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Point de presse de M. Alexandre Leduc, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de travail

Version finale

Le mercredi 5 février 2025, 8 h 40

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Huit heures quarante-six minutes

M. Leduc : Bonjour, tout le monde. J'espère que vous allez bien ce matin. Je viens vous parler de deux problèmes dans la vision de M. Legault pour la suite des choses d'un point de vue économique, dans cette réalité posttarifs qu'on... qu'on vit depuis quelques jours. La première, c'est que j'ai été impressionné par un communiqué d'Unifor, qui était dans les gradins, notamment, pendant le débat de fin... d'urgence, qui déplorait que la CAQ traite les travailleurs un peu comme des pions, hein? Il a dit, M. Legault, si votre usine ferme ou si vous perdez votre emploi, bien, vous irez construire des barrages, vous irez dans la construction. Alors, ils présentent les travailleurs comme des pions qu'on pourrait déplacer aux aléas d'une partie d'échec économique qu'on joue avec les Américains, mais les travailleurs et travailleuses du Québec, ils veulent garder leur job dans leur village, dans leur région, dans leur usine, ils ne veulent pas se faire envoyer dans le Grand Nord puis aller construire des barrages. S'il y en a qui veulent y aller, tant mieux, puis c'est certain qu'il y aura du travail pour eux, mais on ne peut pas les présenter puis les traiter comme si c'étaient des pions qu'on déplaçait sur un échiquier de manière aussi frivole.

L'autre problème a de la vision de M. Legault, c'est qu'on ne sent pas sa préoccupation d'aller consulter la société civile. Là, on l'a vu, il a travaillé avec les gros bonnets, des banques, des grandes industries, mais hier, il a battu une motion qui lui demandait tout simplement de rencontrer également les partenaires syndicaux, les partenaires de la société civile, des mouvements environnementaux aussi. Ils sont l'économie du Québec aussi, les travailleurs et travailleuses. Et, pour l'instant, c'est silence radio du côté du premier ministre. Ce serait assez important merci qu'il les concerne... parce que ceux qui ont fait qu'on soit dépendant, là, de l'économie américaine, ce n'est pas les travailleurs, travailleuses du Québec, c'est l'élite économique québécoise, c'est les gros bonnets. Alors, si on consulte les mêmes personnes qui nous ont mis dans ce pétrin-là, on risque de ne pas trouver des solutions particulièrement pertinentes, alors que, si on élargit nos horizons puis qu'on va consulter les personnes qui ont envie de travailler, qui ont des idées aussi, qui ont une pensée politique, qui sont des travailleurs, travailleuses, bien, peut-être qu'on aura un peu plus de matière pour réfléchir. Alors, c'est l'invitation qu'on fait à M. Legault. Il a battu la motion, mais il n'est jamais trop tard pour prendre le téléphone et appeler les mouvements sociaux pour aller se nourrir de réflexion. Merci.

Journaliste : On voit un sondage, ce matin, les trois quarts des Québécois disent que les Américains ne sont plus des alliés. Ils vont bannir des produits. Ils vont acheter plus québécois. Est-ce que vous croyez que c'est un mouvement éphémère ou ça peut perdurer dans le temps?

M. Leduc : Bien, on a eu un mouvement un peu comme ça pendant la pandémie, qui avait ralenti un peu par la suite. J'espère et je souhaite qu'il reste. Et, pour ça, il va falloir que le gouvernement mette des incitatifs. Il va falloir que gouvernement réfléchisse à encourager l'économie québécoise. Il va falloir que les supermarchés identifient encore mieux les produits québécois. Je sais que c'est déjà un peu le cas, quand je fais mon épicerie, je vois, de temps en temps, une fleur de lys produit au Québec. Mais tant mieux si les Québécois se renseignent davantage aussi. Je vois toutes sortes de pages... Il faut faire attention aussi, il y a toutes sortes d'autres sortes d'informations qui circulent sur qu'est-ce qui est produit au Québec ou pas. Mais plus d'informations sur... à l'épicerie, notamment, c'est toujours une bonne idée.

Journaliste : Quand M. Legault a dit, hier : Oui, il faut faire mal aux Américains, mais il ne faut pas se faire mal, parce que, comme nos économies sont entrelacées, il y a beaucoup de produits qui se promènent. Il y a des compagnies américaines qui produisent ici, puis ça risque de faire mal aux travailleurs québécois aussi.

M. Leduc : Bien, c'est sûr que si la compagnie produit ici, ça demeure, en partie, un produit québécois. Si c'est fait avec des produits québécois, ça encourage des jobs québécoises. Il va falloir avoir une analyse presque chirurgicale sur l'ensemble des produits qu'on consomme pour être certain de faire le bon choix.

Journaliste : Est-ce qu'il y a un produit américain auquel vous avez renoncé depuis quelques jours?

M. Leduc : Est-ce qu'il y a un produit américain auquel j'ai renoncé il y a quelques jours...

Journaliste : ...des plateformes, par exemple.

M. Leduc : Bien sûr que je suis abonné à des plateformes. Je n'ai pas... Moi, quand je vais à l'épicerie, je me fais toujours un devoir d'acheter le plus possible les fruits et légumes qui sont faits au Québec. Je regarde, en ce moment, les sites qui produisent des analyses de comparatifs. Si vous voulez arrêter de consommer ci, sachez qu'il existe cela. Je n'ai pas fait un inventaire précis de ma consommation.

Journaliste : Vous êtes abonné à des plateformes, donc, avez-vous mis fin à certains abonnements?

M. Leduc : Bien, j'y réfléchis en ce moment. Je cherche la façon d'expliquer à ma fille pourquoi elle ne pourra plus écouter Pokemon sur Netflix. Si vous avez des idées, je serais preneur, mais c'est le genre de choses qu'il va falloir regarder.

Journaliste : Ce n'est pas japonais, ça, Pokemon? Ah! sur Netflix.

M. Leduc : Sur Netflix. Exact.

Journaliste : Est-ce que, M. Leduc, on doit ravoir un débat de société sur la construction de pipeline? Puisque toutes les lignes sont pas mal nord-sud, est-ce qu'on doit avoir la discussion sur mieux faire voyager notre énergie, notre ressource au sein du pays? Je pense à GNL Québec.

M. Leduc : Oui. Dans la revue de presse, ce matin, il y avait un article intéressant, d'ailleurs, je pense, c'était, dans La Presse, sur le rapport d'experts qui disait qu'on ne sera pas capable d'atteindre la limitation de la hausse de la température à deux degrés, comme était l'objectif de l'Accord de Paris. C'est un échec, nous n'y arriverons pas. C'est extrêmement inquiétant. Une des raisons pour laquelle on n'y arrivera pas, c'est les hydrocarbures. Alors, si on est sérieux dans la transition énergétique, si on est sérieux dans l'atteinte de la carboneutralité en 2050, on ne peut pas continuer à investir des millions, des milliards de dollars pour faire des nouveaux débouchés à l'industrie des hydrocarbures. Il faut se sevrer des hydrocarbures. C'est dans le sens inverse qu'il faut aller. Alors, non, merci, GNL Québec.

On a déposé une motion, la semaine dernière, qui a malheureusement été battue par la CAQ, c'est inquiétant. J'espère que c'est clair, dans l'esprit de M. Legault, que GNL Québec, c'est : Non, merci. 

Journaliste : Est-ce que vous pensez que le message était bien passé, qu'il n'y avait pas d'acceptabilité sociale pour ce genre de projet ou est-ce que vous vous dites que le gouvernement a battu la mesure en question? Est-ce que...

M. Leduc : Bien, il faudrait leur poser la question. Moi, je n'ai pas eu d'explication de pourquoi ils ont battu notre motion la semaine dernière. Il faudrait leur poser la question pour qu'ils s'expliquent. Je n'ai aucune idée. Est-ce qu'ils sont sérieux, la CAQ? On a bien compris qu'il y a des partis fédéraux qui veulent rouvrir ça. Mais, au niveau du Québec, je n'ai pas eu d'explication claire de pourquoi la CAQ a battu ça.

Journaliste : Une dernière sur les compressions de l'Office de la langue française, là, 56 000 $ pour annuler un gala puis le faire aux deux ans. Qu'est-ce que ça vous dit sur tout ça?

M. Leduc : Bien, c'est une autre confirmation qu'on est dans une période d'austérité. C'est une économie de bouts de chandelles qui n'a pas rapport. Si on est sérieux dans notre ambition de faire de langue française la langue commune, de la faire rayonner, de la faire briller, il faut mettre un peu de ressources dans le mix, comme on dit en bon français, comme les jeunes disent. C'est une mauvaise décision, il faut qu'ils reviennent en arrière.

Journaliste : Juste en terminant, peut-être, sur GNL, craignez-vous que ça revienne, ce débat-là? Parce que là vous parlez d'environnement, puis on comprend la position, quand même, de Québec solidaire sur la situation. Mais là c'est Mélanie Joly qui avance ça hier. Pierre Poilievre est en faveur. La course à la direction, là, au Parti libéral, il y a des membres qui avancent ça, ça jase au sein des membres. Pensez-vous... et craignez-vous que ça revienne?

M. Leduc : Bien sûr que je crains que ça revient. Bien sûr. C'est pour ça qu'on a fait une motion la semaine dernière pour essayer de verrouiller ça. Puis j'ai été surpris que la CAQ refuse la motion. S'ils ont changé d'idée, la CAQ, depuis la semaine dernière, qu'ils nous le disent, on va redéposer la même motion demain matin, puis on va la faire adopter. Je vous entendais discuter tantôt avec le Parti libéral sur le fédéralisme souverainisme. Est-ce que le débat, avec les tarifs puis Trump, ça ressoude un peu, là, l'esprit national canadien? Puis est-ce que ça fait perdre des plumes à la souveraineté? Laissez-moi vous dire que, quand ils vont nous mettre le pipeline GNL Québec dans la gorge, parce que soi-disant l'intérêt canadien veut que le pétrole, puis les hydrocarbures et, puis gaz de l'Alberta traversent icitte pour aller en Europe, bien là, le fédéralisme canadien va être pas mal moins intéressant. Ça fait que moi, j'ai plutôt l'impression inverse, que cette bataille-là avec les tarifs, va peut-être refaire sortir justement une ambition québécoise d'être autonome dans ses décisions, notamment d'un point de vue énergétique.

Journaliste : ...juste une petite dernière... une petite dernière. Puisque vous parliez, tout à l'heure, de la main tendue du premier ministre, puis vous sollicitiez des rencontres avec les groupes sociaux, la société civile, il y a des chefs de partis d'opposition qui ont demandé des rencontres avec le premier ministre, qui demandent à être eux aussi consultés, puisqu'il y a une main tendue. Est-ce que vous, votre chef parlementaire va aussi solliciter une rencontre ou attend des nouvelles du...

M. Leduc : À ma connaissance, puis il faudra vérifier... je n'ai pas les informations de dernière minute, mais, à ma connaissance, on n'a pas reçu d'appel ou de demande de rencontre de la part de M. Legault. À savoir si nous, on en a fait une, je ne suis pas certain. On peut vous revenir, mais on n'a pas reçu, à ma connaissance, de demande, de M. Legault, de rencontre.

Journaliste : Rapidement, parce que je ne me souviens plus vous avoir entendu là-dessus, le... si le gouvernement consulte bel et bien les groupes sociaux, les syndicats, avez-vous l'impression qu'il va quand même continuer à proposer d'envoyer des travailleurs sur les barrages?

M. Leduc : Bien, après ça, c'est comme les projets de loi, on consulte, on écoute, on n'est pas obligé d'être d'accord avec la personne qu'on consulte, mais au moins on a eu l'occasion de discuter avec eux. Je suis convaincu que, dans ces discussions-là, s'il les avait avec les milieux syndicaux, milieux des travailleurs, il se le ferait dire que ce que les travailleurs veulent, ce n'est pas de se faire envoyer construire des barrages, c'est de travailler dans leur usine respective, dans leur région respective. Ça fait qu'il faut qu'il entende ce message-là directement de leur bouche.

Journaliste : The Quebeckers may say : Well, the context is so exceptional and we're so under pressure that it's normal to re-explore GNL Québec as the Minister Mélanie Joly is doing. But basically, you have some... you're raising some red flags. Why?

M. Leduc : The climate change doesn't care who's president of the United States right now. Climate change is real. We won't be able to maintain the rise of temperature between two degrees, as the Paris Accord was taking as an objective, it's a failure. We're not going to be able to do that. We're going towards bad times with the climate change fight. So, the GNL Québec project is a bad project as itself in that regard. It doesn't care if now Trump is in office, if we need to have other policies regarding the exportation of gas and oil, climate change don't... don't care about that. So, it's a bad... it was a bad project. It is a bad project. It's going to be a bad project.

Journaliste : And workers, when Mr. Legault said, at question period, after his ministerial statement, that in the manufacturing sector, the workers who will lose their jobs, can just go up north and work for Hydro-Québec, for example. Like, is it too simple or simplistic?

M. Leduc : Of course, maybe some of the workers will be able and will want to do that. And that's... that's cool, that's nice, but not all workers can do that. Some people prefer having time with their families, with their neighborhood, they want to stay in their region, in their small town. It can't be an all-wide solution for all workers who are going to lose their job, just go construct Hydro-Québec projects in the North. That's not an... It's a too much easy answer for the real problem that we are having right now.

Journaliste : Yesterday, your co-spokesperson called for a boycott on US products. Do you think there's a danger of that going too far? A lot of parties are saying : No, we want to buy local. Obviously, that's a big tenant here, but calling for a boycott of U.S. products is a different beast. Do you think there's dangers in that?

M. Leduc : Well, we need to start by boycotting Amazon for the reasons we knew last week with the closure of seven plants here, in Montreal... area. Calling for an Amazon boycott from the Government, from the public institutes, hospitals, schools, etc... all the institutions from the state of Québec should stop buying from Amazon. The Government should stop buying Amazon Cloud storage.

Journaliste : But this was on U.S. products.

M. Leduc : I know, but we need to start and focus on Amazon. So that's a very clear thing. Now, boycotting versus buying more Quebeckers, it's a bit the same refrain. So, yes, buying more Québécois products.

Journaliste : But there is a distinction there, between encouraging buying local and boycotting the US products. I mean, do you think there's a danger of going too far down that road?

M. Leduc : We'll see. I don't see big danger right now. If by boycotting more, we're buying more Québécois, it's the... it's the same result.

Journaliste : OK. But, I mean, this is... this is entering the realm of policy now. right, because calling for a boycott is something different than saying we should be buying local.

M. Leduc : I understand the nuance. I think the ending... the end game is pretty much the same. If you're boycotting American products, you're, de facto, buying more québécois products. It's a bit of the more... the same soup, if you want.

Journaliste : Thank you. Merci.

M. Leduc : Merci beaucoup. Bonne journée.

(Fin à 8 h 58)

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