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Point de presse de M. François Legault, premier ministre, M. Simon Jolin-Barrette, ministre de la Justice, M. Jean-François Roberge, ministre de la Langue française, et Mme Sonia Bélanger, ministre responsable des Aînés

Version finale

Le mardi 28 janvier 2025, 13 h 48

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures quarante-neuf minutes)

M. Legault : Bien, bonjour, tout le monde. J'ai procédé ce matin à un ajustement de notre Conseil des ministres.

D'abord, Simon Jolin-Barrette va maintenant être responsable des relations canadiennes. Un des objectifs qui est visé, on ne s'en cachera pas, c'est que Simon va préparer un projet de Constitution québécoise. Et puis le secrétariat aux relations... le SQRC, le Secrétariat du Québec aux relations canadiennes, bien, a une expertise évidemment pour aider Simon à préparer ce projet de Constitution québécoise. Par contre, j'insiste pour dire que Jean-François Roberge va continuer d'être responsable de l'immigration, de la langue et de la laïcité. Et d'ailleurs, il va déposer jeudi un projet de loi sur l'intégration. Donc, ensemble, Simon et Jean-François vont continuer de protéger notre langue, protéger nos valeurs, incluant la laïcité.

J'ai aussi demandé à Sonia Bélanger de devenir ministre responsable des Laurentides. Donc elle va, en plus de son comté, couvrir toutes les Laurentides, une belle région.

Peut-être juste vous dire, je vais à la période de questions demain, mais demain après-midi et jeudi, je serai au Saguenay-Lac-Saint-Jean et sur la Côte-Nord. Un de mes objectifs, c'est vraiment de rencontrer des intervenants pour discuter des impacts possibles des tarifs de M. Trump, si ces tarifs sont mis en place. C'est important de bien comprendre l'impact pour l'économie de nos régions. Il faut comprendre, là, que déjà, il y a un impact sur l'économie. Parce qu'il n'y a rien de pire en affaires que l'incertitude. Puis le fait que des entreprises voient la possibilité de tarifs sur l'exportation de leurs produits, bien, ça retarde des investissements des entreprises. Puis c'est vrai dans tout le Canada, je parle à mes collègues des autres provinces, donc on vit tous cette situation-là.

Je le répète, notre priorité, notre premier choix, c'est vraiment de négocier une entente avec M. Trump. On pense vraiment que le Québec, le Canada et les États-Unis seraient mieux avec le libre-échange qu'on vit actuellement. Si on prend par exemple, je vous donne un secteur, l'aéronautique, bien, les pièces en aéronautique, même une entreprise américaine comme Pratt et Whitney, qui a beaucoup d'expertise à Longueuil, les pièces d'avion se promènent plusieurs fois d'un côté et de l'autre de la frontière. Donc, vraiment, ce serait mauvais et pour le Québec, le Canada et pour les États-Unis si on commençait à mettre des tarifs puis à commencer une guerre commerciale.

Par contre, on continue de travailler très fort, entre autres avec Christine Fréchette, pour se préparer à la possibilité de tarifs. Ce n'est vraiment pas clair. Certains parlent du 1er février, d'autres parlent... ça, c'est en fin de semaine, d'autres parlent du 1er avril. Donc, on veut vraiment avoir tout en place pour protéger les entreprises qui seraient affectées, les Québécois aussi qui seraient affectés. Donc, on prépare des programmes pour être capables de protéger les Québécois.

On prépare aussi un plan de riposte. J'ai cet après-midi une rencontre du Conseil de la fédération avec mes collègues premiers ministres des autres provinces, puis on a une rencontre demain, comme à tous les mercredis, avec le premier ministre du Canada puis les premiers ministres des provinces pour se préparer à un plan, un plan que moi, je souhaite utiliser seulement et seulement s'il y a des tarifs qui sont mis en place par M. Trump.

Puis, bien, je veux être clair sur une chose, là. Moi, dans ces discussions-là avec le reste du Canada, je vais toujours d'abord protéger les intérêts des Québécois. Mais on est beaucoup plus forts pour faire une riposte aux États-Unis ensemble, tout le Canada, que seulement le Québec de faire cavalier seul. Je répète aussi que, si et seulement s'il y a des tarifs mis en place par M. Trump... Moi, je souhaite qu'on n'exclue rien. J'ai lancé, la semaine dernière, l'idée d'avoir une contrepartie au Buy America, Buy American. J'ai vu que certaines personnes, dont le président de la Banque Nationale, est d'accord avec ça. Bon. Ça pose certains enjeux. On sait qu'on a une entente avec l'Europe qui limite à 25 % les exigences qu'on peut faire de contenu canadien. Par contre, on peut très bien mettre en place des pénalités pour les entreprises américaines qui voudraient soumissionner dans certains contrats. Puis c'est vrai pour le gouvernement fédéral puis c'est vrai pour le gouvernement du Québec. Je pense entre autres à toutes les technologies de l'information, je pense à ce qui est arrivé chez Amazon. Donc, je pense qu'il ne faut rien exclure. Mais, encore une fois, je veux être très clair, notre premier choix, c'est de faire une entente puis de travailler avec les États-Unis dans l'avenir.

L'autre chose qu'on regarde de très proche, évidemment, M. Trump annonce toutes sortes de mesures concernant les immigrants, les demandeurs d'asile, il faut être certain qu'on ne se retrouve pas à ajouter aux problèmes qu'on a déjà au Québec. Ça fait que je le rappelle. Et puis on va continuer, Simon et Jean-François, à discuter avec le gouvernement fédéral. En deux ans, on est passés de 300 000 à 600 000 immigrants temporaires. Ça dépasse de beaucoup notre capacité d'accueil, notre capacité d'intégration. Donc, il ne faudrait pas ajouter à ce problème avec certaines décisions de M. Trump.

Journaliste : ...sur l'identité, M. Legault. Vous avez passé le trois quarts de votre point de presse à parler de M. Trump. Est-ce que Trump va avaler la lumière, puis, tous vos dossiers identitaires, on n'en parlera presque pas?

M. Legault : Bien, je pense que je l'ai souvent dit, j'ai deux grandes priorités, l'économie puis, évidemment, il y a des inquiétudes suite aux menaces de M. Trump. Mais je ne veux pas délaisser mon autre grande priorité qui est de protéger notre langue, nos valeurs, notre identité. Donc, je pense qu'on est capable de travailler sur les deux priorités.

Journaliste : ...Mme Fréchette a maintenu le feu, tout à l'heure, sur les tarifs d'hydroélectricité concernant les industries. Elle a dit qu'elle voulait voir en premier s'il y allait avoir des tarifs américains. Donc, est-ce qu'on pourrait revoir ces tarifs, la hausse des tarifs dans le secteur de l'industrie?

M. Legault : Non. Non. Le choix qu'on fait au Québec, c'est de protéger d'abord les Québécois sur les tarifs résidentiels. Donc, je le répète, tant que je serai premier ministre, il n'y aura pas d'augmentation de tarifs résidentiels de plus que 3 %. Ça veut dire quoi, ça? Ça veut dire en pratique qu'on utilise les capacités qui ont coûté moins cher à Hydro-Québec pour les individus, pour le résidentiel. Ça veut dire que la partie qui a coûté plus cher, qui coûtera plus cher, bien, ça demande des augmentations de tarifs entre 4 % et 5 % pour les entreprises. Mais ce qui est important de dire, là, c'est que, même avec des augmentations de tarifs de 4 %, 5 % du côté des entreprises, on va rester beaucoup plus bas que les tarifs qui sont offerts par les autres États en Amérique du Nord.

Journaliste : ...vous dites que peu importe ce qui va arriver avec les... des tarifs douaniers, le contexte économique qui pourrait changer, cette position-là ne changera pas?

M. Legault : Bien, écoutez, d'abord, il n'y a rien à voir, là, entre le 4 %, 5 % d'augmentation des tarifs, puis l'électricité, puis le 25 % d'augmentation des prix des produits expédiés du Canada aux États-Unis. Mais ce qui est clair, puis on ne changera pas d'idée là-dessus, c'est que nous, on privilégie de protéger les tarifs résidentiels avec une augmentation de 3 %. Donc, quand les oppositions ou certaines associations nous disent qu'ils préféreraient avoir la même augmentation pour tout le monde, bien, moi, je suis en désaccord avec ça. Nous, ça va être 3 % pour le résidentiel, puis 4 % à 5 % pour les entreprises.

Journaliste : ...des programmes d'aide, puis... des représailles, c'est pour samedi, là.

M. Legault : Bien, écoutez, ce n'est pas toujours clair, les choses de M. Trump. Quand on l'écoute, il nous parle du 1ᵉʳ février. Quand on le lit, on nous parle du 1ᵉʳ avril, donc, mais il faut être prêt pour samedi.

Journaliste : ...doit s'attendre à ce que le fameux projet de Constitution soit déposé...

La Modératrice : On va passer en anglais, s'il vous plaît.

Journaliste : ...M. Jolin-Barrette, peut-être rapidement, quand est-ce qu'on...

La Modératrice : En anglais, s'il vous plaît.

Journaliste : ...how can you have the energy and the resources to work on a constitution. Do you think that's the priority right now as you're facing...

M. Legault : I think that Simon and Jean-François, they have a lot of energy. So, I don't worry about their energy. And, regarding my energy, I think I can do both. I can concentrate on the economy, like I did since the last six years. I remember you that, for the last six years, we had better results than the rest of Canada. So, we will continue doing so. But, like we did in the last six years, we tabled a bill 21, 96, we'll continue to protect our language and our values.

Journaliste : You're saying you're seeing already signs of uncertainty in the economy. What... Can you elaborate? What is the impact already? We're not even at the tariff stage. In advance, you're seeing the impact.

Journaliste : But we see that... I met, for example, this week, with the president of Investment Québec. And I always look at the projects that are in the... what I call the pipeline, not the other pipeline, but the pipeline of new projects. And there's not as many projects as we used to have, because some companies, they say : I will wait first to see if there are some tariffs before deciding if I will invest in Québec. And, when I talk to premiers of other provinces, they see the same situation. So, that's... that's why I would like to see the renegotiation of the USMCA as soon as possible, because there is a revision that is forecast for next year. And, until we have this renegotiation, there will be some uncertainty. And I have seen that, when I was in business, uncertainty is as worst as bad news.

Journaliste : ...Donald Trump's decisions on immigration won't end up adding to the problem here, in Québec. What exactly are you worried about? You were saying that Donald Trump's decisions about immigration... you want to make sure it doesn't add to our problem here. Are you worried about asylum... more asylum seekers coming from the US?

M. Legault : Of course. Of course. We see that Mr. Trump is very tough, so we already have a problem with the 600,000 temporary immigrants. So, I wouldn't want to add to have this problem. Merci, tout le monde. Bonne journée.

(Fin à 14 h 01)