(Treize heures quarante-quatre minutes)
M. Legault : Bien, je suis
accompagné de la ministre de l'Économie, Christine Fréchette, ministre de la
Sécurité publique, François Bonnardel.
Premier sujet dont je veux vous parler,
évidemment, la bombe, hier soir, M. Trump qui dit qu'il veut mettre des
tarifs de 25 % sur toutes les exportations canadiennes parce qu'il n'est
pas satisfait de la gestion des frontières de la part du gouvernement du
Canada.
Bon, d'abord, Donald Trump e été élu
démocratiquement. Il faut en prendre acte. Et puis, on ne peut pas dire qu'il n'a
pas parlé pendant la campagne électorale de l'immigration illégale. Donc, il
faut prendre ça au sérieux. Je pense que vous allez reconnaître que moi, ça
fait des années que je parle des problèmes du contrôle de la frontière
canadienne. Rappelez vous, en 2017, j'ai été le premier à dire : La
frontière canadienne est devenue une passoire. Rappelez-vous l'épisode de
Roxham qui a duré beaucoup trop longtemps. Puis, rappelez vous, la semaine
dernière, je vous ai dit il faut que Justin Trudeau se donne un plan pour
éviter, entre autres, que les immigrants illégaux américains qui ont peur des
gestes qui seront posés éventuellement par le président Trump, bien, commencent
à immigrer, là, en grand nombre au Québec et au Canada. Et la réponse que j'ai eue,
rappelez vous, Jean-Yves Duclos, le ministre de Justin Trudeau, qui dit :
François Legault fait peur au monde. C'est ça, la réaction que j'ai eue de
Justin Trudeau et son équipe la semaine dernière.
Non, je pense que les craintes sur l'immigration
de Donald Trump sont légitimes et je comprends que le problème est beaucoup
plus important sur la frontière du Mexique, mais il reste que, quand on regarde
ce qui se passe du côté de la frontière canadienne, au cours des dernières
années, il y a eu une augmentation importante du nombre d'immigrants illégaux
qui passent par le Canada pour éventuellement aller aux. États-Unis. Donc, M. Trudeau,
plus que jamais, doit se donner un plan, un plan pour bien protéger la frontière
des deux côtés. Et, bien, écoutez, d'abord, 25 % de Tarifs sur tous les
produits exportés aux États-Unis, ça voudrait dire, là, des dizaines de
milliers d'emplois perdus pour le Québec, pour le Canada. Donc, il faut prendre
ça très, très, très au sérieux.
J'ai parlé hier soir avec M. Trudeau.
Je lui ai offert ma collaboration, s'il pense que la Sûreté du Québec peut
aider. J'ai aussi demandé une rencontre rapide des premiers ministres des
provinces et territoires avec M. Trudeau. Bon, il a accepté. Il y aura une
rencontre demain. Mais la principale demande que j'ai faite à M. Trudeau
hier soir, c'est de dire : Il faut absolument que le Québec soit
représenté à la table de négociations avec les Américains. C'est important
parce que les produits qui sont exportés par les différentes provinces ne sont
pas les mêmes.
Prenez l'Alberta, c'est surtout du pétrole
et du gaz qui est exporté aux États-Unis. Prenez l'Ontario, c'est surtout des
autos ou des pièces d'autos qui sont exportées aux États-Unis, alors qu'au
Québec, bien, c'est l'aéronautique, c'est l'aluminium, c'est tout le secteur de
la forêt, c'est l'agriculture. Puis il y a aussi toutes les exemptions sur les
produits culturels que tous les gouvernements ont protégés depuis des
décennies. Donc, il faut faire attention que le fédéral ne vienne pas offrir
des compromis aux dépens de l'économie québécoise, par exemple, en disant :
Bien, on va protéger le pétrole, on va protéger les autos, mais on ne protégera
pas l'aéronautique, ou le bois, ou l'aluminium. Donc, très important que le
Québec soit à la table de toutes les négociations avec les États-Unis, pas
juste en 2026, quand il y aura une révision de l'Accord Canada, États-Unis, Mexique,
mais dès maintenant, dans toutes les discussions, je souhaite qu'il y ait un
représentant du Québec à la table. Il ne faut pas paniquer, il faut rester
calme, mais il faut prendre ça très, très, très au sérieux, les menaces de
M. Trump.
Deuxième sujet dont je veux vous parler,
ce qui est arrivé vendredi soir à Montréal. Écoutez, des manifestants qui
mettent le feu, qui brisent des vitrines, qui agressent des policiers. D'abord,
je veux dire une chose, là, parce qu'il y a beaucoup de Québécois qui
m'interpellent : ce n'est pas ni le gouvernement du Québec ni la Sûreté du
Québec qui est responsable du territoire à Montréal, c'est la ville de Montréal
puis le Service de police de la Ville de Montréal, le SPVM. Donc, j'ai parlé
avec la mairesse Valérie Plante tantôt et je lui ai dit, là : Ça presse,
dans les prochains jours, qu'on arrête les voyous, les casseurs qui ont été
violents vendredi, il est temps qu'on rétablisse l'ordre à Montréal. Et j'ai
offert à Mme Plante d'envoyer la Sûreté du Québec, mais il faut qu'il y
ait un message très clair qui soit envoyé à ces voyous qu'ils vont être punis,
ils vont être arrêtés, il y aura des conséquences à ce qu'ils ont fait puis ce
qu'ils font actuellement à Montréal.
Journaliste : Pourquoi vous
n'avez pas vous-même un négociateur en chef? Mme Anglade avait nommé
M. Bachand, M. Charest avait nommé M. Johnson, pourquoi vous
attendez après Justin Trudeau?
M. Legault : Oui. Bien, la
première chose, on aura un négociateur. Mais la première chose à savoir, c'est
est-ce que notre négociateur sera du type Bachand ou du type à la table? Moi,
ce que je souhaite, c'est que le négociateur du Québec soit à la table. Donc,
évidemment, on est en train d'approcher des personnes, mais c'est important de
bien définir le rôle. Je ne veux pas que ce soit juste un rôle consultatif de
temps en temps entre Ottawa puis le Québec, je veux que le négociateur du
Québec soit à la table.
Journaliste : Vous dites que
M. Trump, ses craintes sont légitimes sur l'immigration. Est-ce que c'est
dire que les Québécois pourraient payer cher le laxisme de M. Trudeau à la
frontière?
M. Legault : Bien, écoutez,
là, 25 % de tarif, ce serait des dizaines de milliers de pertes d'emplois.
Donc, oui, les Québécois paieraient cher. Donc, la première chose que
M. Trudeau doit faire, là, puis on va en parler demain, c'est sécuriser
les frontières pour enlever cet argument-là à M. Trump. Ça ne veut pas
dire que M. Trump va se contenter seulement de ça. Moi, j'ai l'impression,
j'en parlais sur les réseaux sociaux quand on lit le livre de Robert Lighthizer
qu'il va y aller industrie par industrie. Puis dans les secteurs où il va être
capable de remplacer nos produits, bien, il va le faire. Mais là, c'est pour ça
qu'il faut négocier industrie par industrie puis que le Québec, dans ces
domaines qui sont cruciaux, soit représenté par le Québec.
Journaliste : ...économique?
Est-ce que, ça, c'est... Vu qu'on... Vous dites : Une bombe a éclaté.
M. Legault : Écoutez,
d'abord, ça va évoluer. Là, on parle du 20 janvier, donc est-ce qu'on est
capables de régler la question des frontières d'ici le 20 janvier?
Ensuite, mais est-ce qu'on parle de 10 %, de 25 %? Est ce qu'on
inclut le Mexique, on n'inclut pas le Mexique? Parce que la situation est très différente
au Mexique qu'au Canada, là, il y a beaucoup plus d'immigrants illégaux.
Journaliste : Mais la mise à
jour, est-ce qu'elle n'est pas caduque?
M. Legault : Bien, il faudra,
à un moment donné, suivre ça de près, mais c'est très sérieux les impacts qu'on
pourrait avoir sur l'économie et du Canada et du Québec.
Journaliste : On ne vous pas
très clame dans mon propos. Vous avez dit : Il faut rester calme. Vous
parlez de baume. Vous avez dit : Il faut changer, 10 000 emplois
perdus. Ce n'est pas des propos très calmes, ça.
M. Legault : Bien, il faut
prendre ça au sérieux, il faut prendre ça au sérieux. C'est gros ce qui est
annoncé par M. Trump. Bon, évidemment, Christine puis toute l'équipe
économique va rencontrer les responsables des différents secteurs au cours des
prochaines semaines : l'aluminium, le bois, l'UPA, les différents
secteurs, Aéro Montréal, Aéro Québec pour s'assurer qu'on se donne une
stratégie. C'est dans ce sens-là que je dis il faut être calme, mais il faut
agir.
Journaliste : ...ça veut dire
quoi au juste, sécuriser la frontière?
M. Legault : Bien, écoutez,
là, ce qu'on comprend, c'est que, depuis quelques années, il y a une
augmentation des immigrants illégaux qui traversent la frontière dans le sens
Canada-États-Unis, puis il y a un problème, entre autres, avec la circulation
de certaines drogues. Il faut aussi s'assurer, à Akwesasne, avec les Mohawks
que le territoire qui couvre et le Québec et les États-Unis soit bien couvert
aussi.
Journaliste : ...la présence
d'agents de la GRC à la frontière?
M. Legault : Il faut
augmenter la présence, puis, moi, j'ai offert toute ma collaboration à
M. Trudeau.
Journaliste : ...que vous
avez offert à Mme Plante d'envoyer la Sûreté du Québec à Montréal. Est-ce
que c'est dire que le SPVM n'a plus les capacités pour gérer la situation à
Montréal, que la mairesse n'a plus le contrôle?
M. Legault : Bien, écoutez,
moi, je m'attends dans les prochains jours à ce qu'il y ait beaucoup plus que
trois arrestations par le SPVM. Donc, jusqu'à preuve du contraire, on a
confiance au SPVM, mais je m'attends à ce qu'il y ait de l'action au cours des
prochains jours.
Journaliste : ...le contrat
d'exportation d'électricité, M. Legault?
M. Legault : Bien, écoutez,
tout est touché. Pour l'instant, on parle que tous les produits seraient
tarifés, donc... puis il y a certains endroits, ils ont besoin de notre
électricité. L'aluminium. Je ne pas que l'aluminium québécois pourrait être
remplacé par les Américains. C'est pour ça qu'il faut se faire une stratégie
puis être capable de bien comprendre quels sont les secteurs où M. Trump
peut vraiment remplacer nos produits puis quels sont les secteurs où c'est un
peu un bluff. Donc, il faut regarder ça industrie par industrie, puis... bien,
on n'a pas les mêmes industries que le reste du Canada. Je ne voudrais pas que
la priorité, ça serait de protéger le secteur de l'auto aux dépens de d'autres
secteurs qui sont plus importants pour le Québec.
Journaliste : Les tarifs de
représailles, est-ce c'est comme... sur le bourbon, le ketchup, comme en 2017,
là?
M. Legault : Bien, on n'est
pas dans une situation pour faire une guerre tarifaire? Le Québec exporte
87 milliards aux États-Unis puis importe 43 milliards, donc on
exporte deux fois plus que ce qu'on importe des États-Unis. Donc, la dernière
chose qu'on veut, c'est une guerre tarifaire. On ne va pas l'exclure, mais, je
veux dire, il faut tout faire pour ne pas avoir de guerre tarifaire.
La Modératrice : En anglais,
s'il vous plaît.
Journaliste : Une
constitution du Québec, est-ce que ça vous intéresse?
La Modératrice : On va passer
en anglais, s'il vous plaît.
M. Legault : On va vous
parler de ça un peu plus tard aujourd'hui, là, ça va être déposé tantôt.
Journaliste : Economists are saying that... as many as 600,000 jobs... in
Québec, if we have these tariffs. How are you going to get that across to
Mr. Trudeau and what does he have to do to those borders?
M. Legault :
OK First, I don't want to put or table
any figures. We have to know exactly what he plans to do. So far, during the
campaign, he talked about 10% tariff. Now, he's talking about 25%, but putting
that with the borders... in relation with the borders. So, we'll see what will
happen in the next few weeks. But of course, tariffs on all exportation mean
thousands of jobs that can be lost.
Journaliste :
So, you're mad at Mr. Trudeau for
the lack of security at the borders?
M. Legault :
I'm saying it since 2017 that we have
to do something. Remember what happened at Roxham, so it goes both ways. We
have to secure the border.
Journaliste :
So, basically, you're saying to Donald
Trump, he's right.
M. Legault :
I'm saying that Mr. Trump said it
very often during the campaign that he would fight against illegal immigration,
so that's what he's doing right now.
Journaliste :
...scared about what can happen to the
economy of Québec.
M. Legault :
Of course, if you put a tariff of
10 % or 25 % on all exportations. We have from Québec to United
States 87 billion dollars of exportation and only 43 billion of
importation, so we cannot start a war and we have to do everything we can to
not have these tariffs.
Journaliste :
You said it yourself that not all
provinces have the same priorities when it comes to exportation. So, what
exactly are you hoping to protect in Québec and what are you going to do to
make sure that Québec's interests are protected?
M. Legault :
OK. Like I said to my colleagues of
other provinces... For example, Alberta is exporting oil and gas. Ontario is
exporting cars or car parts. Here, in Québec, it's the aerospace business, the
lumber business, the agricultural business, the aluminum business, and we also
have this protection for cultural products. So, of course, I think we need to
be at the table negotiating with the United States, at least for our products.
Journaliste :
...particular concern for electricity,
hydroelectricity? What impact that could have?
M. Legault :
It can help. Electricity, like
aluminum, I think that the United States, they need us. So, that's exactly what
Christine is doing right now, industry per industry, to see where does he need
us, where can you replace us for some products. So, before starting the
negotiation, we need to have a strategic plan, and I want to participate to
this plan with Mr. Trudeau.
Journaliste :
...on Friday. Are you saying that the
SPVM failed to do its job? What's your message to Montréal...
M. Legault :
Bien, we only had three people that
were arrested. So, of course, if you saw the images, we saw that there were a
lot more than three that were violent. So, we expect that the SPVM arrest more
people in the next few days. And that's what I said to Valérie Plante. Merci,
tout le monde.
(Fin à 14 heures)