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Point de presse de M. François Legault, premier ministre

Version finale

Le jeudi 12 septembre 2024, 11 h 28

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures vingt-sept minutes)

M. Legault : Bonjour, tout le monde. Bien, évidemment, je veux vous parler de la sortie de Youri Chassin. Je connais Youri depuis longtemps, là. Je l'ai connu quand j'étais ministre de l'Éducation. Il était, à ce moment-là, à la FEUQ, à la Fédération étudiante. Il essayait de me convaincre qu'on mette plus d'argent en éducation. Puis on est toujours restés en contact.

Je sais, depuis longtemps, qu'il y a certains points sur lesquels on n'est pas d'accord, mais je sentais, depuis un certain temps, qu'effectivement, là, il y a des choses qui l'achalaient. C'est pour ça que, pas plus tard qu'hier, je l'ai rencontré pendant une demi-heure. La majeure partie de notre rencontre, il a essayé de me convaincre de poser des gestes sur la transparence syndicale. Donc, Youri, c'est un de ses dadas depuis longtemps, il aimerait qu'on force les syndicats à publier leurs états financiers, les détails sur les salaires, puis tout ça. Je lui ai dit... Bon, lui, il considère que ce serait urgent qu'on fasse ça. Moi, je lui ai dit : Ce n'est pas dans mes priorités. Bon.

Ensuite, bien, il m'a dit qu'il trouve que les réformes en santé, ça prend du temps avant d'aboutir. Bon. Puis vous savez que je ne suis pas quelqu'un de patient moi non plus, mais, comme je n'arrête pas de le répéter, la clé, si on veut vraiment changer le réseau de la santé, c'est qu'il faut changer les ententes avec la FIQ, avec les infirmières, avec le syndicat des infirmières, puis changer les ententes avec la FMOQ, donc la Fédération des médecins de famille. Tant qu'on n'aura pas plus de flexibilité pour demander aux infirmières de travailler là où les besoins sont les plus importants, puis ces besoins-là changent continuellement, ça va être difficile d'améliorer de façon importante le réseau de la santé.

Puis, tant qu'on n'aura pas une première ligne forte, ça veut dire qu'il faut convaincre des médecins... Là, je veux être clair, il y a des médecins qui prennent en charge beaucoup de patients, mais il y a des médecins qui ne prennent pas en charge assez de patients. Mais, tant qu'on n'aura pas réglé ça, c'est ça que j'ai essayé d'expliquer à Youri, ça va être difficile de voir des résultats. Donc, je lui ai demandé d'être patient puis je l'ai quand même assuré de dire : Contrairement aux autres gouvernements, on ne baissera pas les bras, on ne va pas, à la dernière minute, dire : O.K., d'abord, la FIQ, O.K., d'abord, la FMOQ, on ne fait pas de changement important. Donc... Bon, peut-être pas satisfait de ma réponse.

Ensuite, on a parlé du déficit. Bon, c'est sûr... Puis, bon, c'est un sujet qui lui tient à cœur. On se souvient, Youri a été à l'IEDM puis il a appuyé des mouvements comme Force Jeunesse, qui parlaient de l'équité entre les générations, l'importance de réduire la dette. Donc, il n'y a personne là, ni Youri ni moi, qui aimons voir le déficit qu'on a actuellement. Mais d'où vient ce déficit? Deux choses. D'abord, on a baissé les impôts, puis je ne regrette pas, je pense, c'était une bonne décision. Puis là-dessus, Youri et moi, on s'entend. Mais l'autre décision importante qu'on a prise en décembre dernier, là, dans le temps de Noël, c'est d'augmenter de façon importante les salaires des infirmières, des enseignants pour couvrir, au moins, l'inflation. Donc, quand vous regardez le plan budgétaire, vous voyez que le changement, essentiellement, dans le déficit, vient des augmentations de salaire qu'on a données. Bon.

On a discuté de ça. Bon. Moi, c'est clair, là, qu'il n'est pas question qu'on coupe dans les services. Donc, ce qu'on fait, c'est : On se donne cinq ans pour revenir graduellement à l'équilibre budgétaire. Donc, on a discuté de ça. Donc, je pense que... Bon, ce que j'ai essayé de dire à Youri, c'est que, moi, je veux avoir une approche équilibrée, pragmatique, responsable. Mais, bon, il a fait le choix de siéger comme indépendant. Évidemment, moi, je suis déçu de sa décision de siéger comme indépendant, parce que j'aime Youri, je le connais depuis longtemps. Depuis six ans, il a souvent contribué à nos réflexions. On s'est souvent vus. Il s'est souvent exprimé au caucus. Donc, je peux juste lui dire : Bien, bonne chance, Youri.

Journaliste : ...compliqué que de... Parce que M. Chassé dit aussi...

M. Legault : Chassin.

Journaliste : ...Chassin, excusez-moi, dit que vous lui avez... lui, il a adhéré à un plan, le plan de la CAQ, il y a six ans, et qu'il ne reconnaît pas ce plan-là actuellement. Est-ce que vous reconnaissez que c'est plus dur à mettre en place que ce que vous croyiez il y a six ans?

M. Legault : Bien, prenons le réseau de la santé, là, parce que c'est là qu'il y a le gros travail à faire. Puis même, Youri est adjoint parlementaire de Christian, donc, c'est un dossier qui est important pour lui. Bon. Est-ce que c'est plus long? C'est long, c'est long. Mais je l'ai dit, là, tu sais, je ne m'attends pas à ce que ça soit réglé avec la FIQ puis la FMOQ avant Noël. Donc, déjà, les conventions sont finies depuis mars 2023, donc c'est long. J'aime mieux avoir une entente négociée, mais c'est long avec la FIQ puis la FMOQ.

Journaliste : Mais, M. Legault, il a dit : Je ne suis pas capable de regarder les électeurs pour leur expliquer pourquoi il n'y a pas encore de résultat. Ça fait que c'est plus large que juste l'histoire de Youri Chassin, vous comprenez?

M. Legault : Oui, bien, je comprends, là, que... Puis, tu sais, d'une certaine façon, moi aussi, j'aimerais ça, puis Christian Dubé aimerait ça que ça soit réglé avec à la FIQ puis avec la FMOQ, puis qu'on soit capables d'avoir un réseau qui est plus efficace, mais, en même temps, en tout cas, à ce moment-ci, là... Puis je n'ai pas l'intention de faire autre chose que de négocier avec la FIQ puis la FMOQ.

Journaliste : Comment allez-vous changer le narratif auprès de vos autres députés qui vivent la même chose que M. Chassin?

M. Legault : Bien, il nous reste deux ans, hein, puis moi, je lui ai demandé d'être patient. Ça ne va peut-être pas aussi vite qu'on voudrait, mais je pense qu'on va y arriver. Puis je vous garantis puis je lui ai garanti qu'on ne baissera pas les bras.

Journaliste : Est-ce qu'il vous a demandé un poste de ministre?

M. Legault : Je veux garder ces conversations-là...

Journaliste : Est-ce qu'il a été déçu de ne pas avoir été ministre?

M. Legault : Vous lui demanderez la question.

Journaliste : Mais, sur la taille de l'État, M. Legault, là, vous devez quand même reconnaître que, sous votre gouvernement, la taille de l'État a énormément augmenté. C'est aussi une des critiques de M. Chassin, mais aussi même de M. Dufour, qu'on a croisé tout à l'heure dans le corridor, il est d'accord avec ça.

M. Legault : Oui. Bien, quand vous regardez l'augmentation des ETC, là, équivalents temps complet, la grande, grande majorité des ajouts, ça a été dans les réseaux de l'éducation puis de la santé.

Journaliste : Même chez les fonctionnaires? C'est le cas des simples fonctionnaires?

M. Legault : Oui, il y en a eu chez les fonctionnaires, dans certains secteurs, mettre en place Internet haute vitesse, des choses comme ça. Mais, je veux dire, le gros, là, j'y vais de mémoire, là, la grande...

Journaliste : ...

M. Legault : Bien, la grande majorité, c'est en éducation puis en santé. Puis il faut comprendre aussi... bon, puis je ne veux pas revenir sur l'immigration, mais il reste que, bon, un, il y a un vieillissement de la population. Deux, le nombre d'immigrants important, on est passé de 300 000 à 600 000 en deux ans, bien, ça met de la pression aussi sur les dépenses, sur les services qu'on doit donner en santé et en éducation. Donc...

Journaliste : ...la CAQ, il n'y aura pas d'autres départs parmi vos... Pourquoi il y a une distance qui s'est créée avec votre caucus...

M. Legault : Je ne pense pas, je ne pense pas, là, puis je sais qu'il y a eu un caucus ce matin, puis on me dit, là, que je n'ai pas à m'inquiéter. Maintenant, Youri, je savais qu'on avait des désaccords. Bon, il ne quitte pas, il reste indépendant, puis il espère qu'on va faire les choses autrement. Bien, moi, ce que je lui dis, c'est : Soyons patients. Les changements qu'il souhaite puis que je souhaite vont se faire en santé, mais ils ne vont peut-être pas se faire aussi vite qu'il souhaiterait.

Journaliste : Vous ne sentez aucune grogne, M. Legault, vous ne sentez aucune grogne? M. Chassin disait ce matin qu'il avait été applaudi à la réunion de caucus prérentrée. Est-ce que vous sentez qu'il y a des députés qui sont d'accord avec lui?

M. Legault : Bien, il y a peut-être une impatience, ça commence par moi, de dire : Écoutez, là, il faut régler avec la FIQ puis la FMOQ, ça presse. O.K.? Et l'autre chose qui est importante aussi, c'est : Il faut ramener l'équilibre budgétaire sur un certain nombre d'années. Donc, ça va demander des efforts. Ce ne sera pas facile. Il nous reste deux ans. Donc, il faut faire nos preuves pendant les deux ans qu'il reste, qu'on est sérieux de réduire le déficit. Ça ne sera pas simple, mais je sens qu'il y a certains députés — je pense que je dirais oui, il a été applaudi par un certain nombre de députés qui souhaitent qu'on réduise le déficit, puis que les changements se fassent plus vite dans le réseau de la santé. Je pense aussi qu'il a certains appuis, Youri, pour poser des gestes dans la transparence syndicale, mais il faut...

Journaliste : ...

M. Legault : Non, mais, il faut... mais laissez-moi finir. Tu sais, ce serait un peu une guerre atomique, à mon avis, demain matin, là, si on disait... Bon, je ne dis pas que je suis nécessairement contre, mais il faut choisir ses batailles. Puis, actuellement, les batailles que je choisis, c'est avec la FIQ puis la FMOQ, ce n'est pas d'aller dans la transparence syndicale.

Journaliste : Qu'allez-vous offrir à ces quelques députés qui souhaitent justement ces genres de mesures là plus musclées?

M. Legault : Bien là, on parle des endroits où il y a peut-être des petits différends, je dirais même, sur l'apparence plus que sur le fond, parce que moi, je veux que ça change en santé, je veux retrouver l'équilibre budgétaire. Mais, sur la majorité des dossiers, je pense que les députés sont à la même place que moi, tu sais. Je le disais la semaine passée, les députés disent : On ne baissera pas les bras devant la FIQ puis la FMOQ, là, c'est unanime. Le projet, avec Hydro-Québec, c'est important. Réduire le nombre d'immigrants pour sauver le français à Montréal, c'est important. Donc, il y a plein de dossiers sur lesquels on a un grand, grand consensus, si ce n'est pas l'unanimité. Sur les réformes en santé, sur l'équilibre budgétaire, bien, il y en a qui voudraient peut-être qu'on aille plus vite.

Journaliste : Mais on ne sent pas que ce départ-là vous fait remettre en question, là, on ne sent pas ça, là.

M. Legault : Je ne sens pas non plus que le caucus veut qu'on remette en question nos priorités puis notre plan de match.

Journaliste : ...un autre député, M. Legault. Est-ce que vous êtes capables de prendre le pouls de votre caucus...

La Modératrice : En anglais, s'il vous plaît. On va passer en anglais.

Journaliste : ...est-ce que vous avez le pouls de votre caucus?

M. Legault : Oui, oui, j'ai le pouls de mon caucus, puis ça va très bien.

La Modératrice : En anglais. S'il vous plaît, on passe en anglais.

Journaliste : So, what do you say to your MNAs that are thinking the same way than Mr. Chassin? You don't want another MNA to resign.

M. Legault : O.K. First, I wasn't surprised of what Youri said this morning, because I know him since a long time. We had many discussions, including yesterday. I would say that there are two major subjects that, maybe, we don't see the same way. First, the reform in the health care network. Youri thinks that we're not going fast enough, but, of course, we need to negotiate with unions of nurses and doctors, and it's not easy, so... Me, also, I think that it's not going fast enough, but I think we need to be patient.

On the second subject, regarding the deficit, I don't like to see the deficit we have, but we made two important choices, decrease income taxes, and, on that, Youri and myself, we agree. And we've increased, by a big percentage, salaries to nurses, to teachers. We did that around Christmas last year. And of course, it causes a larger deficit. And I think the more responsible position is to come back and erase this deficit over five years, but Youri would like that we do that faster.

Journaliste : Mr. Chassin is not the only one thinking that way. What do you say to make sure that you retain your MNAs in your caucus?

M. Legault : OK. First, I feel that I have the support of my caucus, all right, and there was one this morning, and I think that they still support me, all of them.

Journaliste : He talks about a malaise among other MNAs that, also, are unhappy about the deficit, in various... Do you think you can control all of that dissent or all of that disappointment in the caucus?

M. Legault : An ideal situation is fun, but, in practice, we need to be pragmatic, we need to be realist... realistic, right? I would like that negotiations with the FIQ and the FMOQ go faster, but you see them, they resist to the flexibility we're asking for. And regarding the deficit, I would like to see a lower deficit, but I think I don't want to cut services and I don't want to increase income taxes. So, I think we need to take a responsible approach over five years. Maybe some, like Youri, would like that we go faster, but, at the same time, when I ask them: All right, which expense would you cut? They have no answer.

Journaliste : But M. Chassin is the fourth MNA to leave your caucus. Do not feel that you have any role to play in this, any changes that you feel you need to make?

M. Legault : First, there were different reasons for each of them. I have enough experience to see that, in all Governments, we see some people leaving, for all kinds of reasons. So, I think, still, the number is very reasonable.

Journaliste : Merci beaucoup.

M. Legault : Merci, tout le monde. Bonne journée!

(Fin à 11 h 44)

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