Point de presse de M. André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation
Version préliminaire
Cette transcription est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs.
Le jeudi 5 décembre 2024, 11 h 30
Hall principal de l'hôtel du Parlement,
hôtel du Parlement
11 h 55 (version non révisée)
(Onze heures cinquante-six minutes)
La Modératrice : Donc,
bonjour, tout le monde. Sophie Barma, attachée de presse du ministre
Lamontagne. Bienvenue à ce point de presse. Nous allons débuter par les tours
de parole et s'ensuivra une période de 10 minutes de questions pour les
médias présents.
Donc, d'emblée, j'invite M. André
Lamontagne, ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, à
prendre la parole.
M. Lamontagne :Merci. Merci et bonjour à tous. Salutations. Je suis en compagnie de
Martin Caron, qui est le président de l'Union des producteurs agricoles, qui a
fait la fête hier. C'était le 100ᵉ anniversaire de l'Union, alors il a
réussi à se rendre jusqu'ici ce matin. Merci, Martin. Et puis David, David
Beauvais, qui est le président de la Fédération de la relève agricole du
Québec.
Écoutez, je viens de présenter le projet
de loi n° 86 devant mes collègues à l'Assemblée nationale. Vous savez,
pour une nation, bien, pouvoir se nourrir, bien, c'est quelque chose qui est
capital. Et puis, pour se nourrir, bien, ça prend du territoire, ça prend des
terres à cultiver, mais aussi ça prend des hommes puis des femmes qui veulent
cultiver les terres et aussi qui ont accès à ces terres.
En 1978, le gouvernement du Québec a posé
un geste capital en établissant une zone agricole et en édictant une loi avec l'objectif
de protéger ce territoire agricole et de s'assurer que des terres agricoles
seraient toujours accessibles pour les hommes et les femmes qui voudraient les
cultiver au fil des générations. Cette loi, elle a été saluée partout et,
encore aujourd'hui, elle sert d'exemple pour de multiples juridictions à
travers le monde. Depuis son édiction, la société a évolué, les communautés se
sont développées et l'agriculture s'est transformée. Depuis plusieurs années,
des appels ont été lancés de tous côtés quant à l'importance de revisiter notre
loi, la revisiter afin de s'assurer qu'elle réponde bien aux réalités du monde
agricole, de nos communautés et aux enjeux contemporains tel le développement
durable, bref, s'assurer de la pertinence de notre loi et sa pérennité et,
ultimement, éviter sa désuétude.
C'est pourquoi j'ai lancé en juin 2023 une
grande consultation nationale sur le territoire et les activités agricoles. La
consultation s'est tenue sur près d'une année. On a entendu le point de vue de
multiples acteurs des milieux agricole, municipal, environnemental et de la
société civile. L'objectif était de mettre en lumière l'ensemble de leurs
enjeux respectifs et de réfléchir aux mesures à mettre en place pour y
répondre. Je peux vous assurer que nos équipes ont prêté une oreille attentive
à tous les commentaires, toutes les préoccupations et les propositions qui ont
été exprimées, puis ce travail de concertation a été extrêmement enrichissant
pour tous les intervenants qui y ont pris part, plus de 500 intervenants.
Au terme de cet exercice, on a obtenu un large consensus des partenaires sur
les orientations visant à accroître le potentiel agricole du Québec, à
favoriser le dynamisme des activités agricoles et leur pérennité, de favoriser
l'accessibilité aux terres agricoles et de simplifier le régime de protection,
tout ça dans un contexte où nos communautés sur le territoire doivent être
vibrantes.
Je suis donc très fier d'avoir présenté ce
matin le projet de loi n° 86, la Loi visant à assurer la pérennité du
territoire agricole et sa vitalité. C'est un projet de loi qui est très
ambitieux. Il s'agit de la plus importante révision de la Loi sur la protection
du territoire et des activités agricoles depuis son édiction en 1978. Les
modifications proposées permettront notamment au gouvernement de freiner la
perte des superficies cultivables au Québec, de mettre en place un mécanisme de
suivi et de contrôle des transactions pour s'attaquer à la spéculation
foncière, de renforcer l'encadrement de l'achat de terres par des intérêts
étrangers, de favoriser l'agrotourisme et l'agriculture de proximité, d'assurer
le meilleur contrôle...
12 h (version non révisée)
M. Lamontagne : ...pour des
usages non agricoles, d'introduire la notion de développement durable et de
vitalité des communautés dans la loi, d'éliminer le mur-à-mur en reconnaissant
davantage les particularités régionales, de réduire les délais de traitement et
alléger le processus d'autorisation de la Commission de protection du
territoire agricole du Québec, et, enfin, accroître la cohérence entre la Loi
sur la protection du territoire et des activités agricoles et les orientations
gouvernementales en matière d'aménagement du territoire.
Pour moi, la protection du territoire et
des activités agricoles au Québec, c'est beaucoup plus qu'une priorité
gouvernementale, c'est un projet de société. Les changements qu'on propose vont
demander la collaboration de plusieurs organisations, qu'elles soient issues du
monde agricole, municipal, environnemental ou de la société civile. Et je peux
vous dire que la mobilisation sur le terrain, je la sens, elle est indéniable.
L'agriculture, c'est un secteur économique important pour le Québec et ses
régions, mais c'est beaucoup plus que ça. C'est un secteur, c'est des familles
qui ont façonné puis qui continuent de façonner l'histoire du Québec. Il faut
se le rappeler, on dépend de nos producteurs et pas du tourisme agricole pour
nous nourrir. Et ultimement, la pérennité et la vitalité de notre territoire
seront garantes de notre autonomie alimentaire.
Alors, voilà, le projet de loi a été
déposé, et puis, naturellement, il y a tout un processus qui va s'ensuivre avec
le dépôt de mémoires, des consultations particulières, une étude article par
article. Soyez assurés que j'anticipe avec beaucoup d'intérêt et beaucoup de
plaisir de faire ce travail-là en compagnie de mes collègues et des gens qui
vont venir se présenter en consultations particulières. Alors, merci beaucoup,
puis je cède la parole à M. Caron, qui est le président de l'Union des
producteurs agricoles.
M. Caron (Martin) : Merci.
Merci, M. le ministre. Très content d'être ici aujourd'hui. D'entrée de jeu, il
y a un des aspects qu'il faut mentionner... il y a un projet de loi, comme M.
le ministre vient de mentionner, le p.l. 86 qui vient d'être là, mais faisons
un petit peu d'historique, parce que M. le ministre l'a mentionné, on a fêté le
100ᵉ anniversaire de l'UPA, et il faut se rappeler, avec l'histoire aussi, dans
nos demandes historiques sur la mise en place de la Loi sur la protection du
territoire agricole, c'était un des combats qu'on avait, dans le temps, de
mettre des choses en place pour protéger le territoire agricole et les
activités agricoles. Ça fait quand même quelques années.
Et de voir, aujourd'hui, où est-ce qu'on
va mettre des outils pour aller encore plus loin sur cette protection-là au
niveau du territoire, mais des activités agricoles, est grandement apprécié. C'est
pour ça qu'on accueille vraiment positivement ce projet de loi, là, qui va nous
amener des outils et des mécanismes pour s'assurer de protéger davantage,
surtout en zone dynamique agricole et de vraiment... de réévaluer par rapport
aux UNA, c'est-à-dire l'utilisation non agricole dans les zones agricoles, de
bien préciser puis de baliser les choses pour éviter ces augmentations-là qu'on
a vues au niveau des... cours des dernières années.
On se réjouit aussi par rapport à la mise
en place d'un système de registre de transactions. Ça faisait des années qu'on
demandait ça, qu'il y ait une mise en place là-dessus, d'avoir un suivi par
rapport à ces transactions-là et d'enlever le côté spéculatif en lien avec ça.
De permettre, au niveau de MRC, des villes, d'aller un petit peu plus loin par
rapport à cet aspect-là pour s'assurer qu'on ait un lien avec ces terres-là,
que, je vous rappelle... les terres cultivables, ici, au Québec, c'est moins de
2 %, et on est un des plus bas ratios, présentement, 0,24 hectare par
habitant, ici, au Québec. Si on se compare au Canada, c'est six fois moins par
rapport au Canada, ça. Vous comprenez qu'ici les terres agricoles et les
activités agricoles, c'est important de protéger ça parce que c'est notre
garde-manger des Québécois et des Québécoises.
Le ministre Lamontagne a parlé de projet
de société. Ça fait quelques années que nous, les producteurs, productrices
agricoles, on parle de projet de société, et je suis content de voir que le gouvernement
du Québec vienne nous entendre par rapport à ça. Et, pour faire ce projet de
société là, le premier outil qu'on a besoin, c'est nos terres agricoles
cultivables. Et donc d'avoir cet impact-là, de protéger la zone dynamique
agricole, est essentiel si on veut réaliser ce projet de loi... ce projet de
société là, qui va permettre, entre autres, de nourrir les gens d'ici et d'amener
l'autonomie alimentaire qui est demandée par rapport à la population. Ça fait
que je salue vraiment très positivement ce projet de loi là.
Il y a différents éléments qu'on va
étudier un petit peu plus en profondeur, mais, vraiment, on vient d'avoir un
côté historique du 100 ans de l'UPA, et qu'on fasse cette modification-là
aujourd'hui, il y a un sens à ça, et je remercie grandement le gouvernement d'ouvrir
cette opportunité-là...
12 h 05 (version non révisée)
M. Caron
(Martin) : ...pour vraiment préciser la protection des
activités et le territoire agricole. Merci.
La Modératrice : ...maintenant
M. David Beauvais, président de la Fédération de la relève agricole du
Québec.
M. Beauvais (David) :
Bonjour Mesdames, Messieurs, M. le ministre, Martin Caron. Parler de
terres agricoles, c'est devenu une seconde nature pour les producteurs
agricoles. Parler de leur beauté, de leur protection, de leur accès, de leur
prix, de leur qualité, de leur générosité, mais surtout de leur avenir. C'était
dans l'ADN de nos parents, de nos collègues, de la génération précédente, et ça
l'est toujours pour la relève d'aujourd'hui. Mais aujourd'hui on constate que
les terres agricoles sont vulnérables, vulnérables à la spéculation. On
constate que les terres agricoles ne font pas le poids face à l'étalement
urbain. On constate que les terres agricoles sont à risque de disparaître. Puis
on constate que la relève a de moins en moins accès à cette ressource
essentielle.
Nous sommes donc heureux d'être auprès du
ministre de l'Agriculture pour souligner le pas important qui vient d'être
franchi pour l'avenir de l'agriculture du Québec, le projet de loi visant à
protéger le territoire agricole, qui marquera, on l'espère, un tournant décisif
pour la relève agricole. Ce projet répond à des défis majeurs. L'accès à la
terre, pilier fondamental de la profession agricole, est devenu un obstacle de
plus en plus difficile à surmonter. Avec des mesures concrètes comme un
registre de transaction foncière, des mécanismes d'anti-spéculation et une taxe
sur les terres en friche, la CPTAQ bénéficiera des moyens de lutter
efficacement contre la spéculation foncière et la hausse vertigineuse du prix
des terres.
Parlant de friches agricoles, mon arrière-grand-père,
à chaque soir, en revenant de travailler, défrichait... coupait une souche,
arrachée avec le cheval, puis, aujourd'hui, cette même terre n'est plus
possédée par un agriculteur et est en friche. C'est vraiment triste, puis ça
fait mal au cœur de voir ça. Avec la surtaxe sur la terre en friche, il nous
semble qu'il serait... que cela permettra aux municipalités de protéger les
terres agricoles tout en tirant leur épingle du jeu. Ces initiatives ne sont
pas seulement nécessaires, mais elles seront stratégiques. Elles renforceront l'utilisation
des terres inexploitées, ouvrant ainsi de nouvelles possibilités pour les
jeunes agriculteurs de s'établir et de bâtir leur avenir. Au-delà des impacts
économiques, ce projet reflète un engagement clair envers notre souveraineté
alimentaire et la vitalité de nos communautés rurales. Préserver nos terres
agricoles, c'est préserver notre capacité à nourrir le Québec et les
générations à venir. Ensemble, faisons en sorte que le Québec continue de
cultiver non seulement sa terre, mais aussi son ambition et le talent de la
relève agricole, car, à travers eux... car, à travers eux que nous pourrons
garantir un avenir prospère et durable pour notre avenir agricole. Merci.
La Modératrice : Merci
beaucoup, M. Beauvais. Nous allons maintenant passer à la période de
questions.
Donc, s'il vous plaît, vous nommer et
votre média et à qui s'adresse votre question. Merci.
Journaliste : Bonjour.
Caroline Plante de La Presse canadienne. Bonjour, M. Lamontagne.
Pouvez-vous nous donner des exemples de choses qui sont permises à l'heure
actuelle, qui ne le seront plus une fois le projet de loi adopté?
M. Lamontagne : Bien,
écoutez toute la question... Au moment où on se parle, là, dans le cadre de la
consultation, on a fait un effort, un exercice important pour venir documenter
qui possède quoi sur le territoire. Bien, en réalité, au moment où on se parle,
on n'a pas tous les outils pour faire ça. Ça fait que dans un premier temps, on
vient se donner les moyens, par le biais du registre foncier, de commencer
vraiment aujourd'hui, là, un exercice... Toutes les fois qu'il va y avoir des
transactions sur le territoire agricole, là, que les lumières s'allument, puis
qu'on puisse les répertorier. À partir du moment où on fait ça, on peut... se
poser des questions, à savoir : Qui possède quoi, puis, après ça, à quel
dessein?
Alors, exemple, dans la loi, on vient tout
de suite statuer que, si on est un fonds d'investissement au sens de la loi...
de l'Autorité des marchés, bien, on ne peut pas acheter une terre agricole à
moins d'avoir l'autorisation de la CPTAQ. On vient aussi statuer que... On le
sait, le gros de la spéculation, là, il se fait aux alentours des périmètres
urbains. Ça fait que, ce qu'on vient tout de suite mettre dans la loi... Bien,
si une organisation, une compagnie, quelqu'un qui n'est pas enregistré au
ministère de l'Agriculture puis qui veut acheter une terre agricole dans ces
zones-là, encore là, il y a une lumière rouge qui allume. Il faut qu'il se
présente devant la CPTAQ puis expliquer qu'est-ce qui en est.
Ça fait que ça, c'est un exemple. C'est
des outils...
12 h 10 (version non révisée)
M. Lamontagne : ...et quand on
parle de venir mieux comprendre notre territoire, mais après ça, lutter contre
la spéculation, là, ça, ce sont deux exemples que je viens vous donner, mais,
en plus de ça, on vient se donner des outils... de... voyons, des outils
réglementaires... une habilitation réglementaire pour faire en sorte que là on
dépose un projet de loi, on va connaître davantage ce qui se passe sur le
territoire, bien, avec les outils, les habilitations qu'on se donne, là, on va
avoir des outils pour venir modifier puis venir adapter notre réponse à la
réalité qu'on va vivre sur le terrain. Tandis qu'aujourd'hui la commission n'était
pas équipée en vertu de la loi pour pouvoir faire un travail de cette nature-là.
Journaliste : Puis, M. Caron,
on a entendu que vous saluez le projet de loi, vous l'accueillez positivement,
mais est-ce qu'il va assez loin ce projet de loi?
M. Caron (Martin) : Mais moi,
je vous dirai, c'est que c'est pour ça qu'il faut approfondir davantage. On a
eu quand même quelque temps à regarder ce projet-là, qui était assez court.
Vous comprenez? Ça fait qu'on va l'étudier. Mais il reste quand même, il y a
des éléments assez essentiels qui sont là pour la protection du territoire, des
activités agricoles, puis M. le ministre vient d'en faire des exemples. Moi, je
vais vous en rajouter quelques-uns. Dans le projet de loi, on parle de zone
dynamique agricole, où est-ce qu'on va reconnaître ces zones dynamiques
agricoles là. Puis, bien souvent, quand on a plusieurs projets, on dit :
Il faut éviter, dans cette zone dynamique agricole là, d'implanter d'autres
usages agricoles... non agricoles c'est-à-dire. Ça fait ça, c'est vraiment cet
aspect-là, là, qu'on voit qu'il y a un changement puis qu'il y a une donnée qu'ils
vont préciser.
Il y a d'autres éléments, par rapport à ce
projet de loi là, qui vont nous amener à adopter des règlements, et non
directement dans la loi, mais la loi permet d'adapter.
Un autre aspect aussi que je rajoute, c'est
que toute la question, au niveau des terrains où est-ce qu'il y avait une
maison où est-ce que les gens voudraient introduire ou installer une autre
maison, le fameux dossier Boerboom, mais là, dans le projet de loi, là, il y a
quand même une position de dire : Non, non, regarde, on exclut ça, il n'y
aura pas une possibilité. Encore là, c'est quand on faisait ça, mais on mettait
à risque l'activité agricole. Ça fait que c'est beau de protéger le territoire
agricole, mais si vous ne protégez pas l'activité à côté, je ne suis pas capable
même si j'ai ma terre, si je ne suis pas capable de faire mes activités
agricoles, j'en arrive à rien puis je n'arrive par rapport à projet de société,
autonomie alimentaire, etc. Ça fait qu'il y a des éléments comme ça.
Mais c'est sûr, au niveau des UNA, c'est
là-dessus qu'on veut repréciser. M. le ministre l'a mentionné, il y a des
choses... il y a des balises qui sont données, et c'est là-dessus qu'il faut
être capable d'approfondir, parce que, sur les dernières années, c'est là qu'on
a perdu. Quand on regarde l'ensemble au... de la zone agricole, ou zone verte
qu'on appelle, on regarde, ça n'a peut-être pas baissé tant que ça, mais c'est
les usages non agricoles qui augmentent. Ça fait qu'on laisse ça en zone verte,
mais on fait d'autres choses que de l'agriculture. Et là le projet de loi amène
des spécifications par rapport à ça, et c'est là-dessus que, nous, on va être
très précis, parce que la perte de tout cet usage-là, ça représente 80 %
au niveau des 10 dernières. C'est là que ça fait mal. Et on a compris,
puis on va aller en profondeur avec M. le ministre, allez voir : O.K., on
fait des ajustements, mais est-ce qu'on y va assez loin, là? Et c'est là qu'on
va être capables de revenir en étudiant davantage le projet de loi.
Journaliste : Puis, juste en
précision, mais s'il y a des choses que vous auriez aimé voir dans le projet de
loi qui sont complètement absentes?
M. Caron (Martin) : Non, je
pense que l'ensemble des choses qu'on demandait se retrouve beaucoup là. Je
pense que c'était des demandes de longue date de revoir, de serrer un peu cette
zone agricole là. Je pense, David en a fait mention, le registre, l'accès aux
terres, puis c'est important, là, éviter les fonds spéculatifs, là, pour l'achat
des terres, il faut éliminer. On avait déjà des provinces ici au Canada qui le
faisaient. Puis d'avoir un suivi de ces transactions-là, bien, peut nous amener
peut-être à d'autres règlements qui vont encore aller un petit peu plus loin.
Mais il faut être capable d'avoir toute cette expertise-là avant de prendre ces
autres décisions-là.
M. Lamontagne : Mme Plante,
juste pour compléter un peu, parce que vous demandez : Ça va-tu assez
loin? Vous savez, une des motivations que j'avais en ouvrant ce dossier là, parce
que c'est quand même délicat, puis en lançant cette grande consultation là, c'est
qu'à force d'être sur le territoire depuis six ans, c'est que j'ai acquis la
certitude que, maintenant, comme société, on avait assez de maturité pour s'asseoir,
tous les acteurs qui sont concernés puis interpellés par le territoire
agricole, puis ultimement de mener un exercice qui fait en sorte qu'on
viendrait redécider, qu'on viendrait comme société... là, il y a eu un
engagement en 1978, là, moi, je voulais qu'on fasse un exercice pour qu'en 2025
on ait une société qui reprend position, qui redécide de s'investir pour la
protection du territoire agricole. Alors, ça a été le monde agricole, ça a été
le monde municipal. On a consulté pendant presque un an. On est arrivé à une...
12 h 15 (version non révisée)
M. Lamontagne : ...l'ensemble
de propositions, moi, j'étais au ministère, j'avais des tableaux complets tel
groupe, tel groupe, c'est... Puis, ultimement, bien, le fruit de tout ça, là,
bien, c'est certain qu'à quelque part il y a un équilibre. Mais l'objectif qui
est, ultimement, d'avoir une protection accrue puis davantage de possibilités
pour nos entreprises sur le territoire agricole, on retrouve bien ça dans le
projet de loi.
Journaliste : Bonjour, M. le
ministre.
M. Lamontagne : Parlez un
petit plus fort.
Journaliste : Excusez-moi. M.
le ministre, bonjour. Je pose des questions vraiment rapides, juste voir,
est-ce que ce cas d'espèce là fonctionne? Je comprends que le fonds d'investissement,
il ne pourra plus acheter de terres agricoles.
M. Lamontagne : Bien, c'est-à-dire
si le fonds d'investissement voudrait acheter une terre agricole, il va falloir
qu'il aille devant la CPTAQ pour expliquer pourquoi, qu'est-ce qu'il veut faire
avec, au même titre que...
Journaliste
: Mais la
CPTAQ, elle, dans ses critères d'évaluation qui va permettre d'autoriser ou de
refuser la transaction, son a priori, c'est quoi, c'est qu'elle va refuser?
M. Lamontagne : Bien, je vais
nous rappeler un petit peu la procédure qu'on a, parce qu'on a une loi au
Québec qui vient traiter de l'acquisition des terres agricoles par des
non-résidents. Et puis quelqu'un qui vient de l'extérieur du Québec, qui veut
acheter une terre agricole au Québec, doit se présenter devant la CPTAQ, puis
il y a tout un ensemble de critères qu'il doit remplir puis que la commission
va analyser. Puis, si la commission juge qu'ultimement, bien, le fait que cette
personne-là, qui est non-résidente, achète une terre agricole, mais ça va être
bénéfique pour l'agriculture au Québec, ça va être bénéfique pour les
communautés, tout ça, elle va autoriser une transaction, il arrive que c'est le
cas. Mais ce qu'on veut faire avec des gens sur qui on va mettre un spot en
particulier, là, c'est, s'il y a des gens qui veulent acheter des terres, là,
on parle du cas des fonds d'investissement, bien, il va falloir qu'ils se
présentent devant la commission, puis il y a tout un processus.
Vous pouvez aller voir un peu ce qui se
passe dans le cas de... par des non-résidents, là, mais il y a vraiment un
ensemble de questions rigoureuses que la commission va observer. Parce qu'ultimement,
là, l'objectif en arrière, tout ça, c'est qu'il y a une zone agricole,
ultimement, les gens qui vont être propriétaires dans cette zone agricole là,
leur premier... leur première motivation, il va falloir que ça soit le
développement, puis le maintien, puis la pérennité de cette zone agricole là. C'est
à travers ce prisme-là, il va falloir que les décisions se prennent pour les
années à venir.
Journaliste : Mais votre
intention, là, c'est que les fonds ne puissent plus acheter de terres ou... J'essaie
juste de comprendre ces...
M. Lamontagne : La première
intention, c'est de s'assurer que, sur le territoire, quand quelqu'un achète
un... une terre agricole, c'est pour que notre agriculture en bénéficie, que
notre relève en bénéficie, que les Québécois, au fil des années, en bénéficient
par un accroissement de notre autonomie alimentaire. C'est le prisme à travers
lequel n'importe quelle transaction, il va falloir qu'elle soit considérée.
Journaliste : Puis,
peut-être, là-dessus, M. Caron, si je peux vous entendre. Vous, on ne connaît
pas toujours tout de suite les critères, si je comprends bien, ça va être dans
un décret, mais vous, est-ce ce que vous souhaitez que les critères soient très
stricts puis la CPTAQ refuse l'acquisition de terres par des...
M. Caron (Martin) : Regardez,
Il y a une rareté des terres ici, au Québec, je l'ai mentionné par rapport à
leur... Ça fait que, si on veut faire le lien avec la relève agricole puis d'avoir
accès, il faut laisser la propriété des terres agricoles aux producteurs,
productrices agricoles. Je le répète, c'est notre premier outil qu'on a pour
faire de l'agriculture puis de l'agroalimentaire. Ça fait que c'est sûr, par
rapport à des fonds spéculatifs, pour nous, de notre côté, on dit non, on dit :
On n'en veut pas, on veut vraiment exclure. C'est pour ça, l'outil, entre
autres, que M. le ministre mentionne, c'est, O.K., avant ça, on n'avait pas d'outils,
là on se dote d'outils. Et c'est sûr que les critères, nous, on va réévaluer
ça, mais c'est sûr qu'on va les mettre extrêmement élevés, parce que, je viens
de le dire, pour nous, un fonds spéculatif ou un fonds d'investissement, on n'en
veut pas. On veut vraiment que l'accessibilité aux terres revienne à des gens
qui font le métier. C'est bien important pour nous.
Journaliste : O.K. Puis, M.
le ministre, est-ce que vous partagez la vision de M. Caron à ce sujet-là?
M. Lamontagne : Mais la
vision que je partage, ce que je vous dis, là, c'est qu'au Québec, s'il y a une
organisation qui s'appelle un fonds d'investissement puis qui répond à la
définition de l'Autorité des marchés du Québec, ils vont devoir... puis ils
voudraient faire l'acquisition de terres agricoles, ils vont devoir aller
devant la Commission de protection du territoire agricole. Puis, si la
commission juge... C'est à elle qui va devoir juger si cette transaction-là est
susceptible d'être bénéfique, puis de garantir la pérennité du territoire
agricole. C'est la commission qui va porter... qui va porter son jugement.
Journaliste : Et, exemple,
là, un autre exemple. Imaginez que je suis un riche promoteur immobilier, puis
que, comme simple citoyen, je décide d'acheter, là, des terres en zone agricole
en Montérégie.
M. Lamontagne : ...excusez-moi.
Journaliste : Imaginez que je
suis un riche promoteur immobilier, que j'achète à mon nom personnel des terres
agricoles en Montérégie, comment... Qu'est-ce que votre projet de loi va faire
pour pas que j'achète des terrains, finalement, pour s laisser en friche, en
espérant qu'ils soient...
M. Lamontagne : Je vous
dirais, dans un premier temps, O.K., en concertation avec tous les gens qui
travaillent, les spécialistes en planification territoriale et planification du
territoire au point de vue régional, on a établi des...
12 h 20 (version non révisée)
M. Lamontagne : ...des limites
pour lesquelles si quelqu'un, une entreprise, achète une terre... que la
personne n'est pas enregistrée au ministère de l'Agriculture, encore là, il y a
un drapeau qui se lève, puis il faut que la commission... la Commission de
protection du territoire agricole autorise cette transaction-là ou qu'elle ne l'autorise
pas, en fonction de l'analyse qu'elle va en faire.
L'autre chose qu'on vient faire aussi, là,
M. Lecavalier, c'est qu'on l'a dit, jusqu'à aujourd'hui, on n'est pas outillés
pour bien comprendre qu'est-ce qui se passe sur le territoire, qui possède quoi
et à quels desseins. À partir du moment où on se donne ces outils-là... Puis,
aussi, aujourd'hui, on dit : Bon, bien, les fonds, il y a ça qui va se
passer, il y a, dans certaines zones, des entreprises qui n'ont pas d'enregistrement
agricole, il y a ça qui va se passer, mais ce qui est important, c'est qu'on
vient de donner des pouvoirs habilitants. Au fur et à mesure qu'on va avoir des
connaissances de ce qui se passe sur le terrain puis on va savoir qu'il y a du
travail qu'il faut qu'on fasse, bien là, on a un volant, on a un frein, on a
une pédale à gaz, on est capables de se promener puis on est capables d'aller
manœuvrer là-dedans.
Journaliste : Puis, si je
peux me permettre une dernière, dernière petite question. Si je suis un
chanteur populaire qui possède un vignoble et qui veut faire des spectacles,
est-ce que ça va être facilité avec votre projet de loi?
M. Lamontagne : Bien,
écoutez, ce qui est important, là, c'est qu'on a au Québec tout une
agriculture, là, qui se passe sur le territoire, qui peut être une agriculture
de proximité, une agriculture de circuits courts, puis aussi toute une
agriculture qui qui est associée à l'agrotourisme. Puis moi, depuis que je suis
en poste, ça fait six ans, là, j'ai été un artisan, tu sais, un promoteur de l'agriculture
de proximité. Puis, par le biais du projet de loi, on vient faciliter et on
vient s'assurer aussi que les entreprises qui sont productrices agricoles, mais
aussi qui font de l'agrotourisme, puissent pleinement contribuer à leur
communauté puis aussi pouvoir, je veux dire, multiplier un peu les
opportunités, là, de revenus qu'ils ont. Puis la commission, en vertu de ces
nouvelles... ces nouveaux éléments là, bien, va, cas par cas, porter...
apprécier les demandes qui vont lui être faites puis se gouverner en
conséquence, là.
Journaliste : M. le ministre,
bonjour. Martin Ménard, journaliste à La Terre de chez nous. J'aurais trois petites
questions en rafale. Je vous les lance... mentionné tantôt, on repose beaucoup
sur la CPTAQ, mon confrère l'a souligné, mais la CPTAQ a faibli, en tout cas,
de la vision de plusieurs producteurs agricoles. On l'a vu dans certains
dossiers, dans le passé, des endroits qui étaient supposément cadenassés pour l'agriculture,
qui ont été sous décret ministériel ou quoi que ce soit, transformés en usine,
peu importe.
Puis là on pense que ça va être la même
CPTAQ qui va venir empêcher les fonds de... peut-être, d'acheter des terres,
mais est-ce que vous allez solidifier la CPTAQ pour empêcher, justement, qu'on
retourne dans le même pattern qu'avant? Première question.
Deuxième question, au niveau des éoliennes
sur le territoire, il y a une pression accrue de promoteurs d'installer des
éoliennes, puis on voit que des projets poussent. Ça aussi, c'est de la perte
de territoire agricole. Comment vous allez réussir à freiner ça ou quel est
votre plan par rapport aux éoliennes sur le milieu agricole?
Et dernière question, je pense à la
relève, ici, que je vois en arrière de vous...
M. Lamontagne : Tu me fais
penser à mon Assemblée, hier, à l'UPA, toi, là, là.
Journaliste : Bien, c'est
justement je sais que vous êtes parfaitement...
M. Lamontagne : Je suis
entraîné.
Journaliste : ...vous êtes un
pro pour faire des questions en rafale. Je vois la relève en arrière, ici, il y
a beaucoup... On parle de surenchère du prix des terres, puis c'est ce qui fait
en sorte, souvent, qu'un jeune de la relève ne peut pas acheter une terre. La
surenchère est causée par un paquet de facteurs. Oui, il y a des achats de
fonds ou quoi que ce soit, mais il y a aussi une bonne part que c'est entre
producteurs eux-mêmes, des producteurs, parfois, qui vont être plus fortunés,
qui vont pouvoir miser davantage, puis un jeune de la relève ne pourra pas
accoter ce prix-là. À ce niveau-là, comment votre projet de loi va essayer de
contenir la surenchère des terres, qui est quand même quelque chose qui est
vraiment difficile pour la relève?
M. Lamontagne : Bon. Bien,
écoute, trois bonnes questions. Première des choses, la CPTAQ, là, quand la loi
a été créée, il y a une loi, puis, après ça, ça prend un organisme, là, qui est
un peu, là... je ne suis pas un spécialiste juridique... un genre de tribunal
ou un tribunal administratif qui est indépendant, qui est... donc le mandat, c'est
d'appliquer la loi, d'interpréter la loi pour faire en sorte de respecter ce
qui est écrit dans la Loi sur la protection du territoire et des activités
agricoles, O.K.?
Puis il y a 15 commissaires,
potentiellement, qui travaillent à la commission. Et puis, au gré des années, ces
commissaires-là, au meilleur de leurs habiletés puis de leurs capacités... puis
on s'entend que c'est des gens qui sont différents l'un de l'autre, qui ont un
passé différent l'un de l'autre, mais ils viennent qu'à rendre des décisions,
puis leurs décisions, ils les rendent en fonction de ce qu'ils trouvent dans la
loi, puis ils les rendent en fonction de la jurisprudence qui s'est accumulée.
Là, ça fait 46 ans que la loi existe, là, il y a, genre, 46 ans de
jurisprudence. Ça fait que c'est deux...
12 h 25 (version non révisée)
M. Lamontagne : ...critères.
Là, ce qu'on vient faire, c'est qu'on vient modifier de façon appréciable la
loi en venant introduire des nouveaux concepts, en venant introduire des
nouvelles possibilités, ce qui fait en sorte que les commissaires, chacun des
commissaires, quand ils vont avoir des dossiers devant eux, bien, ils font face
à une nouvelle réalité. Ils vont avoir une nouvelle... des nouvelles variables
quand c'est le temps de prendre des décisions, puis à partir de ces
variables-là ils vont prendre leurs décisions, puis là tu as comme une
nouvelle... une jurisprudence, dans certains cas, qui va commencer à s'établir
puis à se construire qui va faire en sorte qu'au bout d'un certain temps,
bien... certaines choses qui vont se passer sur le territoire, mettons, qui se
passaient moins, ou c'était plus difficile que ça se passe avant. Mais c'est
certain que...
Journaliste : ...même justice
qu'avant?
M. Lamontagne : Bien, je ne
suis pas là pour qualifier le travail... le travail de... des commissaires puis
de la commission, là. C'est vraiment un organisme qui fait son travail, qui est
indépendant, puis le ministre n'a pas à commenter tout ça. Tout ce que je peux
dire, c'est qu'au fil de la consultation qu'on a faite pendant plus d'un an, il
y a un certain nombre d'éléments qui ont été amenés.
Puis j'ai parlé dans mon allocution, tu
sais... tu sais, la pérennité... d'assurer ultimement que ce que... notre...
notre loi, elle est... elle est en ligne avec nos réalités contemporaines, puis
ultimement, bien, tu sais, si à un moment donné les gens, ils ne croient plus à
notre loi, je veux dire, elle est désuète, notre loi. Alors, ce qui est
important, là, on a fait le tour de tout le monde, on a écouté tout le monde,
puis où on fait atterrir ça, là, c'est comme... il y a plein de stock là-dedans
pour faire en sorte... donner des outils aux gens qui ont le mandat d'appliquer
la loi, avec des objectifs de leur donner des outils additionnels pour bien
remplir leur mandat. Ça, c'est la première des choses.
Au niveau des éoliennes... deux choses qu'on
fait.
Première des choses, c'est qu'on introduit
dans le projet de loi la notion, le président en a parlé, d'«agriculture
dynamique», O.K., puis l'agriculture dynamique, là, il y a une définition...
exactement ce que ça veut dire, puis ultimement, ce que ça veut dire, là, tu
sais, c'est : Les terres où on peut cultiver, là, puis où il y a de l'activité
agricole, là, bien, il ne faut pas aller là, tu sais, c'est... c'est
vraiment... ce n'est pas une place où il faut aller. Avant... Avant, il n'y
avait pas ça. La commission, c'est elle qui étudie les demandes pour autres
usages qu'agricoles, puis elle les étudie en fonction, encore là... puis les
décisions qu'elle a, en fonction du corpus législatif qu'elle a. Là, on vient
lui donner, là, un outil additionnel pour discriminer.
L'autre chose que j'ai faite... Moi, j'ai...
Il y a un certain nombre d'années, il y a comme un cadre de référence qui a été
discuté entre l'Union des producteurs agricoles puis Hydro-Québec, O.K. Moi, j'ai
interpellé... j'ai écrit personnellement au président d'Hydro-Québec, qui est
Michael Sabia, puis M. Sabia s'est engagé à s'asseoir avec l'UPA puis à
conclure une entente qui vise, un peu, la vision puis dans quel cadre tout ça,
ça doit se faire.
Ça fait qu'on va avoir cette entente-là
entre l'UPA puis Hydro-Québec, on va avoir la notion d'«agriculture dynamique»
qui va être introduite dans le projet de loi. Moi, j'ai bien confiance qu'en
mettant tout ça ensemble, là, je veux dire, les décisions qui vont se prendre
vont être... décisions qui vont être respectueuses des objectifs qu'on a dans
la loi, là.
Puis, dernier point, au niveau de la
surenchère, vous avez raison. Tu sais, on l'a démontré dans... dans la... le
troisième fascicule qu'on avait — parce que la consultation, c'était
en trois fascicules : il y avait la protection, il y avait les activités
agricoles puis il y avait la protection de... la propriété des terres — bien,
que la majorité des transactions se font entre agriculteurs. Puis le point...
ce que vous dites : Est-ce que ça, ça va faire en sorte qu'ultimement ils
vont vouloir payer moins cher pour leur terre pour que ça coûte moins cher
ultimement pour les jeunes agriculteurs? C'est un... C'est un enjeu, la
question de l'accroissement des terres. Nous, ce qu'on cherche à faire... C'est
sûr que, si on peut évacuer à terme toute la notion de spéculation puis la
notion de gens qui viennent mettre de la pression là-dessus, mais en ayant des
intentions qui ne sont pas liées ultimement à un bon usage du territoire
agricole, bien, on se dit qu'à terme ça va venir mettre une pression à la
baisse sur la demande puis ça va mettre une pression à la baisse aussi sur le
prix.
Mais il reste que, écoutez, Québec l'a
mentionné, tu sais, on a 0,24 hectare par habitant de terres agricoles
cultivables, c'est le plus bas ratio de tous les pays de l'OCDE, puis on a des
gens sur le territoire, des entrepreneurs agricoles qui sont dynamiques, puis
qui bâtissent des affaires, puis qui sont compétents puis vraiment bons. Ces
gens-là, bien, ils veulent... ils veulent travailler.
Puis une chose qu'on cherche à faire...
Une chose qui a contribué, d'une façon, aussi à l'augmentation du prix des
terres, à la rareté des terres, c'est tout le régime d'exploitation agricole
qui est en place, le fameux REA, qui est en place depuis 20 quelques années,
puis aujourd'hui, là, on est engagés dans une démarche où on veut reconnaître
les bonnes pratiques agroenvironnementales. Parce que, si ça a été mis en
place, c'est parce qu'il y avait...
12 h 30 (version non révisée)
M. Lamontagne : ...un genre
de dégâts qui est en train de se créer, puis il y a une partie de ce dégât-là,
qui est associée à des pratiques qui pouvaient être discutables. Puis là, bien,
en 20 quelques années, là, on en a des champions au Québec, là, on en a, puis
vous le savez. On en a du monde qui sont bons, là. On peut-tu avoir un régime
qui fait en sorte que, si les gens, c'est des stars en agroenvironnement, qu'ils
vont pouvoir accroître leur superficie de culture. Ça fait que, si on vient
lever ce moratoire-là, je ne dis pas que, demain matin, ça va être la course,
mais qu'on vient ajouter une nouvelle variable où on va pouvoir accroître des
superficies en culture, bien, l'agriculteur qui a 150 hectares, puis il y en a
110 qu'il ne pouvait pas agrandir, puis que, demain matin, il y a besoin de 20
hectares de plus, 30 hectares, 40 hectares, puis, ultimement, parce que c'est
un agriculteur modèle, il va pouvoir le faire, bien, il ne sera pas sur la
route en train d'essayer d'acheter le voisin du troisième rang puis,
ultimement, d'être prêt à payer plus cher parce qu'il veut venir s'aider dans
sa business. Ça fait que c'est plusieurs points, mais c'est un enjeu...
Journaliste : ...
M. Lamontagne : Pardon?
Journaliste : Ça va être
quand les superstars vont pouvoir agrandir leurs terres?
M. Lamontagne : Bien,
écoutez, c'est un chantier qui est en cours, on en a parlé longuement hier à l'Assemblée.
Mais, normalement, le chantier qui touche le REA, l'objectif, c'est de faire
atterrir ça en 2026. C'est bon. Merci beaucoup.
Journaliste : Bonjour.
Mathieu Papillon de Radio-Canada. Dans le projet de loi, on comprend qu'il y a
des cas où la commission pourrait refuser l'acquisition d'une terre par un
fonds d'investissement, mais on dit «sauf dans les cas et selon les conditions
que le gouvernement peut déterminer par règlement», on pourrait l'autoriser
quand même. Ça va être quoi, ces conditions-là, déterminées par règlement?
M. Lamontagne : Bien, au
moment où on se parle, là, honnêtement, là c'est de donner des outils, puis là,
au moment où on se parle, là... on vient d'édicter, même avant que la loi soit
édictée, là. S'il y a un fonds, qu'il veut acheter une terre, il n'a pas le
droit, Là, la Chambre des notaires, partout au Québec, ils sont tous avisés,
là, il n'y a pas une transaction à partir du moment où j'ai déposé le projet de
loi, comme ils ont fait en 1978, il n'y a pas une transaction d'un fonds d'investissement...
Journaliste : Un moratoire,
là.
M. Lamontagne : Oui,
présentement, c'est gelé. Il n'y a pas une organisation qui n'est pas un
agriculteur, qui est dans certaines zones, là, qui ont été identifiées, qui
peuvent être spéculatives, qu'on ne sait pas ce qu'il veut faire avec la terre,
qui peut acheter une terre. Ça fait que là, pour tout de suite, là, ça, jusqu'à
tant que le projet de loi soit adopté, c'est cette situation-là. Puis après ça,
bien, la question des conditions, selon lesquelles ça doit se faire, c'est se
laisser de la marge de manœuvre. Dans un premier temps, ce ne sera pas permis,
c'est ça qu'on dit.
Journaliste : Mais elle
servirait à quoi, cette marge de manœuvre là?
M. Lamontagne : Bien, comme
je vous dis, je prends l'exemple, le plus bel exemple, c'est celui de l'acquisition
des terres par des non-résidents. Le Québec, on a une législation très forte qu'on
vient renforcer pour faire en sorte que, normalement, il n'y aurait pas de
non-résidents qui achètent une terre. Mais, si c'est permis, c'est parce qu'il
y a un certain nombre de critères qui sont rencontrés, puis ultimement, c'est
parce que ça va être bon sur notre territoire, puis c'est positif. Ça fait que,
tu sais, il faut se garder... L'idée, encore là, il y a beaucoup de choses qu'on
fait dans la loi....
Journaliste : ...j'essaie de
comprendre, comment ça peut être positif d'avoir un fonds d'investissement qui
vient acheter une terre agricole?
M. Lamontagne : Bien,
écoutez, je ne peux pas... je ne peux pas vous traduire ultimement... Là je fais
une supposition, mais mettons que ce fonds d'investissement là, sa mission, c'est
la bonification, puis c'est l'amélioration, puis, ultimement, c'est de mettre à
la disposition, pour des générations à venir, des terres agricoles pour des
jeunes agriculteurs. Bien, je vais dire : Je vais écouter... ou je vais
dire, on serait intelligent d'écouter ce qu'ils veulent faire. Si la mission de
ce fonds d'investissement là, bien, c'est de s'assurer que, d'ici huit ans, ils
ont eu 9 % de rendement... de rendement composé, et tout ça, bien là, c'est
une autre sorte de dossier.
Ça fait que l'idée, ce n'est pas d'être
dans le mur-à-mur, l'idée, c'est de se donner les moyens de dire : Ce n'est
pas possible. Si ça l'était, c'est d'établir les conditions. Puis, avec ce qu'on
fait là, notre...
Journaliste : C'est-tu parce
que vous ne faites pas confiance à commission? C'est cette exception-là qui est
prévue dans le projet de loi...
M. Lamontagne : Bien non,
bien non. Ce qu'on fait... Tantôt, il y a quelqu'un qui parlait, la commission,
les décisions qu'elle a rendues, il y a certaines décisions que la commission
a rendues au fil des années, parce qu'à un moment donné, il n'y avait pas de
flexibilité. Il y avait... tu sais, c'était très rigide, le cadre avec lequel
ils devaient travailler. Là ce qu'on vient faire, c'est qu'on vient se donner
un environnement où on va être capable de prendre du recul puis de venir
apprécier qu'est-ce qui est devant nous puis quelle est la meilleure décision à
prendre pour le territoire agricole.
Journaliste : Puis comment,
concrètement, votre projet de loi va freiner la perte des bonnes terres
agricoles au Québec?
M. Lamontagne : Bien, un, la
question de la zone agricole dynamique, ça, ça va être vraiment un point très
important. Bien, la question de tout ce qui est autour des périmètres urbains,
de ce qu'on vient de faire, le gel, l'interdiction, si on veut, c'est de faire
en sorte que des gens qui ne sont pas des producteurs agricoles enregistrés
puissent acheter des terres agricoles dans des zones qui, ultimement, bien,
sont spéculatives...
12 h 35 (version non révisée)
M. Lamontagne : ...puis que l'objectif,
c'est de faire en sorte qu'un jour, bien, je veux dire, ils vont être dézonés
pour qu'ils puissent passer au cash, si on veut, là. Ça fait que juste de faire
ça, ça va nous aider dans la protection de nos terres agricoles.
Journaliste : Puis une
dernière pour M. Caron, pour préciser. Vous avez dit, d'entrée de jeu, qu'il y
a certains aspects qui méritent une étude plus en profondeur de ce projet de
loi là. De quels aspects vous parlez, exactement?
M. Caron (Martin) : Bien, je
parlais de l'aspect au niveau des UNA, qu'on dit, utilisation non agricole dans
cette zone agricole là. Je l'ai mentionné, c'est l'impact majeur sur les
dernières années. Sur les 10 dernières années, 80 % des pertes agricoles
puis des activités se passent là. On laisse ça en zone verte, on fait d'autres
usages que de l'agriculture. Et c'est pour ça, le projet de loi, entre autres,
quand on parle de zone dynamique agricole, quand on parle d'éléments comme ça,
ça permet de baliser cet aspect-là et c'est ça qu'il faut renforcer, et c'est
ça qu'on va aller davantage... Parce qu'on sait que les pertes agricoles,
dernières années, c'est là que ça se situe.
Ça fait que, donc, nous, c'est pour ça, on
n'a pas vu le projet de loi, on a vu des grandes lignes, mais on n'a pas pu l'analyser,
et c'est là-dessus, au niveau des consultations, qu'on va regarder, qu'on va s'assurer
que cet élément-là est bien pris en compte et qu'on a des balises qui vont
tenir la route au niveau de la CPTAQ.
Journaliste : Qu'est-ce que
vous espérez, concrètement...
M. Caron (Martin) : Bien, qu'est-ce
qu'on espère, c'est que des UNA, qu'on n'utilise pas ce moyen-là pour passer à
côté de dézonage, vous comprenez, là? C'est...
Journaliste : C'est quoi, ça,
c'est quoi, un...
M. Caron (Martin) : Un usage
non agricole, ça veut dire que vous ne changez pas la zone, ça reste une zone
agricole, mais vous faites d'autres choses que de l'agriculture. Bien, il
pourrait y avoir une industrie qui est là, il pourrait y avoir des
infrastructures municipales qui soient là-dessus, il pourrait y avoir des
parkings qui sont faits pour d'autres entreprises. Ça fait que, vous comprenez,
on ne fait plus d'agriculture sur ces zones-là. C'est resté zoné vert, mais ce
n'est pas de l'agriculture, on ne cultive plus ces champs-là. Et c'est ça que
je vous dis, les 10 dernières années, c'est là qu'on l'a échappé.
C'est pour ça, au niveau du projet de loi,
comme M. le ministre a dit, il y a une zone dynamique agricole qu'on vient de
mettre, vraiment... dire : O.K., là, il faut arrêter de faire ça puis
commencer à centrer.
On a quand même d'autres enjeux. Là, je ne
vous cacherai pas, tout l'étalement urbain, ça a un impact majeur sur la
pression, puis la pression, ce n'est pas juste qu'on réduit notre zone
agricole, mais la pression au niveau aussi du prix des terres agricoles. Ça
fait que ça aussi, on veut regarder ça, étudier par rapport au registre puis
dans l'ensemble. Ça fait que je pense qu'il y a des éléments là-dessus, mais
pour nous, vu qu'on l'a échappé, les dernières années, c'est là qu'il faut
serrer puis être bien conscient de tout ça.
La Modératrice : Merci. Donc,
ça conclut le point de presse. Merci.
Des voix : Merci.
(Fin à 12 h 38)