(Onze heures vingt-sept minutes)
M. Legault : Bonjour, tout le
monde. Bien, évidemment, je veux vous parler de la sortie de Youri Chassin. Je
connais Youri depuis longtemps, là. Je l'ai connu quand j'étais ministre de l'Éducation.
Il était, à ce moment-là, à la FEUQ, à la Fédération étudiante. Il essayait de
me convaincre qu'on mette plus d'argent en éducation. Puis on est toujours
restés en contact.
Je sais, depuis longtemps, qu'il y a
certains points sur lesquels on n'est pas d'accord, mais je sentais, depuis un
certain temps, qu'effectivement, là, il y a des choses qui l'achalaient. C'est
pour ça que, pas plus tard qu'hier, je l'ai rencontré pendant une demi-heure.
La majeure partie de notre rencontre, il a essayé de me convaincre de poser des
gestes sur la transparence syndicale. Donc, Youri, c'est un de ses dadas depuis
longtemps, il aimerait qu'on force les syndicats à publier leurs états
financiers, les détails sur les salaires, puis tout ça. Je lui ai dit... Bon,
lui, il considère que ce serait urgent qu'on fasse ça. Moi, je lui ai dit :
Ce n'est pas dans mes priorités. Bon.
Ensuite, bien, il m'a dit qu'il trouve que
les réformes en santé, ça prend du temps avant d'aboutir. Bon. Puis vous savez
que je ne suis pas quelqu'un de patient moi non plus, mais, comme je n'arrête
pas de le répéter, la clé, si on veut vraiment changer le réseau de la santé, c'est
qu'il faut changer les ententes avec la FIQ, avec les infirmières, avec le
syndicat des infirmières, puis changer les ententes avec la FMOQ, donc la Fédération
des médecins de famille. Tant qu'on n'aura pas plus de flexibilité pour
demander aux infirmières de travailler là où les besoins sont les plus
importants, puis ces besoins-là changent continuellement, ça va être difficile
d'améliorer de façon importante le réseau de la santé.
Puis, tant qu'on n'aura pas une première
ligne forte, ça veut dire qu'il faut convaincre des médecins... Là, je veux
être clair, il y a des médecins qui prennent en charge beaucoup de patients,
mais il y a des médecins qui ne prennent pas en charge assez de patients. Mais,
tant qu'on n'aura pas réglé ça, c'est ça que j'ai essayé d'expliquer à Youri,
ça va être difficile de voir des résultats. Donc, je lui ai demandé d'être
patient puis je l'ai quand même assuré de dire : Contrairement aux autres
gouvernements, on ne baissera pas les bras, on ne va pas, à la dernière minute,
dire : O.K., d'abord, la FIQ, O.K., d'abord, la FMOQ, on ne fait pas de
changement important. Donc... Bon, peut-être pas satisfait de ma réponse.
Ensuite, on a parlé du déficit. Bon, c'est
sûr... Puis, bon, c'est un sujet qui lui tient à cœur. On se souvient, Youri a
été à l'IEDM puis il a appuyé des mouvements comme Force Jeunesse, qui
parlaient de l'équité entre les générations, l'importance de réduire la dette.
Donc, il n'y a personne là, ni Youri ni moi, qui aimons voir le déficit qu'on a
actuellement. Mais d'où vient ce déficit? Deux choses. D'abord, on a baissé les
impôts, puis je ne regrette pas, je pense, c'était une bonne décision. Puis
là-dessus, Youri et moi, on s'entend. Mais l'autre décision importante qu'on a
prise en décembre dernier, là, dans le temps de Noël, c'est d'augmenter de
façon importante les salaires des infirmières, des enseignants pour couvrir, au
moins, l'inflation. Donc, quand vous regardez le plan budgétaire, vous voyez
que le changement, essentiellement, dans le déficit, vient des augmentations de
salaire qu'on a données. Bon.
On a discuté de ça. Bon. Moi, c'est clair,
là, qu'il n'est pas question qu'on coupe dans les services. Donc, ce qu'on
fait, c'est : On se donne cinq ans pour revenir graduellement à
l'équilibre budgétaire. Donc, on a discuté de ça. Donc, je pense que... Bon, ce
que j'ai essayé de dire à Youri, c'est que, moi, je veux avoir une approche
équilibrée, pragmatique, responsable. Mais, bon, il a fait le choix de siéger
comme indépendant. Évidemment, moi, je suis déçu de sa décision de siéger comme
indépendant, parce que j'aime Youri, je le connais depuis longtemps. Depuis six
ans, il a souvent contribué à nos réflexions. On s'est souvent vus. Il s'est
souvent exprimé au caucus. Donc, je peux juste lui dire : Bien, bonne
chance, Youri.
Journaliste : ...compliqué que
de... Parce que M. Chassé dit aussi...
M. Legault : Chassin.
Journaliste : ...Chassin,
excusez-moi, dit que vous lui avez... lui, il a adhéré à un plan, le plan de la
CAQ, il y a six ans, et qu'il ne reconnaît pas ce plan-là actuellement. Est-ce
que vous reconnaissez que c'est plus dur à mettre en place que ce que vous
croyiez il y a six ans?
M. Legault : Bien, prenons le
réseau de la santé, là, parce que c'est là qu'il y a le gros travail à faire.
Puis même, Youri est adjoint parlementaire de Christian, donc, c'est un dossier
qui est important pour lui. Bon. Est-ce que c'est plus long? C'est long, c'est
long. Mais je l'ai dit, là, tu sais, je ne m'attends pas à ce que ça soit réglé
avec la FIQ puis la FMOQ avant Noël. Donc, déjà, les conventions sont finies
depuis mars 2023, donc c'est long. J'aime mieux avoir une entente négociée,
mais c'est long avec la FIQ puis la FMOQ.
Journaliste : Mais, M.
Legault, il a dit : Je ne suis pas capable de regarder les électeurs pour leur
expliquer pourquoi il n'y a pas encore de résultat. Ça fait que c'est plus
large que juste l'histoire de Youri Chassin, vous comprenez?
M. Legault : Oui, bien, je
comprends, là, que... Puis, tu sais, d'une certaine façon, moi aussi, j'aimerais
ça, puis Christian Dubé aimerait ça que ça soit réglé avec à la FIQ puis avec
la FMOQ, puis qu'on soit capables d'avoir un réseau qui est plus efficace,
mais, en même temps, en tout cas, à ce moment-ci, là... Puis je n'ai pas
l'intention de faire autre chose que de négocier avec la FIQ puis la FMOQ.
Journaliste : Comment
allez-vous changer le narratif auprès de vos autres députés qui vivent la même
chose que M. Chassin?
M. Legault : Bien, il nous
reste deux ans, hein, puis moi, je lui ai demandé d'être patient. Ça ne va
peut-être pas aussi vite qu'on voudrait, mais je pense qu'on va y arriver. Puis
je vous garantis puis je lui ai garanti qu'on ne baissera pas les bras.
Journaliste : Est-ce qu'il
vous a demandé un poste de ministre?
M. Legault : Je veux garder
ces conversations-là...
Journaliste : Est-ce qu'il a
été déçu de ne pas avoir été ministre?
M. Legault : Vous lui
demanderez la question.
Journaliste : Mais, sur la
taille de l'État, M. Legault, là, vous devez quand même reconnaître que, sous
votre gouvernement, la taille de l'État a énormément augmenté. C'est aussi une des
critiques de M. Chassin, mais aussi même de M. Dufour, qu'on a croisé
tout à l'heure dans le corridor, il est d'accord avec ça.
M. Legault : Oui. Bien, quand
vous regardez l'augmentation des ETC, là, équivalents temps complet, la grande,
grande majorité des ajouts, ça a été dans les réseaux de l'éducation puis de la
santé.
Journaliste : Même chez les
fonctionnaires? C'est le cas des simples fonctionnaires?
M. Legault : Oui, il y en a
eu chez les fonctionnaires, dans certains secteurs, mettre en place Internet
haute vitesse, des choses comme ça. Mais, je veux dire, le gros, là, j'y vais
de mémoire, là, la grande...
Journaliste : ...
M. Legault : Bien, la grande
majorité, c'est en éducation puis en santé. Puis il faut comprendre aussi...
bon, puis je ne veux pas revenir sur l'immigration, mais il reste que, bon, un,
il y a un vieillissement de la population. Deux, le nombre d'immigrants
important, on est passé de 300 000 à 600 000 en deux ans, bien, ça
met de la pression aussi sur les dépenses, sur les services qu'on doit donner
en santé et en éducation. Donc...
Journaliste : ...la CAQ, il n'y
aura pas d'autres départs parmi vos... Pourquoi il y a une distance qui s'est
créée avec votre caucus...
M. Legault : Je ne pense pas,
je ne pense pas, là, puis je sais qu'il y a eu un caucus ce matin, puis on me
dit, là, que je n'ai pas à m'inquiéter. Maintenant, Youri, je savais qu'on
avait des désaccords. Bon, il ne quitte pas, il reste indépendant, puis il espère
qu'on va faire les choses autrement. Bien, moi, ce que je lui dis, c'est :
Soyons patients. Les changements qu'il souhaite puis que je souhaite vont se
faire en santé, mais ils ne vont peut-être pas se faire aussi vite qu'il
souhaiterait.
Journaliste : Vous ne sentez
aucune grogne, M. Legault, vous ne sentez aucune grogne? M. Chassin
disait ce matin qu'il avait été applaudi à la réunion de caucus prérentrée.
Est-ce que vous sentez qu'il y a des députés qui sont d'accord avec lui?
M. Legault : Bien, il y a
peut-être une impatience, ça commence par moi, de dire : Écoutez, là, il
faut régler avec la FIQ puis la FMOQ, ça presse. O.K.? Et l'autre chose qui est
importante aussi, c'est : Il faut ramener l'équilibre budgétaire sur un
certain nombre d'années. Donc, ça va demander des efforts. Ce ne sera pas
facile. Il nous reste deux ans. Donc, il faut faire nos preuves pendant les
deux ans qu'il reste, qu'on est sérieux de réduire le déficit. Ça ne sera pas
simple, mais je sens qu'il y a certains députés — je pense que je
dirais oui, il a été applaudi par un certain nombre de députés qui souhaitent
qu'on réduise le déficit, puis que les changements se fassent plus vite dans le
réseau de la santé. Je pense aussi qu'il a certains appuis, Youri, pour poser
des gestes dans la transparence syndicale, mais il faut...
Journaliste : ...
M. Legault : Non, mais, il
faut... mais laissez-moi finir. Tu sais, ce serait un peu une guerre atomique,
à mon avis, demain matin, là, si on disait... Bon, je ne dis pas que je suis
nécessairement contre, mais il faut choisir ses batailles. Puis, actuellement,
les batailles que je choisis, c'est avec la FIQ puis la FMOQ, ce n'est pas
d'aller dans la transparence syndicale.
Journaliste : Qu'allez-vous
offrir à ces quelques députés qui souhaitent justement ces genres de mesures là
plus musclées?
M. Legault : Bien là, on
parle des endroits où il y a peut-être des petits différends, je dirais même,
sur l'apparence plus que sur le fond, parce que moi, je veux que ça change en
santé, je veux retrouver l'équilibre budgétaire. Mais, sur la majorité des
dossiers, je pense que les députés sont à la même place que moi, tu sais. Je le
disais la semaine passée, les députés disent : On ne baissera pas les bras
devant la FIQ puis la FMOQ, là, c'est unanime. Le projet, avec Hydro-Québec,
c'est important. Réduire le nombre d'immigrants pour sauver le français à
Montréal, c'est important. Donc, il y a plein de dossiers sur lesquels on a un
grand, grand consensus, si ce n'est pas l'unanimité. Sur les réformes en santé,
sur l'équilibre budgétaire, bien, il y en a qui voudraient peut-être qu'on
aille plus vite.
Journaliste : Mais on ne sent
pas que ce départ-là vous fait remettre en question, là, on ne sent pas ça, là.
M. Legault : Je ne sens pas
non plus que le caucus veut qu'on remette en question nos priorités puis notre
plan de match.
Journaliste : ...un autre
député, M. Legault. Est-ce que vous êtes capables de prendre le pouls de
votre caucus...
La Modératrice
: En
anglais, s'il vous plaît. On va passer en anglais.
Journaliste
: ...est-ce
que vous avez le pouls de votre caucus?
M. Legault : Oui, oui, j'ai
le pouls de mon caucus, puis ça va très bien.
La Modératrice
: En
anglais. S'il vous plaît, on passe en anglais.
Journaliste : So, what do you say to your MNAs that are thinking the same way than
Mr. Chassin? You don't want another MNA to resign.
M. Legault :
O.K. First, I
wasn't surprised of what Youri said this morning, because I know him since a
long time. We had many discussions, including yesterday. I would say that there
are two major subjects that, maybe, we don't see the same way. First, the
reform in the health care network. Youri thinks that we're not going fast
enough, but, of course, we need to negotiate with unions of nurses and doctors,
and it's not easy, so... Me, also, I think that it's not going fast enough, but
I think we need to be patient.
On the second subject,
regarding the deficit, I don't like to see the deficit we have, but we made two
important choices, decrease income taxes, and, on that, Youri and myself, we
agree. And we've increased, by a big percentage, salaries to nurses, to
teachers. We did that around Christmas last year. And of course, it causes a
larger deficit. And I think the more responsible position is to come back and
erase this deficit over five years, but Youri would like that we do that
faster.
Journaliste :
Mr. Chassin is not the only one
thinking that way. What do you say to make sure that you retain your MNAs in
your caucus?
M. Legault :
OK. First, I feel that I have the
support of my caucus, all right, and there was one this morning, and I think
that they still support me, all of them.
Journaliste :
He talks about a malaise among other
MNAs that, also, are unhappy about the deficit, in various... Do you think you
can control all of that dissent or all of that disappointment in the caucus?
M. Legault :
An ideal situation is fun, but, in
practice, we need to be pragmatic, we need to be realist... realistic, right? I
would like that negotiations with the FIQ and the FMOQ go faster, but you see
them, they resist to the flexibility we're asking for. And regarding the
deficit, I would like to see a lower deficit, but I think I don't want to cut
services and I don't want to increase income taxes. So, I think we need to take
a responsible approach over five years. Maybe some, like Youri, would like that
we go faster, but, at the same time, when I ask them: All right, which expense
would you cut? They have no answer.
Journaliste :
But M. Chassin is the fourth MNA to
leave your caucus. Do not feel that you have any role to play in this, any
changes that you feel you need to make?
M. Legault :
First, there were different reasons for
each of them. I have enough experience to see that, in all Governments, we see
some people leaving, for all kinds of reasons. So, I think, still, the number
is very reasonable.
Journaliste
: Merci
beaucoup.
M. Legault : Merci, tout le
monde. Bonne journée!
(Fin à 11 h 44)