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Point de presse de M. François Legault, premier ministre, Mme Christine Fréchette, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, et M. François Bonnardel, ministre de la Sécurité publique

Version finale

Le mardi 26 novembre 2024, 13 h 43

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures quarante-quatre minutes)

M. Legault : Bien, je suis accompagné de la ministre de l'Économie, Christine Fréchette, ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel.

Premier sujet dont je veux vous parler, évidemment, la bombe, hier soir, M. Trump qui dit qu'il veut mettre des tarifs de 25 % sur toutes les exportations canadiennes parce qu'il n'est pas satisfait de la gestion des frontières de la part du gouvernement du Canada.

Bon, d'abord, Donald Trump e été élu démocratiquement. Il faut en prendre acte. Et puis, on ne peut pas dire qu'il n'a pas parlé pendant la campagne électorale de l'immigration illégale. Donc, il faut prendre ça au sérieux. Je pense que vous allez reconnaître que moi, ça fait des années que je parle des problèmes du contrôle de la frontière canadienne. Rappelez vous, en 2017, j'ai été le premier à dire : La frontière canadienne est devenue une passoire. Rappelez-vous l'épisode de Roxham qui a duré beaucoup trop longtemps. Puis, rappelez vous, la semaine dernière, je vous ai dit il faut que Justin Trudeau se donne un plan pour éviter, entre autres, que les immigrants illégaux américains qui ont peur des gestes qui seront posés éventuellement par le président Trump, bien, commencent à immigrer, là, en grand nombre au Québec et au Canada. Et la réponse que j'ai eue, rappelez vous, Jean-Yves Duclos, le ministre de Justin Trudeau, qui dit : François Legault fait peur au monde. C'est ça, la réaction que j'ai eue de Justin Trudeau et son équipe la semaine dernière.

Non, je pense que les craintes sur l'immigration de Donald Trump sont légitimes et je comprends que le problème est beaucoup plus important sur la frontière du Mexique, mais il reste que, quand on regarde ce qui se passe du côté de la frontière canadienne, au cours des dernières années, il y a eu une augmentation importante du nombre d'immigrants illégaux qui passent par le Canada pour éventuellement aller aux. États-Unis. Donc, M. Trudeau, plus que jamais, doit se donner un plan, un plan pour bien protéger la frontière des deux côtés. Et, bien, écoutez, d'abord, 25 % de Tarifs sur tous les produits exportés aux États-Unis, ça voudrait dire, là, des dizaines de milliers d'emplois perdus pour le Québec, pour le Canada. Donc, il faut prendre ça très, très, très au sérieux.

J'ai parlé hier soir avec M. Trudeau. Je lui ai offert ma collaboration, s'il pense que la Sûreté du Québec peut aider. J'ai aussi demandé une rencontre rapide des premiers ministres des provinces et territoires avec M. Trudeau. Bon, il a accepté. Il y aura une rencontre demain. Mais la principale demande que j'ai faite à M. Trudeau hier soir, c'est de dire : Il faut absolument que le Québec soit représenté à la table de négociations avec les Américains. C'est important parce que les produits qui sont exportés par les différentes provinces ne sont pas les mêmes.

Prenez l'Alberta, c'est surtout du pétrole et du gaz qui est exporté aux États-Unis. Prenez l'Ontario, c'est surtout des autos ou des pièces d'autos qui sont exportées aux États-Unis, alors qu'au Québec, bien, c'est l'aéronautique, c'est l'aluminium, c'est tout le secteur de la forêt, c'est l'agriculture. Puis il y a aussi toutes les exemptions sur les produits culturels que tous les gouvernements ont protégés depuis des décennies. Donc, il faut faire attention que le fédéral ne vienne pas offrir des compromis aux dépens de l'économie québécoise, par exemple, en disant : Bien, on va protéger le pétrole, on va protéger les autos, mais on ne protégera pas l'aéronautique, ou le bois, ou l'aluminium. Donc, très important que le Québec soit à la table de toutes les négociations avec les États-Unis, pas juste en 2026, quand il y aura une révision de l'Accord Canada, États-Unis, Mexique, mais dès maintenant, dans toutes les discussions, je souhaite qu'il y ait un représentant du Québec à la table. Il ne faut pas paniquer, il faut rester calme, mais il faut prendre ça très, très, très au sérieux, les menaces de M. Trump.

Deuxième sujet dont je veux vous parler, ce qui est arrivé vendredi soir à Montréal. Écoutez, des manifestants qui mettent le feu, qui brisent des vitrines, qui agressent des policiers. D'abord, je veux dire une chose, là, parce qu'il y a beaucoup de Québécois qui m'interpellent : ce n'est pas ni le gouvernement du Québec ni la Sûreté du Québec qui est responsable du territoire à Montréal, c'est la ville de Montréal puis le Service de police de la Ville de Montréal, le SPVM. Donc, j'ai parlé avec la mairesse Valérie Plante tantôt et je lui ai dit, là : Ça presse, dans les prochains jours, qu'on arrête les voyous, les casseurs qui ont été violents vendredi, il est temps qu'on rétablisse l'ordre à Montréal. Et j'ai offert à Mme Plante d'envoyer la Sûreté du Québec, mais il faut qu'il y ait un message très clair qui soit envoyé à ces voyous qu'ils vont être punis, ils vont être arrêtés, il y aura des conséquences à ce qu'ils ont fait puis ce qu'ils font actuellement à Montréal.

Journaliste : Pourquoi vous n'avez pas vous-même un négociateur en chef? Mme Anglade avait nommé M. Bachand, M. Charest avait nommé M. Johnson, pourquoi vous attendez après Justin Trudeau?

M. Legault : Oui. Bien, la première chose, on aura un négociateur. Mais la première chose à savoir, c'est est-ce que notre négociateur sera du type Bachand ou du type à la table? Moi, ce que je souhaite, c'est que le négociateur du Québec soit à la table. Donc, évidemment, on est en train d'approcher des personnes, mais c'est important de bien définir le rôle. Je ne veux pas que ce soit juste un rôle consultatif de temps en temps entre Ottawa puis le Québec, je veux que le négociateur du Québec soit à la table.

Journaliste : Vous dites que M. Trump, ses craintes sont légitimes sur l'immigration. Est-ce que c'est dire que les Québécois pourraient payer cher le laxisme de M. Trudeau à la frontière?

M. Legault : Bien, écoutez, là, 25 % de tarif, ce serait des dizaines de milliers de pertes d'emplois. Donc, oui, les Québécois paieraient cher. Donc, la première chose que M. Trudeau doit faire, là, puis on va en parler demain, c'est sécuriser les frontières pour enlever cet argument-là à M. Trump. Ça ne veut pas dire que M. Trump va se contenter seulement de ça. Moi, j'ai l'impression, j'en parlais sur les réseaux sociaux quand on lit le livre de Robert Lighthizer qu'il va y aller industrie par industrie. Puis dans les secteurs où il va être capable de remplacer nos produits, bien, il va le faire. Mais là, c'est pour ça qu'il faut négocier industrie par industrie puis que le Québec, dans ces domaines qui sont cruciaux, soit représenté par le Québec.

Journaliste : ...économique? Est-ce que, ça, c'est... Vu qu'on... Vous dites : Une bombe a éclaté.

M. Legault : Écoutez, d'abord, ça va évoluer. Là, on parle du 20 janvier, donc est-ce qu'on est capables de régler la question des frontières d'ici le 20 janvier? Ensuite, mais est-ce qu'on parle de 10 %, de 25 %? Est ce qu'on inclut le Mexique, on n'inclut pas le Mexique? Parce que la situation est très différente au Mexique qu'au Canada, là, il y a beaucoup plus d'immigrants illégaux.

Journaliste : Mais la mise à jour, est-ce qu'elle n'est pas caduque?

M. Legault : Bien, il faudra, à un moment donné, suivre ça de près, mais c'est très sérieux les impacts qu'on pourrait avoir sur l'économie et du Canada et du Québec.

Journaliste : On ne vous pas très clame dans mon propos. Vous avez dit : Il faut rester calme. Vous parlez de baume. Vous avez dit : Il faut changer, 10 000 emplois perdus. Ce n'est pas des propos très calmes, ça.

M. Legault : Bien, il faut prendre ça au sérieux, il faut prendre ça au sérieux. C'est gros ce qui est annoncé par M. Trump. Bon, évidemment, Christine puis toute l'équipe économique va rencontrer les responsables des différents secteurs au cours des prochaines semaines : l'aluminium, le bois, l'UPA, les différents secteurs, Aéro Montréal, Aéro Québec pour s'assurer qu'on se donne une stratégie. C'est dans ce sens-là que je dis il faut être calme, mais il faut agir.

Journaliste : ...ça veut dire quoi au juste, sécuriser la frontière?

M. Legault : Bien, écoutez, là, ce qu'on comprend, c'est que, depuis quelques années, il y a une augmentation des immigrants illégaux qui traversent la frontière dans le sens Canada-États-Unis, puis il y a un problème, entre autres, avec la circulation de certaines drogues. Il faut aussi s'assurer, à Akwesasne, avec les Mohawks que le territoire qui couvre et le Québec et les États-Unis soit bien couvert aussi.

Journaliste : ...la présence d'agents de la GRC à la frontière?

M. Legault : Il faut augmenter la présence, puis, moi, j'ai offert toute ma collaboration à M. Trudeau.

Journaliste : ...que vous avez offert à Mme Plante d'envoyer la Sûreté du Québec à Montréal. Est-ce que c'est dire que le SPVM n'a plus les capacités pour gérer la situation à Montréal, que la mairesse n'a plus le contrôle?

M. Legault : Bien, écoutez, moi, je m'attends dans les prochains jours à ce qu'il y ait beaucoup plus que trois arrestations par le SPVM. Donc, jusqu'à preuve du contraire, on a confiance au SPVM, mais je m'attends à ce qu'il y ait de l'action au cours des prochains jours.

Journaliste : ...le contrat d'exportation d'électricité, M. Legault?

M. Legault : Bien, écoutez, tout est touché. Pour l'instant, on parle que tous les produits seraient tarifés, donc... puis il y a certains endroits, ils ont besoin de notre électricité. L'aluminium. Je ne pas que l'aluminium québécois pourrait être remplacé par les Américains. C'est pour ça qu'il faut se faire une stratégie puis être capable de bien comprendre quels sont les secteurs où M. Trump peut vraiment remplacer nos produits puis quels sont les secteurs où c'est un peu un bluff. Donc, il faut regarder ça industrie par industrie, puis... bien, on n'a pas les mêmes industries que le reste du Canada. Je ne voudrais pas que la priorité, ça serait de protéger le secteur de l'auto aux dépens de d'autres secteurs qui sont plus importants pour le Québec.

Journaliste : Les tarifs de représailles, est-ce c'est comme... sur le bourbon, le ketchup, comme en 2017, là?

M. Legault : Bien, on n'est pas dans une situation pour faire une guerre tarifaire? Le Québec exporte 87 milliards aux États-Unis puis importe 43 milliards, donc on exporte deux fois plus que ce qu'on importe des États-Unis. Donc, la dernière chose qu'on veut, c'est une guerre tarifaire. On ne va pas l'exclure, mais, je veux dire, il faut tout faire pour ne pas avoir de guerre tarifaire.

La Modératrice : En anglais, s'il vous plaît.

Journaliste : Une constitution du Québec, est-ce que ça vous intéresse?

La Modératrice : On va passer en anglais, s'il vous plaît.

M. Legault : On va vous parler de ça un peu plus tard aujourd'hui, là, ça va être déposé tantôt.

Journaliste : Economists are saying that... as many as 600,000 jobs... in Québec, if we have these tariffs. How are you going to get that across to Mr. Trudeau and what does he have to do to those borders?

M. Legault : OK First, I don't want to put or table any figures. We have to know exactly what he plans to do. So far, during the campaign, he talked about 10% tariff. Now, he's talking about 25%, but putting that with the borders... in relation with the borders. So, we'll see what will happen in the next few weeks. But of course, tariffs on all exportation mean thousands of jobs that can be lost.

Journaliste : So, you're mad at Mr. Trudeau for the lack of security at the borders?

M. Legault : I'm saying it since 2017 that we have to do something. Remember what happened at Roxham, so it goes both ways. We have to secure the border.

Journaliste : So, basically, you're saying to Donald Trump, he's right.

M. Legault : I'm saying that Mr. Trump said it very often during the campaign that he would fight against illegal immigration, so that's what he's doing right now.

Journaliste : ...scared about what can happen to the economy of Québec.

M. Legault : Of course, if you put a tariff of 10 % or 25 % on all exportations. We have from Québec to United States 87 billion dollars of exportation and only 43 billion of importation, so we cannot start a war and we have to do everything we can to not have these tariffs.

Journaliste : You said it yourself that not all provinces have the same priorities when it comes to exportation. So, what exactly are you hoping to protect in Québec and what are you going to do to make sure that Québec's interests are protected?

M. Legault : OK. Like I said to my colleagues of other provinces... For example, Alberta is exporting oil and gas. Ontario is exporting cars or car parts. Here, in Québec, it's the aerospace business, the lumber business, the agricultural business, the aluminum business, and we also have this protection for cultural products. So, of course, I think we need to be at the table negotiating with the United States, at least for our products.

Journaliste : ...particular concern for electricity, hydroelectricity? What impact that could have?

M. Legault : It can help. Electricity, like aluminum, I think that the United States, they need us. So, that's exactly what Christine is doing right now, industry per industry, to see where does he need us, where can you replace us for some products. So, before starting the negotiation, we need to have a strategic plan, and I want to participate to this plan with Mr. Trudeau.

Journaliste : ...on Friday. Are you saying that the SPVM failed to do its job? What's your message to Montréal...

M. Legault : Bien, we only had three people that were arrested. So, of course, if you saw the images, we saw that there were a lot more than three that were violent. So, we expect that the SPVM arrest more people in the next few days. And that's what I said to Valérie Plante. Merci, tout le monde.

(Fin à 14 heures)