(Neuf heures deux minutes)
M. Paradis : Bonjour. Alors,
aujourd'hui, je serai présent à l'interpellation du ministre de la Santé du
Québec sur la dégradation et la déshumanisation des soins de santé après sept
ans de gouvernement caquiste.
Bien, en effet, en septembre dernier, on a
reçu un rapport du Protecteur du citoyen, qui lui-même emploie ces mots-là. Il
parle de déshumanisation des services publics. Il parle de rigidité
administrative et d'une affligeante perte de sens. Le Protecteur du citoyen
allume une lumière jaune et constate une déshumanisation des soins et des services
offerts par l'État québécois.
Plusieurs exemples dans le rapport
démontrent que, quand une situation ne rentre pas dans la petite case
administrative, ça ne fonctionne plus. C'est à cause de toutes les couches de
bureaucratie qui ont été ajoutées au cours des sept années de pouvoir du
gouvernement de la CAQ, qui avait pourtant promis le contraire à son arrivée au
pouvoir, beaucoup de contrôles qui ont été ajoutés dans le système. C'est d'ailleurs
dénoncé dans le système de santé lui-même. Les employés, les gens du système à
qui on parle nous disent : Bien, les gestionnaires savent de moins en
moins ce qu'ils font, puis on fait de plus en plus de contrôles.
Il y a eu une réforme qui a été adoptée
sous bâillon, rappelons-nous, avant Noël, il y a un an et demi. Cette
réforme-là n'a pas enlevé de la bureaucratie. Elle a ajouté de la bureaucratie
et des hauts gestionnaires plutôt que de se concentrer sur les soins. Pourtant,
le ministre nous avait bien dit, au moment de l'adoption du bâillon, je le sais
très bien, c'était une des mes premières expériences politiques, ça ne faisait
pas longtemps que j'étais élu : On va livrer des résultats, des soins,
diminution des listes d'attente après Noël, pas le dernier Noël, l'autre avant.
Et pourtant, ce qu'on voit maintenant, c'est que Santé Québec sert de paravent
aux compressions budgétaires qui lui ont été demandées par le gouvernement du
Québec, gouvernement du Québec, gouvernement de la CAQ qui refuse toujours d'être
imputable pour le 1,5 milliard qu'il demande en compressions à Santé Québec.
Nous, au Parti québécois, on valorise la
décentralisation. Notre dernier conseil national était justement sur le thème
de la santé et on proposait cette décentralisation. On se proposait de revenir
à la base, de travailler sur la santé des Québécois, sur la prévention de la
maladie. Et c'est notamment nos propositions qu'on va faire valoir aujourd'hui
en interpellation.
Alors, malheureusement, ce n'est pas ça qu'on
entend aujourd'hui dans le système de santé. On entend dire qu'il y a cette
déshumanisation qui est exacerbée par les coupes actuelles du gouvernement, des
postes d'infirmière, des postes de préposé aux bénéficiaires, des postes d'agent
de sécurité qui sont coupés. Ce sont des postes où on offrait des services
directs à la population. Et, encore une fois, c'est ce qu'on entend dans le
système et c'est ce dont on va parler aujourd'hui. On va remettre la CAQ, le
gouvernement de la CAQ, devant les promesses qui avaient été faites... et qu'ils
ont réitéré à de nombreuses reprises à la population qu'on allait améliorer l'accès
aux soins.
Journaliste : Vous les feriez
où, vous, les compressions, par exemple? Parce qu'il y a quand même un fait, les
établissements, certains font des gros déficits, plus marqués depuis la
pandémie. Il y a peut-être un certain ménage à faire. Donc, vous, vous
attaqueriez à quoi précisément dans le réseau?
M. Paradis : Des gens dans le
réseau, et pas seulement en santé soit dit en passant, partout dans l'État
québécois, nous disent : Il y a eu une accélération et une multiplication
des rapports, des contrôles pour contrôler l'image du gouvernement, puis ce qui
va sortir, puis essayer de contrôler le plus possible l'image. C'est ça qu'il
faut arrêter. Puis ça, ça coûte cher, énormément de temps, ça coûte énormément
d'énergie en ressources précieuses de l'État qui peuvent et qui doivent être
consacrées aux soins à la population.
Journaliste : Avez-vous un
exemple dans le réseau de la santé, précisément, de ces contrôles là de
l'image, là?
M. Paradis : Mais c'est
qu'actuellement il y a beaucoup de médecins qui nous disent qu'ils remplissent
de la paperasse. Il y a beaucoup... je sais que c'est une question qui est
travaillée actuellement à l'Assemblée nationale, il y a beaucoup d'infirmières
qui nous disent qu'elles passent leur temps à faire de la paperasse. Il y a
beaucoup de gestionnaires qui nous disent qu'ils passent leur temps à faire de
la paperasse puis à remplir des formulaires. Et ça, on le dit, c'est la CAQ
s'était présentée sous la posture d'un gouvernement qui allait travailler à une
rationalisation de l'État, c'était leur programme, et c'est l'inverse qui s'est
passé.
Journaliste : Donc,
maintenant, dans le niveau administratif du réseau.
M. Paradis : Oui, absolument.
Se concentrer sur les soins à la population, se concentrer sur les services qui
sont essentiels pour la population à tous
les jours, et c'est ce que le gouvernement avait promis. Le gouvernement avait
promis un médecin de famille pour tout le monde, on est rendu loin de ça. Le
gouvernement avait promis de réduire les listes d'attente, on est loin de ça.
Le gouvernement l'a dit... avait dit qu'il allait s'attaquer à la présence du
privé dans le système de santé, et c'est l'inverse qui s'est produit dans les
dernières années. L'accélération de la courbe de la présence du privé dans le système de santé, c'est à ça qu'on a assisté et
c'est là qu'il faut investir le plus.
Journaliste : Mais réduire
dans l'administratif, est-ce que c'est suffisant pour rattraper le déficit, par
exemple? Parce que c'est la priorité numéro 1 de Santé Québec. Quand on
leur demande où ils veulent couper, c'est d'abord l'administratif. Et là force
est de constater qu'il y a quand même... il y a un manque à gagner qu'ils
doivent combler d'une autre façon. Donc, est-ce que vous avez d'autres options
où vous pourriez couper en santé, vous, au Parti québécois?
M. Paradis : Mais nous, ce
qu'on dit, c'est : Commençons par ces questions-là, administratives, et
cette bureaucratisation, et cette paperasse. Et continuons à nous concentrer
sur les soins. Là, ça fait deux... ça fait depuis la rentrée parlementaire qu'a
tous les jours l'ensemble des partis d'opposition arrive avec des exemples
clairs de situations où ça ne fonctionne pas et où il y a des coupures dans les
soins. Et ça, ça demande de la transparence aussi. Les gens dans le réseau nous
disent aussi... puis moi, je l'ai entendu, là, dans Jean-Talon, des gens qui
s'approchent de moi puis qui me disent : Vous savez, ce qui est dur, c'est
qu'il y a des coupures, puis le gouvernement n'est même pas capable de
l'admettre, n'est même pas capable d'avoir le courage de dire que c'est ça qui
est en train de se passer. Donc, il y a une double frustration : coupures
dans les soins à la population puis impossibilité d'avoir de la transparence
sur ces coupures-là. C'est pour ça que nous, on demande : Quel est le plan
de compressions? Que Santé Québec le divulgue et que le gouvernement du Québec
assume sa responsabilité par rapport aux coupures qui sont demandées.
Journaliste : Il y a des
compressions, mais il y a quand même l'accès aux soins aussi, là, il y a un
projet de loi qui est à l'étude en ce moment, en tout cas, il y a les
consultations, les fédérations de médecins sont venues jaser hier. C'était
quand même assez tendu. Je ne sais pas ce que vous avez pensé un peu de tout
ça, là, en marge de ces négociations aussi avec les fédérations de médecins.
Les médecins sont-tu de mauvaise foi, M. Paradis?
M. Paradis : Bien, en tout
cas, hier, ce qu'on a... ce qu'on a vu, c'est... Bien, la question qui se pose,
c'est qu'il y a un problème, notamment du départ des médecins vers le système
privé, vers le privé et il y a des gens qui viennent dire au ministre :
Bien, ce n'est pas la bonne solution, c'est une mesurette que vous proposez
puis, en plus, elle pourrait avoir l'effet inverse. Puis le gouvernement, le
ministre lui-même a semblé à court de réponses à certains moments pendant les
échanges. Ce gouvernement a fait la promotion du privé pendant de très
nombreuses années. Puis là, aujourd'hui, il arrive avec une solution, elle va
être étudiée en commission parlementaire, mais elle ne semble pas être la bonne
réponse au problème qui est posé.
Journaliste : Mais de prime
abord, vous étiez pour cette solution-là. Est-ce que vous l'êtes encore,
d'obliger ces jeunes médecins-là?
M. Paradis : Bien, là,
actuellement, ce qu'on entend de plusieurs experts puis de plusieurs
intervenants, c'est que la mesure pourrait même avoir l'effet inverse. Donc là,
on va aller en étude. On a entendu des experts, on va aller en étude, mais il y
a des craintes très sérieuses qui sont exprimées actuellement, et il y a
peut-être d'autres solutions. Comment se fait-il que le gouvernement du Québec
continue à payer les soins de santé au privé plus cher qu'au public, alors
qu'ailleurs au Canada ce n'est pas ça qui se passe? C'est sûr que, ça, c'est un
incitatif pour certains de passer au privé.
Journaliste : Donc, vous êtes
en train de changer d'idée?
M. Paradis : On n'est pas en
train de changer d'idée, on dit qu'on est en train de regarder ce qui se passe
dans le projet de loi puis qu'on a bien entendu hier qu'il y a des gens qui
expriment de très sérieuses réserves. On va continuer à l'étudier, puis on
n'est pas en train d'appuyer personne, on est en train de dire qu'il faut bien
se poser la question. Est-ce qu'encore une fois c'est un gouvernement qui, au
lieu de s'attaquer au cœur du problème puis aux véritables solutions sur
lesquelles on devrait travailler, s'attaque à d'autres choses? On est très
attentifs à ça.
Journaliste : M. Arseneau
posait la question hier : Dans la forme du projet de loi en tant que
telle, est-ce que, selon vous, ça va empirer la situation? On répondait que ça
allait faire en sorte que c'était beaucoup moins attractif pour les médecins.
C'est-tu convaincant pour vous ça, comme argumentaire?
M. Paradis : Ce qu'on dit,
nous, c'est que là, cette mesure du cinq ans, de l'obligation de cinq ans, il y
a des très sérieuses réserves qui sont émises et qu'on va être très attentifs à
s'assurer que ça fait partie des bonnes solutions. Puis, pour l'instant, ça
semble être remis en doute de manière très importante. Ce qu'on dit, nous,
c'est qu'il faut travailler sur le secteur public. Ce qu'on veut, c'est que les
médecins restent dans le secteur public, que le secteur public soit toujours
aussi attractif, qu'il soit celui où les jeunes médecins ont le goût, ont le
goût de s'investir, pas qu'ils sont forcés de s'y investir, qui ont le goût de
s'y investir. Donc, travaillons sur le système public, puis travaillons sur les
véritables solutions quant à la présence malheureusement trop croissante du
privé dans le système.
Journaliste : On change un
petit peu de sujet. Qu'est-ce que vous pensez de ce qui se passe avec Denis
Coderre, ce matin, puis sa candidature à la chefferie du Parti libéral?
M. Paradis : Affaires
internes du Parti libéral, on n'a pas grand-chose à dire là-dessus aujourd'hui.
Journaliste : Surpris?
M. Paradis : Bien, la
situation de Denis Coderre, notamment avec Revenu Québec, elle est connue.
Maintenant, quels sont les documents qu'il a fournis ou qu'il n'a pas fournis,
puis comment le Parti libéral du Québec a reçu ça? On ne le sait pas, puis...
et ce n'est pas le style de la maison de se prononcer sur les affaires internes
des autres partis.
Journaliste : Est ce que
c'est pour le parti, ça pourrait quand même faire diversion sur la vraie
course, toute cette affaire-là avec M. Coderre, d'après vous?
M. Paradis : Ah! ça, c'est
beaucoup de matière pour vous, commentateurs de l'actualité politique...
journalistes et commentateurs de l'activité politique, excusez-moi. Mais non,
on ne fera pas de spéculation là-dessus aujourd'hui, affaires internes du Parti
libéral du Québec.
Journaliste : D'ailleurs,
dans le sondage qu'on a vu cette semaine, il y avait un élément intéressant
pour la région de Québec. Je ne sais pas si vous l'avez regardé, sans doute là,
mais le Parti conservateur qui est à 30 %, je pense que vous, vous êtes à
31 ou 33, donc, quand même, talonne dans la région de Québec. Sentez-vous ça
sur le terrain?
M. Paradis : Le sondage...
D'abord, les sondages sont les sondages. On dit toujours la même chose :
Nous, on ne fait pas la politique en fonction des sondages. Tous les matins,
quand on arrive ici puis qu'on se pose des questions, c'est l'intérêt public,
puis on ne regarde pas les sondages pour faire ça. Maintenant, ce sondage-là
démontre aussi une chose, la même depuis plus d'un an maintenant, c'est que le
Parti québécois demeure le parti préféré des Québécois, y compris dans la
région de Québec.
Journaliste : Mais ça ne vous
inquiète pas de voir que, peut-être, le Parti conservateur vous talonne dans la
grande région de Québec?
M. Paradis : Nous, on
continue à faire notre travail, c'est ce que je vous dis. Ce n'est pas les
sondages qui influent la façon dont on fait notre travail, dont on se pose les
questions sur les enjeux qui concernent la Capitale-Nationale. Je me prononce
avec mon cœur, mais surtout avec des positions rigoureuses, analysées
rigoureusement par le Parti pour la Capitale-Nationale, c'est ça qui est
important.
Journaliste : Hier, Marc
Tanguay disait qu'il n'était pas question de laisser le champ libre à Éric
Duhaime dans la circonscription d'Arthabaska lorsqu'il y aura des élections
partielles. De votre côté, vous êtes un peu contraints, dans ce cas-ci, à, je
ne sais pas, moi, à présenter un candidat à ce moment-là.
M. Paradis : Notre intention
est de présenter une candidature de très grande qualité dans Arthabaska.
Journaliste : Merci beaucoup.
(Fin à 9 h 14)