(Treize heures quarante-neuf minutes)
M. Legault : Bien, bonjour,
tout le monde. J'ai procédé ce matin à un ajustement de notre Conseil des
ministres.
D'abord, Simon Jolin-Barrette va
maintenant être responsable des relations canadiennes. Un des objectifs qui est
visé, on ne s'en cachera pas, c'est que Simon va préparer un projet de
Constitution québécoise. Et puis le secrétariat aux relations... le SQRC, le
Secrétariat du Québec aux relations canadiennes, bien, a une expertise
évidemment pour aider Simon à préparer ce projet de Constitution québécoise.
Par contre, j'insiste pour dire que Jean-François Roberge va continuer d'être
responsable de l'immigration, de la langue et de la laïcité. Et d'ailleurs, il
va déposer jeudi un projet de loi sur l'intégration. Donc, ensemble, Simon et
Jean-François vont continuer de protéger notre langue, protéger nos valeurs,
incluant la laïcité.
J'ai aussi demandé à Sonia Bélanger de
devenir ministre responsable des Laurentides. Donc elle va, en plus de son
comté, couvrir toutes les Laurentides, une belle région.
Peut-être juste vous dire, je vais à la
période de questions demain, mais demain après-midi et jeudi, je serai au Saguenay-Lac-Saint-Jean
et sur la Côte-Nord. Un de mes objectifs, c'est vraiment de rencontrer des
intervenants pour discuter des impacts possibles des tarifs de M. Trump, si ces
tarifs sont mis en place. C'est important de bien comprendre l'impact pour l'économie
de nos régions. Il faut comprendre, là, que déjà, il y a un impact sur l'économie.
Parce qu'il n'y a rien de pire en affaires que l'incertitude. Puis le fait que
des entreprises voient la possibilité de tarifs sur l'exportation de leurs
produits, bien, ça retarde des investissements des entreprises. Puis c'est vrai
dans tout le Canada, je parle à mes collègues des autres provinces, donc on vit
tous cette situation-là.
Je le répète, notre priorité, notre
premier choix, c'est vraiment de négocier une entente avec M. Trump. On pense
vraiment que le Québec, le Canada et les États-Unis seraient mieux avec le
libre-échange qu'on vit actuellement. Si on prend par exemple, je vous donne un
secteur, l'aéronautique, bien, les pièces en aéronautique, même une entreprise
américaine comme Pratt et Whitney, qui a beaucoup d'expertise à Longueuil, les
pièces d'avion se promènent plusieurs fois d'un côté et de l'autre de la
frontière. Donc, vraiment, ce serait mauvais et pour le Québec, le Canada et
pour les États-Unis si on commençait à mettre des tarifs puis à commencer une
guerre commerciale.
Par contre, on continue de travailler très
fort, entre autres avec Christine Fréchette, pour se préparer à la possibilité
de tarifs. Ce n'est vraiment pas clair. Certains parlent du 1er février,
d'autres parlent... ça, c'est en fin de semaine, d'autres parlent du
1er avril. Donc, on veut vraiment avoir tout en place pour protéger les
entreprises qui seraient affectées, les Québécois aussi qui seraient affectés. Donc,
on prépare des programmes pour être capables de protéger les Québécois.
On prépare aussi un plan de riposte. J'ai
cet après-midi une rencontre du Conseil de la fédération avec mes collègues
premiers ministres des autres provinces, puis on a une rencontre demain, comme
à tous les mercredis, avec le premier ministre du Canada puis les premiers
ministres des provinces pour se préparer à un plan, un plan que moi, je
souhaite utiliser seulement et seulement s'il y a des tarifs qui sont mis en
place par M. Trump.
Puis, bien, je veux être clair sur une
chose, là. Moi, dans ces discussions-là avec le reste du Canada, je vais
toujours d'abord protéger les intérêts des Québécois. Mais on est beaucoup plus
forts pour faire une riposte aux États-Unis ensemble, tout le Canada, que
seulement le Québec de faire cavalier seul. Je répète aussi que, si et
seulement s'il y a des tarifs mis en place par M. Trump... Moi, je souhaite
qu'on n'exclue rien. J'ai lancé, la semaine dernière, l'idée d'avoir une
contrepartie au Buy America, Buy American. J'ai vu que certaines personnes,
dont le président de la Banque Nationale, est d'accord avec ça. Bon. Ça pose
certains enjeux. On sait qu'on a une entente avec l'Europe qui limite à
25 % les exigences qu'on peut faire de contenu canadien. Par contre, on
peut très bien mettre en place des pénalités pour les entreprises américaines
qui voudraient soumissionner dans certains contrats. Puis c'est vrai pour le
gouvernement fédéral puis c'est vrai pour le gouvernement du Québec. Je pense
entre autres à toutes les technologies de l'information, je pense à ce qui est
arrivé chez Amazon. Donc, je pense qu'il ne faut rien exclure. Mais, encore une
fois, je veux être très clair, notre premier choix, c'est de faire une entente
puis de travailler avec les États-Unis dans l'avenir.
L'autre chose qu'on regarde de très
proche, évidemment, M. Trump annonce toutes sortes de mesures concernant les
immigrants, les demandeurs d'asile, il faut être certain qu'on ne se retrouve
pas à ajouter aux problèmes qu'on a déjà au Québec. Ça fait que je le rappelle.
Et puis on va continuer, Simon et Jean-François, à discuter avec le
gouvernement fédéral. En deux ans, on est passés de 300 000 à
600 000 immigrants temporaires. Ça dépasse de beaucoup notre capacité
d'accueil, notre capacité d'intégration. Donc, il ne faudrait pas ajouter à ce
problème avec certaines décisions de M. Trump.
Journaliste : ...sur
l'identité, M. Legault. Vous avez passé le trois quarts de votre point de
presse à parler de M. Trump. Est-ce que Trump va avaler la lumière, puis, tous
vos dossiers identitaires, on n'en parlera presque pas?
M. Legault : Bien, je pense
que je l'ai souvent dit, j'ai deux grandes priorités, l'économie puis,
évidemment, il y a des inquiétudes suite aux menaces de M. Trump. Mais je ne
veux pas délaisser mon autre grande priorité qui est de protéger notre langue,
nos valeurs, notre identité. Donc, je pense qu'on est capable de travailler sur
les deux priorités.
Journaliste : ...Mme
Fréchette a maintenu le feu, tout à l'heure, sur les tarifs d'hydroélectricité
concernant les industries. Elle a dit qu'elle voulait voir en premier s'il y
allait avoir des tarifs américains. Donc, est-ce qu'on pourrait revoir ces
tarifs, la hausse des tarifs dans le secteur de l'industrie?
M. Legault : Non. Non. Le
choix qu'on fait au Québec, c'est de protéger d'abord les Québécois sur les
tarifs résidentiels. Donc, je le répète, tant que je serai premier ministre, il
n'y aura pas d'augmentation de tarifs résidentiels de plus que 3 %. Ça
veut dire quoi, ça? Ça veut dire en pratique qu'on utilise les capacités qui
ont coûté moins cher à Hydro-Québec pour les individus, pour le résidentiel. Ça
veut dire que la partie qui a coûté plus cher, qui coûtera plus cher, bien, ça
demande des augmentations de tarifs entre 4 % et 5 % pour les
entreprises. Mais ce qui est important de dire, là, c'est que, même avec des
augmentations de tarifs de 4 %, 5 % du côté des entreprises, on va
rester beaucoup plus bas que les tarifs qui sont offerts par les autres États
en Amérique du Nord.
Journaliste : ...vous dites
que peu importe ce qui va arriver avec les... des tarifs douaniers, le contexte
économique qui pourrait changer, cette position-là ne changera pas?
M. Legault : Bien, écoutez, d'abord,
il n'y a rien à voir, là, entre le 4 %, 5 % d'augmentation des
tarifs, puis l'électricité, puis le 25 % d'augmentation des prix des
produits expédiés du Canada aux États-Unis. Mais ce qui est clair, puis on ne
changera pas d'idée là-dessus, c'est que nous, on privilégie de protéger les
tarifs résidentiels avec une augmentation de 3 %. Donc, quand les
oppositions ou certaines associations nous disent qu'ils préféreraient avoir la
même augmentation pour tout le monde, bien, moi, je suis en désaccord avec ça.
Nous, ça va être 3 % pour le résidentiel, puis 4 % à 5 % pour
les entreprises.
Journaliste : ...des
programmes d'aide, puis... des représailles, c'est pour samedi, là.
M. Legault : Bien, écoutez,
ce n'est pas toujours clair, les choses de M. Trump. Quand on l'écoute, il nous
parle du 1ᵉʳ février. Quand on le lit, on nous parle du 1ᵉʳ avril,
donc, mais il faut être prêt pour samedi.
Journaliste : ...doit
s'attendre à ce que le fameux projet de Constitution soit déposé...
La Modératrice : On va passer
en anglais, s'il vous plaît.
Journaliste : ...M.
Jolin-Barrette, peut-être rapidement, quand est-ce qu'on...
La Modératrice : En anglais,
s'il vous plaît.
Journaliste :
...how can you have the energy and the
resources to work on a constitution. Do you think that's the priority right now
as you're facing...
M. Legault :
I think that Simon and Jean-François,
they have a lot of energy. So, I don't worry about their energy. And, regarding
my energy, I think I can do both. I can concentrate on the economy, like I did
since the last six years. I remember you that, for the last six years, we had
better results than the rest of Canada. So, we will continue doing so. But,
like we did in the last six years, we tabled a bill 21, 96, we'll continue to
protect our language and our values.
Journaliste :
You're saying you're seeing already
signs of uncertainty in the economy. What... Can you elaborate? What is the
impact already? We're not even at the tariff stage. In advance, you're seeing
the impact.
Journaliste :
But we see that... I met, for example,
this week, with the president of Investment Québec. And I always look at the
projects that are in the... what I call the pipeline, not the other pipeline,
but the pipeline of new projects. And there's not as many projects as we used
to have, because some companies, they say : I will wait first to see if
there are some tariffs before deciding if I will invest in Québec. And, when I
talk to premiers of other provinces, they see the same situation. So, that's...
that's why I would like to see the renegotiation of the USMCA as soon as
possible, because there is a revision that is forecast for next year. And,
until we have this renegotiation, there will be some uncertainty. And I have
seen that, when I was in business, uncertainty is as worst as bad news.
Journaliste :
...Donald Trump's decisions on
immigration won't end up adding to the problem here, in Québec. What exactly
are you worried about? You were saying that Donald Trump's decisions about
immigration... you want to make sure it doesn't add to our problem here. Are
you worried about asylum... more asylum seekers coming from the US?
M. Legault :
Of course. Of course. We see that Mr.
Trump is very tough, so we already have a problem with the 600,000 temporary
immigrants. So, I wouldn't want to add to have this problem. Merci, tout le
monde. Bonne journée.
(Fin à 14 h 01)