
compagnie dont la commission a acquis des actions suivant l'article 40."
Ça restreint quand même uniquement à des compagnies dont
l'Hydro s'est portée acquéreur.
M. Johnson: Si, si. Mais dans lesquelles l'Hydro a 51% des parts.
À l'article 40 ce n'est pas nécessaire, l'article 40 dit: partie
ou tout".
M. Lévesque ( Montréal-Laurier): Partie ou tout.
M. Johnson: Alors, l'Hydro pourrait avoir quelques parts seulement.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Oui, mais enfin, s'il
s'agit qu'elles soient requises, même si l'Hydro avait moins de 51%,
supposons que ça puisse arriver, en vertu de l'article 40 c'est
possible, partie ou tout, si on regarde l'amendement qui dit: Peut
détenir les actions requises pour être éligible comme
directeur." Même si c'était 20% ou 25% ça serait quand
même utile que quelqu'un de l'Hydro puisse siéger au conseil
d'administration. À partir du moment où l'Hydro est
représentée et détient des actions, je crois bien que
c'était mieux de leur donner...
M. Johnson: Je crois que le ministre a raison.
M. Bédard (président du comité plénier):
Article 1, adopté. Article 2.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Article 2. Je voudrais
l'expliquer quand même, si on me permet, parce que je crois qu'il est
central. Dans l'article 2, M. le Président, on trouve le coeur - enfin
le coeur essentiel je crois, avec un article qui va suivre - de ce qui est les
résultats les plus immédiats de la nationalisation, qu'on
pourrait incorporer dans les amendements à la loi. L'article 2 du bill
63 modifie l'article 24 de la loi de l'Hydro. L'article 24 de la loi de l'Hydro
était rédigé comme suit: "La commission doit tenir des
comptes séparés pour chaque réseau de production et de
distribution d'énergie exploité par elle et pour chaque
réseau les taux doivent être maintenus à un niveau
suffisant pour défrayer: 1- tous les frais d'exploitation; 2- une part
des frais généraux de la commission proportionnelle à
l'importance du réseau; 3- l'intérêt du capital
engagé; 4- l'amortissement de ce capital sur une période maximum
de cinquante ans; 5- une réserve pour la conservation,
l'amélioration et le renouvellement du réseau; 6- une
réserve pour imprévus. "La commission doit en outre
établir pour chaque réseau une réserve de stabilisation
des taux." Alors comme le mot "réseau" n'était pas défini
évidemmer: ça prêtait à une certaine
ambiguïté, mais cela a donné comme résultat que
l'Hydro se sentait obligée à tel point que les
vérificateurs qui font les comptes annuels de l'Hydro - les auditeurs,
si on veut, plus couramment - se sentaient gênés année
après année de faire les comptes de l'Hydro en ce qui concerne
l'Abitibi, par exemple, où il y avait le réseau du Nord-Ouest de
l'Hydro-Québec, parce que ce réseau considéré comme
réseau par l'Hydro était en déficit déjà
depuis des années. Si on tient compte de l'article 24 et qu'on applique
le mot "réseau", par exemple, à l'Abitibi, il est évident
que l'Hydro était obligée d'aller selon cette
interprétation contre l'article 24 de sa loi. Maintenant, dans la
nationalisation, une des choses qui ont été promises...
M. Johnson: M. le Président, demandez donc qu'ils maintiennent
l'ordre.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Est-ce qu'ils pourraient
prendre leurs vacances un peu plus loin? Dans la nationalisation, une des
choses qui ont été promises, particulièrement, c'est une
réduction des tarifs. Alors si cette réduction des tarifs
s'applique dans - ce qu'ils seront maintenant, des réseaux de l'Hydro -
des régions, par exemple, comme le Bas-du-Fleuve, en particulier, il est
évident que l'Hydro devra prendre un déficit dans ses revenus de
l'année pendant X années - ça peut-être deux ans,
trois ans ou quatre ans - jusqu'à ce que la demande ait rattrappé
le déficit; elle devra prendre un déficit sur des morceaux de sa
chaîne nationale du Québec, si vous voulez.
Alors, il fallait nécessairement amender l'article 24. De plus il
le fallait pour une autre raison, qui est que certains travaux
d'immobilisation, les travaux de dépense de nature capitale, comme par
exemple la conversion du 25 au 60 cycles en Abitibi, étaient de toute
façon destinés à augmenter encore le déficit. Alors
la conclusion a été cet article 24 nouveau qui est dans le bill
63 qui donne ceci: La commission doit maintenir ses taux d'énergie
à niveau suffisant - mais à l'échelle de la province et
non pas par réseau, autrement dit la péréquation dans
l'ensemble - pour défrayer, alors vous avez six divisions qui sont
générales, autrement dit qui s'appliquent à l'ensemble de
la province: les frais d'exploitation, l'intérêt du capital,
l'amortissement du capital pour cinquante ans, une réserve
adéquate pour le renouvellement, une réserve pour
éventualités et une réserve générale pour
stabilisation des taux, et non pas comme on avait avant, à la fin de
l'article 24, une réserve pour chaque réseau. Il est
évident que pour le réseau en déficit, qui était
souvent celui qui coûtait le plus cher, il n'y aurait jamais eu moyen,
d'après cette loi-là, de baisser les tarifs.
M. Bellemare: Mais, avec ce système-
là, est-ce que le ministre prévoit, d'ici dix ans, des
réductions de taux considérables, non?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Maintenant, s'il s'agit de
la réduction des taux, si le député me permet, c'est un
des premiers effets, sur lesquels on peut compter de la nationalisation;
beaucoup d'autres effets se feront sentir à long terme. Pour ce qui est
des taux domestiques, je vais tout de suite, parce que c'est évidemment
ce qui est impliqué dans cet article 24, l'autre chose impliquée,
ce sont des dépenses capitales plus faciles à faire pour l'Hydro,
sans tenir compte de l'ancien article qui la paralysait... Alors, il y a les
taux et les dépenses capitales.
Du côté des taux de l'Hydro, qui maintenant couvre toute la
province, il y a les taux industriels qui sont les taux négociés
par l'Hydro comme par n'importe quelle compagnie, sur lesquels des
barèmes vont être établis. On espère faire jouer la
péréquation de plus en plus pour les régions
sous-développées, ou les régions industriellement en
difficulté; on l'a déjà fait dans le cas de la
Gaspésie pour certaines industries, on demande à l'Hydro
d'être toujours prête à le faire ailleurs. Mais ça
ça reste des taux négociés entre l'Hydro et les
industries, et c'est d'ailleurs un des aiguillons au point de vue
développement industriel sur lesquels on peut compter. Les taux
commerciaux dans l'ensemble des compagnies, en tout cas les principales, qui
couvraient les grandes villes étaient déjà plus favorables
dans le cas de la ville de Québec, pour donner un seul exemple, que ceux
de Montréal de l'Hydro-Québec. Il va y avoir un rajustement,
c'est sûr, qui devrait coûter à l'Hydro-Québec,
à peu près $1 million par année, des taux commerciaux
surtout pour les commerces moyens et petits dans la ville de Montréal et
la région métropolitaine d'ici la fin de l'année 1963.
Autrement dit, une réduction des taux commerciaux, des blocs commerciaux
surtout modestes dans la ville de Montréal.
Quant au tarif domestique, c'est-à-dire le tarif domiciliaire
pour tous les clients individuels de l'Hydro, vous comme moi, afin de faire une
péréquation des tarifs sur tout le territoire du Québec
habité, qui, à toutes fins utiles, va être desservi
maintenant par la nouvelle Hydro, tout en tenant compte de la densité
des consommateurs, qui demeurent un facteur important, il fallait faire
disparaître d'abord cette obligation d'ajuster ces taux-réseaux
qu'avait l'Hydro avec le vieil article 24. Alors c'est là l'objet
principal du nouvel article 24, qui permet d'établir la
rentabilité avec la péréquation sur l'ensemble de la
province.
Dans ce cadre-là, l'Hydro prévoit que de nouveaux tarifs
domiciliaires vont être adoptés très bientôt,
probablement pas plus tard qu'au mois d'août, en tout cas au plus tard au
mois de septembre, et que les tarifs commerciaux et industriels où les
disparités sont moins fortes pourront être révisés
pour la fin de 1963, mais ceux-là je vais les expliquer très
rapidement. Encore ici, il s'agit de procéder par étapes et il
n'est pas dit que ces premiers ajustements ne seront pas suivis d'autres de
moindre importance pour en arriver à plus de simplicité, plus
d'efficacité. Mais pour l'instant, pour les tarifs domiciliaires, les
abonnés seront divisés en cinq groupes à l'échelle
de toute l'Hydro, en tenant compte de la densité dans les territoires.
Les cinq groupes seront les suivants: Le groupe métropolitain,
c'est-à-dire Montréal et Québec; le groupe des grandes
villes, c'est-à-dire de 6000 à 50,000; abonnés,
troisièmement, le groupe des villes moyennes, c'est-à-dire de
1500 à 6000 abonnés; quatrièmement, le groupe des petites
villes et des villages, c'est-à-dire de 250 à 1500
abonnés; et cinquièmement, le groupe rural, c'est-à-dire
250 abonnés et moins. Alors je les reprends maintenant pour donner le
résultat d'ici un mois ou deux, dans la première étape
pour la conversion des tarifs.
Les tarifs existants à Montréal et à Québec
sont presque équivalents et ils ne sont pas changés, ni à
la hausse ni à la baisse, quoiqu'on étendra le territoire
où ils sont en vigueur, le tarif métropolitain de Québec
et de Montréal. Dans la région de Montréal, partie de
l'Ile Jésus était desservie par la Shawinigan et partie par
l'Hydro-Québec. Le tarif métropolitain de l'Hydro-Québec
s'appliquera immédiatement à tout le territoire urbain de l'Ile
Jésus qui était desservi par la Shawinigan.
M. Johnson: À quel taux par rapport à l'ancien?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): À un taux qui est
diminué. Je donnerai les chiffres au député de Bagot. Je
n'ai pas les chiffres précis pour l'Ile Jésus, mais ça
diminue d'à peu près, je dirais quelque chose comme 1/5, 1/6,
mais là je ne voudrais pas m'avancer trop, j'aimerais mieux l'incorporer
dans les tableaux généraux que je vais donner très vite
dans une demi-heure; de toute façon, c'est une baisse. Le tarif
métropolitain de l'Hydro-Québec s'appliquera au territoire donc
de l'Ile Jésus. A Québec, les villes de la banlieue
immédiate, sauf Sillery, Lauzon et Lévis, qui n'avaient pas le
même tarif que la ville de Québec, l'auront désormais dans
toute la zone urbaine immédiate, c'est-à-dire comme à
Sainte-Foy, à Charlesbourg, à Beauport, à Giffard, etc.,
enfin la zone complète va être définie d'ici un mois ou un
mois et demi. Là encore ça implique, quoiqu'elle est modeste
parce que
c'était déjà des tarifs assez bas, une diminution
substantielle des comptes d'électricité domiciliaires.
M. Johnson: C'est la deuxième catégorie ça? Ou
c'est encore...
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Non, non, ça sera
incorporé dans la première.
M. Johnson: Encore métropolitain?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Métropolitain.
M. Johnson: Bien.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): C'est-à-dire ce
sera les mêmes taux que ceux qui en ce moment existent dans la ville de
Québec et dans la ville de Montréal, les deux zones
métropolitaines. Pour les autres groupes, la tarification sera la
suivante, et il y a un tableau qui permet de l'illustrer par quelques exemples
parce que le reste serait trop compliqué à donner. Le groupe 2,
c'est-à-dire celui qui concerne les villes importantes, de 6000
abonnés à 50,000 abonnés, il y aura une prime fixe de
.35¢ au départ et, ensuite, les tranches mensuelles seront de
2.4¢ au kWh, de 0 à 60 kWh, ce sont les tarifs urbains. C'est la
prime qui s'ajoute.
M. Johnson: 2.4¢?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): 2.4¢ jusqu'à
60 kWh, 1.1¢ jusqu'à 300 kWh et 1.0¢ de 300 en montant. Alors,
ça donne comme résultat, ce qui est beaucoup plus simple, pour la
ville de Trois-Rivières, qui est dans la zone de Shawinigan - je vois le
député de Trois-Rivières lever les yeux - ce n'est pas
énorme parce que ce n'étaient pas des tarifs excessifs, mais,
enfin, je donne ça comme exemple, comme première tranche de
réduction... Supposons qu'un monsieur a 400 kWh, ce qui n'est pas
énorme, mais qui est à peu près une consommation moyenne,
une famille a 400 kWh de consommation mensuelle, dans le groupe 2, ça
baissera de $5.85, immédiatement, à $5.43 par mois: ça,
c'est la ville de Trois-Rivières, Cela illustre le groupe 2,
c'est-à-dire les villes importantes.
Dans le troisième groupe, celui des villes moyennes dont
l'exemple serait la ville de Rimouski actuelle - j'ai donné les chiffres
il y a un instant, il faudrait que j'y réfère -la prime serait de
.50¢ et les trois tarifs à la consommation seraient les
mêmes, 2.4¢, 1.1¢ et 1.0¢. Pour la ville de Rimouski, pour
la même consommation de 400 kWh par mois, et les villes comparables, cela
passera de $9.50 par mois à $5.58 par mois. Là. ça
commence à compter.
Maintenant, dans le groupe 4, celui des petites agglomérations de
250 kWh à 1500 kWh, c'est .75¢ de prime fixe, si on veut, et le
même tarif, 2.4¢, 1.1¢; le tarif est uniformisé...
M. Bellemare: 1.1¢ ou bien 1.31¢?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): 1.1¢ par kWh. Alors,
on a pris Saint-Joseph-de-Beauce comme exemple, et c'est le tarif des petites
villes ou petites agglomérations de la Shawinigan qui était
très convenable, je veux dire que c'est une réduction sur un
tarif très convenable. Alors, c'est pour donner un exemple, à 400
kWh, je prends toujours la même consommation de 400 kWh par mois, qui est
une sorte de moyenne, il passe de $6.40 à $5.83. Maintenant, en prenant
le tarif rural de la Shawinigan pour le groupe 5 où la prime serait de
$1 et le tarif par kWh serait le même, toujours les mêmes chiffres,
2.4¢, 1.1¢, 1.0¢, mais la prime est de $1. Le rural de
Shawinigan, le vrai rural où il n'y a pas d'unité
d'agglomération, cela baisserait de $7.15 à $6.08. Ce sont des
exemples de la première réduction d'ensemble qui peut être
faite. Elle devrait coûter aux environs de trois millions et demi de
dollars de revenus à Hydro-Québec dès le départ,
par année, évidemment.
Maintenant, il faut tenir compte, dans ce cas, du fait que c'est aussi,
si on veut, un exemple qui est donné aux territoires des
coopératives. Je donne le seul exemple de la Gaspésie où
les consommations sont terriblement basses et le prix est terriblement
élevé, si on compare avec la moyenne de la province, où,
par conséquent, les gens sont sous-équipés au point de vue
électrique, surtout les familles modestes, parce que ça
coûte trop cher et que l'électricité n'a jamais
été disponible à un prix accessible. Alors, il est
évident, en tenant compte des disponibilités
d'Hydro-Québec, mais à mesure qu'ils accepteront de
négocier, ces coopérateurs, et qu'ils accepteront de
s'intégrer, que, par exemple, les taux que j'ai donnés pour
Rimouski s'appliqueront à l'ensemble de la Gaspésie et, s'il y a
des villaqes ou des villes, les taux équivalents à ceux que j'ai
donnés s'appliqueront également. En même temps, ces gens
qui ont fait de la coopération extrêmement pénible pendant
des années retrouveront leur part sociale, leur petit capital, pourront
l'employer à autre chose; enfin, c'est libre à eux. Ils sont
libres également d'accepter l'offre qu'Hydro-Québec leur fait,
mais ils pourront retrouver l'argent qu'ils ont mis dans cette
coopération extrêmement pénible et antinaturelle
jusqu'à un certain point; elle a rempli son rôle quand
c'était le temps, mais, aujourd'hui, Hydro-Québec peut remplir ce
rôle. En retrouvant leur argent, ils auront en même temps des
tarifs qui sont comparables à ceux
que je viens de donner, qui sont exactement ceux pour la même
consommation que je viens de donner.
Enfin, c'est une sorte de refrain de propagande que je fais ici. Mais je
crois que c'est dans l'intérêt des coopérateurs qui sont
parmi ceux, surtout dans les coins excentriques de la province, je pense en
particulier à la Gaspésie et à la Côte-Nord,
à qui une nécessité quotidienne de la vie qu'est
l'électricité coûte le plus cher.
Maintenant, avant de promulguer ces nouveaux tarifs,
Hydro-Québec, évidemment, a complété des
études pour en déterminer le coût et, également,
pour aménager - parce qu'il y a toute une série de normes
à rajuster - toutes les conditions accessoires des tarifs. Enfin, j'ai
juste besoin de parler des factures et de donner une idée de ce que
ça implique comme comptabilité et puis tout le reste...
M. Johnson: La taxe de vente subsiste, hein, monsieur?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Après l'approbation
de ce projet de loi, elle subsiste, oui, pour les compagnies. Est-ce
qu'Hydro-Québec la paie...
M. Johnson: Non, non, mais sur les comptes.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Hydro-Québec ne la
paie pas, je pense. Hydro-Québec paie la taxe sur l'essence...
M. Johnson: Non, non, mais les clients.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Pour l'instant, oui. Il
n'y a pas de changement de ce côté-là; d'ailleurs, le bill
n'en parle pas.
Alors, après l'approbation du projet de loi, il faut s'attendre -
je l'ai dit tout à l'heure, j'ai donné des dates approximatives
-à ce qu'il s'écoule au moins quelques semaines avant que les
nouveaux tarifs ne soient mis en vigueur. Mais, pas plus que quelques semaines,
en allant, disons, jusqu'à un maximum d'un mois et demi, quelque chose
comme cela.
Il faut noter aussi que - ça peut se produire en particulier dans
la ville de Rouyn-Noranda, certains coins du secteur de Northern Québec
et de Saguenay Électrique, dans certains de ces coins aussi - là
où les tarifs existants seraient plus bas que les nouveaux tarifs que je
viens d'illustrer, pour les régions où c'était plus haut,
les tarifs existants qui sont plus bas vont évidemment demeurer en
vigueur. C'est ce qui avait été...
M. Johnson: pour combien de temps?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): J'espère, en tout
cas, jusqu'à ce que je sois disparu. Mais, chose certaine, c'est qu'il
n'y a aucune intention de les monter, c'est tout.
M. Gabias: À quand la disparition?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Ça, le
député de Trois-Rivières n'est certainement pas mieux
placé que moi pour le dire. On ne le sait pas ni l'un ni l'autre.
M. Gabias: Non, mais le ministre peut le savoir, lui.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Non.
M. Johnson: Ah oui, il peut savoir quand il va changer de parti.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Ce sera le cas, par
exemple, dans le territoire de Saguenay Électrique, une partie de celui
de la Gatineau et une partie urbaine de la Northern Québec où les
tarifs resteront les mêmes. Dans le cas de la Gatineau, il s'agissait de
la ville de Hull. Maintenant, au point de vue des dépenses que ça
va permettre de faire, juste une indication, ça va permettre de les
faire en n'allant pas contre la loi, dans l'ancien article 24. Eh bien, un des
effets rapides, au point de vue des dépenses en immobilisation, de
l'abolition des réseaux, c'est que ça permet légalement
à Hydro-Québec de faire, par exemple, dès cette
année, le début d'une dépense de $12 millions à $15
millions, en deux ou trois ans, d'immobilisation en Abitibi, pour faire la
conversion de 25 à 60 cycles. Non seulement ça va
améliorer le service là-bas et ça va les mettre sur la
même longueur d'onde, si on peut dire, que le reste de la province, mais,
en plus, c'est une injection de capital de $12 millions à $15 millions
dont cette région a certainement autant besoin que d'autres dont on
parle. C'est une région, au point de vue du chômage et de la
lenteur de l'économie, qui a évidemment priorité.
Cela permet aussi de ne pas être obligé de se poser des
questions sur les investissements de quelques centaines de millions de dollars
que représente le "Crash Program", si on veut, de la ligne de 700
kilovolts qu'il faut faire, dont le défrichage est commencé,
qu'il faut faire depuis Manicouagan jusqu'à Montréal, en passant
par Québec, l'île d'Orléans, pour amener le courant des
nouveaux développements de la Manicouagan. Soit dit en passant, tous les
contrats de défrichage de la ligne ont été
consolidés chez les agriculteurs eux-mêmes. C'est la
première fois, je crois, que ça se fait et ça
représente un appoint pour les agriculteurs de toute la région,
en tout cas, singulièrement dans le comté de Charlevoix, dans
tous les comtés qui seront affectés, parce qu'on a passé
par l'UCC et on a réussi
à convaincre l'UCC et Hydro-Québec - ils se sont
convaincus mutuellement - que l'UCC pouvait prendre la responsabilité;
cela aurait été impossible de donner ça à des
individus en les tenant responsables chacun de son petit lopin ou de son petit
morceau. Mais l'UCC a accepté de prendre charge de ses propres gens qui
sont ses membres, pour la plupart, au point de vue des assurances, au point de
vue de la responsabilité collective, et ça a été
négocié entre Hydro-Québec et l'UCC. Tout
récemment, on a eu une lettre; je n'ai pas l'intention de la citer ici,
mais tout simplement de dire que l'UCC était très heureuse et que
ça permettrait à ces gens -quand même, c'est un appoint -
de pouvoir faire eux-mêmes, collectivement, un groupe, la partie
défrichage de cette ligne dont c'est la première étape,
évidemment, du terrain.
M. Bellemare: C'est loin pas mal, les deux premières?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Loin, c'est certainement
loin, mais la distance exacte, je ne pourrais pas la donner.
M. Bellemare: Parce qu'il y en a déjà deux, là, qui
montent à Montréal...
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Non, c'est assez loin pour
que ce ne soient pas les mêmes cultivateurs. Est-ce que le
député de Charlevoix est ici? Je ne pourrais pas donner la
distance exacte, en tout cas, ça suit en général la
même direction, évidemment, ça vient du même...
M. Bellemare: Ça se rend jusqu'en ville?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Bien, ça part d'un
coin qui va s'appeler Manicouta, c'est-à-dire qui ramasserait
éventuellement tout ce qui viendrait de la Manicouagan, et en suivant la
Côte-Nord, généralement dans la même direction que
les lignes de Bersimis, mais séparément, ça viendra
jusqu'à Québec, ça traversera le fleuve dans la
région de Québec, probablement à l'île
d'Orléans et, ensuite, ça irait jusqu'à Montréal
par le sud. À partir de Québec, c'est par le sud.
M. Bellemare: Par le sud, ce n'est pas chez nous, ça.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Ah, je regrette. Si le
député de Champlain m'avait dit ça tout de suite, je
l'aurais vu venir. Enfin, au point de vue des dépenses capitales,
ça permet aussi à Hydro-Québec, dans son nouveau
réseau du Bas-du-Fleuve et de la Gaspésie, de compléter la
ligne - déjà cette année, c'est demandé - qui n'a
jamais été terminée dans la Matapédia, de
façon moderne, la ligne qui descend jusqu'à la Baie ' des
Chaleurs et nui va fournir aussi à Campbeilton, au Nouveau-Brunswick, la
ligne de la compagnie Brillant, la compagnie du Bas-Saint-Laurent qui
était à moitié moderne, et, le député de
Bagot doit s'en souvenir, dont l'autre moitié est désuète.
Alors, Hydro-Québec fait immédiatement les travaux. Pour
compléter cette ligne de la Vallée de la Matapédia et la
rendre moderne, elle fait également à toute vitesse la ligne
Chandler-Murdochville qui va permettre d'amener le courant à temps pour
la nouvelle usine à papier de Chandler. C'est du travail de plus, c'est
de l'investissement de plus et elle est prête aussi à absorber les
coopératives de la Gaspésie qui sont parmi celles qui en ont le
plus besoin en faisant cette espèce de baisse de tarif en même
temps que remise de capital aux gens, ce qui pourrait économiquement
être très utile pour eux.
Maintenant, un des députés a parlé tout à
l'heure de la taxe de vente. Eh bien, le premier ministre en a parlé
déjà et je crois que ça s'applique à cet article
parce qu'on parle des dépenses d'Hydro-Québec et je voudrais tout
simplement permettre...
M. Guillemette: M. le Président...
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Est-ce que le
député me permettrait de finir, deux minutes? La taxe de vente
est une chose qui touche particulièrement - on en entend parler dans les
journaux depuis quelques jours - elle a un effet particulièrement...
M. Johnson: La taxe fédérale?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Oui, la nouvelle taxe de
11%, elle a un effet particulièrement brutal sur les opérations
d'Hydro-Québec.
M. Gabias: Cela vous choque, ça.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Bien, ça ne me met
pas de bonne humeur, et je ne suis pas le seul.
M. Gabias: Grondez-les un peu.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Le premier ministre en a
parlé de façon générale ces jours-ci: il a
déjà donné l'opinion du gouvernement et il a
mentionné Hydro-Québec. Maintenant, je peux détailler un
tout petit peu, en deux minutes, ce que ça représente pour
Hydro-Québec. On lui demande, après la nationalisation, de faire
un effort maximum et nécessaire pour la province, ce qui est en grande
partie reflété par les explications que je viens de donner sur le
changement à l'article 24. On lui demande à la fois de sacrifier
les revenus pour baisser les tarifs. Évidemment, elle les
rattrapera dans quelques années par la demande croissante mais il
reste qu'elle doit subir une perte de revenus dans certaines régions. En
même temps, on lui demande de faire un effort vigoureux d'investissement
parce qu'elle fait partie des stimulants écnomiques dont la province a
besoin, et il peut arriver qu'en même temps on lui demande de participer
à d'autres projets d'expansion de la province parce qu'elle est un
instrument de développement économique aussi. J'ai juste
mentionné tout à l'heure les taux, les tarifs industriels et, en
même temps, Hydro-Québec est sur le marché comme
investisseur pour tous ces projets, déjà, pour quelque chose qui
approche les $200 millions pour les cinq prochaines années. $200
millions par année.
M. Johnson: Par année.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Cela peut confiner au
milliard d'ici cinq ans parce qu'il y a Manicouagan, la finition de Carillon.
Il y a Manicouagan et les Outardes qui vont continuellement progresser et il y
a la ligne de 700 kilovolts, la première au monde de cette importance
qui, elle aussi, représente quelques centaines de millions de dollars.
La compilation qu'on m'a apportée aujourd'hui est de l'ordre d'un
milliard de dollars de dépenses capitales d'ici cinq ou six ans. Alors,
M. le rédacteur financier de la Gazette, qu'on ne soupçonnera pas
d'être dans mon intimité, je pense bien, donnait ce matin des
arguments particulièrement intéressants sur cette taxe
fédérale. Je voudrais en lire juste deux, parce qu'on voit
à quel point ça devient braque quand on parle
d'Hydro-Québec.
L'intensité des protestations - je traduis au galop, mais les
députés pourront facilement rattraper, c'est dans la Gazette de
ce matin, c'est M. Maher - qui s'élève contre la taxe, la
nouvelle taxe de vente, menace d'obscurcir les causes de cet
événement. La taxe par elle même est une innovation
désastreuse, dit-il; toute mesure qui ajoute un minimum de 11% au
coût de construction, au coût de nouvelles pièces
d'équipement, au coût, par voie de conséquence, de tous les
processus de production est insupportable. Il faut qu'on la place dans la
perspective de l'ensemble de l'activité économique, mais,
cependant, pour apprécier de façon convenable les
conséquences pour l'emploi, pour l'investissement, pour les
dépenses capitales, pour le maintien d'une position compétitive
ou concurrentielle, pour la balance des paiements, etc., il faut prendre une
vue d'ensemble et, alors, on s'aperçoit que tous les aspects de
l'économie sont affectés par cette taxe, que nulle part elle ne
peut être avantageuse, sauf dans les compilations budgétaires
finales et, même là, on n'est pas sûr, mais, entre-temps,
elle affecte de façon désastreuse, dit le chroniqueur financier
de la Gazette, tout le monde, surtout quand on parle d'une relance de
l'économie.
Or, il donne ceci, ensuite, comme développement de son
argument.
M. Bellemare: Vous vouliez un gouvernement stable.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): L'effet le plus
évident - attendez un peu, vous allez voir combien ça devient "le
fun" pour Hydro-Québec - de cette taxe va être vu très
évidemment dans l'annulation ou le retard de, par exemple, $110 millions
de projets de construction dans le secteur privé, très
évidemment. Traduisez cela en perte d'emplois aussi bien dans
l'industrie du bâtiment que dans les industries d'approvisionnement, les
"supply industries", ajoutez à cela l'annulation ou le retard d'un
nombre indéterminé de projets qui sont encore en train de se
faire dessiner, autrement dit à l'état d'ébauche et qui
sont destinés, tant que cette taxe sera là, fort probablement,
à rester à l'état de dessin, et traduisez cela encore une
fois par la perte d'emplois. Alors, cela s'applique à des gens dans le
secteur privé, à toutes fins utiles, qui ou bien peuvent annuler,
ou bien peuvent se rattraper au moins partiellement par des déductions
d'impôt. Mais ça ne s'applique pas à Hydro-Québec,
corporation de la couronne.
Évidemment, un des arguments de la nationalisation, je n'ai pas
envie de le répéter, c'était justement qu'on sortait
Hydro-Québec du domaine de l'impôt sur le revenu et que ça
faisait une ristourne immédiate dans le secteur public essentielle pour
la province.
Alors, voici ce qui arrive, c'est ma conclusion. Non seulement cela
affecte particulièrement des sociétés de la couronne comme
Hydro-Québec, puisque l'effet sur le revenu ne peut absolument pas
être compensé par une diminution, nulle part, de l'impôt sur
le revenu - il n'existe plus, comme ce sera le cas pour les compagnies
privées - mais, en plus, cela affecte plus Hydro-Québec
qu'Hydro-Ontario, pour donner un exemple, parce qu'Hydro-Québec
aménage des forces hydrauliques - et ça, le député
de Bagot est là pour opiner du chef sûrement -où la
dépense capitale est importante et même ce qu'il y a de plus
important, tandis qu'Hydro-Ontario est de plus en plus portée, par la
nature même des choses du côté de l'Ontario, vers
l'aménagement de centrales thermiques où la dépense
capitale est beaucoup moins importante par rapport à la dépense
en combustible. Quand on évalue la rentabilité des deux secteurs,
ça coûte moins cher de faire une centrale thermique pour le
même rendement, puis ça coûte "sacrement" plus cher pour la
faire fonctionner. Mais, au
point de vue de la construction, au point de vue des investissements,
où on va se faire cogner, c'est évidemment du côté
du Québec parce qu'Hydro-Québec aménage beaucoup plus dans
le secteur où l'immobilisation coûte le plus cher. Finalement,
ça coûte moins cher à longue échéance, mais
c'est pendant les années qui viennent qu'on va y goûter.
M. Johnson: On paie des taxes sur de plus gros montants.
M. Lesage: Il y a aussi la transmission qui va coûter beaucoup
plus cher...
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Il y a le transport qui...
Oui, parce qu'il faut aller chercher l'eau de plus en plus loin, et c'est
normal, on a d'immenses ressources, tandis qu'une centrale thermique, on peut
la fourrer près du marché; c'est ce qu'on fait de plus en plus,
d'ailleurs.
M. Gabias: ... un gouvernement stable... Ottawa.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Tout nous cogne en
même temps, ça affecte également... Non, mais pour donner
un exemple du fait qu'on dirait que ça nous vise
particulièrement.
M. Bellemare: On est de votre avis.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Cela affecte
Hydro-Québec.
M. Gabias: Le gouvernement stable, là, de...
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Je ne fais pas de
politique, je vous parle simplement du sort d'une très grosse entreprise
québécoise qui nous appartient à tous.
M. Bellemare: Vous avez raison.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Cela affecte
Hydro-Québec plus que la Colombie-Britannique qui est l'autre grand
producteur, qui a de grands projets sur la rivière à la Paix dont
on a entendu parler puisque, là-bas, on fait des barrages en
enrochement, du "rockfield", et ça, ça ne tombe pas sous la taxe,
le "rockfield", l'enrochement...
Une voix: C'est sur la Columbia...
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Sur la Columbia, oui, mais
il y en a une bonne partie qui est aux États-Unis, puis ils ne sont pas
affectés par les... la partie, oui, mais tout le projet de la
rivière a la Paix, et je pense qu'il y a du "rockfield" aussi sur la
Columbia.
M. Gabias: Le premier ministre a demandé de voter pour M.
Pearson.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Voulez-vous me foutre la
paix là-dessus? Alors que Manicouagan...
M. Johnson: Le premier ministre, c'est le premier ministre.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): M. le Président, je
n'ai dit une seule fois ni Pearson, ni Gordon, je parle d'une taxe et de
l'effet qu'elle peut avoir sur Hydro-Québec. Je voudrais rester dans le
sujet.
Alors que Manicouagan et Outardes, qui représentent des centaines
de millions de dollars d'investissements, sont basées sur la conception
partout des barrages en ciment -il était prévu depuis des
années que ça devait être comme ça à cause de
la nature des choses là aussi - on est affecté du premier au
dernier cent, du premier au dernier centin.
Cela va coûter à Hydro-Québec, d'après les
calculs qui peuvent encore être affinés sur un programme
d'investissement qui peut confiner au milliard de dollars d'ici cinq ou six ans
au plus, probablement un maximum possible d'une cinquantaine de millions de
dollars additionnels dans cinq ans, c'est-à-dire entre un strict minimum
probablement dépassé de $5 millions, et ça peut confiner
à $10 millions par année. En même temps qu'on lui demande
de faire de nouvelles dépenses, il est prévu qu'elle doit baisser
ses tarifs; ça cogne en pleine face, probablement, sûrement un
minimum de $5 millions, et ça peut confiner jusqu'à $10
millions.
Cela apparaît particulièrement discriminatoire pour
Hydro-Québec, et on peut même dire que sans que ça se soit
passé ainsi - il ne s'agit pas de faire des procès d'intention
à personne, ça a plutôt été improvisé
qu'autre chose, on dirait - on a l'impression qu'en général c'est
notre province qui sera la plus frappée non seulement par son Hydro,
c'est indiscutable, mais aussi par ses nombreuses industries dynamiques. On
parle toujours des secteurs dynamiques, les secteurs d'investissements qui sont
ceux où il y a le plus de capital par rapport à l'emploi de la
main-d'oeuvre, c'est-à-dire des choses comme les pâtes et papiers.
On parle de nouveaux projets, etc. Tout cela implique beaucoup
d'investissements et de construction, c'est énorme. On parle de relance
de l'économie chez nous pour l'industrie secondaire. Il y a en marche
une série de projets de construction, de gros investissements du
côté pâtes et papiers, du côté aluminium, du
côté développement minier et, évidemment, du
côté électricité. Alors, c'est tout le
développement de la province qui est
évidemment frappé...
M. Bertrand (Missisquoi): C'est ça.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): ... qui, à notre
humble avis... Je répète simplement, pour terminer, ce que le
premier ministre a dit. Dans des domaines comme ceux-là, qui affectent
directement le développement de la province, si cette mesure n'est pas
rescindée ou amendée de quelque façon, elle va vraiment
nous faire du mal. C'est le moins qu'on puisse dire, un mal qui peut être
intolérable. Alors, c'est ça, l'article 24.
M. Johnson: M. le Président, je remercie le ministre de nous
avoir fourni des chiffres et des précisions qui sont intéressants
pour toute la population. Pour reprendre à l'envers son exposé,
je vais tout de suite traiter de ce problème de la taxe de vente et lui
dire que c'est sans aucune hésitation que l'Opposition endossera toute
démarche du gouvernement pour tâcher de faire enlever cette taxe
que le ministre a clairement analysée quant à ses effets sur un
secteur aussi important que celui d'Hydro-Québec.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Elle peut nous
paralyser.
M. Johnson: Il y a tout de même un bout, M. le Président,
si pour récupérer des taxes d'Ottawa on nationalise, puis,
ensuite, Ottawa vient les chercher d'une autre manière. Eh bien, je
pense, M. le Président, que ce n'est pas agréable.
Mais là où ça voisine presque le grand guignol,
c'est quand c'est fait par un monsieur Gordon qui est de l'un des deux bureaux
de comptables qui s'occupent d'Hydro-Québec. Clarkson Gordon et Cie,
comptables agréés, est l'un des deux bureaux qui font l'audition
des comptes d'Hydro-Québec. C'est le même M. Gordon qui s'en vient
nous frapper avec $5 millions, M. le Président, et...
M. Lévesque (Montréal-Laurier): C'est le même
Gordon.
M. Johnson: C'est le même Gordon, Clarkson Gordon, qu'est-ce que
vous voulez que j'y fasse?
M. Bertrand (Missisquoi): Il devrait être au courant.
Une voix: Ne les réengagez pas.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Ils ont un bureau à
Montréal.
M. Johnson: Le premier facteur qui dramatise, au point peut-être
d'arracher un peu de sourires même quand c'est triste, c'est que c'est
fait par Gordon, comptable agréé, de l'un des deux bureaux
engagés à Hydro-Québec pour faire le rapport et le signer
et, deuxièmement, c'est fait par un ministre dans un gouvernement et ce
n'est pas...
M. Bertrand (Missisquoi): Vous allez le renvoyer.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): S'il n'en tient
qu'à moi.
M. Johnson: M. le Président...
M. Bertrand (Missisquoi): On va vous aider.
M. Bédard (président du comité plénier):
À l'ordre!
M. Johnson: M. le Président, ils ne seraient même pas
rentrés si ça avait dépendu de nous, à Ottawa, je
veux dire. Et là, je ne blâme pas le ministre des Richesses
naturelles, mais dire que ça arrive par le ministre d'un gouvernement
que le premier ministre de la province de Québec nous a suppliés,
nous, citoyens du Québec, d'élire à Ottawa, ça, M.
le Président, on aura frappé à peu près...
Une voix: Le ministre n'a pas fait de politique, n'en faites donc
pas.
M. Johnson: Je saurais parfaitement...
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Je voudrais simplement...
Un point d'ordre.
M. Bédard (président du comité
plénier):À l'ordre!
M. Johnson: Ah, mais j'ai dit au ministre que ce n'était pas lui
que je visais.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Non, pas seulement
ça, mais c'est parce que, si le chef de l'Opposition veut faire un
débat sur M. Gordon en tant que ministre des Finances libéral et
sur la campagne fédérale je suis prêt, mais je ne vois pas
ce que ça va ajouter à l'article 24.
M. Johnson: M. le Président, ça, le ministre a dit ce
qu'il pensait sur le problème...
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Et sur la taxe, mais
ça...
M. Johnson: Moi, je le dis ce que je pense et je ne suis pas surpris de
l'augmentation des taxes avec les promesses que faisait le gouvernement, qu'on
voulait
qualifier de gouvernement stable; ce n'est pas malin. Avec la promesse
que M. Gordon faisait de réduire le déficit, il ne fallait pas se
surprendre qu'il faille des taxes quelque part. M. le Président, je suis
parfaitement de l'avis du ministre, il semble que cette taxe est
discriminatoire contre l'Hydro et le ministre y a touché en
passant...
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Pour ce qui est de
l'Hydro, il ne semble pas, c'est un fait.
M. Johnson: C'est un fait. Cela crée à part ça
certains inconvénients à l'Hydro d'une nature peut-être un
peu plus théorique, mais qui est quand même - le ministre est bien
au courant - importante. Quand l'Hydro planifie en vue du développement,
elle tient compte dans ses projections ou ses extrapolations de la courbe
d'augmentation normale des salaires sur une période de dix ans, quinze
ans. On sait que récemment d'ailleurs, à partir du 1er juillet,
en vertu d'un décret ministériel, on a approuvé le
décret augmentant les salaires dans la construction de 10%, je crois, ce
qui fait tout de suite une augmentation, mais je crois que ce genre
d'augmentation est prévu dans les prévisions, dans les chiffres
que les planificateurs de l'Hydro font. Mais ce qu'on ne peut pas...
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Sauf une, ils se sont fait
prendre une fois avec un sous-traitant qui augmentait à cause d'un
syndicat et puis cela a été compliqué pour le contrat.
M. Johnson: M. le Président, ce qui complique
considérablement la tâche de l'Hydro, comme n'importe quelle autre
grosse entreprise, mais c'est la plus grosse ou l'une des plus grosses de la
province, c'est que ces taxes-là ne sont pas prévisibles; une
taxe aussi surprenante, aussi étrangère qui nous arrive comme un
cheveu sur la soupe, aussi inattendue qu'une taxe de 11% sur
l'équipement et sur les matériaux de construction, M. le
Président, il n'y a personne, il n'y a aucun économiste, il n'y a
aucun expert de l'Hydro, comme de l'entreprise privée, qui pouvait
sensément s'attendre, dans le contexte, dans la conjoncture
économique actuelle, à une augmentation de ce
genre-là.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Puis pour relancer
l'économie, plus on la reqarde, plus elle est braque.
M. Johnson: M. le Président, tout le monde savait que notre pays
avait besoin d'une relance de l'économie, que notre pays avait besoin de
se lancer très rapidement dans la création de nouveaux emplois
afin de combattre le chômage; mais personne n'aurait pensé que
ça devait se faire, ça, avec une taxe de 11% sur la construction.
M. le Président, je ne veux pas m'étendre sur ce sujet, sauf que
je tiens à répéter ici que dans ce domaine, quand il
s'agira du bien-être de la province et du bien-être de l'Hydro,
l'Opposition n'a pas l'intention de barrer la route au gouvernement dans la
mesure où ça peut lui être utile. M. le Président,
le ministre nous a donné des renseignements très utiles sur les
coopératives, je n'ai pas très bien compris si les
coopératives étaient désireuses en général
de s'adonner ou de se donner, se jeter entre les bras de l'Hydro...
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Il me semble que tout
récemment puisque le député veut... Oui, est-ce que le
chef de l'Opposition veut une réponse''
M. Johnson: Oui, j'aime autant, oui.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Il me semble que tout
récemment il y en a été question, si ce n'est pas ici,
alors...
Une voix: Oui, oui, c'est ici.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Oui, oui, c'est au moment
des crédits, le chef de l'Opposition n'était pas là, je
crois; 15, je crois que c'est le chiffre que j'ai donné, je ne l'ai pas
devant moi, mais 15 sur 45; en tout cas, un tiers ont offert de
s'intégrer aux conditions offertes par l'Hydro, mais seulement les
négociations de chiffres précis, parce qu'il y a une question de
calcul, non seulement de l'avoir propre, mais dans certains cas du trop-percu,
ou alors de dettes dans l'autre sens... Quand l'Hydro aura cette loi-là
en main et qu'elle pourra marcher, ça devrait se faire d'ici la fin de
1963 pour celles qui se sont offertes jusqu'ici.
M. Johnson: Merci, M. le Président. Il est tout de même une
phrase du ministre que je ne peux pas prendre à mon compte, c'est quand
il parle de la coopération ou des coopératives qui sont
antinaturelles; j'imagine que ça ne s'applique peut-être
qu'à la situation actuelle, j'espère du moins, car elles ont
joué tout de même un rôle dans le passé, un
rôle nécessaire, elles ont été des instruments
nécessaires à une période de notre
développement.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Mais ça, au moment
des crédits, je l'ai dit plus en détail, je crois qu'on
était d'accord là-dessus.
M. Johnson: Mais il est deux points sur lesquels je voudrais attirer
l'attention du
ministre; et le premier, c'est le sort des cultivateurs. Le ministre a
peut-être eu des représentations, c'est le tarif qu'on impose aux
cultivateurs. Les compagnies privées, du moins, dans notre
région, considéraient le cultivateur sur la base du tarif
commercial ou sur la base de la résidence, je ne le sais pas, mais avec
le résultat que le cultivateur, par exemple, qui fait l'élevage,
même quand il n'est pas sur une base industrielle, de poulets, disons, de
poulets de gril, se ramasse avec un compte fantastique. Je crois que l'un des
moyens...
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Entre nous, juste en
passant, un poulailler, un peu scientifigue, est-ce que ça ne
dépense pas "martyr" aussi, parce qu'il faut que ça soit maintenu
à une certaine température?
M. Johnson: Ça dépense beaucoup.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Alors, si c'est sur une
base commerciale, il faut quand même qu'ils paient pour leur courant; si
c'est un petit éleveur, bien là, je ne le sais pas.
M. Johnson: Bien, M. le Président, le problème de
l'agriculture, je ne veux pas soulever tout un débat là-dessus,
mais...
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Moi non plus, tout ce que
je sais, c'est que je suis entré dans un de ces poulaillers, et puis on
s'aperçoit que c'est chauffé à
l'électricité...
M. Johnson: Le problème de l'agriculteur, cela a
été et c'est, malgré l'augmentation du revenu brut, une
diminution à peu près régulière de son revenu net
depuis sept, huit, dix ans. Il faudrait trouver un moyen de baisser son
coût de production et, dans bien des régions de la province,
abaisser le coût de l'électricité dont le cultivateur a
besoin pour sa culture spécialisée à lui, eh bien, c'est
peut-être le moyen le plus efficace de lui aider.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Je peux m'engager avec le
député de Bagot à demander à l'Hydro de faire une
étude du côté rural, parce que, dans un plan de
développement, c'est sûr que ça pourrait être
important.
M. Johnson: Si l'Hydro veut bien consulter l'UCC là-dessus et
l'association d'éleveurs.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): D'accord.
M. Johnson: Écoutez, je n'ai pas en vue, moi, le bonhomme qui en
a 25,000.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Non, mais établir
des normes...
M. Johnson: Mais je parle de la ferme moyenne, même de la ferme un
peu plus que moyenne que l'on trouve dans Rouville, dans Bagot et dans quelques
comtés privilégiés de la province, même dans
Témiscamingue; on trouve des belles fermes, surtout dans ce
coin-là, dans certains coins de Témiscamingue, les coins qui
votent le mieux. Si l'Hydro voulait apporter une attention spéciale
à ce problème, je crois qu'elle rendrait un service qui est
attendu et qui est tellement nécessaire dans ce temps-ci à la
classe agricole.
L'autre aspect, M. le Président, c'est la réduction des
taux industriels. Je n'apprendrai rien en disant au ministre que ce n'est pas
tout le monde qui croit qu'on doit aider l'industrie par la planification,
qu'on doit planifier par la tarification de l'électricité, qu'on
doit favoriser l'établissement d'industries, la décentraliser en
donnant des taux d'électricité réduits. Ce ne sont pas
tous les pays qui ont cette opinion-là. Le ministre connaît un
pays, par exemple, si mes renseignements sont exacts, la France, où on a
décidé de facturer aux clients je ne dirais pas un coût
réel, mais un coût réaliste, un coût qui varie de
département en département, sauf que, pour les 25 ou 30 derniers,
on a fait une espèce de pool. Je ne sais pas si on s'est fatigué
de calculer le prix coûtant relatif pour chaque département, mais
là, on a fait un pool et on a établi le même tarif pour ces
25 ou 30 départements qui n'étaient pas encore
réglés.
Il se trouve - et on l'a lu dans un journal récemment- certains
économistes, je ne me souviens pas du nom de celui-là, ça
a paru dans la Presse il y a à peu près deux mois, qui
prétendent que la tarification, c'est un moyen désuet et
dangereux d'aider à l'établissement de l'industrie dans certains
secteurs de la province.
On prétend, M. le Président, qu'il est beaucoup moins
dispendieux pour une administration d'accorder une subvention directe comme
ça se fait actuellement en France par le Commissariat au Plan, que
d'accorder des taux d'électricité réduits, et on comprend
pourquoi, M. le Président.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Oui, c'est ça.
M. Johnson: Surtout ici.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Je pense que, donnant
donnant, l'Électricité de France est mal prise de toute
façon, parce que ça coûte très cher en France,
alors...
M. Johnson: Non, mais cet article qui a paru dans la Presse et qui
venait d'un Canadien, apparemment, m'a bien impressionné. J'ai
fouillé cette question, c'est qu'on prétend qu'en donnant une
réduction sur le prix de l'électricité à une
industrie on crée une situation artificielle qui tend à se
perpétuer, d'abord, et qui faussera dans l'avenir certaines
prévisions et certains calculs, et je m'explique. Surtout ici au Canada,
dans notre régime actuel, tant et aussi longtemps qu'il subsistera,
notre régime fédéral, quand on donne une
réduction... Il vient de recevoir un mauvais coup le régime
fédéral ce soir, il a reçu un bon coup du premier
ministre l'autre jour.
M. Lesage: Non, non, je ne crois pas que le régime
fédératif ait reçu un coup du premier ministre l'autre
jour ou un coup du ministre des Richesses naturelles ce soir; ce n'est pas le
régime fédératif que nous avons attaqué, mais c'est
une action unilatérale, dans le gouvernement fédéral.
M. Gabias: C'est le ministre qui va pouvoir répondre.
M. Lesage: Ce sont des accidents malheureux.
M. Johnson: C'est un portrait qui s'assombrit, surtout quand je parle de
planification, surtout avec la nouvelle loi encore - le premier ministre m'a
dit qu'il l'étudiait, nous aurons une déclaration,
j'espère - une nouvelle loi qui prévoit des ministres
régionaux et qui va se mêler de planification. Je ne sais pas ce
qui va nous rester comme place, mais dans notre État
fédératif, quand l'Hydro, prenons un chiffre théorique,
accorde une réduction d'électricité dans la
Gaspésie à une usine - disons qu'elle fait économiser
$50,000 d'électricité, qu'elle vend l'électricité
$50,000 moins cher qu'elle ne coûte ou qu'elle ne devrait coûter -
eh bien, cette usine, cette industrie, lorsque ses affaires sont bonnes, fait
$50,000 de profit de plus et elle va payer 40% à Ottawa de ces
profits-là; alors on vient d'envoyer $20,000 à Ottawa de
plus.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Si on se reporte aussi a
la coutume de l'Hydro, qui a très rarement été
brisée, je crois qu'elle est basée sur le prix de revient
d'abord; il faut que le prix de revient soit rattrapé. Maintenant,
ça nous ramène à l'article 24, à cause de cette
comptabilité par réseau. Le député de Bagot doit se
souvenir du fait que des morceaux de Bersimis arrivent à
Montréal, et il y a du Beauharnois mêlé. Par ailleurs, dans
le Nord-Est, le prix de revient doit être plus élevé;
pourtant, c'est ià que se trouve la Bersimis, mais il a fallu briser les
taux par rapport au prix de revient dans le réseau pour, par exemple,
CBA à Baie-Comeau, pour lui donner à $3000, et Dourtant
c'était défendable si on tient compte du prix de revient
d'ensemble. C'est ce que va permettre de faire l'article 24. Un facteur, c'est
le prix de revient. Je ne crois pas que l'Hydro, à moins de cas
très exceptionnels, doit aller en bas de son vrai prix de revient, parce
que, à ce moment-là, ça devient une subvention
complètement indéfendable, à une condition qui est
secondaire, je veux dire qui s'enchaîne avec la première, c'est
qu'on garde notre marge, non pas pour se couper le cou nous autres mêmes,
mais vis-à-vis de l'Ontario, des Maritimes, de l'État de New
York, de tous ceux qui nous entourent. Que notre courant industriel demeure
suffisamment moins cher que ceux de notre entourage pour que ce
facteur-là ne puisse pas les inciter à s'en aller ailleurs. Si on
veut aller plus loin, on peut quand même se servir de
péréquations, une fois ces deux facteurs
considérés, sans se faire embarquer par des industries qui, comme
dit le député de Bagot, riraient de nous autres après en
disant: On a mis $50,000 dans nos poches avec l'électricité, puis
on rit d'eux autres. Il faut évaluer, je pense bien, le facteur
péréquation un peu pour les régions faibles parce qu'il
faut parfois une "incentive" de plus pour amener une industrie, toujours en
tenant compte du prix de revient de l'électricité, mais le vrai
prix de revient à l'échelle de la province. Il y a aussi un autre
facteur qui a, je crois, son importance, l'importance même du facteur
électricité dans l'entreprise ou l'industrie en question.
Supposons l'aluminium ou l'électrométallurgie dont on parle de
plus en plus à Sorel ou ailleurs, des endroits comme ça,
où on fait des processus électro-industriels de plus en plus
complexes où il y a de plus en plus d'électricité. Dans
certains secteurs, le facteur électricité peut être vital,
il faut être sûr qu'on ne prend pas une trop grosse marge de profit
si ça peut nous couper le cou au point de vue de l'installation de ces
gens-là ou de la production. Mais il ne faut pas se laisser jouer
maintenant, l'Hydro a Quand même de bons économistes, de bons
comptables, de bons ingénieurs; comme ces taux-là sont
négociés, plus il y aura un plan précis, plus on saura
où on va, moins on aura de chance de se faire organiser.
M. Johnson: M. le Président, le ministre parle de
péréquation, c'est vrai, c'est beau, c'est nécessaire dans
une certaine mesure, je pense bien, mais ce qu'on charge en moins quelque part
ça coûte en plus ailleurs, il n'y a pas de miracle
là-dedans. Si on baisse les taux en Gaspésie, ça ne veut
pas dire qu'on va les monter à Montréal, mais ça veut dire
qu'on ne pourra pas les baisser à Montréal.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Ça veut dire que
les profits - il faut calculer sur les profits ou les réserves de
l'Hydro -devront être ajustés de façon à toujours
maintenir sa stabilité, toujours la garder dans un état rentable,
mais pas à en faire une entreprise de "séraphin" qui essaie
d'accumuler pour accumuler. C'est-à-dire qu'il faut qu'elle soit en
santé mais il faut qu'elle participe au développement.
M. Johnson: M. le Président, oui. Mais parlons de la distribution
sur les individus, sur les contribuables de la province. Ce qu'on va accorder
en réduction, même si on vend en bas du prix coûtant dans
certaines régions de la province, c'est d'autres régions de la
province qui le supporteront. C'est indiscutable.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Ça c'est
évident. Les diminutions dont on parle et les dépenses de capital
vont être prises à même ce qu'on récupère
essentiellement du fédéral en impôts sur le revenu - cela a
été dit pendant des mois d'ailleurs - et aussi jusqu'à un
certain point à même les profits qui étaient
distribués par les compagnies à leurs actionnaires; les
actionnaires deviennent les gens de la province partout, c'est normal qu'on
soit ensemble d'une région à l'autre.
M. Johnson: Oui, mais le ministre va reconnaître que le
système de comptabilité imposé par la loi avant
l'amendement que l'on étudie avait tout de même quelque chose de
réaliste. On pouvait se rendre compte, pour autant que c'est possible
d'atteindre la perfection dans ce domaine-là, de ce que coûtait
l'électricité dans telle et telle région. On pourrait
amender l'article 24 sans détruire cette méthode de
comptabilité.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Je ne suis pas
d'accord.
M. Johnson: Voici pourquoi, je trouve qu'on saurait mieux où on
en est dans chaque coin de la province, ce que nous coûte chaque nouveau
développement. La Chambre pourrait s'en rendre compte plus
facilement.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Est-ce que le
député de Bagot me permet une chose? Simplement ceci. Ce
système-là, l'Hydro d'Ontario l'a aboli avant
l'Hydro-Québec. Eux aussi ils avaient des réseaux
séparés. Cela devenait une logique de comptables butés qui
disaient: Bien, dans tel réseau c'est très artificiel, et tout le
monde le savait. On ne peut plus donner un coup de main dans ce coin-là
parce que notre comptabilité ne nous le permet pas. Tandis qu'à
l'échelle de la province, où on est tous des citoyens ensemble,
si c'est rentable puis payant cette histoire-là, au lieu de fourrer
l'argent en réserve - à un moment donné, c'est des
intérêts sur les réserves tellement ça s'accumule -
bien, qu'on s'en serve pour aider les gens, pour développer la
province.
M. Johnson: M. le Président, j'espère me faire comprendre
par le ministre, je crains même qu'il me comprenne tellement qu'il me
donne la réponse avant que j'expose complètement le
problème. Il n'était pas nécessaire, en amendant l'article
24, de l'amender au complet de cette facon-là, c'est-à-dire qu'on
pouvait établir une péréauation à travers la
province, qu'on pouvait réduire les taux en Gaspésie,
réduire les taux dans certaines régions de l'Abitibi. On pouvait
le faire, M. le Président, sans abolir le système de
comptabilité, tout simplement en mettant un petit article, un petit
paragraphe d'une ligne ou deux qui aurait permis de faire des transferts de
réserves de taux d'une place à l'autre. On aurait eu l'avantage,
je comprends que politiquement ça aurait été
dangereux...
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Non, mais en plus il
aurait fallu...
M. Johnson: Cela aurait été mauvais, mais je
prétends qu'au point de vue des affaires c'est mauvais de ne pas savoir
où on en est. Et s'il y a quelqu'un dans la province qui s'imagine que
la Chambre, les députés, qui sont les grands administrateurs dans
un système nationalisé, qui sont les grands responsables en vertu
de tous les beaux discours qu'on fait, s'il y a quelqu'un qui s'imagine que des
députés, y compris celui qui parle, vont pouvoir voir clair dans
tout ça dans quelques années, M. le Président, il se fait
des illusions.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Mais est-ce que le
député admettra que ça va quand même? Si on veut les
détails, on les obtiendra. Ce sera plus clair avec un nouvel article
qu'avec l'ancien, où c'était devenu des morceaux très
artificiels d'un réseau à l'autre.
M. Johnson: M. le Président, les morceaux n'étaient pas
artificiels.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): C'était devenu des
morceaux très difficiles d'un réseau à l'autre.
M. Johnson: M. le Président, les morceaux n'étaient pas
artificiels.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): D'accord. D'abord, ils
n'étaient pas artificiels.
M. Johnson: Le ministre ne me fera pas
admettre ça. Il avait les bons principes.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Ils n'étaient pas
artificiels...
M. Johnson: On se rendait compte au moins ce que coûtait
l'électricité rendu à tel et tel endroit et dans le
rapport qu'on remet à la Chambre, eh bien, là c'est clair. En
admettant évidemment les hypothèses de base qui ont servi pour la
répartition des facteurs.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Justement.
M. Johnson: Mais ça ça reste des discussions entre les
bureaux de Clarkson Gordon et Cie et Maheu & Noël d'autre part. M. le
Président, ce n'est pas ça le point. Mais il est bon que la
Chambre puisse se rendre compte que l'électricité rendue à
Bonaventure coûte tant. Que l'Hydro après ça, par un
amendement que nous adopterons ce soir, ait le droit d'établir à
même ses réserves pour égalisation ou
péréquation des taux à un montant suffisant, ça
c'est un autre problème. Mais au moins on saura ce que ça prend,
on connaîtra le déficit encouru pour telle et telle région.
Je crois, M. le Président, que c'est une erreur d'être aussi
radical dans l'amendement de l'article 24. C'est plus facile, ça
paraît mieux de mettre tout ça dans le même pot, et dire: On
est tous actionnaires. Il y a le coût, la division et puis certains
facteurs régionaux que le ministre nous a expliqués tantôt.
Eh bien, on arrive à telle et telle solution. On ne saura jamais, on ne
saura jamais, M. le Président, quelle partie paie pour l'autre partie,
on ne saura jamais ça. C'est une théorie qui se défend, M.
le Président, mais c'est une théorie qui n'a pas
été adoptée partout, même où il y a des
systèmes nationalisés. On a tenu à avoir des comptes
séparés pour savoir d'où on partait avant de faire une
péréquation. J'admets, le ministre a dû découvrir
ça dès qu'il est arrivé, que, comme il y avait des
déficits dans le secteur de l'Abitibi, du Nord-Ouest, on était
obligé de faire des culbutes comptables pour tâcher de mettre dans
le réseau de Montréal assez de réserves pour honorer ce
déficit-là sans que ça paraisse. Ah, c'était
mêlant cette affaire-là. Et quand on était rendu aux
intérêts... Hein"'
M. Lévesque (Montréal-Laurier): C'est ça, ça
tiraillait. L'article 24...
M. Johnson: Ah, ça tiraillait mal, on pourrait cependant corriger
tout ça par un petit paragraphe sans abolir cette comptabilité
séparée...
M. Lesage: On l'a le petit paragraphe.
M. Johnson: Le gouvernement a décidé de faire autrement,
il prendra ses responsabilités, cela ne nous empêchera pas de
poser des questions chaque année, mais ça va être long de
se faire expliquer les méthodes de Clarkson Gordon et Cie pour
établir la péréquation. J'ai hâte, au comité
des comptes publics...
M. Lesage: Adopté.
M. Johnson: ... de faire venir M. Gordon pour l'interroger sur les taux
de l'Hydro. Ce sera intéressant.
M. Lesage: Adopté, adopté.
M. Bédard (président du comité plénier):
Article 2, adopté. Article 3.
M. Lesage: Adopté.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): L'article 3, M. le
Président, je vais lire l'article que ça amende, je crois que
ça sera suffisamment clair. L'article 41 de la loi de
l'Hydro-Québec est amendée en remplaçant le premier
alinéa par le suivant. Le premier alinéa de la loi existante
était celui-ci: "La commission payera toutes les taxes municipales et
scolaires - et je voudrais bien en deux minutes que ce soit clair, parce qu'il
y a pas mal de discussion sur ce sujet-là - imposées sur les
fonds de terre et les bâtiments qu'elle possède, comme un
contribuable ordinaire." C'était tout ce que l'Hydro avait à
payer de façon absolument précise. Ensuite, l'article continue en
disant ceci: "Elle n'est assujettie à aucune autre imposition, mais
néanmoins elle peut faire des ententes."
Alors on enlève le premier paragraphe qui limitait les taxes
municipales et scolaires de l'Hydro aux fonds de terre et aux bâtiments
pour le remplacer par celui qui est dans le projet de loi qui dit ceci: "La
commission doit payer toutes les taxes municipales et scolaires imposées
sur les biens immeubles qu'elle possède, à l'exclusion des
centrales et des barrages." Voici l'explication, je voudrais bien qu'elle soit
claire, enfin on peut la discuter, mais pour qu'on se comprenne bien. Le
régime de taxation municipal et scolaire demeure le même en ce qui
concerne les biens appartenant à toutes les compagnies
nationalisées, parce que les compagnies continuent à exister.
M. Johnson: Pour combien de temps?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Le député de
Bagot me pose des questions dans le genre "pour combien de temps?. Moi, je suis
obligé de lui répondre pour aussi longtemps que ça restera
en vigueur, je ne
le sais pas. L'intention n'est pas de changer ça.
M. Johnson: Mais on a des plans.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): On parlera de l'existence
des compagnies, si le député de Bagot le veut, au moment
où ça se posera, c'est-à-dire à l'article 5, je
crois; là on parle des taxes municipales et scolaires et je
réfère aux compagnies pour dire simplement que l'article 3 de la
loi ne s'applique pas aux compagnies...
M. Johnson: Bien.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): ... il s'applique à
l'Hydro telle qu'elle existait avant la nationalisation.
M. Dozois: Est-ce que le ministre me permettrait? Est-ce que les
compagnies, tout en conservant leur statut juridique, conservent les
mêmes propriétés?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Oui, sauf qu'il peut y
avoir - et on arrive là-dessus si le député le veut
à l'article 5, je pense bien - des transferts maintenant de morceaux de
réseaux si on veut nationaliser les territoires, mais ça sera
entré aux livres des deux côtés tant que les compagnies
existeront. Bien évidemment, puisque l'Hydro est propriétaire et
que ce sont ses filiales, elle a le droit de changer, mais par
résolution, des côtés, mais il faut que ce soit
entré aux livres et que ce soit vérifié.
M. Dozois: Bien, ça pourra jouer pour les taxes municipales,
ça.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Oui, mais à ce
moment-là le pont se traversera, je vais dire comme on dit des fois,
quand on y arrivera. Pour l'instant, il s'agissait de rationaliser une chose
pour l'Hydro, de la mettre à peu près sur le même pied.
Alors c'est ça que je voudrais expliquer, que ça s'applique
d'abord uniquement à l'Hydro et que ça ne s'applique pas aux
compagnies cet article-là. Quant au régime qui affectait les
propriétés de l'Hydro et qui, lui, est affecté par cet
article-là, il est changé par le nouvel article qui
prévoit que l'Hydro va payer des taxes municipales et scolaires sur ses
biens immeubles au lieu de sur ses terrains et bâtiments, mais toujours
à l'exception des centrales et des barrages. Plusieurs
municipalités, par où passent des lignes de transport de l'Hydro
ne recevaient aucun revenu de taxe, puisque les poteaux et les pylônes
pour lesquels une évaluaton uniforme est prévue au Code municipal
- qui s'applique d'ailleurs aux compagnies privées qui sont
nationalisées - n'étaient pas considérés comme des
biens immeubles et n'étaient pas taxés pour l'Hydro par
conséquent. Certains juristes étaient d'avis que les autres
dispositions, celles qui prévoient des ententes au même article
41, auraient permis à l'Hydro de payer des taxes sur ses poteaux et
pylônes, d'autres étaient d'avis contraire. Évidemment,
l'Hydro profitait de l'opinion qui lui était favorable comme ferait
n'importe quelle entreprise. Alors l'amendement proposé aura pour effet,
d'abord, de faire disparaître l'ambiguïté là-dessus;
l'Hydro paiera, en vertu du Code municipal, ses taxes municipales et scolaires
sur toutes ses lignes de transport.
Le reste de l'article n'est pas changé. Il est évident que
ce sera la politique de l'hydro-Québec. C'est déjà
commencé, pour les territoires sous sa juridiction depuis toujours, de
payer ses taxes comme un autre contribuable et de mettre fin aux ententes
existantes. On ne veut pas multiplier les ententes. Cependant il importe que
l'Hydro puisse encore faire des ententes. On y a bien pensé avec les
gens de l'Hydro et le gouvernement, qu'elle puisse encore faire des ententes
dans des circonstances spéciales, surtout où il y a des centrales
et barrages. D'ailleurs, c'est ce que les compagnies faisaient. On n'a que le
cas de la Shawinigan dans la Vallée du Saint-Maurice où les
centrales et barrages sont en général couverts par des ententes
que l'Hydro a absorbées. Et on verra dans le temps comme dans le temps
ce qu'il faut faire avec. Pour l'instant elles continuent.
Alors une taxation trop élevée aurait également
été exorbitante pour l'Hydro sur des centrales et des barrages.
De plus, la plupart des barrages et des centrales sont de plus en plus
situés dans des endroits éloignés. Alors on peut
prévoir un jour des modifications à la taxe et une commission
d'enquête sur la taxation. On verra à ce moment-là aussi
comment ça devra affecter l'Hydro. Pour l'instant, il s'agissait de
rationaliser la situation en vertu d'engagements qui avaient été
pris par le gouvernement et qui doivent être tenus.
En 1962, l'Hydro-Québec a payé, elle, l'Hydro existante
affectée par cet article-là, $985,000 à 260 corporations
municipales et scolaires. En vertu de l'amendement proposé,
l'Hydro-Québec paiera pour une année entière, à
partir de 1964 ou 1963, la partie qui courra, au taux courant
d'évaluation et en se basant sur les taux moyens de taxation, un total
de $3,800,000 à 650 corporations municipales et scolaires. De ce dernier
montant, environ $2,300,000, au lieu de $500,000 en vertu de la vieille entente
qui a été augmentée à $700,000 il y a deux ans,
seront payables à la ville de Montréal. Donc, en l'espace de
trois ans, ça aura passé de $500,000 à $2,300,000 à
la ville de Montréal pour le municipal et le scolaire. Et le
député de Saint-Jacques est là pour
témoigner que Montréal s'est pas mal "squeezée"
dans cette affaire-là.
M. Dozois: Mais est-ce que ça comprend l'immeuble de la rue
Dorchester, ce montant-là?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Oui, ça comprend
les immeubles au taux courant.
M. Dozois: Il y a une augmentation des immobilisations...
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Oui, oui.
M. Dozois: ...entrée sur le rôle de
l'évaluation.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Mais c'est calculé
avec les évaluateurs de la ville de Montréal conjointement avec
les évaluateurs des propriétés de l'Hydro. Et il y a
encore des points de friction qui peuvent être la définition de
l'équipement par rapport aux sous-stations, par exemple, mais pour ce
qui est des immmeubles purs il n'y a pas de discussion et ça monterait
Montréal à $2,300,000 à peu près dès la
première année au lieu du $500,000 d'avant. Ce qui veut dire pour
résumer, pour ne pas confondre...
M. Dozois: Si le ministre me permet. Ce que je veux faire remarquer
c'est que les $500,000 ne comprenaient pas cet immeuble de la rue Dorchester
qui vaut une vingtaine de millions...
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Non, mais si...
M. Dozois: ... tandis que les $2,000,000 comprendraient...
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Non, mais si le
député de Saint-Jacques me permet, si l'entente avait
été laissée telle quelle, le nouvel immeuble n'aurait pas
payé une "cent" de plus à la ville de Montréal
jusqu'à la fin de l'entente.
M. Dozois: D'accord.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Tandis qu'on l'a
monté à $700,000 avant que l'immeuble soit fini et là
l'Hydro paiera sur la base régulière $2,300,000.
M. Johnson: Jusqu'à quelle année la dernière
entente?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): L'entente devait aller
jusqu'à la fin de 1964, si j'ai bonne mémoire. Elle était
pour 20 ans depuis 1944. C'est ça, je crois. Le député de
Saint-Jacques pourrait confirmer.
M. Dozois: Je crois.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Alors faisons un
résumé, pour être clair, sur les taxes municipales et
scolaires des onze compagnies dont les huit qui sont déjà
nationalisées, qui étaient les principales. Toutes, sauf
Électrique de Mont-Laurier, Ferme-Neuve et puis La Sarre, payaient l'an
dernier $5,000,000 de taxes municipales et scolaires à 3175 corporations
municipales et scolaires. L'année que ça va entrer en vigueur le
nouvel amendement, les compagnies en question vont continuer, filiales qu'elles
sont devenues de l'Hydro, à payer $5,000,000 à 3175 corporations
municipales et scolaires.
L'Hydro qui existait avant va passer de $985,000 à 260
corporations municipales et scolaires à $3,800,000 à 650
corporations municipales et scolaires. Donc ceux qui avaient les tarifs des
compagnies auront la même chose ou plus si les taux augmentent. L'Hydro
s'arrangera avec les taux et l'Hydro existante, à toutes fins pratiques,
est multipliée par trois. Au lieu de 260, ce sont 650 corporations
municipales et scolaires. Voilà l'effet de l'amendement qu'on
propose.
M. Bédard (président du comité plénier):
Article 3, adopté. Article 5?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Non, attendez un peu,
4?
M. Bédard (président du comité plénier): 4,
c'est une résolution.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Ah oui, c'est une
résolution.
M. Bédard (président du comité plénier):
Article 5?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): 5, pour enlever de la
régie tout simplement, je peux dire les articles de loi, mais...
M. Lesage: D'ailleurs on va discuter de ça sur l'amendement de la
Loi des compagnies qui vient en première lecture...
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Ça se rattache
aussi à l'amendement de la Loi des compagnies.
M. Lesage: ... demain.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Essentiellement, ici,
ça enlève de la juridiction de la régie les compagnies
nationalisées puisqu'on dit: À partir de 90%. Mais en même
temps, ça leur permet de se servir, comme l'Hydro d'ailleurs, de
l'article 19, b), c), d), e), qui essentiellement permet à l'Hvdro de se
servir de la juridiction au
point de vue arbitrage dans les cas d'expropriation et de distinction
dans l'emploi des lignes etc... des pouvoirs d'arbitre si on veut.
M. Johnson: Qu'est-ce qui va rester à la régie de
l'électricité?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Essentiellement, les
autres distributeurs qui demeurent, il y en a quelques petits, enfin MacClaren,
Price, Alcan, en tant que ça peut se poser dans certains cas, maintenant
qu'ils ne sont plus distributeurs, je ne crois pas, et le gaz qui augmente et
qui est appelé a augmenter.
M. Johnson: Et les expropriations pour l'Hydro.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Et b), c), d) couvrent les
expropriations, justement, pour l'Hydro et vont continuer de les couvrir pour
tout l'Hydro, c'est-à-dire les compagnies nationalisées en vertu
de cet article-là et uniquement ça, les expropriations et tout ce
qui est dans l'article 19. Pardon, l'article 20.
M. Johnson: Est-ce que la régie a été
consultée, est-ce qu'elle a travaillé à la
tarification?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): À la tarification,
il y a des hommes de l'Hydro qui ont travaillé, mais la régie en
tant que telle, n'avait pas été consultée.
M. Johnson: Ah non, la régie de l'électricité,
là.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Des hommes de la
régie ont travaillé mais ce n'est pas dans les pouvoirs de la
régie et la régie, en tant que telle, n'a pas été
consultée.
M. Johnson: C'est tout ce que je voulais savoir, elle a tout de
même une bonne jurisprudence.
M. Bédard (président du comité plénier):
Adopté.
M. le Président: Quand siégera-t-elle, même
séance?
M. Johnson: Prochaine séance. M. le Président: La
résolution?
M. Lévesque (Montréal-Laurier): La résolution si le
député de Bagot, M. le Président...
M. Johnson: Prochaine séance, il est 10 heures.
M. Lévesque (Montréal-Laurier): Prochaine séance
parce que c'est toute la question de la taxe provinciale, ça prendrait
bien un quart d'heure, vingt minutes si on veut prendre...
M. Johnson: Ah non, prochaine séance. M. Lesage: Demain
après-midi. M. le Président: Prochaine séance. Travaux de
la Chambre
M. Lesage: Alors, M. le Président, demain nous irons en
comité sur la résolution concernant le bill que nous venons
d'étudier, puis nous étudierons le budget supplémentaire,
les crédits du ministère du Revenu, puis ceux du ministère
des Finances. Mais, quels que soient les progrès que nous ayons
accomplis à six heures, à huit heures nous prendrons
l'étude des amendements au Code de procédure civile, puis les
crédits du ministère de la Jeunesse.
M. Bellemare: Les vôtres ne sont pas complètement
finis.
M. Lesage: Ça n'a pas d'importance, je sais que, quel que soit le
progrès que nous ayons fait à six heures, à huit heures le
programme sera d'abord les amendements au Code de procédure civile et
les crédits du ministère de la Jeunesse.
M. Bellemare: J'avais pensé que le premier ministre avait dit
qu'il passerait tous ses crédits avant.
M. Lesage: Non, je n'ai pas d'objection, je n'ai pas dit ça. Moi,
je garde les miens pour le dessert. Ils sont tellement intéressants.
M. Bellemare: Le Service civil, les taxes.
M. Lesage: À 2 h 30, parce que demain matin, évidemment,
il y a le comité des bills privés et nous avons un bill
très important qui prendra certainement l'avant-midi.
M. le Président: La séance est ajournée à
demain après-midi à 2 h 30.