Débats de l'Assemblée législative (débats reconstitués)
Version finale
26th Legislature, 2nd Session
(November 10, 1960 au June 10, 1961)
Friday, June 9, 1961
Ces débats, reconstitués principalement à partir des comptes rendus des médias de l’époque, ne constituent pas un journal officiel des débats de l’Assemblée législative.
Séance
du vendredi 9 juin 1961
Présidence de l’honorable L. Cliche
La séance est ouverte à 11 heures.
Prière.
M. l’Orateur: À l’ordre,
Messieurs! Que les portes soient ouvertes!
Projets de loi:
Loi des vues
animées
L’honorable M. Lapalme (Montréal-Outremont) propose qu’il lui soit permis de présenter le bill 97 modifiant la loi des
vues animées.
Adopté. Le bill est lu une première
fois.
Il est ordonné que la deuxième
lecture du bill ait lieu à la présente séance.
Dépôt de documents:
Commission
hydroélectrique de Québec
L’honorable M. Lévesque (Montréal-Laurier) dépose sur le bureau de la Chambre le dix-septième rapport annuel de la
Commission hydroélectrique de Québec. (Document de la session no 164)
Rapports du comité spécial:
M. l’Orateur: J’ai l’honneur
de présenter à la Chambre le document suivant:
Rapport du comité
formé pour étudier le projet d’établir un Journal des débats
Aux membres de l’Assemblée législative
Messieurs,
Conformément au mandat qui lui a
été confié le 18 janvier 1961, votre comité, formé de M. Cliche, Orateur de l’Assemblée législative, et de MM. Lapalme, Bertrand (Terrebonne), Tellier et Bertrand
(Missisquoi), s’est enquis des meilleurs moyens de réaliser la
publication d’un Journal des débats (Hansard).
Parmi tous les projets qui lui ont
été soumis, votre comité en a mis deux à l’essai. Le premier a consisté à
reproduire les débats par le moyen de la sténotypie; le second, par le moyen
simultané de la sténographie et de l’enregistrement magnétique (masque
insonorisé). Votre comité se propose aussi d’expérimenter un microphone spécial
d’une haute puissance qui doit incessamment être mis sur le marché.
Votre comité recommande qu’une loi
soit passée le plus tôt possible pour instituer un Journal des débats reproduisant les discours dans la langue dans laquelle ils ont été prononcés
(il n’y aura pas de traduction), et autorisant l'Orateur de l’Assemblée
législative ou le lieutenant-gouverneur en conseil à passer les contrats
nécessaires pour assurer l’enregistrement des débats et leur publication, et les
sommes nécessaires à être tirées du fonds consolidé du revenu pour l’année
courante et votées par la Législature pour les années subséquentes.
Questions et réponses écrites:
Route 2-A
à Saint-Pacôme
M. Plourde (Kamouraska): 1.
Le ministère de la Voirie a-t-il effectué, ou fait effectuer, des
travaux de construction ou de réfection d’un chemin à partir de la route 2-A,
à Saint-Pacôme, et conduisant à la propriété de M. Honoré Pelletier,
cultivateur, de Saint-Pacôme, comté de Kamouraska?
2. Dans l’affirmative, quelle a été la contribution
du ministère de la Voirie relativement auxdits travaux?
L’honorable M. Pinard
(Drummond): 1. et 2. Une section de la route no 2-A,
Sainte-Anne-de-la-Pocatière-Saint-André, a été redressée à Saint-Pacôme sur une
longueur de 2.7 milles à partir d’un point situé à 650 pieds à l’est
de la route Martineau jusqu’à un point situé à 1,000 pieds au-delà
du passage à niveau de la voie ferrée du Canadien National. Cette nouvelle
section de route étant plus éloignée des propriétés riveraines, le ministère de
la Voirie a aménagé des entrées pour permettre aux propriétaires d’avoir accès
à la nouvelle route. La Voirie n’a exécuté aucun travail sur des propriétés
privées.
Vente
d’immeuble à Berthierville
M. Lavallée (Berthier): 1. Depuis
le 5 juillet 1960, le gouvernement de la province a-t-il vendu
un immeuble (terrain et entrepôt) situé rue Saint-Viateur, à Berthierville,
comté de Berthier?
Dans l’affirmative:
2. À quelle date?
3. À qui ledit immeuble a-t-il
été vendu?
4. Quel prix fut payé?
5. Y a-t-il eu demande de soumission
par avis public?
6. Dans quels journaux?
7. À quelle date?
8.
Quels sont les soumissionnaires, et le montant de chaque soumission?
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): 1. Oui.
2. Le 2 décembre 1960.
3.
À la Northern Resins, Limited, Berthierville, une industrie locale qui avait besoin de ce terrain voisin de ses
propriétés pour l’agrandissement de son usine.
4. $2,500.
5. à 8. Non.
Bureau du
ministère de la Voirie à Lac-Mégantic
M. Guillemette (Frontenac): 1. Quel était le nom du locateur du bureau du ministère de la Voirie à
Lac-Mégantic, le 1er janvier 1961?
2. Quel était le montant mensuel
ou annuel fixé pour tel loyer?
3. Quelle était la superficie
ainsi louée?
4. Quelle était la durée du bail
en question et quelle en était l’échéance?
5.
Depuis la date mentionnée ci-dessus, le bail en question a-t-il
été discontinué par le gouvernement?
6. Dans l’affirmative:
a) quel est le nom du
nouveau locateur et quelles sont ses fonctions?
b) quel est le montant
mensuel ou annuel fixé en vertu du nouveau bail?
c) quelle est la superficie
ainsi louée?
d) quelle est la durée du
nouveau bail?
e) le gouvernement a-t-il
effectué des réparations ou améliorations au nouveau local et quel en
est le coût?
L’honorable M. Pinard
(Drummond): 1. Marcel Brulotte, Lac-Mégantic.
2. $65 par mois.
3. 1,054 pieds carrés.
4. Un an, échéance le 27 juillet
1960.
5. Non, mais il a l’intention de
le faire.
6.
a) Wilfrid Perreault, Lac-Mégantic, résident pour le
ministère de la Voirie;
b) $125 par mois, confirmé
par lettre en date du 3 mai 1961 à M. Wilfrid Perreault par M. A.
Morissette, ingénieur du District no 3;
c) 1,600 pieds carrés;
d) La durée de location n’est pas mentionnée
dans la lettre de confirmation de M. Morissette;
e) Non.
Questions
converties en motions pour dépôt de documents:
Route de
Chicoutimi-Nord à Tadoussac
L’ordre
du jour appelle la prise en considération de la question suivante, par le
député de Chicoutimi (M. Talbot):
1. Depuis le 5 juillet 1960 à
date, combien le gouvernement de la province
a-t-il dépensé relativementà la construction de la route
allant de Chicoutimi-Nord (ou Sainte-Anne de Chicoutimi) à Tadoussac:
a) pour salaires?
b) pour location de
machinerie?
c) pour achat de matériel?
d) pour toutes autres fins?
e) quelle sorte de
machinerie a été louée?
f) de qui?
g) à quelles conditions?
2.
À qui tous et chacun des salaires mentionnés à l’item a) ont-ils été payés?
3. Quelles sommes restent dues, s’il y en a, dans
chaque cas?
L’honorable M. Lesage (Québec-Ouest) propose qu’il soit produit et
déposé sur le bureau de la Chambre un document contenant les
informations demandées.
Adopté.
Travaux de la Chambre:
Horaire des
séances
L’honorable M. Lesage (Québec-Ouest) propose qu’à l’avenir, et jusqu’à nouvel ordre, la Chambre tienne une séance
par jour tous les jours de la semaine, sauf le dimanche, de dix heures du matin jusqu’à ce que la Chambre décide de s’ajourner et qu’à
chacune de ces séances l’ordre des affaires soit réglé suivant les dispositions
de l’article 115 du Règlement qui ont trait au lundi.
Adopté.
Projets de loi:
Loi des relations
ouvrières
L’ordre du jour appelle l’examen de
l’amendement que le Conseil législatif a apporté au bill 78 modifiant la
loi des relations ouvrières.
Ledit amendement est accepté.
Il est ordonné que le greffier porte ce message,
avec le bill, au Conseil législatif.
Amélioration des
fermes
L’ordre
du jour appelle l’examen de l’amendement que le Conseil législatif a apporté
au bill 75 pour faciliter l’organisation et l’amélioration des fermes.
Ledit amendement est accepté.
Il est ordonné que le greffier
porte ce message, avec le bill, au Conseil législatif.
Loi des
corporations municipales et scolaires
L’ordre du jour appelle l’examen de
l’amendement que le Conseil législatif a apporté au bill 89 modifiant la
loi concernant les corporations municipales et scolaires et leurs employés.
Ledit amendement est accepté.
Il est ordonné que le greffier
porte ce message, avec le bill, au Conseil législatif.
Concessions
forestières
L’ordre du jour appelle l’examen de
l’amendement que le Conseil législatif a apporté au bill 93 autorisant l’expropriation de certaines concessions forestières de la province.
Ledit amendement est accepté.
Il est ordonné que le greffier porte ce message,
avec le bill, au Conseil législatif.
Cimetière
Mont-Royal
L’ordre du jour appelle l’examen
des amendements que le Conseil législatif a apportés au bill 243
concernant la Compagnie du cimetière Mont-Royal et certaines limites
territoriales de la cité d’Outremont et de la cité de Montréal.
Lesdits amendements sont acceptés.
Il est ordonné que le greffier
porte ce message, avec le bill, au Conseil législatif.
Alma
L’honorable M. Gérin-Lajoie
(Vaudreuil-Soulanges) propose, selon l’ordre du jour, que le bill 91
constituant la municipalité scolaire d’Alma soit maintenant lu une troisième
fois.
Adopté.
Il est ordonné que le greffier
porte ce bill au Conseil législatif et prie les honorables conseillers de
l’adopter.
Financement des
commissions scolaires
L’honorable M. Gérin-Lajoie
(Vaudreuil-Soulanges) propose, selon l’ordre du jour, que le bill 86
pour aider les commissions scolaires à s’acquitter de leurs obligations soit
maintenant lu une troisième fois.
M. Talbot (Chicoutimi): Le
ministre de la Jeunesse s'est vanté à tort d'avoir, avec ses bills sur
l'éducation, donné à la province sa grande charte de l'éducation. Ce n’est pas
vrai, ce n'est qu'une prétendue grande charte. Car la vraie grande charte,
c'est l'Union nationale qui l'a donnée au Québec, l'an dernier.
Cette charte de l’Union nationale
apportait des changements et des améliorations considérables dans notre système
d’éducation, mais elle ne chambardait pas à sa base les principes sur lesquels
repose notre système d'éducation, comme le font les bills présentés par le
gouvernement actuel.
Certains des bills étudiés ces
jours derniers sont bons. Il s'agit justement de ceux qui sont la conclusion
logique des lois passées par l'Union nationale elle-même, qui avait mis ces
lois à l’étude. Quant au reste, la prétendue grande charte du gouvernement actuel favorise tout simplement
l'ingérence politique dans le domaine sacré de l'éducation.
Le Parlement a toujours eu ses droits en matière
d'éducation, puisqu'il a toujours exercé le contrôle en adoptant les crédits de
l'instruction publique. Le bill 86 conduit irrémédiablement les revenus
des commissions scolaires dans la caisse provinciale.
En effet,
avec la provincialisation de la taxe de vente, le gouvernement s'empare de
$35,000,000 de taxes qui appartiennent aux
commissions scolaires. Et ce revenu
de $35,000,000, susceptible d’augmenter grandement, ne tombera plus dans
un fonds spécial, puisque le fonds de l'éducation a été aboli, mais dans le
fonds consolidé de la province. Le gouvernement nous dit que ces $35,000,000
seront remis aux commissions scolaires, mais rien ne prouve qu'il en sera ainsi. Lorsque les commissions scolaires
imposaient elles-mêmes leurs taxes,
elles étaient libres. Maintenant, elles seront sous la tutelle et à la
merci d'un ministre de la couronne.
Cette loi, en
effet, met directement l'éducation sous le contrôle du ministre de la
Jeunesse et du gouvernement de la province. Les commissions scolaires perdent
toute autonomie. En plus de ces $35,000,000 dont il s’empare, le gouvernement
imposera en outre $32,000,000 en taxes nouvelles à des commissions scolaires
qui n'avaient pas jugé bon de les imposer, et il n'y a, dans le bill, aucune
disposition spéciale qui assure ces centaines de commissions scolaires que le
gouvernement leur remettra le bénéfice de cette nouvelle taxe. C’est un
principe mauvais.
On avait promis formellement la
gratuité de l’éducation. Il n’y pas de gratuité, car il y a toujours quelqu’un
qui paie et ce sera le contribuable de la province.
Un principe plus mauvais encore, c’est celui du chambardement de tout le
système d’éducation de la province par cette loi. On enlève tout pouvoir administratif au surintendant de l'Instruction
publique. Comme le surintendant n’est plus en fait que le porte-parole
des comités catholique et protestant du Conseil de l'instruction publique, ce
sont ces comités que l’on met en veilleuse. C'est un leurre de croire que les
droits valent quelque chose quand il n'est pas possible de faire passer ces
droits dans la réalité.
Notre système d’éducation n’a pas été si mauvais puisqu’il a permis l’établissement dans
notreprovince d’un réseau d’écoles
élémentaires, secondaires et supérieures qui se compare avantageusement
à celui de n’importe quelle nation au monde. Pourquoi le gouvernement n'a-t-il
pas attendu le résultat de l'enquête sur l'éducation avant de présenter ces
lois de chambardement? Il eût pourtant été logique de consulter les commissions scolaires, les comités catholique et
protestant, ainsi que le surintendant de l'Instruction publique. Lorsqu’il s’agit d’un
chambardement semblable, il est logique que l’on demande à tous les
intéressés leur opinion sur la question.
Il propose, appuyé par le représentant de Yamaska (M. Élie),
que tous les mots après "que", dans la motion en discussion, soient
retranchés et remplacés par les suivants:
"Le bill 86 pour aider
les commissions scolaires à s’acquitter de
leurs obligations soit renvoyé au comité des bills publics pour y
entendre les intéressés et plus particulièrement les membres du comité
catholique et du comité protestant du Conseil de l’instruction publique et les
fédérations diocésaines des commissions scolaires."
L’amendement est mis aux voix et la
Chambre se divise.
Les noms sont appelés et inscrits
comme suit:
Pour: MM. Bégin,
Bellemare, Bertrand (Missisquoi), Boudreau, Charbonneau, Desjardins, Dozois,
Élie, Gabias, Gosselin, Johnson, Johnston, Laberge, Langlais, Larouche,
Lavallée, Maltais, Plourde (Kamouraska), Pouliot, Raymond, Riendeau, Roy (Nicolet), Somerville, Talbot, Tellier,
Thibeault, 26.
Contre: MM. Arsenault,
Bertrand (Terrebonne), Binette,
Boulais, Brown, Castonguay, Coiteux, Collard, Courcy, Cournoyer,
Couturier, Dionne, Gérin-Lajoie, Hamel (Iberville), Harvey, Hyde, Lafrance,
Lalonde, Lambert, Laroche, Lemieux, Lesage, Levesque (Bonaventure), Lévesque (Montréal-Laurier), Maheux, Meunier,
Morissette, O’Reilly, Ouimet, Parent, Pinard, Plourde (Roberval), Poulin, Roy
(Lévis), Saint-Pierre, Théberge, Turpin, Vaillancourt, 38.
Ainsi,
l’amendement est, en conséquence, rejeté.
Le débat se poursuit sur la motion
principale.
M. Bertrand (Missisquoi): Le gouvernement est désireux de dépouiller le surintendant de ses
pouvoirs et il a pris les moyens voulus. On a invoqué trois raisons pour motiver les changements qu'apporte la nouvelle
loi qui ne sont pas valables. Le gouvernement apporte à son appui une lettre de
Mgr Albertus Martin, évêque de Nicolet. Veut-on nous laisser croire
que les vues de Mgr Martin sur la question, vues qui ont été invoquées par
les libéraux, représentent celles de tout l'épiscopat
québécois? La déclaration de Mgr Martin sur laquelle le
gouvernement base toutes ses prétentions date de 1958 et nous sommes en 1961.
Rien dans cette déclaration n’indique que cet évêque distingué parlait pour
tout l'épiscopat actuel.
Le
gouvernement, étant désireux de dépouiller le surintendant de tous ses
pouvoirs, a pris les moyens voulus. Le
gouvernement dit que le Parlement doit être le maître incontesté du
domaine de l'éducation. On dit que le gouvernement doit être responsable,
mais nous l'avons toujours eu le gouvernement responsable. C'est une raison qui
ne tient pas debout comme le prouve l'évidence. Hier, nous avons examiné,
scruté les crédits du ministère de qui relève l'éducation, comme nous l’avons
toujours fait dans le passé. Si rien n'est changé, c'est que le Parlement a
toujours été responsable.
Le gouvernement invoque en
troisième lieu, pour le transfert des pouvoirs du surintendant, qu'il y aurait
eu des accrocs dans le passé, qu’il y a eu intrusion politique et que des
subventions ont été accordées à la suite d’intervention politique, mais cela ne
vaut pas. Ce n’est pas une raison pour violer définitivement le principe. Et si
l'organisation actuelle ne suffit pas, qu'on augmente les pouvoirs du
surintendant et du Conseil de l'instruction publique, afin d'empêcher
l'intrusion.
Les députés de l’Union nationale ne
refusent pas les réformes nécessaires. Nous vivons en 1961 et non plus en 1841.
Nous voulons être de notre temps, mais nous
croyons qu'il faut être prudents. Les tribunaux et les juges ont un
statut spécial pour empêcher l'intrusion de la politique dans le domaine
judiciaire. De même, le Conseil de l'instruction publique et le surintendant
sont là pour éviter que la politique ne s'introduise dans le champ de
l'éducation.
Étant donné l'accroissement des obligations au point
de vue scolaire, on devrait aujourd'hui non pas
diminuer, mais augmenter les pouvoirs du Conseil et du surintendant. S'ils ont besoin de crédits
additionnels pour remplir leur mission de l'heure, le Parlement les leur
ouvrira. Si c'est nécessaire, nous donnerons de l'aide au surintendant,
peut-être en lui adjoignant un assistant avec des attributions administratives.
Nous sommes dans cette Chambre pour veiller aux intérêts de la province et,
notamment, pour rendre les plus grands
services possibles à la cause de l'enseignement.
Ne laissons pas affaiblir cette institution qu'est
la surintendance et qui s'est affirmée pendant 120 ans d'activité
inlassable! Accroissons plutôt sa puissance! Préservons ce frein! Mettons une
ligne Maginot entre la politique et l'éducation. Respectons la délégation de
pouvoirs consentie en 1841 en faveur du Conseil et du surintendant de
l'Instruction publique. Si c'est être conservateur de tenir à des institutions
qui ont subi victorieusement l'épreuve des siècles, j'en suis.
Il propose, appuyé par le député de
Québec-Est (M. Maltais), que tous les mots après "que", dans la
motion en discussion, soient retranchés et remplacés par les suivants:
"Le bill 86 pour aider
les commissions scolaires à s’acquitter de leurs obligations, soit renvoyé au
comité plénier avec instructions de l’amender de façon à rétablir les droits,
pouvoirs et privilèges du comité catholique et du comité protestant du Conseil
de l’instruction publique ainsi que ceux du surintendant de l’Instruction
publique."
M. Maltais (Québec-Est): Comme secondeur de l'amendement, je croyais me faire le porte-parole des
commissions scolaires du diocèse de Québec, pour défendre un principe très
important qui ne sera plus reconnu à l'avenir, si le projet est approuvé tel quel,
celui des pouvoirs du surintendant de l'Instruction publique dans le domaine de
l'instruction publique. Et ces commissions scolaires, dit-il,
représentent 265 paroisses. Il cite des articles de journaux pour
démontrer l'opposition des commissions scolaires du diocèse.
Il fait écho à des commentaires de journaux pour
rappeler que le Parlement n'est pas la source du droit de l'éducation, mais que
ce sont plutôt les parents. Le gouvernement n'est pas le maître de ce droit, mais plutôt le fiduciaire, déclare-t-il.
Les deniers prélevés des parents pour fins éducationnelles ont un
caractère spécial à l'endroit desquels l'État a toujours reconnu une
restriction. Et c'est de là que cet organisme qui s'appelle le Conseil de
l'instruction publique est né avec une surintendance. C'est la formule
nécessaire pour conserver le caractère confessionnel de nos écoles et aussi
pour écarter la politique du domaine sacré de l'éducation. L'État n'a pas le
droit de se substituer aux parents dans le domaine de l'éducation.
Dans le domaine du financement,
l'État doit jouer un rôle de suppléance. L'État ne doit pas s'arroger le droit
de répartir les subventions destinées à l'éducation. Et c'est ce qui suppose un
organisme officiel capable de présenter à l'État les besoins des familles en
matière d'éducation. Si cette distinction au sujet des impôts pour fins
d'éducation a toujours été reconnue chez nous, c'est que nos pères ont toujours
tenu au caractère confessionnel de nos écoles et qu'ils ont voulu écarter les
écoles neutres et laïques qui sont toujours un danger dans les pays qui les
tolèrent.
L’amendement est mis aux voix et la
Chambre se divise.
Les
noms sont appelés et inscrits comme suit:
Pour: MM. Bégin,
Bellemare, Bertrand (Missisquoi), Boudreau, Charbonneau, Desjardins, Dozois,
Élie, Gabias, Gosselin, Johnson, Johnston, Laberge, Langlais, Larouche,
Lavallée, Maltais, Plourde (Kamouraska), Pouliot,
Raymond, Riendeau, Roy (Nicolet),
Somerville, Talbot, Tellier, Thibeault, 26.
Contre: MM. Arsenault,
Bertrand (Terrebonne), Binette,
Boulais, Brown, Castonguay, Coiteux, Collard, Courcy, Cournoyer,
Couturier, Dionne, Gérin-Lajoie, Hamel (Iberville), Harvey, Hyde, Lafrance,
Lalonde, Lambert, Laroche, Lemieux, Lesage, Levesque (Bonaventure), Lévesque (Montréal-Laurier), Maheux, Meunier,
Morissette, O’Reilly, Ouimet, Parent, Pinard, Plourde (Roberval), Poulin, Roy
(Lévis), Saint-Pierre, Théberge, Turpin, Vaillancourt, 38.
Ainsi,
l’amendement est, en conséquence, rejeté.
Le débat se poursuit sur la motion
principale.
M. Johnson (Bagot): On ne
peut espérer de progrès durable si on chambarde à sa base notre système
d'enseignement et qu'on limite la liberté des citoyens. Il faut tendre au
progrès sans doute, mais en restreignant le moins possible la liberté des
citoyens. Or, justement, le bill 86 impose de nouvelles taxes, s'attaque à
cette liberté. Le bill 86 a pour effet de pénaliser les commissions
scolaires, la plupart rurales, qui ne se sont pas prévalues du droit de taxer
sur les ventes dans le passé. Dans Bagot, par exemple, aucune commission
scolaire n’avait établi cette taxe de vente. Elles se sont ainsi privées
d’environ $200,000 de revenus par année. Le bill 86 généralise cette taxe,
mais sans compensation pour les commissions qui ne l’avaient pas imposée.
Elles étaient en retard parce
qu’elles avaient moins de revenus. On ne veut pas maintenant leur fournir les
moyens de rattraper les autres qui s’étaient prévalues du droit de taxer. Cette
loi, dans une très grande mesure, impose une nouvelle charge aux propriétaires
fonciers ruraux, sans une compensation adéquate en retour. Pourquoi n'a-t-on
pas permis à nos commissions scolaires de percevoir elles-mêmes cette taxe
selon des barèmes qui auraient pu être établis par le département de
l'Instruction publique?
La liberté de l'éducation a
commencé à disparaître dans les pays avec la disparition de la liberté
d'administration des corps intéressés. La présente loi fournit un instrument
qui peut, éventuellement, servir à un groupe de fonctionnaires et au
gouvernement à tuer la liberté pédagogique. Je ne veux pas être inutilement
alarmiste ou répandre des terreurs chimériques, mais les mêmes causes
produisent toujours les mêmes effets.
Qu'on travaille au progrès de
l'éducation dans la province, c'est une obligation pour tous, et le
gouvernement pourra toujours compter sur l’opposition. Mais, de grâce, que le
gouvernement n'aille pas écouter seulement les experts sur papier qui ne voient
que l'efficacité. Qu'on n'aille pas tuer ce levain efficace qu'a toujours été
notre système d'écoles confessionnelles dans nos paroisses!
Il propose, appuyé par le député de
Montcalm (M. Tellier), que tous les mots après "que", dans la
motion en discussion, soient retranchés et remplacés par les suivants:
"Le bill 86 pour aider
les commissions scolaires à s’acquitter de leurs obligations soit renvoyé au
comité plénier avec instructions de l’amender de manière à maintenir et
sauvegarder l’autonomie et la liberté des corporations scolaires en matière
d’imposition de taxe de vente pour fins scolaires."
L’amendement est mis aux voix et la
Chambre se divise.
Les noms sont appelés et inscrits
comme suit:
Pour: MM. Bégin,
Bellemare, Bertrand (Missisquoi), Boudreau, Charbonneau, Desjardins, Dozois,
Élie, Gabias, Gosselin, Johnson, Johnston, Laberge, Langlais, Larouche,
Lavallée, Maltais, Plourde (Kamouraska), Pouliot, Raymond, Riendeau, Roy (Nicolet), Somerville, Talbot, Tellier,
Thibeault, 26.
Contre: MM. Arsenault,
Bertrand (Terrebonne), Binette,
Boulais, Brown, Castonguay, Coiteux, Collard, Courcy, Cournoyer,
Couturier, Dionne, Gérin-Lajoie, Hamel (Iberville), Harvey, Hyde, Lafrance,
Lalonde, Lambert, Laroche, Lemieux, Lesage, Levesque (Bonaventure), Lévesque (Montréal-Laurier), Maheux, Meunier,
Morissette, O’Reilly, Ouimet, Parent, Pinard, Plourde (Roberval), Poulin, Roy
(Lévis), Saint-Pierre, Théberge, Turpin, Vaillancourt, 38.
Ainsi,
l’amendement est, en conséquence, rejeté.
Le débat se poursuit sur la motion
principale.
L’honorable M. Gérin-Lajoie
(Vaudreuil-Soulanges): Rien dans la loi ne porte atteinte aux droits et
prérogatives des deux comités du Conseil de l'instruction publique et du
surintendant. Le bill 86 s'inscrit dans la ligne de l'histoire de la
province de Québec d'une façon claire et nette. Il rappelle comment, depuis
très longtemps, ont évolué les fonctions du surintendant de l'Instruction
publique et des ministres. Cette évolution, dit-il, se traduit dans le
fait que les différents gouvernements qui se sont succédé à la tête de la
province ont de plus en plus reconnu qu'ils avaient des responsabilités plus grandes dans le domaine de l'éducation. Le gouvernement ne
fait pas fi de l'histoire et des traditions de la province de Québec, mais il
importe de poser des gestes qui favorisent l'avancement du peuple et qui seront
le prolongement de ce qu'ont fait les prédécesseurs dans ce domaine.
Nous en sommes arrivés à un moment
où il importe de faire de plus en plus d'ordre dans le domaine de l'éducation.
Pour cela, nous croyons que de plus en plus la responsabilité publique doit
être placée clairement sur la tête d'un homme responsable au peuple et, pour
cela, il faut attribuer à un responsable l'affectation et la dépense des
deniers publics pour fins d'éducation. Les commissions scolaires rurales ne
pourraient pas imposer la taxe au point de vue pratique, puisqu'il leur en
coûterait plus cher de frais de perception qu'elles ne retireraient. En
l'imposant, le gouvernement se rend à la demande répétée de la Fédération des
commissions scolaires catholiques de la province. Il ne pouvait le refuser
puisque cette demande est répétée depuis 1944.
Les membres de la hiérarchie
catholique ont eu à prendre des dispositions dont le gouvernement n'a pas le
loisir d'ignorer l'existence, mais dont il doit tenir compte. Et ces témoignages éminents des évêques confirment
la conception que le gouvernement actuel a de la nécessité d'une évolution dans
les structures centenaires de l'éducation, évolution qui se traduit par
l'attribution des responsabilités financières au ministre de la Jeunesse et
celle des fonctions pédagogiques au
surintendant de l'Instruction publique.
Nous voulons vraiment grandir la
fonction du surintendant. Le surintendant de
l'Instruction publique, nous le voyons comme l'éducateur numéro 1.
Il remplit la plus haute fonction qui soit, puisqu'elle concerne l'éducation
des enfants de cette province. Nos enfants, garçons et filles, sont l'âme de
notre province, et nous voulons qu'ils soient un actif non seulement pour notre
pays, mais aussi pour tout le monde libre.
La motion principale est mise aux
voix et la Chambre se divise.
Les noms sont appelés et inscrits
comme suit:
Pour: MM. Arsenault,
Bertrand (Terrebonne), Binette,
Boulais, Brown, Castonguay, Coiteux, Collard, Courcy, Cournoyer,
Couturier, Dionne, Gérin-Lajoie, Hamel (Iberville), Harvey, Hyde, Lafrance,
Lalonde, Lambert, Laroche, Lemieux, Lesage, Levesque (Bonaventure), Lévesque (Montréal-Laurier), Maheux, Meunier,
Morissette, O’Reilly, Ouimet, Parent, Pinard, Plourde (Roberval), Poulin, Roy
(Lévis), Saint-Pierre, Théberge, Turpin, Vaillancourt, 38.
Contre: MM. Bégin,
Bellemare, Bertrand (Missisquoi), Boudreau, Charbonneau, Desjardins, Dozois,
Élie, Gabias, Gosselin, Johnson, Johnston, Laberge, Langlais, Larouche,
Lavallée, Maltais, Plourde (Kamouraska), Pouliot, Raymond, Riendeau, Roy (Nicolet), Somerville, Talbot, Tellier,
Thibeault, 26.
Ainsi, la motion est adoptée. Le bill 86
est, en conséquence, lu une troisième fois.
Il est ordonné que le greffier
porte ce bill au Conseil législatif et prie les honorables conseillers de
l’adopter.
Questions et réponses écrites:
Édifice acheté à
G.-R. Hamel
M. Cloutier (Québec-Centre): 1. Le gouvernement de la province a-t-il acheté de M. Gérard-Raymond
Hamel un édifice situé sur la rue Franklin, dans la cité de Québec?
2. Dans l’affirmative:
a) quel prix a été payé?
b) quelle est la superficie
de l’édifice?
c) quelle est la superficie
du terrain?
d) quel sera le coût des
réparations ou améliorations que le gouvernement devra effectuer audit édifice?
e) à quel ministère, régie
ou commission ledit édifice sera-t-il affecté?
L’honorable M. Lesage (Québec-Ouest): Non.
Messages du Conseil législatif:
M. l’Orateur communique à la
Chambre que le greffier du Conseil législatif a apporté le message suivant:
Le Conseil législatif informe
l’Assemblée législative qu’il a voté, sans amendement, les bills suivants:
- bill 87 modifiant la loi de
l’instruction publique;
-
bill 242 concernant la Compagnie de Jésus.
M. l’Orateur communique à la
Chambre que le greffier du Conseil législatif a apporté le message suivant:
Le Conseil législatif informe
l’Assemblée législative qu’il a voté, sans amendement, le bill suivant:
- bill 95 relatif au collège Saint-Paul.
M.
l’Orateur communique à la Chambre que le greffier du Conseil législatif a
apporté le message suivant:
Le Conseil législatif informe
l’Assemblée législative qu’il a voté le bill 92 modifiant la loi des
marchés agricoles du Québec, avec les amendements suivants qu’il la prie
d’agréer:
1. L’article 2 est modifié en
remplaçant le paragraphe g) par le suivant:
"g) obliger les
personnes engagées dans la production ou la mise en marché d’un produit
commercialisé, à enregistrer leurs noms, adresses et occupations dans un
registre tenu par l’Office, et, relativement à ce produit, à tenir des
registres ou des écritures, à faire des rapports, à fournir à l’Office des
renseignements sur leurs opérations et sur tout ce qui s’y rapporte, et à se
prêter à l’examen de leurs livres et documents par les inspecteurs et les
enquêteurs de l’Office."
2. L’article 3 est modifié:
a) en remplaçant, après les
mots "qui s’y trouvent", dans la huitième ligne de l’article 12a,
les mots:
"exiger la production des livres
ou registres et de tous les documents relatifs à la mise en marché susdite,
requérir tout autre renseignement jugé utile ou nécessaire." par ce qui
suit:
"exiger la production des
livres, registres et documents relatifs à cette mise en marché et requérir, à
ce sujet, tout autre renseignement jugé utile ou nécessaire."
b) en ajoutant, à la fin du
deuxième alinéa de l’article 12a, après le mot "tribunal"
le mot: "judiciaire";
3. L’article 4 est modifié:
a) en ajoutant, à la fin du
premier alinéa de l’article 20a,
après les mots: "syndicats professionnels", ce qui suit:
"ou une société coopérative
agricole ayant pour seul objet la mise en marché de ces produits
agricoles."
b) en remplaçant, dans la
troisième ligne du second alinéa de l’article 20a, les mots:
"union ou fédération" par les mots: "union, fédération ou
société".
Projets de loi:
Loi des marchés
agricoles
La Chambre prend en considération
les amendements que le Conseil législatif a apportés au bill 92 modifiant
la loi des marchés agricoles du Québec.
Les amendements sont lus.
Il
est ordonné que l’examen de ces amendements soit remis à la prochaine
séance.
Dépôt de documents:
Contrats accordés
par le ministère des Travaux publics
L’honorable M. Saint-Pierre (Saint-Hyacinthe) dépose sur le bureau de la Chambre la réponse à un ordre de l’Assemblée, en
date du 8 février 1961, pour la production d’un état contenant les réponses supplémentaires aux questions
suivantes:
Au ministère des Travaux publics,
du 1er janvier 1960 au 5 juillet 1960:
1. Combien de contrats ont été accordés?
2. Combien ont
été accordés avec soumissions?
3. Combien ont
été accordés sans soumission?
4. Dans le cas de contrats accordés avec
soumissions, quel était pour chaque contrat:
a) la nature des travaux à exécuter?
b) la liste des soumissionnaires?
c) le montant de chaque soumission?
d) le nom de l’entrepreneur qui a obtenu le
contrat?
e) le montant adjugé pour ce contrat?
5. Dans le cas de contrats accordés sans
soumission, quel était pour chaque contrat:
a) la nature des travaux à exécuter?
b) le nom de l’entrepreneur qui a obtenu le
contrat?
c) le montant adjugé pour ce contrat?
(Document de la session no 165)
L’honorable M. Saint-Pierre (Saint-Hyacinthe) dépose sur le bureau de la Chambre la réponse à un ordre de l’Assemblée, en
date du 8 février 1961, pour la production d’un état contenant les réponses supplémentaires aux questions
suivantes:
Au ministère des Travaux publics, du 5 juillet
1960 au 31 décembre 1960:
1. Combien de contrats ont été accordés?
2. Combien ont
été accordés avec soumissions?
3. Combien ont
été accordés sans soumission?
4. Dans le cas de contrats accordés avec
soumissions, quel était pour chaque contrat:
a) la nature des travaux à exécuter?
b) la liste des soumissionnaires?
c) le montant de chaque soumission?
d) le nom de
l’entrepreneur qui a obtenu le contrat?
e) le montant adjugé pour
ce contrat?
5. Dans le cas de contrats
accordés sans soumission, quel était pour chaque contrat:
a) la nature des travaux à
exécuter?
b) le nom de l’entrepreneur
qui a obtenu le contrat?
c) le montant adjugé pour
ce contrat? (Document de la session no 166)
Projets de loi:
Loi des vues
animées1
L’honorable M. Lapalme (Montréal-Outremont) propose, selon l’ordre du jour, que le bill 97 modifiant la loi des vues
animées soit maintenant lu une deuxième fois.
M. Talbot (Chicoutimi): Il
est évident qu'il faut le consentement unanime de la Chambre pour que ce bill
présenté en première lecture ce matin soit étudié en deuxième lecture cet après-midi.
J'ai souligné mercredi ce que j'ai considéré comme un manquement à sa parole de
premier ministre, et si nous appliquions à la lettre les règlements de la
Chambre, nous ne pourrions certainement pas finir la session cette semaine.
Cependant, pour montrer notre
esprit de collaboration pour que les députés de la Chambre ne soient pas
pénalisés, et pour ne pas retenir indûment les journalistes qui ont été retenus
ici par leur travail depuis huit mois, nous sommes prêts à donner tous les
consentements nécessaires et à accepter la suspension des règlements afin de
hâter l’expédition des derniers travaux d’ici à demain. Mais il est entendu que
ces consentements seront retirés si l’opposition se sent bousculée comme elle
l’a été depuis le début de la session.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest) remercie le chef de l’opposition de sa collaboration. J’apprécie ce que vient de dire le chef de
l’opposition. Depuis juillet et août de l'an dernier, le Centre
catholique du cinéma et de la radio, représenté par M. Paul Sauriol et M. l'abbé
Lucien Labelle, ont soumis, en diverses
occasions, qu'il existe un problème sérieux pour l'admission des enfants
dans les cinémas et les salles paroissiales. Les représentations sont aussi
venues de la part des propriétaires de cinémas. Les deux parties ont soutenu
des points de vue différents. J'ai réussi à obtenir, dit-il, que les deux
parties se rencontrent et me fassent rapport. L'accord ne peut être fait sur
certains points. Entre temps, j'ai reçu de nouvelles représentations de la part
du Centre catholique du cinéma.
Finalement, les parties ont fini
par s'entendre la semaine dernière, après plusieurs rencontres. J'ai, dit-il,
alors demandé aux officiers en loi de préparer un projet de loi dans le sens de
l'accord intervenu. Le texte du projet a eu l'agrément du Centre catholique du
cinéma. Quant aux propriétaires de cinémas, ils ont accepté de faire des
concessions dont j'ai informé M. l'abbé Labelle.
De toute façon, il s'agit d'une
expérience. L'approbation donnée par le Centre tient compte de ce caractère
provisoire; c'est en attendant une refonte plus complète de la législation. En
vertu du projet de loi soumis, le lieutenant-gouverneur en conseil pourra faire
des réglementations qui seront adaptées aux circonstances.
Le bill 97 est un compromis
résultant de longues et difficiles
négociations entre le Centre national catholique du cinéma et
l’industrie du cinéma elle-même. Il donne lecture d'un rapport qu'il a reçu de M. l'abbé
Lucien Labelle du centre Catholique du cinéma. Il y est dit, entre autres
choses, qu'il est devenu nécessaire et urgent d'admettre les enfants à des
séances organisées spécialement pour eux, pour qu'ils soient amenés à mieux
comprendre le cinéma et à en faire un meilleur usage dans une atmosphère saine
et avec tous les éléments de sécurité désirables.
Les techniques audiovisuelles, continue le rapport,
se sont installées au cœur de notre civilisation moderne. La télévision est
entrée dans tous les foyers. C'est un fait qu'on ne peut ignorer. Il est nécessaire
d’avoir des mesures urgentes permettant un plus grand usage des installations
audiovisuelles à des fins d’enseignement et de loisir. Il apparaît urgent de
prendre une attitude moderne devant ces techniques nouvelles.
Cela peut se réaliser, ajoute le
document, en organisant des séances de cinéma spéciales pour les enfants dans
une atmosphère irréprochable. La loi actuelle interdit l'admission des enfants
en bas de 16 ans dans les cinémas. Il a donc fallu, pour que la loi soit
modifiée dans le sens désiré, qu'une entente intervienne entre le Centre
national catholique du cinéma et l'industrie du cinéma.
M. Johnson (Bagot): L'opposition est en faveur du bill 97, puisque les deux corps se sont
entendus. Il se dit heureux que cette question approche d'une solution
définitive. Reste le problème du choix judicieux des
films à surveiller. Et à ce sujet, je compte que le premier ministre se
montrera difficile dans la désignation des personnes qui seront chargées de la
sélection.
Adopté. Le bill est lu une deuxième
fois et renvoyé à un comité plénier de la Chambre.
L’honorable M. Lapalme (Montréal-Outremont) propose que la Chambre se forme immédiatement en comité.
Adopté. M. l’Orateur quitte le
fauteuil.
En comité:
Présidence de M. Hyde (Westmount-Saint-Georges)
Le comité étudie le troisième
paragraphe de l’article 1, qui se lit comme suit:
"a) aux
représentations cinématographiques données
gratuitement dans une institution d’enseignement, à ses élèves et à son
personnel seulement;"
M. Dozois (Montréal-Saint-Jacques) propose un amendement.
Le troisième paragraphe de l’article 1 est
amendé et se lit désormais comme suit:
"a) aux
représentations cinématographiques données
gratuitement dans une institution d’enseignement, à ses élèves, à leurs
parents et à son personnel seulement;"
L’amendement est adopté.
M. Dozois
(Montréal-Saint-Jacques) insiste sur les mesures de sécurité à prendre pour
la protection des enfants. Il présente un amendement qui stipule que les
règlements de sécurité d’incendie soient écrits dans la loi.
En conséquence, il propose l’ajout
du paragraphe suivant après le cinquième paragraphe de l’article 1:
"Toute salle mentionnée aux
paragraphes b) et c) qui ne répond pas aux exigences de
la loi et des règlements concernant la sécurité dans les édifices publics (Statuts refondus de Québec, 1941, chapitre 170
etamendements), ne peut obtenir
l’autorisation de présenter des séances cinématographiques pour les
enfants."
L’amendement est adopté.
M. Dozois (Montréal-Saint-Jacques): Le bill parle de deux surveillants par salle. À Montréal il y a
des salles considérables et on devrait exiger un surveillant par cent sièges.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): Il explique la difficulté d’un propriétaire de salle de
savoir à l’avance le nombre des enfants qu’il y aura à une représentation. Il
insère un amendement forçant les propriétaires de cinémas, durant les séances
réservées aux enfants, à placer dans les salles un surveillant par 200 enfants.
M. Dozois (Montréal-Saint-Jacques) accepte.
L’article 1, ainsi amendé, est
adopté.
L’article 2 est adopté.
Rapport du comité plénier:
M. l’Orateur au fauteuil
M. le président fait rapport
que le comité a adopté le bill 97 après l’avoir amendé.
Le bill amendé est lu et agréé.
L’honorable M. Lapalme (Montréal-Outremont) propose que le bill soit maintenant lu une troisième fois.
Adopté.
Il est ordonné que le greffier
porte ce bill au Conseil législatif et prie les honorables conseillers de
l’adopter.
Subsides:
Budget
supplémentaire 1961-1962
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest) propose, selon l’ordre du jour, que M. l’Orateur quitte
maintenant le fauteuil.
Adopté. La Chambre se forme en
comité des subsides.
En comité2:
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest) propose: 1. Qu'un crédit n'excédant pas deux millions sept cent cinquante mille dollars soit ouvert à Sa Majesté pour "Subventions aux
municipalités pourtravaux d’hiver
(Bill 16 - session 1960-1961) (Affaires municipales)", pour l'exercice finissant le 31 mars 1962.
L'ouverture de crédits de $2,750,000
pour les travaux municipaux d'hiver porte à $10,700,000 le total des sommes qui
seront dépensées de cette manière au cours de l'année; $5,000,000 furent votés
dans un budget supplémentaire antérieur et $3,000,000 dans le budget principal.
J'avais alors souligné qu'il faudrait une autre somme pour rencontrer les
engagements envers les municipalités. C'est pourquoi des nouveaux crédits de
$2,750,000 sont prévus.
La résolution est adoptée.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest) propose: 2. Qu’un crédit n’excédant pas
trente-cinq mille dollars soit ouvert à Sa Majesté pour "Parcs provinciaux
(Chasse)", pour l’exercice finissant le 31 mars 1962.
Adopté.
3. Qu'un crédit n'excédant pas cent
quatre-vingt-dix mille dollars soit ouvert à Sa Majesté pour "Acquisition
de certaines terres pour fins de colonisation (Colonisation)", pour
l'exercice finissant le 31 mars 1962.
Adopté.
4. Qu’un crédit n’excédant pas
cinq cent mille dollars soit ouvert à Sa Majesté pour "Travaux de
colonisation (Colonisation)", pour l’exercice finissant le 31 mars
1962.
Adopté.
5. Qu’un crédit n’excédant pas
cinq cent mille dollars soit ouvert à Sa
Majesté pour "Commission d’aménagement de Québec: subvention pour
la construction du boulevard Champlain
(Conseil exécutif)", pour l’exercice finissant le 31 mars
1962.
Adopté.
6. Qu’un crédit n’excédant pas
cent mille dollars soit ouvert à Sa Majesté pour "Régie d’épuration des
eaux (Conseil exécutif)", pour l’exercice finissant le 31 mars 1962.
Adopté.
7. Qu’un crédit n’excédant pas
deux cent cinquante mille dollars soit ouvert à Sa Majesté pour
"Allocations aux personnes âgées de 65 à 70 ans, aux invalides et aux
aveugles, et administration (Famille et Bien-être social)", pour
l’exercice finissant le 31 mars 1962.
Adopté.
8. Qu’un crédit n’excédant pas
trois cent quatre-vingt-dix mille dollars soit ouvert à Sa Majesté pour
"Constructions d’écoles de protection et autres institutions (Famille et
Bien-être social)", pour l’exercice finissant le 31 mars 1962.
M. Johnson (Bagot) s'étonne
de ne pas voir de fonds inscrits dans le budget pour l'aide aux chômeurs dont
le nombre est considérable et qui, pour une grande proportion, ne touchent plus
de prestations de l'assurance contre le chômage. Des associations ouvrières ont
critiqué le gouvernement de ne pas faire connaître à ces gens sans prestations
les secours qu'ils peuvent obtenir en vertu de la loi de l'assistance-chômage.
L’honorable M. Lafrance (Richmond): Mon département, dit-il, compte deux nouveaux employés
pour s'occuper spécialement de la question. Nous allons faire de la publicité
et prendre les moyens pour que tous ceux qui ont besoin d'assistance
l'obtiennent.
La résolution est adoptée.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest) propose: 9. Qu’un crédit n’excédant pas deux cent
quatre-vingt mille dollars soit ouvert à Sa Majesté pour "Administration
(Instruction publique)", pour l’exercice finissant le 31 mars 1962.
L’honorable M. Gérin-Lajoie
(Vaudreuil-Soulanges): Les crédits budgétaires consacrés à l’enseignement,
cette année, sont de l’ordre de $300,000,000.
M. Tremblay (Maisonneuve): C’est une somme que vous allez chercher dans le portefeuille des contribuables
de la province, surtout avec l’imposition de nouvelles taxes. Mais, en dépit de
ces taxes, ce budget ne représente qu’une différence de $600,000 avec le budget
de l’ancien gouvernement de l’Union nationale. Et ce sont là toutes les
réformes qu’on nous annonçait? Je dirai que nous n’avons rien à apprendre, dans
aucun domaine, des autres provinces.
La résolution est adoptée.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest) propose: 10. Qu’un crédit n’excédant pas
vingt-cinq mille dollars soit ouvert à Sa Majesté pour "Autres
subventions, bourses d’études, administration et divers -
écoles normales (Instruction publique)", pour l’exercice finissant le 31 mars
1962.
Adopté.
11. Qu’un crédit n’excédant pas vingt-sept mille
quatre cents dollars soit ouvert à Sa Majesté pour "Subventions spéciales
- collèges classiques (Instruction publique)", pour l’exercice finissant
le 31 mars 1962.
Adopté.
12. Qu’un crédit n’excédant pas
cinquante mille dollars soit ouvert à Sa
Majesté pour "Administration (Jeunesse), pour l’exercice finissant
le 31 mars 1962.
Adopté.
13. Qu’un crédit n’excédant pas
cinquante mille dollars soit ouvert à Sa Majesté pour "Services de l’aide
à la jeunesse, y compris les bourses (Jeunesse)",
pour l’exercice finissant le 31 mars 1962.
Adopté.
14. Qu’un crédit n’excédant pas cinquante-cinq
mille dollars soit ouvert à Sa Majesté pour "Curatelle publique:
traitements, frais de bureau et autres dépenses (procureur général)", pour
l’exercice finissant le 31 mars 1962.
Adopté.
15. Qu’un crédit n’excédant pas
quinze mille dollars soit ouvert à Sa Majesté pour "Subventions, dépenses
diverses et imprévues (procureur général)", pour l’exercice finissant le
31 mars 1962.
Adopté.
16. Qu’un crédit n’excédant pas
un million de dollars soit ouvert à Sa Majesté pour "Hôpitaux généraux, y
compris les subventions (Santé)", pour l’exercice finissant le 31 mars
1962.
Adopté.
17.
Qu’un crédit n’excédant pas deux millions de dollars soit ouvert à Sa Majesté pour "Constructions d’hôpitaux, la surveillance des travaux devant être exercée par le ministère
des Travaux publics (Santé)", pour l’exercice finissant le 31 mars
1962.
Adopté.
18. Qu’un crédit n’excédant pas soixante-quinze
mille dollars soit ouvert à Sa Majesté pour "Administration (secrétaire de
la province)", pour l’exercice finissant le 31 mars 1962.
Adopté.
19. Qu’un crédit n’excédant pas
cinquante mille dollars soit ouvert à Sa Majesté pour "Office provincial
de publicité, y compris les subventions (secrétaire de la province)", pour
l’exercice finissant le 31 mars 1962.
Adopté.
20. Qu’un crédit n’excédant pas
trente-cinq mille dollars soit ouvert à Sa Majesté pour "Administration
(Transports et Communications)", pour l’exercice finissant le 31 mars
1962.
Adopté.
21. Qu’un crédit n’excédant pas
trente mille dollars soit ouvert à Sa Majesté pour "Régie des transports
(Transports et Communications)", pour l’exercice finissant le 31 mars
1962.
Adopté.
22. Qu’un crédit n’excédant pas
trente mille dollars soit ouvert à Sa Majesté pour "Régie des services
publics (Transports et Communications)", pour l’exercice finissant le 31 mars
1962.
Adopté.
23.
Qu’un crédit n’excédant pas quatorze mille dollars soit ouvert à Sa
Majesté pour "Service central de transport aérien (Transports et
Communications)", pour l’exercice finissant le 31 mars 1962.
Adopté.
24. Qu’un crédit n’excédant pas
deux cent mille dollars soit ouvert à Sa Majesté pour "Administration
(Travaux publics)", pour l’exercice finissant le 31 mars 1962.
Adopté.
25. Qu’un crédit n’excédant pas un million deux
cent cinquante mille dollars soit ouvert à Sa Majesté pour "Entretien,
réparations, loyers et aménagement des palais de justice, prisons et édifices
publics (Travaux publics)", pour l’exercice finissant le 31 mars
1962.
Adopté.
Rapport du comité des subsides:
M. l’Orateur au fauteuil
M. le président fait rapport
que le comité a adopté plusieurs résolutions et qu’il demande la permission de
siéger de nouveau.
Lesdites résolutions sont lues et
agréées.
Il est résolu que la Chambre, à la
présente séance, se formera de nouveau en
comité des subsides.
Voies et moyens:
Budget
supplémentaire 1961-1962
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest) propose, selon l’ordre du jour, que M. l’Orateur quitte
maintenant le fauteuil.
Adopté. La Chambre se forme en
comité des voies et moyens.
En comité3:
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest) propose: Que, pour pourvoir au paiement des subsides qui ont
été accordés à Sa Majesté pour la dépense de l’année financière se terminant le
31 mars 1962, il sera permis de tirer, du fonds consolidé du revenu de la
province, une somme ne dépassant pas $9,901,400, et qu’il pourra en outre être
pris, pour les fins de tout crédit voté à la suite d’une estimation budgétaire
dont le détail prévoyait une contribution ou un remboursement en réduction des sommes à dépenser, un montant égal au
remboursement ou à la contribution ainsi prévue.
Adopté.
Rapport du comité des voies et moyens:
M. l’Orateur au fauteuil
M. le président fait rapport
que le comité a adopté une résolution et qu’il demande la permission de siéger
de nouveau.
Ladite résolution est lue et
agréée.
Il est résolu que la Chambre, à la
présente séance, se formera de nouveau en comité des voies et moyens.
Projets de loi:
Loi des subsides No 7,
1961-1962
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest) propose qu’il lui soit permis de présenter le bill 96
octroyant à Sa Majesté des deniers requis pour les dépenses du gouvernement
pour l’année financière se terminant le 31 mars 1962, et pour d’autres
fins.
Adopté. Le bill est lu une première
fois.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest) propose que le bill soit maintenant lu une deuxième fois.
Adopté.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest) propose que le bill soit
maintenant lu une troisième fois.
Adopté.
Il est ordonné que le greffier porte ce bill au
Conseil législatif et prie les honorables conseillers de l’adopter.
Subsides:
Budget des dépenses
1961-1962
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest) propose, selon l’ordre du jour, que M. l’Orateur quitte
maintenant le fauteuil.
Adopté. La Chambre se forme de
nouveau en comité des subsides.
En comité4:
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest) propose: 1. Qu’un crédit suffisant soit ouvert à
Sa Majesté pour compléter la somme de quatre-vingt-quinze mille dollars,
nécessaire pour couvrir les dépenses prévues
à l’article: "Administration (Affaires fédérales-provinciales)", du budget de l’année financière se terminant le
31 mars 1962.
M. Maltais (Québec-Est) demande
s'il y aura prochainement une réunion
fédérale-provinciale. Il demande au premier ministre de donner à la Chambre l’assurance qu’il ne prendra aucun
engagement sur les questions constitutionnelles à la prochaine
conférence intergouvernementale d’Ottawa, sans consulter le Parlement de
Québec.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): Je n'ai pas encore reçu d'invitation d'Ottawa à ce sujet,
dit-il. Il est entendu que je ne ferai rien dans les questions constitutionnelles sans consulter les
Chambres sur l’attitude que la province de Québec adoptera. Pour cette
année, la somme de $100,000 prévue pour ce ministère sera amplement suffisante.
Mon intention est, dès que j'en aurai le temps, après la présente session du Parlement, de faire
le choix d'un excellent sous-ministre des Affaires
fédérales-provinciales et d'engager des experts dont le travail consistera à
étudier toutes ces questions et à faire des suggestions au premier ministre et
au gouvernement. On constituera un noyau de
personnes très qualifiées autour du sous-ministre. Ce personnel se
consacrera constamment aux problèmes des relations fédérales-provinciales. Il
sera rémunéré à sa juste valeur.
M. Talbot (Chicoutimi) recommande au premier ministre d'être très prudent sur le choix des experts. Il
y en a de toutes les sortes, dit-il, et il est certain que le
gouvernement a intérêt à se procurer les services des meilleurs hommes dans ce
domaine. J’espère que, dans ses pourparlers avec Ottawa,
le premier ministre ne perdra pas de vue la mentalité de la province de Québec
en matière de relations fédérales-provinciales.
M. Bertrand (Missisquoi): À
cette époque où la province de Québec veut rapatrier tous ses pouvoirs, la prochaine conférence fédérale-provinciale serait l'occasion de faire l'unanimité5 autour
du premier ministre de la province et de ceux qui auront la tâche de travailler
au rapatriement de ces pouvoirs.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): C'est une excellente suggestion. Je veux que l'État du
Québec soit plus fort. Et plus sa juridiction sera étendue et intégralement
respectée, plus le Québec aura de force pour faire accepter son point de vue.
Lorsque viendra le temps de présenter aux conférences d'Ottawa les demandes de
la province de Québec, pour obtenir le
rapatriement des droits fiscaux et constitutionnels des Québécois, je
demanderai une adresse de l'Assemblée législative, afin de pouvoir parler au
nom de tous les membres de la Législature provinciale.
Je n'ai pas changé d'idée au sujet des plans
conjoints et ce que j'ai déclaré à la conférence d'Ottawa, en juillet 1960,
tient toujours. Ils ont été acceptés comme pis-aller dans le moment, mais le
mieux serait que le Québec recouvre le droit à tous ses revenus pour payer
lui-même les dépenses relevant de sa juridiction. Le plus vite le Québec pourra
se passer de ces plans conjoints, grâce à la récupération de tous les revenus
auxquels il a droit, le mieux ce sera.
M. Johnson (Bagot): Je ne
veux pas prolonger la session, dit-il.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): Vous avez beaucoup de travail à faire d'ici le mois de
septembre.
M. Johnson (Bagot): Avant la
conférence canadienne sur les richesses naturelles, j'aurais aimé, dit-il,
qu'elle soit précédée d'une conférence provinciale sur ce sujet, afin de
préparer quelque chose d’impressionnant, de manière à assurer un concours efficace du Québec. Il souligne
l’importance de protéger mieux les intérêts autonomistes du Québec.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): Je tiens, dit-il, aux richesses naturelles du Québec
comme à la prunelle de mes yeux et la province sera représentée à la conférence
canadienne par le ministre des Richesses naturelles (l'honorable M. Lévesque).
M. Johnson (Bagot): C'est un
domaine où on ne saurait trop être vigilant. Le représentant du Québec devra
arriver à cette conférence avec un programme bien défini, précis, et avec la
détermination de défendre les intérêts et l'autonomie du Québec.
Il fait allusion au centième
anniversaire de la Confédération canadienne. Je crois comprendre que c’est le
ministère des Affaires fédérales-provinciales qui
s'occupera des célébrations.
Je
suggère au premier ministre de nommer dans le comité provincial des
membres de l'opposition, car c'est nous qui serons au pouvoir lorsque ces fêtes
arriveront.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): Ministre fédéral des Ressources nationales, j'ai refusé
catégoriquement de convoquer une conférence nationale sur les ressources, parce
que j'estimais qu'il s'agissait là d'un domaine qui relève de la juridiction
provinciale. Mon attitude n'a jamais changé à ce sujet. Je me suis objecté
chaque année à la tenue d'une conférence nationale sur les ressources
naturelles. Aussi, ceux qui assisteront à la conférence prochaine à Ottawa pourront
se référer à mon discours pour connaître mon opinion qui reste la même. Et je
crois que l'on pourra de la sorte avoir l'assurance que le patrimoine de la
province de Québec sera bien protégé.
M. Maltais (Québec-Est) soulève la question des plans conjoints avec Ottawa. Il a réaffirmé son
opposition, en principe, contre les plans conjoints, qui est aussi la même en
pratique.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): La question des plans conjoints a fait l’objet d’un débat
qui a occupé une grande place lors de l’étude des crédits de la voirie, et la
position du gouvernement à cet égard a été expliquée dans le détail. Aussi, je
ne crois pas qu’il y ait lieu d’y revenir.
La résolution est adoptée.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest) propose: 2. Qu’un crédit suffisant soit ouvert à
Sa Majesté pour compléter la somme de cinq mille dollars,
nécessaire pour couvrir les dépenses prévues à l’article: "Dépenses
diverses et imprévues (Affaires fédérales-provinciales)", du budget de
l’année financière se terminant le 31 mars 1962.
Adopté.
3. Qu’un crédit suffisant soit
ouvert à Sa Majesté pour compléter la somme de quatre-vingt-seize mille
dollars, nécessaire pour couvrir les dépenses prévues à l’article: "Bureau
de lieutenant-gouverneur (Conseil exécutif)", du budget de l’année
financière se terminant le 31 mars 1962.
Adopté.
4. Qu’un crédit suffisant soit
ouvert à Sa Majesté pour compléter la somme de un million cent soixante-dix
mille dollars, nécessaire pour couvrir les dépenses
prévues à l’article: "Administration (Conseil exécutif)", du
budget de l’année financière se terminant le 31 mars 1962.
Le Service des achats, dit-il,
sera totalement réorganisé au cours des prochains mois. Le gouvernement songe à
donner une structure nouvelle au Service général des achats de la province
dirigé par M. Louis-H. Levasseur, et à y centraliser toutes les
demandes de soumissions concernant les achats des différents départements de
l'administration provinciale. À l'avenir, il se chargera des demandes de
soumissions pour les acquisitions de tous les ministères.
À la suite d’une décision du
Conseil des ministres, le gouvernement a donné un ordre au directeur des achats,
afin que tout soit acheté dans la province et que l'on donne la préférence aux
produits fabriqués dans la province de Québec.
Le président d'Hydro-Québec a été
informé des directives qui ont été données au directeur général des achats et
ces mêmes directives ont été transmises aux employés de l'Hydro-Québec qui
achète de grandes quantités de matériaux de toutes sortes, chaque année.
Le gouvernement tente aussi
d'établir un système de standards, pour ne pas être obligé de mentionner une
marque de commerce lorsqu'il s'agit d'acheter un produit.
Je dépose, dit-il, sur la
table de la Chambre une copie de la formule de soumissions que tous les
fournisseurs qui veulent vendre à la province doivent remplir, avant qu'on leur
demande des prix pour des achats du gouvernement.
M. Johnson (Bagot): Les
annonces publiées par les différents ministères passent-elles par ce service?
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): Non, chaque ministère est responsable de son budget de
publicité et les annonces passent par l’Office provincial de publicité.
M. Johnson (Bagot) pose des
questions.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): En règle générale, des soumissions sont demandées par
écrit, sauf lorsqu'il s'agit d'un cas d'urgence, alors que des soumissions sont
demandées par téléphone. Il cite les prix obtenus en quelques occasions à la
suite d'un appel de soumissions pour achat de moteurs de 550 chevaux-vapeur,
marque Standard Modern6: $124 chacun, le 2 février
1959 et $64 chacun, le 5 février 1961, après demande de soumissions; achat
de clôture à neige, $14.50 le cent pieds, en décembre 1959, et $11.12, cette
année, après demande de soumissions; achat de lames de Cobra limitée, de $9.90
chaque, le 1er octobre7 1959,
et $6.59, le 23 janvier 1961, après demande de soumissions.
M. Gabias (Trois-Rivières) demande au premier ministre de déposer le document qu'il lit.
L’honorable M. Lesage (Québec-Ouest): Non. (Il se ravise) Très bien, je le dépose. Mais c'est tant pis pour l'Union
nationale, car les journalistes vont publier ces prix.
Rapport du comité des subsides:
M. l’Orateur au fauteuil
M. le président fait rapport
qu’au cours du débat, l’honorable premier a déposé les documents suivants:
Service des achats
Liasse de factures du service des
achats du gouvernement de Québec et une formule du service des achats du
gouvernement de Québec. (Documents de la session nos 167 et 168)
En comité8:
Le débat se poursuit sur la
résolution 4, qui se lit comme suit:
4. Qu’un crédit suffisant
soit ouvert à Sa Majesté pour compléter la somme de un million cent
soixante-dix mille dollars, nécessaire pour couvrir les dépenses prévues à l’article: "Administration (Conseil exécutif)", du budget de l’année financière se terminant le 31 mars
1962.
M. Gabias (Trois-Rivières): J'espère que le document renferme les exemples que le premier ministre vient de
donner.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): Il y en a beaucoup plus. Je n'en ai pas parlé par pitié
pour l'Union nationale.
M. Gabias (Trois-Rivières): Nous n'avons pas besoin de la pitié du premier ministre; nous verrons si le
premier ministre était sincère dans ses déclarations exagérées et à l'emporte-pièce.
Voix à droite: À
l'emporte-piastre.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest) se relève pour donner, dit-il, un autre exemple. Le 29 juillet
1959, l'ancien gouvernement a placé une commande à la Peinture Sico au prix de
$6.50 le gallon. Après demande de
soumissions, le gouvernement actuel a payé, pour la même peinture, le 24 février
1961, $3.609 le gallon.
M. Bellemare (Champlain): C'est
la peinture qui a levé aussitôt après avoir été posée sur les routes.
L’honorable M. Pinard (Drummond) nie cet avancé.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): La peinture qui a levé, c'est celle qui provenait des
réserves laissées par l'Union nationale.
M. Bellemare (Champlain): Non, c'est la peinture vendue par deux avocats.
L’honorable M. Pinard (Drummond): On n'a pu poser autre chose que l'ancienne peinture, parce que celle que mon
ministère avait commandée n'a pu être livrée à temps, dit-il.
M. Johnson (Bagot): Le
premier ministre vient de démontrer, dans une réponse fournie à l’opposition,
que pour la première fois le 6 juin dernier, soit trois jours avant
l’étude de ce budget, le Service des achats a demandé des soumissions par voie
des journaux pour la grosse machinerie, comme des pelles, des grattes, des
camions spéciaux, etc., d’une valeur de plus de $25,000. Les réponses du premier ministre démontrent clairement que,
jusqu’au 6 juin, tout achat, même pour des articles au-dessus
de $25,000, était fait de fournisseurs invités tout simplement à donner des
prix.
Dans le document que le premier ministre
vient de déposer, il n'est fait mention ni des quantités achetées, ni des
circonstances dans lesquelles les commandes ont été placées. On a admis qu'il y
a des demandes de prix par téléphone. Le gouvernement actuel a acheté, à
plusieurs reprises, à des marchands qui ne sont pas bona fide. C'est
arrivé sous M. Godbout et ça arrive
encore depuis le 22 juin 1960.
Je n'ai jamais vu autant de
médecins, d'avocats et de notaires devenir entrepreneurs ou fournisseurs de
matériaux. Et drôle de coïncidence! Tous ceux à qui l'on demandait de soumettre
des prix avant le 22 juin dernier sont éliminés. Et ce qui me surprend
encore davantage, c’est que le premier ministre admette, enfin, qu’il n’est pas
répréhensible pour un député de faire des recommandations au Service des
achats.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): Comment pouvez-vous dire cela? J'ai cité Cobra, Sico.
M. Johnson (Bagot): Des
instructions ont été données après le 5 juillet pour éliminer de la liste
des fournisseurs tous ceux d'avant le 22 juin. Il y a peut-être certaines
exceptions: alors on a dit à ces gens, vous allez présenter des soumissions,
mais basses... Je ne crois pas que tous les fournisseurs de la province, avant
le 22 juin, étaient des gens incompétents et incapables. Néanmoins on les
a remplacés par des fournisseurs libéraux, même pour la gazoline... Et ce qu'il
y a de grave: on essaie d'imposer le silence politique à certaines gens et aux
membres de leur famille.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): C'est une accusation absolument gratuite.
M. Johnson (Bagot): Je le
prouverai en temps et lieu.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): De la peinture blanche, qui, le 29 juillet 1959, était
achetée par la province au prix de $6.10 le gallon, est maintenant offerte au
gouvernement par le même fournisseur au prix de $3.40.
Tous peuvent soumissionner. Si des noms ont disparu de la liste des
fournisseurs de la province, depuis le 22 juin, c'est qu'avant cette date,
nombre de gens qui vendaient au gouvernement n'étaient pas des fabricants, mais
simplement des intermédiaires, des trafiquants. Aujourd'hui c'est changé.
M. Johnson (Bagot): Aujourd'hui, on demande des soumissions à des gens recommandés par les
députés libéraux.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): De plus, tous les marchands sans exception peuvent se
procurer la formule nécessaire s'ils veulent vendre à l'administration. Les formules à remplir pour vendre au
gouvernement sont les mêmes pour tous. Si un fabricant confectionne un produit
convenable, on le mettra sur la liste. J'invite les députés de l'opposition à
se procurer les formules pour les distribuer aux gens de leur comté. Nous
établissons le système des achats sur une base uniquement d'affaires.
Je n'ai jamais prétendu à la
perfection, mais je prétends que nous devons tout faire honnêtement et
consciencieusement pour atteindre le but que nous nous fixons. Ce que nous
tentons, c'est d'administrer pour le plus grand bien du peuple. Je fais des
efforts considérables pour essayer de sortir le patronage de l'administration provinciale. J’espère pouvoir
annoncer, l'an prochain à la Chambre basse, que tout se traitera dans ce service administratif comme dans une
maison commerciale.
Pour
obtenir les meilleures conditions possible, on exigera des soumissions
et il y aura des contrats quand il s'agira de transactions de plus de $25,000.
On fera des demandes par écrit lorsque les sommes en jeu iront de $5,000 à
$25,000; on fera des demandes par écrit et l'on se renseignera sur les prix, de
vive voix et par téléphone pour les acquisitions de moins de $5,000.
Il
proclame son désir d'administrer les affaires de la province pour le
plus grand bien de la collectivité. Au Service des achats, on tente de dresser
une nomenclature des divers produits d'après leurs caractéristiques, afin de ne
pas être obligés de mentionner une marque de commerce quand il s'agit de passer
une commande.
M. Thibeault (Montréal-Mercier) pose une question.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): Des instructions ont été données pour que les achats soient
faits dans la province de Québec et qu’on donne la préférence aux produits du
Québec.
À 6 heures, la Chambre suspend
ses travaux.
Reprise de la
séance à 8 h 15
Subsides:
Budget des
dépenses 1961-1962
En comité10:
Le débat se poursuit sur la
résolution 4, qui se lit comme suit:
4. Qu’un crédit suffisant soit ouvert à Sa Majesté
pour compléter la somme de un million cent soixante-dix mille dollars,
nécessaire pour couvrir les dépenses prévues
à l’article: "Administration (Conseil exécutif)", du budget de
l’année financière se terminant le 31 mars 1962.
M. Talbot (Chicoutimi): À
l'avènement au pouvoir de l'Union nationale, la peinture blanche était achetée
aux États-Unis. Quelques années après le retour au pouvoir de l’Union
nationale, en 1944, feu Maurice Duplessis avait constaté que cette peinture
était achetée en Ontario d’une société appelée St. Thomas Metal Signs de
St. Catharines. Pour rendre cette peinture lumineuse sur les routes, il
faut y ajouter de la poussière ou des billes de verre, pour une quantité de
sept livres ou sept livres et demie par gallon de peinture. Ces billes de
verre, qui donnent de la luminosité à la peinture la nuit, étaient achetées au
Nouveau-Brunswick. M. Duplessis a décidé que peinture et billes de verre
seraient achetées dans la province de Québec, même si ça devait coûter un peu
plus cher. Il estimait, avec raison, que les compagnies qui paient des taxes
dans la province et qui embauchent de la main-d'œuvre locale méritent d’être
encouragées.
L’ancien premier ministre avait
également établi comme principe que les prix payés par le gouvernement de
l’Union nationale étaient les prix du marchand de gros et non pas le prix du
détail ou le prix de manufacturier, le marchand de gros étant l’intermédiaire
entre ces deux derniers, dans le but encore d’encourager le payeur de taxes. On
ne trouvait pas au Québec qui produisait des billes de
verre, mais l'attitude de M. Duplessis suscita la naissance d'une
industrie du genre dans le voisinage de Charny, qui a procuré du travail à nos
ouvriers. Aujourd'hui, le gouvernement achète des billes de verre en Ontario.
Les prix payés par l'Union nationale
pour la peinture de signalisation étaient loin d'être exagérés. Après demande
de soumission, le gouvernement de l'Union nationale ne payait la même peinture
à signalisation, en ces dernières années, que $6.10 le gallon, compte tenu des
billes de verre qui valent entre $0.10 et $0.11 la livre, soit environ $0.75
pour les billes de verre par gallon de peinture. Moins le coût des billes de
verre, le gallon de peinture revenait donc à la province $5.35 le gallon.
Quant à la peinture Holiday Colour,
le prix était de $8.40 le gallon, plus le $0.70 de la bille de verre, et nous
ne payions que $6.10 le gallon. (Il prend la liste de prix de la compagnie
Sico.) D’après la liste, la compagnie vend cette même peinture aux grossistes
$5.85 le gallon, prix auquel il faut ajouter celui des sept livres de billes de
verre. Il en résultait donc que les grossistes payaient la peinture $6.6011 le gallon,
tandis que le gouvernement de l'Union nationale ne payait que $6.10 le gallon, et la compagnie suggérait au
grossiste de vendre la même peinture, sans bille de verre, $7.55 le gallon...
C'est ça la vérité.
La peinture Sico, d’autre part,
conseillait aux grossistes de vendre la qualité de peinture identique aux
détaillants, $7.8512 le gallon, plus le prix
des billes de verre. Il exhibe une liste de prix de la Société
Brandram-Henderson qui a aussi vendu au gouvernement. Les grossistes payaient
la même peinture $6.40 le gallon. Or, il faut ajouter le prix de la bille de
verre qui est ajoutée à la peinture pour la rendre lumineuse. Cette bille de
verre coûte $0.7013 le gallon: ce qui fait un
prix total de $7.10 le gallon, comparativement à $6.10 pour la province. Le
gouvernement de l’Union nationale payait cette peinture moins cher que les
grossistes.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): La moitié des quantités nécessaires est achetée à
Saint-Romuald, au prix de $0.10 le gallon, et pour réduire les prix, il est
allé chercher l'autre moitié en Ontario, au prix de $0.07, ce qui fait un prix
moyen de $0.08½.
M. Talbot (Chicoutimi): Je
dis que ce que le gouvernement actuel a payé pour sa peinture ne pouvait être
payé pour de la peinture de la même qualité que celle achetée par le
gouvernement de l'Union nationale. La nouvelle administration achète de la
peinture de qualité inférieure. Et si c'était de la peinture de la même
qualité, on a voulu, pour des fins politiques, probablement en recevant quelque
chose par en arrière, abaisser les prix, pour cette année, afin de prouver que
la méchante Union nationale payait trop cher sa peinture. La peinture achetée
n’a duré qu’un mois, après quoi on a dû la remplacer. Il a donc fallu donner
une nouvelle commande et doubler le prix d’achat.
Au cours de l'enquête Salvas, un
témoin, M. Marcel Archambault14 de la Brandram-Henderson Ltd. de Montréal a
montré qu’il était intéressé à baisser les
prix parce qu’il fait partie d’une compagnie nouvelle qui veut vendre au
gouvernement. C'est un libéral reconnu qui avait intérêt à salir l'Union
nationale pour avoir des commandes de peinture du gouvernement. C'est ça toute
la vérité.
Depuis
le 5 juillet 1960, le gouvernement a-t-il acheté
quelque chose de la compagnie Échange de meubles inc., du 310 Saint-Roch,
à Québec? Si oui, quel est le montant? Des maisons comme l’Échange de meubles, la Maison J.-W. Cantin
Inc., l’Exposition de meubles, qui traitent maintenant avec le
gouvernement, possèdent parmi les administrateurs des gens qui ne sont pas très
loin.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): Quels que soient les prix de liste dont a parlé le chef de
l'opposition, nous avons eu une peinture de même qualité que celle achetée par
l'Union nationale à $3.00 le gallon, plus $0.60 pour la bille de verre, ce qui
fait $4.20 comparativement à $6.10 le gallon, sous l'Union nationale, pour la
peinture Sico. De la Château Points, nous avons acheté de la peinture de la
même qualité à $2.45 le gallon par canisse de 45 gallons.
De Château Peinture Inc., le gouvernement a acheté de la peinture à
$4.00 comparativement aux $6.10 précédents, et de Canadian Industries Ltd., le
gouvernement actuel a acheté la même quantité de peinture à seulement $2.45 le
gallon. Ces choses sont étudiées par la commission d’enquête parlementaire et,
selon moi, nous n’avons pas le droit d’en discuter.
Le gouvernement a acheté pour
$18,433 de la Compagnie Échange de meubles
depuis juillet dernier et le gouvernement a obtenu l’escompte régulier.
Avant que le chef de l’opposition ne se scandalise, je dirai que le directeur général des achats était intéressé autrefois dans cette compagnie. Il a tout abandonné.
M. Larouche (Témiscamingue): Sur la question de la peinture, il existe des imitations qui se vendent
moins cher.
L’honorable
M. Lesage (Québec-Ouest): Les spécifications de la peinture achetée par le
gouvernement actuel étaient même supérieures à celles de la peinture achetée
par l’Union nationale.
Des députés de l’opposition: Il ne s'agissait pas de marchandises de même qualité!
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): Mais si! Des analyses ont été faites. La peinture achetée
par le gouvernement actuel a été analysée par les chimistes de la voirie. Ces
experts, qui étaient également à l’emploi de la province sous l’Union
nationale, en sont venus à la conclusion que la peinture que nous avons achetée
était supérieure à celle achetée par l’Union nationale, particulièrement en ce
qui concerne le facteur abrasif.
M. Gosselin (Compton): Le
pourvoyeur actuel de la province, M. Levasseur, a admis que
plusieurs gallons de peinture ont été retournés parce qu’ils n’étaient pas de
bonne qualité.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): Je remercie le député de
Compton du certificat d’honnêteté qu’il vient de décerner au directeur
général des achats.
M. Johnson (Bagot): La
police provinciale a acheté des centaines de paires de souliers de course
rouges des communistes de la Tchécoslovaquie alors que, dans le comté de Bagot,
il y a du chômage. Il y a une usine à Acton Vale, qui en fabrique.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): Le directeur général des achats, dit-il, m’informe
que la compagnie tchèque Concordia Shoes fabrique ses produits dans la province
de Québec.
M. Johnson (Bagot): Je
connais M. Pigeon de la Concordia Shoes et il est un importateur et livre des "running shoes" rouges venant de la
Tchécoslovaquie à la police provinciale de Québec. Le premier ministre a
dit ce n’est pas un crime de recommander des fournisseurs. Du temps de l’Union
nationale, des députés libéraux ont fait des recommandations pour vendre des
automobiles.
Un député le met au défi de
mentionner des noms.
M. Johnson (Bagot) refuse de
nommer les membres. Si on veut changer les
termes de références de la commission Salvas, c’est formidable le nombre
de rouge qui vont être pris là-dedans, avant 1955 et après 1960. Les
preuves qu’ont des gens pour accuser tout le monde devraient être devant les
tribunaux et non pas devant une commission d’enquête.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): Je me demande quel plaisir sadique le député de Bagot peut
avoir à parler de cela.
M. Johnson (Bagot): Si
quelqu’un peut être accusé de sadisme, si ce terme est parlementaire, ce sont
ceux qui pratiquent cette méthode de salir sans qu’on puisse se défendre.
L’honorable M. Lesage (Québec-Ouest): Je ne descendrai pas dans les mêmes profondeurs que le député de Bagot. Je
dis purement et simplement que nous avons eu un mandat sans équivoque de la
population de la province de Québec de faire faire une enquête, et c’eût été
manquer à notre devoir si nous n’avions pas établi cette commission.
M. Johnson (Bagot): Je
manquerais à mon devoir si je ne disais en cette Chambre que je ne peux pas
absoudre un système en vertu duquel on se sert d’un juge.
M. le président: À l’ordre!
M. Johnson (Bagot): Je
crois devoir affirmer, comme porte-parole des députés de l’opposition,
des membres de leurs familles, des centaines de personnes qui ont fait affaire
avec un homme qui avait la responsabilité de centaines de millions de dollars
auquel on ne peut faire un seul reproche, que le député de Chicoutimi n’a
jamais manqué un iota d’honnêteté dans toute sa carrière politique. Je
manquerais à mon devoir si je ne profitais de cette circonstance pour protester
contre ceux qui veulent trouver un système pour salir un homme semblable.
(Applaudissements à gauche)
M. le président: À l’ordre!
À l’ordre!
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): Je tiens à déclarer que je n’ai jamais mis en doute et que
je ne mets pas en doute l’honnêteté du chef de l’opposition!
M. Talbot (Chicoutimi) remercie le premier ministre et ses collègues de cet hommage.
M.
Tremblay (Maisonneuve): Il est difficile de faire une comparaison entre les
prix des moteurs, car les caractéristiques ne sont pas clairement indiquées. De
toute façon, il semble que si l'on tient compte des accessoires, le prix du
moteur acheté par les libéraux est sensiblement le même que le prix du moteur
acheté par l'Union nationale.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest) demande au député de Maisonneuve (M. Tremblay) de lui
communiquer les prospectus et les factures qu'il
a en main. Il (l’honorable M. Lesage) consulte ses documents et déclare qu'ils confirment ses
affirmations; il s'agit bien du même moteur. Il invite le député de
Maisonneuve (M. Tremblay) à venir voir les papiers.
M. Tremblay (Maisonneuve) traverse la Chambre, met ses lunettes et regarde les papiers.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): Vous voyez!
M. Tremblay (Maisonneuve) enlève ses lunettes et regagne son siège.
M. Tremblay (Maisonneuve): Vous avez payé plus cher!
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest): Non, moins cher.
La résolution est adoptée.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest) propose: 5. Qu’un crédit suffisant soit ouvert à
Sa Majesté pour compléter la somme de trois cent mille dollars, nécessaire pour
couvrir les dépenses prévues à l’article:
"Subventions (Conseil exécutif)", du budget de l’année
financière se terminant le 31 mars 1962.
Adopté.
6. Qu’un crédit suffisant soit ouvert à Sa Majesté
pour compléter la somme de cinq cent mille dollars, nécessaire pour couvrir les
dépenses prévues à l’article: "Commission du service civil (Conseil
exécutif)", du budget de l’année financière se terminant le 31 mars
1962.
Adopté.
7. Qu’un crédit suffisant soit
ouvert à Sa Majesté pour compléter la somme de quatre-vingt mille dollars,
nécessaire pour couvrir les dépenses prévues
à l’article: "Conseil d’orientation économique du Québec (Conseil
exécutif)", du budget de l’année financière se terminant le 31 mars
1962.
Adopté.
8. Qu’un crédit suffisant soit
ouvert à Sa Majesté pour compléter la somme de deux cent soixante-dix mille
dollars, nécessaire pour couvrir les dépenses
prévues à l’article: "Commission d’embellissement de la cité de Québec: administration, loyer,
expertises et autres dépenses (Conseil exécutif)", du budget de
l’année financière se terminant le 31 mars 1962.
Adopté.
9. Qu’un crédit suffisant soit ouvert à Sa Majesté
pour compléter la somme de cinquante mille dollars, nécessaire pour couvrir les
dépenses prévues à l’article: "Réceptions du gouvernement (Conseil
exécutif)", du budget de l’année financière se terminant le 31 mars
1962.
Adopté.
10. Qu’un crédit suffisant soit ouvert à Sa
Majesté pour compléter la somme de cinquante mille dollars, nécessaire pour
couvrir les dépenses prévues à l’article: "Frais juridiques et dépenses
diverses (Conseil exécutif)", du budget de l’année financière se terminant
le 31 mars 1962.
Adopté.
11. Qu’un crédit suffisant soit
ouvert à Sa Majesté pour compléter la somme
de six cent cinquante mille dollars, nécessaire pour couvrir les
dépenses prévues à l’article:
"Commission pour l’embellissement de la cité de Québec, acquisition
d’immeubles et constructions de bureaux
(Conseil exécutif)", du budget de l’année financière se terminant le
31 mars 1962.
Adopté.
Rapport du comité des subsides:
M. l’Orateur au fauteuil
M. le président fait rapport
que le comité a adopté plusieurs résolutions et qu’il demande la permission de
siéger de nouveau.
Lesdites résolutions sont lues et
agréées.
Il est résolu que la Chambre, à sa
prochaine séance, se formera de nouveau en
comité des subsides.
Voies et moyens:
Budget des
dépenses 1961-1962
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest) propose, selon l’ordre du jour, que M. l’Orateur quitte
maintenant le fauteuil.
Adopté. La
Chambre se forme de nouveau en comité des voies et moyens.
En comité15:
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest) propose: Que, pour
pourvoir au paiement des subsides qui ont été accordés à Sa Majesté pour
la dépense de l’année financière se terminant le 31 mars 1962, il sera
permis de tirer, du fonds consolidé du revenu de la province, une somme ne
dépassant pas $730,801,300, et qu’il pourra en outre être pris, pour les fins
de tout crédit voté à la suite d’une estimation budgétaire dont le détail
prévoyait une contribution ou un remboursement en réduction des sommes à
dépenser, un montant égal au remboursement ou à la contribution ainsi prévue.
Adopté.
Rapport du comité des voies et moyens:
M. l’Orateur au fauteuil
M. le président fait rapport
que le comité a adopté une résolution, et qu’il demande la permission de siéger
de nouveau.
Ladite résolution est lue et
agréée.
Il est résolu que la Chambre, à sa
prochaine séance, se formera de nouveau en comité des voies et moyens.
Projets de loi:
Loi des subsides No 6,
1961-1962
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest) propose qu’il lui soit permis de présenter le bill 76
octroyant à Sa Majesté des deniers requis pour les dépenses du gouvernement
pour l’année financière se terminant le 31 mars 1962, et pour d’autres
fins.
Adopté. Le bill est lu une première
fois.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest) propose que le bill soit
maintenant lu une deuxième fois.
Adopté.
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest) propose que le bill soit
maintenant lu une troisième fois.
Adopté.
Il est ordonné que le greffier
porte ce bill au Conseil législatif et prie les honorables conseillers de
l’adopter.
Messages du Conseil législatif:
M. l’Orateur communique à la
Chambre que le greffier du Conseil législatif a apporté le message suivant:
Le Conseil législatif informe
l’Assemblée législative qu’il a voté, sans amendement, les bills suivants:
- bill 91 constituant la municipalité
scolaire d’Alma;
- bill 97 modifiant la
loi des vues animées.
M. l’Orateur communique à la
Chambre que le greffier du Conseil législatif a apporté le message suivant:
CONSEIL LÉGISLATIF
Le 9 juin 1961
Ordonné: Que le greffier
reporte à l’Assemblée législative le bill 96 octroyant à Sa Majesté des
deniers requis pour les dépenses du gouvernement pour l’année financière se
terminant le 31 mars 1962, et pour d’autres fins, et informe cette Chambre
que le Conseil législatif l’a voté.
Ajournement
L’honorable M. Lesage
(Québec-Ouest) propose que la Chambre s’ajourne maintenant.
Adopté.
La séance est levée vers 10 heures.
NOTES
1. "Aujourd'hui
même, avant la séance, le premier ministre s'est entretenu de ce problème avec
le député de Montréal-Saint-Jacques, M. Paul Dozois, et M. Théroux,
représentant de l'industrie. On a alors convenu des amendements qu'il convenait
d'apporter. Rejoint au téléphone, M. l'abbé Labelle a déclaré qu'il
considérait le bill 97 acceptable comme mesure provisoire, en attendant
une révision plus complète de la loi", selon le journaliste du Soleil du 10 juin 1961, à la page 16.
2. Les
sources ne précisent pas qui préside les travaux du comité plénier.
3. Voir note
2.
4. Voir note
2.
5. Le
Soleil du 10 juin 1961, à la page 1, rapporte plutôt
"l'union sacrée autour".
6. "Standard
Monera", dans Le Nouvelliste du 10 juin 1961, à la
page 11.
7. Il s’agit
du 13 octobre, selon Le Nouvelliste du 10 juin 1961, à la
page 11.
8. Voir note
2.
9. Dans Le
Montréal-Matin du 10 juin 1961, à la page 5, on parle d’"un
produit à $3.50 le gallon, au lieu de $6.10 le gallon".
10. Voir note
2.
11. Dans Le
Nouvelliste du 10 juin 1961, à la page 11, les chiffres sont
différents: "Le prix mentionné est de $5.65 le gallon. Avec la bille de
verre, ça fait $6.35 le gallon."
12. Chiffre
de L’Événement-Journal du 10 juin 1961, à la page 2: $7.35.
13. Chiffre
du Montréal-Matin du 13 juin 1961, à la page 9: $0.75.
14. "M. Charles
Archambeault de la Brandram-Henderson" selon L’Événement-Journal du
10 juin 1962, à la page 2.
15. Voir
note 2.