(Douze heures huit minutes)
La Modératrice : Alors, je
vous donne la parole. C'est M. le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette,
qui est avec la sous-ministre associée aux orientations et à l'accès à la
justice, Mme Élise Labrecque. Je vous laisse la parole.
M. Jolin-Barrette : Merci.
Bonjour à tous. Me Labrecque, merci d'être présente. Heureux de vous
retrouver.
Aujourd'hui, nous franchissons une
nouvelle étape importante vers une justice plus accessible, plus efficace et,
par-dessus tout, plus humaine. Le projet de loi n° 73 nous permettra de
mieux protéger les personnes victimes en cas de partage d'images intimes sans
consentement et de mieux accompagner les personnes victimes de violence
sexuelle et de violence conjugale en matière civile incluant en matière
familiale.
Le partage d'images intimes sans
consentement est un fléau. Il ne suffit que d'un texto pour briser une
personne, briser son estime, briser son sentiment de sécurité, briser sa
confiance envers les autres. Cette personne, ça pourrait être votre fille,
votre fils, votre sœur.
Le Code criminel est clair, quiconque partage
une image intime sans le consentement de la personne qui y figure commet un
crime. Malgré cela, des études démontrent qu'un adolescent sur cinq aurait déjà
reçu l'image intime d'une personne qui n'y consentait pas. Dans ce genre de
situation, c'est une course contre la montre. Plus on met du temps avant de
détruire l'image, plus elle risque de circuler et plus les conséquences peuvent
être dévastatrices. Les procédures existantes pour dénoncer le partage d'une
image intime peuvent s'étirer jusqu'à une année. Ça ne fait pas de sens et
c'est là que nous intervenons.
Nous venons créer un processus simple afin
d'empêcher ou de faire cesser rapidement le partage d'une image intime sans
consentement. Dès qu'une personne a connaissance qu'une image intime d'elle
circule sans son consentement ou qu'une personne menace de la partager, elle
pourra remplir un formulaire disponible en ligne ou au greffe du Palais de
justice afin d'obtenir une ordonnance de la Cour du Québec. Le juge devra
traiter la demande en urgence et pourra ordonner à toute personne, même celle
se cachant sous un pseudonyme, qui détient ou qui a sous son contrôle l'image
intime comme un hébergeur de site Web, de ne pas partager l'image ou de cesser
tout partage, de la détruire ou de désindexer tout hyperlien permettant d'y
accéder. Toute personne visée par l'ordonnance devra respecter dès qu'elle lui
sera notifiée, sans quoi elle s'exposera à une amende pouvant aller de
500 $ à 5 000 $ par jour pour une personne physique et de 5 000 $
à 50 000 $ pour une personne morale. La sanction pourra ultimement
aller jusqu'à une peine d'emprisonnement.
Ce comportement peut entraîner des
conséquences dramatiques, poussant même parfois des jeunes à commettre
l'irréparable. Il faut s'assurer que tout est en place pour dissuader quiconque
de commettre un tel geste. Le projet de loi propose également de renforcer
l'ordonnance civile de protection, celle-ci vise à protéger une personne,
notamment dans un contexte de violence familiale, conjugale ou sexuelle, d'intimidation
ou de harcèlement. Le tribunal peut, par exemple, ordonner à une personne de ne
pas approcher le domicile ou le lieu de travail d'une personne ou de
communiquer avec elle. Plusieurs organismes œuvrant auprès des personnes
victimes au quotidien nous ont indiqué qu'il s'agissait d'un recours utile mais
peu utilisé en raison de sa complexité. Nous venons donc en faciliter le
recours afin de mieux protéger notamment les personnes victimes de violences
familiales, conjugales ou sexuelles. Actuellement, une personne victime de ce
type de violence doit prouver que sa vie, sa santé ou sa sécurité est menacée
pour obtenir l'ordonnance civile de protection. Lorsqu'on est en présence d'une
forme plus insidieuse de violence comme le contrôle coercitif, cela peut être
difficile à prouver.
Désormais, la crainte d'un risque pour la
vie, la santé ou la sécurité d'une personne victime suffira pour obtenir une
ordonnance. Cela peut sembler banal, mais cela fera une énorme différence.
Jusqu'ici, l'ordonnance n'était généralement pas accordée sur la base d'une
crainte, aussi grande soit-elle. Nous venons corriger cela.
Par ailleurs, actuellement, lorsqu'il y a
un bris d'ordonnance civile de protection, les policiers ne peuvent intervenir
vu la nature civile de celle-ci. En cas de bris, la victime doit entreprendre
un recours en outrage au tribunal, ce qui peut s'avérer coûteux en temps, en
argent et en énergie. Avec le projet de loi, le non-respect devient une
infraction criminelle. Les policiers pourront désormais intervenir et prendre
les mesures nécessaires pour faire respecter l'ordonnance civile de protection.
Ainsi, le fardeau ne reposera plus sur les épaules de la personne victime.
Enfin, les personnes victimes en matière
civile pourront aussi bénéficier d'un meilleur soutien. Forts de l'expérience
que nous avons acquise avec le déploiement du tribunal spécialisé en matière de
violences sexuelles et de violences conjugales, nous souhaitons aujourd'hui
étendre certaines mesures au recours civil, car la présence de violence n'est
pas limitée uniquement aux affaires criminelles. Cela passe notamment par
l'élargissement d'une offre de formation sur les réalités de la violence
sexuelle ou conjugale aux intervenants qui œuvrent auprès des personnes
victimes en matière civile, y compris en matière familiale. Mieux comprendre
ces formes de violence et être en mesure de les reconnaître peut faire toute la
différence.
Des mesures d'aide au témoignage seront
également mises en place. Une personne victime de violence familiale, conjugale
ou sexuelle pourra désormais être accompagnée par une personne de confiance
lors de son témoignage ou être assistée d'un chien de soutien. Nous venons
ainsi créer un environnement sécurisant et bienveillant afin de faciliter cette
étape qui peut s'avérer particulièrement stressante pour les victimes, soit
celle de témoigner à la cour.
De plus, le témoignage à distance sera
permis pour les personnes victimes ayant consulté un organisme d'aide. Bien que
cela soit déjà possible, on nous dit que, sur le terrain, le témoignage à
distance est rarement accordé en matière civile. Une personne victime de
violence conjugale, par exemple, pourrait être contrainte de témoigner en la
présence de son ex-conjoint violent, et ce, même si ce dernier faisait l'objet
d'une ordonnance de ne pas s'approcher d'elle en matière criminelle. Nous
envoyons donc un message clair, les personnes victimes et leurs besoins doivent
être au cœur du processus et au cœur des procédures.
Nous instaurons également, en matière
civile, les mêmes protections qu'en droit criminel concernant les mythes et les
stéréotypes véhiculés en matière de violence sexuelle ou de violence conjugale.
Jusqu'ici, il n'y avait aucune limite claire à cet égard en matière civile.
Nous venons donc clarifier que, désormais, la réputation de la personne
victime, son passé sexuel ou encore le fait de ne pas avoir mis fin à la
relation avec l'auteur de la violence ne seront pas admissibles en preuve.
Par ailleurs, l'adresse du domicile de la
personne pourra demeurer confidentielle et ne plus apparaître sur les documents
et les procédures du dossier judiciaire auquel l'auteur de la violence peut
accéder. Ça paraît évident que ce type d'information ne doit pas être divulgué
à un ex-conjoint violent. Pourtant, ça arrive encore trop souvent.
Le système de justice n'a pas été pensé
pour les personnes victimes. Lorsque j'ai été nommé ministre de la Justice, je
me suis engagé dans un vaste et nécessaire changement de culture. Les personnes
victimes doivent être les premières considérées, que ce soit en matière
criminelle, civile ou familiale. Le système de justice ne doit jamais être un
fardeau, il doit plutôt être un outil. Je vous remercie de votre attention.
La Modératrice : Alors, on va
passer à la période de questions. Charles Lecavalier, La Presse.
M. Jolin-Barrette : Bonjour.
Journaliste : Bonjour, M. le
ministre. Je me demandais... Là, vous nous avez tout expliqué chacun des
aspects de la loi, mais pourquoi... qu'est-ce que ça va changer, vous pensez,
concrètement pour les victimes, votre projet de loi?
M. Jolin-Barrette : Sur
l'aspect protection d'images intimes ou en matière de procédures civiles?
Journaliste : Sur la
protection d'images intimes.
M. Jolin-Barrette : Bon,
l'objectif, c'est d'avoir une procédure simple et efficace qui va être rapide,
de façon à faire en sorte d'intercepter rapidement l'image intime qui soit est
en cours de diffusion, que ce soit par texto, par Messenger, sur des
plateformes de réseaux sociaux ou même sur un site Internet, ou, et/ou, qui est
menacé de la diffuser. Parce que le projet de loi s'attaque aux deux volets à
la fois, lorsque c'est le cas, l'image est partagée ou que quelqu'un menace de
la partager. Pensez au cas qui peut arriver parfois, où un ex-conjoint qui
avait des photos d'images intimes de sa conjointe et qui lui dit : Bien,
si tu me laisses, je vais diffuser les images intimes que j'ai ou, s'ils sont
déjà séparés, puis pour maintenir un lien entre eux, bien, je vais diffuser les
images. Donc, on vise ce genre de situation là. Même chose aussi pour les
jeunes, les adolescents. Un adolescent sur cinq a reçu une image intime pour
laquelle la personne qui est sur la photo ou sur le vidéo n'avait pas consenti
à cette diffusion.
Donc, l'idée, c'est d'intervenir vraiment
rapidement, avec un formulaire en ligne ou le formulaire au greffe
physiquement, si vous allez physiquement en personne, et que le juge le reçoive
pour traiter la demande d'une façon urgente. Et là il va pouvoir émettre
l'ordonnance pour désindexer, pour dire de ne pas diffuser et pour détruire la
photo, la photo, l'image, la vidéo. Ça concerne également les hypertrucages.
Journaliste : Puis on a aussi
parlé, là, beaucoup des sites pornographiques, là, qui diffusaient des vidéos,
parfois sans le consentement de... puis que la personne n'était jamais capable
de faire enlever le vidéo. Votre projet de loi, je comprends que c'est aussi
ces sites-là qui sont visés, là.
M. Jolin-Barrette : Oui,
exactement. Donc, sites Internet, hébergeurs, plateformes, médias sociaux.
Donc, à partir du moment où il y a une image ou un vidéo sans consentement de
la personne, le juge de la Cour du Québec pourra prononcer l'ordonnance contre
toute personne qui a l'image, le vidéo ou qui la contrôle pour pouvoir la
retirer et la désindexer. Donc, on couvre toutes les situations.
Journaliste : Vous me
permettrez peut-être une dernière petite question sur un autre sujet. Est-ce
que c'est responsable de demander le départ de dizaines de milliers
d'immigrants sans avoir d'avis juridique, là, comme l'a dit M. Legault à
Paris?
M. Jolin-Barrette : Écoutez,
on est dans une situation particulière au Québec où est-ce qu'on accueille des
milliers de personnes, des demandeurs d'asile. C'est au gouvernement fédéral à
s'assurer de la répartition équitable sur le territoire québécois. Les
Québécois sont accueillants. Cependant, on a atteint la capacité maximale de
nos limites.
Journaliste : ...comme
ministre de la Justice. Vous ne trouvez pas qu'il faudrait... que ça respecte
les chartes? Cette question-là, vous ne vous la posez pas?
M. Jolin-Barrette : Je vais
réserver mes commentaires relativement aux avis juridiques. C'est moi le
jurisconsulte du gouvernement, puis vous pouvez être assuré qu'on accompagne
l'ensemble du gouvernement à ce titre-là.
La Modératrice : Thomas
Laberge, La Presse canadienne.
Journaliste : Oui. Bonjour.
Bonjour à vous deux.
M. Jolin-Barrette : Bonjour.
Journaliste : J'aimerais
avoir un petit peu plus de détails sur le fonctionnement une fois que le
formulaire... Donc, c'est un juge qui doit évaluer la chose. J'imagine qu'il
faut quand même faire certaines vérifications. Il faut s'assurer... tu sais, le
consentement n'était pas donné, ce genre de choses là. Est-ce qu'on peut avoir
un peu plus d'information?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, on a produit un napperon, notamment en six étapes également, qui est
diffusé ici. L'objectif, c'est que ça soit vraiment simple pour la personne
victime, donc... et ça peut être une personne... la demande peut être faite
seule par une personne de 14 ans et plus. Donc, au niveau du secondaire,
les jeunes qui ont 14 ans vont pouvoir faire la demande eux-mêmes sans le
dire à leurs parents, justement, pour faire en sorte que... considérant la
nature intime des images, bien, on veut que ça se règle rapidement et
efficacement.
Alors, on remplit le formulaire en ligne,
le juge le reçoit, traite la demande d'une façon urgente. La demande se fait ex
parte, ça veut dire sans la présence de la personne qui a l'image dans ses
mains... bien, dans ses mains, qui contrôle l'image. Et un coup que
l'ordonnance, elle est émise, elle est signifiée par le greffier de la cour à
la personne qui est visée par l'ordonnance ou par le propriétaire du site Web
ou par le diffuseur de l'image. Et si jamais l'image n'est pas retirée, si
c'est une personne physique, c'est des amendes de 500 à 5 000 $ par
jour, et il y a possibilité de peine d'emprisonnement jusqu'à 18 mois.
Donc, l'idée est de faire en sorte d'avoir
un recours rapide, efficace en matière civile. Ce geste-là, c'est une
infraction criminelle aussi, mais avant que les procédures criminelles
cheminent, ça peut prendre plusieurs mois, voire des années. Alors, notre
objectif, c'est de faire en sorte que l'image soit retirée le plus rapidement
possible parce que c'est là que ça cause des dommages puis ça peut se diffuser
extrêmement rapidement. Pensez dans une école secondaire, un groupe texto,
l'image parcourt, alors ça peut vraiment briser des vies.
Journaliste : Non, puis je
comprends bien la... Vous dites : Il faut régler ça de manière urgente,
mais est-ce que le système de justice a les ressources pour être capable
d'accomplir cette volonté-là puis d'être capable d'enlever les images le plus
rapidement possible?
M. Jolin-Barrette : Oui, tout
à fait, parce qu'on a toujours des juges de garde. Donc, en matière... À tous
les jours, là, quand un prévenu se fait arrêter, supposons, il y a toujours un
juge qui fait les comparutions et même la fin de semaine aussi. Alors, le
système de justice fonctionne sept jours par semaine. Alors, les demandes
seront orientées vers le juge de garde de la Cour du Québec ou vers un juge de
paix magistrat. C'est justement pour ça qu'on fait en sorte de confier... de
modifier l'annexe V de la Loi sur les tribunaux judiciaires pour faire en sorte
que les juges de paix magistrats aient la juridiction pour traiter ce genre
d'ordonnances là. Ça fait suite au projet de loi n° 54 de la Table Justice
que j'ai fait adopter au printemps passé, qui donnait davantage de pouvoir aux
JPM. Donc, il y a 333 juges de la Cour du Québec qui ont compétence, plus
les 40 juges de paix magistrats qui sont à la Cour du Québec aussi.
Journaliste : Peut-être juste
aussi une précision. Vous avez mentionné, là, bon, le but, c'est d'agir le plus
rapidement possible, mais qu'il pourrait y avoir des peines criminelles, parce
qu'évidemment c'est criminel de diffuser ces images-là. Bien, au fond, on
comprend que c'est deux éléments complètement différents. C'est à dire qu'une
personne qui porterait plainte pour que l'image soit retirée rapidement, la
personne qui a diffusé l'image ne serait pas nécessairement poursuivie au
criminel ou il faudrait qu'elle entame... la victime entame des procédures en
ce sens là?
M. Jolin-Barrette : C'est
deux recours distincts, puis on laisse le choix aux personnes victimes de le
faire. Nous, dans le cadre de notre juridiction, c'est en matière civile. Donc,
c'est une demande d'ordonnance civile pour dire : M. le juge, mon
ex-conjoint ou tel garçon à l'école est sur le point ou me dit qu'il va
diffuser une image intime de moi, donc nue, partiellement nue ou faisant un
acte explicite de nature sexuelle, et je ne veux pas que ça soit diffusé, ou je
veux que ça soit retiré, ou je veux que ça cesse le partage dans un groupe
texto sur des réseaux sociaux. Alors, le juge va prononcer l'ordonnance, elle
va être signifiée. Si jamais l'ordonnance est non fondée, il a 30 jours
pour la contester après l'émission de l'ordonnance. À ce niveau-là, si
jamais... Supposons que c'était un cas d'une situation où il y avait un
contrat, puis c'est une activité, supposons, pornographique rémunérée dans le
cadre d'un contrat pour des majeurs, il y a une exception à ce niveau-là.
Alors, à ce moment-là, ça pourrait être contesté éventuellement. Mais l'idée
c'est d'agir rapidement, à la source, efficacement, avec une procédure
extrêmement simple : formulaire; réception par le juge; le juge l'étudie
dans son bureau, il n'a pas besoin de tenir une audition formelle dans la salle
de cour, le dossier est à huis clos également, il peut le faire dans son bureau;
émission de l'ordonnance; signification; action.
La Modératrice : Sébastien
Desrosiers, Radio-Canada.
M. Jolin-Barrette : Bonjour.
Journaliste : Bonjour, M.
Jolin-Barrette. Qu'est-ce que vous entendez au juste par «rapidement»?
M. Jolin-Barrette : D'une
façon urgente.
Journaliste : Mais c'est une
question d'heures, de jours? Vous l'avez dit vous-même, ces images-là se
répandent très rapidement.
M. Jolin-Barrette : D'une
question d'heures et de jours.
Journaliste : O.K. Donc...
Puis...
M. Jolin-Barrette : Parce que
la... en matière criminelle, on est sur plusieurs mois. Alors, nous, on vise à
être sur plusieurs... bien, en fait, le plus rapidement possible, heures,
jours, en fonction de chacun des dossiers, en fonction de la preuve qui est
devant le juge aussi, pour qu'il puisse rendre l'ordonnance.
Journaliste : Au sujet de la
critique, si on veut, de Québec solidaire, à savoir que la commission spéciale
sur le temps d'écran chez les jeunes se penche déjà là-dessus, vous avez dit
que vous seriez ouvert à appliquer des recommandations du rapport de la
commission, je pense, si j'ai bien compris, qui est attendu en mai. Pourquoi ne
pas avoir attendu, tout simplement?
M. Jolin-Barrette : Bien,
parce que c'est un problème criant, puis on ne sait pas où la commission
parlementaire va aller. C'est un mandat qui est extrêmement large sur les
écrans. À partir du moment où on constate qu'il y a un enjeu, que ça constitue
un fléau, moi, comme ministre de la Justice, vous me connaissez, j'agis
promptement, avec les équipes du ministère de la Justice, pour offrir aux
citoyens et aux citoyennes qui sont victimes de ce type de violence sexuelle là
des recours puis des options pour faire cesser ça. Honnêtement, je trouve
curieux que M. Leduc dise : Vous offrez des recours aux victimes trop
rapidement. C'est une drôle de position de sa part.
Journaliste : Peut-être sur
un autre sujet, rapidement, si vous me permettez, mais la Cour suprême a
accepté ce matin d'entendre l'appel de Québec concernant les garderies et les
demandeurs d'asile. Est-ce que, pour vous, il y a une indication que vous avez
une chance d'avoir gain de cause finalement dans cette affaire-là?
M. Jolin-Barrette : Bien, le
procureur général du Québec va plaider les arguments à la cour. La position du
gouvernement, elle est très claire, et c'est pour ça qu'on a porté le jugement
de la Cour d'appel en appel. Les juges vont nous entendre d'une façon neutre et
impartiale. On va plaider nos arguments puis on considère qu'on a des bons
arguments.
La Modératrice : Alain
Laforest, TVA.
Journaliste : Bonjour.
M. Jolin-Barrette : Bonjour.
Journaliste : En tout
respect, M. le ministre, vous parlez d'urgence. Le fédéral a agi il y a 10 ans.
Pourquoi pas avant?
M. Jolin-Barrette : C'est un
phénomène de plus en plus en développement, avec les jeunes particulièrement.
Alors, à partir du moment où nous avons été conscientisés à la situation, bien,
je pense qu'il n'y a pas de temps à perdre pour faire en sorte d'avoir un
recours civil, parce qu'actuellement il existe des recours, mais ils sont très
longs, notamment avec la Commission d'accès à l'information, où la législation
n'est pas adaptée pour aller rapidement. Alors, pour moi, je pense qu'on doit
faire en sorte de donner des outils aux personnes victimes pour que le partage
d'images intimes cesse.
Et l'autre volet du projet de loi,
c'étaient des recommandations qui ont été faites par notamment les groupes de
soutien aux victimes pour faire... pour transposer ce qu'on a fait au tribunal
spécialisé en matière de violence sexuelle et conjugale pour justement...
lorsque vous êtes, supposons, en matière familiale puis que votre ex-conjoint,
bien, il a fait de la violence conjugale, vous vous retrouvez dans la même
salle de cour que lui... bien, les mesures d'aide au témoignage qu'il y avait
en matière criminelle, c'est tout à fait normal qu'elles soient transposées en
matière civile. Donc, on vient vraiment mettre la personne victime au cœur du
processus judiciaire, prendre ses besoins particuliers pour qu'elle puisse
livrer un témoignage à la cour en toute sécurité.
Journaliste : Souvent dans
des... dans le domaine judiciaire, lorsque la Cour du Québec intervient avant
le Code criminel, ce qui est présenté devant la Cour du Québec n'est plus
appréciable ou accepté devant la cour criminelle. Est-ce que, dans le cas de
partage d'images intimes, on se retrouve dans la même situation? Si un juge de
paix intervient rapidement, est-ce qu'à ce moment-là ça vient court-circuiter
une éventuelle poursuite au Code criminel?
M. Jolin-Barrette : Non, pas
du tout. C'est deux dossiers totalement distincts. Dans le fond, là, on est en
matière civile sur... avec un fardeau de preuve qui n'est pas le même qu'en
matière criminelle. Donc, le juge de la Cour du Québec est compétent en matière
civile pour intervenir. Et, en matière criminelle, si le Directeur des
poursuites criminelles et pénales décide de porter des accusations, il a la
compétence pour continuer le dossier. Donc, les deux peuvent être parallèles.
Mais, nous, notre objectif, c'est qu'on puisse rapidement et urgemment retirer
le partage d'images intimes et de contenus... et de contenus sexuels de nature
explicite qui a été fait sans le consentement de la personne.
Journaliste : En terminant,
votre constat, c'est que le processus du Code criminel est trop long, trop
lourd.
M. Jolin-Barrette : Bien, le
processus en matière criminelle, vous devez aller voir les enquêteurs, vous devez
faire une plainte à la police. Ensuite, la plainte à la police, il y a les
enquêteurs. Par la suite, le dossier est évalué pour le procureur aux
poursuites criminelles et pénales qui décide s'il y a des accusations ou non.
Donc, juste dans ce processus-là, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Par
la suite, il y a dépôt des accusations. Il y a les requêtes qui sont entendues.
Il y a fixation du procès, le délibéré, ensuite le jugement.
Nous, on est dans un régime extrêmement
accéléré où la victime... Supposons, demain matin, votre fille a envoyé une
photo à quelqu'un puis, par la suite, il menace de la diffuser, bien,
immédiatement, vous allez pouvoir remplir le formulaire en ligne. Le juge de la
Cour du Québec va le recevoir et va pouvoir le traiter d'une façon urgente. Ce
qui est beaucoup plus rapide, beaucoup plus efficace. Puis, dans ce type de
dossier là, la diffusion d'images, le temps est extrêmement important, parce
que ça voyage à une vitesse tellement importante, tellement rapide qu'il faut
agir promptement, et c'est ce qu'on offre aux personnes victimes avec la
législation qu'on dépose aujourd'hui.
Journaliste : Je me permets,
Geneviève Lajoie, Journal de Québec, Journal de Montréal, de poser une
question. M. le ministre, vous avez vous-même dit : Il s'agit d'un fléau.
Pour avoir moi-même des adolescents, ce genre de choses arrivent fréquemment.
Est-ce qu'on ne risque pas d'engorger le système judiciaire... ou, en tout cas,
de... Est-ce, vraiment, le système est capable d'absorber ça là?
M. Jolin-Barrette : Oui, le
système est capable. C'est sûr qu'il y a un aspect d'éducation dans nos écoles
notamment. Puis, oui, il y a beaucoup de jeunes, 20 % des jeunes ont déjà
reçu une image de ce type là alors que la personne n'y consentait pas. Il faut
sensibiliser tout le monde à dire : Bien, premièrement, c'est une
infraction criminelle. Deuxièmement, il y a des conséquences à ça. Le système
de justice va répondre présent. Les juges, il y a des juges de garde tous les
jours, ils seront en mesure de traiter ça, lorsqu'ils vont recevoir la
procédure, qui est une procédure simple. Mais il faut que ça cesse, et ce n'est
pas juste les jeunes, là. On parle de «revenge porn» on
parle d'ex-conjoint, on parle de situations non désirées, et ça peut briser des
vies. Alors, on prend les moyens nécessaires pour que ça cesse.
Journaliste : Et mon collègue
vous a demandé tout à l'heure au niveau du temps, mais vous vous attendez,
vous, à quoi, quelqu'un qui... dont l'image a déjà été diffusée, vous vous
attendez à ce que ce soit réglé en combien de temps?
M. Jolin-Barrette : Le plus
rapidement possible. Donc, on parle en termes d'heures et de jours.
Journaliste : Donc, ça
pourrait être idéalement dans la même journée, là, que l'image ne reste pas
longtemps en ligne.
M. Jolin-Barrette : Et
effectivement, tout dépendant, la preuve qui est devant le juge pour qu'il
puisse rendre son ordonnance.
La Modératrice : Matt Grillo.
CTV.
Journaliste : I'm just wondering, how do you plan to enforce this law, say,
against the Web site that might be on the other side of the world... outside
Québec jurisdiction?
M.
Jolin-Barrette :
Well, when you talk about Internet, you already... you always have
that problematic about «extraterritorialité» of the judgment. We have some
agreement with other countries about judgment, «reconnaissance» in some... But
that's a difficulty about the Web that, sometimes, when it's outside. But
what... the center of the problem here, it's often about a text message or
about some social network platform that can be managed from here. And we talk
about high school, it's some text groups, and stuff like that, and we can act
on that.
So, for your answer,
sure, if the Web site is in another country, it can be more difficult. But the
reality, it's when you have a threatening of sending that kind of picture or
video, we can act really quickly with... «avec l'ordonnance» of the judge.
Journaliste :
The person who is threatening this,
from what I understand, you know, the photos get hopefully, eventually deleted,
is it case close at that point or could they face charges even though they
eliminated this photo?
M.
Jolin-Barrette :
They can face charges, criminal charges because you have both
recourses. First of all, you can go in Civil Law, that what we tabled today, to
make the photo get deleted. But, beside of that, you can make a complaint to
the police and to the Crown prosecutor, and that'scriminal offense. So, that's really serious. But the delays in the
criminal side, it's more longer. So, what we want with that bill is to have a
quick way to get out that picture, to delete that picture and to limit the bad
consequences on the person that could... that the diffusion could happen with
the sending of that picture, particularly for the youth, like 20%, a few people
receive that kind of picture that the person on that picture didn't consent for
the sending of that picture.
Journaliste :
Just a little technicality here. How do
we make sure the photo is actually deleted or, you know, is the cell phone
going to be seized? Like, how is that all confirmed?
M.
Jolin-Barrette :
Well, it's mandatory by the court and, if it's not the case, they
have some penalties. For a physical person it's $500 until $5,000 dollars per
day in fine. If that's an enterprise, a company, it's $5,000 to $50, 000
dollars. And if it's a human, you can go in jail until 18 months. So, we have
severe fine penalties if you don't respect the bill and you should face these
consequences. So, we decide to make that tough because that's a serious
subject. And we want that that kind of situation to not happen again.
La Modératrice :
Cathy Senay, CBC.
Journaliste :
Good day. I'm not sure how you will be
able to fight the speed at which those photos, intimate images are shared out
there sometimes by several people. I know that you want to speed up the process
having a judge's order quickly. But, I mean, like, just five minutes, like you
can have thousands of people relaying that photo. So, I don't know. It seems to
me that it's going to take time to counter the sharing of those images.
M.
Jolin-Barrette :
Yes, and that was a proposal of what we did yesterday night for the
journalists to send you the example. It can go really fast, but we want to act
on that because, right now, you don't have that possibility to go in court
specifically with that simple way to take out that photo or that picture, that
video. So, we're going to be able to go quickly. And it's not only the fact
that the pictures are already sent, it's always the threatening about the fact:
I have your picture and I'm going to send it to everybody if you don't do that
or that. So, we act quickly, and the judge will be in his ruling, will be able
to specify what is the judgment and that has to be taken out rapidly and
quickly.
Journaliste :
And tell me if I'm wrong here. Isn't it
a way to discourage people that could be tempted to do it now that you have a
piece of legislation, period? Is this a tool to discourage people to do it in
itself, this piece of legislation? Even if it's perfectly imperfect as a piece
of legislation can be, it's a tool to discourage people to think twice, because
soon they will have this law.
M.
Jolin-Barrette :
Yes, I mean, we have that tool to act, but that's sure, we have a
public message about everybody to say: First, it's crime, you will have some
consequences and we have to educate people about the fact that it's not okay to
do that, and it can cost lives, and people can see their lives broken about
that, about the fact that intimate images or sexual representation of that
person... It'sreally intimate,
and it's not OK that it will be going everybody in some text message or in
social media and stuff like that.
So, yes, we want to
discourage that to make some statement about the fact that it's not OK and
they'll have some consequences. But, when I wrote this bill, my principal idea
was to help the victims, was to give them tools to make that stop, and to limit
the diffusion of a picture. So, that ensure that somebody send that to a few
people, with that judgment, they will be able to find them, and to receive that
judgment, and they will act. When you receive a judgment and you say: Oh, maybe
I didn't realize what I received, and I was sending that. But, first, that's
criminal and that not O.K. So, we have, in our jurisdiction, in Québec's
jurisdiction, we use our powers to help the victims, to stop that, and to
prevent also.
Journaliste :
One last thing. Sorry, Geneviève. On
last thing, one last question for the road. The Supreme Court's decision to
hear Québec's challenge to daycare access to asylum seekers, who do you react?
M. Jolin-Barrette :
Well, we put the decision of the Court
of appeal in appeal at the Supreme Court, so we will be ready to plea in front
of the Supreme Court, because our opinion is that we were disagreeing with the
Court of appeal about the fact that asylum seekers… kids of asylum people could
not have the tariff, the lowest tariff.
Journaliste :
OK, so, you feel good about your
arguments?
M. Jolin-Barrette :
Sure, I put that in appeal. I'm agree
with me.
Journaliste :
C'est bon.
Journaliste : ...de
protection.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Ça, c'est très important.
Journaliste : Oui. Bien,
c'est ça. Mais je me demandais, est-ce qu'il y a eu des cas? Il y a-tu quelque
chose qui vous a fait réaliser que : Aïe, mon Dieu, il faut vraiment
changer ça vite? Est-ce que...
M. Jolin-Barrette : Mais
en fait les ordonnances civiles de protection avaient été instaurées par
Mme Vallée à l'époque, et c'était un recours pour les victimes. Par
contre, l'ensemble des groupes de soutien aux personnes victimes nous ont
sensibilisé au fait que c'est très, très peu utilisé en raison, un, de la
lourdeur du processus, donc le fait de devoir faire la requête formelle,
normalement, ça prend un avocat parce que c'est quand même compliqué. Là aussi,
on va avoir un formulaire simple qui va être disponible sur Internet et au
greffe. Et l'idée aussi, c'est de changer le critère pour le diminuer, parce
qu'avant vous deviez démontrer que votre vie était en danger ou votre sécurité
était en danger, tandis que maintenant ça va être le critère de la crainte. Vous
craignez que votre vie, votre santé, votre sécurité va être en danger, donc on
diminue le critère. On fait en sorte aussi que lorsque l'ordonnance, elle est
prononcée, l'ordonnance civile de protection, exemple, que votre conjoint
n'accède pas à votre terrain ou ne vienne vous voir à domicile, auparavant,
s'il ne respectait pas l'ordonnance civile de protection, il fallait que vous
preniez un recours en outrage au tribunal. Donc, vous-même, que vous... que
vous fassiez le recours ou que vous mandatiez un avocat. Désormais, on vient
criminaliser l'ordonnance civile de protection par l'article 127 du Code
criminel. Ça veut dire qu'à partir du moment où l'ordonnance, elle est émise
par un juge de la Cour supérieure, si jamais monsieur se présente à la maison,
ne respecte pas, mais là, lorsque vous allez appeler les policiers, les
policiers vont pouvoir le traiter comme une infraction criminelle avec les
conséquences associées à ça.
Donc, les groupes de personnes victimes,
de soutien aux personnes victimes nous avaient sensibilisés à ça, puis c'est
pour ça qu'on fait le changement, notamment le mandat qu'on avait confié à
Juripop de réfléchir sur cette question-là, ça faisait partie de leurs
recommandations d'adapter aux besoins des personnes victimes. Il y a certaines
personnes victimes qui ne souhaitent pas déposer des... une plainte à la
police, donc d'aller dans la juridiction criminelle pour les raisons qui leur
appartiennent, et si elles se retrouvent, supposons, en matière de litige
familial, supposons, pour la garde des enfants, pension alimentaire, tout ça,
l'ordonnance civile de protection, supposons qu'il y a présence de violence
conjugale, mais ça va permettre, justement, d'avoir cet outil-là, cette bulle
de sécurité là. Et surtout, le fait que ne ce soient eux-mêmes qui vont devoir
la faire exécuter, l'ordonnance, mais ça enlève le fardeau des épaules de la
victime, parce que ça va être la police qui va le faire exécuter.
Journaliste : Il y a aussi un
autre aspect de votre projet de loi, je pense,... si je me trompe,
dites-moi-le, là, mais c'est... on va pouvoir... Si quelqu'un a été condamné au
criminel, une victime peut utiliser cette condamnation-là pour faire un recours
civil
M. Jolin-Barrette : Oui.
Journaliste : Pouvez-vous m'expliquer
ce que ça va changer?
M. Jolin-Barrette : Oui, ça,
c'est important aussi. Supposons que vous avez une condamnation pour agression
sexuelle au criminel. La victime porte plainte à la police. Il y a le procès
criminel. Monsieur est reconnu coupable d'agression sexuelle. Par la suite,
madame se retourne pour poursuivre monsieur en dommages et intérêts au niveau
civil. Bien, le simple dépôt du jugement en matière criminelle va faire en
sorte que madame n'aura plus à prouver la faute, parce que ça va être un
élément de preuve qui va être dedans. Donc, le fardeau de preuve va être
beaucoup moins élevé. Il y a un élément qui ne sera pas sur les épaules de la
victime... On va éviter de refaire témoigner sur cette question-là, sur la
question de la faute.
Donc, exemple sur les gestes d'agression
sexuelle. Donc, ça évite à madame de retémoigner devant une autre instance,
devant un autre juge puis de se faire poser les mêmes questions par rapport à
l'agression sexuelle, parce que monsieur a été reconnu coupable d'agression
sexuelle en matière criminelle. Donc, en civil, on vient faciliter cette
preuve-là pour éviter, justement, la revictimisation puis éviter que madame
retémoigne par rapport au geste qu'elle a subi. Puis ça va de pair avec toutes
les autres mesures en civil qu'on met dans le projet Loi sur, notamment les
mythes et stéréotypes. En matière civile, ce n'était pas clair que vous ne
pouviez pas utiliser le passé sexuel de la victime. Le fait, supposons, qu'en
matière de violence conjugale ou en matière d'agression sexuelle, que,
supposons, madame n'ait pas quitté monsieur, les antécédents sexuels aussi.
Donc, c'est une foule de mesures qu'on met
en place pour qu'en matière civile et surtout aussi en matière familiale, parce
que souvent la violence conjugale se répercute dans les dossiers en matière de
garde d'enfants, pension alimentaire, bien, qu'il y ait la bulle de sécurité
pour que madame puisse rendre témoignage adéquatement. On inverse également les
présomptions. Exemple, maintenant, si vous avez une attestation, que vous avez
consulté un organisme de soutien aux personnes victimes, bien, vous allez
pouvoir témoigner à distance, à moins que le juge évalue qu'il ne pourra pas
évaluer la crédibilité du témoin. Nous, on inverse les choses. Même chose pour
le fait qu'une personne soit dans la salle de cour pour vous soutenir, le chien
d'assistance également.
Donc, c'est toutes des mesures qu'on met
pour favoriser le témoignage des personnes victimes, qui ont été demandées par
les groupes de personnes victimes. Le délai d'exécution du jugement également.
Auparavant, un jugement, c'était valide pour 10 ans. Dans ces motifs-là,
pour violences sexuelles ou violences conjugales, il n'y a plus de délai de
prescription. Donc, après 10 ans, votre jugement est encore valide, ça
fait que vous allez pouvoir le faire exécuter la vie durant.
La Modératrice : C'est bon.
Alors, ça met fin à la conférence de presse.
M. Jolin-Barrette : Merci
beaucoup.
La Modératrice : Merci.
(Fin à 12 h 46)