(Neuf heures quarante minutes)
M. Fortin :Bonjour. Merci d'être ici en ce vendredi matin. L'interpellation
qu'on fait ce matin porte sur la déshumanisation et la dégradation des soins
dans le système de santé et de services sociaux au Québec. Et ma collègue, ici,
a plusieurs exemples, notamment en matière de services sociaux, de la
difficulté d'accès et des soins qui sont de moins en moins personnels, de moins
en moins humains, des gens qui se sentent de moins en moins accompagnés dans
leurs besoins. Et ce n'est pas... Je tiens à dire, parce que le ministre nous
le reproche souvent, ce n'est pas une critique envers le personnel. En fait, ce
qu'on rapporte souvent, ce sont des situations qui nous sont amenées par le
personnel pour qu'on les dénonce.
Mais je tiens à dire que l'exemple, il
part d'en haut, hein, dans ces choses-là. Et, hier, j'ai trouvé la réponse de Christian
Dubé à la situation que vivent des patients atteints de cancer particulièrement
déshumanisante pour ces patients-là. On pose des questions à Christian Dubé sur
est-ce que les patients atteints de cancer vont avoir les suivis nécessaires,
pourquoi ils n'ont pas les suivis nécessaires dans le contexte des coupures, et
le ministre prend l'occasion pour parler du syndicat, de politique, de tactique
de communication. C'est l'exemple même de la déshumanisation d'un réseau.
Alors, je lui demande de prendre le leadership sur ces questions-là, de
répondre honnêtement, franchement et avec toute l'humanité nécessaire.
D'autre part, ce matin, on va tenter d'avoir
un portrait clair de ce que le gouvernement de la CAQ demande au réseau de la
santé. Pour nous, en ce moment, il n'y a rien de moins clair. Santé Québec nous
dit qu'il y a des coupures de 1,5 milliard à faire dans le réseau, le
ministre, un jour, semble dire : Bah, sais-tu quoi, peut-être qu'on ne se
rendra pas à 1.5 milliard, on va jeter un peu de lest. Quelques jours plus
tard, ça semble être... ça semble être le contraire, on s'en tient à : Il
faut revenir à l'équilibre budgétaire.
Les P.D.G. des CISSS et des CIUSSS sortent
sur la place publique pour dire qu'ils n'ont aucune idée comment faire. Ils
demandent à Santé Québec ou au ministre de l'aide, une orientation. Et, cette
aide-là, cette orientation-là, elle ne vient pas, elle n'existe pas. Alors, je
crois que le ministre a un devoir, ce matin, d'être clair, tant avec les
patients, avec les contribuables, mais également envers le personnel et les
gestionnaires à qui il demande de faire ces tâches-là.
Je me tourne vers ma collègue pour la
suite.
Mme Prass : Merci. Donc, tel
que mentionné, surtout dans le cas des services sociaux, on voit vraiment...
(Interruption) ...excusez-moi, l'abandon de la part du gouvernement envers les
clientèles les plus vulnérables, les personnes vivant avec des handicaps. Des
programmes comme Soutien aux familles, qui offre du répit à des familles avec
un enfant avec des besoins particuliers, qui a été coupé. Ce n'est plus
attribué par enfant, mais maintenant par domicile. Et nous avons appris d'une
famille de neuf... de neuf enfants à Lanaudière, dont cinq ont un TSA, qui ont
vu leurs chèques réduits de 5 à 1 chèque. C'est vraiment aberrant. En
parlant de la déshumanisation, c'est des parents qui sont sur le bord de l'épuisement,
et que ces fonds-là faisaient en sorte que ça leur donnait un petit peu de
répit pour se recharger, justement, pour bien s'occuper de leurs enfants.
Le chèque-emploi service qui a été coupé,
quand j'ai questionné la ministre responsable des Aînés en décembre à ce
sujet-là, elle a dit que ce n'était pas sa décision. Elle a fait une sortie
publique pour demander à Santé Québec de revenir et rétablir les heures qui ont
été coupées. Et qu'est-ce qui est arrivé? Bien, ils l'ont carrément ignorée.
Donc, on se pose la question : Avec
Santé Québec, et pas Santé et Services sociaux Québec, qui est arrivée, c'est
qui le patron? Parce que clairement, les décisions qui sont en train d'être
prises ne sont pas par les ministres qui sont responsables de ces
programmes-là, mais par Santé Québec, qui ne comprend pas la réalité des
personnes vulnérables.
Donc, nous, ce qu'on veut demander au
gouvernement, c'est de mettre leurs culottes. Quand il y a un programme qu'ils
pensent qui devrait rester, que les personnes devraient recevoir les services,
bien, c'est eux qui sont responsables, à la fin de la journée. Donc, au nom des
services sociaux et toutes personnes qui font... qui font recours à ces
services-là, nous, on va les défendre, parce que, de plus en plus, on voit, de
jour... de semaine en semaine, des différents programmes qui sont en train d'être
coupés. Et c'est... c'est... l'impact de ces coupures va être beaucoup plus
large que l'impact financier.
Journaliste : M. Fortin,
rapidement, sur le projet de loi sur les médecins, hier, quand même, les quatre
fédérations étaient vivement opposées puis ont fait valoir quand même beaucoup
d'arguments. Est-ce que votre position a évolué, vous, de votre côté? Est-ce
que Québec a la bonne cible en ce moment?
M. Fortin :Je vous dirais que c'est... cet enjeu-là, il est beaucoup
moins simple que le ministre de la Santé le prétend. Et on va entendre le reste
des consultations la semaine prochaine avant de se faire une tête sur cet
enjeu-là. Mais, moi, le témoignage qui nous est apparu le plus frappant, ce n'était
pas ceux des médecins, c'étaient ceux de la Coalition santé, qui est un
groupe... qui est un groupe qui est contre la privatisation, qui veut que le
réseau, dans son entièreté, soit public, et qui est venu nous dire :
Faites attention à ce projet de loi là, il risque d'avoir des effets pervers,
des effets négatifs sur le réseau de la santé et sur l'attractivité du réseau
public. Alors, je pense qu'il faut tenir compte de ces commentaires-là. Il faut
se questionner sur est-ce qu'on utilise les bons outils pour arriver à l'objectif
de renforcer le système public.
Journaliste : Mais donc vous
ne savez pas si vous êtes prêts à appuyer le projet de loi dans sa forme
actuelle?
M. Fortin :Bien, à ce moment-ci, en entendant les différents groupes, notamment
la Coalition santé, on se pose de sérieuses questions, à savoir est-ce que le
projet de loi va avoir un effet positif sur l'attractivité du réseau public de
la santé, qu'on doit renforcer, là. Moi, je viens d'une région où il y a
50 % des chirurgies qui se font au privé, où il y a un manque clair de
disponibilité, de temps d'opération dans le réseau public. Alors, s'il y a une
région où il faut absolument renforcer le réseau public, c'est le mien, mais
je... c'est ma région, mais je ne suis pas convaincu, à ce jour, que le projet
de loi fait exactement ça, qu'il aide à renforcer le système public.
Journaliste : Quel effet
pourrait avoir le rejet de la candidature de Denis Coderre sur la course à la
chefferie, vous pensez?
M. Fortin :Quel effet sur la course? Honnêtement, je... ce serait des
spéculations de ma part. Je pense que les membres vont pouvoir vous le dire.
Mais d'une façon ou d'un autre, il y a d'excellents candidats dans la course en
ce moment, là. Moi, j'ai appuyé un candidat, Charles Milliard, mais je suis
capable de reconnaître les aptitudes de Pablo Rodriguez et de Marc Bélanger,
alors que Denis Coderre fasse partie de la course ou non, on a quand même
d'excellents candidats dans cette course-là.
Journaliste : Mais c'est une
bonne nouvelle ou une mauvaise nouvelle?
M. Fortin :Honnêtement, je n'ai pas... je n'ai pas d'opinion
particulière, là, à savoir... en réponse à votre question précise. Le parti a
émis un communiqué. M. Coderre a quelques jours s'il veut... s'il veut
faire appel de la décision. Alors, on va voir pour la suite des choses.
Journaliste : Est-ce que vous
avez peur que ça devienne une espèce de, pardonnez-moi l'anglicisme, de
«sideshow» qui détournerait l'attention de la course à la chefferie?
M. Fortin :Je pense qu'avec les candidats qu'on a et avec les idées
qu'ils vont mettre sur la table au cours des prochains mois, on va avoir une
très bonne course, puis ça va être, d'après moi, le renouveau du Parti libéral,
l'opportunité qui se présente au Parti libéral, les différentes idées, les
valeurs que les candidats vont mettre de l'avant. Moi, je suis convaincu que
c'est là-dessus que les membres vont se concentrer au cours des prochaines
semaines, des prochains mois.
Journaliste : À qui va
profiter, par exemple, si ça se confirme dans le temps, là, mais que
M. Coderre ne soit pas là? Parce qu'il se présentait un peu comme candidat
des régions, voulait se présenter dans Québec, il rejoint peut-être un peu ce
que M. Milliard dit aussi, de par son passé de... à la chambre de... à la
Fédération des chambres de commerce. Pensez-vous que c'est M. Milliard qui
irait chercher peut-être les appuis de M. Coderre?
M. Fortin :Je vais vous le dire bien honnêtement, là, j'ai appris la
nouvelle par vous ce matin, il y a environ deux heures, et je n'ai pas fait une
analyse exhaustive des possibilités de chaque candidat par rapport à cette
nouvelle-là. Alors, je vais laisser ça à vos analystes qui sont bien placés
pour faire tout ce travail-là.
Journaliste : Peut-être, une
dernière question là-dessus, en ce qui me concerne, mais quel crédit vous
donnez à Denis Coderre pour avoir attiré l'attention sur la course à la
chefferie?
M. Fortin :Oui, moi, je l'ai déjà dit, et je suis certain qu'il y a
beaucoup d'autres gens dans le parti, là, qui vous diraient la même chose, mais
Denis Coderre a choisi de se présenter à un moment où il y avait peut-être
moins d'intérêt dans la course. Et c'est quelqu'un qui a une grande notoriété,
alors, très certainement, il a, à ce moment-là, fait parler de la course à la
chefferie du Parti libéral.
Journaliste : Qu'est-ce que
ça disait, le fait qu'il n'a pas d'appui dans le caucus?
M. Fortin :Vous savez, le caucus, c'est 19 membres sur des
milliers de membres, alors c'est... c'est presque symbolique, les appuis du
caucus. Je trouve que c'est important pour un candidat de les avoir, mais
d'avoir les appuis de milliers de membres, c'est pas mal plus important.
Journaliste : Puis,
Mme Prass, est-ce que vous avez poursuivi votre réflexion à savoir si vous
allez appuyer un candidat?
Mme Prass : Oui, je continue
de pousser ma réflexion. Comme mon collègue l'a dit, il y a plusieurs... que
les candidats ont des passés intéressants et ils amènent tous une expérience
intéressante. Moi, je continue à sonder mes concitoyens et mes communautés et
je ferai une décision... je prendrai une décision quand j'aurai fait le tour,
disons.
Journaliste : Parfait. Merci.
M. Fortin : Merci.
(Fin à 9 h 49)