Point de presse de Mme Elisabeth Prass, porte-parole de l’opposition officielle pour les personnes vivant avec un handicap ou avec le spectre de l’autisme
Version préliminaire
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Le mardi 18 mars 2025, 15 h 30
Hall principal de l'hôtel du Parlement,
hôtel du Parlement
15 h 30 (version non révisée)
(Quinze heures trente et une minutes)
La Modératrice
:
Bonjour et bienvenue au point de presse de la porte-parole de l'opposition
officielle pour les personnes vivant avec un handicap ou avec le spectre de l'autisme
Mme Elisabeth Prass. En plus de la députée libérale, prendra aussi la parole Mme
Amilie Duranleau, directrice générale de la Société québécoise de la déficience
intellectuelle. Il y a également Mme Nancy Chamberland, coordonnatrice du
mandat régional pour autisme Chaudière-Appalaches. Aussi ici présente Mme
Louise Bourgeois, vice-présidente de la Fédération des Mouvements Personne d'Abord
du Québec. Aussi, Mme Lili Plourde, directrice générale de la Fédération
québécoise de l'autisme, et Mme Julie Brodeur, porte-parole de la Société
québécoise de la déficience intellectuelle pour la Mauricie et membre du conseil
d'administration de l'organisation. La parole est à vous.
Mme Prass :
Merci.
Je voudrais commencer par remercier la présence de la société québécoise... et
de tout le travail qui a été fait, dans le cadre de cette pétition, de la
Société québécoise de la déficience intellectuelle, la Fédération québécoise de
l'autisme et la Fédération des Mouvements des personnes d'abord du Québec.
Alors, ça adonne bien aujourd'hui que j'ai
eu le privilège de déposer une pétition de plus de 6 000 signatures.
On a lancé cette semaine la 36e édition de la Semaine québécoise de la
déficience intellectuelle. Et justement, la Société québécoise de la déficience
intellectuelle, qui a lancé leur campagne J'ai ma place plus tôt l'année
passée, une campagne justement qui reflète les demandes que nous avons dans
cette pétition pour que le gouvernement réponde de façon positive, avec un
financement accru et stable pour des milieux de vie substituts à bon... à but
non lucratif. Et j'ai moi-même eu la chance, la semaine dernière, lors du
lancement de la semaine, à être présente à Ahuntsic-Cartierville, dans les
habitations Rêvanous, un projet innovant, mixte, qui a été réalisé par des
parents et par la communauté et qui fait en sorte que les personnes avec une
déficience intellectuelle ou autisme peuvent vivre avec une autonomie et
surtout en dignité. Chaque individu est différent et vit sa déficience
intellectuelle ou son autisme de façon différente, et donc il devrait y avoir
justement des choix pour les personnes quand il vient le temps de trouver du
logement.
On a vu dernièrement des histoires
crève-cœur de personnes avec des déficiences intellectuelles qui résidaient
dans les métros de Montréal pendant des années. Et justement, on sait qu'avec
la crise du logement qu'on vit au Québec, c'est déjà difficile, mais c'est
davantage difficile pour des gens qui ont des besoins particuliers.
Donc, ce qu'on demande au gouvernement, c'est
d'avoir une plus grande ouverture envers ces projets, des projets qui peuvent
être amenés par des parents, par des familles, par des organismes
communautaires, tous dans le but de vraiment offrir aux personnes avec une
déficience intellectuelle ou l'autisme un logement qui répond à leur réalité et
qui répond à leurs besoins. On parle de dizaines de milliers de personnes au
Québec. Et présentement, la liste d'attente pour intégrer un hébergement en
milieu de vie substitut pour une personne avec une déficience intellectuelle
est de 1211 jours. C'est plus de trois ans d'attente. Une augmentation de
58 % en 10 ans.
Donc, ce qu'on demande au gouvernement
aujourd'hui, c'est d'avoir une plus grande ouverture, être à l'écoute, avoir un
financement rehaussé, avoir un financement stable pour réaliser des projets qui
vont faire en sorte que les personnes... ces personnes vulnérables vont
retrouver le bonheur, vont retrouver des lieux qui reflètent leur réalité et
leurs besoins.
Et donc là je vais passer la parole à
Amélie Duranleau...
15 h 35 (version non révisée)
Mme Prass : ...de la SQDI.
Merci.
Mme Duranleau (Amélie) : Bonjour
à tous et à toutes. Un grand merci d'être réunis avec nous aujourd'hui pour le
dépôt de la pétition qui vise à améliorer l'accessibilité des milieux de vie substituts
pour les personnes autistes et pour les personnes qui ont une déficience
intellectuelle.
Cette semaine est très significative pour
notre communauté. C'est la Semaine québécoise de la déficience intellectuelle,
et nous sommes à l'aube du Mois de l'autisme. Trois organisations nationales d'importance
se sont réunies et se sont concertées, donc la Société québécoise de la
déficience intellectuelle, la Fédération québécoise des... de l'autisme et la
Fédération des Mouvements d'abord du Québec. Merci pour votre collaboration.
Cette pétition, c'est le fruit d'une
mobilisation collective entre ces trois organisations. Ensemble, nous portons
la voix des milliers de familles de personnes qui ont une déficience
intellectuelle... de personnes qui ont une déficience intellectuelle et de
leurs proches qui sont concernés par ces enjeux qui sont alarmants et qui sont
extrêmement préoccupants. Laissons d'abord la voix aux personnes concernées
nous expliquer pourquoi il est nécessaire d'avoir un chez-soi qui correspond à
ses besoins et à ses aspirations. Merci.
Mme Brodeur (Julie) : Bonjour.
Mon nom est Julie Brodeur. J'ai une légère déficience intellectuelle. J'ai le
privilège d'être administratrice et porte-parole depuis mai 2024 de la campagne
J'ai ma place. J'ai le privilège de pouvoir vivre en appartement depuis plus de
12 ans. J'ai un... J'ai un HLM privé depuis... un... depuis plus de 10 ans. Et
c'est pour vous informer qu'on a tous notre place et on devrait avoir tous le
droit de vivre un chez-soi avec dignité.
Mme Chamberland (Nancy) : Au
nom des personnes autistes et de la neurodiversité, je témoigne de l'importance
d'avoir accès à des milieux de vie qui sont adaptés à notre condition et qui
répondent à nos besoins. Nous avons le droit d'avoir un chez-soi qui correspond
à notre profil, à nos particularités et à notre besoin de soutien s'il y a
lieu. Nous avons le droit de pouvoir vivre dans un environnement qui nous
permette d'être bien, d'évoluer et de vieillir paisiblement.
Également, je souligne l'urgent besoin d'avoir
des projets aussi dans les régions qui sont bien souvent oubliées. De plus, la
réalisation de tels milieux de vie repose trop souvent sur l'initiative de
groupes de parents qui sont déjà surchargés et épuisés. De mon point de vue, la
société est bien en retard sur la réalisation de milieux de vie qui nous
conviennent. Il devrait déjà y en avoir partout autour de nous. Il est grand
temps de s'y mettre.
Mme Bourgeois (Louise) : Bonjour.
J'ai plusieurs amis qui vivent en ressources d'hébergement. Certains a gagné à
la loterie des ressources et sont heureux où ils habitent, mais plusieurs...
plusieurs autres ne demeurent pas dans un milieu qui réponde à leurs besoins. L'endroit
où on vit est un endroit que l'on devrait avoir et... où on en... où qu'on est
bien. Je vais le reprendre. Non, je vais le reprendre.
Bonjour. J'ai plusieurs amis qui vivent en
ressources d'hébergement. Certains ont gagné à la loterie des ressources où ils
sont heureux où ils habitent, mais plusieurs autres ne demeurent pas dans un
milieu de vie qui ne répond pas à leurs besoins. L'endroit où on vit, c'est un
endroit où que l'on devrait avoir choisi, où on... et où on se sent bien, qu'on
ne devrait pas... Ça ne devrait pas avoir... être une question de chance de
tomber sur une bonne ressource. Des personnes qui ne se sentent pas à la
bonne... à la bonne place, ils veulent se sentir libres, sortir, recevoir des
amis et amoureux, rester avec des personnes avec qui on... qui ils se sentent
bien, manger...
15 h 40 (version non révisée)
Mme Bourgeois (Louise) :
...de la nourriture de qualité. On veut que ça change. Je... Je voudrais
que mes amis se disent eux aussi : J'ai ma place!
Mme Plourde (Lili) :
Bonjour. En ce moment, trouver un chez-soi peut être très difficile pour
les personnes autistes ou ayant une déficience intellectuelle. Il y a plusieurs
raisons. Elles peuvent faire face à de la discrimination et du capacitisme
lorsqu'elles veulent louer un appartement. Celles qui cherchent plutôt une
place en hébergement doivent attendre des années avant qu'il ne s'en libère une
et rien ne leur garantit que les conditions de vie y seront adéquates pour
elles. Malheureusement, comme l'actualité nous l'a rappelé récemment, les
personnes autistes ou ayant... ou ayant une déficience intellectuelle finissent
par se retrouver en situation d'itinérance, faute d'option viable pour elles.
En ce qui concerne l'hébergement longue
durée financé par l'État québécois, le réseau est dominé par les ressources
intermédiaires qui sont pour la plupart des entreprises privées en quête de
profit. Or, ce modèle est très coûteux pour l'État québécois, tandis... tandis
même que d'autres alternatives sans but lucratif existent. Alors que d'un côté,
les ressources intermédiaires négocient pour obtenir plus de subventions, de l'autre,
des familles et des communautés portent à bout de bras des modèles d'habitation
innovants qui offrent de faire plus avec moins d'argent.
Dans ce contexte, nos demandes sont
claires et essentielles : renforcer la formation du personnel et la
surveillance des milieux de vie substituts afin de garantir des conditions de
vie sécuritaires et respectueuses du droit des résidents, s'assurer que les
ressources intermédiaires et de type familial s'adaptent aux besoins évolutifs
des personnes en mettant l'accent sur le maintien et le développement de leurs
capacités, prioriser des milieux de vie substituts à but non lucratif dans la
création de nouvelles places et faciliter leur implantation partout au Québec,
finalement, augmenter et stabiliser le financement des milieux... des milieux
de vie substituts à but non lucratif pour assurer leur pérennité et leur
qualité.
Mme Duranleau (Amélie) :
Le nombre de signatures récoltées, plus de 6 000 signatures,
témoigne de l'urgence de la situation de même que la présence aujourd'hui de
nombreuses personnes qui ont une déficience intellectuelle et des personnes
autistes. Maintenant, la balle est dans le camp du gouvernement. Nous attendons
une réponse concrète, des actions immédiates pour garantir que toutes les personnes
qui ont une déficience intellectuelle et les personnes autistes puissent vivre
dans un milieu respectueux, sécuritaire et adapté à leurs besoins et à leurs
aspirations.
Nous ne nous arrêterons pas ici. Nous
continuons à porter ce message et à nous mobiliser pour que ces enjeux soient
pleinement pris en compte. Merci pour votre soutien et merci pour votre
engagement.
La Modératrice
:
Merci. C'est ce qui met fin à ce point de presse. Bonne journée.
(Fin à 15 h 43)