Conférence de presse de M. Bernard Drainville, ministre de l’Éducation
Version préliminaire
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Le jeudi 20 mars 2025, 11 h 30
Salle Evelyn-Dumas (1.30),
édifice Pamphile-Le May
11 h 33 (version non révisée)
(Onze heures trente-quatre minutes)
Le Modérateur : Bonjour,
bienvenue à cette conférence de presse du ministre de l'Éducation, Bernard
Drainville, sur le projet de loi no 94, visant notamment à renforcer la laïcité
dans le réseau de l'éducation et modifiant diverses dispositions législatives.
Il est accompagné de la sous-ministre de l'Éducation, Carole Arav. On va
prendre quelques minutes pour une présentation...
M. Drainville : Oui, on va
résumer ça.
Le Modérateur : ...puis
ensuite on prendra les questions. M. Drainville, c'est à vous.
M. Drainville : Merci. Merci,
tout le monde, d'être présents. Mme Arav, salutations.
Mme Arav (Carole) : Bonjour, M.
le ministre.
M. Drainville : Alors,
bonjour, tout le monde. Face aux dérives rapportées dans plusieurs écoles au
cours des derniers mois, j'ai déposé ce matin un projet de loi qui vise à s'assurer
que les écoles du Québec restent des lieux d'apprentissage sains, sécuritaires
et laïques pour nos élèves. Les situations rapportées à Bedford et dans d'autres
écoles du Québec m'ont bouleversé, et je sais que c'est le cas pour la majorité
des Québécois. Ma responsabilité est de renforcer tout ce que je peux
renforcer, et c'est ce que nous faisons avec ce projet de loi.
Parce que l'école québécoise est laïque,
elle doit être un lieu à l'abri des influences idéologiques ou religieuses, un
lieu où la liberté de pensée et la liberté de conscience des élèves doivent
être respectées. L'école québécoise doit être un lieu où l'on inculque à nos
élèves que l'égalité entre les femmes et les hommes est une valeur fondamentale
non négociable. L'école québécoise doit aussi être un lieu où la science et l'éducation
sexuelle sont enseignées, comme le veut le régime pédagogique québécois. Le
projet de loi que je dépose aujourd'hui vise à offrir à nos enfants une
éducation qui les prépare à devenir des citoyens québécois pleinement engagés
dans notre société.
Concrètement, le projet de loi se divise
en cinq grands thèmes. Premier thème : l'égalité entre les femmes et les
hommes, une valeur fondamentale du Québec. Le projet de loi intègre à la
mission de l'école, des centres de services scolaires et des commissions
scolaires les valeurs fondamentales que sont l'égalité femmes-hommes et la
laïcité de l'État. Tout le personnel scolaire devra respecter ces principes et
adopter une conduite exempte de considérations religieuses. Le projet de loi
prévoit que les élèves ont eux aussi des devoirs, dont celui de respecter l'égalité
hommes-femmes et celui aussi de contribuer à un environnement scolaire sans
violence, sans intimidation et exempt de racisme et de discrimination, envers
les personnes homosexuelles, par exemple. Il est d'ailleurs prévu que ces
obligations soient inscrites clairement dans les règles de conduite de l'école,
dans le code de vie de l'école.
Deuxième thème : toutes les matières
doivent être respectées en tout temps, dans toutes les écoles. Afin de garantir
une éducation de qualité à tous nos élèves, le gouvernement propose de mettre
en place de nouveaux mécanismes pour mieux encadrer l'enseignement et ainsi s'assurer
que toutes les matières soient enseignées, et ce, dans toutes les écoles. Pour
ce faire, chaque centre de services scolaire devra mettre sur pied un comité
qui aura pour responsabilité de veiller à la qualité des services éducatifs
offerts dans les écoles de son territoire. Il est aussi proposé que les
enseignants soumettent leur planification annuelle à la direction de l'école,
qui s'assurera qu'elle respecte le régime pédagogique québécois. Une évaluation
annuelle des enseignants est également prévue.
Troisième grand thème : obligation d'avoir
le visage découvert et élargissement de l'interdiction de port de signe
religieux. Par ce projet de loi, le gouvernement propose d'élargir l'obligation
d'avoir le visage découvert en tout temps, dans toutes les écoles, publiques et
privées, subventionnées ou non, tant pour les élèves que pour le personnel...
11 h 38 (version non révisée)
M. Drainville : ...le visage
découvert est nécessaire pour, un, favoriser une meilleure communication entre
les élèves et le personnel, deux, assurer un... un meilleur, dis-je,
enseignement et un meilleur apprentissage à l'école, et trois, permettre l'identification
des personnes circulant dans l'école afin de renforcer le sentiment de sécurité
au sein de l'école.
Par ailleurs, toute personne pouvant
représenter une figure d'autorité pour l'élève doit rester neutre et n'afficher
d'aucune manière ses convictions religieuses. Ce projet de loi prévoit ainsi d'élargir
l'interdiction de porter des signes religieux à l'ensemble du personnel des
écoles publiques, incluant les enseignants, le personnel de soutien, comme les
éducatrices et les techniciennes en éducation spécialisée, les TES, par
exemple, également, les professionnels, le personnel administratif ainsi que
les personnes qui travaillent sous contrat ou dans le cadre d'ententes avec les
établissements scolaires. Cette règle s'appliquerait aussi aux directeurs
généraux et... directeurs généraux et adjoints des centres de services
scolaires et des commissions scolaires. De plus, il est proposé que la
directive actuelle interdisant les lieux de prière et les activités religieuses
dans les écoles soit intégrée à la loi.
Quatrième thème, des limites strictes en
matière d'accommodements religieux. Le projet de loi prévoit un meilleur
encadrement des demandes d'accommodement pour des motifs religieux en milieu
scolaire afin de s'assurer que les mêmes règles s'appliquent à tous.
Concrètement, pour le personnel scolaire, les demandes d'absence pour des
motifs religieux seront strictement encadrées pour préserver la continuité des
services éducatifs, comme l'enseignement, par exemple, pour préserver la continuité
du service de garde et aussi pour assurer l'équité entre les membres du
personnel.
Les élèves devront obligatoirement
fréquenter l'école et prendre part aux évaluations et aux activités prévues par
l'école, sans égard aux motifs religieux. Les écoles ne pourront plus adapter
leurs méthodes d'enseignement, leur matériel pédagogique ou leurs programmes
pour des raisons religieuses, et l'offre alimentaire... l'offre alimentaire et
les activités organisées lors des journées pédagogiques seront soumises aux
mêmes règles pour tous.
Cinquième et dernier grand thème, le
français partout dans nos écoles. Dans le but de protéger et renforcer la place
du français comme langue officielle et commune au Québec, le projet de loi
prévoit d'obliger les membres du personnel d'un centre de services scolaire
francophone à utiliser exclusivement le français lorsqu'ils sont à l'école et
qu'ils communiquent oralement ou par écrit avec un élève ou avec un membre du
personnel. Le projet de loi prévoit que cette obligation s'applique également à
toute personne qui, dans le cadre de tout contrat de service avec un centre de
services francophone, serait appelée à travailler auprès d'élèves ou à être
régulièrement en contact avec eux dans les établissements scolaires ou sur ses
terrains.
En guise de conclusion, je suis conscient
que ce projet de loi va déranger, mais, honnêtement, on ne peut pas rester les
bras croisés. Il est inconcevable qu'on ne fasse rien, que je ne fasse rien. Ça
va prendre du courage de tout le monde. Nous sommes tous placés devant nos
responsabilités. Nos écoles doivent être laïques, et, oui, c'est notre
responsabilité de s'en assurer. C'est notre responsabilité, comme institutions,
comme écoles, comme centres de services, comme commissions scolaires. C'est
notre responsabilité collective comme personnel scolaire, c'est notre
responsabilité individuelle comme membres de l'équipe-école et, oui, comme
élèves, et c'est notre responsabilité citoyenne. On a tous le devoir de s'assurer
que les écoles du Québec respectent les valeurs du Québec et créent les
conditions pour assurer la réussite éducative de nos élèves. Et c'est justement
pour s'en assurer que nous déposons ce projet de loi. Merci, tout le monde.
Le Modérateur : Merci, M.
Drainville. On va maintenant passer à la période des questions, en commençant
avec Louis Lacroix, Cogeco.
Journaliste : Bonjour, M.
Drainville, j'ai... Première des choses, sur...
11 h 43 (version non révisée)
Journaliste
:
...sur le français à l'école, vous dites : Obligation du personnel d'utiliser
exclusivement le français à l'école dans les communications, etc. Est-ce que c'est
motivé par des faits que vous avez notés, en ce sens qu'il y a eu des messages qui
ont été transmis dans d'autres langues que le français? Qu'est-ce qui vous
amène à mettre cette disposition-là qui semble au départ... Il me semble que c'est
normal que, dans les écoles francophones, on parle français.
M. Drainville :
Bien,
je vous dirais, le point de départ de notre réflexion là-dessus, ça a été
Bedford. À Bedford, je vous rappelle, Louis, il y a eu des tensions liées au
fait que le groupe dominant, par moments en tout cas, se parlait dans une autre
langue que le français et ça a suscité des tensions. Ça a même amené des
membres de l'équipe-école à dire : Écoutez, on se sent un peu exclus quand
vous parlez une autre langue que le français, on vous demanderait de parler
français en notre présence pour qu'on crée un groupe pour qu'il reste de la
cohésion, là, tu sais. Puis malheureusement, ça a été rejeté. Alors, cet
exemple-là, évidemment, a suscité notre... notre réflexion, a déclenché notre
réflexion. Puis, par la suite, on a eu d'autres exemples d'écoles où ça se
produisait, notamment dans le rapport de vérification sur les 17 écoles,
mais aussi dans le reportage sur l'école Saint-Maxime à Laval. Là aussi, il y
avait des enjeux liés à l'utilisation d'une autre langue. Alors, on s'est dit :
Écoutez, là, il faut que le français soit la langue utilisée à l'école en tout
temps, et en particulier, Louis, je vous dirais, devant les élèves. Un des
enjeux, notamment à Saint-Maxime, c'est que les profs se parlent dans une autre
langue que le français, pas seulement quand ils sont entre eux, mais aussi
devant les élèves. Et, dans certains cas, même, ils vont parler aux élèves dans
une autre langue, l'Arabe dans ce cas-ci. Et donc ça met en cause, pas juste la
cohésion de l'équipe-école, ça met en cause le devoir d'exemplarité. Tu es dans
une école francophone, il faut valoriser le français. Puis le message qui doit
être envoyé très clairement, c'est que le français, c'est la langue parlée. C'est
la langue qui va nous permettre de créer un vivre-ensemble.
Journaliste
:
J'ai une autre question. Vous parlez du travail de Valérie Lebeuf, ma
collègue de Cogeco, qui est... a fait un travail important et qui résulte à ce
projet de loi aujourd'hui, là.
M. Drainville :
Absolument.
Absolument.
Journaliste
:
Elle a également dévoilé ce matin, là, qu'il y a une pétition qui circule
actuellement pour demander une exception, en fait, pour qu'on puisse permettre
à des élèves de faire des prières en dehors des cours, là, par exemple, mais
dans les écoles. Si je comprends bien, si j'ai bien compris le projet de loi
que vous présentez aujourd'hui, c'est une fin de non-recevoir. C'est... Ce sera
impossible dorénavant de tenir quelque activité à connotation religieuse en
tout temps sur le terrain d'une école ou dans une école. C'est ce que je comprends?
M. Drainville :
C'est
déjà impossible, Louis, c'est déjà impossible par la directive.
Journaliste
:
Mais la loi va l'instituer?
M. Drainville :
Eh
voilà. Ce que nous faisons, c'est que nous intégrons la directive, qui est
quand même un outil formel, ce qui doit être adopté par le Conseil des
ministres, je vous rappelle, là. La directive que nous avons émise, c'est une
directive qui s'adressait à tout le réseau scolaire et qui dit : toute
activité à caractère religieux, les prières et toute activité à caractère
religieux et manifeste est interdit, que ce soit sur les lieux ou sur les
terrains de l'école. Ça, c'est déjà prévu.
Maintenant, ce que nous faisons, nous lui
donnons un caractère, je dirais, encore plus fort en prenant cette directive et
en l'intégrant dans le projet de loi. Donc, ça va devenir une loi.
Le Modérateur
:
Merci. Caroline Plante, La Presse canadienne.
Journaliste
:
Bonjour, M. Drainville. Est-ce que ce n'est pas une grosse réaction à l'école
Bedford? Parce qu'on sait que dans le rapport sur les 17 écoles, par
exemple, il y avait un seul manquement, un seul cas de non-conformité à la loi.
Alors, est-ce que tout ça, là, c'est... ce n'est pas une réponse, disons,
démesurée à ce qui s'est produit à Bedford?
M. Drainville :
Oui.
Bien, d'abord, je vous rappelle que dans le cas du rapport sur les 17, il a été
écrit dans le rapport, c'est une note en bas de page, mais je pense que c'est
important de s'en rappeler, le rapport... en fait, les vérificateurs notaient
que plusieurs...
11 h 48 (version non révisée)
M. Drainville : ...situation
problématique avait été corrigée avant l'arrivée des vérificateurs-enquêteurs.
Donc, sachant que les vérificateurs-enquêteurs allaient débarquer dans l'école,
il y a des écoles, il y a des centres de services scolaires qui se sont mis en
action et qui ont corrigé le problème, notamment sur la question du port des
signes religieux. C'est à la page 8 du programme, bien... du rapport, dis-je
bien. Certaines plaintes s'avéraient fondées, mais des correctifs avaient été
apportés avant la visite des vérificateurs. Ça, c'est le premier point.
Le deuxième point, c'est que, si vous avez
lu, et je sais que vous l'avez fait, le rapport sur les 17 écoles, vous aurez
remarqué qu'au-delà de la question des manquements, ce que le rapport dit, c'est
qu'il y a plusieurs dimensions liées à la laïcité qui ne sont pas respectées ou
qui ne sont pas bien gérées. Et là il y a la question de la gestion des congés
religieux puis, je dirais, la gestion de façon générale, des accommodements. Il
y a toute la question du respect du programme. Il y a la question du visage à
découvert, évidemment, dans le rapport des 17. Il y a toute la question,
également, de la peur que certains dirigeants scolaires éprouvent à faire
respecter la loi parce qu'ils craignent de se faire accuser de racisme. Alors,
c'est ce qui amène les vérificateurs, dans le rapport, donc, sur les 17, à
faire un certain nombre de recommandations, y compris une recommandation à l'effet
de réviser les règles entourant l'interdiction des signes religieux. Parce qu'ils
disent que la façon de faire actuelle crée de l'incohérence et ils posent la
question du lien de confiance puis du rapport d'autorité.
Donc, la réponse courte à votre question,
c'est non. Non, je ne crois pas que ce soit une réponse qui soit démesurée,
parce qu'il y a eu Bedford, parce qu'il y a eu le rapport sur les 17, parce qu'il
y a eu le rapport... pardonnez-moi, le plan d'action, le plan d'action des
accompagnateurs à Bedford, parce qu'il y a eu Saint-Maxime, parce qu'il y a eu
La Voie, parce qu'il y a eu aussi un certain nombre de vérifications qui ont
été faites par les centres des services scolaires.
Ne perdez pas de vue qu'il y a plusieurs
manquements à la laïcité qui ont été relevés par les centres de services scolaires
quand ils ont fait eux-mêmes des vérifications dans plusieurs régions du
Québec. Alors là, on juge que, quand on additionne tout ça, on a amplement de
raisons d'intervenir comme on le fait aujourd'hui.
Journaliste : Avez-vous
consulté les écoles privées et est-ce qu'elles ont réagi positivement à cette
nouvelle obligation par rapport au visage découvert?
M. Drainville : Écoutez, les
écoles privées pourront réagir lors des consultations.
Journaliste : ...consultées
avant de déposer votre projet de loi?
M. Drainville : Moi, je ne l'ai
pas fait, mais, encore une fois, si elles souhaitent réagir, elles pourront le
faire lors des consultations. Mais, vous savez, la question du visage à
découvert, c'est une question de principe, ça, là. Je veux dire, on ne peut pas
accepter, au Québec, que des élèves aillent dans une classe le visage couvert,
là, ce ne sera pas possible, ça, voyons donc. Le voile intégral, le voile
intégral dans nos classes au Québec? Non. Non, pour des raisons pédagogiques
puis pour des raisons de communication, puis, oui, pour la question du
sentiment de sécurité. On tire une ligne rouge, là, honnêtement, là, sur le
visage à découvert, là, ce n'est pas pour rien qu'on l'applique à toutes les
écoles, publiques, privées, subventionnées ou pas. Le personnel qui n'était pas
déjà couvert dans les écoles privées non subventionnées le sera dorénavant.
Non, non, c'est une position de principe qu'on prend sur la question du voile
intégral, là.
Journaliste : Merci, M.
Drainville. Bien, vu que vous nous amenez sur ce terrain-là, je vais me
permettre quelques questions. François Carabin, Le Devoir. Qu'est-ce que vous
avez observé dans les écoles qui vous force à agir sur le visage découvert? Parce
que ça, c'est quelque chose de nouveau, pour les élèves, là, en particulier.
M. Drainville : Bien, je vous
dirais, le rapport sur les 17 est... Quel bon mot utiliser? Le rapport sur les
17, il est inquiétant, moi, je trouve, parce qu'on se retrouve dans une
situation... D'abord, pour moi, pour moi, je me répète, là, mais, pour moi, c'est
inconcevable qu'un élève aille en classe au Québec avec un voile intégral, le
visage couvert. Pour moi, c'est inconcevable. La notion même d'apprentissage...
11 h 53 (version non révisée)
M. Drainville : ...la notion
même d'enseignement suppose qu'il y ait communication avec l'élève. On sait que
nos élèves apprennent beaucoup par le non-verbal, en particulier en bas âge.
Toute personne qui a eu un enfant sait très bien l'importance du non-verbal.
Alors qu'on se retrouve dans une situation où on ne peut pas communiquer avec
une élève, parce qu'on ne voit pas son visage, pour moi, c'est inconcevable sur
le plan pédagogique.
Maintenant, l'autre chose qu'il faut dire,
c'est que, dans le rapport sur les 17, vous avez des témoignages d'enseignants
qui ont plusieurs étudiantes qui portent le voile intégral et qui ne sont pas
capables de déterminer laquelle est laquelle. Voyons donc! Comment est-ce que
tu peux faire une évaluation correcte de l'élève si tu ne sais même pas qui est
cette élève, que tu ne peux pas distinguer l'élève A de l'élève B, parce qu'elles
portent, toutes les deux, le voile intégral. Et elles ne parlent pas parce
que... elles ne s'adressent pas à toi parce que tu es un homme. Alors, c'est
des exemples comme ça.
Puis je dois vous dire, honnêtement, M.
Carabin, je dois vous dire honnêtement qu'il y a aussi dans cette mesure un
aspect préventif. On ne souhaite pas que cette pratique du voile intégral s'étende
à d'autres écoles. Puis là, quand c'est rendu qu'elles se fabriquent des voiles
intégraux de manière assez créative, merci, c'est-à-dire qu'elles commencent à
porter un masque médical, au début de l'année scolaire, avec un foulard, puis
là tu te rends compte qu'elle porte le masque médical pour une période qui
excède la période habituelle pour r une infection, bien là, tu te rends compte
que, dans le fond, c'est une façon de se jouer un peu des règles. Alors... Puis
l'autre chose aussi, c'est que la loi prévoit qu'elles doivent se dévoiler pour
des raisons d'identité et des raisons de sécurité, et, malheureusement, cette
prescription n'est pas mise en œuvre, n'est pas respectée.
Journaliste : Vous avez
ouvert la conférence de presse en disant que vous êtes conscient que le projet
de loi va déranger. Vous êtes l'auteur d'un d'un autre projet qui avait été
très contesté, la charte des valeurs. Est-ce... À quoi est-ce que vous vous
attendez comme réaction du projet de loi?
M. Drainville : Bien,
écoutez, dès qu'on touche à cet enjeu, on sait que ça suscite des réactions,
des émotions. On est conscient du fait que c'est un sujet qui est délicat.
Mais, encore une fois, l'accumulation des faits dicte que nous intervenions,
que nous posions des gestes, et c'est ce que nous faisons aujourd'hui. Moi, je
vais vous dire honnêtement, M. Carabin, mon espoir, mon espoir, c'est que
justement le débat a cheminé et qu'il sera possible d'obtenir un large
consensus autour de l'adoption de ce projet de loi. Moi, je vais vous dire, là,
je souhaite que les autres partis politiques, à l'Assemblée nationale, se
rallient au projet de loi et qu'ils nous aident à l'adopter le plus rapidement
possible. Je pense qu'on a beaucoup parlé de laïcité depuis plusieurs années au
Québec.
Il existe un fort consensus au sein de la
population québécoise. Les rapports, les divers rapports, reportages, enquêtes
des derniers mois nous démontrent qu'il y a justification d'intervenir, que la
raison d'être est bien démontrée. J'espère qu'on pourra compter sur l'appui des
autres partis politiques. Et, si c'est le cas, ce sera beaucoup plus...
beaucoup plus facile et rapide de le faire adopter. On va faire les choses
correctement. Il n'est pas question de brûler les étapes, là. Il va y avoir une
consultation puis il va y avoir une étude article par article. Mais c'est
évident que, si on a la collaboration des partis d'opposition, on va pouvoir
faire adopter ce projet de loi là beaucoup plus rapidement.
Le Modérateur : Merci.
Sébastien Desrosiers, Radio-Canada.
Journaliste : Bonjour, M.
Drainville.
M. Drainville : Bonjour.
Journaliste : Dans le rapport
des vérificateurs, là, qui se sont rendus dans 17 écoles, ils écrivent que, sur
la question du visage couvert, ils ont observé, dans une école, une élève qui
portait le voile intégral. Alors, effectivement, ils ont entendu parler de d'autres
cas qui leur ont été rapportés par les enseignants, mais ils ont vu, selon ce
que je comprends, une élève porter le voile intégral.
Alors, ma question, à votre connaissance,
combien y a-t-il d'élèves au Québec qui portent le voile intégral?
M. Drainville : Je ne suis
pas en mesure de répondre à cette question. Mais, si je cite le rapport,
paragraphe 18° : «Les vérificateurs ont observé, au moins, une élève
portant un signe religieux couvrant l'entièreté de son visage. Selon les
informations transmises aux vérificateurs, il y aurait environ trois ou quatre
élèves dans la même situation dans cet établissement scolaire. Une élève
porterait également des gants, ne laissant que les yeux à découvert sur l'entièreté
de son corps. Les vérificateurs ont également observé une élève portant un
signe religieux ne couvrant pas l'entièreté, etc...
11 h 58 (version non révisée)
M. Drainville : ...l'élève
porte donc un voile et un masque qui ne laissent que son front et ses yeux à
découvert. Selon les témoignages recueillis, il y aurait environ une dizaine d'élèves
dans la même situation dans cet établissement scolaire, donc portant voile et
masque médical... bien, voile et masque médical, ça donne un voile... ça
produit un voile intégral.
Journaliste : ...témoignages
recueillis.
M. Drainville : Et donc on
pense que cette pratique, donc, du visage couvert, n'est pas acceptable au
Québec et c'est pour ça qu'on intervient. C'est le principe, ici, qui est en
cause, pas juste le nombre, le principe. Le principe du voile intégral dans les
classes au Québec, pour nous, c'est inacceptable.
Journaliste : Très bien. Qu'est-ce
qui justifie, à votre avis, l'utilisation de la clause dérogatoire?
M. Drainville : Pour la même
raison qu'on a inclus la clause dérogatoire dans la Loi sur la laïcité de l'État,
pour assurer la primauté du Parlement. On l'appelle «clause de souveraineté
parlementaire», pour protéger la souveraineté parlementaire.
Journaliste : Donc, vous vous
exposiez, vous croyez, à des recours judiciaires?
M. Drainville : On veut la
mettre à l'abri, effectivement, de quelque recours que ce soit. C'est ce à quoi
sert la clause de dérogation.
Le Modérateur : Merci.
Vincent Larin, La Presse.
Journaliste : Je voudrais
savoir, M. Drainville, pourquoi vous êtes allé avec une évaluation annuelle des
enseignants plutôt qu'au deux ans, ce qui était recommandé par les
accompagnateurs à l'école Bedford?
M. Drainville : Écoutez, là,
l'évaluation des enseignants, là, ça fait déjà partie de la tâche des
directions d'école. Ce n'est pas inscrit dans la loi, mais ça fait déjà partie
de leur responsabilité. Et c'est une responsabilité qui est importante, parce
que, comme vous le savez, la loi prévoit 60 heures de formation... 30 heures de
formation aux deux ans, 30 heures de formation pour le personnel enseignant, aux
deux ans, pour qu'on puisse guider l'enseignant vers les bonnes formations.
Pour qu'on puisse s'entendre avec lui et avec elle sur les formations dont il
ou elle a besoin, encore faut-il d'abord l'évaluer.
Et ce que nous avons constaté... ce qu'il
est facile, en fait, de constater si on, comment dire, on travaille un petit
peu à l'intérieur du réseau puis qu'on parle aux gens du réseau, on se rend
compte que, malheureusement, l'évaluation n'est pas toujours réalisée, c'est
fait de façon très inégale. Et donc ça devrait se faire d'une façon beaucoup
plus récurrente, fréquente, régulière, pour justement nous permettre, par la
suite, d'identifier les bonnes formations, puis de cheminer avec l'enseignant,
et l'accompagner, donc, dans le choix des formations pour aller renforcer ce
qui doit être renforcé. Parce que c'est à ça que ça sert une évaluation, l'évaluation,
elle sert à identifier tes forces, mais elle sert aussi à identifier là où tu
as besoin d'accompagnement, là où ton développement professionnel devrait se faire.
Donc, malheureusement, ça ne se fait pas d'une
manière qui est suffisamment fréquente ou régulière, et donc on l'inscrit
dorénavant dans la loi. Pourquoi annuellement? Bien, parce que ça fait partie
justement d'une responsabilité qui est celle d'accompagner l'enseignant ou l'enseignante
dans sa prestation, dans son travail, pour qu'elle soit la plus efficace
possible en classe, pour qu'elle soit la plus efficace possible auprès des
élèves.
Journaliste : Et qu'est-ce
que vous répondez à un enseignant à Rivière-du-Loup, à Chicoutimi, qui n'a rien
à voir, là, avec tout ce qui est de l'école Bedford et les rapports qui s'en
sont suivis qui ne vivent pas du tout les situations qui sont vécues dans ces
milieux scolaires là, et qui, là, tout d'un coup, se retrouvent avec des
obligations professionnelles supplémentaires, c'est-à-dire de planifier son
année, de devoir la présenter, de devoir être évalué. Ça rajoute à la lourdeur
professionnelle que les enseignants vivent. Qu'est-ce que vous leur répondez à
ces gens-là?
M. Drainville : Bien, la
planification pédagogique, c'est la normalité, ça, la planification
pédagogique, ça fait partie de la tâche. Alors... Non, non, mais il y a trois
choses : il y a l'accès à la planification pédagogique, il y a l'évaluation
annuelle puis il y a le conseil sur la qualité des services éducatifs. Alors,
la planification annuelle, tout enseignant doit la faire pour préparer son
cours. Donc, ça, ça ne devrait pas être un enjeu, d'y donner accès à la
direction de l'école. La direction de l'école a déjà la responsabilité d'évaluer,
ça ne se fait pas suffisamment. Alors là, on s'assure que ça va se faire. Et
puis, si, effectivement, une direction d'école, à Bedford ou ailleurs, a besoin
d'aide, à un moment donné, bien, il y aura ce comité, donc, sur la qualité des
services éducatifs, constitué de personnes qui pourront venir en aide à la
direction de l'école.
Donc, ce sont des mesures qui visent, dans
le fond, à nous assurer que, notamment, le programme pédagogique est bel et
bien transmis aux élèves.
Journaliste : Mais vous ne
trouvez pas ça, une lourdeur...
12 h 03 (version non révisée)
Journaliste : ...administratives
supplémentaires pour l'enseignant?
M. Drainville : Non. Non, je
ne crois pas, non.
Le Modérateur : Merci.
Daphnée Dion-Viens, Le Journal de Québec.
Journaliste : Bonjour, M.
Drainville.
M. Drainville : Bonjour, madame.
Journaliste : Je voudrais
d'abord revenir sur l'élargissement de l'interdiction du port des signes
religieux, là, dans les milieux scolaires. On sait donc que ça peut toucher des
éducatrices de services de garde, des aides à la classe notamment. Qu'est-ce
que vous répondez aux intervenants du milieu scolaire qui craignent, dans le
contexte de pénurie, là, que ça aggrave davantage la situation et que ça amène
à des bris de services?
M. Drainville : Bien, dans la
mesure où on donne un droit acquis, moi, je ne vois pas d'enjeux, là.
Journaliste : Dans la mesure
où il y a encore des milliers de postes à combler dans les services de garde,
on le sait, il y a encore des besoins, à quel point ça pourrait aggraver la
situation?
M. Drainville : Bien, l'école
est laïque, Mme Dion-Viens, l'école est laïque. Ça fait partie des obligations.
Si tu veux travailler comme enseignant, tu dois être neutre dans ta tenue
vestimentaire. C'est déjà prévu par la loi. Et là, on ajoute une obligation
similaire pour les autres emplois qui sont en contact donc avec l'élève. Alors,
lorsque tu acceptes de postuler sur un poste, tu acceptes les responsabilités
qui viennent avec. Et donc, oui, ça va faire partie dorénavant des
responsabilités des personnes qui vont vouloir travailler dans le domaine de
l'enseignement.
Et, encore une fois, la liberté de
religion, c'est une liberté garantie, ça. C'est une liberté protégée. Tout ce
que l'on dit aux personnes qui veulent travailler dans le milieu scolaire, c'est :
Pendant les heures de travail, vous devez afficher une stricte neutralité. Ce
qui se passe en dehors des heures de travail, ce n'est pas l'affaire de l'État.
Mais ce qui se passe dans les écoles, oui, ça, c'est l'affaire de l'État. On a
décidé au Québec que l'État était séparé des religions. Et là, dans ce projet
de loi, on dit : L'école est séparée des religions très clairement. Ça se
situe dans le prolongement du projet de loi et de la Loi sur la laïcité de
l'État.
Journaliste : J'aimerais revenir
aussi sur la notion des codes de vie dans les écoles, donc, qui devront être
modifiés. Pouvez-vous m'expliquer un peu? C'est pour prévoir qu'il y ait
davantage de sanctions ou pour obliger les écoles à mettre des sanctions pour
les élèves qui ne respecteraient pas les valeurs québécoises? J'aimerais des
qualifications là-dessus. C'est... Quelle est votre intention?
M. Drainville : Oui. Alors,
le code de vie, d'abord, il existe déjà, comme vous le savez. Hein? Vous êtes
une journaliste aguerrie en la matière. Alors, le code des vies, donc... le
code de vie, dis-je bien, il existe déjà. Il faut que l'école ait un code de
vie. Et, le code de vie, essentiellement, donc, c'est une série de règles de
conduite qui doivent être respectées par les élèves.
Alors, ce que nous disons, c'est que
dorénavant, dans ce code de vie... Et ça, c'est important, ce n'est pas
seulement le code de vie dans les écoles publiques, c'est le code de vie dans
les écoles du Québec, y compris les écoles privées. Le code de vie, donc, dans
les écoles du Québec, qu'elles soient publiques ou privées, prévoira que les
élèves doivent respecter l'égalité entre les femmes et les hommes et doivent
aussi afficher un comportement qui est dénué de toute forme de racisme, de
discrimination, de violence, d'intimidation.
Et pourquoi est-ce qu'on a décidé de
l'introduire, cette disposition? Bien, c'est parce qu'on a vu effectivement des
cas comme, par exemple, à l'école La Voie, un enseignant, un stagiaire
enseignant homosexuel... on lui a posé la question, il a dit : Oui, je
suis homosexuel et qui a, par la suite, fait l'objet de comportements
absolument inacceptables, là, des comportements homophobes, là, du genre... là,
j'ai l'article pas loin là, mais c'est genre : L'enseignant gay doit mourir,
là. Je paraphrase, là, mais c'était ce type de propos là qui étaient tenus, là,
par certains élèves de cette école, là. Ça, ça a été rapporté, là. Bien, ça,
c'est complètement inacceptable, ça. On ne peut pas accepter que des élèves au
Québec tiennent ce type de propos.
Et donc on inscrit dans le code de vie le
fait qu'ils ne pourront plus tenir ce type de propos. Et, s'ils le tiennent,
ils s'exposent aux sanctions qui sont liées au non-respect du code de vie.
Alors, que ce soit sur l'égalité hommes femmes, que ce soit sur l'orientation
sexuelle, sur des enjeux comme ceux-là, il faut envoyer un signal clair que nos
élèves ont également des responsabilités, ils ont également des devoirs.
Journaliste : Vous demandez à
toutes les écoles du Québec d'uniformiser leurs codes de vie, y compris les
sanctions. Est-ce que les...
12 h 08 (version non révisée)
Journaliste : ...sanctions
pour des manquements comme ceux que vous évoquez vont être les mêmes dans
toutes les écoles à la grandeur de la province?
M. Drainville : Écoutez,
uniformiser les sanctions, j'ai le goût de vous dire qu'on va y réfléchir, j'ai...
On n'a pas encore tranché là-dessus. Ce sur quoi on va travailler, c'est sur
une sorte de code de vie modèle qui va inclure, donc, les nouvelles
dispositions prévues par la loi... par le projet de loi et la loi,
éventuellement. Vous posez une excellente question. Ça va nourrir notre
réflexion. Il y a déjà des sanctions de prévues, comme vous le savez, mais vous
avez raison de dire qu'elles ne sont pas nécessairement les mêmes d'une école à
l'autre. Alors, est-ce qu'on pourrait imaginer des sanctions qui s'appliqueraient
de manière uniforme pour certains types de comportements comme ceux que je
viens d'évoquer? On va y réfléchir.
Le Modérateur : Merci.
Pierre-Antoine Gosselin, TVA.
Journaliste : Oui. Je m'excuse,
j'arrive d'une intervention en direct, là. Ma question concernait l'évaluation
annuelle des enseignants, je ne sais pas si ça a été abordé. Bien, en fait, là,
c'est que les accompagnateurs proposaient deux ans.
M. Drainville : Oui.
Journaliste : Vous allez plus
loin que ça, là, vous faites une évaluation annuelle. Pour quelle raison vous
allez plus loin que ce que les accompagnateurs recommandaient?
M. Drainville : Bien, j'ai
répondu à cette question-là, mais je vais la synthétiser. Essentiellement parce
qu'on considère qu'une évaluation annuelle, c'est normal. C'est normal qu'on
évalue une fois par année un enseignant ou une enseignante, si ce n'est que
pour l'aider dans le choix des formations qu'elle doit suivre, que cette
personne doit suivre en vertu de la loi. Je vous rappelle, la loi prévoit 30
heures de formation aux deux ans pour les enseignants. Cette formation... Ces
formations devraient normalement faire l'objet d'une discussion entre la
direction d'école et l'enseignant. On s'assoit ensemble et on discute. Tu as
des grandes forces ici, ici et ici. Là, il y a peut-être des choses à
travailler. Es-tu d'accord avec moi? Oui, on s'entend? Très bien. Alors, voici
les formations parmi lesquelles tu pourrais choisir pour renforcer cet aspect
de ton enseignement, par exemple. Donc, on pense que ce processus-là, il est
normal qu'on le fasse une fois par année.
Journaliste : Est-ce qu'il y
avait des leviers au ministère pour s'assurer que ces évaluations-là soient
faites, ou vous vous en remettez carrément aveuglément aux directions d'établissement?
M. Drainville : Bien, c'est-à-dire,
dans notre esprit, une telle évaluation, c'est une responsabilité normale de la
direction d'école. Mais ce que l'on constate, c'est que ce n'est pas
nécessairement fait partout de façon fréquente ou régulière. Et donc, en l'inscrivant
dans la loi, on s'assure que ça va être fait partout une fois par année.
Journaliste : Merci. Comme
les choses sont allées assez rondement, j'aurais juste une petite question, et
qui peut se...
M. Drainville : C'est-tu
vrai? C'est rare qu'on me... C'est rare qu'on dit que je suis court.
Journaliste : ...qui peut se
répondre par oui ou par non, M. Drainville : Avez-vous réfléchi à la possibilité
d'étendre l'interdiction du port de signes religieux aux écoles privées, dans
le cadre de l'élaboration de ce projet de loi?
M. Drainville : Vous voulez
dire pour le personnel scolaire?
Journaliste : Pour le
personnel scolaire.
M. Drainville : La question
des écoles privées, ce sera l'étape suivante. La question des écoles privées
fait partie du mandat que le premier ministre nous a donné, à Jean-François
Roberge et à moi-même.
Vous comprendrez que ce projet de loi là
est très costaud. Ce projet de loi là que nous déposons aujourd'hui, là, il
concerne 90 % des élèves au Québec, O.K., c'est 90 % de tous les
élèves au Québec qui sont concernés par le projet de loi aujourd'hui, c'est-à-dire
les élèves qui fréquentent le réseau public, y compris FGA et formation
professionnelle. Alors, aujourd'hui, on a un projet de loi qui touche l'école
publique, pour l'essentiel, quoiqu'il y a donc ces dispositions qui s'appliquent
également aux écoles privées, on en a parlé. La réflexion sur les écoles
privées et les éventuels gestes que nous poserons viendra ou viendront par la
suite. Ce sera une étape à venir.
Le Modérateur : Parfait.
Merci. On va passer à l'anglais, en commençant avec Franca Mignacca, Global.
Journaliste : Good afternoon,
Mr. Drainville. You mentioned earlier that with this Bill you're hoping to
protect students.
M. Drainville : Yes.
Journaliste : How...
M. Drainville : This is actually
a very good point. Maybe I did not...
Journaliste : If I could just
complete my question, sorry.
M. Drainville : Yes, don't
worry, you'll have a chance to finish.
Journaliste : How... What is
the risk exactly in allowing personnel to wear religious symbols in front of
students?
12 h 13 (version non révisée)
Journaliste : ...exactly in allowing personnel to wear religious symbols in front of
the students.
M. Drainville :
I would say, it's a question of
principle. If the school is secular, if, in Québec, religions and schools are
separate, well, that should show... This idea of religious neutrality should be
embodied in the people who are working within the school system. The overall
idea is to protect students from any religious indoctrination, any religious
influence. And we believe that, amongst the responsibilities of those working
within the school system, there is this idea that they should participate in
making the school neutral, and that includes the way you present yourself to
the students. Does that answer your question? Yes.
Journaliste :
Merci.
M. Drainville :
OK. It's a little technical. So, next
follow-up.
Journaliste :
Yes. Bill 21 is currently in front of
the Supreme Court. By extending the law, by extending the ban on religious
symbols, are you not at all concerned that you will just continue to face new
legal challenges?
M. Drainville :
Well, as you said, it's before the
court, so I have to be extremely careful. I will repeat in English what I said
in French earlier. In Québec, we made the decision that the state and the
religions are separate. And today we say: The schools, the public schools are
separate from religion. So, one follows the other, and I will stop there.
Le Modérateur :
Philip Authier, The Gazette.
M. Drainville :
M. Authier, bonjour.
Journaliste :
Yes, good day, yes, yes. I know, you
just said, you hope people's attitude or points of view on Bill 21 have
evolved... appealing to the Oppositions, maybe. But just this morning, Mr.
Tanguay said, if there's an extension of the ban on religious symbols, they will...
as they did with Bill 21, they will vote against... they will be against this
law...
M. Drainville :
Really?
Journaliste :
...and you're extending. So, you're
extending your ban to cover, you know, janitors and people, people that are
working in the schools. Where do you see that going? And how do you see support
workers being religious threat to students?
M. Drainville :
It's not a question of a threat. It's a
question of principle...
Journaliste :
...indoctrination a moment ago.
M. Drainville :
Yes, but the indoctrination relates to
the overall direction of the bill. We're trying through this bill to protect
students from religious influence, the way we saw at Bedford, for example. So,
I wouldn't say that wearing a religious symbol is a source of indoctrination, I
will say that the overall bill aims at protecting kids from indoctrination,
from religious influence, and that's part of that overall direction. We believe
that the school personnel should be strictly neutral in the way they project
themselves when they are within working hours.
Now. I'm sure, Phil, you've
read the report on the 17 schools for which there were grievances or
complaints. What's very interesting in that report is that the investigators,
verificators, auditors, inspectors, whatever you want to call them, they came
back from visiting these 17 schools and they put in their report the fact that
figures of authority within a school are not necessarily teachers. You can have
a very important figure of authority...
12 h 18 (version non révisée)
M. Drainville : ...that is a
child educator, «éducatrice de service de garde», daycare educator, yes,
daycare educator. It could be a «technicienne en éducation spécialisée», it
could be a psychologist, it could be an «orthophinste», it could be an
«orthopédagogue». Any adult working within the school environment can create
this relationship of trust with the kid and become a figure of authority.
So, the report says you cannot say that
only teachers are figures of authority, any adult can become a figure of
authority with the kids. And therefore, if we believe that a figure of
authority like a teacher should not wear a religious symbol, well, if we are
going to be coherent with this idea that a figure of authority should not wear
a religious symbol, well, any adult can be a figure of authority, and therefore
no adults who are working within the school system should be allowed to wear a
religious symbol. That's the logic.
Journaliste : Okay. Thank
you. For my second question, we always get into this situation, this law
applies to the English school boards, the whole English system as well as...
M. Drainville : Correct.
Journaliste : Correct.
M. Drainville : Except,
except...
Journaliste : Right, this is
the part I'm getting to... Go ahead with...
M. Drainville : No, except for
the French.
Journaliste : Right. That's
what I was going to ask.
M. Drainville : Yes, of
course, Phil.
Journaliste
: Right.
Well, I just wanted to make sure to hear you say that.
M. Drainville : Yes, yes,
yes. No, no.
Journaliste : So, teachers
can speak to each other in English in the English school board system, as they
do now, and there's not an obligation.
M. Drainville : Exactly.
Journaliste : Could you say
that?
M. Drainville : Yes. I'm
actually looking for the article, because I want to quote it to you. One of
them... «Mme Arav, si vous le trouvez...»
Well, what it says, article 36, Phil,
article 36 : «Un membre du personnel d'un centre de services scolaire
francophone doit utiliser exclusivement le français.» So it applies to a member
of personnel of a «centre de services scolaire». It does not apply to English
school boards.
Journaliste : Thank you for
clarifying.
M. Drainville : No problem.
Le Modérateur : Merci. Cathy
Senay, CBC.
Journaliste : Minister
Drainville, you say that you want to protect children with this new bill, but
having people in society wearing religious symbols, this is part of knowledge.
Are you, basically...
M. Drainville : This is part
of knowledge, what do you mean?
Journaliste : It's part of
knowledge, it is part of life. We're surrounded by people wearing religious
symbols. And same thing for children. Are you going to foster ignorance with
this bill and preventing any staff member of a school to wear religious
symbols, that are in contact with children?
M. Drainville : Well, as you
said, religious symbols are a fact of life in an increasingly multiethnic
society. So, I don't think that that is... I don't think exposing our kids to
diversity is is an issue, here, I think our kids are increasingly exposed to
diversity, including religious diversity.
Now, in the case of the school system,
what we are saying is that the school system should provide for a space, I
would dare say a safe space from religious influence or religious presence.
This is a choice that we have made as a
society. We have decided that our State was going to be secular, was going to
be neutral, from a religious standpoint, because we believe it is conducive to
protecting freedom of thought, freedom of religion, freedom of conscience to
have a State which is neutral, where there is no religion, just a safe space to
be a citizen, not with...
12 h 23 (version non révisée)
M. Drainville :
...withstanding any religion you may
have or may not have, but have a place where all citizens, equal citizens
notwithstanding our religions, where we can exchange, where we can learn, grow,
become responsible citizens for the future. I think this is a great ideal. I
think this is a great ideal, and it is perfectly compatible with a society that
is increasingly multiethnic and diverse. You can have a space where there is
neutrality and, once you come out of the school system, you share in your
day-to-day life with people from all origins and from all religions. And this
creates, I think, a balance, an equilibrium. And this is conducive, I think,
to... creating a sound, solid democratic society. Does that convince you? You
don't have to make an opinion on this, yes, of course.
Journaliste :
Thank you, thank you.
M. Drainville :
Yes, yes.
Journaliste :
So...
M. Drainville :
Second question.
Journaliste :
O.K.. Bill 21.
M. Drainville :
Yes.
Journaliste :
Women wearing the Islamic veil felt
targeted since teachers were not able to wear religious symbols, and there were
some... some women that... that, you know, felt... like, were hurt by this. Now
you're basically targeting the full veil for students. Don't you think some
students may feel targeted, discriminated from who they are with this ban of
not wearing a veil that covers their face?
M. Drainville :
I think if we explain to them why we're
doing it, I think it's going to be okay. I think it's possible to sit down with
a teenager and explain to her... in this case, to her... I'm talking about the
school that is referred to in the report. I think you can have a discussion to
explain to her that... as a teacher, for example, the fact that I'm not seeing
her face, that I cannot see her reactions to my teaching, this is not helping
me as a teacher, and it is not helping her as a student. And I think it's a...
I think there is a... I think there is a... I think there is a space there to
have a dialog with the kid. I think it may also be explained to that student
that... the fact that she's completely... how would you say, veiled or... or
hidden, or whatever...
Journaliste :
...
M. Drainville :
Covered. Thank you. The fact that she's
completely covered makes it very difficult for the other kids to interact with
her. And it does create, in certain cases, I think, a reaction of distance. Why
would you want to interact with someone who is... who is completely covered and
who is many... in many ways, is sending you the signal that she doesn't want to
talk to you and she doesn't want to interact with you, she wants to live apart
from the school community. I think this... there's a room for a dialog there to
convince that particular student that, in the end, she can wear a religious
symbol, there's no issue there, but, covering her face, we're not comfortable
with that.
Le Modérateur :
Merci. Maria Sarrouh, CTV.
M. Drainville :
Mr. Drainville, you're asking these
students to understand while also limiting their opportunities. Because now, a
young boy who wants to grow up to wear a yamaka and also become a teacher, he
can't, a young girl who wants to wear a hijab in the future but wants to work
as a police officer, she can't. So, what do you say to those students who think:
Well, your good intentions will have harmful outcomes?
M. Drainville :
But why do you presume? Why do you
presume that a Jewish future teacher would not want to remove his religious
symbol during teaching hours? We have seen...
Journaliste :
...a woman who wears hijab can't just
remove it during teaching hours, that goes against the religion.
M. Drainville :
Well, it may be the case for certain
persons, but...
Journaliste :
For those people specifically, you are
limiting their opportunities.
M. Drainville :
But, if I may say, there are examples
in the report where someone... and actually it's more than one cases, where the
person was told...
12 h 28 (version non révisée)
M. Drainville :
...was told : You need to remove
your religious sign, and she did agree to it. It is not true... It is not true
that people consistently refuse to remove their religious sign. This isn't the
fact. The fact is that when you say to someone : The law forbids it, you
need to remove it, in certain cases, documented, they remove it, they accept to
remove it during working hours. So, there is a space there, I think, to
convince someone to do it. And again, I think it's a reasonable balance. I
think it's a... it's a... it's a balanced approach. And I'm confident that
things will work out.
Journaliste
:
In
terms of implementation and then penalties, how will it work? Like teachers
right now, in private schools, who wear religious symbols, as soon as the bill
is approved, let's say, do they have to stop immediately? And what happens if
they don't?
M. Drainville :
In private schools, the only obligation
they have is to be... is to have their face uncovered.
Journaliste
:
So,
religious symbols other than face coverings are okay in private schools?
M. Drainville :
Correct.
Journaliste
:
Okay.
But in terms of penalties?
M. Drainville :
And they're also... They're also okay,
obviously, for the kids. But that's already the case. And it's... it's the case
for both private and public schools. Except, again, except for the face. You
need to have the face uncovered. Okay?
Journaliste
:
Okay.
For… In terms of penalties, what kind of penalties might exist for people who
don't follow these rules?
M. Drainville :
Well, it's... it's... it's the
penalties that already apply in... C'est comment?
Une voix :
...
M. Drainville :
Oui. C'est... How do you say? Comment
on dit les... ce qui est prévu au... dans les relations de travail, là?
Des voix :
...
M. Drainville :
The work... work relation penalties,
their sanctions would apply.
Journaliste
:
Thank
you.
Le Modérateur
:
Merci. C'est ce qui met fin à cette conférence de presse.
M. Drainville :
C'est
bon. Merci beaucoup.
(Fin à 12 h 30)