Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.
M. Derraji : ...la suite, c'est
qu'on va demander au gouvernement la saisie de cette pétition. Mais, depuis le
lancement de cette pétition, nous avons deux objectifs. Premièrement :
sensibiliser le gouvernement, qui n'a rien fait malgré les relances de l'industrie,
malgré les nombreuses rencontres des partenaires sur le terrain, y compris les
contrôleurs routiers... les représentants de l'Association du camionnage. C'est
silence radio, je dirais même du laxisme et de l'incompétence caquiste. On ne
sait plus quelle porte taper. Le ministère de l'Emploi et du Travail, le
ministère du Revenu, le ministère de l'Immigration ou bien le ministère des
Transports et de la Mobilité durable? Au bout de la ligne, les gens sont
perdus. Aucun interlocuteur, aucun leadership à l'intérieur du gouvernement du
Québec.
C'est pour cela, nous, au Parti libéral,
aujourd'hui, nous sommes convaincus qu'avec le dépôt de cette pétition et les
prochaines actions que nous... qu'on va mener on va mettre la pression sur le
gouvernement pour qu'il bouge. Et c'est dans ce sens... Ce qu'on a demandé au
gouvernement, c'est apporter rapidement les modifications législatives pour
contrer cette pratique du chauffeur inc. S'ils ne veulent pas le faire, nous,
nous sommes prêts à le faire et à déposer un projet de loi dans ce sens.
Maintenant, je cède la parole à M. David
Morneau qui va vous entretenir quelques instants.
M. Morneau (David) : Merci,
Monsef, c'est gentil. Il est grand temps d'agir, et ce, plus rapidement qu'on pense.
Je vais parler aujourd'hui en tant que président du conseil d'administration de
l'Association du camionnage, en tant que représentant de tous les camionneurs
de la province de Québec. L'industrie du camionnage souffre actuellement.
Beaucoup d'entrepreneurs perdent des contrats, perdent leurs entreprises,
actuellement, et font faillite due au fait de la concurrence déloyale. L'industrie
du camionnage, au Québec, elle est belle, elle est fière et elle est légale et
sécuritaire, mais malheureusement, actuellement, concurrencée par une
concurrence complètement déloyale.
Puis, aussi, je vais vous parler en tant
que citoyen, en tant que père de famille qui a des enfants, qu'il y a...
Actuellement, sur la sécurité routière, il y a une grosse lacune. Les entreprises
de transport routier, notre chauffeur incorporé sont souvent mal formés. C'est
des gens qui manquent d'expérience. Il y a des accidents routiers graves, il y
a eu la 440, la 30, à Vallée-Jonction dernièrement — mes pensées vont
pour la famille aujourd'hui — mais aussi il va y en avoir d'autres et
ils seront de plus en plus graves. Il faut agir avant que ça atteigne vos
enfants, vos familles et que... pourrait peut-être être un autobus d'école,
éventuellement, qui pourrait être attaqué par un accident, dans le fond, des
chauffeurs incorporés. On doit agir avant que ce soit trop tard.
M. Derraji : Merci, M.
Morneau. Donc, nous sommes prêts à prendre vos questions.
Journaliste : Pourquoi le
fait de passer par un entrepreneur plutôt qu'un chauffeur inc. assurerait une
plus grande sécurité routière?
M. Derraji : Bien, c'est...
La question?
Journaliste : En quoi... En
quoi le fait d'avoir un chauffeur qui... avec l'entrepreneur plutôt qu'être un
chauffeur inc. assurerait une plus grande sécurité routière?
M. Derraji : Aujourd'hui? Ah!
O.K. Vous voulez...
M. Morneau (David) : Les
entreprises, dans le fond, de camionnage, de chauffeurs inc., souvent, sont des
entreprises qui n'offrent pas la formation complète à leurs chauffeurs. C'est
des formations très courtes, dont les... dont les entrepreneurs n'ont pas l'expérience,
et les chauffeurs sont lancés sur la route... sur les routes du Québec, en
particulier ici, l'hiver, ou sur la 389, puis on... je l'ai vu dernièrement,
pour monter dans le Grand Nord québécois. C'est des accidents graves qui
peuvent se produire. Les chauffeurs manquent d'expérience, par les heures de
conduite, par leur expérience sur la route, et ça, ça crée des accidents très
graves, comme on a pu le voir plusieurs fois au Québec.
Journaliste : ...c'est des
gens qui viennent de l'extérieur, par exemple, par exemple, je sais qu'il y a
une filière indienne, par exemple... des gens beaucoup... donc, c'est des gens
qui ne sont pas habitués, comme vous disiez, M. Derraji, à conduire au Québec
sur les routes hivernales.
M. Derraji : En fait, ce que
nous avons constaté, avec l'ensemble des partenaires du milieu, c'est que, un,
il y a de la concurrence déloyale. Ça, là, ça nuit...
Journaliste : ...je ne suis
pas au fait, là, mais c'est quoi, la concurrence déloyale?
M. Derraji : C'est parce que
c'est plus avantageux pour certaines personnes de travailler avec des
chauffeurs inc. qu'avec des gens organisés qui paient leurs dus, qui paient les
choses correctes à payer, là. Il peut...
Journaliste : ...
M. Morneau (David) : Les
entreprises de chauffeurs incorporés, souvent, ne paieront pas leur DAS. À pas
grand pas. Les entreprises ne paient pas les assurances et souvent vont arriver
avec 25 à 30 % moins cher qu'une entreprise légale qui fait tout ce qu'il
y a à faire.
M. Derraji : À l'époque, on
parlait du «cheap labor», on peut parler du «cheap chauffeur», maintenant, si
on peut le dire.
Journaliste
: Est-ce qu'il
y en a au Québec ou ils proviennent juste de l'Ontario?
M. Morneau (David) : En
particulier, ça provient de l'Ontario.
M. Derraji : En fait, ce qu'ils
ont constaté, la plupart, c'est qu'il y a une concurrence, déjà, dans le marché
du camionnage, hein, nos entreprises québécoises souffrent. Donc, avant de
parler de ces enjeux, moi, aujourd'hui, là, ma préoccupation, c'est comment on
peut sauvegarder cette industrie. Elle est très importante. Quand on voit ce
qui se passe avec Trump, les échanges interprovinciaux, on doit sauvegarder une
économie locale avec ces chauffeurs.
Quand on voit ce qui se passe en Ontario
avec des vagues et des vagues de chauffeurs, là, c'est ce qu'on m'a confirmé,
donc, ça exerce une pression sur ce marché, et, au bout de la ligne, ce sont
nos entreprises québécoises qui paient les frais. Mais n'oubliez pas, nos
routes sont partagées. M. Morneau vient de le dire, il y a des risques d'accident,
ce n'est pas tout le monde qui est habilité à conduire l'hiver, chez nous, là.
Journaliste : Excusez-moi, je
ne veux pas avoir l'air de ne pas comprendre, mais c'est... Le problème, c'est
vraiment les chauffeurs inc., c'est-à-dire qu'une entreprise ontarienne...
Journaliste : ...de transport
qui... qui a ses cartes comme il faut, elle, elle peut concurrencer, puis il n'y
a pas de problème à vos yeux, là?
M. Morneau (David) : Oui,
puis il y a des très, très belles et solides entreprises ontariennes qui
suivent les lois depuis des dizaines d'années.
Journaliste : ...c'est ce que
vous appelez le «chauffeur inc.», c'est ça? C'est ça, le problème. Puis il n'y
en a pas au Québec. Ça provient surtout de l'Ontario.
M. Morneau (David) : Il y en
a... il y en a un léger pourcentage, mais le... la manne, au Canada, a démarré
à partir de l'Ontario. C'est maintenant un problème qui est pancanadien, mais
qui s'incruste au Québec de plus en plus, et qui affecte, actuellement, les
entrepreneurs en transport routier. Puis ce n'est pas juste les grosses
entreprises de transport, c'est les artisans qui ont un, trois, cinq, 10
camions, qui se demandent comment ils vont faire pour avoir du pain sur leur
table pour leur famille, parce qu'ils perdent les contrats, et des familles
aussi qui sont décimées par les accidents de chauffeurs qui n'ont pas l'expérience
pour être au Québec sur les routes.
Journaliste : M. Derraji,
vous faites cette sortie-là dans un contexte où le gouvernement du Québec puis votre
parti politique, vous voulez enlever des frontières, des... des entraves
économiques entre les provinces. Donc, est-ce que ça, ce ne serait pas plutôt
ajouter une entrave économique entre les provinces, ce que vous demandez?
M. Derraji : Ah! non, du
tout. Ah! non, du tout, du tout. Écoutez, moi là, c'est tolérance zéro aux
enjeux de sécurité routière. Parce que là, on parle... M. Morneau vient de
parler de quelqu'un. Il y a un cas qui a été médiatisé pas mal. Moi, je veux qu'on
continue à avoir des échanges interprovinciaux. Les contrôleurs routiers, par
exemple, peuvent jouer ce rôle. Parce qu'on ne parle que des agents
interprovinciaux, mais il y a aussi des matières dangereuses. Il y a le
fentanyl, et il y a beaucoup de choses que même l'Association des contrôleurs
routiers n'a pas arrêté de dénoncer, mais, malheureusement, il n'y a personne
qui écoute dans ce gouvernement.
Nous, ce qu'on dit aujourd'hui, là, il y a
une pratique illégale, une concurrence qui n'est pas bonne ni saine pour les
entreprises québécoises, et, deux, il y a des choses que ces gens ne paient
pas. Quand je dis : le régime des rentes, la CNESST et les autres... les
autres prélèvements par rapport aux assurances... assurances collectives, ça,
là, tout le monde le paie. Pourquoi on va avoir deux personnes, deux
catégories, une qui paie tout, qui suit les règles, une autre qui ne paie rien?
Et surtout, ça a été démontré, une bonne majorité est utilisée par des réseaux.
Ce n'est pas des gens... qui ont grandi au Québec, c'est des gens qui venaient
d'ailleurs. Et je n'ai rien contre les gens qui viennent d'ailleurs, mais le
plus important, c'est qu'ils n'ont pas l'habilité de conduire l'hiver, ils n'ont
pas l'habilité de respecter les règles et ça crée une certaine pression et
concurrence déloyale sur des entreprises comme Morneau, comme Guilbault, qui,
eux, suivent les règles au Québec. C'est ça que je déplore aujourd'hui.
Mais l'autre problème que je déplore, c'est
que ce n'est pas la première fois que ces associations font des représentations
au gouvernement. Ça fait plusieurs mois et années qu'ils font des
représentations, mais malheureusement, le gouvernement ne les écoute pas. Donc,
c'est pour cela que nous, aujourd'hui... La pétition, c'est juste un premier
pas. Il faut déclarer... il faut régler le problème, il faut que les ministères
s'entendent, et il faut que Mme Guilbault, encore une fois, puisse jouer son
rôle.
Journaliste : M. Morneau,
comment vous expliquez l'inaction du gouvernement dans ce dossier-ci?
M. Morneau (David) : C'est un
dossier qui est très complexe, on en est très conscients. C'est un dossier
qui... qui affecte le domaine des finances. Vous savez, c'est au-dessus de 2 milliards de dollars
qui ne sont pas perçus par le gouvernement québécois dans les dernières années,
dû au fait que les gens ne paient pas... les entreprises ne paient pas ce qu'elles
ont à payer au gouvernement. C'est un dossier qui a aussi rapport avec l'immigration,
ça a rapport avec le ministère du Travail, ça a rapport avec le ministère du
Transport, des Finances. Le gouvernement doit s'allier, tous ensemble, et tous
les députés et ministres doivent trouver une solution solidaire, ensemble, pour
arrêter le processus.
Les contrôleurs routiers ont un très... un
très grand rôle à jouer là-dessus. Ils le voient, les contrôleurs routiers, et
ils le savent que c'est dangereux. Mais, souvent, il y a une inaction qui est
faite, et on laisse les camions sur la route jusqu'à tant qu'il arrive un
accident grave. Humboldt... décimé une équipe de hockey au complet. Est-ce que
ça va arriver au Québec prochainement? Mon... mon point est que, oui, ça va
arriver, et il va être trop tard, éventuellement.
M. Derraji : Et c'est là, le
laxisme, parce que Mme Guilbault, là, c'est sous sa responsabilité, les
contrôleurs routiers. Je lui lance un défi. C'est quoi, la dernière fois qu'elle
a rencontré les contrôleurs routiers? Est-ce qu'elle est consciente des enjeux
que ces personnes vivent sur la route? Ils sont en négociation maintenant avec
le Conseil du trésor. Est-ce qu'elle est au courant de ce qui se passe? Donc, c'est
là où je vous dis qu'encore une fois le... le «pas dans ma cour», marque de
commerce de ce gouvernement. M. Morneau vient de le dire, il y a plusieurs
ministères impliqués, mais qui va prendre le lead? Est-ce qu'on va le prendre
le jour où il va y avoir des décès? On va dire : On aurait dû? Moi, là,
aujourd'hui, je suis là parce que je ne veux pas que ce soit : On aurait
dû le faire. Non, non, non, il faut le faire.
(Fin à 11 h 47)