(Neuf heures quarante-deux minutes)
M. Legault : Bonjour, tout le
monde. Bien, je veux vous parler de deux sujets : la filière batterie puis
l'immigration.
Commençons avec la filière batterie. Je
pense qu'on a fait des avancées importantes dans les dernières années dans la
filière batterie. On a une vingtaine d'entreprises qui ont investi au Québec. C'est
un risque calculé, évidemment, c'est une nouvelle industrie. Et, bien, j'ai été
en affaires puis je sais que, quand on veut développer, il faut prendre des
risques, et ce qui compte, c'est la moyenne au bâton. Quand on regarde notre
moyenne au bâton depuis six ans, bien, on a réussi à faire augmenter de façon
importante les investissements des entreprises, autant les entreprises
québécoises qu'étrangères, puis ça fait qu'on a battu le reste du Canada, ce
qui n'est pas arrivé souvent dans l'histoire du Québec et du Canada, battu sur
la croissance économique par habitant, l'augmentation du salaire moyen, le
revenu disponible après impôt. Donc, ce n'est quand même pas rien. Notre bilan
depuis six ans est bon.
Je reviens à la filière batterie. Écoutez,
pour moi, là, c'est comme une évidence qu'à moyen terme, long terme, il va y
avoir plus de véhicules électriques, puis on va avoir besoin de batteries pour
les véhicules électriques. Et, quand je regarde les montants astronomiques qui
sont investis par les États-Unis ou par l'Ontario, bien, je me dis : Ce
n'est pas vrai que le Québec va rester sur les lignes de côté puis qu'on va
regarder le train passer, là, c'est beaucoup, beaucoup de milliards de dollars
qui sont en jeu. Puis, en plus, on a un avantage énorme, entre autres sur les
États-Unis, c'est qu'on a des minéraux stratégiques comme le lithium, qu'on a
besoin pour fabriquer des batteries. Imaginez-vous si demain matin on prenait
le lithium puis qu'on l'exportait en Ontario ou aux États-Unis pour qu'eux
autres transforment le lithium, je me ferais critiquer pour ça, là. Donc, il
n'est pas question qu'on fasse ce qu'on a déjà fait, malheureusement, dans le
passé puis d'exporter nos ressources naturelles non transformées.
Une des raisons, vous le savez, pourquoi
je suis en politique, c'est pour réduire et éventuellement éliminer notre écart
de richesse, le Québec, avec le reste du Canada. On a commencé à le faire
depuis six ans, puis, pour y arriver, bien, il faut être des bâtisseurs. Moi,
j'ai toujours été, dans ma carrière, que ça soit pour lancer Air Transat ou
quoi que ce soit, un bâtisseur. Et il y a des gens qui ont de la difficulté
avec ça, être bâtisseur, qui ne veulent pas prendre de risques. Mais moi,
autant dans ma carrière que depuis que je suis en politique, je veux développer
les entreprises québécoises, les PME puis les grandes entreprises, puis je veux
attirer aussi des entreprises internationales pour qu'on ait toute la chaîne
dans les industries importantes qu'on a ou qu'on est en train de mettre en
place au Québec. Donc, mon but avec la filière batterie, c'est d'enrichir les
Québécois, c'est de créer des emplois passionnants, payants pour les Québécois,
pour les prochaines générations.
Bon, maintenant, l'immigration. Bien, on a
eu des nouveaux chiffres de l'immigration hier, des chiffres de Statistique
Canada. On a 588 000 immigrants temporaires au Québec. Donc, ce que
ça veut dire, c'est que ça ne bouge pas. Il faut réduire ce nombre, là, je le
répète, il faut passer de 600 000 à 300 000. Pourquoi? Bien, pour
plusieurs raisons : il nous manque d'enseignants, il nous manque
d'infirmières, il nous manque de logements, puis ça pose un problème réel et un
enjeu réel pour l'avenir du français, entre autres à Montréal.
Bon, il y a une partie qui est plus
critique, ce sont les demandeurs d'asile. Puis là, bien, je regarde aller le
ministre Miller puis M. Trudeau, ils ont essayé dans les derniers mois de
convaincre des provinces de prendre une partie de nos demandeurs d'asile, mais
la plupart des provinces refusent. Mais ce qu'il faut rappeler, c'est que nous
autres, on n'a jamais accepté d'avoir autant de demandeurs d'asile. Donc, c'est
une question, là, de capacité d'intégration. Il y a une urgence que M. Trudeau
réduise ce nombre qu'on a au Québec.
Puis c'est pour ça que, là, je veux être
très clair, ce que je souhaite, c'est que la question de l'urne lors de la
prochaine élection fédérale, ça soit sur l'immigration. Puis on va essayer,
avec le gouvernement en place à Ottawa, d'ici cette élection fédérale, de les
convaincre d'enfin réduire le nombre d'immigrants temporaires. Puis moi, je
m'attends à ce que tous les partis à Ottawa, bien, mettent leur confiance en le
gouvernement de M. Trudeau conditionnelle à ce que M. Trudeau s'engage à
réduire de moitié le nombre d'immigrants temporaires.
Donc, je veux être très clair, là, mon
seul parti pris, c'est pour la nation québécoise. Et je m'attends à ce que tous
les partis au fédéral prennent des engagements pour réduire de moitié le nombre
d'immigrants temporaires. Puis actuellement, il n'y a aucun parti fédéral qui a
pris l'engagement de réduire de moitié le nombre d'immigrants temporaires.
Donc, c'est ça que je leur demande puis je le demande à tous les partis au
fédéral.
Journaliste : ...hier le chef
du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a fait un ultimatum. Et lui, la
pression qu'il va mettre sur le gouvernement Trudeau, ça ne concerne pas
l'immigration, ça concerne les pensions de vieillesse puis la gestion de
l'offre. Donc votre message, il ne l'entend pas, M. Blanchet?
M. Legault : Bien, je ne
comprends pas. C'est ça que je dis. Je ne comprends pas que M. Blanchet,
que le Bloc québécois ne comprenne pas que la priorité des priorités
actuellement dans les relations Québec-Ottawa, c'est rapidement de réduire de
moitié le nombre d'immigrants temporaires. Je ne comprends pas ça. Et puis je
lui demande encore à M. Blanchet, s'il vous plaît, avant de donner votre
confiance au gouvernement Trudeau, exigez une réduction de moitié du nombre
d'immigrants temporaires.
Journaliste : Quand vous parliez
avec M. Poilievre de ces enjeux-là, est-ce que vous l'avez sensibilisé à
la cause?
M. Legault : Je rappelle
que M. Poilievre n'a pas pris l'engagement de réduire de moitié le nombre
d'immigrants temporaires.
Journaliste : ...
M. Legault : Bien, je le
demande à tout le monde. Je le demande à tout le monde. Il y aura
éventuellement une campagne électorale au fédéral. J'espère que ça sera la
question de l'urne. Mais entre temps, bien, je vais continuer à essayer de
convaincre et M. Trudeau et M. Miller d'agir. Parce que, là, comme le
disait Jean-François Roberge, les demandeurs d'asile, là, il ne se passe rien.
Il ne se passe rien.
Journaliste : Êtes-vous allé
trop loin la semaine dernière? Tu sais, dans le fond, ce que vous faites là,
est-ce que c'est un aveu que la semaine dernière, vous ne vous êtes pas exprimé
de la manière que vous auriez dû le faire?
M. Legault : Bien non,
je vous répète la même chose.
Journaliste : Non, vous ne
répétez pas la même...
M. Legault : Oui, je
répète la même chose. Bien, je m'excuse, je répète la même chose. J'aimerais
que vous me citiez, je répète la même chose. Je demande au Bloc de ne pas
donner sa confiance à M. Trudeau tant que M. Trudeau n'aura pas
accepté de réduire de moitié le nombre d'immigrants temporaires.
Journaliste : ...vous avez
dit en Chambre que vous aviez besoin à Ottawa d'un gouvernement économique,
qu'est-ce que vous vouliez dire?
M. Legault : Bien là,
j'essayais de faire le lien avec ce que le PQ disait parce que le PQ essaie de
trouver une façon d'appuyer M. Blanchet. Et là, je ne comprends pas, là.
Puis j'ai vu que vous lui posez des questions, puis j'ai vu qu'il n'avait pas
grand réponses à donner. Comment ça se fait que le PQ ne demande pas à son
camarade Blanchet, là, d'exiger de M. Trudeau de réduire de moitié le
nombre d'immigrants temporaires? Je ne comprends pas.
Journaliste : ...appuyer les
libéraux fédéraux de Justin Trudeau, s'ils acceptent vos demandes?
M. Legault : Bien, moi,
là, tout ce que je vais faire, c'est d'appuyer les intérêts de la nation
québécoise. Puis je vous le dis, actuellement, pour moi, la priorité, c'est de
réduire le nombre d'immigrants temporaires.
Journaliste : ...appuyer les
libéraux fédéraux.
M. Legault : Tout ce que
je veux, c'est d'appuyer les intérêts des Québécois.
Journaliste : ...la filière
batterie, que le fédéral nuisait au Québec, dans la filière batterie. Vous avez
dit ça en Chambre. Qu'est-ce que vous vouliez dire?
M. Legault : Bien,
écoutez, quand je regarde l'argent qu'ils ont mis dans Stellantis, dans
Volkswagen, dans Honda, même si on considère que l'Ontario est plus populeux
que le Québec, on n'a pas eu notre part. On a eu une part à cause de Northvolt
surtout. C'est une part qui viendra dans un deuxième temps quand la production
commencera, mais que l'Ontario a eu trois usines financées par le fédéral, puis
que nous, on en a eu juste, je trouve qu'il y a un manque d'équité.
Journaliste : C'est quoi
votre moyenne au bâton avec Northvolt?
M. Legault : Ce que je
dis, là, c'est qu'il y a 20 entreprises dans la batterie, et c'est une des
approches qu'on doit avoir en économie, diversifier son risque. Donc, on a un
risque qui est calculé. Il n'y a rien de sûr, ni avec Northvolt, ni avec Ford,
ni avec GM, mais je pense que quand on regarde l'avenir pour les véhicules
électriques dans le monde, en particulier en Amérique du Nord, bien, ce n'est
pas vrai que le Québec va laisser...
Journaliste : ...que vous avez
joué au poker, M. Legault, là. Bien, vous dites...
M. Legault : C'est un
risque calculé, un risque calculé, un risque calculé.
Des voix : ...
M. Legault : Bien, regardez
mon bilan depuis six ans. Depuis six ans, le Québec a battu le reste du Canada
en économie, puis j'ai bien l'intention que ça soit aussi le cas dans les
prochaines années.
Journaliste : Comment ça se
fait que le fédéral n'a pas contribué avant la production, contrairement à
vous? Comment ça se fait que le fédéral n'est pas à risque en ce moment,
contrairement au gouvernement du Québec?
M. Legault : Bien, écoutez,
on a négocié comme on a pu avec le fédéral. Dans le dossier de Northvolt, là,
il est prévu, si le programme américain... reste en place, qu'il va y avoir de
l'aide de 4,6 milliards à Northvolt, dont le deux tiers va venir d'Ottawa,
pas moitié-moitié. Deux tiers, Ottawa; un tiers, le Québec, donc...
Journaliste : ...le risque
tout seul en ce moment, là, ça ne vous dérange pas...
M. Legault : C'est un risque
qui est calculé. C'est un risque...
Une voix : ...
M. Legault : C'est un risque
qui est calculé parce qu'on a aussi GM, Ford, Volta, Nemaska. On a
20 entreprises.
Journaliste : ...partie
perdue celle-là? Northvolt, vous acceptez qu'elle est perdue?
M. Legault : Je n'ai pas dit
ça, là. Je continue à avoir espoir que l'usine va se construire au Québec par
Northvolt. Northvolt a un produit extraordinaire, a des actionnaires comme BMW.
Donc, non, moi j'ai confiance que ça va se réaliser, mais il n'y a jamais rien
de sûr en économie. J'ai appris ça en affaires, moi, là, puis ce qui est
important, c'est la moyenne au bâton.
Journaliste : M. Legault,
vous dites «un risque calculé» puis «il n'y a rien de sûr en économie», mais,
avec l'argent public, est-ce que vous reconnaissez que la tolérance au risque,
elle est beaucoup moins grande?
M. Legault : Oui, mais étant
donné qu'on a diversifié puis étant donné l'enjeu de milliards de dollars, moi,
je suis convaincu que, dans quelques années, là, tous ceux qui chialent, ils
vont dire : Bravo d'avoir investi dans la filière batterie.
La Modératrice : ...
Journaliste : ...that you've had to took too much risk with Northvolt, because you
took risk with your own business in the past? But don't you think that you
could not apply this for the province of Québec without losing too much?
M. Legault :
I think that when you look at my
results in the last six years, I did the same. We were more aggressive to help
companies. We were able to increase a lot the company's investment in Québec.
And because of that, the economy... faster in Québec than in the rest of
Canada. So, look at my trade record... track record, sorry, in the last six
years, and I'm very confident that for the battery... because we invested in 20
companies that it will be good for Quebeckers.
Journaliste :
On immigration. Should immigration have
been one of the Bloc's conditions for this vote of non-confidence? What do you
make of the fact that it isn't on their list?
M. Legault :
I don't understand. I think that right
now the top priority in discussions between Québec and the Federal Government
is to reduce the number of temporary immigrants. And I don't understand why
Mr. Blanchet didn't request something, a move, a confirmation that
Mr. Trudeau will reduce concretely the number of asylum seekers and
temporary immigrants. I don't understand.
Journaliste :
But, Ottawa's response to these
statements that you've made has been to send a letter to Mr... saying :
Listen, we're doing... we're doing... We're doing what we can. We're already
doing a lot. And they're surprised that you are complaining.
M. Legault :
I'm a result-oriented guy. Look at the
figures of yesterday, O.K., the Federal figures, 588,000 temporary immigrants
in Québec. So, do you see that as good results? It's, for me, no result from
the Federal Government, and I'm asking that for at least six months.
Journaliste :
...getting through, though? Because...
M. Legault :
Sorry?
Journaliste :
What point is this message not getting
through? The Bloc is not standing up for it at this point. I mean, facing a
federal election in less than a year at this point.
M. Legault :
I'll keep on repeating, and I hope that
between now and the federal election, that it will become the ballot question
for Quebeckers : Support, please, the party that... will say : We
will reduce by half the number of temporary immigrants. So, I will repeat that
until the day of the federal election.
In the meantime,before the electoral campaign, I'll try to
convince Mr. Trudeau, but so far, after six months, I wasn't able to
convince him.
Journaliste :
How do you explain that Pierre
Poilievre is not more clear on his position on immigration? How do you explain
this?
M. Legault :
«Bien», I'm asking him also, I'm asking
all the federal parties : Please commit yourself to reduce by 50% the
number of temporary immigrants in Québec. That is good for Mr. Trudeau, it's
good for Mr. Poilievre, for Mr. Singh and for Yves-François Blanchet.
Merci, tout le monde.
(Fin à 9 h 59)