Point de presse de Mme Manon Massé, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de relations avec les Premières Nations et les Inuit
Version préliminaire
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Le mercredi 19 mars 2025, 12 h 15
Hall principal de l'hôtel du Parlement,
hôtel du Parlement
12 h 16 (version non révisée)
(Douze heures dix-neuf minutes)
La Modératrice : Donc.
Bonjour et bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire. Prendront la
parole, MMe Manon Massé, députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques et responsable
solidaire en matière de relations avec les Premières Nations et les Inuits, M.
Ghislain Picard, chef de l'Assemblée des Prairies du Québec et du Labrador de
1992 à 2025 et chef Francis Verreault-Paul, chef de l'Assemblée du Québec et du
Labrador. Mme Massé.
Mme Massé : Oui, bien, merci.
Bonjour, tout le monde! Comme vous le savez peut-être, ce matin, l'Assemblée
nationale du Québec vient d'adopter une motion pour, je dirais, reconnaître et
honorer le travail qui a été fait par M. Ghislain Picard pendant ses 33 ans
comme chef de l'Assemblée des Premières Nations au Labrador et au... au Québec
et au Labrador, et j'étais très heureuse de pouvoir amener cette motion-là, qui
a été adoptée à l'unanimité, et je voulais donner l'opportunité à chef Picard — vous
comprendrez que je l'appelle encore chef Picard, mais ça n'enlève rien à chef
Verreault-Paul, j'ai fait le deal avec lui. Donc, je souhaitais pour, je vous
dirais peut-être une dernière fois, peut-être pas, on verra, à vous donner
l'opportunité de pouvoir entendre et surtout questionner le chef Picard ici même,
dans l'ensemble de... dans l'enceinte de l'Assemblée nationale du Québec.
Alors, chef Picard, à vous la parole.
M. Picard
(Ghislain) :Merci. Merci beaucoup, Manon.
(S'exprime dans sa langue)
Bonjour à toutes et à tous, ça me fait
extrêmement plaisir d'avoir cette opportunité que je n'espère pas la dernière,
peut-être sous un autre chapeau éventuellement, mais de participer avec les
parlementaires de l'Assemblée nationale et répondre à cette initiative de
Québec solidaire et de Manon Massé que je veux remercier très, très
profondément pour une nouvelle... c'est-à-dire une intention dont elle m'avait
fait part, je pense, tard dans l'année 2024...
12 h 21 (version non révisée)
M. Picard
(Ghislain) :...pour une nouvelle... c'est-à-dire
une intention dont elle m'avait fait part, je pense, tard dans l'année 2024,
et à laquelle je me suis permis de réfléchir un peu parce que ce n'est pas
quelque chose de très, très habituel chez nous de... de se voir reconnaître ou
de faire en sorte de reconnaître notre travail par une autre institution. Mais
j'ai dit que l'opportunité était sans doute bien saisie, là, pour relever ou
ramener à la surface un certain nombre de questions qui... qui demeurent, je
pense, qui font partie des défis qui se présentent au gouvernement, mais à nous
également comme Premières Nations.
Je veux remercie évidemment les élus
autour de moi qui sont principalement innus. On avait une question de
restriction de capacité au niveau des présences, mais je veux remercier les
quelques chefs qui... qui ont suivi mon parcours, qui ont été là lorsque
demandé et en support à mes démarches des 33 dernières années. Donc, je
considère que les élus qui sont avec moi et les élues qui sont avec moi aujourd'hui
représentent cette diversité de l'Assemblée des Premières Nations à travers les
années. Et souligner également la présence de mon ami, collaborateur étroit
lors des... des deux dernières années, Francis Verreault-Paul que je veux, en
mon nom personnel, remercier et féliciter pour ses nouvelles fonctions qui font
suite aux miennes. Et je pense que l'intention aujourd'hui, c'est vraiment de
faciliter également cette transition-là, d'indiquer aussi que l'ordre du jour
ne change pas pour autant même si l'Assemblée des Premières Nations change en
quelque sorte de gouvernail. Les défis demeurent pour l'ensemble des Premières
Nations, et je suis extrêmement confiant que Francis, comme chef régional, sera
au rendez-vous.
Écoutez, je... j'écoutais ce matin les
commentaires, les éloges en quelque sorte des membres du Parlement qui se
sont... qui ont pris la parole et je veux les remercier autant le gouvernement
en présence que les autres partis de l'opposition qui ont voulu, à leur façon,
souligner le travail... le travail accompli au cours des 30 dernières
années et plus et peut-être en même temps me permettre de réinsister sur l'importance
du défi qui se présente à nous. À nous, quand je dis à nous, bien, je parle
collectivement, autant le gouvernement que les Premières Nations. Je ne veux
revenir sur des détails, là, qui... qui ont peut-être un peu miné la relation
politique entre les Premières Nations que j'ai représentées à l'époque et les
gouvernements en présence. Aujourd'hui, c'est la Coalition avenir Québec. Il y
a à peine quelques années, c'était le Parti québécois. Avant ça, bien, c'était
un gouvernement libéral et, heureusement, à travers des... des opportunités, je
dirais, manquées, bien, on a toujours pu compter sur au moins un parti parmi
les partis qui était à l'écoute et qui était jour... qui était toujours prêt à
nous ouvrir les portes lorsque nécessaire. Je parle évidemment de Québec
solidaire qui a été au rendez-vous beaucoup plus souvent et sans doute beaucoup
plus... beaucoup plus de fois que d'autres partis l'ont fait.
Donc, c'est là-dessus que je... moi, je
laisse le terrain en quelque sorte vacant à la nouvelle génération et je veux
de toute évidence, là, remercier, Francis, pour son courage, mais également son
engagement, là, au départ de prendre un peu le relais, là, après... après mon
départ. Et je sais que, pour avoir travaillé à... quelques mois avec lui, là,
qu'il est à la hauteur de la tâche qui se présente à lui aujourd'hui et surtout
qu'il va continuer à ramer dans la même direction que je l'ai fait moi-même par
rapport aux enjeux fondamentaux qui représentent l'ensemble de nos nations et
de nos communautés.
Je pense qu'il appartiendra maintenant
aussi à nos interlocuteurs en face de nous, là, d'être à l'écoute, mais surtout
de s'assurer qu'on puisse aller au-delà de la motion qui a été adoptée à l'unanimité
ce matin et qui, en terminant, reprend une intention exprimée unanimement en
octobre 2019, qui était de mettre en œuvre la Déclaration de l'ONU sur les
droits des peuples autochtones. Donc, on est presque cinq ans plus tard,
aujourd'hui, à peu près cinq ans plus tard, et toujours pas de résultat
concret. Je pense que c'est un rappel important également que nous sert cette
motion-là ce matin. Mais, en terminant, je veux remercier l'ensemble des élus
de l'Assemblée nationale, et je serai toujours pas loin, là, je suis...
politiquement, là, je suis marqué à vie, là, et c'est comme ça que je vais
conclure l'opportunité aujourd'hui. Merci.
12 h 26 (version non révisée)
M. Picard (Ghislain) :...je ne serai toujours pas loin, là, je suis...
politiquement, là, je suis marqué à vie. C'est comme cela que je vais conclure
l'opportunité aujourd'hui. Merci. Francis.
M. Verreault-Paul (Francis) : Kwe,
merci. Merci, Ghislain (s'exprime dans sa langue). Je veux tout d'abord
remercier Mme Manon Massé pour l'initiative, ainsi que son équipe, de l'initiative
qui nous amène ici aujourd'hui à l'Assemblée nationale, et aujourd'hui
extrêmement honoré de joindre ma voix aujourd'hui à celle de Manon, ainsi qu'à
tous les parlementaires pour l'hommage à Ghislain Picard, qui, d'ailleurs,
je... définitivement que je remercie et que les chefs... les chefs m'ont donné
le mandat de cette continuité. Ghislain en a fait mention, définitivement que j'assurerai
cette continuité dans la suite des choses. Ghislain, c'est une grosse page d'histoire
qui s'est tournée pour nous le 25 février dernier, une grosse page qui va
prendre une tournure différente, dans son cas personnel, et il l'a mentionné,
il restera impliqué, définitivement, mais pour nous, pour nos nations, je tiens
à lever mon chapeau puis à avoir cette gratitude en mon nom personnel, mais
aussi au nom de l'ensemble de nos nations, de nos élus, une gratitude infinie
envers Ghislain pour son leadership, cette façon de rassembler, de nous
rassembler, pour ces 33 dernières années au sein de l'APNQL, a su faire
face définitivement à des vents de face, à des vents de tous les côtés parfois,
a toujours su garder le cap malgré tout, a toujours su garder le cap sur ses
principes, sur la défense de nos droits. Donc, définitivement, dans cette même
optique, j'entends travailler et honorer, encore une fois, le travail de
Ghislain, mais le travail de l'ensemble de nos leaders qui m'ont précédé et qui
continueront aussi, qui viendront après moi et après nous. Donc, je tiens à...
à souligner aussi derrière moi les chefs, les élus de l'ensemble des nations
qui sont avec nous aujourd'hui.
Et, en terminant, le message que j'aimerais
également transmettre, on fait souvent référence au principe de la main tendue,
définitivement que j'arrive avec cette main tendue, mais les manches relevées,
je suis prêt à entamer le travail dès demain matin. Nous sommes prêts à entamer
le travail avec les chefs, avec les élus, vers la poursuite, bien sûr, la
continuité du travail qui a été fait des dernières années, mais également de
poursuivre cette réconciliation à tous les niveaux. Je pense, c'est un legs
important que Ghislain nous laisse, cet... ce legs de, notamment, réconciliation
économique, mais cette réconciliation législative également qui doit être mise
de l'avant de façon prioritaire. Donc, encore une fois, Ghislain, en mon nom et
en nom de tous (s'exprime dans sa langue), totalement, à l'infini, de façon...
une gratitude infinie, comme je l'ai dit, totalement reconnaissant pour tout le
travail. Et merci également à l'ensemble des chefs pour ce vote de confiance
qui m'a été laissé, le 25 février dernier, (s'exprime dans sa langue).
La Modératrice : Merci, chef
Verreault-Paul. On va maintenant passer à la période de questions. Une
question, une sous-question, s'il vous plaît, puis nommez votre média, s'il
vous plaît.
Journaliste : Kwe... Espaces autochtones,
Radio-Canada. (S'exprime dans sa langue)
M. Picard (Ghislain) :(S'exprime dans sa langue)...
12 h 31 (version non révisée)
M. Picard (Ghislain) :(S'exprime dans une langue autochtone).
Journaliste
: Manon,
j'aurais une question pour toi.
Mme Massé : Oui.
Journaliste
: Le
premier ministre François Legault a sorti lors de l'hommage, de la motion qui a
été... qui a été faite. Et ma question est qu'est-ce que vous, vous en pensez,
de ce que le premier ministre a fait?
Mme Massé : Bien, premièrement,
il faut nuancer les choses. C'est régulier que le premier ministre sorte tout
de suite après la période de questions. Je pense que ce n'était pas
nécessairement dirigé vers Ghislain. Ceci étant dit, je pense qu'effectivement
il a eu un manque de délicatesse. Je pense qu'il n'a fort probablement pas été
bien conseillé à mon sens, parce que de remercier quelqu'un qui a joué le rôle
de porte-parole pendant 33 ans des nations, des premiers... des Premières
Nations du Québec, ce n'est pas banal. Et moi, j'aurais suggéré à ma porte-parole
de rester sur place.
Journaliste
: Bonjour,
M. Picard. Une ou deux questions pour vous. Là, vous avez dit je vais
rester impliqué. Moi j'aimerais savoir comment, puis est-ce que ça va vous
permettre d'enlever un filtre? Je ne veux pas dire jeter les gants parce que ce
n'est pas la bonne expression, mais d'avoir plus de liberté dans vos
commentaires puis votre analyse de la chose?
M. Picard (Ghislain) :Bien d'abord, je pense que ce sera tout à fait compréhensible
si je vous dis que je vais me permettre de respecter la responsabilité du chef
régional Verreault-Paul. Je veux dire, j'ai entretenu le même respect pour la
fonction que moi j'occupais pendant plus de 30 ans. J'ai toujours insisté
sur le fait qu'on se devait de respecter nos institutions, même si elles sont à
la base, je veux dire, avec un esprit, cet esprit colonial, disons-le comme ça,
même en dépit, par exemple, d'une organisation nationale qui n'a peut-être pas
les considérations requises pour nous reconnaître comme région avec notre
spécificité. Il n'en demeure pas moins qu'on a toujours respecté le bureau du
ou de la cheffe nationale au niveau de l'Assemblée des Premières Nations. En
même temps, bien, comme je le disais plus tôt en conclusion, je veux dire, je
ne peux pas sortir de la politique, là, je suis marqué à vie, là, je suis fait,
là, complètement. Donc, ça ne m'enlève pas le droit d'exprimer des opinions que
je considère important d'exprimer, mais toujours dans le respect de la réalité
qui est représentée par mes collègues, par mon chef régional. Et je pense que,
ça, c'est important dans une démocratie, c'est-à-dire qu'on puisse avoir le
temps et l'espace pour exprimer les opinions qui sont les nôtres
essentiellement. Donc, ma prise de parole, par exemple, aujourd'hui, est faite
uniquement en mon nom personnel, qui n'implique en rien ni l'Assemblée des Premières
Nations ni les chefs qui y sont représentés. Donc, je pense que c'est important
d'insister là-dessus. Donc, oui, j'ai une opinion et j'en aurai sans doute d'autres.
Et si je trouve approprié de les exprimer sur la place publique, bien, je le
ferais, je le ferai en considération des éléments que je viens de vous partager
un peu plus tôt.
Journaliste
: Je vais
poser une question peut-être qui va vous sembler, là... Vous allez y réfléchir.
Après 33 ans, là, qu'est-ce que, parmi tout ce que vous avez vu et vécu,
encore là, aujourd'hui, qui vous insurge, ou vient vous chercher au plus
profond de vous-même, M. Picard?
M. Picard (Ghislain) :Bien, il y a deux événements, là, qui m'ont... qui ont mis mes
émotions vraiment au test...
12 h 36 (version non révisée)
M. Picard (Ghislain) :...dans les 10 dernières années, dénonciations par les
femmes autochtones des agissements de la Sûreté du Québec, en 2015, violences
physiques et sexuelles, et, plus récemment, évidemment, je pense que ça ne
surprendra personne, le décès tragique de Joyce Echaquan en septembre 2020. Et
vraiment une triste coïncidence parce que nous, on avait travaillé tout l'été
qui précédait septembre, dans cette même année, sur un plan pour... un plan de
lutte contre le racisme et la discrimination, et on avait ciblé le lendemain du
décès de Joyce Echaquan pour le rendre public. Donc, on ne pouvait
définitivement pas, je pense... malgré la triste coïncidence, on ne pouvait pas
mettre ça de côté, là, c'était vraiment à propos qu'on le sorte à ce moment-là.
Donc, ça, c'est venu me chercher
personnellement, là, je veux dire, ça a été... mes tripes ont été chamboulées
et ça a été très, très viscéral, et, notamment, là, le fait d'essayer de faire
valoir, toute l'année 2016, au gouvernement de l'époque qu'il nous faut
une commission d'enquête.
J'écoutais les travaux ce matin de l'Assemblée
nationale. Ça a été une commission d'enquête, là, qui parle d'une façon de
gérer un dossier de la part du gouvernement. Je veux dire, oui, humainement,
là, il y a des impacts, des impacts sur les électeurs, l'électorat, mais, en
même temps, pas la même intensité que ce qu'on a vu en 2015. Pourtant, ça nous
a pris un an avant que le gouvernement de l'époque, finalement, accède à notre
demande d'instituer une commission, qui est devenue la commission Viens, et qui
a même été, je dirais, dirigée selon les conditions exprimées par le
gouvernement de l'époque.
Mais ceci étant dit, je pourrais, vous
résumer, là, en quelques mots à peine, les cinq, six dernières années où on a
passé sans doute beaucoup plus de temps qu'on ne l'aurait souhaité devant les
tribunaux. J'ai toujours insisté sur l'action politique qui rassemble les
Premières Nations parce que je jugeais qu'en tout respect de la profession que
le dossier des enjeux, les enjeux autochtones, ce n'était pas le rôle des
avocats de les régler, et, en plus, parce que ça prend du temps puis ça prend
de l'argent qu'on n'a pas en trop. Donc... mais je n'ai jamais pensé autant de
temps devant les tribunaux que dans les six dernières années. Et je pense que
ça indique quelque part un peu l'espèce de statu quo politique dans lequel nous
nous retrouvons aujourd'hui.
Journaliste : Merci.
M. Picard (Ghislain) :Merci.
Journaliste : Bien, ma
question s'adresse à vous, M. Picard. Vous parlez d'un statu quo
politique. Avez-vous quand même espoir que l'arrivée de M. Verreault-Paul,
peut-être, brasse les choses, qu'il y ait un changement à ce niveau-là?
M. Picard
(Ghislain) :Bien, écoutez, c'est
vraiment... je pense que le défi appartient beaucoup plus au gouvernement qu'il
appartient au nouveau chef régional. Je pense que Francis se présente un peu
comme relève avec des positions qui sont très, très bien ancrées au niveau de
la diversité que nous représentons. Je pense que ça, il n'y a pas... on n'a pas
à revenir là-dessus. Mais, en même temps, l'exemple que je pourrais vous
donner, qui est très, très clair, très vif dans mon esprit, on se souviendra qu'en
octobre 2019 le premier ministre actuel avait prononcé des excuses. D'ailleurs,
il y avait moi et d'autres chefs. On était à ce moment-là assis devant le
gouvernement, contrairement à aujourd'hui où on était assis en face de l'opposition.
Donc, est-ce qu'il n'y a pas là une image qui dit 1 000 mots? Peut-être,
mais en octobre 2019, le premier ministre Legault, je vais le reconnaître, a
livré vraiment la première... le premier appel à l'action, qui était de
prononcer des excuses aux Premières Nations inuites au nom du gouvernement. La
même journée, on était devant la Cour fédérale à nous opposer à une position du
Procureur général du Québec qui, finalement, niait notre capacité de
gouvernance comme première nation.
Donc, il n'y a pas de contradiction
flagrante ici et, pour moi, bien, c'est l'exemple que je donne pour dire que...
Je pourrais ajouter à cela. Bien, à peine quelques semaines plus tard, on était
devant trois ministres de l'actuel gouvernement, trois ministres qui nous
disaient : Bon, M. Picard en passant, là, la loi fédérale...
12 h 41 (version non révisée)
M. Picard (Ghislain) :...fédéral C-92, qui permet à vos communautés de développer
et d'appliquer leurs propres lois en matière de bien-être à l'enfance, bien, on
va la contester, cette loi-là. Donc, je pense que ça a donné le ton, là, pour
la suite. Et malheureusement, là, il y aura encore des éléments comme ça, je
pense, qui vont certainement occuper le bureau de Francis. Et je me permets d'ajouter
à cela, bien, le paragraphe de l'actuelle motion qui revient sur une motion d'octobre
2019, finalement, où il n'y a pas eu livraison, là. La motion d'octobre 2019,
là, reste intacte, elle a peut-être même accumulé de la poussière un peu, parce
qu'il n'y a pas vraiment grand-chose qui s'est passé depuis.
Journaliste : Merci. J'aurais
peut-être une question pour M. Verreault-Paul, si possible. Vous avez
parlé d'une réconciliation législative qui doit être mise en place de façon
prioritaire. Concrètement, comment comptez-vous... tu sais, je comprends, là,
qu'il y a aussi le gouvernement du Québec qui est à travers ça, mais vous,
comment comptez-vous mettre ça en place?
M. Verreault-Paul (Francis) : Oui.
Merci pour la question. En fait, je pense que j'ai la responsabilité d'arriver
avec cet espoir, cet espoir puis regarder vers l'avant. Je reconnais définitivement
les défis du passé, je ne les oublie pas, mais j'arrive avec ce message d'espoir.
Et ce qui a trait à cette réconciliation, bien, d'abord et avant tout, c'est
une question de relation. Je l'ai partagé au chef et à l'ensemble et j'entends
développer ces relations durables, pérennes et de respect mutuel. Je pense, c'est
définitivement extrêmement important. Et, dans un second temps, c'est ma
première fois à l'Assemblée nationale dans mon nouveau rôle aujourd'hui et j'arrive
avec une motion qui est adoptée à l'unanimité par tous les partis, où est-ce
que chacune des parties ont rendu hommage à Ghislain Picard et à son travail,
donc j'entends construire sur ceci, sur ce vent. Je pense que c'est important,
et regarder vers l'avant, et travailler, comme je l'ai mentionné tantôt, main
tendue, mais les manches relevées également. Et c'est le message que je tiens à
partager.
Journaliste : Merci.
Mme Massé : Je m'excuse, si
tu permets, je rajouterais juste une petite chose, Francis. Moi, je suis du parlement
non autochtone. La responsabilité de la réconciliation législative, là, elle
est de notre bord, elle est vraiment de notre bord. Et ça fait des mois. Et on
a, à plusieurs moments à Québec solidaire, dans la dernière année, dans les
deux dernières années, signifié aux décideurs qu'on se devait, au nom de la
motion adoptée à l'unanimité, qu'on se devait de rentrer en mode de
réconciliation législative. Malheureusement, de l'autre côté, ça ne résonne
pas, ça ne percole pas. Alors, vous pouvez être assuré, chef Verreault-Paul,
que je vais continuer avec vous ce travail-là, parce que, je le réitère, c'est
la responsabilité qui relève du gouvernement du Québec de faire ces pas-là.
Journaliste : Bonjour. Je
suis désolée, je suis arrivé un peu en retard. M. Picard, je ne le sais
pas si on vous a entendu là-dessus, mais vous aimeriez qu'on garde quoi de
votre passage à l'APNQL?
M. Picard
(Ghislain) :Ça va être difficile de
rester humble avec la question, là, mais je vais quand même tenter. Et, pour moi,
je pense que la meilleure démonstration, je pense que... Pas uniquement moi,
mais en partie moi, parce que moi, j'ai... C'est un privilège d'ailleurs de
pouvoir écouter le leadership qui est représenté en minorité derrière moi
aujourd'hui, mais c'est quand même une grande diversité, là, 43 communautés,
10 nations, différentes cultures, différentes langues, l'anglais et le
français, c'est notre réalité. Et ce qu'on a réussi, à mon sens, à accomplir au
cours des récentes années... J'aime bien le fait que Manon nous rappelle qu'il
y a également une responsabilité de leur côté de la Chambre, en fait, de l'autre
côté. C'est qu'on a été, en quelque sorte, sans doute une heureuse coïncidence
ou un heureux hasard... c'est qu'on a été appelé à créer des alliances sur tout
le territoire et on a constaté à travers les cinq, six, sept dernières années
qu'il y avait une écoute importante, un désir d'en savoir plus et surtout...
12 h 46 (version non révisée)
M. Picard
(Ghislain) :...je pense, un désir de
contribuer à ce que j'appelle, moi, la mise à niveau sur le plan économique et
social. Donc, pour moi, c'est extrêmement tangible pour les communautés que
nous représentons. Malheureusement, la chose, la seule chose qui va manquer, c'est
un gouvernement qui constate tout ça et qui contribue enfin... et qui est prêt
à en faire plus. Et c'est pour ça que je reviens un peu sur cette partie de la
motion ce matin, qui un peu... je ne dirais pas que c'est sournois, mais je
pense une motion qui devait nous rappeler qu'il y a des engagements qui n'ont
pas été livrés, notamment cette table de discussion avec les Premières Nations
et les Inuits sur la mise en œuvre de la Déclaration de l'ONU sur les droits
des peuples autochtones, et ça, je trouve ça important, et ça fait la
démonstration que, tu sais, on se retrouve toujours, constamment, trop souvent
dans un contexte où une partie impose ses conditions par rapport à l'autre, et
c'est ça que je trouve injuste, et il n'y a pas moyen... C'est comme si les
Premières Nations, après trois, quatre siècles de compromis, se retrouvaient
encore une fois avec le fardeau de la bonne foi et le fardeau d'une position de
compromis. C'est comme si, tu sais, on arrivait à la table de négociations un
peu à genoux. C'est ça que je trouve injuste et c'est ça qu'il nous faut
changer. Est-ce que... est-ce qu'on doit parler en quelque sorte d'un pouvoir
parallèle en quelque sorte, c'est-à-dire le pouvoir que nous représentons, même
si ce n'est pas tout le monde qui est à l'aise avec le terme, et finalement le
pouvoir représenté par les élus... de tous les élus et toutes les élues de l'Assemblée
nationale, pas uniquement le gouvernement. Donc, il y aura sûrement une
réflexion importante à faire de ce point de vue là. Je pense à d'autres, d'autres
pays, d'autres continents où il y a des pratiques qui se sont révélées très
fructueuses en matière de relations entre les peuples autochtones et les
différents États.
Journaliste : Est-ce que vous
estimez être parvenus à faire des gains pendant vos... votre long mandat auprès
du gouvernement? Est-ce que... Et vous l'avez fait bouger sur certains éléments
précis, évidemment le gouvernement Legault, là, et si oui, lesquels?
M. Picard
(Ghislain) :Bien, écoutez, parce que...
parce que nos opinions portent très rarement, je vais vous référer au rapport
du Protecteur du citoyen à l'automne 2023. Et, dans sa conclusion, le
Protecteur du citoyen disait : Il n'y a pas de plan, ça prend un plan. Et
encore plus récemment, il y avait la Vérificatrice générale qui disait à peu
près la même chose au niveau de l'éducation de nos étudiants de Premières
Nations et Inuits. Donc, je pense que des institutions qui sont supposées être
neutres, objectives ont déjà fait une conclusion que nous-mêmes on a déjà
faite. Donc, je reviendrais là-dessus, et c'est comme si on faisait un pas,
deux pas en avant, trois ou quatre pas en arrière. C'est malheureusement le
constat que je... Dans le fond, partage. Je ne veux pas être totalement
négatif, là, parce que je regarde le... d'ailleurs, Manon y participe
activement, les suites de la loi 79 concernant les membres de nos
communautés qui ont été admis dans des institutions de santé. Et je crois
comprendre que cela donne quand même des résultats. Donc, il y a certains gains,
mais il faut éventuellement faire la comparaison entre les gains et là où
finalement on accuse du retard parce qu'ultimement on a des défis énormes qui
seraient... qui seraient des opportunités dans la mesure où les conditions sont
réunies. Une démographie qui est vraiment l'inverse de tout ce que connaît le
Québec. Est-ce que... est-ce qu'avec ça les opportunités sont au rendez-vous? C'est
peut-être une bonne question à se poser. Donc, je pense que les concessions
économiques, on a fait beaucoup de chemin, là, avec la société civile, milieu
des affaires, des secteurs économiques sont à l'écoute. Je demeure quand même
très, très optimiste. Mais, encore une fois, là, le... sur le plan de la
relation politique, c'est peut-être là qu'on... qu'on accuse... qu'on accuse
des...
Journaliste : Juste une
dernière pour M. Verrault-Paul. Justement, vous, quels sont vos dossiers
prioritaires avec le gouvernement Legault?
M. Verreault-Paul (Francis) : Bien,
d'abord et avant tout, vous l'avez mentionné, cette relation de gouvernement à
gouvernement, je pense que c'est définitivement prioritaire. Par la suite, ces
priorités-là doivent être définies par nous, les Premières Nations, et non l'inverse.
Je pense que c'est... c'est un concept qui se doit d'être partagé et dans
lequel j'aurai des discussions éventuelles avec notamment le premier ministre
et le ministre Lafrenière. Donc, c'est définitivement dans les priorités. Mais
je viens d'arriver, je pense que je veux établir ces relations d'abord et avant
tout...
12 h 51 (version non révisée)
M. Verreault-Paul (Francis) : ...ministre
Lafrenière. Donc, c'est définitivement dans les priorités. Mais je viens d'arriver,
je pense que je veux établir ces relations d'abord et avant tout pour ensuite
créer des opportunités. Et je pense que Ghislain parle d'opportunités, c'est
exactement le rôle que je vois en tant qu'APNQL, d'être un vecteur d'opportunités
pour notamment cette jeunesse qui est extrêmement... qui est une main-d'œuvre,
qui est une... qui sont nos cerveaux, nos savoirs, nos cultures, nos langues
qui s'en viennent. C'est extrêmement important de leur offrir ces
opportunités-là afin d'atteindre leur plein potentiel.
Journaliste : Parce qu'il y a
quand même eu certaines frictions entre le gouvernement Legault et M. Picard
au fil des ans, même récemment, à un moment donné, on parlait même plus de
négocier en bilatéral et non avec l'APNQL, on sentait qu'on les avait mis un
peu à l'écart. Est-ce que, là, vous, vous effacez l'ardoise, et puis vous
reprenez un peu à zéro ou vous gardez ce passif-là?
M. Verreault-Paul (Francis) : Encore
une fois, je reconnais les défis, les défis qui sont devant nous et qui sont
encore là, mais je vais avoir ces discussions-là dans un premier temps avec les
parties concernées. Je pense que c'est important et c'est la manière d'établir
des relations également.
Journaliste : Il y a-tu une
rencontre de prévue avec M. Legault?
M. Verreault-Paul (Francis) : Elle
n'est pas fixée définitivement encore, mais j'espère pouvoir le rencontrer rapidement.
La Modératrice : Merci
beaucoup. C'est ce qui met fin à ce point de presse.
Mme Massé : Merci beaucoup.
(Fin à 12 h 53)