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Point de presse de M. Paul St-Pierre Plamondon, chef du troisième groupe d’opposition

Version finale

Le lundi 21 octobre 2024, 10 h 45

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Dix heures quarante-quatre minutes)

M. St-Pierre Plamondon : Bonjour, tout le monde. Alors, ce matin, je veux revenir sur le cas de l'école Bedford et plus largement sur la place du religieux dans nos écoles, suite notamment à l'entrevue du ministre Drainville hier soir à Tout le monde en parle.

La première chose qu'on doit faire lorsqu'on veut régler un problème, c'est d'être capable de le nommer. Et il y a un problème spécifique dans le cas de nos écoles, c'est celui de l'entrisme religieux et de l'entrisme idéologique. Et, dans le cas de l'école Bedford, il s'agit d'un cas d'entrisme islamiste. C'est quoi, l'entrisme? C'est quand une poignée de personnes prennent les commandes de toute une institution et ils font régner un climat de terreur pour imposer leur religion ou leur idéologie.

Donc, si on n'est pas capable... Parce que, hier le ministre Drainville, je suis stupéfait, lorsqu'il a affirmé que ce n'était qu'un cas de divergences idéologiques, mais on n'était pas nécessairement dans le religieux, que ce n'était pas clair, on est ici devant de l'aveuglement volontaire, là. Et il faut être capable de nommer le problème si on veut trouver des solutions. Il y a des failles dans nos règles, dans nos politiques publiques. Ce cas-là, comme d'autres, démontre que les balises sur la laïcité au Québec ne sont pas assez claires et ne sont pas assez fortes. Ça démontre donc non seulement le bien-fondé de... du principe de laïcité, mais la nécessité de revoir on en est où, puisqu'à l'évidence ça n'a pas fonctionné. Mais il y a une dimension religieuse, d'envahissement du religieux dans l'espace public et dans nos écoles qu'il faut absolument nommer sans complaisance ni hypocrisie.

Et j'en profite pour dire que le cas de Bedford, il est intéressant parce que les professeurs qui ont voulu offrir une résistance à cet entrisme religieux, ils sont maghrébins. Et c'est important de le dire parce que ce n'est pas une question de Québécois chrétiens ou Québécois laïcs contre des Québécois musulmans. On est tous ensemble dans la recherche d'un modèle dans nos écoles qui est respectueux de tout le monde et qui ne verse pas dans les dérives idéologiques et les dérives religieuses. Il me semble, ce n'est pas trop demander, mais ça semble être trop demandé lorsqu'on regarde les paroles du ministre Drainville, qui également nous explique qu'il a suspendu les enseignants la veille de Tout le monde en parle alors que c'est su depuis au moins 2019 et que ça, ça ne témoigne de rien, que ça ne veut rien dire.

Laissez-moi faire un deuxième constat courageux mais évident, là, pour n'importe qui qui s'intéresse. Cet entrisme islamiste a un lien avec tout ce qu'on entend sur la loi 21 depuis des années, c'est-à-dire qu'aussitôt que tu nommes la laïcité... puis j'en sais quelque chose, là, aussitôt que tu nommes la laïcité comme principe de vie de société au Québec, tu as des chances de te faire traiter de raciste. Il y a une mouvance anti-loi 21 qui est très agressive et qui explique la peur d'agir de tout le monde, là. Quand vous avez, là, des professeurs, des gestionnaires, des directrices de centres de services scolaires, des ministres, des sous-ministres puis que personne ne fait rien pendant des années, c'est parce qu'ils ont peur de discuter de ces choses-là de peur d'être aux prises à défendre qu'ils ne sont pas racistes, alors que ça n'a rien à voir avec les races.

En passant, là, le concept de race n'a aucune validité, là. On est ici devant des modèles de société. Est-ce que l'école est un lieu pour endoctriner sur le plan religieux? La réponse, c'est non, et c'est une volonté démocratique claire des Québécois. Et merci puis... En fait, je présente mes excuses à ces professeurs maghrébins qui ont tenté de suivre le programme du ministère et de mettre des balises, qui pourtant sont très claires au niveau de la laïcité dans la loi, et qui ont été contraints... qui ont été abandonnés par le système, abandonnés par leur syndicat et qui ont été contraints de quitter. Je m'en excuse au nom de la société québécoise, à défaut que le ministre le fasse. Et je pense qu'il est grand temps qu'on nomme ce qui se passe, avec honnêteté et respect, parce que ce n'est pas une question de musulmans, chrétiens ou athées, c'est une question de règles communes, et ça devrait nous unir si on a le courage d'en parler avec transparence et honnêteté.

Et je le dis, je l'ai dit récemment, je le répète, ça témoigne également d'un problème de mixité dans nos écoles, là. Donc, évidemment, si, dans nos... dans les écoles québécoises, une communauté culturelle ou une communauté religieuse est fortement majoritaire, si on combine ça avec l'absence d'évaluation de la situation ou une omerta de peur de se faire traiter de raciste, bien, il ne faut pas se surprendre. Donc, je suis... j'ai parlé de ça récemment, la mixité dans nos écoles, j'y crois, et je pense que ça aussi, il faut le nommer. Il y a un enjeu ici d'absence de mixité sociale, ethnoculturelle, linguistique dans plusieurs écoles de Montréal, et je pense qu'il va falloir s'inspirer de ce que d'autres pays dans le monde font à ce niveau-là.

Donc, je rappelle c'est quoi, la laïcité, c'est quoi, l'esprit de la loi en ce moment au Québec, c'est de soustraire nos enfants au prosélytisme religieux, c'est de garantir la liberté de pensée, la liberté d'expression de tous les jeunes, qu'ils soient religieux ou non religieux, donner de l'espace à tout le monde, et c'est le devoir de neutralité de l'institution. L'enseignant n'a pas à mélanger le religieux avec le programme de... du ministère parce que le programme du ministère, ce n'est pas ça. Et ça s'applique à toutes les religions. Et on peut être tous unis là-dedans.

Donc, ce qu'on propose vis-à-vis ça, c'est de consacrer notre semaine, au Parti québécois, au renforcement de la laïcité au Québec. Ça va passer... Évidemment, je félicite au passage Marwah Rizqy, là, elle a fait un très bon travail, et je suis entièrement d'accord avec elle. Congédiement de la directrice du service scolaire, elle le savait, et c'est d'une hypocrisie, à mon avis, injustifiable que de prétendre que tout s'est passé normalement puis qu'il n'y a pas de problème.

On propose d'interdire les partenariats entre les écoles et les lieux de culte. Donc, un lieu de culte n'est pas censé rentrer dans l'école puis agir en partenaire, et c'est pourtant ce qui se passe très clairement à la lumière du rapport. Pour bien y arriver, il va falloir aussi modifier la loi sur la laïcité pour enregistrer les lieux de culte sous une vraie domination... dénomination de lieu de cultes, les appeler par leur nom, une église, un temple. En ce moment, ils sont enregistrés sur centre communautaire ou groupe communautaire. Ce n'est pas des groupes communautaires, ce sont des églises, ce sont des temples religieux. Donc, on va les nommer par leur nom au lieu de prétendre que c'est des organismes communautaires. Et on va établir des balises pour que les écoles ne soient pas le lieu de culte, ne deviennent pas un lieu de culte.

Arrêter de subventionner les 50 écoles religieuses au coût de 160 millions par année. Donc, si on est moindrement cohérent sur l'éducation puis la cohérence de notre programme, on ne peut pas subventionner à 160 millions par année les écoles religieuses. Inscrire le principe de laïcité dans la loi sur l'instruction publique pour que ce soit clair, mais surtout se doter de mécanismes d'évaluation indépendante du respect de la laïcité. Parce que, clairement, ça a manqué de manière grotesque. Et étudier, à la lumière de ce qui se fait à l'étranger, le principe de mixité dans les écoles, comment est-ce qu'on peut amener plus de mixité de manière à ce qu'il y ait une représentation équitable de tous les points de vue qui sont constitutifs de la société québécoise et qui peuvent coexister en toute paix si on se donne des règles communes qui sont respectueuses de chacun. Et on aura d'autres propositions à faire au cours des prochains mois.

Comme je vous dis, je... on va consacrer notre semaine et les... plusieurs semaines au renforcement de la laïcité, mais à nouveau, sur l'entrevue de Bernard Drainville, s'il prétend qu'il n'y a absolument pas de question religieuse, puis que c'est juste des divergences idéologiques, puis, s'il prétend que c'est normal d'attendre des années avant qu'il se passe quoi que ce soit, puis que, non, il n'y a pas de malaise autour de la laïcité dans nos écoles, on ne peut pas trouver de solution, parce qu'on n'est pas honnêtes sur les faits, ce que le rapport dit et sur le diagnostic.

Journaliste : Mais vous, c'est juste au niveau religieux, dans le fond, que vous identifiez le problème. Tu sais, parce qu'il y avait aussi le syndicat qui n'est pas intervenu. Il y a une grosse portion de relations de travail aussi, là.

M. St-Pierre Plamondon : Vous avez raison, vous avez raison. Convenons que le religieux est la plus grosse partie, mais convenons également que les institutions puis les groupes qui auraient pu faire le travail n'ont pas fait leur travail. Et moi, ce que je vous dis, c'est ils n'ont pas fait leur travail en raison d'une autre forme d'entrisme, d'une autre forme d'infiltration, c'est l'infiltration idéologique antiloi 21, cette manière de traiter la laïcité comme un principe raciste, qui fait en sorte que les personnes qui auraient pu intervenir ou parler avaient peur. Ils ne l'ont pas fait parce qu'ils avaient peur. Puis ça aussi il faut le nommer. Donc, il y a un problème d'envahissement religieux puis il y a un problème de malaise autour de la laïcité parce que les gens ont peur de se faire traiter de raciste, parce qu'il y a des idéologues qui font ça depuis des années. Puis, s'il y en a un qui le sait, c'est moi.

Donc, il faut être capable de nommer tout ça sans complaisance si on veut se donner une chance de trouver une solution. Et je suis très conscient que c'est compliqué, trouver des solutions à ça. J'ai la volonté de représenter tous les Québécois, y compris les Québécois musulmans qui vont au temple puis qui comprennent que l'école, ce n'est pas un temple. Les musulmans aussi qui ont fui des régimes de totalitarisme religieux pour venir au Québec puis avoir la paix, puis là ils sont pris avec les mêmes dynamiques, puis les Québécois athées puis les Québécois chrétiens. Il y a moyen de trouver des solutions si on nomme le problème avec honnêteté. Ce n'est pas ça que Bernard Drainville a fait hier.

Journaliste : Mais vous n'êtes pas un peu injuste avec le ministre, parce que ça a été abordé, quand même, la question du religieux, puis... mais M. Drainville a voulu être prudent en disant... justement, comme vous l'avez fait, il y avait des professeurs maghrébins qui se sont opposés. Donc, est-ce qu'il n'y a pas un risque d'être un peu trop réducteur de l'associer uniquement à un phénomène religieux, considérant qu'il y a aussi des professeurs qui ont... qui ont résisté, qui étaient d'origine maghrébine?

M. St-Pierre Plamondon : Bien non, c'est à proprement dit religieux. Premièrement, pour ce qui est du ministre Drainville, là, ça a duré sept ans, puis la mesure arrive la veille de Tout le monde en parle. Tu sais, à un moment donné, là, oui, il y a un problème, il y a un malaise, puis on tente de l'étouffer. Puis les professeurs qui ont voulu appliquer le programme du ministère, puis appliquer la loi sur la laïcité, ce n'est pas des idéologues ou des... un conflit idéologique, là, ce n'est pas... ils ne font pas de l'idéologie, ils appliquent le programme puis la loi.

Là où il y a une dérive, c'est quand, malgré que les principes sont clairs, personne n'ose parler, personne n'ose nommer le problème. Puis finalement ça devient de l'oppression, puis des situations absurdes comme des préparations à la prière en classe, se laver les mains pour la prière, prier quand une enfant s'évanouit. Je veux dire, si on ne se réveille pas avec ces exemples-là, ça va nous prendre quoi, là? Nommons le problème, soyons respectueux de tout le monde et rappelons-nous que plusieurs musulmans québécois pensent que le religieux n'a pas sa place dans l'école, puis qu'il y a des athées puis il y a des chrétiens, mais on peut tous s'entendre. Mais le respect des règles, ce n'est pas de l'idéologie, là, si je peux me permettre directement de répondre à votre question. C'est juste... c'étaient des profs qui ont été abandonnés alors qu'ils appliquaient... ils voulaient appliquer la loi puis le programme. Ce n'est pas normal.

Journaliste : Mais pourquoi, M. Roberge, la semaine dernière, il n'hésitait pas parler d'obscurantisme religieux? M. Drainville avait un peu plus de réticence hier. Qu'est-ce qui... Ça veut dire quoi, selon vous?

M. St-Pierre Plamondon : Il n'est même pas sûr qu'il y a un problème avec la manière dont la laïcité est structurée dans le système puis dans la loi. Il ne remet rien en question. Puis il dit : Ce n'est peut-être pas religieux, c'est peut-être juste idéologique. Tu sais, à un moment donné, là, c'est... Les exemples que je viens de vous donner, là, de prière en classe puis de prière pour sauver un enfant évanoui, là, si ce n'est pas religieux, c'est quoi? Je veux dire, bonne question, parce que c'est incohérent, mais, de mon point de vue, ça témoigne du malaise qu'on a sur ces questions-là, après des années d'idéologie anti-laïcité et d'intimidation idéologique, en traitant le monde de racistes aussitôt qu'ils veulent trouver une règle de vivre ensemble qui respecte les différences de chacun sur ces questions-là. Avoir des écoles laïques, ce n'est pas du racisme, c'est juste essayer de trouver un modèle qui accommode tout le monde et qui respecte le fait qu'il y a un ministère, puis un gouvernement, puis un programme, etc.

Journaliste : Mais rendus là, on fait quoi? Parce que le principe de laïcité, là, dans les écoles, il est là, il est dans la loi, il est dans le programme, vous l'avez vous-même dit, mais ça n'a pas été respecté dans ce cas-ci. Là, vous parlez de renforcement de la laïcité, donc on redonne un tour de roue, on rouvre la loi, on...

M. St-Pierre Plamondon : Bien, je vous le dis, là, rapidement, là, donc on congédie ceux qui ont menti puis qui ont été absolument incompétents dans les circonstances. Ensuite, on change la dénomination des lieux de culte pour les amener... les appeler «lieux de culte».

Journaliste : ...dans les écoles, par exemple.

M. St-Pierre Plamondon : Mais c'est ça, mais c'est parce qu'ils vont dans les écoles, donc ça prend une clarification sur le fait que les temples n'ont pas d'affaire dans les écoles puis que le religieux n'a pas d'affaire dans les écoles. Clairement, ce n'est pas clair. Puis ce n'est pas... les mécanismes ne sont pas assez solides. On arrête de financer les écoles religieuses, il y en a pour 160 millions par année, on va mettre ça dans le réseau public pour rehausser les normes de... les ressources que nos écoles publiques ont. Puis on va changer la loi sur l'instruction publique pour qu'il y ait une évaluation de ces choses-là puis que ce soit clair que l'école est laïque. Clairement, là, si, à la lumière de l'ampleur du cas Bedford, et peut-être des autres cas qu'on découvrira, on n'en vient pas à la conclusion que ce qu'on a en place est insuffisant, on n'avancera pas, là. Donc, nous, on est volontaires et on va le faire dans le respect de tout le monde, mais sans complaisance sur les faits, comme malheureusement on l'a vu de la part du ministre Drainville hier.

Journaliste : Est-ce que vous êtes d'accord avec le fait que le gouvernement, en fait, dit : C'est plutôt une réflexion sur l'intégration des nouveaux arrivants qu'il faut avoir au sens plus large. Donc, la volonté, je comprends, ici, ce n'est pas de modifier la Loi sur la laïcité, mais de trouver des modèles de meilleure intégration des nouveaux arrivants pour qu'ils adhèrent aux valeurs québécoises finalement.

M. St-Pierre Plamondon : La mixité est un facteur d'intégration. Donc, oui, c'est une question d'intégration, mais ce n'est pas une question d'imposer des valeurs québécoises à un groupe. Moi, j'ai du respect pour un Québécois musulman ou chrétien qui va à l'église, qui va à son temple le dimanche. Tu sais, je ne suis pas dans l'imposition d'une vue à qui que ce soit, je veux simplement que tout le monde reconnaisse que l'école est un lieu sensible et important dans le développement de nos enfants et que, dans ces circonstances là, les règles de vivre ensemble sont primordiales pour la paix sociale. Et si un gouvernement ferme les yeux et n'agit pas sur des cas évidents d'envahissement du religieux dans nos écoles, bien, il faut retravailler puis redonner un autre examen, là, sur ce qui ne fonctionne pas. Mais ce n'est pas ça que Bernard Drainville disait hier, il disait : Bien, tu sais, c'est peut-être juste idéologique, c'est peut-être juste... Je veux juste qu'on soit clairs puis qu'on nomme les choses correctement, puis ensuite on aura une discussion qui implique aussi ceux qui vont au temple, que je respecte, là, ce n'est pas ça, la question.

Journaliste : Et peut-être deux choses, parce que j'ai noté, dans votre allocution d'ouverture, vous avez dit, à la fois : Loi 21, les balises ne sont pas assez claires. Mais vous avez dit que les balises étaient claires puis que les enseignants, certains enseignants d'origine maghrébine, de cette école là ont cherché à faire respecter ces balises-là qui sont pourtant claires sur la laïcité.

M. St-Pierre Plamondon : Oui, les principes sont clairs.

Journaliste : Les principes sont clairs. Bon. Moi, je veux juste bien comprendre, là, mais la loi 21, ce que vous voulez modifier, c'est quoi exactement?

M. St-Pierre Plamondon : Donc, ce que je vous propose ce matin, comme premier pas, mais c'est une discussion sociétale, là, tu sais, on veut que ce soit juste, que ce soit dosé, dans les premiers constats qu'on devrait faire, c'est que, s'il y a eu de l'aveuglement volontaire, il faut qu'il y ait des conséquences. Donc, la demande de Marwah Rizqy sur le congédiement de la directrice du service scolaire, elle a raison...

Des voix : ...

M. St-Pierre Plamondon : J'arrive, j'arrive à la laïcité, oui, oui. Mais je le répète, là, puis je l'ai quand même dit, là : changer la loi de manière à ce qu'il n'y ait plus d'entrisme puis de mélange entre le lieu de culte... qu'on n'a même pas lieu de culte, on les appelle centres communautaires, mais qu'il n'y ait plus de lien possible entre le lieu de culte qui rentre dans l'école. Ce n'est pas dans la loi. Clairement, c'est ça qui se produit. On va changer ça. Arrêtez de subventionner les écoles religieuses. Il y en a 50, là. C'est quand même un renforcement de la Loi sur la laïcité. Inscrire dans la Loi sur l'instruction publique des mécanismes puis des principes clairs qui nous permettent d'évaluer que c'est respecté, parce que, clairement, on ne l'a pas évalué. Mixité dans les écoles, s'assurer qu'il y ait cette mixité-là. Mais je n'ai pas non plus la prétention que ce soit une liste exhaustive. Ma prétention, ce matin, c'est qu'on n'arrivera pas à des solutions si on ne nomme pas le problème tel qu'il est. Puis, si déjà on a réussi ça, ce matin, puis qu'on a quelques pistes de solutions, moi, je trouve que ça fait un point de départ intéressant.

Journaliste : ...il faut que vous... j'essaie de comprendre, là, la mixité, là. Bon. Là, est-ce que c'est parce qu'il y a certaines écoles à Montréal où, là, ça devient de plus en plus homogène au sens où c'est certaines communautés? Expliquez-moi ensuite ce qu'il faudrait faire, là, puis...

M. St-Pierre Plamondon : Mais je vais vous envoyer... En fait, il y avait un bon topo de La Presse sur ça, je vais vous l'envoyer, mais c'est... vraiment, il y a des données assez claires sur l'homogénéité dans les écoles de Montréal. Qu'est-ce que ça fait? C'est qu'il n'y a pas d'intégration possible. Donc, l'intégration est un des sujets ici, là. On ne peut pas s'intégrer à la société québécoise s'il n'y a pas de trace de la société québécoise en termes de langue, ou de mentalité, ou de principe dans le sens que le danger... puis ce n'est pas propre au Québec, là, on le voit un peu partout en Occident, si, dans les écoles, il y a un pays dans le monde ou une croyance religieuse qui est représenté a presque 100 %, là, je ne veux pas exagérer, mais qui est vraiment majoritaire, c'est prévisible, qu'il n'y aura pas d'intégration à la société d'accueil, et c'est prévisible, qu'il va y avoir aussi une tentation de répéter ce qui se fait ailleurs dans le monde. Et rappelons que, dans plusieurs pays dans le monde, il n'y a pas de paix sociale. Tu sais, je...

Journaliste : ...il faut mettre des quotas?

M. St-Pierre Plamondon : Ce qu'on propose, c'est d'évaluer ce qui se fait à l'étranger, parce que ça s'est posé en Europe, notamment au Danemark. Donc, ce matin, là, je ne vous arrive pas... je vous arrive avec des constats sur l'entrevue d'hier du ministre, qui m'inquiètent...

Journaliste : ...que je comprenne.

M. St-Pierre Plamondon : Hein?

Journaliste : J'essaie de comprendre. Bien, ils font quoi au Danemark, mettons?

M. St-Pierre Plamondon : Tout ce que je propose ce matin, c'est d'évaluer ce qui se fait à l'étranger... en pratique.

Journaliste : Mais, pour que tout le monde comprenne ce dont on parle, au Danemark...

M. St-Pierre Plamondon : Je vous enverrai... Je vous enverrai des articles spécifiques si vous voulez des exemples. Mais faites-moi pas dire quelque chose que je n'ai pas dit, là.

Journaliste : Non, non, non, je n'ai pas... vous évaluez...

M. St-Pierre Plamondon : Je n'ai pas dit qu'il faut appliquer... Je n'ai pas dit qu'il faut appliquer le modèle du Danemark...

Journaliste : Exactement, j'ai tout compris ça, mais je veux juste savoir de quoi on parle.

M. St-Pierre Plamondon : On parle d'une évaluation des meilleures pratiques à l'étranger, pour les pays qui se sont posé la question de la mixité sociale, et je sais que ça s'est fait en Europe. Donc, c'est tout ce que je dis, là. Je ne veux pas appliquer le modèle d'un pays ou d'un autre, je dis juste : On n'a pas de mixité sociale dans...

Journaliste : Avez-vous un exemple de mesure qui n'est pas... qui serait à évaluer, qui n'est pas votre position nécessairement, mais...

M. St-Pierre Plamondon : Je ne vais pas aller... non. Je ne veux pas lancer, comme... comme token, là, des solutions. Je m'engage et je veux que le gouvernement évalue les mesures et les meilleures pratiques dans le monde en matière de mixité sociale à l'école. C'est... je m'arrête là.

Des voix : ...

Le Modérateur : On va prendre une dernière en français.

Journaliste : Mais c'est parce que... c'est parce que les enfants vont à l'école dans leurs quartiers. Comment on peut appliquer la mixité? Dans ce cas-ci, on obligerait les gens... à se déplacer?

M. St-Pierre Plamondon : Je demande à ce qu'on étudie... Je demande à ce qu'on étudie comment on peut le faire.

Journaliste : Comment déplacer les gens?

M. St-Pierre Plamondon : Ce n'est pas tant de déplacer des gens. Je vous dis : Étudions. Parce que je sais que ça s'est posé comme question ailleurs en Occident. Ce n'est pas propre au Québec, là, l'école Bedford. Donc, donnons-nous la peine de regarder comment d'autres pays occidentaux et démocratiques veulent... travaillent pour atteindre une mixité sociale. Mais je ne veux... je ne veux pas qu'on aille plus loin que ça parce que, ce bout-là, je n'ai pas la prétention d'avoir des solutions parfaites.

Le Modérateur : On va passer en anglais.

Journaliste : ...de faire en sorte que, là, ça ne soit plus nécessairement attaché au territoire, école de bassin, et tout ça, pour essayer de... dans des classes plus mixtes...

M. St-Pierre Plamondon : Étudions... Étudions ce qui se fait à l'étranger. Mais aussi, tu sais, on peut consulter des sociologues, des spécialistes d'éducation, voir ce qu'ils en pensent. Mais mon constat, c'est qu'il y a un enjeu d'homogénéité, qui a été documenté, puis qu'on n'a pas le choix de se pencher sur les meilleures pratiques ou les politiques publiques pour essayer de corriger cette situation-là. Je pense que c'est un point de départ.

Journaliste : Est-ce que c'est un échec... Est-ce que c'est un exemple d'échec de la loi n° 21? Est-ce que c'est face à ça qu'on est en ce moment?

M. St-Pierre Plamondon : On est devant un malaise idéologique vis-à-vis...

Journaliste : Mais la loi n° 21 devrait garantir, justement...

M. St-Pierre Plamondon : Oui, mais il y a tellement de militantisme idéologique contre la loi n° 21 que, quand les gens veulent la nommer, ils ont peur.

Journaliste : Bien, c'est... Donc, c'est un échec.

M. St-Pierre Plamondon : Bien, c'est insuffisant, à l'évidence, ça fait qu'on va le renforcer.

Journaliste : Là, quand on vous parlez de l'homogénéité, moi, je veux bien comprendre, parce que vous dites qu'il faut nommer les choses, là, bon. L'homogénéité, c'est... vous dites : Il y a des écoles, actuellement, à forte composition de personnes issues de...

M. St-Pierre Plamondon :Religieuses ou ethnoculturelles.

Journaliste : ...communautés musulmanes principalement, disons ça, si on appelle les choses, là...

M. St-Pierre Plamondon :Oui, oui, mais ça peut être aussi d'autres... d'autres groupes, là, ce n'est pas...

Journaliste : Est-ce que c'est parce qu'il n'y a pas assez de Québécois dans les classes de certaines écoles?

M. St-Pierre Plamondon :Je vous enverrai les données, là. Le nombre d'écoles où 75 % et plus des élèves ne sont pas nés au Québec sont quand même élevées à Montréal. Donc, moi, ce que je dis, c'est : On devrait étudier comment on arrive à une mixité, de sorte qu'il n'y ait pas des microcosmes qui se forment. En fait, ce qu'on veut, c'est éviter des situations d'homogénéité telle que même la loi n'a plus d'importance. C'est ça un peu le cas de l'école Bedford. La loi ne se rend plus. Donc, étudions-le puis...

Journaliste : J'ai de la misère à voir comment, parce que, je veux dire, vous ne pouvez pas non plus dire à une famille : Bon, bien, dans cette école-là, il y a suffisamment d'enfants de telle origine, ça fait que, vous, on va vous demander d'aller dans l'école du... de l'arrondissement voisin. Tu sais, comment vous faites pour...

M. St-Pierre Plamondon :C'est toutes des bonnes questions, mais on ne peut pas éviter de nommer la situation parce que c'est sûr qu'on va éviter de trouver une solution. Donc, moi, tout ce que je dis ce matin sur ce point-là, puis ce n'est pas mon seul point, mais on va au moins étudier ce qui se fait dans d'autres pays puis consulter. Mais là je pense...

Journaliste : ...c'est parce que vous avez dit...

M. St-Pierre Plamondon :Bien non, je pense, j'ai répondu aux questions. J'ai fait le tour, là.

Journaliste : Non, non, je sais, mais, quand vous avez parlé... Je veux juste comprendre une affaire. 75 % et plus de gens issus de communautés diverses, là, je me dis : Bon, bien là, c'est-tu être homogène, ça, ou c'est plutôt assez hétérogène merci, dans le sens où il n'y a personne qui, idéologiquement ou de façon religieuse...

M. St-Pierre Plamondon :Je vous renvoie les statistiques... Je vous renvoie les statistiques sur l'homogénéité, mais...

Journaliste : ...des Haïtiens versus des gens d'origine maghrébine...

M. St-Pierre Plamondon :...l'homogénéité en question a été nommée dans un article de La Presse, que je vais vous envoyer.

Journaliste : Mr. St-Pierre Plamondon, you're basically saying that there is a failure here with Bill 21 and there is also a failure here with the children of Bill 101.

M. St-Pierre Plamondon : What's the link with Bill 101?

Journaliste : You have the children of different cultural communities having their own religion in francophone schools, and you're basically saying that it's... there is an homogeneity, like, they come with their own values, but they are children of Bill 101.

M. St-Pierre Plamondon : Yes. But, like, the notion of secularism and the difficulties in integrating or finding common ground on how schools should work, they exist in England, they exist in Switzerland, they exist... Really, those are two topics. So, you can speak English, you can speak Italian, you can speak any language. There's a question everywhere in the Western world right now as to how you make sure that there's an acceptable space for everyone in schools. And, in the case of Bedford, obviously there was no space for anything but a religious approach to school. And it's against Québec's law. But what's striking is how long the situation has happened, in total knowledge of everyone, and I think that's because people are scared. They're scared of being told that they're racist simply because they want secularism and simply because they want the law to apply. And that's not normal.

So, this morning, what I want to do is just to address the problem by naming it, by being clear, because yesterday what Bernard Drainville did is to go around the problem saying : Oh! it might be just ideological, it has nothing to do... maybe it has nothing to do with religion. Come on. It's a really bad start because you can't find solutions to a problem that you can't even name because you're scared. You can't do that. And this has nothing to do with Muslim Quebeckers being different than Christian or Quebeckers who don't believe in God, really. Those teachers who opposed the religion entering the school were from Maghreb, and they were loyal to the law and to the program, and we let them down. And that's... we should be ashamed of that. We should apologize.

Journaliste : With Bill 101... Bill 21, I mean, secularism bill, teachers in public schools can't wear religious symbols when they are teaching. So, you're basically say : That's not enough.

M. St-Pierre Plamondon : The problem here is that the law doesn't necessarily apply in our schools. And it's also with notions more attached to radical left thinking. Things are being taught in our school. The Government tells us : This is not part of the program, this shouldn't happen. But then you look at what happens in schools and it's the opposite. It's not normal.

Journaliste : So where do you want to act? Where do you want...

M. St-Pierre Plamondon : So, we're saying we need to take notice that it's a problem of religion entering our schools. We need to notice that the current law and the current mechanisms are obviously not functioning... functioning well. And we're starting a week that will be dedicated to reinforcing secularism in Québec with the following suggestions : Start with firing the director of the Service Center, because she knew and obviously there's something that went wrong, and then make sure that the law on public instruction is modified to include secularism, to include a mechanism of... independent mechanism to evaluate that the law is respected. Make sure that from now on, temples, whatever the religion, are being identified as religious temples and not as community groups, because they are not community groups. And that they're now prevented from entering schools. Because, if they become one, if the temple and the school becomes one, the obvious evidence here is that it becomes a religious school.

And we also think that we should cut subsidies to all religious schools, because there are 50 religious schools in Québec right now and it costs $160 million a year. And it's totally  incoherent with our goal to have a common program. And I'm critical of the program, but we need to agree on the principle that there should be a common program that applies everywhere. And it's not up to every religious or ideological person to decide what's going to be taught in school. We are a democracy. We need to agree on things.

And, if we start from there, I think we can go somewhere. But we cannot do what Bernard Drainville did yesterday. That is to not name the problem, to go around the problem and pretend it's not about religion, pretend it's not about intimidation. And we need to say things as they are. And, if we say that, we can start talking about solutions.

Journaliste : I just want to... I just want to clarify. Are you saying that the situation with Bedford is an illustration of the failures of Bill 21? Do you feel like Bill 21 didn't go too far? I just want to clarify that.

M. St-Pierre Plamondon : I think it's an illustration that Bill 21 is not effective, is not sufficient, or maybe it's just not applied. Because Bill 21 has been associated... associated so much with racism, whereas it's really rules about how religion should be in our institutions or not. In the case of Bedford, the religion became a part of the school and it's not part of the program. But maybe there's ideological intimidation to the point that people who witness things that are not normal, especially those teachers from the Maghreb who tried to oppose what was going on, maybe we let them down. And the law is not effective. It's not applied... it's not being applied because people fear they will be identified as a racist or I don't know what else.

Journaliste : There were other components to this... excuse me, to this report as well. You know, students being punished essentially for not... having learning disabilities, being prevented from getting that care. There was also, you know, the issue of certain teachers using language to isolate other teachers. Why is it that you're choosing to focus on secularism specifically today?

M. St-Pierre Plamondon : Because all those behaviors are connected, clearly connected to religious beliefs and religious overtaking of the school. And, if you look at Christian schools at the time of Duplessis, you'll find some similar things. I mean, in the history of Québec, there are reasons why we decided to get rid of religion in schools. And so, it's not a question of which religion. It's a question of whether religion should be in the school and whether we should accept that the program and the law doesn't apply in certain schools because some groups have taken over. It's not normal.

Journaliste : J'ai retrouvé l'article, parce que je sais de quel article on fait référence... mais justement, l'enjeu c'était le fait que les francophones vont à l'école privée, tu sais, c'est... de telle sorte que... Ça fait que je demandais le lien que vous faite...

M. St-Pierre Plamondon : Bien, je pense, j'ai été clair, là, j'ai répondu. Je m'en tiens à ma réponse. On va étudier les meilleures pratiques basées sur des données. Parce que vous me posez la question : Est-ce qu'il y a vraiment de la... de l'homogénéité? C'est clairement ce qui est dit.

Journaliste : Mais c'est bien ce texte-là, j'imagine... vous faites référence...

M. St-Pierre Plamondon : Envoie-moi-le, je peux te... je peux donner tous les détails.

(Fin à 11 h 16)

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