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(Douze heures quarante et une minutes)
Le Modérateur : Bonjour, tout
le monde. Merci d'être là. Bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire.
Prendrons la parole dans l'ordre : Guillaume Cliche Rivard, responsable
solidaire en matière de services sociaux, Guy Jolicoeur, secrétaire du Récifs
et travailleur social, Marietou Niang, professeur en travail social à l'UQAR,
et Juliette Girard, coordonnatrice du mouvement étudiant en travail social à l'Université
Laval. M. Cliche Rivard.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, Victor. Merci beaucoup à ceux et celles qui nous accompagnent aujourd'hui.
Les services sociaux sont de plus en plus effacés de la vision gouvernementale
de la CAQ du réseau, tellement que le ministre de la Santé s'est obstiné tout
le long du projet de loi n° 15 à refuser d'ajouter les services sociaux au
nom de Santé Québec. Pire maintenant, alors que le projet de loi n° 15
accordait un siège au C.A. de Santé Québec à une personne possédant une
expertise dans la prestation de services sociaux, eh bien, on voit aujourd'hui
que ce n'est pas le cas, tellement que plusieurs organismes ici sont avec nous.
J'ai déposé une pétition à cet effet là qu'ils ont portée pour dénoncer le fait
qu'ils ne se reconnaissent pas dans leurs représentants au C.A. de Santé Québec
et ils demandent au ministre de la Santé d'y remédier sans délai.
La reconnaissance des travailleuses et des
travailleurs des services sociaux, c'est la reconnaissance de l'importance de
ce qu'ils et elles font au quotidien pour la population, c'est envoyer un
signal clair que les besoins des Québécois et des Québécoises en matière de
services sociaux sont tout aussi importants à nos yeux et devraient être tout
aussi importants que tout le reste du système de la santé.
À Québec solidaire, c'est fondamental pour
nous de reconnaître l'apport inestimable des services sociaux dans notre
réseau. Il faut reconnaître l'apport de ces travailleurs, de ces travailleuses.
Donnons-leur les moyens de faire leur travail, mais surtout, il faut les respecter,
respecter leur expertise, respecter leur apport. M. Jolicoeur.
M. Joly (Guy) : Merci, M.
Cliche Rivard. Je me présente, Guy Jolicoeur, je suis travailleur social depuis
plus de 25 ans et je travaille en première ligne dans un CIUSSS. Alors, je
suis l'auteur de cette pétition qui a récolté plus de 2 200 signatures.
Je suis aussi un des deux membres fondateurs du Récifs qui défend l'intervention
sociale au Québec. Cette pétition se veut un appel à la raison pour le ministre
Dubé lorsqu'il a nommé le conseil d'administration de Santé Québec, il a oublié
de nommer un ou une travailleuse sociale sur son conseil d'administration.
Oubli volontaire ou non, les travailleurs sociaux se sont sentis vraiment, là,
laissés pour compte par cette décision-là. Encore une fois, ils n'auront pas
droit à un siège où se prennent les décisions importantes pour la santé
physique et mentale des citoyens québécois. Pourtant, nos collègues sont
partout dans le réseau : hôpitaux, GMF, CLSC, CHSLD, centres jeunesse,
RPA, et j'en passe. En mars 2023, nous étions plus de 38 000 travailleurs
sociaux, soit... ou techniciens en travail social, selon les chiffres mêmes du
ministère, donc c'est plus de 12 % des effectifs des travailleurs dans le
réseau en tant que tel qui ne seront pas représentés.
C'est nous qui assurons les services de
première ligne en santé mentale, en soutien aux personnes en perte d'autonomie,
en déficience physique, en déficience intellectuelle et en hébergement, et j'en
oublie. C'est nous qui assurons aussi... qui assurons les services aux victimes
de violence conjugale, des enfants qui ont besoin de... qui vivent de la
négligence parentale, c'est nous qui ouvrons des régimes de protection pour les
personnes inaptes, c'est nous qui nous occupons des proches aidants, des
personnes dépressives, des couples qui ont besoin de conseils et beaucoup d'autres
problématiques. Et nous n'aurions pas droit de parole pour défendre ces
services-là?
M. Dubé, il est grand temps que vous
corrigiez cet oubli des intervenants sociaux dans le conseil de Santé Québec.
Choisissez une travailleuse sociale d'expérience, parce que 80 % des
postes sont féminins dans le travail social, qui connaît le terrain et qui veut
défendre les services sociaux alors que nous débutons des années difficiles
dans le réseau de la santé et des services sociaux. C'est ce que les
intervenantes sociales vous demandent aujourd'hui. Et je passe la parole à Mme Marietou.
Mme Niang (Marietou) : Bonjour,
mon nom c'est Marietou Niang, donc professeur en travail social à l'UQAR, aussi
directrice académique du Collectif de recherche sur la pauvreté en milieu
rural. Donc, aujourd'hui, je viens appuyer cette pétition pour parler de
gouvernance de proximité pour Santé Québec, c'est-à-dire d'avoir des personnes
qui ont de l'expérience, de l'expertise terrain, qui connaissent bien le Québec
et les populations du Québec, qui sont très diversifiées. On parle des milieux
ruraux, on parle des régions éloignées, mais on parle aussi des populations qui
vivent et qui subissent des inégalités sociales très importantes, donc que les
intervenantes sociales et intervenants sociaux connaissent très bien et qui
sont dans les multiples réalités du Québec et ses...
Mme Niang (Marietou) : ...très,
très important, pour la gouvernance de santé Québec, d'avoir ces personnes
autour de la table, dans le conseil d'administration, pour avoir des décisions
puis des actions qui sont orientées vers le milieu, des actions très, très
ancrées aussi dans les réalités des personnes qui vivent des réalités très,
très, très difficiles.
Donc, également, la participation est un
élément... la participation citoyenne, la participation des experts de
pratique, et autres, est un élément qui est considéré comme très, très, très
important pour la performance des systèmes de santé. Donc, dans toutes les
données scientifiques que nous avons, la participation est devenue un facteur
clé de succès pour les systèmes de santé, mais aussi des services sociaux.
Donc, aujourd'hui, cette pétition rappelle
vraiment à Santé Québec de revoir la gouvernance, mais également d'approcher
les intervenantes sociales, les intervenants sociaux qui ont de l'expérience
terrain pour pouvoir avoir cette expertise réelle du terrain, avoir aussi le
pouls de ce que les populations pensent ou peuvent apporter à l'amélioration et
à la qualité des services qui sont offerts. Merci beaucoup.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup.
Mme Girard (Juliette) : Donc,
bonjour. Je me présente. Juliette Girard, coordonnatrice du METSUL, du
Mouvement étudiant en travail social à l'Université Laval. Aujourd'hui, nous
prenons la parole pour partager nos préoccupations en tant qu'étudiants et
étudiantes en travail social. Nous travaillons dur pour faire reconnaître notre
profession et qu'elle soit valorisée. Mais ce que nous voyons aujourd'hui, c'est
que nous avons l'impression de faire un pas en arrière. Avec les réformes
proposées, nous avons la perception que nous n'aurons pas encore de place pour
exprimer nos idées et participer à la prise de décision. C'est nous qui sommes
sur le terrain. C'est nous qui connaissons les besoins des différents milieux,
mais on nous donne très peu de latitude pour changer les choses. Nous avons à cœur
d'offrir des services de qualité, personnalisés et adaptés aux besoins de
chaque individu.
Nous, futurs professionnels, qui joindrons
bientôt ce nouveau système, nous sommes préoccupés par la situation. Nous avons
envie de faire une différence. Nous arrivons pleins de bonne volonté, mais nous...
sentons que nous sommes mis de côté, comme si notre compétence et notre
expertise n'étaient pas prises en compte. Nous avons l'espoir que notre rôle
sera enfin reconnu. Notre formation et notre expérience en tant que
travailleurs et travailleuses sociales méritent une place au même titre que les
autres professionnels de la santé.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. En terminant, je veux quand même remercier l'apport inestimable des
travailleurs, des travailleuses puis des regroupements puis des organismes qui
s'assurent qu'au jour le jour nos citoyens et citoyennes reçoivent les services
nécessaires et se battent souvent avec pas grand-chose, souvent contre une
machine qui essaie d'aller à contre-courant ou, en tout cas, d'aller contre ce
qu'eux ils essaient de mettre en place.
Alors, merci à eux. Merci à vous d'être là
aujourd'hui. Merci pour tout le travail de sensibilisation. C'est quelque chose
qu'on va continuer de suivre. C'est évidemment quelque chose qu'on va devoir
surveiller dans le contexte d'austérité budgétaire. Comptez sur nous. Soyez
certain que Québec solidaire va être à l'affût pour dénoncer les coupes en
services sociaux dans l'ensemble du réseau. Merci.
(Fin à 12 h 49)