(Onze heures deux minutes)
La Modératrice
:
Bonjour. Bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire, prendront la
parole, tout d'abord, Chrstine Labrie, responsable solidaire en matière d'éducation,
suivie de Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de Québec solidaire. Vous pourrez
poser vos questions par la suite.
Mme Labrie : Bonjour. Alors,
le ministre de l'Éducation, hier, a annoncé certaines mesures pour s'adapter à
la situation actuelle dans le réseau de l'éducation. Moi, je vais vous parler
de ce dont il n'a pas parlé, de ce dont le gouvernement parle très peu, c'est-à-dire
les risques importants qu'on a, dans nos services publics, d'épuisement des
professionnels qui travaillent là, que ce soit en santé et services sociaux, en
éducation, en petite enfance. En ce moment, ce qu'on voit, c'est de l'épuisement,
de la détresse psychologique. Il y a des risques d'exode de ces
professionnels-là. Il y a une grande précarité, et ça précarise non seulement
ces personnes-là dans leur propre santé, mais aussi dans l'accès aux services à
la population.
On l'a vu au cours des derniers mois, à
plusieurs reprises. Par exemple, il y en a qui dénoncent que les soins pour le
cancer sont retardés parce qu'il manque du personnel. Et on apprenait ce matin
une situation tout à fait scandaleuse, qu'une victime d'agression sexuelle n'a
pas pu passer une trousse médico-légale parce qu'il manquait d'infirmières dans
une région, à Sherbrooke, qui est la mienne, où on n'est même pas en zone
rouge. Donc, je vous laisse imaginer à quel point c'est précaire, l'offre de
nos services publics en ce moment.
Et il est temps que le gouvernement donne
un sérieux coup de barre et dise qu'ils ont compris l'ampleur de la détresse
chez le personnel de nos services publics dans tous nos réseaux publics et
qu'ils vont adresser sérieusement cette question-là pour améliorer
significativement les conditions de travail dans les prochaines années, pour
freiner l'exode et la détresse du personnel. Merci.
M. Nadeau-Dubois : Merci,
Christine. Bonjour. Hier, en conférence de presse, le premier ministre a
affirmé que les réticences des oppositions dans les dernières semaines au
déploiement d'une application de traçage au Québec étaient basées sur nos
craintes en matière de vie privée, en matière de récolte des données
personnelles. C'est faux. C'est faux. De toute évidence, le premier ministre
n'a pas suivi les débats en commission parlementaire sur cette question-là. Les
enjeux de vie privée sont réels, mais ils sont secondaires. Ils sont
secondaires. Les raisons fondamentales qui expliquent que les quatre partis
politiques ont, il y a quelques semaines, signé ensemble un rapport unanime
défavorable à l'utilisation d'une telle application, ces raisons-là elles sont
d'un autre ordre.
La question fondamentale ici, c'est
l'utilité et la fiabilité d'une telle application. La question fondamentale, c'est :
Est-ce que cette application va nous aider à lutter contre la deuxième vague ou
est-ce qu'elle va nuire à notre lutte contre la deuxième vague? Et ça, ce n'est
pas une question théorique, c'est une question très, très concrète parce que
cette application utilise une technologie fragile, une technologie inadaptée. Dans
plusieurs pays dans le monde, il s'est passé la même chose, on a déployé
l'application et ça a généré, en très grand nombre, des faux positifs ou, on
pourrait dire, des fausses alertes auprès de nombreux citoyens et citoyennes.
Ça a provoqué, ça, des vagues de gens qui se sont présentés dans des cliniques
de dépistages, et ça a donc congestionné le système de dépistage. C'est
notamment ce qui s'est produit en Australie il y a quelques semaines. C'est
notre principale inquiétude et c'est la principale raison pour laquelle nous
sommes très sceptiques de l'utilité de cette application-là pour lutter contre
la pandémie.
Il faut le rappeler, là, en ce moment,
notre principal obstacle à une lutte efficace contre la deuxième vague, c'est
notre stratégie de dépistage qui est inadaptée. À chaque jour, il y a des
scandales dans les médias qui montrent à quel point les délais ont explosé en
matière de dépistage. Il y a un risque réel, un risque documenté par la science
et les experts, que le déploiement d'une telle application empire le problème
de congestion dans notre système de dépistage, et que, donc, loin de nous aider
à lutter contre la pandémie, ça nuise à notre lutte collective pour la
pandémie.
C'est pour cette raison-là que, ce matin, Québec
solidaire demande aux autorités de la Santé publique de nous dévoiler, de
publier, de rendre publics les avis qui démontrent qu'ils sont favorables à l'utilisation
de cette application-là, et surtout la documentation qui démontre que notre
système de dépistage est prêt à encaisser la vague de gens qui vont se
présenter dans les cliniques de dépistage si l'application est massivement
utilisée. On souhaite avoir cette information-là. On pense que c'est une
information importante pour déterminer si cette application-là va vraiment nous
aider ou si, au contraire, ça va être contre-productif dans notre lutte contre
la COVID-19. Merci.
M. Lacroix (Louis) : D'ici
là, est-ce que vous allez la télécharger? Est-ce que vous l'avez fait, vous?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je ne
l'ai pas encore téléchargée. Je n'exclus pas de le faire, mais, pour le savoir,
pour prendre cette décision-là, on a besoin d'être rassurés par la Santé
publique.
M. Lacroix (Louis) : Donc,
tant que vous n'aurez pas l'information que vous réclamez, vous n'allez pas la
télécharger? Est-ce c'est ce que je comprends?
M. Nadeau-Dubois : Je pense
que la… Ce que je comprends, c'est que, pour fixer notre jugement sur cette
question-là, il faut avoir les informations. Le gouvernement, je ne vous
l'apprends pas aujourd'hui, là, a manqué de transparence dans ce dossier-là. Il
y a eu une commission parlementaire transpartisane il y a plusieurs semaines.
Tout le monde était d'accord pour dire que ce n'était pas la solution. Là, le
gouvernement fait volte-face sans nous consulter, nos inquiétudes d'il y a
quelques semaines n'ont jamais été répondues. Donc, nous, on tend la main au
gouvernement, on dit : Rassurez-nous, montrez-nous que vous êtes prêts à
faire face aux potentiels effets collatéraux de cette application-là, et on va
être tout à fait ouverts, éventuellement, à embarquer dans…
Des voix
: …
M. Bergeron (Patrice) :
…encouragez-vous les gens à télécharger l'application?
M. Nadeau-Dubois : Pour le
moment, nous, on est sceptiques sur l'utilité de cette application-là, donc
non, on n'est pas en mesure aujourd'hui de dire : C'est la solution,
téléchargez-la.
Mme Prince (Véronique) : Mais,
hier, vous avez eu droit à un briefing technique, puis vous avez probablement
fait part de vos interrogations puis de vos inquiétudes. Ils ne vous ont pas
rassurés pendant ce briefing-là?
M. Nadeau-Dubois : Non, c'est
un briefing qui a été fait seulement par des fonctionnaires, et on nous a
présenté des captures d'écran de l'application elle-même. Donc, on ne nous a
pas donné aucune information pour répondre aux craintes qu'on a partagées au
gouvernement il y a un mois. Je trouve que la situation, d'ailleurs, elle est
emblématique de l'attitude du gouvernement, hein? On laisse les oppositions
dans l'ombre, on ne les inclut dans aucune prise de décision, on ne donne pas
non plus l'information aux oppositions, et ensuite on fait un point de presse et
on dit : Là, il faut que vous collaboriez, il faut que vous soyez d'accord
avec nous. Puis, si vous n'êtes pas d'accord avec nous, on sous-entend qu'on
serait irresponsables. Si le gouvernement veut qu'on travaille ensemble, il
faut qu'il nous donne l'information, et c'est ce qu'on demande ce matin :
Donnez-nous l'information qui démontre que la stratégie de dépistage est prête
à inclure cette application-là, et si c'est fait, ça va considérablement nous
rassurer.
M. Lacroix (Louis) :
Mme Anglade, elle, disait tout à l'heure qu'elle l'avait téléchargée
immédiatement parce qu'elle considère que, quand le gouvernement le demande, il
faut donc suivre les recommandations du gouvernement parce que c'est eux autres
qui mènent, apparemment.
M. Nadeau-Dubois : Bien, ce
n'était pas le discours du Parti libéral du Québec jusqu'à tout récemment. Jusqu'à
tout récemment, ils ont signé, eux aussi, le rapport unanime de la commission
parlementaire, qui était défavorable. Donc, Mme Anglade a tout à fait le
droit d'évoluer dans sa position. De notre côté, on n'a pas eu de réponses à
nos craintes, et c'est là où le bât blesse. Collaborer avec la Santé publique,
Québec solidaire, on en fait une règle d'or. Il y a une différence entre
collaborer avec la Santé publique et obéir aveuglément aux politiciens de la
CAQ sans avoir l'information pertinente. Je pense que cette distinction-là,
elle est importante. Puis nous, on tend la main à la Santé publique.
On dit : Donnez-nous l'information,
là. Montrez-nous que vous êtes prêts à utiliser cet outil-là, et si on a cette
démonstration-là, on va tout à fait relayer l'appel du gouvernement. Mais la
CAQ ne peut pas dire aux oppositions : Soit vous êtes tout le temps
d'accord avec moi, soit vous êtes des irresponsables. Je pense que c'est un peu
court.
M. Gagnon (Marc-André) : Mme Anglade
disait tout à l'heure : Les enjeux qui ont été soulevés lors des travaux
de la commission à l'époque ont, depuis, été réglés par le gouvernement
fédéral. Je comprends que vous ne partagez pas cette lecture-là?
M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est
faux. Bien, c'est-à-dire qu'il y a une recommandation… il y a un constat sur
six dans le rapport qui parle des questions de vie privée. Les cinq autres
n'ont pas été répondus. Et, je vous répète, le problème fondamental de cette
application-là — puis ça, ce n'est pas l'opinion de Québec solidaire,
hein, c'est le consens scientifique, c'est le consensus des experts qui sont
venus ici à l'Assemblée nationale — le principal problème, c'est que
c'est une application qui n'est pas fiable, qui génère plein de fausses
alertes, et ça congestionne les systèmes de dépistage. C'est ce qui est arrivé
en Australie. Et, à cette préoccupation fondamentale, il n'y a aucune réponse
qui a été apportée. Mme Anglade se trompe là-dessus.
M. Gagnon (Marc-André) : Je
veux entendre votre réaction par rapport aux chiffres du jour parce qu'on vient
d'en avoir la confirmation, donc, 1 364 nouveaux cas, ce qui fait
qu'on dépasse maintenant les 81 000 cas accumulés. Et je porte votre
attention sur les décès, il y en a à peu près 17. Trois dans les dernières
24 heures, plus neuf entre le 29 septembre et le 4 octobre, un
avant le 29 puis quatre à une date inconnue. Et au nombre total de décès, on en
enlève deux parce que finalement l'enquête a démontré que ce n'était pas
attribuable à la COVID. C'est-u un problème de fax? C'est quoi qui… ça ne vous
inquiète pas de voir ça?
M. Nadeau-Dubois : C'est-u un
problème de…
M. Gagnon (Marc-André) : De
télécopieur. Sur la question des décès, on semble être un peu éparpillés.
M. Nadeau-Dubois : Bien, il y
a une raison pour ça. La raison pour laquelle on a autant de difficulté à avoir
des données fiables, c'est qu'on s'est assis sur nos mains pendant tout l'été
au lieu d'embaucher massivement du côté de la santé publique. Et je suis obligé
de faire un lien avec le débat sur l'application parce que quand la
Colombie-Britannique a décidé de ne pas aller du côté de l'application,
qu'est-ce qu'ils ont fait le jour même, immédiatement? Ils ont embauché
massivement des gens pour faire des enquêtes épidémiologiques puis avoir les
bonnes données. Là, le gouvernement de la Coalition avenir Québec a pris le
pire des deux mondes, c'est-à-dire, on ne prend pas l'application puis on
n'embauche pas non plus suffisamment dans les départements de santé publique
pour faire des enquêtes. Donc, on a vraiment pris le... on a fait les deux. On
a fait la pire combinaison de choix possible pour nous permettre d'avoir des
données fiables, et c'est pour ça qu'autant de gens au Québec sont dans l'ombre
sur exactement qu'est-ce qui motive le gouvernement puis quelles sont les
données sur lesquelles il se base pour prendre des décisions.
M. Lacroix (Louis) : Mais,
généralement, M. Nadeau-Dubois, les gouvernements sont hésitants à donner
les avis, par exemple, comme les avis juridiques qu'ils obtiennent pour prendre
telle ou telle décision parce qu'ils disent que ça relève de documents qui sont
confidentiels qui leur permettent de prendre les décisions en bon père de
famille, etc. Est-ce que le gouvernement a, à chaque fois, à partager toutes
les informations qu'il a pour que vous adhériez aux décisions qu'il prend?
M. Nadeau-Dubois : Il y a une
différence entre partager toutes les informations et n'en partager aucune. Ce
que les citoyens et les citoyennes doivent comprendre, c'est qu'on est informés
par les mêmes points de presse qu'eux et elles. Et ça, ça pose un problème pour
notre travail parce que les citoyens nous appellent à nos bureaux de
circonscription, ils nous arrêtent dans la rue puis ils nous demandent de
justifier les décisions du gouvernement. Puis nous, là, les décisions de la
Santé publique, on ne demande que ça, les justifier, mais on ne peut pas le
faire si on n'a pas l'information. On est dans une époque exceptionnelle, je
pense que ça prend des moyens exceptionnels.
Il y a d'autres États qui l'ont fait en
Amérique du Nord, dévoiler ouvertement les données qui mènent les décisions.
Moi, j'ai écouté, par intérêt personnel, les présentations en Ontario dans les
derniers jours. C'est fascinant de voir la différence. Le gouvernement
ontarien, pour lequel je n'ai pas une grande sympathie sur d'autres sujets, par
ailleurs… voir la transparence dont on fait preuve. On projette des données,
des graphiques, on dit aux gens : Voici ce qui se passe. Voici pourquoi on
prend une décision.
La Modératrice
:
Dernière question en français.
M. Lacroix (Louis) : Mais
est-ce que vous n'avez pas un devoir de responsabilité justement dans une
situation de santé publique?
M. Nadeau-Dubois : Tout à
fait. Tout à fait.
M. Lacroix (Louis) : Quand le
gouvernement dit : Pour le bien de la santé publique, on demande de
télécharger une application. Vous, vous arrivez en disant : Bien, nous
autres, on manque d'information puis on ne recommande pas ça tant et aussi
longtemps qu'on n'aura pas les informations. Donc, il n'y a pas un niveau de
responsabilité que vous devrez assumer si jamais il y a des gens qui hésitent
en raison de votre message?
M. Nadeau-Dubois : Notre
responsabilité, elle est de relayer les demandes de la Santé publique. Moi, je
n'ai pas entendu le Dr Arruda sur cette application-là, hier, j'ai entendu
seulement deux politiciens de la Coalition avenir Québec. Québec solidaire a
été parmi les premiers partis politiques, par exemple, puis je vous donne un
exemple qui peut avoir l'air banal, mais qui, pour moi, illustre bien notre
mentalité dans cette crise-là : on a été parmi les premiers politiciens,
sur nos médias sociaux, qui sont largement suivis, à s'afficher avec des
masques dès que la recommandation officielle a été faite par la Santé publique.
C'est comme ça qu'on va continuer à se comporter.
M. Lacroix (Louis) : Alors
qu'est-ce que...
M. Nadeau-Dubois : Mais le
gouvernement ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. Le gouvernement
ne peut pas dire aux oppositions : On ne vous donne aucune information,
mais on vous oblige à toujours être d'accord avec nous. Aux dernières
nouvelles, en démocratie, même quand il y a une crise, les oppositions ont le
droit de poser des questions puis ont le droit de dire : Écoutez, sur
cette décision-là, on ne la comprend pas, on est sceptiques, on a besoin de
plus d'information. C'est ce qu'on vous dit ce matin : On est sceptiques,
on a besoin de plus d'information.
M. Lacroix (Louis) : Alors,
où est l'intérêt de la CAQ? Parce que vous dites : J'ai entendu deux
politiciens hier. Si les politiciens font de la politique sur une application,
quel est l'intérêt de la CAQ, de ces deux politiciens-là, à dire aux gens de
télécharger?
M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est
une excellente question.
Une voix
: ...
M. Nadeau-Dubois : Je vais
essayer. En ce moment, la CAQ se rend compte qu'ils sont en train d'échapper la
gestion de la deuxième vague. Ils se rendent compte, notamment, que leur stratégie
de dépistage est un échec. Ils n'ont pas assez embauché durant l'été pour avoir
du personnel dans les départements de santé publique pour faire les enquêtes,
ils refusent l'autre proposition de Québec solidaire, qu'ils mettent à profit
les laboratoires privés. Hein, je vous rappelle, la semaine passée, Québec
solidaire a proposé, proposition constructive au gouvernement, qu'on
réquisitionne les laboratoires privés parce qu'en ce moment il y a un système
de dépistage à deux vitesses au Québec. Il y a des riches qui peuvent payer 200 $
pour aller se faire tester au privé, au lieu de faire la file comme vous et
moi. Bon, on a fait cette proposition, le gouvernement a dit non et, dans le
point de presse le jour même, M. Arruda disait : Notre gros problème, c'est
qu'il y a un goulot d'étranglement dans les laboratoires. Donc, je pense que la
CAQ réalise qu'ils sont en train d'échapper la gestion de la deuxième vague.
Là, ils ne peuvent pas blâmer la semaine de relâche une deuxième fois.
Ils se rendent compte que la stratégie de
dépistage ne fonctionne pas, alors on prend tous les moyens possibles pour se
sauver la face et dire qu'on fait tout ce qu'on peut. Le problème, c'est que,
dans le cas de l'application, il y a un risque réel, documenté par la science
et les experts qu'en voulant bien paraître on congestionne davantage le
dépistage, et donc qu'on nuise à la gestion de crise de la pandémie. Et là, le gouvernement
ne sera pas avancé ni du point de vue des relations publiques ni du point de
vue sanitaire.
Mme Prince (Véronique) : Mais,
dans cette même lignée-là — parce que vous dites qu'ils font de la politique
avec ça — est-ce que ça peut être utilisé? Est-ce que vous allez
jusqu'à dire que ça peut être utilisé comme monnaie d'échange? Parce que le
fédéral voulait que Québec pousse cette application-là, le fédéral a mis
beaucoup de pression sur Québec pour ça. Québec met beaucoup de pression pour
les transferts en santé. Est-ce qu'il peut y avoir, en quelque part là-dedans,
une...
M. Nadeau-Dubois : Oui, bien,
c'est votre hypothèse. Honnêtement, je n'avais jamais pensé à faire ces
liens-là, ça fait que je... Vous me surprenez avec cette question-là, je... Comment
dire, je ne peux pas croire qu'on gère la pandémie comme ça. Moi, je ne peux
pas croire, je ne veux pas... je ne veux pas croire, je ne veux pas croire
qu'il y aurait des deals comme ça qui se feraient derrière des portes closes.
Ce que je pense, c'est que la CAQ réalise
qu'ils échappent la gestion de crise de la dernière vague. Ils se disent :
Il faut démontrer qu'on a du leadership, il faut démontrer qu'on prend des
gestes, et là, ils se tournent vers un outil technologique auquel tous les
scientifiques disent : Eh! ce n'est vraiment pas la solution, ça peut même
nuire à la pandémie. Je pense qu'ils essaient de démontrer qu'ils sont
proactifs parce qu'ils n'ont pas fait ce qu'il fallait faire durant l'été.
Ceci étant dit, je le répète, puis c'est
important pour moi de conclure là-dessus, on ne vous dit pas aujourd'hui :
On ne le fera jamais. On vous dit : On est sceptique, on a besoin de
réponses à nos questions pour embarquer et faire ce pari-là avec le gouvernement.
M. Bergeron (Patrice) : ...
La Modératrice
: On va
passer en anglais.
M. Bergeron (Patrice) : ...au
Québec, quelle note vous lui donnez, sur le bulletin, le gouvernement, actuellement,
là, parce qu'on arrive à une demi-session, là?
M. Nadeau-Dubois : Quand est
venu le temps de gérer la première vague, on avait le droit de dire qu'on était
surpris. Le gouvernement avait le droit de dire qu'il était surpris. Le gouvernement
avait le droit de dire qu'il y a eu une semaine de relâche. Là, il n'y en a pas
de défaite. Là, il n'y en a pas d'excuse. On a perdu l'été, on ne s'est pas
préparés et, là, on se tourne vers des solutions technologiques dont les
bienfaits sont purement hypothétiques pour essayer de démontrer à la population
qu'on fait quelque chose.
Nous, on veut bien faire ce pari-là, là,
mais on a besoin de plus d'informations. On ne peut pas demander aux oppositions
de collaborer sans condition et sans information. À un moment donné, il faut
que le gouvernement fasse son bout de chemin. Ça fait un mois qu'il y a eu une
commission parlementaire. Il y a eu combien de coups de téléphone, combien de
rencontres avec les oppositions pour essayer de nous rassurer? Zéro. Zéro, zéro, zéro.
La Modératrice
:
En anglais.
Mme Senay (Cathy) : Mr. Gabriel Nadeau-Dubois, if you have to sell to your
constituents this COVID application, what… that's not your job as an MNA that
Québec is adopting the COVID Alert application?
M. Nadeau-Dubois :
Our job, as MNAs, is to follow the guidelines of the Public health authorities.
I didn't hear Mr. Arruda yesterday. I heard Mr. Legault, I heard Mr. Caire,
we want to hear from Public health authorities. We have questions for them. We
want them to reassure us on how exactly will they be ready to face the wave of
new people that will go and have a test if that app is widely downloaded. And
this is not a theoretical risk, this is exactly what the science is telling us
might happen if this app is widely downloaded.
So, we need answers to
those questions. If those questions are answered, we might very well ask people
to download it. For the moment, we don't have the necessary information.
Mme Senay (Cathy) : The crisis, the October Crisis, the Liberals are tabling this
motion this afternoon. They want, basically, all levels of Parliament to bear the responsibility of what happened. What do you think? Will
you vote in favor?
M. Nadeau-Dubois : Well, first of all,
Mme Anglade is very hard to follow on that issue. She voted against a very
reasonable motion last week. Now, she wants to table her own motion. She wants
everybody to apologize. We're not against that. We're ready to ask for all governments that collaborated to the «Loi
des mesures de guerre» to apologize. But, honestly, maybe she should start by
giving the example and apologizing herself, because it
is her political party that asked, back in the days, the army to intervene in
the streets of Québec and put citizens in jail.
So, we will discuss the
motion with our caucus, we will have discussions with other political parties.
At face value, there is nothing very problematic in that motion. But it's just
very sad that Mme Anglade is doing political strategies with that. I think
the motion last week was very good, I don't see why the Liberals opposed it.
Maybe we will be able to reach a consensus today. Let's hope so.
Mme Senay (Cathy) : ...last week was about the federal Government to get its own
apologies. Justin Trudeau said Friday that he was not ready to do so. You're
stuck. There is no apology anywhere, so is it a good strategy to open up to all
Liberals of Government in this case?
M. Nadeau-Dubois :
...I guess you ask that question to Mme Anglade. That's her choice.
Mme Senay (Cathy) : It's the 50th anniversary...
M. Nadeau-Dubois :
I'm ready to justify Mme Anglade… I mean, the motion tabled last week was
a good one. It was clear, it was simple, everyone... we really thought the
Liberals were going to agree on that. We were pretty surprised, and we never
really understood why they were opposing that motion. So, I think right now
they just... I mean, if they want the National Assembly to adopt the motion, I
think the ball is in their hands, and they have to reach to other parties and
find a consensus with us. They were the only ones that disagreed last week.
La Modératrice
:
Dernière question.
Mme Fletcher (Raquel) : Yes. On the measures that they announced yesterday concerning
schools and sports activities… Maybe I'll just start by asking your general
reaction to that.
Mme Labrie :
Well, it was the thing to do, to adapt the measures in the red zones. I think
it was a reasonable way to do it. There was a lot of measures that we heard
yesterday that we were proposing since a few months like the hybrid teaching
for high school, the recruitment for personnel in the education
system.
Mme Fletcher (Raquel) : Do you think the Government waited too long to act on those measures?
Mme Labrie : Definitely, yes.
Mme Fletcher (Raquel) : They should have put them in months ago or...
Mme Labrie : Yes. In particular for the hybrid teaching because it is a good way
to facilitate social distancing in the classrooms. I was asking for this, like,
in April. So, I don't understand why it is taking so long.
La Modératrice
: Merci…
M. Pouliot (Samuel) : Just about that, there are pediatricians that say having high
school students wear mask in school, it goes too far. What do you think about
that? You think that's too far?
Mme Labrie : Well, for the moment, we don't know if the measures announced
yesterday were asked by Public Health or was the initiative of the Minister of
Education. So, I think we have to hear Arruda about this.
M. Nadeau-Dubois : Merci.
(Fin à 11 h 25)