(Dix heures trente-quatre minutes)
M. Zanetti : Alors, bonjour,
tout le monde. Écoutez, on vient de voir aujourd'hui une interpellation de la
ministre de l'Enseignement supérieur au sujet de l'austérité, qui me fait me
demander la chose suivante : Y a-t-il des économistes à la CAQ? Au moment
où, à cause de la guerre tarifaire de Trump, notre économie est mise en péril,
mise en danger, parce que l'avenir est incertain, parce qu'on ne sait pas qui
va être le plus touché exactement... et là, tout à coup, au moment de notre
histoire où on a besoin plus que jamais d'adaptabilité et de souplesse, d'avoir
une main-d'oeuvre capable de se requalifier selon la conjoncture changeante et
imprévisible, à ce moment-là, le gouvernement coupe dans l'enseignement
supérieur, l'institution qui est le plus capable de nous permettre de nous
adapter à une conjoncture imprévisible.
La CAQ coupe dans la formation continue,
coupe dans les cégeps, coupe dans les universités, la formation continue. Ça,
là, ça n'a aucun bon sens. C'est, justement, l'endroit où on peut le plus
facilement, tout en continuant de travailler puis avoir une famille, se
requalifier pour aller changer d'emploi, puis s'adapter à un contexte
économique qui change, puis on coupe là-dedans. C'est complètement fou. Penser
qu'on va faire des économies, comme ça, penser qu'en faisant ça le déficit va s'estomper...
Parce que le déficit, là, c'est les dépenses, mais c'est les revenus aussi. Si
on veut avoir des revenus qui augmentent au Québec, il faut être capables de
prévenir les coûts économiques qu'on est en train de se faire menacer de subir,
et qu'on est en train, même, déjà, de subir. Alors, moi, ça, je n'en reviens
pas. J'espère que le cri d'alarme qui aura été lancé à la CAQ aujourd'hui va
avoir ses effets sur le budget, et qu'on ne va pas compromettre notre capacité
d'adaptation économique. C'est complètement fou.
L'autre chose que je retiens de la
matinée, moi, c'est... c'est la posture du Parti libéral du Québec et du Parti
québécois, qui viennent, après avoir été les architectes de l'austérité dans
les dernières décennies... qui viennent se faire les chevaliers de l'enseignement
supérieur, de la vertu, et qui viennent critiquer l'austérité caquiste comme si
de rien n'était. Je veux dire, le PQ, avec la Loi sur le déficit zéro, a mis en
place une structure qui a favorisé l'émergence de politiques néolibérales et d'austérité.
En 2013, la dernière fois qu'ils ont été au pouvoir, ils qualifiaient
eux-mêmes, avec fierté, pour avoir l'air raisonnables, leur budget d'un budget
d'austérité. Et, après ça, le Parti libéral a fait subir au Québec et aux
services publics et à l'enseignement supérieur aussi l'austérité la plus
violente de l'histoire récente des services publics. Et aujourd'hui, qu'est-ce
qu'ils font? Je veux dire, ils sont tellement allés loin, les libéraux, qu'aujourd'hui,
même la CAQ, qui fait de l'austérité, n'ose même pas dire qu'ils font de l'austérité.
Ils ont rendu le mot tabou tellement ils ont... ils sont allés loin dans la
démarche. Et aujourd'hui, qu'est-ce qu'ils font? Ils font : Ah! ça n'a pas
de bon sens, vous faites de l'austérité, ça n'a pas de bon sens, vous faites ce
qu'essentiellement nous avons fait avant vous.
Moi, je demande des excuses. Je veux que
le Parti libéral du Québec et que le Parti québécois s'excusent, par lettre
officielle, aux associations étudiantes du Québec et aux établissements d'enseignement
supérieur pour l'austérité qu'ils ont fait subir dans les dernières décennies à
ces réseaux-là, qui sont mal menés. En 2012, on voulait abolir la hausse de 75 %
des frais de scolarité du Parti libéral. Le Parti québécois portait son carré
rouge fièrement à l'Assemblée nationale. Et, quand ils sont arrivés au pouvoir,
qu'est-ce qu'ils ont fait? Ils ont indexé les frais de scolarité. Et qu'est-ce
que ça a fait, ça? Ça fait qu'aujourd'hui, s'ils avaient gelé les frais de
scolarité en 2012, en 2013, comme on s'attendait à ce qu'ils fassent, bien,
aujourd'hui, il y aurait 800 $ de plus dans les poches de tous les
étudiantes et étudiants du Québec à temps plein, par session, 800 $ de
plus par session. Ça en sortirait une méchante grosse gang de l'insécurité
alimentaire. 40 % des étudiantes et étudiants du Québec subissent, vivent,
souffrent d'insécurité alimentaire. Dites-leur, là, du jour au lendemain, 800 $
de plus par session dans tes poches, ça en achète, ça, des fruits puis des légumes.
Je vais vous dire, ça ferait une méchante différence.
Ça fait que moi, là, ce que je veux, là, c'est
qu'aujourd'hui, là, qu'on critique tous ensemble l'austérité caquiste parce qu'elle
doit être dénoncée. Oui, qu'on fasse front commun là-dedans, d'accord, je suis
vraiment partant. Mais, au départ, là, ça prend des excuses officielles aux
associations étudiantes nationales et aussi aux établissements d'enseignement
supérieur et à leurs fédérations respectives.
Journaliste : Au-delà de ça,
vous aviez tenu un exercice assez similaire au mois de septembre. Qu'est-ce que
vous avez dit? J'espère que le cri d'alarme va être entendu pour le budget? C'est...
C'est ce que vous espérez, au fond, de ce qu'on va dire de l'exercice d'aujourd'hui,
M. Zanetti?
M. Zanetti : Je veux que le
cri d'alarme retentisse. Je pense qu'il retentit dans la population. Personne n'est
dupe de ce que la CAQ n'ose pas appeler austérité, mais plutôt effort
budgétaire. Partout dans le milieu, on dit : Ah non, il y a de l'austérité,
il y a de l'austérité, c'est ce qu'on est en train de subir. Alors, ça, je
pense que ça a marché. Simplement, le problème, c'est que ça ne se rend pas
jusqu'au ministre des Finances, hein? On voit actuellement des ministres
caquistes impuissants devant leur ministre des Finances et devant leur
ministre... leur premier ministre, pardon, qui sont en train de jouer à
temporiser entre l'arbre et l'écorce, c'est-à-dire entre ceux qui vont décider
vraiment du prochain budget et le reste de la population, qui n'est pas
entendue en ce moment.
Donc, moi, là, ça, c'est que... c'est
quelque chose que j'espère que ça va arriver à temps pour le budget. Il
commence à se faire très tard, mes espoirs sont modérés, mais ce qui est
important pour l'avenir, c'est que, le plus tôt possible, le plus tôt possible,
la CAQ réalise que ce n'est pas une solution. Ce n'est même pas une solution
qui est bonne pour équilibrer le budget, là. Ça ne fonctionnera pas. Cette
austérité-là faite va... ne va pas augmenter les revenus de l'État. Ça va nous
rendre incapables de s'adapter à la guerre tarifaire de Trump et ça va réduire
les revenus, même, relatifs à l'activité économique. Et, si on veut vraiment se
sortir de l'austérité, là, d'abord, il ne faut pas couper en éducation puis
dans ces choses-là, qui vont nous permettre de nous adapter à la nouvelle donne
économique, mais il faut aussi... il faut demander plus d'argent aux
milliardaires, aux banques, aux minières, aux multinationales qui ponctionnent
le Québec, qui s'enrichissent sur le dos de la classe moyenne et classe
populaire, puis qui, après ça, ne contribuent pas suffisamment aux services
publics. Et si cette solution-là, elle n'est pas adoptée par le gouvernement,
on ne s'en sortira pas.
Journaliste : Êtes-vous fier
d'être Canadien ce matin?
M. Zanetti : Je suis vraiment
content qu'un autre pays ait battu les États-Unis hier. Ça aurait pu être la
Suède, la Finlande, j'aurais partagé la même joie. J'ai... C'est sûr que moi,
je rêve d'un pays, je rêve d'une équipe québécoise avec des joueurs qui
viennent du Québec et qui... par lesquels on va pouvoir pleinement et sans
mélange vivre notre fierté. Eh voilà. Mais je suis très content quand même pour
les Canadiens. Je pense que c'est une belle... c'est une belle réjouissance
pour eux. Puis je prenais pour eux, pareil, dans le contexte, là, hier soir,
même si, évidemment, mon appartenance n'est pas celle-là.
Journaliste : Je vous ramène
au scandale, hier, du rapport, là, de la Vérificatrice générale. Y croyez-vous
quand le gouvernement dit qu'ils ne savaient rien, qu'ils n'ont rien vu?
M. Zanetti : Bien, moi, là, tu
sais, c'est sûr que le gouvernement va se protéger jusqu'au bout. Là, ils ont
des données qui les aident à se protéger, c'est-à-dire ils plaident qu'ils ne
savaient pas. Moi, je ne peux pas savoir si ça, c'est vrai ou pas, mais ce qui
m'importe, la seule façon de trancher ça, pour moi, ce n'est pas une réaction
gouvernementale, c'est une enquête publique comme l'a demandé mon collègue,
Haroun Bouazzi, hier. Il faut une enquête publique sur cette transition
numérique là. Pour moi, cette affaire-là sent un scandale qui rappelle le
scandale dans l'industrie de la construction, qui rappelle le scandale des commandites.
Il y a quelqu'un quelque part là-dedans qui se graisse la patte, et moi, je
veux savoir c'est qui. Et je ne vois pas comment on va y arriver si on ne fait
pas une vraie enquête publique indépendante.
Journaliste : Au-delà de
l'enquête publique, là, c'est vraiment la notion de responsabilité
ministérielle qui revient beaucoup depuis hier, même si le gouvernement dit
qu'on devrait faire un front commun, là, dans tout ça, puisqu'on a tous été
trompés. En appelez-vous à la démission d'Éric Caire?
M. Zanetti : Moi, je ne suis
pas rendu là aujourd'hui. Évidemment, si c'est ce qu'on allait faire, je
laisserais mon collègue responsable de la Transition numérique et de
Cybersécurité le faire, mais ce n'est pas ce que je vais faire ce matin.
Journaliste : Disons... tu
sais, vous dites quelqu'un probablement ou peut-être s'est graissé la patte,
disons que ça ne va pas de l'avant avec l'enquête publique, est-ce que le
gouvernement doit évaluer ses recours? M. Malenfant, là, qui était
responsable de ce dossier-là, aujourd'hui est parti à la retraite, le
gouvernement dit qu'il est parti à la retraite, M. le P.D.G. de la SAAQ aussi,
ils ont clairé du monde. On a l'impression que tout le monde un peu s'en lave
les mains puis, qu'au bout du compte, on aura perdu un demi-milliard puis
personne ne va payer pour ça. Alors, ma question : Est-ce que le
gouvernement doit évaluer ses recours, incluant les recours judiciaires pour
trouver qui a fait ça puis faire payer à cette personne?
M. Zanetti : Oui, le
gouvernement doit tout évaluer, tout faire ce qui est en son pouvoir pour
trouver c'est qui les coupables de ça, mais cela dit et je le répète, je pense
que la seule façon efficace de le faire, puis qui va avoir la confiance de la
population aussi, là, la seule façon efficace, c'est l'enquête publique,
indépendante, parce que si... en ce moment, le gouvernement a échoué puis la
confiance dans ce dossier-là est très affaiblie dans la population. Alors,
croirons-nous les solutions qu'ils vont nous proposer et les enquêtes qu'ils
feront par eux-mêmes à l'interne? Ce n'est pas certain. Puis c'est important
que tout le monde sente qu'il y a eu justice dans ce domaine-là. C'est pour ça
qu'il faut une enquête indépendante.
Journaliste : Merci.
M. Zanetti : Merci. Bonne fin
de semaine.
(Fin à 10 h 44)