Point de presse de M. Pascal Bérubé, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de laïcité
Version préliminaire
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Le jeudi 20 mars 2025, 12 h 40
Salle Bernard-Lalonde (1.131),
hôtel du Parlement
12 h 33 (version non révisée)
(Douze heures trente-huit minutes)
M. Bérubé : Bonjour, tout le
monde. Aujourd'hui, je réagis au projet de loi n° 94 du gouvernement de la CAQ
qui...
12 h 38 (version non révisée)
M. Bérubé : ...deuxième
tentative d'aborder la question de la laïcité. Au Parti québécois, c'est une
conviction forte et sincère, la laïcité, la séparation de l'Église, de l'État,
et ça inclut nécessairement les écoles, ça inclut l'éducation. Et, aujourd'hui,
je comprends que le ministre nous expose la laïcité en partie. Donc, on parle d'éducation,
il n'y a pas de plan d'ensemble. C'est ce qu'on nous avait pourtant dit, qu'on
allait parler de l'ensemble de la société, qu'on allait parler des services de
garde, qu'on allait parler de l'école, qu'on allait parler de la vie en société
de façon générale.
Donc, on arrive avec des propositions du
gouvernement pour ce qui est des écoles. On est heureux du virage du
gouvernement, d'abord, parce que ça indique que la loi 21 n'était pas
suffisante et ça indique également qu'on a perdu beaucoup de temps. Si la CAQ,
à l'époque, avait dit oui au projet de laïcité du Parti québécois, du
gouvernement de Pauline Marois, bien, on aurait gagné plusieurs années. Pourquoi
ils ne l'ont pas fait dans le cadre d'un gouvernement minoritaire? Ils
trouvaient que ça allait trop loin. Alors, maintenant, ils essaient d'aller un
peu plus loin. Ils essaient de rattraper des phénomènes que nous avons
observés. Souvenez-vous, quand Bernard Drainville se rend à Tout le monde en
parle et peine à définir que c'est religieux. C'était religieux, c'est avéré
maintenant. Et quand Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois, parle d'entrisme,
c'est exactement ce qu'on a vu. Alors, encore une fois, on a été à l'avant-garde
et on a dit au gouvernement : Allez dans ce sens, tout comme on l'avait
fait pour les lieux de prière qu'on appelait lieux de rassemblement ou lieux de
relaxation. On a dit tout de suite : Envoyez une consigne : plus de
lieux de prière. Et c'est devenu une consigne et c'est devenu suivi dans l'ensemble
des écoles, une autre initiative du Parti québécois. Puis on a demandé aussi
une réflexion sur le financement des écoles religieuses, j'y reviendrai.
Donc, on est heureux de cet avancement. On
parle des vraies choses : du religieux, de la spiritualité, de l'entrisme,
du prosélytisme, et, nous, on tient le cap sur ces valeurs, évidemment, on va
collaborer à ce projet de loi. J'entendais le ministre dire : C'est important
de nous aider à l'adopter le plus rapidement possible. J'aimerais faire une
nuance, à l'adopter et à le modifier, parce que ce n'est pas suffisant, il y a
des bonnes choses, mais il y a des choses qui sont manquantes. Et comptez sur
le Parti québécois qui a une expertise dans le domaine pour les proposer.
Donc, dans les points positifs, bien, il y
a l'élargissement de l'obligation du visage découvert aux élèves sur les lieux
non limités aux salles de classe et aux élèves éduqués à la maison. Ça allait
de soi, selon la Loi sur la laïcité de l'État, c'est consacré. Visage découvert
à tous les employés du réseau scolaire, c'est une nouveauté, incluant le
personnel des services de garde. On avait parlé de ça, dans le cadre du projet
de loi n° 21, au Parti québécois, ça n'avait pas été retenu. Une porte qui a
déjà été ouverte par la Loi sur la laïcité du Québec, mais, nous, on en avait
parlé.
Élargir l'obligation du visage découvert
aux écoles privées non subventionnées une nuance, on y reviendra. Rappel aux
élèves du devoir d'agir en respectant les principes de non-discrimination sur
le sexe, l'orientation sexuelle, le genre, la race, évidemment. D'ailleurs, je
me souviens des mesures qu'on avait adoptées pour lutter contre la
discrimination. Ça va exactement dans le sens de ce qu'on veut faire au Parti
québécois et dans ce qu'on fait depuis des décennies. Élargissement de l'interdiction
des signes religieux à tout le personnel d'un centre de services scolaire, on
comprend qu'il y a une clause grand-père, même chose pour... et on ne fait pas
ça pour les CPE, les services de garde, pas clair, d'où l'importance d'une
approche globale en matière de la laïcité. Donc, laïcité de l'État, donc, en
santé, en éducation, dans les CPE, voire même des enjeux comme la prière en
public. Le gouvernement a beaucoup parlé de ça. Qu'est-ce qui va arriver? Je ne
le sais pas.
Points faibles ou absents - j'ai commencé
par le positif - pas d'interdiction du port de signes religieux pour les élèves
du primaire. Nous, on est d'avis que pour le primaire et le secondaire, pour
tous les enfants, pour tous les élèves qui rentrent dans une école, bien, ce n'est
pas le lieu pour qu'il y ait des signes religieux. Alors, ça, c'est une
première proposition ou c'est une distinction entre le CAQ et nous. Absence d'une
organisation centralisée pour le dossier de laïcité, M. Drainville devance la
réflexion collective qu'il devait faire avec son collègue Roberge, ce qui
implique que l'éducation agit seule, sans cohérence d'ensemble avec les services
de garde, les CPE, par exemple. Vous savez, dans les CPE, il y a du recrutement
qui se fait sur des bases religieuses, là ça a toujours cours. Difficile de
juger un projet de loi sans savoir ce que le ministre de la Laïcité va y
ajouter ou non plus tard, après les travaux de son comité. On attend.
Le ministre, il voulait être premier, il
voulait être le premier à paraître à la télévision, le premier à chanter sa
chanson. Il a réussi, mais il y a une question de cohérence aussi. Il joue dans
une équipe. Il faut parfois rappeler ça à Bernard Drainville. On a déjà
travaillé avec lui au Parti québécois, je pense que les gens de la CAQ l'apprennent
aujourd'hui. Pas d'interdiction des critères confessionnels religieux pour...
12 h 43 (version non révisée)
M.
Bérubé
:
...dans les écoles et CPE. Ça, en tout cas je ne l'ai pas entendu, là, je
ne l'ai pas lu.
On n'interdit pas le port des signes
religieux au personnel des écoles privées. Encore une fois, le gouvernement,
avec son préjugé très favorable à l'égard des écoles privées, ne leur impose le
moins de balises possible. Ça ne pourra pas fonctionner. Si on finance les
écoles, elles appliquent les règles de l'État. Point à la ligne. C'est comme ça
au Parti québécois. À la CAQ, c'est vraiment, là, d'essayer d'éviter d'imposer
quoi que ce soit aux écoles privées.
Absence de mécanismes de contrôle et de
suivi d'application de la Loi sur la laïcité au niveau du gouvernement.
Ceci étant dit, qu'en retenir? Le fait que
le projet de loi touche seulement l'éducation illustre des problèmes de
coordination au gouvernement, en même temps qu'on annonce un comité qui va
faire des recommandations sur la Loi sur la laïcité à la ministre de... au
ministre de l'Éducation avec un projet de loi pour son carré de sable
uniquement.
On salue certaines avancées avec le projet
de loi, notamment l'obligation pour tous les élèves et membres du personnel de
garder le visage découvert, il faut encore le rappeler en 2025, sur les lieux
des écoles et des écoles privées, l'obligation du français dans les
communications avec le personnel et avec les élèves ou encore l'encadrement des
congés religieux et autres demandes d'accommodement, c'est bon.
On pense toutefois que le ministre devrait
aller plus loin sur certaines questions. Il étend certains aspects de la Loi
sur la laïcité aux établissements privés, mais il ne va pas jusqu'à interdire
le port des signes religieux dans les écoles privées. Pourquoi? Il ne l'a pas
dit. Ce qui est pour nous une erreur et un manque d'ambition très clair.
On constate aussi qu'il ne touche
aucunement au financement des écoles privées religieuses, ce qu'on avait
dénoncé à plusieurs reprises, ni au port des signes religieux chez les élèves.
Et, ça, c'est beaucoup plus grave à notre sens. On continue d'autoriser
tacitement le port du voile de fillettes dans nos écoles. On continue de
financer des écoles où on retrouve des pratiques religieuses explicites. L'État
paie, les citoyens de toutes les régions du Québec paient pour des écoles
religieuses. Mais, ça, la CAQ ne veut pas toucher à ca. D'ailleurs, la question
avait été posée à M. Drainville à Tout le monde en parle, j'ai rarement vu une
réponse aussi floue. Il disait que c'était le... un genre de patrimoine. Pas
sûr, là.
On regrette aussi que le ministre n'ait
pas prévu l'interdiction formelle pour toute école privée d'appliquer des
critères de sélection confessionnels. On sait que ça se fait. Il y a des
critères très subjectifs quand vient le temps de choisir des élèves pour l'admission
des élèves ou le recrutement du personnel. Pour nous, au Parti québécois, c'est
clair, la religion appartient à la sphère privée et à l'éducation. Et un
service public fondamental qui doit être séparé de la religion, c'est une
condition essentielle au vivre-ensemble, à la concorde entre les citoyens du
Québec. On compte faire des propositions fortes pour bonifier le projet de loi.
J'ajouterais en terminant que, je l'ai
évoqué tout à l'heure, il va falloir parler des CPE. Donc, ça ne sera
manifestement pas dans ce projet de loi là, ce n'est pas le bon ministre. Il va
falloir parler du réseau collégial. Il y a des lieux de prière qui sont
aménagés, il y a des problèmes présentement, il y a de la confusion. Il y a
certainement un fort retour du religieux dans certaines écoles, c'est
documenté, notamment dans des cégeps de Montréal. Je me souviens du cégep
Maisonneuve qui a fait l'objet d'un documentaire, d'une série, de 12 cégeps,
où ça doit être... ça doit vraiment être réglementé, et pas seulement à
Montréal. Donc, je termine là-dessus, et vous dire qu'on va participer
pleinement. Et je suis en mesure de prendre vos questions.
Journaliste
:
Je vais faire ça vite parce que les syndicats vont réagir, mais sur le port
des signes religieux, si j'ai bien compris que vous auriez été plus loin? Vous
auriez inclus les élèves?
M.
Bérubé
:
Oui.
Journaliste
:
Donc, pas seulement... tout. Parce que là, on est passé de juste les
enseignants à tout le personnel. Ça fait que...
M.
Bérubé
:
Toute personne qui est dans une école.
Journaliste
:
Pour vous, les élèves...
M.
Bérubé
:
Tout le personnel, l'ensemble des... je les appelle les enfants ou les
élèves. Oui, oui, très...
Journaliste
:
...que, je ne sais pas, le ministre manque de courage à cet égard-là ou...
M.
Bérubé
:
Je ne pourrais pas mieux dire que vous.
Journaliste
:
Puis, concernant...
M.
Bérubé
:
Ils sont... C'est comme pour le nationalisme, c'est à petites doses. Il
faut donner l'impression qu'ils en font, mais ça passe rarement le test de la
cohérence. Et, là-dessus, bien, ils laissent faire. Ils ne veulent pas se
brouiller. Ils ne veulent pas se brouiller avec des écoles privées. Ils ne veulent
pas se brouiller avec certaines communautés. Je veux dire, il faut que tu sois
cohérent. Si tu es pour la laïcité, tu le fais. Puis, quand tu es un
gouvernement, tu as une obligation comme celle-là. Un éventuel gouvernement du
Parti québécois aurait les mêmes positions qui sont évoquées ici, c'est-à-dire
une cohérence puis une équité pour tout le monde.
Journaliste
:
Concernant le financement des écoles religieuses, M. Roberge n'a pas ouvert
la porte concernant...
M.
Bérubé
:
Jamais.
Journaliste
:
Il n'a pas ouvert la porte... quand il a été question du... de l'intégration?
M.
Bérubé
:
Non. Moi, j'ai... je n'ai pas entendu ça. Puis j'ai entendu le ministre à
Tout le monde en parle indiquer que ça allait rester comme ça. C'était un genre
d'entente historique. Moi, j'aimerais ça, voir le texte de l'entente, parce que
je n'en suis pas conscient. Et il y a des écoles de toutes les confessions, là,
il y en a des catholiques, il y en a des orthodoxes, des juives, des
musulmanes, il y en a de tout genre. Il faudrait les définir... le mandat, je
pense, sans en pointer une. Demander au ministère de nous les indiquer, qu'est-ce
qu'il considère comme une école religieuse et pourquoi il est dans...
12 h 48 (version non révisée)
M. Bérubé : ...intérêt public
de les financer si elles ont des pratiques religieuses dites explicites.
Journaliste
: Je
termine là-dessus : Hier soir, ça priait en groupe encore, Place du
Canada, à Montréal. C'est un mouvement anti-Israël.
M.
Bérubé
:
C'est de l'intimidation.
Journaliste
: Oui?
Qu'est-ce que vous en pensez, oui?
M.
Bérubé
:
Bien, d'abord, ce n'est pas spontané, là, c'est organisé. C'est une mesure qui,
à juste raison, a été dénoncée par la communauté juive, quant à cette organisation
en particulier. C'est de l'intimidation, donc, je pense qu'on teste le système.
J'ai vu des prières collectives également dans un aéroport, l'aéroport Dorval,
de Montréal. Le gouvernement a mis la barre haute, le premier ministre en a
parlé, là, puis quand il parle, ça a un impact, qu'il allait mettre fin à ça
puis que ça le fatiguait. Est-ce que ça va venir plus tard, puis comment il va
faire ça? Parce qu'il y a le municipal qui a des règlements quant à la libre
circulation des citoyens, tout ça. Disons que, pour l'instant, si on parle
juste d'éducation, on est déjà prêts à faire le débat, mais aussi en service de
garde, aussi en matière de santé, aussi en matière des relations avec l'État.
Dans tous ces enjeux-là, nous, on n'a pas eu besoin de comité, là, on est prêts
depuis longtemps.
Journaliste : Can you repeat
some of your reservations about Bill 89?
M. Bérubé : OK, well, it's
the second chance for Government to make sure that they're doing the good thing
for secularism. First step was Bill 21, obviously it was not enough, so now
they're coming back with the Bill 94. I think they wish to make sure that they
have tools to make sure that Bedford's problems don't come back anymore, in
other schools.
Most of the propositions are good, but
there's some... there's a lack of coherence. Let's say that the private schools
don't have to apply those new rules. And we do think that it's wider than the
schools. It's in the the daycare centers, it's in the colleges as well. We
should intervene. And if they need our our collaboration, we are going to be
there, because we don't need any comity for that. We are going straightforward,
since the Marois Government, and our mind is pretty clear about what do we have
to do to make sure that religion and the govern affairs are apart. Is that
good? Thank you.
(Fin à 12 h 51)