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Point de presse de Mme Christine Labrie, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de solidarité sociale et d’action communautaire, et M. Gabriel Nadeau-Dubois, chef du deuxième groupe d’opposition

Version finale

Le mardi 17 septembre 2024, 11 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour. Content de vous retrouver, cette semaine, à l'Assemblée nationale, avec ma collègue et amie Christine. Ça commence à sentir l'austérité au Québec. Ça sent de plus en plus l'austérité, et ça, c'est une odeur que les Québécois puis les Québécoises n'aiment pas. On l'a vu, la semaine dernière, avec la démission de Youri Chassin, il y a des pressions internes de plus en plus fortes sur François Legault pour qu'il y ait des coupures rapidement, et on ne peut pas se permettre ça au Québec, on ne peut pas se permettre une autre ronde d'austérité. Nos services de santé et nos services d'éducation ne peuvent pas se permettre ça.

Et, ce matin, un article de Mme Lajoie qui vient alimenter les craintes de plusieurs Québécois, de plusieurs Québécoises. Dans plusieurs ministères au Québec, il y a des directives de coupures, de restrictions budgétaires qui commencent à être données. On se croirait de retour à l'ère Philippe Couillard. C'est ce que les gens sur le terrain commencent à dire. C'est très, très inquiétant.

On l'a vu dans les cégeps et dans les universités, on l'a vu dans le transport en commun, en francisation, il y a des coupures qui commencent au Québec. Donc, à Québec solidaire, on lance un appel à la vigilance de la population. Si vous voyez, autour de vous, des coupures dans un service public, allez sur servicescoupes.com et parlez-nous de ce que vous voyez sur le terrain. On a besoin, donc, de la vigilance des citoyens et des citoyennes pour faire le portrait de ce qui se passe sur le terrain. On ne peut pas se permettre ça, plus d'austérité au Québec, encore. Donc, si vous voyez de l'austérité, écrivez-nous.

Mme Labrie : Merci, Gabriel. Effectivement, les gens nous demandent souvent ce qu'ils peuvent faire pour nous aider dans notre travail de parti d'opposition ici, à l'Assemblée nationale. La meilleure façon de nous aider, c'est de nous transmettre de l'information sur ce qui se passe sur le terrain. Ce que vous voyez comme usagers des services, comme employés du secteur public, on veut le savoir. Parce que François Legault ne fera pas de communiqués de presse pour annoncer les coupures, il n'a pas le courage politique de faire ça puis de dire la vérité aux Québécois sur les décisions qu'ils sont en train de prendre par en arrière.

Donc, on a lancé ce site-là, servicescoupes.com. Déjà, on a reçu près de 150 témoignages, là, en quelques heures. Ça me fait penser à quand j'avais lancé un site, aussi, pour récolter des témoignages sur ce qui se passe dans le système d'éducation. Il y avait eu un bel engouement. Les gens veulent dénoncer ce qui les indigne sur le terrain, des témoignages qui parlent, par exemple, de postes qui ne sont pas remplacés en santé, de diminution de transport en commun. Donc, on va être très à l'affût de tout ça. On invite vraiment les citoyens et citoyennes à être à l'affût et à nous signaler ce qui se passe sur servicescoupes.com. On ne laissera pas la CAQ ramener l'austérité. On n'a même pas réussi encore à se rétablir au Québec de l'austérité libérale. On ne peut pas commencer des nouvelles vagues d'austérité.

Journaliste : On fait quoi avec le déficit?

M. Nadeau-Dubois : Bien, d'abord, le déficit, il a été créé par les mauvaises décisions de François Legault. Les exemples, on pourrait les énumérer pendant longtemps, mais baisser les impôts des gens qui font plus de 100 000 $ par année pour, ensuite, être forcés de faire des coupures en santé, en éducation, dans les services publics, c'étaient des mauvaises décisions.

Nous, le rôle qu'on va se donner ici, à l'Assemblée nationale, là, c'est d'être les chiens de garde de l'austérité. Les Québécois, les Québécoises, ils n'en veulent pas, et ils ont besoin d'un parti qui s'occupe de ça. C'est la mission qu'on se donne, et ça commence cette semaine avec cet appel à la vigilance citoyenne, parce que les gens, ils le voient, sur le terrain, quand il y a des coupures. C'est pour ça qu'on lance un appel. On dit aux gens : Si vous voyez des coupures, allez sur servicescoupes.com. Ça peut être fait de manière anonyme, si vous voulez, mais on a besoin de la vigilance des gens sur le terrain.

Journaliste : ...vous aspirez à être le gouvernement. Ça fait qu'on fait quoi avec le déficit?

Mme Labrie : Bien, le gouvernement a décidé de se priver de revenus à plusieurs reprises, hein? Gabriel parle des baisses d'impôt, mais moi, je me souviens aussi, au début de leur premier mandat, une des premières choses qu'ils ont faites, c'est au niveau des taxes scolaires, puis, depuis ce temps-là, chaque année, c'est plus de 1 milliard qu'on dépense en éducation juste pour compenser cette mesure-là aux centres de services. Ça fait que ça, ce n'est pas de l'argent qu'on réinvestit, là, de manière supplémentaire, en éducation. Ils vous disent : On n'a jamais autant investi en éducation. Oui, c'est parce qu'il faut qu'ils compensent la taxe scolaire qu'ils ont fait baisser, plus de 1 milliard par année depuis, quoi, 2019, c'est beaucoup d'argent. Ça fait que c'est des décisions gouvernementales qui amènent à en prendre d'autres plus tard, parce qu'il y a des services à livrer, et, malheureusement, ils ne sont pas capables, ils ont baissé leurs revenus.

Journaliste : Ce sont des décisions qui sont faites.

M. Nadeau-Dubois : Notre cadre financier... Je veux rappeler que notre cadre financier, qu'on a présenté en 2022, était à l'équilibre. Ça a été le cas dans pas mal toutes nos campagnes électorales, en tout cas, de la mémoire qui est la mienne. Donc, nous, on a présenté des cadres financiers à l'équilibre, où on allait chercher des revenus pour accoter les dépenses qu'on faisait. Il y a des manières de régler ce déficit-là sans plonger le Québec en austérité. Mais c'est sûr qu'il aurait fallu, au départ, faire des meilleurs choix, puis la baisse d'impôt aux gens de plus de 100 000 $, les chèques juste avant les élections, c'est sûr que ça a fait mal aux finances publiques du Québec

Mme Labrie : Et pelleter par en avant des infrastructures, ce n'est jamais une bonne décision de gestion. Ça va coûter plus cher.

Journaliste : Si vous prenez le pouvoir, vous récoltez ce que le gouvernement a fait avant vous. C'est ça de tous les partis, c'est ça qu'ils doivent...

M. Nadeau-Dubois : Exact. Puis on fera un cadre financier en 2022. Je vous le promets qu'on fera un cadre...

Mme Labrie : En 2026.

M. Nadeau-Dubois : 2026. En 2026, on fera un cadre financier.

Journaliste : Donc quel est votre premier geste justement pour renflouer les coffres de l'État?

Mme Labrie : C'est une bonne question que vous posez. Ça fait partie de la démarche qu'on va faire avec nos membres dans les prochaines années. Quand on a décidé avec nos membres qu'on allait réactualiser notre programme, on a discuté du mécanisme d'adoption de la plateforme électorale. On va justement déterminer avec les membres en 2025 quels seront les gestes d'un gouvernement solidaire. Donc on vous le dira en temps et lieu. C'est le travail qu'on va faire avec nos membres en 2025.

M. Nadeau-Dubois : À chaque élection, on a un cadre financier puis il va y en avoir un encore en 2026.

Journaliste : L'élection du Bloc québécois, hier, est-ce que c'est une bonne, une mauvaise nouvelle? Comment vous réagissez à cette élection?

Mme Labrie : Bon. On les félicite pour le nouveau siège qu'ils ont gagné. C'était une campagne assez serrée, hein? Il fallait se coucher tard pour voir le résultat de ça. On les félicite.

Journaliste : Mais quel message ça envoie qu'on élise un député souverainiste, alors que vous êtes un parti souverainiste, alors quel message ça envoie l'élection du Bloc québécois hier?

M. Nadeau-Dubois : Bien, vous savez qu'à Québec solidaire on ne prend pas position au niveau fédéral. Ça a été notre position dans pas mal toutes les dernières élections fédérales. Ça fait que nous, on est neutres au niveau fédéral mais on est toujours contents de voir un indépendantiste de plus être élu, peu importe le parlement.

Journaliste : ...mais qu'est-ce que vous préférez comme gouvernement, Justin Trudeau ou Poilievre?

M. Nadeau-Dubois : Nous, on n'a jamais pris position lors des élections fédérales, puis ça ne commencera pas ce matin.

Journaliste : Sur les médecins, est-ce que Québec fait bien de ressortir le bâton?

Mme Labrie : Québec devrait se souvenir de la promesse qu'ils avaient faite du côté de la CAQ, de miser sur une rémunération mixte, de revoir la rémunération des médecins. Nous, c'est ce qu'on propose aussi, c'est ce qu'on met de l'avant. Le mode de rémunération actuel, il a beaucoup de défauts. Si on misait sur un mode de rémunération mixte, ça réglerait des problèmes, là, avec lesquels on est toujours confrontés. Et ce n'est pas la première fois qu'on répond à ces questions-là, là, devant vous, là. À chaque fois, on vous redit la même chose : Tant qu'on n'a pas changé le mode de rémunération des médecins, on va revenir à chaque fois avec ces problèmes-là.

Journaliste : Sur Northvolt, est-ce que le gouvernement doit, excusez le jeu de mots, mais tirer la plogue?

M. Nadeau-Dubois : On pourrait dire que la filière batterie a de l'eau dans le gaz, pour continuer sur les métaphores énergétiques. Tout ça manque énormément de transparence. On a promis des quantités faramineuses d'électricité à ce qui est, après tout, une startup qu'on savait fragile. Et on l'a fait sur la base du flair soi-disant exceptionnel d'un ministre qui depuis a pris ses cliques et ses claques et est retourné chasser le faisan.

Et là, on est... Et là, on se retrouve avec, comme société, là, tout un problème à gérer : une entreprise qui de toute évidence bat de l'aile, des promesses d'investissements et des promesses de livraison d'électricité qui ne sont pas simples à réaliser pour le gouvernement du Québec. Et on a fait... Et là, on a fait tout ça sans BAPE. Pourquoi? Sous prétexte qu'il fallait aller vite, vite, vite. Bien, regarde donc, finalement, on aurait eu le temps de faire un BAPE. Puis, si on l'avait fait, on aurait pu évaluer l'ensemble de ces éléments-là pour voir si les retombées économiques de Northvolt alléguées justifient ces promesses-là d'investissements publics puis de distribution d'électricité. Mais là on est dans le dans l'obscurité totale. M. Fitzgibbon avait promis de rendre publiques les études qui attestent des retombées économiques de Northvolt. Les avez-vous déjà vues, vous? Nous, on ne les a jamais reçues. Donc, pour répondre à la question est-ce que ça vaut toujours la peine d'investir et de donner de l'électricité, on a besoin de cette information-là. Puis, pour le moment, on ne l'a pas.

Journaliste : Est-ce qu'on devrait prendre les mégawatts qui sont prévus ou promis à Northvolt et les redistribuer ailleurs?

M. Nadeau-Dubois : Pour répondre à cette question-là, on a besoin de critères clairs. C'est quoi les retombées économiques de Northvolt?

Mme Labrie : Et environnementales.

M. Nadeau-Dubois : On ne le sait pas. C'est quoi les retombées environnementales? On ne le sait pas, parce que tout ça a été fait sur le coin d'une table, entre deux cigares, là, de M. Fitzgibbon. Je veux dire, on ne peut pas gérer l'argent public comme ça. On ne peut pas gérer l'électricité, qui appartient aux Québécois, Québécoises, comme ça.

Donc, pour répondre à cette question-là, c'est-tu toujours opportun de donner de l'électricité à Northvolt, on a besoin de savoir c'est quoi les retombées économiques, on ne le sait pas, c'est quoi les gains sur le plan de la décarbonation, on ne le sait pas. Donc, c'est difficile pour nous de répondre à cette question-là. Puis c'est difficile pour les Québécois, Québécoises de répondre à la question.

Mme Labrie : On ne l'a jamais su, si c'était opportun, même dès le départ.

Journaliste : Est-ce que le gouvernement juge trop durement la productivité des médecins de famille? La FMOQ fait une sortie aujourd'hui pour rétablir les faits, disent-ils.

Mme Labrie : En matière de soins aux patients, là, la productivité, c'est une chose, puis c'est vrai qu'il faut être capable de répondre à la demande, mais la qualité du lien humain qu'il y a avec les patients, c'est important aussi. Puis je pense que plus de pression sur les médecins, là, ça mène à des rendez-vous de sept, huit minutes, là, avec les patients. Puis ça, ce n'est pas une bonne qualité.

Journaliste : ...de patients, à l'heure actuelle, soignent assez de Québécois?

Mme Labrie : Bien, je pense qu'ils ont beaucoup de pression sur leurs épaules, et ça ne devrait pas incomber seulement sur eux. Nous, on a toujours mis de l'avant une approche multidisciplinaire en santé. Il n'y a pas seulement les médecins qui peuvent offrir des soins aux patients. Donc, la pression importante qui est mise sur les épaules des médecins en ce moment, je pense qu'elle devrait être répartie sur un plus grand nombre de professionnels en première ligne. Nous, c'est ce qu'on a toujours mis de l'avant. Puis par ailleurs, ces médecins-là ont aussi droit à un équilibre de vie, là. On ne gagne rien à les brûler puis à les faire partir en congé de maladie. Donc, je pense qu'il faut avoir ça en tête. Leur travail, il est complexe, il est exigeant. Eux aussi font face à un manque de ressources, hein? Ça vient entraver leur travail quand les ressources ne sont pas disponibles autour d'eux, quand il y a des délais, par exemple. Donc, moi je suis sensible à ça.

Journaliste : ...pour revenir à ce que je disais tout à l'heure. Mais brandir la menace de sanctions s'ils n'atteignent pas certains quotas, ce n'est pas une voie optimale, là, à suivre selon vous?

Mme Labrie : La menace, ça n'a jamais donné de très bons résultats, là. Ce n'est pas comme ça qu'on va pouvoir les garder. D'ailleurs, ils sont de plus en plus nombreux à quitter le réseau public. C'est quand même significatif puis on doit s'inquiéter de ça, là.

Journaliste : What was your reaction to the by-election result last night?

M. Nadeau-Dubois : Well, we congratulate the Bloc québécois for their victory. It was hard fought and a hard-fought campaign and very tight result. So, we offer our congratulations. Our two colleagues, our friend Guillaume Cliche-Rivard and Alejandra Zaga Mendez will work obviously closely with the new member of Parliament, Mr. Sauvé. And I saw also that those two colleagues congratulated warmly Mr. Sauvé. So, let's get to work to defend the people of Verdun and Ville LaSalle.

Journaliste : Were you impressed at all that the Bloc was able to take it?

M. Nadeau-Dubois : You know, we are neutral at the federal level, and we will continue to be. That's been our historic position. We did not take a position in that by-election.

Journaliste : You don't feel bad that the candidate of the NDP on the left... the other… you don't feel bad that he lost?

M. Nadeau-Dubois : Historically, some members of Québec solidaire have been activists with the Bloc québécois. Some members of Québec solidaire have been activists for the NDP. That's always been like that in... But as a party, we have no position and we leave our members and our electors, of course, make their decisions according to the campaign and the candidates.

Journaliste : On the family doctors, you've spoken a lot about work load for them and about sort of redistributing the work among other types of healthcare workers. But we're already seeing the Québec Government do that with, you know, the bill, sort of trying to give more of a role to pharmacists. And so, what more do you think they could be doing in that case when it comes to family doctors? And are the doctors asking for too much?

M. Nadeau-Dubois : Well, first of all, that bill of the Government to try to redistribute the responsibilities inside the healthcare system is a bill that we said it was a step in the right direction. My colleague Vincent is working in collaboration with the Minister to make sure that goes in the right direction. We think it's a... We need to do that in Québec, and we've been saying this for more than 10 years at Québec solidaire. We have to get away from the philosophy where the doctor is the central pilar of all the healthcare system. We have to have a multidisciplinary approach in healthcare. That always has been, I think, one of the trademarks of our philosophy in terms of healthcare at Québec solidaire. And the fight we're seeing right now between the Government and the doctors is exactly the type of fights that we've been seeing for years and years and years in Québec. And nothing gets fixed. Why? Because we are not addressing the elephant in the room which is the way doctors are paid. And we will fight among ourselves for years, and years, and years. And the first line will never get better if we don't address that elephant in the room, which is the way doctors are paid. Our system, in that regard, is broken. Mr. Legault had promised to fix it and he didn't have the courage to do it, and now he is playing tough in his negotiations with the association of doctors. But the real fight was the fight to change the way doctors are paid in Québec. And he abandoned that fight. So, we will continue to have those petty fights each year or each two years, and the main problem is not going to get solved. Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 15 )

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