Point de presse de M. Paul St-Pierre Plamondon, chef du troisième groupe d’opposition, et M. Pascal Bérubé, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de francisation
Version préliminaire
Cette transcription est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs.
Le jeudi 31 octobre 2024, 8 h 20
Salle Bernard-Lalonde (1.131),
hôtel du Parlement
8 h 22 (version non révisée)
(Huit heures vingt et une minutes)
M.
St-Pierre
Plamondon :Bonjour, tout le monde.
Donc, tout d'abord, un mot sur l'immigration et cette décision soudaine du
gouvernement de faire un 180 degrés en matière d'immigration.
Avant d'aller là-dessus, juste noter,
parce qu'on n'y est pas revenus, ce rapport de l'Institut du Québec qui, en
fait, confirme plusieurs des propositions et des constats dans le rapport du
Parti québécois, puis vous comprendrez évidemment qu'on n'avait pas d'indication
de ce rapport-là de l'Institut du Québec, mais l'institut du Québec confirme ce
qu'il y a dans le rapport du Parti québécois sur la nécessité d'inclure l'immigration
temporaire dans la planification annuelle, ce que la CAQ n'a pas fait. L'importance
de revoir les programmes qui attirent de la main-d'oeuvre bon marché parce que
ça freine l'innovation et la robotisation, c'est exactement ce qu'on disait. L'importance
de prioriser uniquement certains secteurs, pas tous les secteurs, c'est ce que
notre plan propose. La part de responsabilité des deux paliers de gouvernement,
donc le gouvernement du Québec est également responsable de la perte de
contrôle sur les seuils d'immigration.
Donc, tous ces points-là ont eu lieu un
peu plus de 24 heures après le dépôt du document du plan du Parti
québécois. Et là, coup de théâtre, un 180 degrés du gouvernement qui décide de
complètement mettre un moratoire non seulement sur l'immigration économique
provenant de l'extérieur du Québec comme le propose le Parti québécois, mais
également sur le PEQ, donc ceux qui sont déjà sur le territoire.
Et je pense qu'on a devant nous un
Jean-François Roberge qui réalise que le gouvernement a perdu le contrôle sur
les seuils, qu'il désavoue, ce faisant, ce que Christine Fréchette a fait.
Parce que Christine Fréchette, comme le soulignait Guillaume Cliche-Rivard il y
a quelques instants, elle a ouvert les vannes sur le PEQ. Donc, il n'y a aucune
planification, et là on a l'impression que le nouveau ministre réalise l'ampleur
de la perte de contrôle du gouvernement. Et là, quand Jean-François Roberge dit
que c'est le fruit d'une longue réflexion rigoureuse et que ça n'a rien à voir
avec l'Institut du Québec et le plan du Parti québécois, je regrette, là, mais,
quand on a une planification rigoureuse, tu publies des documents, tu publies
des chiffres, tu te fixes des cibles, et, dans ce temps-là, tu n'as pas besoin
de faire un 180 degrés. Quand tu as planifié, tu n'es pas dans la
situation où est-ce que tu passes du tout au rien du jour au lendemain, 48 heures
après le dépôt du plan de parti d'opposition qui s'est penché là-dessus.
Donc, ce n'est pas normal que le
gouvernement ne soit pas capable de publier des chiffres, de faire une
planification comme un parti d'opposition à quatre députés est capable de le
faire. Puis quand tu es obligé de faire 180 degrés, c'est parce qu'il y a
un problème de planification, contrairement à ce que suggère le ministre de l'Immigration.
Donc, maintenant qu'une décision est prise
sur les seuils permanents, ça prend également des mesures là où c'est le plus
important, c'est-à-dire sur l'immigration temporaire. Donc, le ministre doit
diminuer cette immigration temporaire en ramenant ce qui est sous le contrôle
du gouvernement du Québec à environ 40 000, donc à peu près la moitié des
chiffres actuels. Et ça, on s'attend également à ce que M. Roberge nous
fasse part de sa longue et méthodique et rigoureuse planification en la
matière.
Journaliste : Après les
libéraux, voici que QS demande la démission de M. Carmant pour sa gestion,
en fait... bien, l'ensemble des cas qui ont été révélés au cours des dernières
semaines. Est-ce que vous faites la même chose?
M.
St-Pierre
Plamondon :Comme je vous ai dit hier,
à l'évidence, M. Carmant n'est pas en contrôle de ses dossiers, n'a pas
fait les suivis par rapport à des recommandations dans le rapport sur la DPJ, n'a
pas fait les suivis sur plusieurs cas problématiques. Mais en même temps, si on
demande la démission de tous les ministres à la CAQ qui ne sont pas en contrôle
de leurs dossiers puis qui n'ont pas fait leur planification, c'est le trois
quarts du gouvernement qu'il va falloir faire démissionner. Donc, il y a une
élection dans deux ans, et ce remaniement ministériel qu'on demande depuis des
lunes, il aura lieu mais sous la forme d'une élection puis d'un changement de
gouvernement.
Journaliste : Quand le
ministre Carmant, par exemple, il y a quelques semaines, disait qu'en
Mauricie... c'était juste en Mauricie que la DPJ...
M.
St-Pierre
Plamondon :Il n'est pas en contrôle de
ses dossiers. Je ne doute pas.
Journaliste : ...
M.
St-Pierre
Plamondon :Puis c'est toutes des
histoires très poignantes, hein? À chaque fois qu'on se lève le matin puis on
lit ces histoires-là, on se dit : Mais comment est-ce possible? Mais à
chaque fois qu'on entend la réaction puis les commentaires du ministre, on voit
qu'il n'est pas en contrôle de ses dossiers, il n'est pas en possession de ses
dossiers. Et s'il était le seul au gouvernement, je dirais : Bien oui, la
solution, c'est de mettre de la pression, bien qu'on sait très bien, là, que ça
arrive rarement qu'un ministre démissionne parce que les oppositions le
demandent. Mais c'est assez généralisé, c'est un gouvernement qui est dépassé,
complètement dépassé par la situation, qui est usé également. On sent qu'il
manque d'énergie, que la part d'improvisation est disproportionnée. Ça témoigne
peut-être un peu, comme dans le cas de M. Fitzgibbon, d'un manque de
motivation. Mais je pense que le remaniement qui aura lieu, mais sous la forme
d'une élection.
Journaliste
: Sur l'immigration,
là, vous prenez un peu le crédit de ce qui est... du changement de cap de la
CAQ. Hier, M. Bérubé a dit que, pour M. Pedneaud-Jobin, c'était une
bonne nouvelle, c'était un souverainiste qui... Est-ce que la CAQ est en train
de devenir plus péquiste?
M.
St-Pierre
Plamondon :Non, je pense que la CAQ l'habitude...
ce n'est pas la première fois que la CAQ approche des indépendantistes et des
péquistes. Est-ce que c'est en raison de la compétence de ces gens-là? Sans
aucun doute. Est-ce qu'il y a de la tactique politique de la part de la CAQ
là-dedans? On peut présumer qu'il y en a au moins un peu. Mais dans tous les
cas, est-ce que c'est une bonne nomination en termes de compétences pour ce
musée-là? C'est une bonne nomination.
Journaliste
: Mais
au-delà de la nomination... que, bon, vous avez sorti le rapport, ils sont
venus vous voler l'idée. Donc, est-ce que vous êtes le fournisseur de la CAQ
maintenant?
M.
St-Pierre
Plamondon :Bien, ce n'est pas tant
que...
8 h 27 (version non révisée)
M.
St-Pierre
Plamondon :...la CAQ devient péquiste,
c'est que la CAQ n'a aucun contrôle de ses dossiers ni aucune planification.
Donc, ça nous fait plaisir de leur fournir une planification avec des documents
de 90 pages, qu'il y a des notes de bas de page puis qu'il y a des données
statistiques, puis qu'il y a une réflexion.
Le but, rappelons-le, d'une opposition,
parce qu'on est contraint à être l'opposition pour encore un moment, c'est d'influencer
le gouvernement, puis on l'a fait dans Bedford, où est-ce qu'il y a eu un 180
degrés du premier ministre sur la question après la sortie de Bernard
Drainville à Tout le monde en parle. Encore une fois, on influence le
gouvernement puis on va faire notre possible pour influencer le gouvernement
dans la bonne direction.
Journaliste : Pour conclure
là-dessus, dans le cadre de votre tournée de recrutement, est ce que vous êtes
passé, par l'Outatouais, voir M. Pedneaud-Jobin?
M.
St-Pierre
Plamondon :Non. Je ne suis pas passé,
par l'Outaouais, voir M. Pedneaud-Jobin, quoique ses réflexions sur la
fiscalité des municipalités m'intéressent beaucoup. Non, mais, en même temps, c'est
ça, je veux dire, souvent, il y a eu des nominations de péquistes par les
caquistes.
Journaliste : ...c'est plus
ça, ma question.
M.
St-Pierre
Plamondon :Bien, moi, honnêtement, je
ne cache pas que j'ai beaucoup de respect pour M. Pedneaud-Jobin. Maintenant,
si lui décide que, ses prochaines années, il veut les consacrer à gérer un
musée, ça lui appartient. Est-ce que c'est une bonne nomination? Totalement.
Journaliste : Étiez-vous déçu
d'apprendre qu'il ait fermé la porte à se présenter en 2026?
M.
St-Pierre
Plamondon :Non, non. Je fais juste
constater que, dans le cas de plusieurs péquistes, la CAQ a cette tendance à
toujours cogner à la porte des péquistes. Mais je le prends comme un
compliment, c'est sûrement parce qu'il y a de la compétence dans le camp
péquiste.
Journaliste : ...les jeunes,
il y a de la grogne dans les écoles. Il y a, je pense, 2900 incidents qui ont
été rapportés, de consommation de drogues dures la plupart du temps, il y a eu
neuf surdoses de comptabilisées. On voit que les drogues qui circulent dans le
réseau scolaire sont de plus en plus dures, dangereuses. Est-ce que c'est des
informations qui vous ont surpris? Puis est-ce que vous pensez que le
gouvernement devrait intervenir, d'une manière ou d'une autre, dans ce
dossier-là?
M.
St-Pierre
Plamondon :Ce n'est pas de l'information
qui est surprenante si on écoute les témoignages sur l'infiltration du crime
organisé dans nos écoles, particulièrement dans la région de Montréal. J'ai été
en contact notamment avec l'Association des sépultures musulmanes sur le
recrutement de jeunes qui servent... qui servent littéralement de chair à canon
pour ces organisations, ces gangs de rue. Il y a une transformation du crime
organisé. Le crime organisé est beaucoup plus agressif en termes d'infiltration
des écoles et de recrutement. Ça se traduit notamment par un changement au
niveau de la drogue et des risques. J'ai eu des parents dans mon bureau qui ont
perdu leur enfant, parce qu'il a reçu un message, il s'est fait offrir une
drogue, puis il est juste mort.
Transformation très rapide du portrait de
la sécurité à Montréal. Et combien de fois on est intervenu pour tenter de
sensibiliser le gouvernement au fait que ça va vite et c'est très alarmant. Donc,
il faut vraiment plus de ressources. Et on nous sert des statistiques
falsifiées, quand on dit qu'il y a plus de policiers à Montréal, là, ce n'est
pas vrai. Au total, il y a, en fait, une diminution des effectifs quand on
vérifie. Et ça va prendre une escouade ou une approche beaucoup plus forte
vis-à-vis cette emprise-là de gangs de rue dans le réseau scolaire, qui n'est
absolument pas adapté pour se défendre par rapport à cette infiltration-là.
Journaliste : Sur la filière
batterie, on voit que Ford a retiré un communiqué de presse sur son site Web...
ne sera plus dans le projet de Bécancour. Est-ce que ça vous inquiète de voir
qu'un grand constructeur automobile... venir au Québec?
M.
St-Pierre
Plamondon :Bien, il faut être prudent,
là. Ce n'est pas toute la filière batterie qui tombe parce que Ford s'en va.
Mais, à nouveau, il faut toujours être prudent dans ce que le gouvernement nous
dit. Parce que là, c'était Ford partout, puis le logo de Ford, puis on se
vantait de Ford. Tout est un moment historique à la CAQ. Puis, avant tout
prendre pour acquis, il faut y aller prudemment, parce que, clairement, le
gouvernement a tout mis ses billes dans un secteur qui est beaucoup plus à
risque que ce qu'on veut nous faire croire. Évidemment, ça implique les fonds
publics, comme on a vu dans Northvolt.
Maintenant, il faut être nuancé, là. Ford
peut sortir du portrait, mais ça ne veut pas dire pour autant qu'il n'y a pas d'autres
joueurs. Mais, globalement, ce que ça nous dit, surtout dans Northvolt, c'est
que c'est quand même un secteur beaucoup plus risqué que ce que le gouvernement
veut bien nous présenter.
Le Modérateur : On va passer
en anglais.
Journaliste : On the immigration plan that is coming up, the fact that two
different categories, there will be... for permanent immigrant. For example,
the Québec Experience Program, it's a complete shift with what the CAQ is
coming up...
M. St-Pierre
Plamondon :
Complete
shift. It's really 180 degrees, because what Christine Fréchette has done, is
to just open the door and say, there is no...
8 h 32 (version non révisée)
M. St-Pierre Plamondon :
...limit. And obviously what the CAQ is
doing right now is the exact opposite in a stop-and-go method. When you do
planning, when you have a document like ours that says: Here's the goal, here
are the figures and that's where we need to go. You don't... you're not bound,
you're not forced to do a stop-and-go all of a sudden.
Journaliste :
...we have the immigration plan we...
like every year it's tabled before November 1st and it's for a couple of years
or three years, we do have that.
M. St-Pierre
Plamondon :
Something
is up, because when you have a decent planning and you follow it, you never
need to go from everything to nothing. When you do that, it's because you're
not in control. And the CAQ is not in control of the vast majority of its files
of its ministry, and obviously they have read the Institut du Québec, they have
read our plan, and they had a council of all the ministers yesterday and they
said : We need to do something, something's wrong.
Journaliste :
And all the opposition parties were
asking, remember, that temporary immigration had to be included in this
immigration plan. And the CAQ was not following through this...
M. St-Pierre
Plamondon :
That's
the other tip. That's the other cue. If you have a very rational and rigorous
planning — that's
what Minister Roberge he's trying to say — you would deal with the temporary immigration as well, because it's
on the temporary immigration side that the situation is the most urgent. So,
they're not dealing with that and they're doing something right away that is
the opposite of what they said very recently. Something's up.
Journaliste :
...according to La Presse and
Radio-Canada, they will. Finally, they will.
M. St-Pierre Plamondon :
So, it's a good thing, because it means
that we have an influence or an impact, but it's also saying that they're not
ready, they haven't done their homeworks, and they're adjusting.
Journaliste :
And Ottawa is probably saying: We were
right.
M. St-Pierre
Plamondon :
No,
Ottawa... Actually, Trudeau's government and Legault's government are kind of
in the same situation, their boat is taking water, and they see the thing
sinking and they're just : O.K., we need to do something, we're going to
do the exact same... the exact opposite of what we said we would do, but it's
because we need to do something, because obviously we were wrong, and it's
starting to have an impact on the support of the population that is
disappearing. And you can make a parallel between Trudeau's 180 degrees shift,
that has no credibility given all they've said on that topic, and Legault's
sudden shift. So, they're kind of in the same situation from a poll and
population support situation and it doesn't correspond to a planning. They have
no planning, but they are bound to react.
Journaliste :
To you think the shift has anything to
do with the fact that they tried to get powers in other immigration areas when
it came to the federal government, and they were shut down?
M. St-Pierre
Plamondon :
As
the Institut du Québec and our report are both saying: The CAQ is responsible
for a part of the situation, and there's nothing preventing you from acting on
what you control while you're negotiating with the federal. If it is...
Moreover, actually the federal government required some kind of plan from
Québec, so there was an incentive for the government of Québec to manage its
own... its own files. And they haven't. And all of a sudden, they do, 48 hours
after we come up with our plan, and 24 hours after the Institut du Québec
basically publishes a document that confirms most of our findings. Thank you.
(Fin à 8 h 37)