(Dix heures trente minutes)
M. Paradis : Bonjour. Alors,
nous avons demandé un débat d'urgence sur le dossier Northvolt. Pourquoi? Pour
avoir la vérité, pour avoir de la transparence, pour avoir des données afin d'avoir
un débat public éclairé sur un investissement important du gouvernement du
Québec, en fait, qui nous a été présenté par le premier ministre lui-même comme
un pari.
Deux exemples. Nous avons demandé en
Chambre, c'est Paul St-Pierre Plamondon qui, au départ, a posé cette
question-là, quel est le montant qui est en jeu actuellement, combien d'argent
des Québécois a déjà été investi dans le projet. Et la réponse qu'on a eue du
premier ministre au départ, c'est : Il y a seulement 240 millions
pour le terrain. Or, la vérité, c'est qu'il y a aussi un investissement dans la
maison mère de 270 millions de dollars, et il y a aussi un
investissement de la Caisse de dépôt et placement de 200 millions de
dollars. C'est 710 millions de dollars qui sont déjà en jeu, et on
n'a pas encore entendu le gouvernement l'admettre, le dire officiellement.
Nous, on les a exposés, les chiffres et enfin, ils circulent notamment dans les
médias, mais on n'a pas encore dit... on n'a pas encore entendu le gouvernement
dire : De l'argent des Québécois, au total, il y a déjà 710 millions.
D'autre part, les collègues de
l'opposition, nous avons tous demandé ensemble mais pourquoi l'électricité du
Québec a été vendue pas chère à des entreprises étrangères. La réponse qu'on a
eue du premier ministre, constamment, en Chambre, c'est : C'est pour créer
des emplois bien payés. Nous avons démontré, la semaine dernière, tableau à
l'appui, tiré d'une présentation du gouvernement du Québec, gouvernement du
Québec, Investissement Québec, que ce qui a été présenté à Northvolt et ce qui
a été présenté à d'autres entreprises étrangères, c'est plutôt qu'au Québec, si
les entreprises viennent, elles vont payer moins cher. Alors, on nous dit une
chose et on fait le contraire. On dit d'autres choses aux entreprises derrière
des portes closes.
Donc, parce qu'on n'est pas capables
d'avoir ces informations-là, on demande un débat d'urgence pour être capables
de faire la lumière sur des enjeux importants. À quel... Quels sont les termes
de l'entente par lesquels on a octroyé un bloc d'énergie important alors que
des entreprises québécoises veulent avoir accès à la même énergie? Quelle est
l'analyse financière qu'on a faite avant d'embarquer dans le projet Northvolt?
Quels sont les termes du contrat? Quelles sont les garanties? Quelles sont les
possibilités d'en sortir ou pas si le projet tourne mal? Qu'est-ce qui se passe
avec l'analyse des risques environnementaux? Depuis le début, on a dit :
Pourquoi il n'y a pas eu de BAPE, pourquoi il n'y a pas eu de Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement? Il y a encore des questions qui se
posent aujourd'hui pour la sécurité des travailleurs, pour la rivière. On ne
l'a pas eu, cette étude-là, donc il y a beaucoup, beaucoup de questions qui restent
en suspens. Pas de réponses, pas de transparence. Quelle version des faits
faut-il prendre, celle qu'on dit aux Québécois publiquement ou celle qui est la
réalité, quand on a été assis avec l'entreprise dans ce dossier-là, et
probablement dans d'autres dossiers?
Journaliste : ...question.
Vous dites que vous n'avez pas de réponses à vos questions depuis le début,
vous avez interpelé à plusieurs reprises le premier ministre, la ministre de
l'Énergie. Qu'est-ce qui vous fait croire que, dans un débat d'urgence, vous
auriez plus de réponses à vos questions, ou ce ne serait pas juste un exercice
où on tourne autour du pot pendant deux heures?
M. Paradis : Bien, d'abord,
vous avez raison, ça fait deux fois en deux semaines que je tente de poser des
questions à la ministre Christine Fréchette, et elle ne se lève pas. C'est le
premier ministre qui se lève en Chambre, j'allais dire pour me répondre, mais,
en fait, pour faire dévier le débat, faire changer le sujet. C'est ce qui s'est
passé la semaine dernière. C'est important, ça. On dit une chose aux Québécois,
on dit d'autres choses aux entreprises. Très important.
Maintenant, un débat d'urgence, c'est
2 h. Et pendant 2 h on peut poser des questions, on peut mettre des
faits et on peut chercher beaucoup mieux à obtenir des réponses à nos questions
qu'en Chambre, où le débat est limité, comme vous savez, à quelques secondes.
Donc, l'idée, c'est d'aller au fond des choses et d'avoir des informations pour
déterminer ce qu'il faut faire dans l'avenir dans ce dossier-là.
Journaliste : Northvolt
semble avoir des difficultés assez importantes. Est-ce que, d'après vous, il
faudrait investir encore plus d'argent dans Northvolt pour pouvoir espérer que
le projet décolle et réussisse?
M. Paradis : C'est justement
pour... C'est justement pour répondre de manière intelligente à cette
question-là qu'on veut avoir le débat d'urgence. L'entreprise vit les aléas
d'une filière nouvelle. C'est une jeune pousse. Ça, c'est une chose, ce qui se
passe avec l'entreprise. Qu'est-ce qui se passe avec l'argent des Québécois,
comment ça a été géré par le gouvernement du Québec, quelle planification,
quelles sont les ententes, quelles sont les options qui s'offrent à nous
actuellement, c'est exactement pour ça qu'on veut poser les questions et avoir
des réponses. Nous, on a dit qu'on voulait avoir un débat intelligent, agir
pragmatiquement parce que c'est aussi une question de la réputation du Québec
en matière d'investissement. Il y a beaucoup de questions qui se posent, on
veut des réponses avant de prendre position.
Journaliste : L'interpellation,
c'est... cette semaine, par exemple, si le débat d'urgence est refusé, ce n'est
pas une option pour vous?
M. Paradis : Bien là, ne
présumons pas de la décision de la présidente de la Chambre qui nous sera
rendue cet après-midi. Nous, ce qu'on espère, c'est... c'est que la réponse, ce
soit oui, et qu'on puisse avoir immédiatement ce débat-là parce que le
gouvernement ne répond pas à nos questions et ne donne pas la bonne
information.
Journaliste : Il va continuer
de vous dire que les contrats sont signés de manière... C'est un peu comme
Claudie le disait, là, je veux dire, il pourrait toujours vous arriver avec
l'argument que c'est des contrats d'affaires, puis ces contrats-là ne peuvent
pas être dévoilés publiquement.
M. Paradis : J'ai été avocat
d'affaires, là, j'ai fait des grandes transactions internationales et je
comprends qu'il y a certains éléments, dans une entente comme celle-là, qui
doivent demeurer confidentiels pour protéger l'avantage concurrentiel, etc.
Mais ce n'est pas vrai que l'ensemble des ententes, que l'ensemble de la
planification, si tant est qu'il y en a eu une, du gouvernement, de son analyse
de risque, c'est confidentiel. C'est l'argent des Québécois. On a déjà investi
710 millions. Les Québécois ont le droit à la transparence, ne serait-ce
qu'à la réponse franche à la question : Combien d'argent des Québécois est
en jeu actuellement? Réponse, 710 millions. Quelles garanties avez-vous
obtenues? C'est ça, l'autre question.
Journaliste : À la réponse
que vous avez donnée à Caroline, quand elle vous demandait s'il fallait
investir davantage d'argent, ce qu'on croit comprendre c'est que Northvolt a
besoin rapidement de 700 millions de dollars en capitaux. Je pense
que c'est de la... C'est en U.S., je pense, là. Alors, ce que je comprends, c'est
que vous n'êtes pas fermés à l'idée de réinvestir de l'argent dans Northvolt?
M. Paradis : Au moment où on
parle, on ne dit rien, on ne dit rien. On veut de l'information avant de
prendre position. C'est ça, la réponse. Et d'autres gouvernements... Le
gouvernement de la Suède lui-même a dit qu'il n'investirait pas. Maintenant,
nous connaissons les termes de l'entente avant de prendre position.
M.
St-Pierre
Plamondon :Non, non, là, faites-nous
pas dire qu'on est ouverts à réinvestir de l'argent dans Northvolt. Ce n'est
pas le cas. Mais c'est parce que... c'est souvent... ça me fait penser à la
bonne vieille saga du troisième lien. On demande d'avoir l'information dont
dispose le gouvernement avant de dire quelque chose de rigoureux et de solide.
Est-ce qu'on peut, s'il vous plaît, avoir un minimum de transparence? Puis
après, votre question, elle est très pertinente, on va y répondre. Mais on est
à l'étape, en ce moment, de constater que le gouvernement ne nous donne pas les
clauses importantes sur ces sommes-là, n'est pas transparent sur la question d'énergie,
n'est pas transparent sur la question de l'environnement. Il faudrait jouer aux
gérants d'estrade sans information. Nous, on vous répond : Le gouvernement
a l'obligation, avec les sommes qui sont en jeu, de nous répondre, d'être plus
transparents, et l'obligation de réévaluer avec les oppositions. On est rendus
où, dans ce dossier-là, à la lumière d'un changement de circonstances?
Et c'est ça, le parallèle, avec la CSeries
de Bombardier. Quand le débat d'urgence, à l'époque, avait été octroyé, c'est
parce qu'on se rendait compte qu'un investissement qui avait l'air peut-être
viable ne l'était peut-être plus, à l'égard de changements, à l'époque, sur les
douanes. Là, l'ensemble de l'information, surtout le recours à une banque de
restructuration, sur le plan financier, là, devrait nous amener à réévaluer :
Est-ce qu'on continue à dépenser, est-ce qu'on continue? Quelles sont les
prochaines étapes, compte tenu qu'on s'était entendus pour 3 milliards, au
total? Il y a déjà 700 millions en jeu. Est-ce qu'on peut réévaluer? Quand
on aura l'information, avec un minimum de transparence, on sera en mesure de
répondre à votre question.
Journaliste : ...en quoi un
débat d'urgence de deux heures vous donnerait plus de réponses claires et
complètes, alors que... le disait, une interpellation dure aussi deux heures,
puis ça n'a jamais empêché aucun ministre de ne pas répondre aux questions?
M.
St-Pierre
Plamondon :Comme je vous dis, le débat
d'urgence est un des véhicules. On le privilégie parce qu'on juge qu'il y a
urgence d'ouvrir un peu plus, au niveau de la transparence, parce qu'on n'est
pas capables de faire notre travail. On n'aurait probablement pas passé par ce
véhicule-là n'eût été des deux dernières semaines, où le premier ministre ne
dit pas toute la vérité en Chambre, suggère quelque chose, on gratte un peu,
les journalistes font leur travail, finalement, ce qu'il nous a dit, ça ne
reflète pas la réalité. Ce matin, il n'y a pas de ministre de l'Économie ni de
premier ministre pour répondre aux médias dans ce dossier-là. Ces facteurs là
nous amènent à demander un débat d'urgence, compte tenu du parallèle avec d'autres
dossiers qui le justifiaient par le passé. Si jamais on ne l'obtient pas, vous
avez raison de dire : On peut passer par d'autres moyens. Mais, dans tous
les cas, parce que c'est de l'argent des Québécois, parce que c'est
700 millions, là... Rappelez-vous, les Kings de Los Angeles, c'est
7 millions. Là, on parle de 700 millions. On va obtenir réponse à nos
questions, d'une manière ou d'une autre.
Journaliste : Juste pour
résumer, là. Dans le fond, vous, vous voulez avoir les détails des
investissements de la Caisse de dépôt, d'Investissement Québec, du gouvernement
du Québec, d'avoir les conditions de ces prêts-là. Est-ce qu'il y a d'autres
informations que vous souhaitez avoir?
M.
St-Pierre
Plamondon :Trois aspects.
Environnemental. Parce que là, l'argument de l'urgence de bâtir l'usine ne
tient pas, puis, on le sait, il y a des informations qu'on n'avait pas au
niveau du déversement de contaminants dans les rivières, puis la protection des
travailleurs, aussi, avec ce qui s'est passé en Suède. Donc, on veut les
détails de ce qui est entre les mains du gouvernement là-dessus. On veut la
nature des clauses sur le plan de l'énergie. Parce que le Parti libéral, à
juste titre, soulève que, peut-être, ce serait plus intelligent de donner l'électricité
à des entreprises québécoises qui en ont besoin maintenant. Mais ça soulève la
question de comment le contrat est rédigé. Pouvons-nous vraiment faire cela? Et
nous autres, avant de briser une entente, le Québec a une réputation, là, à
maintenir au niveau de la stabilité de l'environnement d'affaires, donc on veut
avoir cette information-là.
Puis on veut avoir l'information à la question
que je pose au premier ministre, sans arrêt. Le 270 millions investi à
travers Investissement Québec, est-ce qu'il est garanti? Est-ce qu'il y a moyen
de le récupérer ou est-ce que, en cas de faillite ou de non-construction de
l'usine, on va le voir s'envoler comme de la fumée? C'est une question qui est
pertinente, qui est absolument nécessaire dans les circonstances, vu
l'importance des sommes et vu le fait que ce sont des fonds publics.
Journaliste : Sur la filière
batterie, bien, en fait, la filière électrique, appelons ça comme ça, on note
en Allemagne qu'il y a une baisse en ce moment de 69 % des ventes de
véhicules électriques. Je pense qu'en France, ça tourne autour de 35 %.
Puis il y a d'autres pays en Europe où il y a des... où non seulement les
constructeurs ne ralentissent pas la production de véhicules thermiques, ils
l'augmentent parce que les clients en demandent. Compte tenu de cette
réalité-là, est-ce que l'objectif de zéro véhicule thermique en 2035 est
réaliste? Est-ce qu'il faudrait le revoir cet objectif-là?
M.
St-Pierre
Plamondon :Il faut voir comment
l'industrie va évoluer. Évidemment, sur le plan de l'énergie au Québec et des
finances des ménages, prendre de l'argent de nos poches et donner ça en
surprofits des pétrolières à chaque année, là, n'a pas de sens, si tu as déjà
une ressource qui nous appartient, qui, pour pas mal moins cher, peut t'amener
du point A au point B. En d'autres mots, si on prend le scénario de 100 %
de la population québécoise qui roule au gaz versus 100 % de la population
québécoise qui roule à l'électricité, les familles québécoises vont avoir
1 500 $ de plus dans leur poche à la fin de l'année si on roule
électrique, puis les profits vont se faire à l'échelle du Québec et non pas
dans des multinationales, dans des paradis fiscaux.
Maintenant, comment évolue le marché au
niveau de l'abordabilité des véhicules électriques? C'est ça le cœur de la
chose, là. On sait que le marché chinois, en ce moment, développe des véhicules
qui ne sont pas chers et quand même performants. Le marché nord-américain,
européen semble avoir de la difficulté à faire baisser le prix de ces
véhicules-là. Il va falloir évaluer l'évolution de ce marché-là, mais, sur le
plan strictement financier et environnemental, on serait fou de continuer à
engraisser les profits de multinationales pétrolières quand on a une ressource
qui nous appartient puis qui ferait sauver à chaque ménage québécois entre
1 000 et 2 000 $, advenant, évidemment, la disponibilité de ces
ressources-là.
Journaliste : Personnellement,
est-ce que vous roulez électrique, vous deux? Avez-vous des voitures
électriques tous les deux?
M.
St-Pierre
Plamondon :Oui. Moi, je roule
électrique, puis ça fonctionne très bien.
Journaliste : M. Paradis,
roulez-vous électrique aussi?
M. Paradis : Non. Ma voiture
n'est pas électrique, malheureusement, pour l'instant.
Journaliste : Bien, est-ce
que c'est une bonne façon de faire... que le gouvernement utilise donc
graduellement d'ici 2030... 2035? Dans le fond, on force les constructeurs à
réduire la vente de véhicules à essence. Est-ce que c'est une bonne façon de
faire, selon vous?
M.
St-Pierre
Plamondon :Bien, l'autre chose qui
doit être mentionnée, là, dans cette discussion-là, c'est que le Canada vient
d'imposer des restrictions importantes sur le plan des véhicules électriques
produits en Chine. Donc, on va prendre le temps d'évaluer qu'est-ce que ça a
comme impact sur la disponibilité des véhicules et sur le prix des véhicules.
Donc...
Journaliste : ...d'avoir
bloqué la... d'avoir mis des tarifs très importants sur les véhicules chinois?
M.
St-Pierre
Plamondon :Écoutez, on va mesurer
l'impact de cette mesure-là sur la disponibilité des véhicules et le prix des
véhicules. Mais c'est évident que s'il n'y a plus de véhicule à vendre au
Québec, ça va être difficile d'électrifier les transports puis de faire économiser
chaque ménage 1 500 $. Donc là, à nouveau, c'est que ce n'est pas le
Québec qui décide en fonction de ses intérêts, mais c'est le Canada qui décide
en fonction d'intérêts qui sont dans d'autres provinces canadiennes. Donc, ça
peut créer des politiques qui ne sont pas alignées avec nos intérêts. Donc, on
va voir l'impact sur ce marché-là.
M. Paradis : Ça fait partie
des questions à poser au gouvernement. C'est ça l'ironie de la chose.
Journaliste : ...des
États-Unis...
M.
St-Pierre
Plamondon :Oui. Peut-être... Ce
point-là est bon aussi.
M. Paradis : L'ironie de la
chose, là, c'est qu'on parle de l'idée d'avoir un débat d'urgence sur
l'ensemble de ces questions-là que vous nous posez, là. Aujourd'hui, vous nous
posez ces questions-là. Il faut les poser au gouvernement. C'est quoi, la
planification globale du gouvernement du Québec en matière d'énergie? C'est
quoi, son avis sur ces questions-là pertinentes que vous posez? C'est lié
également au fameux projet de loi n° 69, sur lequel on vient de terminer
des consultations particulières, où une grande quantité d'intervenants ont
commencé par dire : Nous ne devrions pas être ici parce qu'on nous a
patenté un projet de loi pour aller vers une direction... dans une direction
qu'on ne connaît pas. On ne connaît pas le plan du gouvernement du Québec sur
toutes les questions que vous posez, qui sont liées également à ce qui se passe
dans l'affaire Northvolt. Quelle planification on avait? Quelle analyse on a
faite des risques, puis du marché, puis de l'avenir de cette filière-là? Est-ce
qu'on... Est-ce qu'on est arrivé les mains vides en négociant avec une
entreprise étrangère ou on est arrivé avec nos propres cibles puis notre propre
plan de match? C'est ça, les questions qu'il faut poser.
Journaliste : Bien, O.K.,
mais... Vous dites qu'on est peut-être allé trop vite sans avoir toutes les
réponses. Est-ce qu'il n'est pas temps de dire : Bien là, plutôt que...
Parce que là, il y a un décret qui est passé qui dit qu'en 2035 c'est terminé,
la vente de véhicules thermiques, là. Alors, est-ce que cette position-là est
trop ferme, compte tenu de ce que vous venez de dire, qu'on a peut-être pris
des décisions sans avoir l'ensemble des données en main?
M. St-Pierre Plamondon : Je
reprends la réponse de mon collègue, de mon estimé collègue. Le gouvernement,
quand qu'il passe ce décret-là, il a forcément en main une planification du
nombre de véhicules requis pour arriver à cet objectif-là, puis de l'énergie
électrique requise pour arriver à cet objectif-là. Donc, vous comprenez, de
notre point de vue, le gouvernement doit déposer cette planification-là, puis
ensuite, on peut répondre. Mais c'est parce que là, on ne peut pas jouer le
rôle du gouvernement sur chaque enjeu, si on n'a aucune information sur ces
enjeux-là. Le gouvernement, suivant votre question pertinente, devrait déposer
sa planification en lien avec le décret. S'il a adopté le décret, c'est parce
qu'il l'a planifié. On espère.
Journaliste : L'Union
européenne a pris les mêmes décisions. Eux autres aussi, ils sont à 2035. Puis
là, il y a des pays dans l'Union européenne, notamment l'Allemagne qui est en
train de se dire : Bien, on ne sera pas capables d'atteindre ces
cibles-là, alors on est en train de s'encarcaner dans une espèce de débat qui
va faire en sorte qu'ultimement c'est le consommateur qui va être obligé de
payer.
M. St-Pierre Plamondon : C'est
une excellente question pour un débat d'urgence. On va voir si on l'obtient
puis on s'engage à poser cette question-là. Mais convenons que, si le
gouvernement a passé le décret, c'est parce qu'il a fait une planification, en
quelque part, on l'espère, de comment cette transition-là se fait. Qu'il
fournisse la planification en question.
Journaliste : J'aimerais vous
entendre sur les factures impayées des autochtones à Hydro-Québec. C'est quand
même un montant de plusieurs centaines de millions, là. Comment vous agiriez si
vous étiez au gouvernement? Est-ce qu'on doit trouver une façon de les obliger
de les payer, d'imposer des pénalités? Est-ce que vous pensez que c'est correct
aussi?
M. St-Pierre Plamondon : La
réconciliation entre le Québec et les peuples autochtones est importante. Pour
autant, il y a des principes de base comme la règle de droit puis l'équité
entre les clients d'Hydro-Québec qui se pose, là. Comment... Comment... Si on
est une personne autochtone qui paie sa facture d'Hydro-Québec, comment vous
recevez la nouvelle de ce matin? Qui paie, qui ne paie pas? Puis là, il faut se
mettre à la place de tous les clients d'Hydro-Québec, là. Ce qu'on est en train
de dire, c'est qu'il y a des gens qui paient leurs factures puis, s'ils ne
paient pas les factures, il y a des conséquences, puis il y a d'autres
personnes, ils n'ont pas besoin de payer leurs factures. Donc, entre les
nations, au Québec, il faut des traités, notamment, il y a des traités sur les
redevances que le gouvernement du Québec doit verser aux nations autochtones
dans la production d'électricité, mais je ne vois pas le jour où on va avoir un
traité, il n'y en a pas, là, mais il n'y en aura jamais, des traités où est-ce
qu'on dit : Bien, si les fruits et légumes poussent au Québec, il y a des
gens qui n'ont pas besoin de payer les fruits et légumes, même chose pour si
l'avion atterrit en territoire autochtone, vous n'avez pas besoin de payer. Je
ne vois pas comment ça va marcher en termes d'équité.
Donc, Hydro-Québec se doit de clarifier
cette politique-là, qui me semble incompréhensible et très inéquitable entre
Autochtones et entre consommateurs d'Hydro-Québec. Puis une fois qu'elle sera
clarifiée, moi, j'ai l'impression qu'il va falloir demander au gouvernement du
Québec et à Hydro-Québec de nous arriver avec quelque chose de plus cohérent,
notamment l'équité, le même traitement pour tous les consommateurs.
Journaliste : M. St-Pierre
Plamondon, vous avez été vous-même victime de menaces. Il y a un maire qui a
reçu une brique dans son pare-brise. Est-ce que c'est dangereux d'être un élu?
M. St-Pierre Plamondon : La
situation s'est détériorée, il n'y a pas de doute. C'est lié, notamment, je
l'ai mentionné, aux médias sociaux. J'ai vécu donc deux menaces de mort dans la
dernière année, et c'était les deux fois la même chose. Au fond, c'est des gens
qui vivent dans des microcosmes très, très hermétiques, où la réalité n'a plus
ses droits, là, où l'information qui circule, en fait, n'a rien à voir. Et,
oui, c'est plus dangereux que ça ne l'était. Puis c'est pour ça que je
m'intéresse beaucoup au temps d'écran, aux médias sociaux, à la détérioration
du climat social, pas juste sur le plan de la santé mentale des gens. Parce que
c'est un enjeu de santé mentale, mais sur le plan de la démocratie, les études
commencent à être nombreuses, que, si la haine et la désinformation prennent
plus de place à travers des faux comptes et, des fois, des interventions de
puissances étrangères dans notre démocratie, bien, on se ramasse devant des
phénomènes où la sécurité des élus est compromise. Et donc essayez après
d'aller recruter pour les prochaines élections.
Donc, soyons conscients que c'est un
problème de santé mentale, mais c'est aussi un problème de démocratie et que ça
se peut, parce qu'on l'a vu dans d'autres pays, ça se peut que des puissances
étrangères non démocratiques aient conclu que peut-être tu ne peux pas battre
l'Occident avec les armes, mais tu peux faire imploser l'Occident de
l'intérieur avec des campagnes de désinformation et des campagnes de corruption
du débat public. Et ça donne des situations comme celle-là.
Donc, nous autres, on prend ça très au
sérieux depuis un bout. On est en réflexion sur comment intervenir sans pour
autant limiter la liberté d'expression. Parce que moi, je ne crois pas du tout
au modèle où il y a un arbitre de qu'est-ce que tu as le droit de dire ou ne pas
dire. Je ne vois pas comment qu'on va réussir. Mais, sur ce qui est des faux
comptes, puis il y en a au Québec, des faux comptes, c'est... vraiment je me
demande à quel point c'est plausible qu'il y ait deux personnes dans leur
demi-sous-sol qui inventent des milliers de faux comptes pour répéter les mêmes
messages, là. Ça a été soulevé dans la campagne de Pierre Poilievre, des
comptes qui répètent tout le temps les mêmes messages. Mais qui finance ça,
comment ça fonctionne? Moi, je n'y crois pas à l'hypothèse que c'est juste deux
personnes dans leur demi- sous-sol, là. Donc...
Le Modérateur : On va en
prendre une dernière en français.
Journaliste : Vous dites que
ça nuit au recrutement, ces nouvelles-là sur la violence à l'égard des élus?
M. St-Pierre Plamondon : Ça
m'inquiète. Je n'ai pas de preuve...
Journaliste : Avez-vous de
mal à recruter, vous?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
pas du tout. Mais ça m'inquiète, ça m'inquiète.
Journaliste : ...
M. St-Pierre Plamondon : Non,
ce n'est vraiment pas un obstacle. Bel essai, bel essai, mais non, ce n'est pas
un obstacle. Mais quand même...
Journaliste : ...
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
exact, là. Bien oui.
Journaliste : ...des
candidats qui vous répondent ça?
M. St-Pierre Plamondon : Bien
oui, bien oui. C'est une inquiétude. Je n'ai pas de... tu sais, on n'aura pas
de difficultés aux prochaines élections. Mais, si on est préoccupés par la
santé de notre démocratie, on ne peut pas se dire que ces événements-là n'ont
pas d'impact sur la motivation du public de s'impliquer dans ce qui est notre
avenir, là. C'est... Il y aura toujours des gens courageux. Particulièrement au
Parti québécois, on sert une cause, ça facilite sûrement notre recrutement.
Mais ce n'est pas une raison pour s'aveugler sur la gravité de ce phénomène-là
à l'échelle de la démocratie.
Le Modérateur : On va passer
en anglais.
Journaliste :
So, you have the impression that a
2-hour emergency debate on Northvolt will bring you the information that you
need, that will create enough momentum so the CAQ Government do not say again
that it's confidential, it's a business deal?
M. Paradis :
Or so we hope. Because to date, we
haven't had answers to our questions. And we have had François Legault saying
one thing at the salon rouge, but then we had the information that he was
saying something entirely different to Northvolt. When he sold Québec to
Northvolt, he said : Come here, you will pay your employees less. And then
when we're asking at the salon rouge why is he selling our electricity cheap to
foreign companies, he's saying : We're doing that to have employees with
good salaries. When we're asking how much of Quebeckers' money is involved in
the project to date, how much this Government has invested, the answer is :
Only 240 millions to buy the land for the factory in Saint-Basile-le-Grand, in
MacMasterville. And we know it's not... it's not the truth. The truth is that
we have already invested more than 700 millions of our taxpayers' money. So,
where does the truth lie? We need to get to the bottom of... to under what
conditions we have sold the energy, under what condition, what analysis, what
due diligence we dealt with environmental and workers' safety concerns, what's
the prior analysis. We believe that it was a poor prior analysis. We need to
get to the bottom of this. And we can't have answers from Minister Fréchette.
She won't even rise to answer my questions at the salon rouge. The Prime
Minister Legault rose and answered, trying to deviate the debate on other
issues. So, we hope that the 2 hours will allow us furhter time to go deep in
these issues, what guarantees for Quebeckers' money.
Journaliste :
And the megawatts... And I have two
clarifications, on the BAPE and the megawatts. Do you want the megawatts
promised to Northvolt to be distributed to businesses in Québec as soon as
possible now that there are delays?
M. Paradis :
Well, our colleagues from the Liberal
Party have asked good questions. So, why are you preferring, you know, foreign
companies whereas we have companies in Québec wanting the same energy blocks?
That's a good question. However, let's not rush into a conclusion. We need to
know what is the deal, what's in the contract, how Québec provided for
guarantees, how much time, how much delay for the company. We don't know. And
we need...
Journaliste :
About the BAPE?
M. Paradis :
Well, the BAPE, how is it? Well, now we
know that there are delays. A lot of time has passed. Do you think now that we
had time to go to a BAPE and ask the real important questions about the
environment, workers safety? We know the answer is yes, we had time. We should have
done it. Why did we try to circumvent and avoid the regular process with such
an important project? That's the big question. And we need to go... We need to
go back to this. We need we need answers.
Journaliste :
It's been under the microscope for months
now. What will the difference of a two hour emergency debate really make? I
mean, if we don't have the answers now, do you foresee them getting an
eternity?
M. Paradis :
The company's one thing. The company's
a startup in a new and a new business environment. We understand that. The
problem is with the government. So if we're saying that it's been under the
microscope, well, to date, we haven't had many answers from the government or
when we have the answers, they're incomplete or avoiding the truth. Having a
clear answer about how much of the taxpayers money has been invested to date is
quite the simple question. We've seen in the media the number in the past few
days that we brought up here at Parliament, but we haven't heard the government
yet saying total, including CDPQ, Investissement Québec and the loan for the
land. It's 710 millions. Have you heard anybody from the government confirming
that information? That's a simple question, saying that's how much we have at
bat now.
Journaliste :
We don't know if that amount of money
has actually been spent. Do we, though?
M. Paradis :
Well, well, that's the point. So we
know that the total promise is for 2,9 billions, Québec plus the federal money,
part of which is coming from Québec. We know that. So how much has been
invested to date? We have the documents. We have the official documents. So it's
240 millions for the land. It's 270 millions invested in Sweden through
Investissement Québec and it's 200 million dollars by CDPQ, convertible debt.
So that's a total of 710 million. That's the information that must be confirmed
by the government. We haven't had the answer yet. We have tried to ask it. Paul
St-Pierre Plamondon asked it. I've asked it to Minister Fréchette. Yet we
cannot even get that simple answer. So that's why we need a more thorough
debate about the investment.
Journaliste :
One last question on the aggression of
the mayor of la MRC de Montmagny. How do you relate to what happened with the
visual that we can see?
M. St-Pierre
Plamondon :
We
can't let a few people destroy our democracy. And of course, threats and
violence can be very harmful to democracy because afterwards nobody dares
investing themselves, presenting themselves at the election. So we need to take
a really hard stance on those events, not let a single inch of tolerance
towards violence and threats aiming at elected members of a city council or
parliament. Because if you look worldwide, when issues of threats and violence
are part of the political environment, many problems comes together with that
and we cannot let that go. So I would take a very hard line on this one.
Journaliste : ...argent pour
l'instant dans... Est-ce qu'il a été plus futé que le gouvernement du Québec?
M. St-Pierre Plamondon : Ce n'est
pas une question de futé, c'est une question de comprendre pourquoi on a
déboursé autant à un stade initial. Quelle est la nature aussi des clauses
contractuelles sur la capacité de recouvrer ces sommes-là si l'usine n'a pas
lieu, ce qui est une possibilité. Donc, on a peu d'information. C'est une autre
bonne question pour laquelle l'opacité du gouvernement ne permet pas de
répondre. Et puis ce n'est pas normal parce que, comme je vous le dis, les
Kings, c'était 7 millions de dollars puis ça n'avait pas de bon sens. Mais là,
quand tu es rendu à 700 millions, il me semble que tu peux avoir des réponses
sur la base de savoir l'avez-vous déboursé? Puis si ça vire mal, est-ce qu'on
peut le récupérer ou pas? Puis il y a un calendrier de d'autres dépenses, là,
il y a des travaux sur le site. Donc, aux 710 millions s'ajoutent des travaux
de routes puis de construction d'usines. Comment ça fonctionne en termes de la
suite des choses si on sait que le risque est pas mal plus élevé qu'on pensait
dans ce dossier-là? Tout ça, là, ça devrait être automatique qu'on obtienne un
minimum de transparence, et on ne l'obtient pas. On va finir par l'obtenir.
Journaliste : ...qu'on s'est
fait un peu avoir, quand on voit que l'Ontario a eu des investissements de
grosses entreprises établies, tandis que nous, au Québec, on a la jeune pousse
qui est peut-être un peu plus fragile? Puis là, en plus, Ottawa n'a pas mis d'argent,
alors que le gouvernement du Québec a avancé autant de sommes...
M.
St-Pierre
Plamondon :Avec le recul, on peut dire
que le premier ministre nous a présenté Pierre Fitzgibbon comme un
superministre génie de la finance, mais si vous regardez comme il faut Lion, Taïga,
Flying Whales puis le rendement de la... d'Investissement Québec, avec le
recul, on ne devrait pas jamais se contenter de la vantardise et des
autocompliments du gouvernement, puis on devrait obtenir l'information, puis c'est
pour ça qu'on veut un débat d'urgence. On va obtenir l'information.
Journaliste : ...avec l'argent
des Québécois?
M. Paradis : C'est le premier
ministre lui-même qui a dit que c'était un pari.
(Fin à 11 h 01)