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Point de presse de M. Marc Tanguay, chef de l’opposition officielle, et M. Monsef Derraji, leader parlementaire de l’opposition officielle

Version finale

Le mercredi 2 octobre 2024, 13 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures deux minutes)

M. Tanguay : Alors, bonjour à toutes et à tous. Je viens d'envoyer, à l'instant, à la Vérificatrice générale du Québec une demande pour qu'elle fasse enquête sur les critères qui ont cours ou pas quant à l'octroi des mégawatts aux entreprises.

Rappelons-nous en novembre 2023... en février, pardon, février 2023, le gouvernement caquiste, à l'époque à la tête du gouvernement de la... la tête du ministère de l'Économie et de l'énergie, c'était Pierre Fitzgibbon. En février 2023, le gouvernement caquiste a abaissé le seuil de 50 mégawatts à 5 mégawatts quant à la discrétion du ministre d'octroyer les mégawatts. Alors, le ministre, en février 2023, Pierre Fitzgibbon a élargi son pouvoir pour octroyer, lui, les mégawatts aux entreprises. Rappelez-vous de Michael Sabia qui disait : Bien, il faut faire un rééquilibrage, on en a trop donné à l'étranger, pas assez au Québec. Et quand au Québec, on rencontre des entreprises comme Les Forges de Sorel, puis quand on leur dit : Bien, vous avez été refusés. Comment ça? Et que Michael Sabia dit : Bien, il faut en donner plus aux entreprises du Québec. De un, nous on a poussé ce message-là et on va continuer à le pousser. Mais là, quand on leur demande à ces entreprises telle... puis je poursuis avec mon exemple, Les Forges de Sorel : Bien, sur quels critères avez-vous été refusés? Ils n'ont pas les critères, ils n'ont pas la grille d'analyse.

Bref, je viens d'écrire à la Vérificatrice générale du Québec pour lui demander de faire enquête. Coudon, au Québec, les mégawatts, ils sont donnés de quelle façon, basée sur quels critères, et quelle est la grille d'analyse? On a déposé une motion, cette semaine, demandant au gouvernement d'informer les entreprises qui se sont fait dire non, pas de rendre ça public, mais d'informer les entreprises qui ont monté un dossier puis qui croient en leur projet, entreprises du Québec, que le gouvernement les informe minimalement sur quelles raisons ils ont été refusés et basé sur quelle grille d'analyse. Le gouvernement a refusé. Bien là, on demande à la Vérificatrice générale d'aller faire enquête là-dessus.

Puis vous me permettrez de faire une analogie quant à cette administration mauvaise du gouvernement caquiste. Rappelez-vous novembre 2021, la Vérificatrice générale du Québec avait fait en sorte de déposer un rapport sur le programme PACTE, qui était un programme temporaire de financement temporaire dans un contexte COVID, et la Vérificatrice générale avait dit, à l'époque, sous la gouverne de Pierre Fitzgibbon, qu'ils avaient manqué de transparence, que ce n'était pas clair. Elle avait donc déposé un rapport de la VG qui disait : Bien, écoutez, vous octroyez des millions, puis les critères, ce n'est pas clair, puis vous manquez de transparence.

Là, la demande qu'on fait : Changer les millions de dollars par les mégawatts, on veut savoir et on demande à la Vérificatrice générale de faire enquête. Puis je termine là-dessus parce que ça n'a pas de bon sens au Québec que, derrière des portes closes, selon des critères non clairement définis, basés sur des analyses dont même les principaux intéressés qui se font dire non n'ont même pas accès, ça n'a pas de bon sens qu'au Québec ça soit le Far West du mégawatt. Le gouvernement, au-delà de la motion qu'ils ont refusée quant à donner l'information à ceux qui se sont fait dire non, nous, on demande à la VG, un peu à l'image du PACTE, à l'époque où elle avait tapé sur les doigts du gouvernement, de faire la lumière là-dessus pour savoir où est-ce qu'il s'en va, à qui ils les donnent, basés sur quels critères? On peut-tu savoir, à tout le moins les entreprises, elles qui se font dire non, est-ce qu'elles peuvent le savoir? Voilà.

Journaliste : Vous n'avez pas mis un peu la charrue devant les bœufs, parce que récemment vous demandiez à ce qu'on retire le bloc de Northvolt, là, maintenant, vous demandez les critères qui ont permis l'allocation de ce bloc-là. Ça ne vient pas un peu...

M. Tanguay : Non.

Journaliste : Ça ne risque pas d'invalider votre ancienne position, si vous vous demandez... vous vous rendez compte que les critères qui ont été donnés à Northvolt étaient valides.

M. Tanguay : Vous allez m'expliquer, parce que je ne vois pas du tout où est la contradiction, là. Vous allez m'expliquer. Mais je vais répondre à votre question. Northvolt est un projet qui gèle, au moment où on se parle, 354 mégawatts, qui est la puissance pour fournir en électricité Longueuil, la ville. C'est gelé, ce bloc-là. Elle est disponible, cette énergie-là pendant tout le temps que Northvolt ne décollera pas, au moins quatre ans. Nous, on dit : Prenez ce bloc-là, vous allez développer de la nouvelle énergie, prenez ce bloc-là et octroyez-le aux entreprises du Québec qui en demandent puis qui se font dire non.

Et les représentants des entrepreneurs, entrepreneuses du Québec le disent, la FCCQ l'a dit, les critères ne sont pas clairs. Le Conseil du patronat dit : Moi, il y a des dizaines d'entreprises qui viennent me dit régulièrement je me fais dire non, non, non, pas avant 2028. Alors, je veux répondre à votre question, mais je veux être sûr de bien comprendre. Alors, nous, ce qu'on demande, là, c'est à la VG d'aller faire enquête. Les critères d'octroi, quels sont-ils, plus de transparence, et qu'on donne les grilles d'analyse à celles et ceux qui se font dire non? Puis rappelez-vous, c'est ce même Pierre Fitzgibbon là qui s'était fait taper sur les doigts, en 2021, sur le PACTE, parce que l'argent était distribué puis on ne savait pas trop comment. Et là c'est ce même Pierre Fitzgibbon qui, aujourd'hui, est repris par la... Christine Fréchette, et c'est toujours sous l'administration de François Legault. Ils se sont octroyé le pouvoir de donner les mégawatts, encore une fois, dans la plus pure opacité.

Journaliste : ...ma question, c'était : Vous n'auriez pas dû demander ces critères-là avant d'exiger le retour du bloc de Northvolt?

M. Tanguay : Ça fait... Ça fait depuis qu'ils se sont octroyés le pouvoir qu'on demande les critères. Je les ai ici, les critères flous. Et force est de constater qu'une entreprise qui fait la demande a bien de la misère à savoir, bien, sur quoi ils vont être jugés. Ils font la demande, ils montent le dossier. Donc, critères flous, ils sont ici, il y en a cinq qui tiennent sur trois pages. Première des choses.

Deuxième des choses. À la fin du processus, vous vous faites dire non. Bien, quelles sont les raisons pour laquelle... Quelle était votre grille d'analyse? Quelle pondération avez-vous accordée à tel, tel aspect qui m'a fait perdre le projet? Et aussi, moi, comme entreprise, cette rétroaction-là pourrait me dire : Ah! je vais essayer d'améliorer tel aspect pour me faire dire oui la prochaine fois.

Alors, encore une fois, ce n'est pas d'hier qu'on le demande, que les critères soient clairement précisés. Et là, aujourd'hui, je vous dirais, ce qui ressort davantage, c'est qu'il y a les Forges de Sorel de ce monde, celles et ceux qui sont venus, en commission parlementaire, dans les deux dernières semaines, puis qui ont dit : Les critères ne sont pas clairs. Fédération des chambres de commerce du Québec est venu le dire, Manufacturiers et exportateurs du Québec sont venus le dire en commission parlementaire, puis Association de l'aluminium du Canada également : Précisez les critères. Alors, c'est plus clair que jamais.

Journaliste : Et les critères, vous les avez entre les mains. Il y a...

M. Tanguay : Ah! je peux... Voulez-vous qu'on en parle?

Journaliste : Il y a capacité d'Hydro-Québec d'alimenter le projet, il me semble, il y a l'acceptabilité sociale d'un projet, la capacité du projet à décarboner le Québec. Alors, pourquoi vous dites que les critères ne sont... ne sont pas clairs?

M. Tanguay : Les critères. Retombées économiques, impacts environnementaux. Les Forges de Sorel, ils veulent faire de l'acier vert, ils veulent arrêter de faire de l'acier gris. Alors, ils devraient avoir tous leurs points là-dessus, mais ils ne savent pas, ils se sont fait dire non. On continue. Je suis rendu au troisième des cinq. Retombées sociales et cobénéfices socioéconomiques. Pierre Fitzgibbon dit : On a trop donné à l'étranger puis pas assez au Québec. Alors, les Québécoises... entreprises devraient... Deux derniers. Développement régional puis cohérence gouvernementale. Alors, écoutez, si... on veut que ça soit précis. Tu veux ajouter quelque chose?

M. Derraji : Oui, juste quelque chose. Parce que la question que mon collègue ramène est très importante. L'état actuel qu'on a. Le chef avec ma collègue, Marwah, ils ont visité beaucoup d'entreprises. Ces entreprises, sur la place publique, maintenant, on leur dit non parce que le gouvernement s'est basé sur une grille d'analyse. L'image qui me vient en esprit... à l'esprit, un élève qui échoue son examen, que son professeur refuse de lui montrer pourquoi il a échoué son examen, mais lui dit : Regarde, tu vas... revenir passer son test de rattrapage. C'est exactement ce qui se passe présentement, c'est qu'il y a une déconnexion entre le premier appel, deuxième appel, et les entreprises ne savent pas réellement sur quoi ils ont été jugés et ils reçoivent le non catégorique.

Donc, ce qu'on demande, c'est que, dévoilant ces critères... que les entreprises puissent voir sur quoi elles étaient jugées dans la grille, pour qu'elles puissent réappliquer une deuxième fois. Parce que c'est ce que la ministre vient de dire : Ils peuvent réappliquer et on va réanalyser leurs demandes. Mais sur quelles bases ils doivent réappliquer, sur quelles bases ils doivent... ils doivent recevoir ces mégawatts?

M. Tanguay : Et le maître mot, le maître mot, c'est «arbitraire». C'est le maître mot. Il ne peut pas... On ne peut pas être sous le règne de l'arbitraire quant à l'octroi de nos mégawatts. Une fois que j'ai dit ça, j'ai tout dit. Puis elle dit : Oui, mais, M. Tanguay, il y a des critères. Les critères sont flous. Les associations d'entrepreneurs, entrepreneuses le disent, les entrepreneurs sur le terrain le disent. Et, une fois qu'on se fait dire non, on ne sait même pas pourquoi on s'est fait dire non. Pour moi, ça, c'est de l'arbitraire.

Alerte, Vérificatrice générale du Québec, un peu à l'image que vous l'aviez faite dans le contexte du PACTE, à l'époque, avec Pierre Fitzgibbon, qui avait dit : Aïe! ce n'était pas assez transparent, bien, elle leur a tapé sur leurs doigts. Là, on veut que la... on demande, on invite la Vérificatrice générale à venir faire la lumière là-dessus et à mener enquête.

Journaliste : Qu'est-ce que vous pensez des propos de François Legault, qui évoquent un déplacement obligatoire de demandeurs d'asile à l'extérieur du Québec?

M. Tanguay : Écoutez, on parle d'êtres humains ici. Ce que j'entends, c'est qu'effectivement on... je réitère le fait, puis j'arrive à votre question, le Québec a fait sa part. Maintenant, il doit avoir une meilleure répartition, et nous en sommes. Comment faire ça? Ce n'est certainement pas en isolant les gens ou en agissant de façon non humaine. Ce que je constate, c'est que le gouvernement fédéral a mis de l'avant ce qui serait un programme où, à leur arrivée, les demandeurs pourraient être invités, on leur trouverait un logement, un endroit pour aller résider, et, en ce sens-là, ils pourraient être conduits à cet endroit-là avec les possibilités d'emploi, un incitatif financier également, et ainsi de suite.

Alors, moi... Québec a fait sa juste part. Il doit y avoir une meilleure répartition, mais clairement pas, comme le disait... les zones d'attente mentionnées par François Legault. Puis je citerais ici Adèle Garnier, la professeure de géographie de l'Université Laval, qui disait, dans l'article du Devoir, je la cite : «Tu te trouves dans une zone délimitée à l'intérieur de l'aéroport et immobilisé dans cette zone, à moins d'être amené pour dormir à l'hôtel. Tu n'es pas libre de tes mouvements et c'est une forme de détention, même si tu n'es pas dans une cellule.»

Journaliste : ...obligatoire vers d'autres provinces.

M. Tanguay : Oui. Alors, on ne peut pas, manu militari, face à des êtres humains qui sont en détresse, qui sont réfugiés, commencer à se saisir d'eux et à les garrocher. Ce que l'on dit, nous, c'est qu'il faut agir de façon humaine pour qu'il y ait une meilleure répartition. Et le fédéral semble avoir mis sur pied un programme où on identifie le logement, notamment ailleurs qu'au Québec, on fournit l'aide pour s'y rendre, on parle d'employabilité et on parle d'incitatifs financiers.

Et j'ouvre une parenthèse. François Legault parle de 160 000 au Québec, le fédéral a d'autres chiffres. Est-ce que les deux peuvent se parler? Parce que le fédéral dit qu'avec son programme qu'il a mis de l'avant, il serait capable d'en redistribuer 47 000, ce qui ferait en sorte que Québec aurait son 22 %. M. Legault, ce qu'il dit : Non, non, non, c'est 160 000, donc 80 000. Ils peuvent-tu se parler?

Puis vous allez me permet d'ouvrir la parenthèse, des deux côtés, là, M. Trudeau puis M. Legault qui se chicanent devant la visite là-dessus, là, c'était, selon moi, un triste spectacle. Parlez-vous, entendez-vous, il y a de l'humain là-dedans.

Journaliste : Une dernière, concernant ce qui se passe au Moyen-Orient, là, avez-vous une inquiétude, surtout qu'on annonce une autre manifestation le 7 octobre à Montréal? On a vu ce qui s'est passé, là, dans les derniers jours.

M. Tanguay : Je répondrais à deux niveaux. Par rapport à ce qui se passe au Moyen-Orient, évidemment, comme tout le monde, je regarde ça, je regarde les images en direct, je trouve ça bouleversant, inquiétant, très certainement.

Maintenant, pour ce qui se passe à Québec... au Québec, les manifestations, moi, je compte... je compte sur la raisonnabilité des gens, qui ont le droit de manifester mais qui vont le faire dans les règles de l'art, en respectant l'ordre, la propriété privée et, évidemment, l'intégrité des personnes physiques. Alors, moi, je m'attends à ce que ce soit respecté. Merci beaucoup.

(Fin à 13 h 15)

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