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Point de presse de Mme Manon Massé, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de relations avec les Premières Nations et les Inuit

Version préliminaire

Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.

Le mercredi 19 mars 2025, 12 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement


 

12 h 16 (version non révisée)

(Douze heures dix-neuf minutes)

La Modératrice : Donc. Bonjour et bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire. Prendront la parole, MMe Manon Massé, députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques et responsable solidaire en matière de relations avec les Premières Nations et les Inuits, M. Ghislain Picard, chef de l'Assemblée des Prairies du Québec et du Labrador de 1992 à 2025 et chef Francis Verreault-Paul, chef de l'Assemblée du Québec et du Labrador. Mme Massé.

Mme Massé : Oui, bien, merci. Bonjour, tout le monde! Comme vous le savez peut-être, ce matin, l'Assemblée nationale du Québec vient d'adopter une motion pour, je dirais, reconnaître et honorer le travail qui a été fait par M. Ghislain Picard pendant ses 33 ans comme chef de l'Assemblée des Premières Nations au Labrador et au... au Québec et au Labrador, et j'étais très heureuse de pouvoir amener cette motion-là, qui a été adoptée à l'unanimité, et je voulais donner l'opportunité à chef Picard — vous comprendrez que je l'appelle encore chef Picard, mais ça n'enlève rien à chef Verreault-Paul, j'ai fait le deal avec lui. Donc, je souhaitais pour, je vous dirais peut-être une dernière fois, peut-être pas, on verra, à vous donner l'opportunité de pouvoir entendre et surtout questionner le chef Picard ici même, dans l'ensemble de... dans l'enceinte de l'Assemblée nationale du Québec. Alors, chef Picard, à vous la parole.

M. Picard (Ghislain) :Merci. Merci beaucoup, Manon. (S'exprime dans sa langue)

Bonjour à toutes et à tous, ça me fait extrêmement plaisir d'avoir cette opportunité que je n'espère pas la dernière, peut-être sous un autre chapeau éventuellement, mais de participer avec les parlementaires de l'Assemblée nationale et répondre à cette initiative de Québec solidaire et de Manon Massé que je veux remercier très, très profondément pour une nouvelle... c'est-à-dire une intention dont elle m'avait fait part, je pense, tard dans l'année 2024...


 
 

12 h 21 (version non révisée)

M. Picard (Ghislain) :...pour une nouvelle... c'est-à-dire une intention dont elle m'avait fait part, je pense, tard dans l'année 2024, et à laquelle je me suis permis de réfléchir un peu parce que ce n'est pas quelque chose de très, très habituel chez nous de... de se voir reconnaître ou de faire en sorte de reconnaître notre travail par une autre institution. Mais j'ai dit que l'opportunité était sans doute bien saisie, là, pour relever ou ramener à la surface un certain nombre de questions qui... qui demeurent, je pense, qui font partie des défis qui se présentent au gouvernement, mais à nous également comme Premières Nations.

Je veux remercie évidemment les élus autour de moi qui sont principalement innus. On avait une question de restriction de capacité au niveau des présences, mais je veux remercier les quelques chefs qui... qui ont suivi mon parcours, qui ont été là lorsque demandé et en support à mes démarches des 33 dernières années. Donc, je considère que les élus qui sont avec moi et les élues qui sont avec moi aujourd'hui représentent cette diversité de l'Assemblée des Premières Nations à travers les années. Et souligner également la présence de mon ami, collaborateur étroit lors des... des deux dernières années, Francis Verreault-Paul que je veux, en mon nom personnel, remercier et féliciter pour ses nouvelles fonctions qui font suite aux miennes. Et je pense que l'intention aujourd'hui, c'est vraiment de faciliter également cette transition-là, d'indiquer aussi que l'ordre du jour ne change pas pour autant même si l'Assemblée des Premières Nations change en quelque sorte de gouvernail. Les défis demeurent pour l'ensemble des Premières Nations, et je suis extrêmement confiant que Francis, comme chef régional, sera au rendez-vous.

Écoutez, je... j'écoutais ce matin les commentaires, les éloges en quelque sorte des membres du Parlement qui se sont... qui ont pris la parole et je veux les remercier autant le gouvernement en présence que les autres partis de l'opposition qui ont voulu, à leur façon, souligner le travail... le travail accompli au cours des 30 dernières années et plus et peut-être en même temps me permettre de réinsister sur l'importance du défi qui se présente à nous. À nous, quand je dis à nous, bien, je parle collectivement, autant le gouvernement que les Premières Nations. Je ne veux revenir sur des détails, là, qui... qui ont peut-être un peu miné la relation politique entre les Premières Nations que j'ai représentées à l'époque et les gouvernements en présence. Aujourd'hui, c'est la Coalition avenir Québec. Il y a à peine quelques années, c'était le Parti québécois. Avant ça, bien, c'était un gouvernement libéral et, heureusement, à travers des... des opportunités, je dirais, manquées, bien, on a toujours pu compter sur au moins un parti parmi les partis qui était à l'écoute et qui était jour... qui était toujours prêt à nous ouvrir les portes lorsque nécessaire. Je parle évidemment de Québec solidaire qui a été au rendez-vous beaucoup plus souvent et sans doute beaucoup plus... beaucoup plus de fois que d'autres partis l'ont fait.

Donc, c'est là-dessus que je... moi, je laisse le terrain en quelque sorte vacant à la nouvelle génération et je veux de toute évidence, là, remercier, Francis, pour son courage, mais également son engagement, là, au départ de prendre un peu le relais, là, après... après mon départ. Et je sais que, pour avoir travaillé à... quelques mois avec lui, là, qu'il est à la hauteur de la tâche qui se présente à lui aujourd'hui et surtout qu'il va continuer à ramer dans la même direction que je l'ai fait moi-même par rapport aux enjeux fondamentaux qui représentent l'ensemble de nos nations et de nos communautés.

Je pense qu'il appartiendra maintenant aussi à nos interlocuteurs en face de nous, là, d'être à l'écoute, mais surtout de s'assurer qu'on puisse aller au-delà de la motion qui a été adoptée à l'unanimité ce matin et qui, en terminant, reprend une intention exprimée unanimement en octobre 2019, qui était de mettre en œuvre la Déclaration de l'ONU sur les droits des peuples autochtones. Donc, on est presque cinq ans plus tard, aujourd'hui, à peu près cinq ans plus tard, et toujours pas de résultat concret. Je pense que c'est un rappel important également que nous sert cette motion-là ce matin. Mais, en terminant, je veux remercier l'ensemble des élus de l'Assemblée nationale, et je serai toujours pas loin, là, je suis... politiquement, là, je suis marqué à vie, là, et c'est comme ça que je vais conclure l'opportunité aujourd'hui. Merci.


 
 

12 h 26 (version non révisée)

M. Picard (Ghislain) :...je ne serai toujours pas loin, là, je suis... politiquement, là, je suis marqué à vie. C'est comme cela que je vais conclure l'opportunité aujourd'hui. Merci. Francis.

M. Verreault-Paul (Francis) : Kwe, merci. Merci, Ghislain (s'exprime dans sa langue). Je veux tout d'abord remercier Mme Manon Massé pour l'initiative, ainsi que son équipe, de l'initiative qui nous amène ici aujourd'hui à l'Assemblée nationale, et aujourd'hui extrêmement honoré de joindre ma voix aujourd'hui à celle de Manon, ainsi qu'à tous les parlementaires pour l'hommage à Ghislain Picard, qui, d'ailleurs, je... définitivement que je remercie et que les chefs... les chefs m'ont donné le mandat de cette continuité. Ghislain en a fait mention, définitivement que j'assurerai cette continuité dans la suite des choses. Ghislain, c'est une grosse page d'histoire qui s'est tournée pour nous le 25 février dernier, une grosse page qui va prendre une tournure différente, dans son cas personnel, et il l'a mentionné, il restera impliqué, définitivement, mais pour nous, pour nos nations, je tiens à lever mon chapeau puis à avoir cette gratitude en mon nom personnel, mais aussi au nom de l'ensemble de nos nations, de nos élus, une gratitude infinie envers Ghislain pour son leadership, cette façon de rassembler, de nous rassembler, pour ces 33 dernières années au sein de l'APNQL, a su faire face définitivement à des vents de face, à des vents de tous les côtés parfois, a toujours su garder le cap malgré tout, a toujours su garder le cap sur ses principes, sur la défense de nos droits. Donc, définitivement, dans cette même optique, j'entends travailler et honorer, encore une fois, le travail de Ghislain, mais le travail de l'ensemble de nos leaders qui m'ont précédé et qui continueront aussi, qui viendront après moi et après nous. Donc, je tiens à... à souligner aussi derrière moi les chefs, les élus de l'ensemble des nations qui sont avec nous aujourd'hui.

Et, en terminant, le message que j'aimerais également transmettre, on fait souvent référence au principe de la main tendue, définitivement que j'arrive avec cette main tendue, mais les manches relevées, je suis prêt à entamer le travail dès demain matin. Nous sommes prêts à entamer le travail avec les chefs, avec les élus, vers la poursuite, bien sûr, la continuité du travail qui a été fait des dernières années, mais également de poursuivre cette réconciliation à tous les niveaux. Je pense, c'est un legs important que Ghislain nous laisse, cet... ce legs de, notamment, réconciliation économique, mais cette réconciliation législative également qui doit être mise de l'avant de façon prioritaire. Donc, encore une fois, Ghislain, en mon nom et en nom de tous (s'exprime dans sa langue), totalement, à l'infini, de façon... une gratitude infinie, comme je l'ai dit, totalement reconnaissant pour tout le travail. Et merci également à l'ensemble des chefs pour ce vote de confiance qui m'a été laissé, le 25 février dernier, (s'exprime dans sa langue).

La Modératrice : Merci, chef Verreault-Paul. On va maintenant passer à la période de questions. Une question, une sous-question, s'il vous plaît, puis nommez votre média, s'il vous plaît.

Journaliste : Kwe... Espaces autochtones, Radio-Canada. (S'exprime dans sa langue)

M. Picard (Ghislain) :(S'exprime dans sa langue)...


 
 

12 h 31 (version non révisée)

M. Picard (Ghislain) :(S'exprime dans une langue autochtone).

Journaliste : Manon, j'aurais une question pour toi.

Mme Massé : Oui.

Journaliste : Le premier ministre François Legault a sorti lors de l'hommage, de la motion qui a été... qui a été faite. Et ma question est qu'est-ce que vous, vous en pensez, de ce que le premier ministre a fait?

Mme Massé : Bien, premièrement, il faut nuancer les choses. C'est régulier que le premier ministre sorte tout de suite après la période de questions. Je pense que ce n'était pas nécessairement dirigé vers Ghislain. Ceci étant dit, je pense qu'effectivement il a eu un manque de délicatesse. Je pense qu'il n'a fort probablement pas été bien conseillé à mon sens, parce que de remercier quelqu'un qui a joué le rôle de porte-parole pendant 33 ans des nations, des premiers... des Premières Nations du Québec, ce n'est pas banal. Et moi, j'aurais suggéré à ma porte-parole de rester sur place.

Journaliste : Bonjour, M. Picard. Une ou deux questions pour vous. Là, vous avez dit je vais rester impliqué. Moi j'aimerais savoir comment, puis est-ce que ça va vous permettre d'enlever un filtre? Je ne veux pas dire jeter les gants parce que ce n'est pas la bonne expression, mais d'avoir plus de liberté dans vos commentaires puis votre analyse de la chose?

M. Picard (Ghislain) :Bien d'abord, je pense que ce sera tout à fait compréhensible si je vous dis que je vais me permettre de respecter la responsabilité du chef régional Verreault-Paul. Je veux dire, j'ai entretenu le même respect pour la fonction que moi j'occupais pendant plus de 30 ans. J'ai toujours insisté sur le fait qu'on se devait de respecter nos institutions, même si elles sont à la base, je veux dire, avec un esprit, cet esprit colonial, disons-le comme ça, même en dépit, par exemple, d'une organisation nationale qui n'a peut-être pas les considérations requises pour nous reconnaître comme région avec notre spécificité. Il n'en demeure pas moins qu'on a toujours respecté le bureau du ou de la cheffe nationale au niveau de l'Assemblée des Premières Nations. En même temps, bien, comme je le disais plus tôt en conclusion, je veux dire, je ne peux pas sortir de la politique, là, je suis marqué à vie, là, je suis fait, là, complètement. Donc, ça ne m'enlève pas le droit d'exprimer des opinions que je considère important d'exprimer, mais toujours dans le respect de la réalité qui est représentée par mes collègues, par mon chef régional. Et je pense que, ça, c'est important dans une démocratie, c'est-à-dire qu'on puisse avoir le temps et l'espace pour exprimer les opinions qui sont les nôtres essentiellement. Donc, ma prise de parole, par exemple, aujourd'hui, est faite uniquement en mon nom personnel, qui n'implique en rien ni l'Assemblée des Premières Nations ni les chefs qui y sont représentés. Donc, je pense que c'est important d'insister là-dessus. Donc, oui, j'ai une opinion et j'en aurai sans doute d'autres. Et si je trouve approprié de les exprimer sur la place publique, bien, je le ferais, je le ferai en considération des éléments que je viens de vous partager un peu plus tôt.

Journaliste : Je vais poser une question peut-être qui va vous sembler, là... Vous allez y réfléchir. Après 33 ans, là, qu'est-ce que, parmi tout ce que vous avez vu et vécu, encore là, aujourd'hui, qui vous insurge, ou vient vous chercher au plus profond de vous-même, M. Picard?

M. Picard (Ghislain) :Bien, il y a deux événements, là, qui m'ont... qui ont mis mes émotions vraiment au test...


 
 

12 h 36 (version non révisée)

M. Picard (Ghislain) :...dans les 10 dernières années, dénonciations par les femmes autochtones des agissements de la Sûreté du Québec, en 2015, violences physiques et sexuelles, et, plus récemment, évidemment, je pense que ça ne surprendra personne, le décès tragique de Joyce Echaquan en septembre 2020. Et vraiment une triste coïncidence parce que nous, on avait travaillé tout l'été qui précédait septembre, dans cette même année, sur un plan pour... un plan de lutte contre le racisme et la discrimination, et on avait ciblé le lendemain du décès de Joyce Echaquan pour le rendre public. Donc, on ne pouvait définitivement pas, je pense... malgré la triste coïncidence, on ne pouvait pas mettre ça de côté, là, c'était vraiment à propos qu'on le sorte à ce moment-là.

Donc, ça, c'est venu me chercher personnellement, là, je veux dire, ça a été... mes tripes ont été chamboulées et ça a été très, très viscéral, et, notamment, là, le fait d'essayer de faire valoir, toute l'année 2016, au gouvernement de l'époque qu'il nous faut une commission d'enquête.

J'écoutais les travaux ce matin de l'Assemblée nationale. Ça a été une commission d'enquête, là, qui parle d'une façon de gérer un dossier de la part du gouvernement. Je veux dire, oui, humainement, là, il y a des impacts, des impacts sur les électeurs, l'électorat, mais, en même temps, pas la même intensité que ce qu'on a vu en 2015. Pourtant, ça nous a pris un an avant que le gouvernement de l'époque, finalement, accède à notre demande d'instituer une commission, qui est devenue la commission Viens, et qui a même été, je dirais, dirigée selon les conditions exprimées par le gouvernement de l'époque.

Mais ceci étant dit, je pourrais, vous résumer, là, en quelques mots à peine, les cinq, six dernières années où on a passé sans doute beaucoup plus de temps qu'on ne l'aurait souhaité devant les tribunaux. J'ai toujours insisté sur l'action politique qui rassemble les Premières Nations parce que je jugeais qu'en tout respect de la profession que le dossier des enjeux, les enjeux autochtones, ce n'était pas le rôle des avocats de les régler, et, en plus, parce que ça prend du temps puis ça prend de l'argent qu'on n'a pas en trop. Donc... mais je n'ai jamais pensé autant de temps devant les tribunaux que dans les six dernières années. Et je pense que ça indique quelque part un peu l'espèce de statu quo politique dans lequel nous nous retrouvons aujourd'hui.

Journaliste : Merci.

M. Picard (Ghislain) :Merci.

Journaliste : Bien, ma question s'adresse à vous, M. Picard. Vous parlez d'un statu quo politique. Avez-vous quand même espoir que l'arrivée de M. Verreault-Paul, peut-être, brasse les choses, qu'il y ait un changement à ce niveau-là?

M. Picard (Ghislain) :Bien, écoutez, c'est vraiment... je pense que le défi appartient beaucoup plus au gouvernement qu'il appartient au nouveau chef régional. Je pense que Francis se présente un peu comme relève avec des positions qui sont très, très bien ancrées au niveau de la diversité que nous représentons. Je pense que ça, il n'y a pas... on n'a pas à revenir là-dessus. Mais, en même temps, l'exemple que je pourrais vous donner, qui est très, très clair, très vif dans mon esprit, on se souviendra qu'en octobre 2019 le premier ministre actuel avait prononcé des excuses. D'ailleurs, il y avait moi et d'autres chefs. On était à ce moment-là assis devant le gouvernement, contrairement à aujourd'hui où on était assis en face de l'opposition. Donc, est-ce qu'il n'y a pas là une image qui dit 1 000 mots? Peut-être, mais en octobre 2019, le premier ministre Legault, je vais le reconnaître, a livré vraiment la première... le premier appel à l'action, qui était de prononcer des excuses aux Premières Nations inuites au nom du gouvernement. La même journée, on était devant la Cour fédérale à nous opposer à une position du Procureur général du Québec qui, finalement, niait notre capacité de gouvernance comme première nation.

Donc, il n'y a pas de contradiction flagrante ici et, pour moi, bien, c'est l'exemple que je donne pour dire que... Je pourrais ajouter à cela. Bien, à peine quelques semaines plus tard, on était devant trois ministres de l'actuel gouvernement, trois ministres qui nous disaient : Bon, M. Picard en passant, là, la loi fédérale...


 
 

12 h 41 (version non révisée)

M. Picard (Ghislain) :...fédéral C-92, qui permet à vos communautés de développer et d'appliquer leurs propres lois en matière de bien-être à l'enfance, bien, on va la contester, cette loi-là. Donc, je pense que ça a donné le ton, là, pour la suite. Et malheureusement, là, il y aura encore des éléments comme ça, je pense, qui vont certainement occuper le bureau de Francis. Et je me permets d'ajouter à cela, bien, le paragraphe de l'actuelle motion qui revient sur une motion d'octobre 2019, finalement, où il n'y a pas eu livraison, là. La motion d'octobre 2019, là, reste intacte, elle a peut-être même accumulé de la poussière un peu, parce qu'il n'y a pas vraiment grand-chose qui s'est passé depuis.

Journaliste : Merci. J'aurais peut-être une question pour M. Verreault-Paul, si possible. Vous avez parlé d'une réconciliation législative qui doit être mise en place de façon prioritaire. Concrètement, comment comptez-vous... tu sais, je comprends, là, qu'il y a aussi le gouvernement du Québec qui est à travers ça, mais vous, comment comptez-vous mettre ça en place?

M. Verreault-Paul (Francis) : Oui. Merci pour la question. En fait, je pense que j'ai la responsabilité d'arriver avec cet espoir, cet espoir puis regarder vers l'avant. Je reconnais définitivement les défis du passé, je ne les oublie pas, mais j'arrive avec ce message d'espoir. Et ce qui a trait à cette réconciliation, bien, d'abord et avant tout, c'est une question de relation. Je l'ai partagé au chef et à l'ensemble et j'entends développer ces relations durables, pérennes et de respect mutuel. Je pense, c'est définitivement extrêmement important. Et, dans un second temps, c'est ma première fois à l'Assemblée nationale dans mon nouveau rôle aujourd'hui et j'arrive avec une motion qui est adoptée à l'unanimité par tous les partis, où est-ce que chacune des parties ont rendu hommage à Ghislain Picard et à son travail, donc j'entends construire sur ceci, sur ce vent. Je pense que c'est important, et regarder vers l'avant, et travailler, comme je l'ai mentionné tantôt, main tendue, mais les manches relevées également. Et c'est le message que je tiens à partager.

Journaliste : Merci.

Mme Massé : Je m'excuse, si tu permets, je rajouterais juste une petite chose, Francis. Moi, je suis du parlement non autochtone. La responsabilité de la réconciliation législative, là, elle est de notre bord, elle est vraiment de notre bord. Et ça fait des mois. Et on a, à plusieurs moments à Québec solidaire, dans la dernière année, dans les deux dernières années, signifié aux décideurs qu'on se devait, au nom de la motion adoptée à l'unanimité, qu'on se devait de rentrer en mode de réconciliation législative. Malheureusement, de l'autre côté, ça ne résonne pas, ça ne percole pas. Alors, vous pouvez être assuré, chef Verreault-Paul, que je vais continuer avec vous ce travail-là, parce que, je le réitère, c'est la responsabilité qui relève du gouvernement du Québec de faire ces pas-là.

Journaliste : Bonjour. Je suis désolée, je suis arrivé un peu en retard. M. Picard, je ne le sais pas si on vous a entendu là-dessus, mais vous aimeriez qu'on garde quoi de votre passage à l'APNQL?

M. Picard (Ghislain) :Ça va être difficile de rester humble avec la question, là, mais je vais quand même tenter. Et, pour moi, je pense que la meilleure démonstration, je pense que... Pas uniquement moi, mais en partie moi, parce que moi, j'ai... C'est un privilège d'ailleurs de pouvoir écouter le leadership qui est représenté en minorité derrière moi aujourd'hui, mais c'est quand même une grande diversité, là, 43 communautés, 10 nations, différentes cultures, différentes langues, l'anglais et le français, c'est notre réalité. Et ce qu'on a réussi, à mon sens, à accomplir au cours des récentes années... J'aime bien le fait que Manon nous rappelle qu'il y a également une responsabilité de leur côté de la Chambre, en fait, de l'autre côté. C'est qu'on a été, en quelque sorte, sans doute une heureuse coïncidence ou un heureux hasard... c'est qu'on a été appelé à créer des alliances sur tout le territoire et on a constaté à travers les cinq, six, sept dernières années qu'il y avait une écoute importante, un désir d'en savoir plus et surtout...


 
 

12 h 46 (version non révisée)

M. Picard (Ghislain) :...je pense, un désir de contribuer à ce que j'appelle, moi, la mise à niveau sur le plan économique et social. Donc, pour moi, c'est extrêmement tangible pour les communautés que nous représentons. Malheureusement, la chose, la seule chose qui va manquer, c'est un gouvernement qui constate tout ça et qui contribue enfin... et qui est prêt à en faire plus. Et c'est pour ça que je reviens un peu sur cette partie de la motion ce matin, qui un peu... je ne dirais pas que c'est sournois, mais je pense une motion qui devait nous rappeler qu'il y a des engagements qui n'ont pas été livrés, notamment cette table de discussion avec les Premières Nations et les Inuits sur la mise en œuvre de la Déclaration de l'ONU sur les droits des peuples autochtones, et ça, je trouve ça important, et ça fait la démonstration que, tu sais, on se retrouve toujours, constamment, trop souvent dans un contexte où une partie impose ses conditions par rapport à l'autre, et c'est ça que je trouve injuste, et il n'y a pas moyen... C'est comme si les Premières Nations, après trois, quatre siècles de compromis, se retrouvaient encore une fois avec le fardeau de la bonne foi et le fardeau d'une position de compromis. C'est comme si, tu sais, on arrivait à la table de négociations un peu à genoux. C'est ça que je trouve injuste et c'est ça qu'il nous faut changer. Est-ce que... est-ce qu'on doit parler en quelque sorte d'un pouvoir parallèle en quelque sorte, c'est-à-dire le pouvoir que nous représentons, même si ce n'est pas tout le monde qui est à l'aise avec le terme, et finalement le pouvoir représenté par les élus... de tous les élus et toutes les élues de l'Assemblée nationale, pas uniquement le gouvernement. Donc, il y aura sûrement une réflexion importante à faire de ce point de vue là. Je pense à d'autres, d'autres pays, d'autres continents où il y a des pratiques qui se sont révélées très fructueuses en matière de relations entre les peuples autochtones et les différents États.

Journaliste : Est-ce que vous estimez être parvenus à faire des gains pendant vos... votre long mandat auprès du gouvernement? Est-ce que... Et vous l'avez fait bouger sur certains éléments précis, évidemment le gouvernement Legault, là, et si oui, lesquels?

M. Picard (Ghislain) :Bien, écoutez, parce que... parce que nos opinions portent très rarement, je vais vous référer au rapport du Protecteur du citoyen à l'automne 2023. Et, dans sa conclusion, le Protecteur du citoyen disait : Il n'y a pas de plan, ça prend un plan. Et encore plus récemment, il y avait la Vérificatrice générale qui disait à peu près la même chose au niveau de l'éducation de nos étudiants de Premières Nations et Inuits. Donc, je pense que des institutions qui sont supposées être neutres, objectives ont déjà fait une conclusion que nous-mêmes on a déjà faite. Donc, je reviendrais là-dessus, et c'est comme si on faisait un pas, deux pas en avant, trois ou quatre pas en arrière. C'est malheureusement le constat que je... Dans le fond, partage. Je ne veux pas être totalement négatif, là, parce que je regarde le... d'ailleurs, Manon y participe activement, les suites de la loi 79 concernant les membres de nos communautés qui ont été admis dans des institutions de santé. Et je crois comprendre que cela donne quand même des résultats. Donc, il y a certains gains, mais il faut éventuellement faire la comparaison entre les gains et là où finalement on accuse du retard parce qu'ultimement on a des défis énormes qui seraient... qui seraient des opportunités dans la mesure où les conditions sont réunies. Une démographie qui est vraiment l'inverse de tout ce que connaît le Québec. Est-ce que... est-ce qu'avec ça les opportunités sont au rendez-vous? C'est peut-être une bonne question à se poser. Donc, je pense que les concessions économiques, on a fait beaucoup de chemin, là, avec la société civile, milieu des affaires, des secteurs économiques sont à l'écoute. Je demeure quand même très, très optimiste. Mais, encore une fois, là, le... sur le plan de la relation politique, c'est peut-être là qu'on... qu'on accuse... qu'on accuse des...

Journaliste : Juste une dernière pour M. Verrault-Paul. Justement, vous, quels sont vos dossiers prioritaires avec le gouvernement Legault?

M. Verreault-Paul (Francis) : Bien, d'abord et avant tout, vous l'avez mentionné, cette relation de gouvernement à gouvernement, je pense que c'est définitivement prioritaire. Par la suite, ces priorités-là doivent être définies par nous, les Premières Nations, et non l'inverse. Je pense que c'est... c'est un concept qui se doit d'être partagé et dans lequel j'aurai des discussions éventuelles avec notamment le premier ministre et le ministre Lafrenière. Donc, c'est définitivement dans les priorités. Mais je viens d'arriver, je pense que je veux établir ces relations d'abord et avant tout...


 
 

12 h 51 (version non révisée)

M. Verreault-Paul (Francis) : ...ministre Lafrenière. Donc, c'est définitivement dans les priorités. Mais je viens d'arriver, je pense que je veux établir ces relations d'abord et avant tout pour ensuite créer des opportunités. Et je pense que Ghislain parle d'opportunités, c'est exactement le rôle que je vois en tant qu'APNQL, d'être un vecteur d'opportunités pour notamment cette jeunesse qui est extrêmement... qui est une main-d'œuvre, qui est une... qui sont nos cerveaux, nos savoirs, nos cultures, nos langues qui s'en viennent. C'est extrêmement important de leur offrir ces opportunités-là afin d'atteindre leur plein potentiel.

Journaliste : Parce qu'il y a quand même eu certaines frictions entre le gouvernement Legault et M. Picard au fil des ans, même récemment, à un moment donné, on parlait même plus de négocier en bilatéral et non avec l'APNQL, on sentait qu'on les avait mis un peu à l'écart. Est-ce que, là, vous, vous effacez l'ardoise, et puis vous reprenez un peu à zéro ou vous gardez ce passif-là?

M. Verreault-Paul (Francis) : Encore une fois, je reconnais les défis, les défis qui sont devant nous et qui sont encore là, mais je vais avoir ces discussions-là dans un premier temps avec les parties concernées. Je pense que c'est important et c'est la manière d'établir des relations également.

Journaliste : Il y a-tu une rencontre de prévue avec M. Legault?

M. Verreault-Paul (Francis) : Elle n'est pas fixée définitivement encore, mais j'espère pouvoir le rencontrer rapidement.

La Modératrice : Merci beaucoup. C'est ce qui met fin à ce point de presse.

Mme Massé : Merci beaucoup.

(Fin à 12 h 53)


 
 

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