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Point de presse de M. Paul St-Pierre Plamondon, chef du troisième groupe d’opposition, et M. Pascal Paradis, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière d’énergie

Version finale

Le mardi 24 septembre 2024, 10 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Dix heures trente minutes)

M. Paradis : Bonjour. Alors, nous avons demandé un débat d'urgence sur le dossier Northvolt. Pourquoi? Pour avoir la vérité, pour avoir de la transparence, pour avoir des données afin d'avoir un débat public éclairé sur un investissement important du gouvernement du Québec, en fait, qui nous a été présenté par le premier ministre lui-même comme un pari.

Deux exemples. Nous avons demandé en Chambre, c'est Paul St-Pierre Plamondon qui, au départ, a posé cette question-là, quel est le montant qui est en jeu actuellement, combien d'argent des Québécois a déjà été investi dans le projet. Et la réponse qu'on a eue du premier ministre au départ, c'est : Il y a seulement 240 millions pour le terrain. Or, la vérité, c'est qu'il y a aussi un investissement dans la maison mère de 270 millions de dollars, et il y a aussi un investissement de la Caisse de dépôt et placement de 200 millions de dollars. C'est 710 millions de dollars qui sont déjà en jeu, et on n'a pas encore entendu le gouvernement l'admettre, le dire officiellement. Nous, on les a exposés, les chiffres et enfin, ils circulent notamment dans les médias, mais on n'a pas encore dit... on n'a pas encore entendu le gouvernement dire : De l'argent des Québécois, au total, il y a déjà 710 millions.

D'autre part, les collègues de l'opposition, nous avons tous demandé ensemble mais pourquoi l'électricité du Québec a été vendue pas chère à des entreprises étrangères. La réponse qu'on a eue du premier ministre, constamment, en Chambre, c'est : C'est pour créer des emplois bien payés. Nous avons démontré, la semaine dernière, tableau à l'appui, tiré d'une présentation du gouvernement du Québec, gouvernement du Québec, Investissement Québec, que ce qui a été présenté à Northvolt et ce qui a été présenté à d'autres entreprises étrangères, c'est plutôt qu'au Québec, si les entreprises viennent, elles vont payer moins cher. Alors, on nous dit une chose et on fait le contraire. On dit d'autres choses aux entreprises derrière des portes closes.

Donc, parce qu'on n'est pas capables d'avoir ces informations-là, on demande un débat d'urgence pour être capables de faire la lumière sur des enjeux importants. À quel... Quels sont les termes de l'entente par lesquels on a octroyé un bloc d'énergie important alors que des entreprises québécoises veulent avoir accès à la même énergie? Quelle est l'analyse financière qu'on a faite avant d'embarquer dans le projet Northvolt? Quels sont les termes du contrat? Quelles sont les garanties? Quelles sont les possibilités d'en sortir ou pas si le projet tourne mal? Qu'est-ce qui se passe avec l'analyse des risques environnementaux? Depuis le début, on a dit : Pourquoi il n'y a pas eu de BAPE, pourquoi il n'y a pas eu de Bureau d'audiences publiques sur l'environnement? Il y a encore des questions qui se posent aujourd'hui pour la sécurité des travailleurs, pour la rivière. On ne l'a pas eu, cette étude-là, donc il y a beaucoup, beaucoup de questions qui restent en suspens. Pas de réponses, pas de transparence. Quelle version des faits faut-il prendre, celle qu'on dit aux Québécois publiquement ou celle qui est la réalité, quand on a été assis avec l'entreprise dans ce dossier-là, et probablement dans d'autres dossiers?

Journaliste : ...question. Vous dites que vous n'avez pas de réponses à vos questions depuis le début, vous avez interpelé à plusieurs reprises le premier ministre, la ministre de l'Énergie. Qu'est-ce qui vous fait croire que, dans un débat d'urgence, vous auriez plus de réponses à vos questions, ou ce ne serait pas juste un exercice où on tourne autour du pot pendant deux heures?

M. Paradis : Bien, d'abord, vous avez raison, ça fait deux fois en deux semaines que je tente de poser des questions à la ministre Christine Fréchette, et elle ne se lève pas. C'est le premier ministre qui se lève en Chambre, j'allais dire pour me répondre, mais, en fait, pour faire dévier le débat, faire changer le sujet. C'est ce qui s'est passé la semaine dernière. C'est important, ça. On dit une chose aux Québécois, on dit d'autres choses aux entreprises. Très important.

Maintenant, un débat d'urgence, c'est 2 h. Et pendant 2 h on peut poser des questions, on peut mettre des faits et on peut chercher beaucoup mieux à obtenir des réponses à nos questions qu'en Chambre, où le débat est limité, comme vous savez, à quelques secondes. Donc, l'idée, c'est d'aller au fond des choses et d'avoir des informations pour déterminer ce qu'il faut faire dans l'avenir dans ce dossier-là.

Journaliste : Northvolt semble avoir des difficultés assez importantes. Est-ce que, d'après vous, il faudrait investir encore plus d'argent dans Northvolt pour pouvoir espérer que le projet décolle et réussisse?

M. Paradis : C'est justement pour... C'est justement pour répondre de manière intelligente à cette question-là qu'on veut avoir le débat d'urgence. L'entreprise vit les aléas d'une filière nouvelle. C'est une jeune pousse. Ça, c'est une chose, ce qui se passe avec l'entreprise. Qu'est-ce qui se passe avec l'argent des Québécois, comment ça a été géré par le gouvernement du Québec, quelle planification, quelles sont les ententes, quelles sont les options qui s'offrent à nous actuellement, c'est exactement pour ça qu'on veut poser les questions et avoir des réponses. Nous, on a dit qu'on voulait avoir un débat intelligent, agir pragmatiquement parce que c'est aussi une question de la réputation du Québec en matière d'investissement. Il y a beaucoup de questions qui se posent, on veut des réponses avant de prendre position.

Journaliste : L'interpellation, c'est... cette semaine, par exemple, si le débat d'urgence est refusé, ce n'est pas une option pour vous?

M. Paradis : Bien là, ne présumons pas de la décision de la présidente de la Chambre qui nous sera rendue cet après-midi. Nous, ce qu'on espère, c'est... c'est que la réponse, ce soit oui, et qu'on puisse avoir immédiatement ce débat-là parce que le gouvernement ne répond pas à nos questions et ne donne pas la bonne information.

Journaliste : Il va continuer de vous dire que les contrats sont signés de manière... C'est un peu comme Claudie le disait, là, je veux dire, il pourrait toujours vous arriver avec l'argument que c'est des contrats d'affaires, puis ces contrats-là ne peuvent pas être dévoilés publiquement.

M. Paradis : J'ai été avocat d'affaires, là, j'ai fait des grandes transactions internationales et je comprends qu'il y a certains éléments, dans une entente comme celle-là, qui doivent demeurer confidentiels pour protéger l'avantage concurrentiel, etc. Mais ce n'est pas vrai que l'ensemble des ententes, que l'ensemble de la planification, si tant est qu'il y en a eu une, du gouvernement, de son analyse de risque, c'est confidentiel. C'est l'argent des Québécois. On a déjà investi 710 millions. Les Québécois ont le droit à la transparence, ne serait-ce qu'à la réponse franche à la question : Combien d'argent des Québécois est en jeu actuellement? Réponse, 710 millions. Quelles garanties avez-vous obtenues? C'est ça, l'autre question.

Journaliste : À la réponse que vous avez donnée à Caroline, quand elle vous demandait s'il fallait investir davantage d'argent, ce qu'on croit comprendre c'est que Northvolt a besoin rapidement de 700 millions de dollars en capitaux. Je pense que c'est de la... C'est en U.S., je pense, là. Alors, ce que je comprends, c'est que vous n'êtes pas fermés à l'idée de réinvestir de l'argent dans Northvolt?

M. Paradis : Au moment où on parle, on ne dit rien, on ne dit rien. On veut de l'information avant de prendre position. C'est ça, la réponse. Et d'autres gouvernements... Le gouvernement de la Suède lui-même a dit qu'il n'investirait pas. Maintenant, nous connaissons les termes de l'entente avant de prendre position.

M. St-Pierre Plamondon :Non, non, là, faites-nous pas dire qu'on est ouverts à réinvestir de l'argent dans Northvolt. Ce n'est pas le cas. Mais c'est parce que... c'est souvent... ça me fait penser à la bonne vieille saga du troisième lien. On demande d'avoir l'information dont dispose le gouvernement avant de dire quelque chose de rigoureux et de solide. Est-ce qu'on peut, s'il vous plaît, avoir un minimum de transparence? Puis après, votre question, elle est très pertinente, on va y répondre. Mais on est à l'étape, en ce moment, de constater que le gouvernement ne nous donne pas les clauses importantes sur ces sommes-là, n'est pas transparent sur la question d'énergie, n'est pas transparent sur la question de l'environnement. Il faudrait jouer aux gérants d'estrade sans information. Nous, on vous répond : Le gouvernement a l'obligation, avec les sommes qui sont en jeu, de nous répondre, d'être plus transparents, et l'obligation de réévaluer avec les oppositions. On est rendus où, dans ce dossier-là, à la lumière d'un changement de circonstances?

Et c'est ça, le parallèle, avec la CSeries de Bombardier. Quand le débat d'urgence, à l'époque, avait été octroyé, c'est parce qu'on se rendait compte qu'un investissement qui avait l'air peut-être viable ne l'était peut-être plus, à l'égard de changements, à l'époque, sur les douanes. Là, l'ensemble de l'information, surtout le recours à une banque de restructuration, sur le plan financier, là, devrait nous amener à réévaluer : Est-ce qu'on continue à dépenser, est-ce qu'on continue? Quelles sont les prochaines étapes, compte tenu qu'on s'était entendus pour 3 milliards, au total? Il y a déjà 700 millions en jeu. Est-ce qu'on peut réévaluer? Quand on aura l'information, avec un minimum de transparence, on sera en mesure de répondre à votre question.

Journaliste : ...en quoi un débat d'urgence de deux heures vous donnerait plus de réponses claires et complètes, alors que... le disait, une interpellation dure aussi deux heures, puis ça n'a jamais empêché aucun ministre de ne pas répondre aux questions?

M. St-Pierre Plamondon :Comme je vous dis, le débat d'urgence est un des véhicules. On le privilégie parce qu'on juge qu'il y a urgence d'ouvrir un peu plus, au niveau de la transparence, parce qu'on n'est pas capables de faire notre travail. On n'aurait probablement pas passé par ce véhicule-là n'eût été des deux dernières semaines, où le premier ministre ne dit pas toute la vérité en Chambre, suggère quelque chose, on gratte un peu, les journalistes font leur travail, finalement, ce qu'il nous a dit, ça ne reflète pas la réalité. Ce matin, il n'y a pas de ministre de l'Économie ni de premier ministre pour répondre aux médias dans ce dossier-là. Ces facteurs là nous amènent à demander un débat d'urgence, compte tenu du parallèle avec d'autres dossiers qui le justifiaient par le passé. Si jamais on ne l'obtient pas, vous avez raison de dire : On peut passer par d'autres moyens. Mais, dans tous les cas, parce que c'est de l'argent des Québécois, parce que c'est 700 millions, là... Rappelez-vous, les Kings de Los Angeles, c'est 7 millions. Là, on parle de 700 millions. On va obtenir réponse à nos questions, d'une manière ou d'une autre.

Journaliste : Juste pour résumer, là. Dans le fond, vous, vous voulez avoir les détails des investissements de la Caisse de dépôt, d'Investissement Québec, du gouvernement du Québec, d'avoir les conditions de ces prêts-là. Est-ce qu'il y a d'autres informations que vous souhaitez avoir?

M. St-Pierre Plamondon :Trois aspects. Environnemental. Parce que là, l'argument de l'urgence de bâtir l'usine ne tient pas, puis, on le sait, il y a des informations qu'on n'avait pas au niveau du déversement de contaminants dans les rivières, puis la protection des travailleurs, aussi, avec ce qui s'est passé en Suède. Donc, on veut les détails de ce qui est entre les mains du gouvernement là-dessus. On veut la nature des clauses sur le plan de l'énergie. Parce que le Parti libéral, à juste titre, soulève que, peut-être, ce serait plus intelligent de donner l'électricité à des entreprises québécoises qui en ont besoin maintenant. Mais ça soulève la question de comment le contrat est rédigé. Pouvons-nous vraiment faire cela? Et nous autres, avant de briser une entente, le Québec a une réputation, là, à maintenir au niveau de la stabilité de l'environnement d'affaires, donc on veut avoir cette information-là.

Puis on veut avoir l'information à la question que je pose au premier ministre, sans arrêt. Le 270 millions investi à travers Investissement Québec, est-ce qu'il est garanti? Est-ce qu'il y a moyen de le récupérer ou est-ce que, en cas de faillite ou de non-construction de l'usine, on va le voir s'envoler comme de la fumée? C'est une question qui est pertinente, qui est absolument nécessaire dans les circonstances, vu l'importance des sommes et vu le fait que ce sont des fonds publics.

Journaliste : Sur la filière batterie, bien, en fait, la filière électrique, appelons ça comme ça, on note en Allemagne qu'il y a une baisse en ce moment de 69 % des ventes de véhicules électriques. Je pense qu'en France, ça tourne autour de 35 %. Puis il y a d'autres pays en Europe où il y a des... où non seulement les constructeurs ne ralentissent pas la production de véhicules thermiques, ils l'augmentent parce que les clients en demandent. Compte tenu de cette réalité-là, est-ce que l'objectif de zéro véhicule thermique en 2035 est réaliste? Est-ce qu'il faudrait le revoir cet objectif-là?

M. St-Pierre Plamondon :Il faut voir comment l'industrie va évoluer. Évidemment, sur le plan de l'énergie au Québec et des finances des ménages, prendre de l'argent de nos poches et donner ça en surprofits des pétrolières à chaque année, là, n'a pas de sens, si tu as déjà une ressource qui nous appartient, qui, pour pas mal moins cher, peut t'amener du point A au point B. En d'autres mots, si on prend le scénario de 100 % de la population québécoise qui roule au gaz versus 100 % de la population québécoise qui roule à l'électricité, les familles québécoises vont avoir 1 500 $ de plus dans leur poche à la fin de l'année si on roule électrique, puis les profits vont se faire à l'échelle du Québec et non pas dans des multinationales, dans des paradis fiscaux.

Maintenant, comment évolue le marché au niveau de l'abordabilité des véhicules électriques? C'est ça le cœur de la chose, là. On sait que le marché chinois, en ce moment, développe des véhicules qui ne sont pas chers et quand même performants. Le marché nord-américain, européen semble avoir de la difficulté à faire baisser le prix de ces véhicules-là. Il va falloir évaluer l'évolution de ce marché-là, mais, sur le plan strictement financier et environnemental, on serait fou de continuer à engraisser les profits de multinationales pétrolières quand on a une ressource qui nous appartient puis qui ferait sauver à chaque ménage québécois entre 1 000 et 2 000 $, advenant, évidemment, la disponibilité de ces ressources-là.

Journaliste : Personnellement, est-ce que vous roulez électrique, vous deux? Avez-vous des voitures électriques tous les deux?

M. St-Pierre Plamondon :Oui. Moi, je roule électrique, puis ça fonctionne très bien.

Journaliste : M. Paradis, roulez-vous électrique aussi?

M. Paradis : Non. Ma voiture n'est pas électrique, malheureusement, pour l'instant.

Journaliste : Bien, est-ce que c'est une bonne façon de faire... que le gouvernement utilise donc graduellement d'ici 2030... 2035? Dans le fond, on force les constructeurs à réduire la vente de véhicules à essence. Est-ce que c'est une bonne façon de faire, selon vous?

M. St-Pierre Plamondon :Bien, l'autre chose qui doit être mentionnée, là, dans cette discussion-là, c'est que le Canada vient d'imposer des restrictions importantes sur le plan des véhicules électriques produits en Chine. Donc, on va prendre le temps d'évaluer qu'est-ce que ça a comme impact sur la disponibilité des véhicules et sur le prix des véhicules. Donc...

Journaliste : ...d'avoir bloqué la... d'avoir mis des tarifs très importants sur les véhicules chinois?

M. St-Pierre Plamondon :Écoutez, on va mesurer l'impact de cette mesure-là sur la disponibilité des véhicules et le prix des véhicules. Mais c'est évident que s'il n'y a plus de véhicule à vendre au Québec, ça va être difficile d'électrifier les transports puis de faire économiser chaque ménage 1 500 $. Donc là, à nouveau, c'est que ce n'est pas le Québec qui décide en fonction de ses intérêts, mais c'est le Canada qui décide en fonction d'intérêts qui sont dans d'autres provinces canadiennes. Donc, ça peut créer des politiques qui ne sont pas alignées avec nos intérêts. Donc, on va voir l'impact sur ce marché-là.

M. Paradis : Ça fait partie des questions à poser au gouvernement. C'est ça l'ironie de la chose.

Journaliste : ...des États-Unis...

M. St-Pierre Plamondon :Oui. Peut-être... Ce point-là est bon aussi.

M. Paradis : L'ironie de la chose, là, c'est qu'on parle de l'idée d'avoir un débat d'urgence sur l'ensemble de ces questions-là que vous nous posez, là. Aujourd'hui, vous nous posez ces questions-là. Il faut les poser au gouvernement. C'est quoi, la planification globale du gouvernement du Québec en matière d'énergie? C'est quoi, son avis sur ces questions-là pertinentes que vous posez? C'est lié également au fameux projet de loi n° 69, sur lequel on vient de terminer des consultations particulières, où une grande quantité d'intervenants ont commencé par dire : Nous ne devrions pas être ici parce qu'on nous a patenté un projet de loi pour aller vers une direction... dans une direction qu'on ne connaît pas. On ne connaît pas le plan du gouvernement du Québec sur toutes les questions que vous posez, qui sont liées également à ce qui se passe dans l'affaire Northvolt. Quelle planification on avait? Quelle analyse on a faite des risques, puis du marché, puis de l'avenir de cette filière-là? Est-ce qu'on... Est-ce qu'on est arrivé les mains vides en négociant avec une entreprise étrangère ou on est arrivé avec nos propres cibles puis notre propre plan de match? C'est ça, les questions qu'il faut poser.

Journaliste : Bien, O.K., mais... Vous dites qu'on est peut-être allé trop vite sans avoir toutes les réponses. Est-ce qu'il n'est pas temps de dire : Bien là, plutôt que... Parce que là, il y a un décret qui est passé qui dit qu'en 2035 c'est terminé, la vente de véhicules thermiques, là. Alors, est-ce que cette position-là est trop ferme, compte tenu de ce que vous venez de dire, qu'on a peut-être pris des décisions sans avoir l'ensemble des données en main?

M. St-Pierre Plamondon : Je reprends la réponse de mon collègue, de mon estimé collègue. Le gouvernement, quand qu'il passe ce décret-là, il a forcément en main une planification du nombre de véhicules requis pour arriver à cet objectif-là, puis de l'énergie électrique requise pour arriver à cet objectif-là. Donc, vous comprenez, de notre point de vue, le gouvernement doit déposer cette planification-là, puis ensuite, on peut répondre. Mais c'est parce que là, on ne peut pas jouer le rôle du gouvernement sur chaque enjeu, si on n'a aucune information sur ces enjeux-là. Le gouvernement, suivant votre question pertinente, devrait déposer sa planification en lien avec le décret. S'il a adopté le décret, c'est parce qu'il l'a planifié. On espère.

Journaliste : L'Union européenne a pris les mêmes décisions. Eux autres aussi, ils sont à 2035. Puis là, il y a des pays dans l'Union européenne, notamment l'Allemagne qui est en train de se dire : Bien, on ne sera pas capables d'atteindre ces cibles-là, alors on est en train de s'encarcaner dans une espèce de débat qui va faire en sorte qu'ultimement c'est le consommateur qui va être obligé de payer.

M. St-Pierre Plamondon : C'est une excellente question pour un débat d'urgence. On va voir si on l'obtient puis on s'engage à poser cette question-là. Mais convenons que, si le gouvernement a passé le décret, c'est parce qu'il a fait une planification, en quelque part, on l'espère, de comment cette transition-là se fait. Qu'il fournisse la planification en question.

Journaliste : J'aimerais vous entendre sur les factures impayées des autochtones à Hydro-Québec. C'est quand même un montant de plusieurs centaines de millions, là. Comment vous agiriez si vous étiez au gouvernement? Est-ce qu'on doit trouver une façon de les obliger de les payer, d'imposer des pénalités? Est-ce que vous pensez que c'est correct aussi?

M. St-Pierre Plamondon : La réconciliation entre le Québec et les peuples autochtones est importante. Pour autant, il y a des principes de base comme la règle de droit puis l'équité entre les clients d'Hydro-Québec qui se pose, là. Comment... Comment... Si on est une personne autochtone qui paie sa facture d'Hydro-Québec, comment vous recevez la nouvelle de ce matin? Qui paie, qui ne paie pas? Puis là, il faut se mettre à la place de tous les clients d'Hydro-Québec, là. Ce qu'on est en train de dire, c'est qu'il y a des gens qui paient leurs factures puis, s'ils ne paient pas les factures, il y a des conséquences, puis il y a d'autres personnes, ils n'ont pas besoin de payer leurs factures. Donc, entre les nations, au Québec, il faut des traités, notamment, il y a des traités sur les redevances que le gouvernement du Québec doit verser aux nations autochtones dans la production d'électricité, mais je ne vois pas le jour où on va avoir un traité, il n'y en a pas, là, mais il n'y en aura jamais, des traités où est-ce qu'on dit : Bien, si les fruits et légumes poussent au Québec, il y a des gens qui n'ont pas besoin de payer les fruits et légumes, même chose pour si l'avion atterrit en territoire autochtone, vous n'avez pas besoin de payer. Je ne vois pas comment ça va marcher en termes d'équité.

Donc, Hydro-Québec se doit de clarifier cette politique-là, qui me semble incompréhensible et très inéquitable entre Autochtones et entre consommateurs d'Hydro-Québec. Puis une fois qu'elle sera clarifiée, moi, j'ai l'impression qu'il va falloir demander au gouvernement du Québec et à Hydro-Québec de nous arriver avec quelque chose de plus cohérent, notamment l'équité, le même traitement pour tous les consommateurs.

Journaliste : M. St-Pierre Plamondon, vous avez été vous-même victime de menaces. Il y a un maire qui a reçu une brique dans son pare-brise. Est-ce que c'est dangereux d'être un élu?

M. St-Pierre Plamondon : La situation s'est détériorée, il n'y a pas de doute. C'est lié, notamment, je l'ai mentionné, aux médias sociaux. J'ai vécu donc deux menaces de mort dans la dernière année, et c'était les deux fois la même chose. Au fond, c'est des gens qui vivent dans des microcosmes très, très hermétiques, où la réalité n'a plus ses droits, là, où l'information qui circule, en fait, n'a rien à voir. Et, oui, c'est plus dangereux que ça ne l'était. Puis c'est pour ça que je m'intéresse beaucoup au temps d'écran, aux médias sociaux, à la détérioration du climat social, pas juste sur le plan de la santé mentale des gens. Parce que c'est un enjeu de santé mentale, mais sur le plan de la démocratie, les études commencent à être nombreuses, que, si la haine et la désinformation prennent plus de place à travers des faux comptes et, des fois, des interventions de puissances étrangères dans notre démocratie, bien, on se ramasse devant des phénomènes où la sécurité des élus est compromise. Et donc essayez après d'aller recruter pour les prochaines élections.

Donc, soyons conscients que c'est un problème de santé mentale, mais c'est aussi un problème de démocratie et que ça se peut, parce qu'on l'a vu dans d'autres pays, ça se peut que des puissances étrangères non démocratiques aient conclu que peut-être tu ne peux pas battre l'Occident avec les armes, mais tu peux faire imploser l'Occident de l'intérieur avec des campagnes de désinformation et des campagnes de corruption du débat public. Et ça donne des situations comme celle-là.

Donc, nous autres, on prend ça très au sérieux depuis un bout. On est en réflexion sur comment intervenir sans pour autant limiter la liberté d'expression. Parce que moi, je ne crois pas du tout au modèle où il y a un arbitre de qu'est-ce que tu as le droit de dire ou ne pas dire. Je ne vois pas comment qu'on va réussir. Mais, sur ce qui est des faux comptes, puis il y en a au Québec, des faux comptes, c'est... vraiment je me demande à quel point c'est plausible qu'il y ait deux personnes dans leur demi-sous-sol qui inventent des milliers de faux comptes pour répéter les mêmes messages, là. Ça a été soulevé dans la campagne de Pierre Poilievre, des comptes qui répètent tout le temps les mêmes messages. Mais qui finance ça, comment ça fonctionne? Moi, je n'y crois pas à l'hypothèse que c'est juste deux personnes dans leur demi- sous-sol, là. Donc...

Le Modérateur : On va en prendre une dernière en français.

Journaliste : Vous dites que ça nuit au recrutement, ces nouvelles-là sur la violence à l'égard des élus?

M. St-Pierre Plamondon : Ça m'inquiète. Je n'ai pas de preuve...

Journaliste : Avez-vous de mal à recruter, vous?

M. St-Pierre Plamondon : Non, pas du tout. Mais ça m'inquiète, ça m'inquiète.

Journaliste : ...

M. St-Pierre Plamondon : Non, ce n'est vraiment pas un obstacle. Bel essai, bel essai, mais non, ce n'est pas un obstacle. Mais quand même...

Journaliste : ...

M. St-Pierre Plamondon : Bien, exact, là. Bien oui.

Journaliste : ...des candidats qui vous répondent ça?

M. St-Pierre Plamondon : Bien oui, bien oui. C'est une inquiétude. Je n'ai pas de... tu sais, on n'aura pas de difficultés aux prochaines élections. Mais, si on est préoccupés par la santé de notre démocratie, on ne peut pas se dire que ces événements-là n'ont pas d'impact sur la motivation du public de s'impliquer dans ce qui est notre avenir, là. C'est... Il y aura toujours des gens courageux. Particulièrement au Parti québécois, on sert une cause, ça facilite sûrement notre recrutement. Mais ce n'est pas une raison pour s'aveugler sur la gravité de ce phénomène-là à l'échelle de la démocratie.

Le Modérateur : On va passer en anglais.

Journaliste : So, you have the impression that a 2-hour emergency debate on Northvolt will bring you the information that you need, that will create enough momentum so the CAQ Government do not say again that it's confidential, it's a business deal?

M. Paradis : Or so we hope. Because to date, we haven't had answers to our questions. And we have had François Legault saying one thing at the salon rouge, but then we had the information that he was saying something entirely different to Northvolt. When he sold Québec to Northvolt, he said : Come here, you will pay your employees less. And then when we're asking at the salon rouge why is he selling our electricity cheap to foreign companies, he's saying : We're doing that to have employees with good salaries. When we're asking how much of Quebeckers' money is involved in the project to date, how much this Government has invested, the answer is : Only 240 millions to buy the land for the factory in Saint-Basile-le-Grand, in MacMasterville. And we know it's not... it's not the truth. The truth is that we have already invested more than 700 millions of our taxpayers' money. So, where does the truth lie? We need to get to the bottom of... to under what conditions we have sold the energy, under what condition, what analysis, what due diligence we dealt with environmental and workers' safety concerns, what's the prior analysis. We believe that it was a poor prior analysis. We need to get to the bottom of this. And we can't have answers from Minister Fréchette. She won't even rise to answer my questions at the salon rouge. The Prime Minister Legault rose and answered, trying to deviate the debate on other issues. So, we hope that the 2 hours will allow us furhter time to go deep in these issues, what guarantees for Quebeckers' money.

Journaliste : And the megawatts... And I have two clarifications, on the BAPE and the megawatts. Do you want the megawatts promised to Northvolt to be distributed to businesses in Québec as soon as possible now that there are delays?

M. Paradis : Well, our colleagues from the Liberal Party have asked good questions. So, why are you preferring, you know, foreign companies whereas we have companies in Québec wanting the same energy blocks? That's a good question. However, let's not rush into a conclusion. We need to know what is the deal, what's in the contract, how Québec provided for guarantees, how much time, how much delay for the company. We don't know. And we need...

Journaliste : About the BAPE?

M. Paradis : Well, the BAPE, how is it? Well, now we know that there are delays. A lot of time has passed. Do you think now that we had time to go to a BAPE and ask the real important questions about the environment, workers safety? We know the answer is yes, we had time. We should have done it. Why did we try to circumvent and avoid the regular process with such an important project? That's the big question. And we need to go... We need to go back to this. We need we need answers.

Journaliste : It's been under the microscope for months now. What will the difference of a two hour emergency debate really make? I mean, if we don't have the answers now, do you foresee them getting an eternity?

M. Paradis : The company's one thing. The company's a startup in a new and a new business environment. We understand that. The problem is with the government. So if we're saying that it's been under the microscope, well, to date, we haven't had many answers from the government or when we have the answers, they're incomplete or avoiding the truth. Having a clear answer about how much of the taxpayers money has been invested to date is quite the simple question. We've seen in the media the number in the past few days that we brought up here at Parliament, but we haven't heard the government yet saying total, including CDPQ, Investissement Québec and the loan for the land. It's 710 millions. Have you heard anybody from the government confirming that information? That's a simple question, saying that's how much we have at bat now.

Journaliste : We don't know if that amount of money has actually been spent. Do we, though?

M. Paradis : Well, well, that's the point. So we know that the total promise is for 2,9 billions, Québec plus the federal money, part of which is coming from Québec. We know that. So how much has been invested to date? We have the documents. We have the official documents. So it's 240 millions for the land. It's 270 millions invested in Sweden through Investissement Québec and it's 200 million dollars by CDPQ, convertible debt. So that's a total of 710 million. That's the information that must be confirmed by the government. We haven't had the answer yet. We have tried to ask it. Paul St-Pierre Plamondon asked it. I've asked it to Minister Fréchette. Yet we cannot even get that simple answer. So that's why we need a more thorough debate about the investment.

Journaliste : One last question on the aggression of the mayor of la MRC de Montmagny. How do you relate to what happened with the visual that we can see?

M. St-Pierre Plamondon : We can't let a few people destroy our democracy. And of course, threats and violence can be very harmful to democracy because afterwards nobody dares investing themselves, presenting themselves at the election. So we need to take a really hard stance on those events, not let a single inch of tolerance towards violence and threats aiming at elected members of a city council or parliament. Because if you look worldwide, when issues of threats and violence are part of the political environment, many problems comes together with that and we cannot let that go. So I would take a very hard line on this one.

Journaliste : ...argent pour l'instant dans... Est-ce qu'il a été plus futé que le gouvernement du Québec?

M. St-Pierre Plamondon : Ce n'est pas une question de futé, c'est une question de comprendre pourquoi on a déboursé autant à un stade initial. Quelle est la nature aussi des clauses contractuelles sur la capacité de recouvrer ces sommes-là si l'usine n'a pas lieu, ce qui est une possibilité. Donc, on a peu d'information. C'est une autre bonne question pour laquelle l'opacité du gouvernement ne permet pas de répondre. Et puis ce n'est pas normal parce que, comme je vous le dis, les Kings, c'était 7 millions de dollars puis ça n'avait pas de bon sens. Mais là, quand tu es rendu à 700 millions, il me semble que tu peux avoir des réponses sur la base de savoir l'avez-vous déboursé? Puis si ça vire mal, est-ce qu'on peut le récupérer ou pas? Puis il y a un calendrier de d'autres dépenses, là, il y a des travaux sur le site. Donc, aux 710 millions s'ajoutent des travaux de routes puis de construction d'usines. Comment ça fonctionne en termes de la suite des choses si on sait que le risque est pas mal plus élevé qu'on pensait dans ce dossier-là? Tout ça, là, ça devrait être automatique qu'on obtienne un minimum de transparence, et on ne l'obtient pas. On va finir par l'obtenir.

Journaliste : ...qu'on s'est fait un peu avoir, quand on voit que l'Ontario a eu des investissements de grosses entreprises établies, tandis que nous, au Québec, on a la jeune pousse qui est peut-être un peu plus fragile? Puis là, en plus, Ottawa n'a pas mis d'argent, alors que le gouvernement du Québec a avancé autant de sommes...

M. St-Pierre Plamondon :Avec le recul, on peut dire que le premier ministre nous a présenté Pierre Fitzgibbon comme un superministre génie de la finance, mais si vous regardez comme il faut Lion, Taïga, Flying Whales puis le rendement de la... d'Investissement Québec, avec le recul, on ne devrait pas jamais se contenter de la vantardise et des autocompliments du gouvernement, puis on devrait obtenir l'information, puis c'est pour ça qu'on veut un débat d'urgence. On va obtenir l'information.

Journaliste : ...avec l'argent des Québécois?

M. Paradis : C'est le premier ministre lui-même qui a dit que c'était un pari.

(Fin à 11 h 01)

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