(Dix heures quarante-quatre minutes)
M. St-Pierre Plamondon : Bonjour,
tout le monde. Alors, ce matin, je veux revenir sur le cas de l'école Bedford
et plus largement sur la place du religieux dans nos écoles, suite notamment à
l'entrevue du ministre Drainville hier soir à Tout le monde en parle.
La première chose qu'on doit faire lorsqu'on
veut régler un problème, c'est d'être capable de le nommer. Et il y a un
problème spécifique dans le cas de nos écoles, c'est celui de l'entrisme
religieux et de l'entrisme idéologique. Et, dans le cas de l'école Bedford, il
s'agit d'un cas d'entrisme islamiste. C'est quoi, l'entrisme? C'est quand une
poignée de personnes prennent les commandes de toute une institution et ils
font régner un climat de terreur pour imposer leur religion ou leur idéologie.
Donc, si on n'est pas capable... Parce
que, hier le ministre Drainville, je suis stupéfait, lorsqu'il a affirmé que ce
n'était qu'un cas de divergences idéologiques, mais on n'était pas
nécessairement dans le religieux, que ce n'était pas clair, on est ici devant
de l'aveuglement volontaire, là. Et il faut être capable de nommer le problème
si on veut trouver des solutions. Il y a des failles dans nos règles, dans nos
politiques publiques. Ce cas-là, comme d'autres, démontre que les balises sur
la laïcité au Québec ne sont pas assez claires et ne sont pas assez fortes. Ça
démontre donc non seulement le bien-fondé de... du principe de laïcité, mais la
nécessité de revoir on en est où, puisqu'à l'évidence ça n'a pas fonctionné.
Mais il y a une dimension religieuse, d'envahissement du religieux dans
l'espace public et dans nos écoles qu'il faut absolument nommer sans
complaisance ni hypocrisie.
Et j'en profite pour dire que le cas de
Bedford, il est intéressant parce que les professeurs qui ont voulu offrir une
résistance à cet entrisme religieux, ils sont maghrébins. Et c'est important de
le dire parce que ce n'est pas une question de Québécois chrétiens ou Québécois
laïcs contre des Québécois musulmans. On est tous ensemble dans la recherche
d'un modèle dans nos écoles qui est respectueux de tout le monde et qui ne
verse pas dans les dérives idéologiques et les dérives religieuses. Il me
semble, ce n'est pas trop demander, mais ça semble être trop demandé lorsqu'on
regarde les paroles du ministre Drainville, qui également nous explique qu'il a
suspendu les enseignants la veille de Tout le monde en parle alors que
c'est su depuis au moins 2019 et que ça, ça ne témoigne de rien, que ça ne veut
rien dire.
Laissez-moi faire un deuxième constat
courageux mais évident, là, pour n'importe qui qui s'intéresse. Cet entrisme
islamiste a un lien avec tout ce qu'on entend sur la loi 21 depuis des années,
c'est-à-dire qu'aussitôt que tu nommes la laïcité... puis j'en sais quelque
chose, là, aussitôt que tu nommes la laïcité comme principe de vie de société
au Québec, tu as des chances de te faire traiter de raciste. Il y a une
mouvance anti-loi 21 qui est très agressive et qui explique la peur d'agir de
tout le monde, là. Quand vous avez, là, des professeurs, des gestionnaires, des
directrices de centres de services scolaires, des ministres, des sous-ministres
puis que personne ne fait rien pendant des années, c'est parce qu'ils ont peur
de discuter de ces choses-là de peur d'être aux prises à défendre qu'ils ne
sont pas racistes, alors que ça n'a rien à voir avec les races.
En passant, là, le concept de race n'a
aucune validité, là. On est ici devant des modèles de société. Est-ce que
l'école est un lieu pour endoctriner sur le plan religieux? La réponse, c'est
non, et c'est une volonté démocratique claire des Québécois. Et merci puis...
En fait, je présente mes excuses à ces professeurs maghrébins qui ont tenté de
suivre le programme du ministère et de mettre des balises, qui pourtant sont
très claires au niveau de la laïcité dans la loi, et qui ont été contraints...
qui ont été abandonnés par le système, abandonnés par leur syndicat et qui ont
été contraints de quitter. Je m'en excuse au nom de la société québécoise, à
défaut que le ministre le fasse. Et je pense qu'il est grand temps qu'on nomme
ce qui se passe, avec honnêteté et respect, parce que ce n'est pas une question
de musulmans, chrétiens ou athées, c'est une question de règles communes, et ça
devrait nous unir si on a le courage d'en parler avec transparence et
honnêteté.
Et je le dis, je l'ai dit récemment, je le
répète, ça témoigne également d'un problème de mixité dans nos écoles, là.
Donc, évidemment, si, dans nos... dans les écoles québécoises, une communauté
culturelle ou une communauté religieuse est fortement majoritaire, si on
combine ça avec l'absence d'évaluation de la situation ou une omerta de peur de
se faire traiter de raciste, bien, il ne faut pas se surprendre. Donc, je
suis... j'ai parlé de ça récemment, la mixité dans nos écoles, j'y crois, et je
pense que ça aussi, il faut le nommer. Il y a un enjeu ici d'absence de mixité
sociale, ethnoculturelle, linguistique dans plusieurs écoles de Montréal, et je
pense qu'il va falloir s'inspirer de ce que d'autres pays dans le monde font à
ce niveau-là.
Donc, je rappelle c'est quoi, la laïcité,
c'est quoi, l'esprit de la loi en ce moment au Québec, c'est de soustraire nos
enfants au prosélytisme religieux, c'est de garantir la liberté de pensée, la
liberté d'expression de tous les jeunes, qu'ils soient religieux ou non
religieux, donner de l'espace à tout le monde, et c'est le devoir de neutralité
de l'institution. L'enseignant n'a pas à mélanger le religieux avec le
programme de... du ministère parce que le programme du ministère, ce n'est pas
ça. Et ça s'applique à toutes les religions. Et on peut être tous unis
là-dedans.
Donc, ce qu'on propose vis-à-vis ça, c'est
de consacrer notre semaine, au Parti québécois, au renforcement de la laïcité
au Québec. Ça va passer... Évidemment, je félicite au passage Marwah Rizqy, là,
elle a fait un très bon travail, et je suis entièrement d'accord avec elle.
Congédiement de la directrice du service scolaire, elle le savait, et c'est
d'une hypocrisie, à mon avis, injustifiable que de prétendre que tout s'est
passé normalement puis qu'il n'y a pas de problème.
On propose d'interdire les partenariats
entre les écoles et les lieux de culte. Donc, un lieu de culte n'est pas censé
rentrer dans l'école puis agir en partenaire, et c'est pourtant ce qui se passe
très clairement à la lumière du rapport. Pour bien y arriver, il va falloir
aussi modifier la loi sur la laïcité pour enregistrer les lieux de culte sous
une vraie domination... dénomination de lieu de cultes, les appeler par leur
nom, une église, un temple. En ce moment, ils sont enregistrés sur centre
communautaire ou groupe communautaire. Ce n'est pas des groupes communautaires,
ce sont des églises, ce sont des temples religieux. Donc, on va les nommer par
leur nom au lieu de prétendre que c'est des organismes communautaires. Et on va
établir des balises pour que les écoles ne soient pas le lieu de culte, ne
deviennent pas un lieu de culte.
Arrêter de subventionner les
50 écoles religieuses au coût de 160 millions par année. Donc, si on
est moindrement cohérent sur l'éducation puis la cohérence de notre programme,
on ne peut pas subventionner à 160 millions par année les écoles
religieuses. Inscrire le principe de laïcité dans la loi sur l'instruction
publique pour que ce soit clair, mais surtout se doter de mécanismes
d'évaluation indépendante du respect de la laïcité. Parce que, clairement, ça a
manqué de manière grotesque. Et étudier, à la lumière de ce qui se fait à
l'étranger, le principe de mixité dans les écoles, comment est-ce qu'on peut
amener plus de mixité de manière à ce qu'il y ait une représentation équitable
de tous les points de vue qui sont constitutifs de la société québécoise et qui
peuvent coexister en toute paix si on se donne des règles communes qui sont
respectueuses de chacun. Et on aura d'autres propositions à faire au cours des
prochains mois.
Comme je vous dis, je... on va consacrer
notre semaine et les... plusieurs semaines au renforcement de la laïcité, mais
à nouveau, sur l'entrevue de Bernard Drainville, s'il prétend qu'il n'y a
absolument pas de question religieuse, puis que c'est juste des divergences
idéologiques, puis, s'il prétend que c'est normal d'attendre des années avant
qu'il se passe quoi que ce soit, puis que, non, il n'y a pas de malaise autour
de la laïcité dans nos écoles, on ne peut pas trouver de solution, parce qu'on
n'est pas honnêtes sur les faits, ce que le rapport dit et sur le diagnostic.
Journaliste : Mais vous,
c'est juste au niveau religieux, dans le fond, que vous identifiez le problème.
Tu sais, parce qu'il y avait aussi le syndicat qui n'est pas intervenu. Il y a
une grosse portion de relations de travail aussi, là.
M. St-Pierre Plamondon : Vous
avez raison, vous avez raison. Convenons que le religieux est la plus grosse
partie, mais convenons également que les institutions puis les groupes qui
auraient pu faire le travail n'ont pas fait leur travail. Et moi, ce que je
vous dis, c'est ils n'ont pas fait leur travail en raison d'une autre forme
d'entrisme, d'une autre forme d'infiltration, c'est l'infiltration idéologique
antiloi 21, cette manière de traiter la laïcité comme un principe raciste,
qui fait en sorte que les personnes qui auraient pu intervenir ou parler
avaient peur. Ils ne l'ont pas fait parce qu'ils avaient peur. Puis ça aussi il
faut le nommer. Donc, il y a un problème d'envahissement religieux puis il y a
un problème de malaise autour de la laïcité parce que les gens ont peur de se
faire traiter de raciste, parce qu'il y a des idéologues qui font ça depuis des
années. Puis, s'il y en a un qui le sait, c'est moi.
Donc, il faut être capable de nommer tout
ça sans complaisance si on veut se donner une chance de trouver une solution.
Et je suis très conscient que c'est compliqué, trouver des solutions à ça. J'ai
la volonté de représenter tous les Québécois, y compris les Québécois musulmans
qui vont au temple puis qui comprennent que l'école, ce n'est pas un temple.
Les musulmans aussi qui ont fui des régimes de totalitarisme religieux pour
venir au Québec puis avoir la paix, puis là ils sont pris avec les mêmes
dynamiques, puis les Québécois athées puis les Québécois chrétiens. Il y a
moyen de trouver des solutions si on nomme le problème avec honnêteté. Ce n'est
pas ça que Bernard Drainville a fait hier.
Journaliste : Mais vous
n'êtes pas un peu injuste avec le ministre, parce que ça a été abordé, quand
même, la question du religieux, puis... mais M. Drainville a voulu être prudent
en disant... justement, comme vous l'avez fait, il y avait des professeurs
maghrébins qui se sont opposés. Donc, est-ce qu'il n'y a pas un risque d'être
un peu trop réducteur de l'associer uniquement à un phénomène religieux,
considérant qu'il y a aussi des professeurs qui ont... qui ont résisté, qui
étaient d'origine maghrébine?
M. St-Pierre Plamondon : Bien
non, c'est à proprement dit religieux. Premièrement, pour ce qui est du
ministre Drainville, là, ça a duré sept ans, puis la mesure arrive la veille de
Tout le monde en parle. Tu sais, à un moment donné, là, oui, il y a un
problème, il y a un malaise, puis on tente de l'étouffer. Puis les professeurs
qui ont voulu appliquer le programme du ministère, puis appliquer la loi sur la
laïcité, ce n'est pas des idéologues ou des... un conflit idéologique, là, ce
n'est pas... ils ne font pas de l'idéologie, ils appliquent le programme puis
la loi.
Là où il y a une dérive, c'est quand,
malgré que les principes sont clairs, personne n'ose parler, personne n'ose
nommer le problème. Puis finalement ça devient de l'oppression, puis des
situations absurdes comme des préparations à la prière en classe, se laver les
mains pour la prière, prier quand une enfant s'évanouit. Je veux dire, si on ne
se réveille pas avec ces exemples-là, ça va nous prendre quoi, là? Nommons le
problème, soyons respectueux de tout le monde et rappelons-nous que plusieurs
musulmans québécois pensent que le religieux n'a pas sa place dans l'école, puis
qu'il y a des athées puis il y a des chrétiens, mais on peut tous s'entendre.
Mais le respect des règles, ce n'est pas de l'idéologie, là, si je peux me
permettre directement de répondre à votre question. C'est juste... c'étaient
des profs qui ont été abandonnés alors qu'ils appliquaient... ils voulaient
appliquer la loi puis le programme. Ce n'est pas normal.
Journaliste : Mais pourquoi,
M. Roberge, la semaine dernière, il n'hésitait pas parler d'obscurantisme
religieux? M. Drainville avait un peu plus de réticence hier. Qu'est-ce
qui... Ça veut dire quoi, selon vous?
M. St-Pierre Plamondon : Il
n'est même pas sûr qu'il y a un problème avec la manière dont la laïcité est
structurée dans le système puis dans la loi. Il ne remet rien en question. Puis
il dit : Ce n'est peut-être pas religieux, c'est peut-être juste
idéologique. Tu sais, à un moment donné, là, c'est... Les exemples que je viens
de vous donner, là, de prière en classe puis de prière pour sauver un enfant
évanoui, là, si ce n'est pas religieux, c'est quoi? Je veux dire, bonne
question, parce que c'est incohérent, mais, de mon point de vue, ça témoigne du
malaise qu'on a sur ces questions-là, après des années d'idéologie anti-laïcité
et d'intimidation idéologique, en traitant le monde de racistes aussitôt qu'ils
veulent trouver une règle de vivre ensemble qui respecte les différences de
chacun sur ces questions-là. Avoir des écoles laïques, ce n'est pas du racisme,
c'est juste essayer de trouver un modèle qui accommode tout le monde et qui
respecte le fait qu'il y a un ministère, puis un gouvernement, puis un
programme, etc.
Journaliste : Mais rendus là,
on fait quoi? Parce que le principe de laïcité, là, dans les écoles, il est là,
il est dans la loi, il est dans le programme, vous l'avez vous-même dit, mais
ça n'a pas été respecté dans ce cas-ci. Là, vous parlez de renforcement de la
laïcité, donc on redonne un tour de roue, on rouvre la loi, on...
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
je vous le dis, là, rapidement, là, donc on congédie ceux qui ont menti puis
qui ont été absolument incompétents dans les circonstances. Ensuite, on change
la dénomination des lieux de culte pour les amener... les appeler «lieux de
culte».
Journaliste : ...dans les
écoles, par exemple.
M. St-Pierre Plamondon : Mais
c'est ça, mais c'est parce qu'ils vont dans les écoles, donc ça prend une
clarification sur le fait que les temples n'ont pas d'affaire dans les écoles
puis que le religieux n'a pas d'affaire dans les écoles. Clairement, ce n'est
pas clair. Puis ce n'est pas... les mécanismes ne sont pas assez solides. On
arrête de financer les écoles religieuses, il y en a pour 160 millions par
année, on va mettre ça dans le réseau public pour rehausser les normes de...
les ressources que nos écoles publiques ont. Puis on va changer la loi sur
l'instruction publique pour qu'il y ait une évaluation de ces choses-là puis
que ce soit clair que l'école est laïque. Clairement, là, si, à la lumière de
l'ampleur du cas Bedford, et peut-être des autres cas qu'on découvrira, on n'en
vient pas à la conclusion que ce qu'on a en place est insuffisant, on
n'avancera pas, là. Donc, nous, on est volontaires et on va le faire dans le
respect de tout le monde, mais sans complaisance sur les faits, comme
malheureusement on l'a vu de la part du ministre Drainville hier.
Journaliste : Est-ce que vous
êtes d'accord avec le fait que le gouvernement, en fait, dit : C'est
plutôt une réflexion sur l'intégration des nouveaux arrivants qu'il faut avoir
au sens plus large. Donc, la volonté, je comprends, ici, ce n'est pas de
modifier la Loi sur la laïcité, mais de trouver des modèles de meilleure
intégration des nouveaux arrivants pour qu'ils adhèrent aux valeurs québécoises
finalement.
M. St-Pierre Plamondon : La
mixité est un facteur d'intégration. Donc, oui, c'est une question
d'intégration, mais ce n'est pas une question d'imposer des valeurs québécoises
à un groupe. Moi, j'ai du respect pour un Québécois musulman ou chrétien qui va
à l'église, qui va à son temple le dimanche. Tu sais, je ne suis pas dans
l'imposition d'une vue à qui que ce soit, je veux simplement que tout le monde
reconnaisse que l'école est un lieu sensible et important dans le développement
de nos enfants et que, dans ces circonstances là, les règles de vivre ensemble
sont primordiales pour la paix sociale. Et si un gouvernement ferme les yeux et
n'agit pas sur des cas évidents d'envahissement du religieux dans nos écoles,
bien, il faut retravailler puis redonner un autre examen, là, sur ce qui ne
fonctionne pas. Mais ce n'est pas ça que Bernard Drainville disait hier, il
disait : Bien, tu sais, c'est peut-être juste idéologique, c'est peut-être
juste... Je veux juste qu'on soit clairs puis qu'on nomme les choses
correctement, puis ensuite on aura une discussion qui implique aussi ceux qui
vont au temple, que je respecte, là, ce n'est pas ça, la question.
Journaliste : Et peut-être
deux choses, parce que j'ai noté, dans votre allocution d'ouverture, vous avez
dit, à la fois : Loi 21, les balises ne sont pas assez claires. Mais
vous avez dit que les balises étaient claires puis que les enseignants,
certains enseignants d'origine maghrébine, de cette école là ont cherché à faire
respecter ces balises-là qui sont pourtant claires sur la laïcité.
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
les principes sont clairs.
Journaliste : Les principes
sont clairs. Bon. Moi, je veux juste bien comprendre, là, mais la loi 21,
ce que vous voulez modifier, c'est quoi exactement?
M. St-Pierre Plamondon : Donc,
ce que je vous propose ce matin, comme premier pas, mais c'est une discussion
sociétale, là, tu sais, on veut que ce soit juste, que ce soit dosé, dans les
premiers constats qu'on devrait faire, c'est que, s'il y a eu de l'aveuglement
volontaire, il faut qu'il y ait des conséquences. Donc, la demande de Marwah
Rizqy sur le congédiement de la directrice du service scolaire, elle a
raison...
Des voix : ...
M. St-Pierre Plamondon : J'arrive,
j'arrive à la laïcité, oui, oui. Mais je le répète, là, puis je l'ai quand même
dit, là : changer la loi de manière à ce qu'il n'y ait plus d'entrisme
puis de mélange entre le lieu de culte... qu'on n'a même pas lieu de culte, on
les appelle centres communautaires, mais qu'il n'y ait plus de lien possible
entre le lieu de culte qui rentre dans l'école. Ce n'est pas dans la loi.
Clairement, c'est ça qui se produit. On va changer ça. Arrêtez de subventionner
les écoles religieuses. Il y en a 50, là. C'est quand même un renforcement de
la Loi sur la laïcité. Inscrire dans la Loi sur l'instruction publique des
mécanismes puis des principes clairs qui nous permettent d'évaluer que c'est
respecté, parce que, clairement, on ne l'a pas évalué. Mixité dans les écoles,
s'assurer qu'il y ait cette mixité-là. Mais je n'ai pas non plus la prétention
que ce soit une liste exhaustive. Ma prétention, ce matin, c'est qu'on
n'arrivera pas à des solutions si on ne nomme pas le problème tel qu'il est. Puis,
si déjà on a réussi ça, ce matin, puis qu'on a quelques pistes de solutions,
moi, je trouve que ça fait un point de départ intéressant.
Journaliste : ...il faut que
vous... j'essaie de comprendre, là, la mixité, là. Bon. Là, est-ce que c'est
parce qu'il y a certaines écoles à Montréal où, là, ça devient de plus en plus
homogène au sens où c'est certaines communautés? Expliquez-moi ensuite ce qu'il
faudrait faire, là, puis...
M. St-Pierre Plamondon : Mais
je vais vous envoyer... En fait, il y avait un bon topo de La Presse sur
ça, je vais vous l'envoyer, mais c'est... vraiment, il y a des données assez
claires sur l'homogénéité dans les écoles de Montréal. Qu'est-ce que ça fait? C'est
qu'il n'y a pas d'intégration possible. Donc, l'intégration est un des sujets
ici, là. On ne peut pas s'intégrer à la société québécoise s'il n'y a pas de
trace de la société québécoise en termes de langue, ou de mentalité, ou de
principe dans le sens que le danger... puis ce n'est pas propre au Québec, là,
on le voit un peu partout en Occident, si, dans les écoles, il y a un pays dans
le monde ou une croyance religieuse qui est représenté a presque 100 %,
là, je ne veux pas exagérer, mais qui est vraiment majoritaire, c'est
prévisible, qu'il n'y aura pas d'intégration à la société d'accueil, et c'est
prévisible, qu'il va y avoir aussi une tentation de répéter ce qui se fait
ailleurs dans le monde. Et rappelons que, dans plusieurs pays dans le monde, il
n'y a pas de paix sociale. Tu sais, je...
Journaliste : ...il faut
mettre des quotas?
M. St-Pierre Plamondon : Ce
qu'on propose, c'est d'évaluer ce qui se fait à l'étranger, parce que ça s'est
posé en Europe, notamment au Danemark. Donc, ce matin, là, je ne vous arrive
pas... je vous arrive avec des constats sur l'entrevue d'hier du ministre, qui
m'inquiètent...
Journaliste : ...que je
comprenne.
M. St-Pierre Plamondon : Hein?
Journaliste : J'essaie de
comprendre. Bien, ils font quoi au Danemark, mettons?
M. St-Pierre Plamondon : Tout
ce que je propose ce matin, c'est d'évaluer ce qui se fait à l'étranger... en
pratique.
Journaliste : Mais, pour que
tout le monde comprenne ce dont on parle, au Danemark...
M. St-Pierre Plamondon : Je
vous enverrai... Je vous enverrai des articles spécifiques si vous voulez des
exemples. Mais faites-moi pas dire quelque chose que je n'ai pas dit, là.
Journaliste : Non, non, non,
je n'ai pas... vous évaluez...
M. St-Pierre Plamondon : Je
n'ai pas dit qu'il faut appliquer... Je n'ai pas dit qu'il faut appliquer le
modèle du Danemark...
Journaliste : Exactement,
j'ai tout compris ça, mais je veux juste savoir de quoi on parle.
M. St-Pierre Plamondon : On
parle d'une évaluation des meilleures pratiques à l'étranger, pour les pays qui
se sont posé la question de la mixité sociale, et je sais que ça s'est fait en
Europe. Donc, c'est tout ce que je dis, là. Je ne veux pas appliquer le modèle
d'un pays ou d'un autre, je dis juste : On n'a pas de mixité sociale
dans...
Journaliste : Avez-vous un
exemple de mesure qui n'est pas... qui serait à évaluer, qui n'est pas votre
position nécessairement, mais...
M. St-Pierre Plamondon : Je
ne vais pas aller... non. Je ne veux pas lancer, comme... comme token, là, des
solutions. Je m'engage et je veux que le gouvernement évalue les mesures et les
meilleures pratiques dans le monde en matière de mixité sociale à l'école.
C'est... je m'arrête là.
Des voix : ...
Le Modérateur : On va prendre
une dernière en français.
Journaliste : Mais c'est
parce que... c'est parce que les enfants vont à l'école dans leurs quartiers.
Comment on peut appliquer la mixité? Dans ce cas-ci, on obligerait les gens...
à se déplacer?
M. St-Pierre Plamondon : Je
demande à ce qu'on étudie... Je demande à ce qu'on étudie comment on peut le
faire.
Journaliste : Comment
déplacer les gens?
M. St-Pierre Plamondon : Ce
n'est pas tant de déplacer des gens. Je vous dis : Étudions. Parce que je
sais que ça s'est posé comme question ailleurs en Occident. Ce n'est pas propre
au Québec, là, l'école Bedford. Donc, donnons-nous la peine de regarder comment
d'autres pays occidentaux et démocratiques veulent... travaillent pour
atteindre une mixité sociale. Mais je ne veux... je ne veux pas qu'on aille
plus loin que ça parce que, ce bout-là, je n'ai pas la prétention d'avoir des
solutions parfaites.
Le Modérateur : On va passer
en anglais.
Journaliste : ...de faire en
sorte que, là, ça ne soit plus nécessairement attaché au territoire, école de
bassin, et tout ça, pour essayer de... dans des classes plus mixtes...
M. St-Pierre Plamondon : Étudions...
Étudions ce qui se fait à l'étranger. Mais aussi, tu sais, on peut consulter
des sociologues, des spécialistes d'éducation, voir ce qu'ils en pensent. Mais
mon constat, c'est qu'il y a un enjeu d'homogénéité, qui a été documenté, puis
qu'on n'a pas le choix de se pencher sur les meilleures pratiques ou les politiques
publiques pour essayer de corriger cette situation-là. Je pense que c'est un
point de départ.
Journaliste : Est-ce que
c'est un échec... Est-ce que c'est un exemple d'échec de la loi n° 21?
Est-ce que c'est face à ça qu'on est en ce moment?
M. St-Pierre Plamondon : On
est devant un malaise idéologique vis-à-vis...
Journaliste : Mais la loi
n° 21 devrait garantir, justement...
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
mais il y a tellement de militantisme idéologique contre la loi n° 21 que,
quand les gens veulent la nommer, ils ont peur.
Journaliste : Bien, c'est...
Donc, c'est un échec.
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est insuffisant, à l'évidence, ça fait qu'on va le renforcer.
Journaliste : Là, quand on
vous parlez de l'homogénéité, moi, je veux bien comprendre, parce que vous
dites qu'il faut nommer les choses, là, bon. L'homogénéité, c'est... vous
dites : Il y a des écoles, actuellement, à forte composition de personnes
issues de...
M.
St-Pierre
Plamondon :Religieuses ou
ethnoculturelles.
Journaliste : ...communautés
musulmanes principalement, disons ça, si on appelle les choses, là...
M.
St-Pierre
Plamondon :Oui, oui, mais ça peut être
aussi d'autres... d'autres groupes, là, ce n'est pas...
Journaliste : Est-ce que
c'est parce qu'il n'y a pas assez de Québécois dans les classes de certaines
écoles?
M.
St-Pierre
Plamondon :Je vous enverrai les
données, là. Le nombre d'écoles où 75 % et plus des élèves ne sont pas nés
au Québec sont quand même élevées à Montréal. Donc, moi, ce que je dis,
c'est : On devrait étudier comment on arrive à une mixité, de sorte qu'il
n'y ait pas des microcosmes qui se forment. En fait, ce qu'on veut, c'est
éviter des situations d'homogénéité telle que même la loi n'a plus
d'importance. C'est ça un peu le cas de l'école Bedford. La loi ne se rend
plus. Donc, étudions-le puis...
Journaliste : J'ai de la
misère à voir comment, parce que, je veux dire, vous ne pouvez pas non plus
dire à une famille : Bon, bien, dans cette école-là, il y a suffisamment
d'enfants de telle origine, ça fait que, vous, on va vous demander d'aller dans
l'école du... de l'arrondissement voisin. Tu sais, comment vous faites pour...
M.
St-Pierre
Plamondon :C'est toutes des bonnes questions,
mais on ne peut pas éviter de nommer la situation parce que c'est sûr qu'on va
éviter de trouver une solution. Donc, moi, tout ce que je dis ce matin sur ce
point-là, puis ce n'est pas mon seul point, mais on va au moins étudier ce qui
se fait dans d'autres pays puis consulter. Mais là je pense...
Journaliste : ...c'est parce
que vous avez dit...
M.
St-Pierre
Plamondon :Bien non, je pense, j'ai
répondu aux questions. J'ai fait le tour, là.
Journaliste : Non, non, je
sais, mais, quand vous avez parlé... Je veux juste comprendre une affaire.
75 % et plus de gens issus de communautés diverses, là, je me dis :
Bon, bien là, c'est-tu être homogène, ça, ou c'est plutôt assez hétérogène
merci, dans le sens où il n'y a personne qui, idéologiquement ou de façon
religieuse...
M.
St-Pierre
Plamondon :Je vous renvoie les
statistiques... Je vous renvoie les statistiques sur l'homogénéité, mais...
Journaliste : ...des Haïtiens
versus des gens d'origine maghrébine...
M.
St-Pierre Plamondon :...l'homogénéité en question a été nommée dans un
article de La Presse, que je vais vous envoyer.
Journaliste :
Mr. St-Pierre Plamondon, you're
basically saying that there is a failure here with Bill 21 and there is also a
failure here with the children of Bill 101.
M. St-Pierre
Plamondon :
What's
the link with Bill 101?
Journaliste :
You have the children of different
cultural communities having their own religion in francophone schools, and
you're basically saying that it's... there is an homogeneity, like, they come
with their own values, but they are children of Bill 101.
M. St-Pierre
Plamondon :
Yes.
But, like, the notion of secularism and the difficulties in integrating or
finding common ground on how schools should work, they exist in England, they
exist in Switzerland, they exist... Really, those are two topics. So, you can
speak English, you can speak Italian, you can speak any language. There's a
question everywhere in the Western world right now as to how you make sure that
there's an acceptable space for everyone in schools. And, in the case of
Bedford, obviously there was no space for anything but a religious approach to
school. And it's against Québec's law. But what's striking is how long the
situation has happened, in total knowledge of everyone, and I think that's
because people are scared. They're scared of being told that they're racist
simply because they want secularism and simply because they want the law to
apply. And that's not normal.
So, this morning, what I
want to do is just to address the problem by naming it, by being clear, because
yesterday what Bernard Drainville did is to go around the problem saying :
Oh! it might be just ideological, it has nothing to do... maybe it has nothing
to do with religion. Come on. It's a really bad start because you can't find
solutions to a problem that you can't even name because you're scared. You
can't do that. And this has nothing to do with Muslim Quebeckers being
different than Christian or Quebeckers who don't believe in God, really. Those
teachers who opposed the religion entering the school were from Maghreb, and
they were loyal to the law and to the program, and we let them down. And
that's... we should be ashamed of that. We should apologize.
Journaliste :
With Bill 101... Bill 21, I mean,
secularism bill, teachers in public schools can't wear religious symbols when
they are teaching. So, you're basically say : That's not enough.
M. St-Pierre
Plamondon :
The
problem here is that the law doesn't necessarily apply in our schools. And it's
also with notions more attached to radical left thinking. Things are being
taught in our school. The Government tells us : This is not part of the
program, this shouldn't happen. But then you look at what happens in schools
and it's the opposite. It's not normal.
Journaliste :
So where do you want to act? Where do
you want...
M. St-Pierre
Plamondon :
So,
we're saying we need to take notice that it's a problem of religion entering
our schools. We need to notice that the current law and the current mechanisms
are obviously not functioning... functioning well. And we're starting a week
that will be dedicated to reinforcing secularism in Québec with the following
suggestions : Start with firing the director of the Service Center,
because she knew and obviously there's something that went wrong, and then make
sure that the law on public instruction is modified to include secularism, to
include a mechanism of... independent mechanism to evaluate that the law is
respected. Make sure that from now on, temples, whatever the religion, are
being identified as religious temples and not as community groups, because they
are not community groups. And that they're now prevented from entering schools.
Because, if they become one, if the temple and the school becomes one, the
obvious evidence here is that it becomes a religious school.
And we also think that we
should cut subsidies to all religious schools, because there are 50 religious
schools in Québec right now and it costs $160 million a year. And it's totally
incoherent with our goal to have a common program. And I'm critical of the
program, but we need to agree on the principle that there should be a common
program that applies everywhere. And it's not up to every religious or
ideological person to decide what's going to be taught in school. We are a
democracy. We need to agree on things.
And, if we start from
there, I think we can go somewhere. But we cannot do what Bernard Drainville
did yesterday. That is to not name the problem, to go around the problem and
pretend it's not about religion, pretend it's not about intimidation. And we
need to say things as they are. And, if we say that, we can start talking about
solutions.
Journaliste :
I just want to... I just want to
clarify. Are you saying that the situation with Bedford is an illustration of
the failures of Bill 21? Do you feel like Bill 21 didn't go too far? I just
want to clarify that.
M. St-Pierre
Plamondon :
I
think it's an illustration that Bill 21 is not effective, is not sufficient, or
maybe it's just not applied. Because Bill 21 has been associated... associated
so much with racism, whereas it's really rules about how religion should be in
our institutions or not. In the case of Bedford, the religion became a part of
the school and it's not part of the program. But maybe there's ideological
intimidation to the point that people who witness things that are not normal,
especially those teachers from the Maghreb who tried to oppose what was going
on, maybe we let them down. And the law is not effective. It's not applied...
it's not being applied because people fear they will be identified as a racist
or I don't know what else.
Journaliste :
There were other components to this...
excuse me, to this report as well. You know, students being punished
essentially for not... having learning disabilities, being prevented from
getting that care. There was also, you know, the issue of certain teachers
using language to isolate other teachers. Why is it that you're choosing to
focus on secularism specifically today?
M. St-Pierre
Plamondon :
Because
all those behaviors are connected, clearly connected to religious beliefs and
religious overtaking of the school. And, if you look at Christian schools at
the time of Duplessis, you'll find some similar things. I mean, in the history
of Québec, there are reasons why we decided to get rid of religion in schools.
And so, it's not a question of which religion. It's a question of whether
religion should be in the school and whether we should accept that the program
and the law doesn't apply in certain schools because some groups have taken
over. It's not normal.
Journaliste :
J'ai retrouvé l'article, parce que je
sais de quel article on fait référence... mais justement, l'enjeu c'était le
fait que les francophones vont à l'école privée, tu sais, c'est... de telle
sorte que... Ça fait que je demandais le lien que vous faite...
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
je pense, j'ai été clair, là, j'ai répondu. Je m'en tiens à ma réponse. On va
étudier les meilleures pratiques basées sur des données. Parce que vous me
posez la question : Est-ce qu'il y a vraiment de la... de l'homogénéité?
C'est clairement ce qui est dit.
Journaliste : Mais c'est bien
ce texte-là, j'imagine... vous faites référence...
M. St-Pierre Plamondon : Envoie-moi-le,
je peux te... je peux donner tous les détails.
(Fin à 11 h 16)