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Point de presse de M. Etienne Grandmont, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de transports et de mobilité durable, et M. Alexandre Leduc, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de travail

Version finale

Le mercredi 19 février 2025, 8 h 20

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Huit heures vingt-quatre minutes)

M. Grandmont : Bonjour, tout le monde. Content de vous retrouver. J'aimerais revenir rapidement sur la motion que j'ai déposée et faite adopter à l'unanimité hier au salon rouge concernant la protection du patrimoine mondial de l'UNESCO, le Vieux-Québec, et également le patrimoine, là, culturel et paysager que représente l'île d'Orléans. Tout ça, évidemment, était dans le contexte, là, du projet de troisième lien que la CAQ continue de faire avancer à Québec.

J'ai bien hâte de voir... Bien, d'abord, je suis content qu'on ait fait adopter cette motion-là, d'un côté, mais, de l'autre, je vous rappellerai que la ministre des Transports n'a toujours pas contredit les tracés que j'avais montrés au salon rouge à l'effet que les... puis aussi les informations que j'avais à l'effet que le tracé qui avait le meilleur score sur les grilles d'évaluation, c'était celui qui passait sous le Vieux-Québec, un tunnel potentiellement sous le Vieux-Québec, donc dans le patrimoine mondial de l'UNESCO, et qu'aussi le projet préféré du premier ministre était un pont à l'est qui passerait devant l'île d'Orléans.

Donc, j'ai vraiment hâte de voir comment la CAQ va se gouverner à travers une motion qui dit : On protège le patrimoine mondial de l'UNESCO, le patrimoine culturel et paysager de l'île d'Orléans, d'un côté, et de l'autre vouloir continuer à faire avancer un projet qui risque d'entacher ce patrimoine-là. Pour moi, c'est tout à fait incompatible. Mais, en tout cas, on a posé les choses pour que le débat puisse continuer à se faire. Mais je ne comprends pas comment la CAQ peut continuer à se gouverner puis faire avancer un projet qui va contredire ce qu'il vient juste d'adopter hier. Je laisserai Alexandre sur un autre sujet.

M. Leduc : Merci, mon cher. Ce matin, grave attaque contre le droit des travailleurs, droit des travailleuses. Vous avez vu dans le feuilleton hier le projet de loi qui va être déposé ce matin par le ministre Jean Boulet sur les services essentiels. C'est très grave, parce que... C'est dommage, en fait, parce que M. Boulet avait un record personnel que j'appréciais, c'était un des rares ministres de l'époque moderne, le ministre du Travail, à n'avoir fait aucune loi de retour forcé au travail. La plupart des autres ministres du Travail des autres gouvernements en avaient fait au moins une, et lui s'enorgueillissait avec raison de ne pas avoir fait ça. Mais là, il va gâcher son bilan avec l'adoption de cette loi-là, il mime ce que fait le fédéral. Ça ne respecte pas la loi, ça ne respecte pas la charte québécoise des droits et libertés, le droit d'association. C'est illégal, il le sait, là. Il sait qu'il va juste se magasiner une poursuite judiciaire pendant un bon 5-10 ans, ça va remonter à la Cour suprême, puis il pellette en avant pour que le prochain ministre du Travail ait à modifier la loi qu'il va lui-même adopter dans les prochains jours.

Pourquoi il fait ça? C'est-tu une vengeance contre la grève du secteur public l'année passée des... des professeurs dans le secteur public? C'est-tu quelque chose de préventif contre la grève qui s'en vient probablement, malheureusement, dans le réseau des CPE? Je me cherche une raison pour quoi il fait ça. Ça se passait relativement bien, le droit du travail, le droit d'association au Québec. Là, il s'en va jeter un pavé dans la mare. Ça ne va pas bien aller, ce projet de loi là, je vous le garantis, et ça va finir par être rejeté par les tribunaux. La Cour suprême est claire, la jurisprudence est claire, l'arrêt Saskatchewan, l'arrêt BC Health, tout est clair. Là, je ne comprends pas ce qu'il fait. Ça n'a pas de sens, ça enfreint le droit des travailleurs, et Québec solidaire va s'opposer à ça.

Journaliste : Mais il y a le cas du Festival d'été de Québec, là, que Québec va utiliser sûrement pour justifier son projet de loi. Est-ce qu'il n'y a pas quand même certaines restrictions à apporter au droit de grève? Parce que là, ça aurait pu avoir un impact très important sur les festivaliers, sur les retombées économiques dans la ville de Québec.

M. Leduc : C'est le ministre Boulet lui-même qui au début du précédent mandat a déposé une loi de réforme des services essentiels. J'étais là, je l'ai discutée avec lui. C'est le ministre Boulet lui-même qui a établi que le service essentiel, il ne doit y avoir qu'un seul critère, c'est la sécurité physique des personnes. On peut être d'accord, on peut n'être pas d'accord, c'est ça, le critère. C'était une réponse à un jugement de la Cour suprême, là, il n'a pas décidé ça tout seul dans son coin. C'est toujours bien lui qui l'a déposée, par exemple, qui l'a fait adopter. La sécurité physique des personnes, c'est le critère qui permet d'entrer en contact avec l'idée d'interdire une grève ou un lock-out.

Le RTC, les traversiers en... dans l'est du Québec, ça peut être un... c'est compliqué économiquement, c'est une contrainte, mais il n'y a pas la sécurité physique des personnes qui est atteinte. Si on avait des ambulanciers, par exemple... C'est pour ça qu'on a interdit la grève des policiers et des pompiers dans le Code du travail, c'est pour la sécurité physique des personnes.

Journaliste : À votre avis, à votre avis, est-ce qu'on devrait aller plus loin que la sécurité physique?

Une voix : ...

M. Leduc : Oui?

Journaliste : Qu'est-ce qui vous fait croire que ça ne passera pas le test des tribunaux? Vous ne l'avez pas vu, le projet de loi?

M. Leduc : Bien là, j'ai lu...

Journaliste : ...à Ottawa, il y a quand même une législation similaire.

M. Leduc : Elle ne passera pas le test des tribunaux, celle-là non plus. Dans le fond, Ottawa, la différence, c'est qu'ils ont interprété un article de manière bien trop large, qui était déjà dans leur Code du travail. Ça va se faire défoncer par les tribunaux en temps et lieu. Et M. Boulet reprend la même chose. On va voir dans le détail de comment il l'écrit, mais dans ce qui est clair dans l'article, puis de ce qu'il avait lui-même laissé entendre au mois de janvier dans son entrevue de temps des fêtes. C'est là qu'il voulait aller. Il mime ce que le fédéral va faire là-dessus.

Journaliste : ...plus loin qu'à la sécurité physique, vous dites, on a parlé de critère de sécurité physique, ça, je le comprends. Mais pour vous, il n'y a pas lieu d'aller plus loin puis d'inclure d'autres critères, par exemple, comme l'économie?

M. Leduc : Bien, on a déjà fait ce débat-là en 2019. Qu'est-ce qui a changé?

Journaliste : Vous dites : Le débat est clos, il n'y a pas lieu d'échanger?

M. Leduc : Bien, c'est-à-dire que dans le fond, c'est très simple, là. Vous avez deux affaires dans lesquelles vous devez trouver l'équilibre. Le droit des travailleurs et travailleuses de faire des rapports de travail, de faire des pressions sur un employeur pour qu'il puisse bouger à la table de négo. Le droit d'association, c'est protégé par la charte du Québec, la charte du Canada, protégé par la Cour suprême par de la jurisprudence. Puis après ça, vous avez les contraintes. Puis comment vous trouvez l'équilibre comme législateur? Je pense qu'on l'avait relativement bien trouvé. Parce que, dans le fond, ce que la Cour suprême avait fait, elle avait dit qu'il y avait eu de l'abus dans les services essentiels. Tout devenait un service essentiel aux yeux du gouvernement, s'il ne voulait pas avoir une grève ou s'il y avait des plaintes de certaines personnes. Ça fait que la Cour suprême est venue dire : Bien là, vous avez abusé dans votre notion du service essentiel, tout est devenu un service essentiel, on va la restreindre puis on va vraiment avoir une discussion sur qu'est-ce que c'est un service essentiel. Et c'est M. Boulet, lui-même qui est arrivé avec la question de la sécurité des personnes.

On a vécu l'exemple du RTC à Québec. Ce n'est pas facile pour personne. La grève, ce n'est pas simple pour personne. Même moi, j'avais une fille à l'école l'année passée pendant la grève des profs. J'avais une fille dans un CPE, il y a trois ans, quand il y avait la grève de CPE. Quand j'étais étudiant à l'UQAM à l'époque, puis qu'il y avait une grève du métro, c'était compliqué. Ce n'est pas simple, là. En tant qu'ancien syndicaliste, faire la grève, ce n'est pas le fun. Ce n'est pas agréable. Quand j'étais conseiller syndical puis qu'on avait une grève qu'on devait aller organiser, on savait que ça allait être compliqué. Les gens ont moins d'argent, ils sont précaires financièrement. Il fait frette dehors sur la ligne de piquetage. L'étape de négo, ça bloque, on cherche des solutions. Ce n'est pas... Ce n'est pas simple, la grève.

Mais pourquoi les gens la font? Parce qu'ils pensent que c'est la seule façon, le seul outil qu'ils ont pour faire débloquer un employeur qui est boqué. Puis là, le gouvernement, qui est lui-même employeur dans plusieurs de ces situations-là, va lui-même se faire donner l'outil de dire : Non, non. Moi, la grève, finalement, je n'ai pas besoin de négocier comme du monde à la table de négo, puis je vais sous-traiter la fin de la grève au TAT. Je vais envoyer ça au Tribunal du travail pour dire : Vous, réglez-la, la grève puis faites un genre d'arbitrage. C'est complètement irresponsable.

Journaliste : Vous pensez que le gouvernement veut se venger? Vous avez parlé de vengeance... recours aux services essentiels, selon vous?

M. Leduc : Au critère de la sécurité des personnes...

Une voix : ...

M. Leduc : ...ce n'est pas mes critères. Ce n'est pas mes critères, c'est les critères de la loi qu'on a adoptée de manière unanime ici en 2019, si ma mémoire est bonne. C'est la sécurité des personnes. Un pompier qui ferait la grève, la sécurité des personnes serait atteinte. Le transport en commun, c'est compliqué pour tout le monde, nous, le premier, mais ça n'atteint pas la sécurité des personnes.

Journaliste : Donc, vous pensez que le gouvernement veut se venger, mais se venger de quoi, au juste? Vous avez parlé de vengeance plus tôt.

M. Leduc : De la grève des profs de l'an passé, de la grève du secteur public, de la grève à venir des CPE. Il ne veut pas avoir à gérer ça, il trouve ça compliqué. Ça fait faire des questions des oppositions à l'Assemblée nationale. Ça lui génère des complications dans plusieurs comtés. Probablement que les députés des différents comtés dans le caucus de la CAQ viennent dire que ça brasse dans leurs régions respectives. Je ne suis pas sûr qu'il n'y a pas un petit côté vengeance là-dedans par rapport à la particularité de la grève des profs il y a deux ans.

Journaliste : Est-ce que c'est une notion de sécurité sociale?

M. Leduc : De sécurité.

Journaliste : Oui, mais on parle de sécurité économique ce matin, donc le concept pourrait être élargi. On parlerait de sécurité économique, sécurité sociale dans le contexte des profs.

M. Leduc : Qui peut me dire c'est quoi de la sécurité économique? C'est quoi la... Bien, c'est... On revient au... C'est le même problème. C'est le même problème qu'on avait essayé de régler en 2019, que là, les services essentiels, ça va devenir n'importe quoi aux yeux du gouvernement. Ça va être selon la bonne conscience de la semaine. Oui, oui, ça, c'est de la sécurité économique. Oui, oui, ça, c'est... Ils vont pouvoir décider ce qu'ils veulent. Ils vont pelleter ça dans la cours du TAT. C'est complètement irresponsable.

Journaliste : Sur Mme Déry, là, est-ce que vous pensez qu'elle est en conflit d'intérêts?

M. Leduc : En conflit d'intérêts?

Journaliste : Oui.

M. Leduc : Par rapport à...

Journaliste : Sachant qu'elle s'implique, là, dans le contenu d'un cours sur la Palestine, un geste hautement inhabituel pour une ministre de l'Enseignement supérieur, et qu'elle est un ancien membre du conseil d'administration de l'organisation de...

M. Leduc : Moi, je m'intéresse très peu à ces histoires-là d'intérêts ou pas, là. Moi, ce qui m'inquiète, c'est une ministre qui commence à jouer dans des contenus de cours, peu importe le sujet du cours, là. C'est ça qui n'a pas de bon sens. La FNEC a bien raison de la dénoncer. On la dénonce aussi. Ce n'est pas la première fois qu'elle joue avec le feu, d'ailleurs, Mme Déry, là. Elle avait bloqué une nomination il y a un an ou deux où elle avait été particulièrement dans l'eau chaude par rapport à ça. Elle commence à avoir une couple de prises, là, à ce niveau-là. Ce n'est pas sa job de commencer à aller jouer à des cours, là, dans le contenu de cours, là. C'est une ministre.

Journaliste : Qu'est-ce que vous pensez, vous, des propos de M. Legault sur les bagarres au hockey, à l'effet que, dans certains cas, ça peut être correct?

M. Leduc : Bien, je ne pense pas que c'est la bonne réponse de M. Legault hier, autant en public, dans le point de presse qu'il a fait, qu'en réponse à notre collègue, M. Ciccone. Moi, je n'ai pas... C'est drôle, parce que pendant qu'il y avait cette bagarre-là, moi, j'étais au match de la Ligue féminine de hockey à Laval, de la Victoire de Montréal, qui a gagné 6-2 d'ailleurs. Quatre buts dans la première période. Il n'y a pas de bagarre, c'est interdit dans la ligue féminine, puis c'est du maudit bon hockey pareil. Pas besoin d'avoir de la bagarre pour avoir du bon hockey.

Journaliste : ...a dit à M. Ciccone : Tu n'aurais pas eu de carrière. C'est ça qu'il lui a dit à micro fermé.

M. Leduc : Oui, oui, c'est ordinaire. C'est ordinaire, c'est... on s'attend à mieux d'un premier ministre.

Journaliste : ...Mme Déry, est-ce que vous craignez qu'on politise le contenu des cours si les ministres commencent comme ça à intervenir puis à demander des changements?

M. Leduc : Bien, c'est clair que c'est une pente glissante qui pourrait arriver rapidement si on laisse passer ça. Je pense que Mme Déry doit s'excuser, doit se redresser, doit se ressaisir, pardon, puis s'excuser d'avoir fait ça et de s'engager à ne plus jamais refaire ça.

Journaliste : Est-ce qu'elle devrait être plus claire sur les raisons qui la poussent à faire ces interventions-là? Parce que le seul motif qu'elle donne, c'est qu'il y a des élèves qui se sont plaints, mais on ne sait pas c'est qui les élèves puis on ne sait pas la nature des plaintes.

M. Leduc : Bien, plus de détails, ce n'est jamais une mauvaise chose dans ce genre d'interventions là. Mais je vois mal quel genre de détails pourrait justifier son intervention. On peut ne pas être contents de tel contenu de cours à la limite personnellement comme personne, mais vous êtes ministre du réseau de l'Éducation, ce n'est pas votre job. La liberté académique, c'est sérieux. On a voté une loi là-dessus à la demande de la CAQ, à la fin de la dernière législature.

Journaliste : Est-ce qu'il faudrait la renforcer, cette loi-là, vous pensez?

M. Leduc : Bien, je ne sais plus. Il faudrait la respecter.

Une voix : ...

M. Leduc : Bien, c'est ça, cégeps, universités, là. La loi s'appliquait plus aux universités, mais bon, on comprend que l'esprit était là de dire... Parce que là, c'était la réponse soi-disant à la... C'était un peu le début de la guerre aux wokes, là, la Loi de la liberté académique, puis là, c'était la réponse à ça sur les campus, etc. Mais là, elle a fait elle-même un peu la police de ça. C'est un peu... c'est un peu étrange, là. C'est malsain. En tout cas, c'est certainement malsain. Il faut qu'elle arrête de faire ça.

Journaliste : Est-ce qu'elle est woke?

M. Leduc : Est-ce que Mme Déry est woke? Je ne jouerai pas dans ce genre de jeu là aujourd'hui.

Journaliste : Le contexte social dans lequel c'est intervenu, donc les manifestations, par exemple, à McGill, la guerre à Gaza, est-ce que tout ça peut venir un peu justifier intervenir? Elle dit : C'est pour ça. Il y a des élèves qui se sentaient mal étant donné le contexte. Donc, ce n'était pas approprié d'enseigner ce cours-là à ce moment-là.

M. Leduc : Non, mais il y a des directions d'universités, des directions de cégeps, c'est des gens compétents, des gens qui sont là, qui ont des conseils d'administration. C'est leur job de faire ça. Ce n'est pas à la ministre de commencer à microgérer tous les problèmes du Québec, là, dans les écoles, là. C'est un... c'est une drôle de logique, là, très drôle de logique.

Journaliste : Vous devez être content de voir une annonce concernant le train à grande vitesse? C'est ma question.

M. Grandmont : Ah! si on est contents? Je peux répondre.

Journaliste : Avez-vous de quoi à dire?

M. Grandmont : Oui, on est contents. En fait, effectivement, tu sais, on est le seul pays du G7 qui n'a pas de projet... qui n'a pas de projet ou de réseau de trains à grande vitesse. Évidemment, l'axe Québec-Windsor, c'est la moitié de la population du Canada. Je veux dire, comment ça se fait qu'on n'a pas ce genre de projet-là depuis longtemps? Il y a un potentiel immense d'aller chercher une... tu sais, une trentaine de millions de passages par année. C'est vraiment... c'est vraiment immense, là, le potentiel qu'il y a sur cet axe-là.

Maintenant, on est à la neuvième année d'un gouvernement Trudeau, comment ça se fait que ça a pris autant de temps pour faire avancer des projets comme celui-là? C'est hallucinant. Moi, ça me fait penser un petit peu à la ministre Guilbault, là, ça fait six ans, sept ans, et dans sa septième année, la CAQ puis le projet tramway n'ont toujours pas avancé. On a de la misère... En fait, on a de la misère, au Québec et au Canada aussi à faire avancer des projets de transport collectif.

Moi, je questionne le choix du moment où on fait cette annonce-là. Je questionne le fait que ça a pris autant de temps. Donc oui, d'accord, on est contents que ça voie le jour enfin, ce projet-là. En tout cas, que ce soit annoncé, parce que ça n'a pas encore vu le jour. On verra aussi, là. Mais...

Journaliste : Est-ce que c'est politisé comme projet? On est à l'aube d'une élection fédérale.

M. Grandmont : Bien, écoutez, poser la question, c'est y répondre, là, je pense, là. Je veux dire, pourquoi ça sort maintenant à la veille d'une possible élection fédérale? Je trouve ça... C'est toujours décevant de voir que, finalement, on a de la misère à faire avancer les projets de transports collectifs. Pendant ce temps-là, bien, les projets routiers augmentent, continuent à débouler, arrivent, puis on n'avance pas, puis pourtant, on en aurait besoin, hein? Je le rappelle, 43 % de nos émissions de gaz à effet de serre, c'est les transports au Québec. On devrait avoir une ambition beaucoup plus forte, beaucoup plus grande pour être capables de faire atterrir des projets de transport collectif. Les gens ont besoin d'options pour se déplacer, des options qui sont économiques, qui sont écologiques. Comment ça se fait que ça ne débouche pas plus vite? Donc oui, c'est décevant.

Journaliste : Mais Mme Guilbault, au FM93, elle a dit que les opposants de troisième lien étaient fous raides.

M. Grandmont : Oui.

Journaliste : Elle dit que les élus comme vous qui ne défendent pas ce projet-là n'écoutent pas les citoyens de Québec...

M. Grandmont : D'accord.

Journaliste : ...qui, dans une proportion de 75 % à peu près appuient, selon elle, le troisième lien. Donc est-ce que vous représentez bien vos commettants avec votre position?

M. Grandmont : Bon. D'abord, si... je n'ai pas entendu cette citation-là de la ministre Guilbault, mais je vais vous croire sur parole, si elle dit qu'on est fous raides...

Journaliste : ...référence aux élus du fédéral à ce moment-là, là...

M. Grandmont : O.K., O.K.

Journaliste : ...pour être précise, là, mais elle parlait de l'opposition au troisième lien.

M. Grandmont : Puis, écoutez, en question aussi, là, au salon rouge, quand j'ai posé des questions, quand j'ai montré les plans, là, elle avait dit qu'on méprisait les citoyens de la grande région de Québec, ceux qui veulent un troisième lien. Ce n'est pas une question de mépris, puis on n'est pas fous raides de s'opposer au troisième lien.

Ce qu'il faut actuellement, là, c'est offrir des options qui sont diverses aux gens en termes de transport. Ce n'est pas vrai qu'on peut continuer à élargir les routes, ce n'est pas vrai qu'on peut continuer... Les gens n'ont pas beaucoup de destinations. Les lieux de destination au Québec... à Québec ne sont pas nombreux. C'est le centre-ville de Québec, la principale destination, après ça, c'est le secteur Laurier, après ça, c'est le Lebourgneuf. On ne peut pas élargir les routes à l'infini pour s'y rendre. Je veux dire, si vous pensez qu'on est capable d'élargir continuellement les routes, alors qu'on attend 200 000 personnes de plus dans les 25 prochaines années ici, à Québec, je veux dire, ça ne se peut pas. Il va falloir trouver des façons... Il va falloir trouver des façons de déplacer plus de monde dans les infrastructures qu'on a actuellement.

Alors, je me demande vraiment c'est qui qui est déconnecté de la réalité. Est-ce que c'est la ministre Guilbault, qui pense qu'on peut continuer à ajouter des routes, faire de la demande induite puis avoir encore plus de déplacements en automobiles, alors que ça coûte cher en plus aux gens? Ça coûte au moins 10 000 $, 11 000 $ par personne... par voiture que chaque ménage possède. Je veux dire, je me demande qui est le plus déconnecté de la réalité, là.

Si on veut aider les gens à se déplacer à un coût raisonnable dans des moyens de transport qui sont écologiques, il faut oublier le troisième lien puis y offrir des solutions de transport collectif.

Journaliste :      Bien, est-ce qu'à votre avis votre position reflète celle de vos... des personnes qui... en fait, des résidents de Taschereau, par exemple?

M. Grandmont : Moi, les gens de Taschereau, là...

Journaliste : Parce que... vous reprochent, tu sais...

M. Grandmont : Les gens de Taschereau, c'est clair qu'ils ne veulent pas un troisième lien en grande majorité, là. Les sondages l'ont montré. Les gens qui me parlent dans la rue, ce qu'ils me disent, c'est qu'ils sont contents que je m'oppose, puis que Sol Zanetti aussi, dans Jean-Lessage, s'oppose au projet de troisième lien. Ça, c'est très, très clair pour nous autres. Après ça, moi je pense qu'une personne comme Geneviève Guilbault, qui est à la tête du ministère des Transports et de la Mobilité durable, devrait faire preuve de leadership, devrait montrer que la voie à suivre, ce n'est pas celle de l'élargissement d'autoroutes, d'ajout de nouveaux liens. Ça devrait être celui d'aller vers de l'avant avec des projets de transport collectif. Et puis ça devrait être vrai pour Québec, ça devrait être vrai pour Montréal, pour tous les grands centres. Puis offrir des options aussi pour les gens partout, et des gens... et des gens...

Journaliste : ...Taschereau, on comprend que le troisième lien, je ne pense pas bien, bien qu'ils vont l'utiliser, là.

M. Grandmont : Moi j'ai rencontré souvent des... Bon. D'abord, je veux dire, un projet de tramway, ça va aider les gens de la Beauce, comme ça va aider les gens de Saint-Apollinaire puis les gens de Saint-Agapit, pour reprendre les exemples que la ministre Guilbault donnait. Parce que, s'il y a moins de gens qui prennent leur automobile pour se rendre au centre-ville de Québec, qui sont sur le périmètre du transport collectif déployé par le RTC, ça va aider les gens qui viennent de l'extérieur en automobile parce qu'il va y avoir moins de gens sur les routes. C'est la première des choses à dire.

Après ça, ce n'est pas si vrai que ça que les gens en région ne veulent pas de transport collectif. J'ai beaucoup parlé avec des gens de l'extérieur, des maires, des mairesses, des préfets, des préfètes. Parlez aux gens de la Couronne-Nord à Montréal, parlez à des gens qui gèrent des entreprises avec des personnes immigrantes, qui n'ont pas de voiture puis qui ont besoin d'avoir du transport collectif pour amener les gens vers l'usine à tous les matins puis les ramener chez eux le soir, la demande pour le transport collectif, elle est immense partout au Québec. Après ça, il y a une ministre qui ne fait pas sa job de livrer des projets.

Journaliste : ...ça fonctionne mieux que le REM.

M. Grandmont : Il faudrait que ça fonctionne mieux que le REM. Donc, si vous me posez... Voulez-vous me poser une question sur le REM?

Journaliste : Oui. Il vous reste deux minutes.

M. Grandmont : Bien, je peux vous parler du REM, parce que l'exemple qu'on a... Encore hier, j'ai vu la ministre demander à la CDPQ Infra d'avoir... ou en tout cas au gestionnaire du REM d'avoir un système plus fiable. Ça, évidemment, c'était comme la chose de base à faire, là, tu sais, s'assurer que, pendant les tempêtes ou en toutes autres situations, il n'y ait pas de panne qui entrave les déplacements des gens. Mais ça nous ramène aussi au péché originel. L'entente négociée entre le gouvernement du Québec puis la CDPQ Infra, là, c'est une mauvaise entente. Forcer le rabattement de tous les déplacements en transport collectif de la Rive-Sud de Montréal vers le REM pour rentrer sur l'île de Montréal, c'est une mauvaise décision. On aurait dû avoir des options de redondance. On aurait dû maintenir des voies de transport collectif réservées sur le pont Champlain, des quais d'accueil à Montréal pour s'assurer que, les gens, s'il y a une panne dans le REM, ils puissent utiliser un autre moyen. Quand on a... Quand on a un... Quand on a un projet...

Journaliste : ...rentabilité.

M. Grandmont : Oui. Bien, c'est ça, exactement. 8 % de rentabilité donnée à la CDPQ Infra, il fallait que ça aille se chercher d'une façon ou d'une autre.

Journaliste : ...signer cette entente-là...

M. Grandmont : Comment?

Journaliste : C'est le gouvernement précédent qui a signé cette entente-là. C'est quoi les leviers de Mme Guilbault maintenant?

M. Grandmont : Rouvrir l'entente. Qu'elle rouvre l'entente avec la CDPQ, voyons, qu'on enlève cette clause d'exclusivité sur les déplacements entre la Rive-Sud et l'île de Montréal. Ça n'a juste pas de bon sens.

Journaliste : ...vous pensez qu'elle peut faire ça?

M. Grandmont : Bien, qu'elle l'étudie, à tout le moins, là. Je lui demande de le regarder, là, parce que c'est vraiment ça, la solution. Le problème, il est au départ, la signature entre le gouvernement Couillard et la CDPQ Infra. Les libéraux nous ont signé une mauvaise entente qui n'est pas bonne pour les usagers de la Rive-Sud de Montréal. Elle n'est pas bonne. Voilà.

Journaliste : What message does it send, Mr. Leduc, that Minister Boulet is tabling this bill today to limit the length of strikes, of lockouts? What message do you think the Government is sending by doing this?

M. Leduc : It's a bad message. It's an attack on liberties. The right to bargain is a liberty protected by the Québec Charter of Rights, by the Canadian Charter of Rights, by the Supreme Court of Canada, it's very clear that you have the right to bargain, and almost nothing can be... can restrain this access to the right of bargain. It's a civil liberty that Mr. Boulet is attacking this morning. It's a dangerous precedent. He obviously looked at the Federal government and is trying to mimic what they've done. He had a good record, Mr. Boulet, as a minister. He's one of the few Labor ministers to have not voted a law to oblige people to go back to work. Most of the recent history Labor ministers have done one or more of those bills. He never done it. He was proud of that, and I was proud of him, too, for not doing that for six years as he's been Minister of Labor. But now he's doing worse. He's adopting a law that can prevent any kind of conflict by just sending him to the «Tribunal du Travail».

Journaliste : What do you think led him to make this decision?

M. Leduc : It's a good question. I don't know. I know him for six years. I appreciate him. We're not often on the same page on a lot of issues, but I appreciate the guy. I don't understand where it comes from. Is it a vengeance against the strike of the teachers last year? Is it something to prevent the strike coming in the daycare centers, the CPE? Is it a command from Legault? I don't know. It's obviously the same thing they're copy pasting from Federal government, but either things, the federal way to work and the bill Québec is proposing, they're not going to resist Supreme Court judge in a few years, it's just buying five or 10 years of doing so, before the bill goes up to the Supreme Court. He's just shoving the thing to the next minister, to the next government.

Journaliste : But what makes you so confident that it wouldn't get past the court challenge?

M. Leduc : Because the first... The reason we're doing this is because we have done a bill five years ago in 2019 from Mr. Boulet himself to redefine what essential services means, to restrain the criteria of what essential services means, because the Supreme Court had ruled that the criteria were too big. You could define almost any conflict as essential services. So, we redefine it as physical security of persons. If the conflict lockout or strike makes in danger the physical security of persons, then we can apply the essential services law. But now he's just going on the side of it, «contourner»...

Une voix : ...

M. Leduc : ...circumventing it by this bill, sending it to the TAT tribunal, saying :  You deal about that. But with the objective of ending the strike or the lockout.

Journaliste : Mr. Leduc, when the Federal government acted with the powers it has to stop the conflict of the CN or Postes Canada, the population was not against that, because they were not receiving the services they needed and that for just Postes Canada it created a backlog for weeks, and weeks, and weeks. So, I mean, like, why do you say it's a violation if it's also, like, a way to contain the rights of workers and there is no... it doesn't go too far?

M. Leduc : Nobody likes a strike. I was a union advisor for years before becoming a member of this National Assembly. I didn't like strikes. It's complicated, there's a cost stress... a living stress on the... on the strikers, they have less money, they are having problem paying the rent, their mortgage, we don't know how to make the table of bargaining moving. It's complicated. Nobody likes that. The strikers don't like it, the union advisors don't like it, the population don't like it, nobody likes a strike. But it's the only thing that remains... the only tool that remains to the workers to bring some attention of the bosses to the table to bargain. It's the only tool they have.

So, when you have governments trying to restrain this tool, which is a civil liberty, the right to association, the right to bargain, it's a civil liberty we have here in Canada and Québec, ehen you have government trying to circumvent that, it's a danger. And it won't be recognized by the Supreme Court. This is why we have done work on the civil... on the criteria of the essential services in the first place five years ago. We're just replaying the same movie from five years ago again with the complicity of M. Boulet. I don't understand why. He was the minister who redefined the criteria in the first place. What are we doing?

It's kind of a circus where he buys... he buys time, five to 10 years, because it's long to go up to the Supreme Court. And with those years, he wouldn't have this tool to circumvent. He saw that it worked at the federal level for a few years. Because it's not going to be adopted... it's not going to be permitted by the Supreme Court at the federal level as well. They interpreted very, very largely the federal code, the labor code, it's going to be destroyed at the Supreme Court sometime in a few years. But it takes time, so he's just buying some time.

Journaliste : And the more and more we learn from Le Devoir and other stories about Pascale Déry not respecting academic freedom, is there a malaise? Yes, like, does it... Does QS see a malaise with the attitude of Pascale Déry with academic freedom in CEGEPs?

M. Leduc : She's not doing the right thing. She should stop doing that. It's not a respect of the academic liberties. She's done some weird things in the past, with preventing a nomination from someone two years ago, something like that. It's not a good record for Mme Déry. She needs to stop doing that. Everyone is angry. If there's issues in some CEGEPs or universities, there's people there, professionals, «direction générale», who can do the work and have the problems being solved at this level. It's not the job of the minister to start and looking at which courses have which content. It's not her job at all. She needs to stop that right now.

Journaliste : For the high-speed train that's being proposed by the federal Government, you're saying... you're questioning the moment it's being announced. Is it not being done in good faith at this point?

M. Grandmont : It's good news to have an announcement... an announcement on the TGV. We are the only country of the G7 that doesn't have that kind of project. But at the end, I questioned the time. You know, it took nine years to have that kind of project. And it's the same thing in Québec too, seven years of the CAQ and no project of tramway constructed in the streets of Québec City. So, politics is as always as... You know, it's the same at the Québec and federal level. Some people take too much time to deliver some, you know, projects that we surely need, actually, to offer people options to transport themselves and offer them, you know, economic and ecological projects that we need right now. Thank you.

M. Leduc : Bonne journée, tout le monde.

M. Grandmont : Merci.

(Fin à 8 h 50)

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