(Dix heures vingt et une minutes)
M. Paradis : Très bien. Donc,
ce matin, deux heures de discussion avec la ministre Pascale Déry sur les
coupures, les compressions dans le domaine de l'enseignement supérieur. On
remercie la ministre pour son ouverture à dialoguer avec les partis d'opposition.
Mais le nœud du problème demeure entier au terme de cet échange. C'est-à-dire
qu'on a un gouvernement qui a un message de communication publique, que non, il
n'y a pas de coupures, non, il n'y a pas de compressions. Et pourtant, quand on
fait le tour du réseau partout au Québec, nous avons le même message de tous
les gestionnaires : Il y a des coupures, il y a des restrictions
budgétaires, des compressions et, en plus, il y a une omerta. Le gouvernement
ne veut pas le dire, le gouvernement ne veut pas l'admettre, et on est pris avec
ça.
Nous avons démontré aujourd'hui qu'alors
que les budgets étaient préparés pour les cégeps et pour les universités au
Québec dès le début de l'année, tout était prêt au printemps, le gouvernement
est arrivé avec son budget, le trou historique de 11 milliards de dollars.
Alors, bien sûr, tous les ministres sont allés à la chasse aux coupures, aux
restrictions, aux compressions. Et ça s'est passé en trois vagues dans le
système de l'enseignement supérieur. Au début du mois de juillet, c'est une
limite stricte sur les heures rémunérées. Ça, ça veut dire que c'est une
camisole de force, on ne peut plus rien faire malgré les budgets qui avaient
déjà été établis. La deuxième vague, c'est à la fin du mois de juillet, une
limite sur toutes les dépenses de matériel et d'infrastructure. On ne peut rien
réparer, on ne peut plus rien acheter pour les cours. On a... On a les lettres,
on a les documents, tout ça est documenté. Et la troisième vague, c'est le gel
d'embauche. Et là, on a encore un gouvernement qui prétend que ça n'affecte pas
les services, comme si le fait d'avoir du chauffage dans les écoles et des gens
qui s'occupent du chauffage ou de l'eau courante, de ne plus embaucher les gens
dont on a besoin pour faire ce travail-là, que ça n'avait pas d'impact sur les
services.
À la fin, ce que ça a donné, c'est que ça
oblige nos cégeps, nos universités à remplir tout un paquet de paperasse pour
demander des dérogations, pour dire : S'il vous plaît, est-ce qu'on
pourrait faire telle embauche, est-ce... il faut absolument qu'on fasse ça.
Alors, on a créé, comme d'habitude, plus de bureaucratie, plus de paperasse,
alors qu'on coupe dans les services aux étudiants. Alors, on a pratiquement mis
sous tutelle nos établissements d'enseignement supérieur en disant que c'est de
leur faute, c'est eux qui gèrent mal les fonds, alors que ce n'est pas la
situation. C'est le gouvernement qui est venu en cours d'exercice pour exiger
des compressions et des coupures.
Alors, que le gouvernement réponde à la
demande du Parti québécois, des oppositions : Quel est le plan de
compression, de la transparence, de la franchise.
Le Modérateur : On va prendre
des questions, s'il y en a, là. S'il n'y en a pas...
Journaliste : Oui. Bien, pas
sur le sujet du jour, je vous avoue, là. J'aurais aimé vous entendre sur le
rapport d'hier à nouveau, mais surtout sur la réponse du gouvernement par
rapport à ça, qui dit : On n'a rien vu, on n'était pas au courant. En
fait, même d'inviter les oppositions à faire front commun, à dire : On a
été trompés, vous devriez vous indigner avec nous. Cette réponse du
gouvernement, d'abord, vous en avez pensé quoi?
M. Paradis : Mais est-ce que
ce gouvernement sait ce que ça veut dire, responsabilité ministérielle? La
question se pose. Parce que, s'il le sait, alors, ce à quoi nous avons assisté
hier, c'est une opération de détournement du sens de la responsabilité
ministérielle. Soyons clairs, le projet dont on parle, qui était au départ de
600 millions de dollars, c'est un projet très important. À la fin, on
apprend qu'il a coûté 1,1 milliard de dollars. C'est un projet très
important. C'est l'argent des Québécois. Si le ministre n'était pas au courant
de ce qui se passait, c'est sa responsabilité. Là, je vous parle à titre de
gestionnaire d'une organisation. Quand tu as un projet important, tu as des
réunions régulières, tu veux voir les documents, tu veux voir le produit à
chaque mois, à chaque semaine, à chaque jour. Si, comme il le prétend, on a pu
lui cacher tout ça, c'est sa responsabilité qui est en cause. C'était lui qui
devait s'asseoir avec les gestionnaires, dire : Bien, montrez-moi comment
ça fonctionne, je veux faire un test avec vous, je veux voir les documents, je
veux voir où vous êtes rendus. C'est une question de responsabilité
ministérielle. Si le ministre ne le savait pas, c'est son problème de gestion.
Journaliste : Il y a la
responsabilité, mais il y a le 500 millions aussi, là, qu'on se demande s'il
n'y a pas des gens qui se sont graissés la patte aussi là-dessus. On pose la
question, en réalité. Ça prend-tu une enquête publique? C'est ça... C'est ça la
question, une enquête formelle, là, publique.
M. Paradis : Bien là, on a
déjà... on a déjà une partie des réponses, mais c'est vrai qu'il faut continuer
à creuser. Mais surtout, il faut se rappeler que ça va comme c'est mené. C'est
une question de responsabilité ministérielle. Et moi, d'avoir un gouvernement
et un ministre qui s'en lavent complètement les mains, qui dit : Je n'ai
rien à voir là-dedans, ce n'est pas qu'il n'a rien à voir là-dedans, c'est
qu'il n'a rien voulu voir. C'est sa responsabilité. Le projet, c'est lui qui
est imputable pour la réussite ou l'échec de ce projet-là.
Journaliste : Donc, à ce
moment-là, est-ce que... ça prend-tu des démissions? Parce que là, on a
l'impression, là, M. Paradis, puis vous corrigerez, que tout le monde,
effectivement, s'en lave les mains, à la SAAQ, on a changé les gens qui sont
là, M. Malenfant est parti à la retraite, Mme Guilbault n'était pas encore là, ta,
ta... Qu'est-ce qu'il faut faire? Est-ce que le gouvernement doit évaluer ses
recours, recours peut-être judiciaires, dans ce contexte-là? Parce que là,
sinon, il n'arrivera rien, puis les Québécois vont dire : Bon, on a perdu
un demi-milliard.
M. Paradis : Paul St-Pierre
Plamandon l'a demandé au salon rouge cette semaine. Il a interpelé le premier
ministre puis il a dit : La première chose à faire, c'est... convoquez
votre ministre et mettez-le face à ses responsabilités. À la fin, c'est le grand
responsable de tout ça, c'est le premier ministre du Québec. Mais là, tout
ensemble, le premier ministre, comme tous les ministres, comme le ministre
responsable Éric Caire, tout le monde s'en lave les mains. Ce n'est pas comme
ça que ça fonctionne, notre démocratie. Dans notre démocratie, c'est le
cabinet, c'est le ministre responsable qui est imputable de ce projet-là. 600
millions, au départ, de l'argent des Québécois. Quel suivi a été fait de ça?
Puis, à la fin, 1,1 milliard de notre argent.
Journaliste : La VG
dit : Ça a été caché, ils n'ont pas pu savoir. Dans ce contexte-là, puis
c'est ça que le gouvernement dit, est-ce qu'il doit évaluer ses recours?
M. Paradis : Mais, attendez,
là. Oui, la VG parle du fait qu'il y a eu des actions dans l'administration,
mais le ministre, c'est un projet important pour lui. Quelles questions, lui,
il posait? À quelle fréquence il demandait de voir le projet, de voir les
résultats, dire : Je veux le tester avec vous, je veux voir qu'est-ce qui
se passe. De rassembler toutes les équipes, d'aller sur le terrain
régulièrement, c'est ça qu'un bon gestionnaire fait quand c'est un projet
important. Est-ce que le ministre a fait tout ça?
Nous, nous sommes des parlementaires, ici.
Notre vis-à-vis, c'est le ministre. Nous demandons au ministre d'être
imputable. Et ce qu'il nous dit, c'est : Non, c'est... ce n'est pas moi
qui est imputable. Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne, notre démocratie.
Puis on a demandé à notre premier ministre du Québec : Mais qu'est-ce que
vous faites? Puis, lui aussi, il a l'air d'être dans la mentalité de s'en laver
les mains. Alors, responsabilité ministérielle, ça a une définition, ça a un
sens, au Québec, que le gouvernement assume, que le premier ministre assume,
que le ministre Éric Caire assume.
Journaliste : Avez-vous le
sentiment de fierté canadienne, ce matin, M. Paradis?
M. Paradis : Moi, j'imagine,
parce qu'on en a parlé cette semaine puis il y a eu dans les... dans différents
médias sociaux, hein, la composition d'une équipe québécoise, et j'imagine
toute la fierté des Québécois et des Québécoises puis tout l'impact que ça
aurait pour nos jeunes d'avoir une équipe nationale québécoise. Je le mentionne
parce qu'on a déposé une motion là-dessus cette semaine. Nous, on pense que
c'est quelque chose d'absolument important que nous ayons nos équipes
nationales. Mais, bien oui, bien sûr, hier, j'étais... j'étais heureux de voir
ce but et que le Canada l'emporte contre les États-Unis.
Journaliste : Le seul
Québécois qui était sur la glace hier, c'est un juge de ligne, en passant,
Jonny Murray. C'est-tu une déception, ça, de voir que les Québécois ne sont pas
représentés comme ça sur la glace pour Équipe Canada?
M. Paradis : Bien oui, mais
c'est sûr que tous les symboles qui permettent au Québec de s'exprimer, tant
sur le plan de l'économie, de la culture, mais aussi du sport, sont importants.
Il y a d'autres exemples actuellement de nations qui sont... qui ne sont pas
des pays, qui ont leur équipe nationale. C'est tout à fait possible de le
faire. Et imaginez notre fierté de participer, parce qu'on se comparerait à
même les nations qui étaient... qui faisaient partie de ce tournoi. Regardez
l'équipe, là, qui a été proposée, puis c'était juste une proposition, et tu
dis : Wow! Ça aurait été absolument extraordinaire d'avoir cette équipe-là
sur la glace, puis de la voir performer contre les autres nations. Donc, c'est
un symbole important, mais surtout, c'est... c'est bon pour la poursuite du
sport, pour la persévérance sportive. On a besoin d'équipes nationales au
Québec. C'est clair. Puis c'est ce que ce tournoi-là nous démontre aussi, à
quel point c'est fédérateur. Ce serait fédérateur pour le Québec.
Journaliste : ...de dire que
ça prend une équipe nationale. Bien, en fait, là, je vous pose la question,
parce qu'il y a plusieurs personnes qui se posent... qui ont des points
d'interrogation sur les programmes de hockey au Québec, sur la façon dont c'est
fait. Il y a beaucoup d'argent qui ont été investis aux États-Unis dans les
universités notamment pour que ça paraisse sur la glace. Puis ça paraît, là,
qu'ils se sont améliorés, les Américains, on ne peut pas le cacher. Mais il y
a-tu un problème dans le hockey au Québec?
M. Paradis : Mais on a... on a
besoin de modèles. Les Québécois et les Québécoises, notamment, amoureux et
amoureuses du hockey, ont besoin de modèles, ont besoin de voir les nôtres
performer, se distinguer à l'échelle internationale, comme on le fait dans tout
ce qu'on entreprend, comme Québécois et...
Journaliste : ...organisationnel,
M. Paradis, en fait, là.
M. Paradis : Bien sûr qu'on a
besoin de travailler. Puis il y a des rapports récents qui ont été produits sur
l'organisation du hockey mineur, il y a des initiatives qui sont en place. Mais
aujourd'hui, alors qu'on vient d'avoir le tournoi des quatre nations, on se
rend compte de l'importance d'avoir... de se retrouver, de se voir représentés.
Et hier, bien, regardez le but final, bien, c'est des Canadiens anglais qui ont
fait des passes à des Canadiens anglais, qui ont compté un but contre des
anglophones des États-Unis, donc c'est sûr que le Québec n'était pas représenté
sur la patinoire, bien, oui, à travers un juge de ligne, ce qui est bien, mais
voilà. De l'importance de travailler pour que le Québec ait ses équipes
nationales au plan sportif.
On a reçu, il y a quelques semaines, des
jeunes qui sont les premiers à avoir porté les couleurs du... du Québec aux
Jeux olympiques étudiants. Ils étaient tellement fiers, ils étaient... c'était
tellement extraordinaire, et moi, comme député, je... cette journée-là était
extraordinaire, ils étaient là avec leurs chandails des couleurs du Québec.
Donc, oui, c'est possible. Et ces Jeux olympiques sont reconnus par le Comité international
olympique. Donc, oui, c'est faisable. Oui, travaillons là-dessus.
Journaliste : You have said you're concerned, in previous comments you made, about
Mme Déry's intervention at Dawson, in the academics of Dawson, and, at one
point, you said that you were thinking of asking the Ethics Commissioner to
write... Have you... What is your comment on that, and have you progressed in
your decision on whether that is something you want to see happen?
M. Paradis :
Yes, first of all, we are still as
concerned as we were earlier this week about Mrs. Déry's intervention. We think
she interfered and... she unduly interfered in the specifics of a... of a
course at Dawson. She crossed the line. She should have withdrawn, considering
her past relationship with an organization that was involved in the case. And
we still think that the main ethics... the main person responsible for ethics
at cabinet is Mr. François Legault, so he should be looking at this. We did
look at the code of ethics, at the drafting of the specific sections that were
concerned. Having had a look legally at these specific sections, we decided not
to go forward with communication to the Ethics Commissioner.
Journaliste
: Thanks.
(Fin à 10 h 33)