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Conférence de presse de Mme Chantal Rouleau, ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire

Version finale

Le mercredi 11 septembre 2024, 11 h 15

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Onze heures vingt-sept minutes)

Mme Rouleau : Alors, bonjour. Bonjour à tous, à toutes. Merci beaucoup pour votre présence aujourd'hui.

Comme vous le savez, j'ai présenté tout à l'heure le projet de loi n° 71, qui vise à améliorer l'accompagnement des personnes et simplifier la vie des gens.

C'est... En fait, modifier un régime d'assistance sociale, ce n'est vraiment pas un exercice qui doit se faire à la légère. Si les personnes doivent bénéficier de l'assistance sociale, c'est qu'elles vivent des situations qui sont éprouvantes, qui sont difficiles. Alors, le régime d'assistance sociale assure un niveau de dignité à nos concitoyens et doit les sortir... les aider à sortir de ces situations qui sont problématiques.

Avec ce projet de loi, on veut accompagner davantage les prestataires pour, justement, les aider à surmonter les obstacles qui entravent leur intégration à l'emploi et leur participation sociale. On propose de passer d'un régime punitif à un régime plus humain, plus simple et plus propice à un retour vers l'emploi. Différents volets du régime ne correspondent plus à la réalité d'aujourd'hui, et nous avons l'intention d'y remédier.

Les dernières modifications majeures au programme datent d'il y a 20 ans. La réalité de l'époque était tout autre. En 2004, il était encore permis de fumer dans les bars et les restaurants, le Régime québécois d'assurance parentale n'était pas encore offert et le salaire minimum était à 7,45 $. C'est pour dire que le Québec a bien changé depuis. Le taux de chômage, qui avoisinait les 9 %, est maintenant à un peu plus de 5 %. Au premier trimestre de 2024, il y avait plus de 35 000 postes disponibles n'exigeant aucune scolarité minimale, ça signifie que des emplois sont donc disponibles pour les personnes prestataires que nous voulons remettre en mouvement.

Au fil du temps, malgré certains ajustements au régime, notamment la création du programme Objectif emploi en 2018 ou le Programme de revenu de base qui a été mis en place le 1er janvier 2023, le régime d'assistance sociale est demeuré essentiellement le même pour la majorité des prestataires : un régime qui est lourd, complexe, qui n'est plus adapté à la réalité d'aujourd'hui.

Depuis 20 ans, le portrait des prestataires a aussi évolué. De près de 400 000 adultes en 2004 sur le Programme d'assistance sociale, ils sont maintenant autour de 233 000, un peu moins de 233 000 personnes aujourd'hui, en excluant les demandeurs d'asile qui sont du nombre de 56 000 en ce moment, alors qu'en 2004 ils étaient 7 000. On a un peu plus de 30 % des prestataires qui n'ont pas de contraintes à l'emploi. Et, en général, les prestataires sont moins nombreux, mais plusieurs d'entre eux doivent relever des défis plus importants, notamment liés à la santé mentale. Ça signifie que des personnes ont besoin d'un meilleur accompagnement, d'un soutien accru et d'encouragements pour se mettre en mouvement.

L'assistance sociale, c'est là pour aider, mais ce n'est pas un projet de vie. Et ce projet de loi est au cœur de tous mes efforts pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale. C'est ce projet de loi qui donne toute la consistance au plan de lutte que j'ai déposé en juin dernier.

En modernisant le régime, on veut améliorer l'accompagnement des personnes éloignées du marché du travail. On propose de le faire en accordant le droit à tout prestataire à un plan d'intervention individualisé. On veut favoriser l'arrimage entre les différents services pour la mise en place de réseaux régionaux d'accompagnement, ceux-ci mettront à profit l'expertise des organismes locaux. Nous voulons aider les personnes à stabiliser les différentes sphères de leur vie et évoluer dans un environnement plus digne, plus sain. Notre volonté, c'est de créer un volet participation sociale au Programme d'aide et d'accompagnement social qu'on appelle le PAAS. Ce volet favoriserait la participation sociale des prestataires qui présentent des défis de socialisation et qui créent des barrières à l'employabilité.

On a aussi l'intention de remplacer les notions de contraintes à l'emploi par des notions de contraintes de santé. Par exemple, en ce moment, avoir 58 ans, c'est une contrainte à l'emploi. Notre objectif, c'est de centrer les interventions sur la condition de la personne plutôt que sur la capacité de travail. Pour y parvenir, nous voulons reconnaître l'expertise d'autres professionnels de la santé et des services sociaux. Nous souhaitons notamment mieux tenir compte non seulement des contraintes de nature médicale mais également améliorer la reconnaissance des contraintes de nature psychosociale. Il est clair que par l'emploi, on améliore ses conditions économiques. Pour favoriser l'intégration en emploi, nous proposons d'ouvrir le programme Objectif emploi aux personnes qui demandent à nouveau l'aide financière de dernier recours. Présentement, ce programme est réservé aux personnes qui présentent une première demande. Objectif emploi est également assorti d'une aide financière plus importante et d'un accompagnement pour encourager les personnes à se mettre en mouvement.

L'un des défis aussi que l'on rencontre avec nos prestataires, c'est celui d'obtenir un diplôme d'études secondaires. Je rappelle que près de 42 %, là, près... autour de 40 % des prestataires sont sans diplôme. Pour encourager la diplomation, nous prévoyons instaurer un rappel... un supplément, pardon, pour les études menant à l'obtention d'un diplôme d'études secondaires et une prime à la diplomation.

En simplifiant le régime, on espère aussi le rendre plus humain. Nous souhaitons verser directement à chaque conjoint la part de la prestation de la famille qui lui revient. Un adulte, un chèque. De façon à favoriser l'autonomie et éviter des situations de codépendance et même parfois de violence. Pour aider les jeunes adultes qui sortent des centres de jeunesse ou d'un cadre familial difficile, nous proposons d'abolir la contribution parentale dans le calcul de leurs prestations lorsqu'ils ne vivent plus ensemble avec leurs parents.

Le régime est complexe et les personnes qui en bénéficient peuvent rencontrer des problèmes de littératie ou de numératie qui font en sorte qu'elles n'ont pas bien compris ce qui leur est demandé comme information. Nous ne voulons pas que les gens s'appauvrissent parce qu'ils ont involontairement commis une erreur. Le surendettement peut être un obstacle à la mise en mouvement de ces prestataires. C'est pourquoi nous suggérons de revoir la définition de la fausse déclaration pour que le caractère intentionnel soit clairement démontré. Nous suggérons aussi de réduire de 15 à cinq ans la période pouvant être réclamée en cas de fausse déclaration.

Cette modernisation passe impérativement par la simplification des programmes. Entre autres mesures, nous allons fusionner le Programme d'aide sociale et le Programme de solidarité sociale pour créer le programme d'aide financière de dernier recours.

Alors, ceci résume les avancées importantes que nous proposons. Et ces mesures, cette modernisation est au cœur de mon plan de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale. Avec ce projet de loi, nous voulons soutenir et accompagner les personnes pour qu'elles puissent vivre dans la dignité et contribuer pleinement à la société à la hauteur de leurs capacités. Je vous remercie.

La Modératrice : Merci, Mme Rouleau. On va commencer la période de questions. Patrick Bellerose, Le Journal de Montréal.

Journaliste : Oui. Bonjour à tous. Bonjour, Mme Rouleau. Vous dites qu'on élargit l'accès à Objectif emploi, mais, dans le fond, ce sera une obligation pour les gens qui reviennent dans le programme d'assistance sociale de participer à Objectif emploi. J'en comprends... dans le fond, vous allez dans le même sens que le ministre Hamad à l'époque, qui avait été très critiqué. Pourquoi avoir fait ce choix?

Mme Rouleau : Bien, ce qui permet de sortir de la pauvreté, c'est l'emploi. Toute la littérature, toutes les... les recherches, toutes les rencontres que j'ai faites, c'est clair : sortir de la pauvreté, c'est par l'emploi. C'est là qu'on peut améliorer sa condition économique, ses conditions de vie.

Le programme Objectif emploi, il est performant, il fonctionne très bien. Alors, en ce moment, il fonctionne pour les personnes qui font la demande une première fois. On l'ouvre, parce que ça permet à des gens qui... qui ont quitté l'aide sociale, mais qui reviennent parce que le... ils ont subi des... un coup dur, ils reviennent une deuxième fois, ils pourront avoir accès.

Et ce que ça permet, c'est d'améliorer le niveau de... le niveau de revenus. Avec Objectif emploi, on peut aller chercher 325 $ à 475 $ par semaine. Alors, c'est quelque chose d'assez important qui va permettre d'intégrer des personnes qui sont arrivées à l'aide sociale — qui est une aide de dernier recours — de les intégrer à l'emploi. Ils ont droit à une formation, ils ont droit à un accompagnement, ils ont... Et on les... on les accompagne tellement bien qu'il y a un taux de réussite assez... assez important, là, on parle de 90 %, 95 % de... de réussite.

Journaliste : Quand on dit réussite, ça veut dire que...

Mme Rouleau : De gens qui...

Journaliste : ...90 % des gens...

Mme Rouleau : ...qui vont... qui viennent en emploi, qui vont suivre toute la formation. Et puis il y aura un taux de rétention de 70 % environ?

M. Gauthier (Francis) : En fait, en fait, si je peux me permettre...

Mme Rouleau : Je suis accompagné de...

M. Gauthier (Francis) : Francis Gauthier, sous-ministre adjoint.

Mme Rouleau : Francis Gauthier, sous-ministre adjoint à la Solidarité sociale.

M. Gauthier (Francis) : En fait, le... par rapport à un participant à une mesure d'emploi qui n'est pas dans Objectif emploi, le fait de participer à Objectif emploi permet au participant d'obtenir plus rapidement un emploi et un meilleur emploi sur le plan de la rémunération, ce qui... En moyenne, ils vont avoir un emploi qui est davantage... qui est mieux rémunéré que quelqu'un qui n'a pas passé par le programme Objectif emploi.

Journaliste : Donc, c'est bien 90 % des participants qui terminent avec un emploi?

Mme Rouleau : Bien, qui vont...

M. Gauthier (Francis) : En fait, on n'est plus... on n'est plus autour de 60 %, dans le fond...

Mme Rouleau : Qui vont avoir l'emploi, mais ils vont faire la formation, ils vont s'intégrer, puis ils vont participer, et il y aura un 60 %, 60 quelques pour cent, là, qui vont... qui vont garder cet emploi-là pendant... un bon bout de temps. Alors, c'est une... c'est une...

Il ne faut pas oublier que, les prestataires de l'aide sociale, là, la moitié des prestataires n'ont pas ou peu d'expérience de travail aussi. Alors, on a un... on a un enjeu pas beaucoup d'expérience de travail, on a un enjeu pas de diplôme d'études secondaires, là, c'est 40 %, 42 % des prestataires qui n'ont pas terminé leur... leur secondaire. Et ils sont... comparé à ce qu'on a connu il y a 20 ans, lorsque la loi avait été mise en place, ils sont plus éloignés du marché du travail. Ils ont donc besoin d'accompagnement, ils ont besoin qu'on puisse faire en sorte, là, qu'ils reprennent confiance en eux. Et c'est pour ça qu'on a différents programmes.

Il y a Objectif emploi, c'est... c'est l'emploi comme tel qu'ils vont obtenir. Et il y a le Programme d'aide et d'accompagnement social, le PASS, qui va leur permettre, avec le nouveau volet qu'on ouvre, là, de... de participation sociale, de... C'est de la pré pré employabilité. Et ça, c'est... Dans toute la tournée que j'ai faite à travers le Québec, parce que j'ai... je suis allée partout, dans toutes les régions, milieu rural, milieu urbain, j'ai rencontré des... plusieurs centaines de personnes, et d'organismes, et des personnes qui sont en... qui sont des prestataires d'aide sociale. C'est le message, c'est le message clé : l'accompagnement. Il faut veiller à ce que... Il faut les accompagner pour les aider à mieux s'insérer dans la société. Et je n'ai pas rencontré personne, dans aucune région du Québec, aucun prestataire qui m'a dit : Bien, moi, je veux rester chez nous à ne rien faire, là. Il n'y a personne qui dit ça, tout le monde veut contribuer, mais il faut qu'ils puissent le faire à la hauteur de leurs moyens, puis on veut leur donner ces moyens-là par cette nouvelle loi.

La Modératrice : Isabelle Porter, Le Devoir.

Journaliste : Oui. Bonjour. En fait, je suis un peu surprise parce que vous... Tout à l'heure, pendant le briefing, on nous a expliqué que, n'eut été des demandeurs d'asile, dans le fond, tu sais, il y aurait une baisse de 40 %, là, des prestataires de l'aide sociale en 20 ans. Puis on comprend que c'est un nouveau facteur quand même... qui est important, sauf qu'il n'y a aucune mesure qui cible les demandeurs d'asile dans le projet de loi. Je voudrais savoir pourquoi.

Mme Rouleau : Bien, c'est vrai que les demandeurs d'asile ont pris beaucoup, beaucoup de place — parce qu'on est accueillants — et, lorsqu'ils arrivent — puis on veut l'être, là, c'est notre... dans notre nature — ils arrivent et il y a certaines personnes, là, il y a un certain nombre des demandeurs d'asile qui ont besoin de... de ce soutien, de cette aide de dernier recours. Alors, on les accueille, ils embarquent.

Pour travailler, ils ont besoin de leur permis de travail, et, pour avoir ce permis de travail, bien, il faut que le gouvernement fédéral leur donne le permis de travail. Alors, c'est ça qui crée des délais, mais c'est... ça demeure une main-d'oeuvre qui est... qui est disponible. Ils n'arrivent pas ici pour dire : Je veux un chèque d'assurance sociale. Ils arrivent pour dire : Je veux... je veux améliorer ma vie puis je veux travailler au Québec. Alors, il y a... À partir du moment où ils ont le permis de travail, ils sont... ils sont bien accompagnés aussi pour... pour obtenir un emploi.

Journaliste : Donc, il n'y avait comme rien à faire sur le plan législatif, c'est un peu ça, votre point?

Mme Rouleau : Bien, ils sont... ils sont, en fait, sur l'aide sociale environ 11 mois, là, le temps d'obtenir les... les permis adéquats. On voudrait que ce temps se... soit réduit parce qu'ils sont nombreux, de plus en plus nombreux, ils arrivent... Et ça a tout un impact, là, sur l'ensemble de... de nos... de notre offre sociale, ça a un impact sur les organismes communautaires, ça a un impact sur nos écoles, ça a un impact partout. Alors, il faut... C'est un enjeu qui est... qui est travaillé par notre actuel ministre de l'Immigration avec le gouvernement fédéral, mais, pour nous, c'est... J'appuie toutes les démarches du ministre de l'Immigration.

Journaliste : Puis, sur un autre sujet, ça fait des années que les groupes qui interviennent auprès de ces personnes-là réclament une espèce de mesure... ils appelaient ça la mesure Saint-Valentin, là, parce qu'on dit que, dans le fond, le régime tel qu'il est, en fait, désavantage les... les amoureux, les gens qui habitent ensemble puis qui sont sur l'aide sociale. C'est comme si, dans le fond, on les encourageait à ne pas habiter ensemble parce qu'ils sont pénalisés financièrement. Puis je vois que vous avez fait le choix de ne pas leur accorder d'accommodements majeurs, à part pour les aidants naturels, les proches aidants, là. Est-ce que c'est possible de nous expliquer pourquoi?

Mme Rouleau : Mais il y a un geste majeur qui est posé avec l'individualisation des chèques. C'est une personne, un chèque. Mais un couple, un couple reconnu, un milieu familial, par la loi, par l'ensemble de nos régimes, le couple se doit mutuellement assistance. Et il est reconnu qu'il y a certaines économies d'échelle lorsqu'on vit à deux, ensemble. La livre de beurre, si je prends l'exemple, elle va coûter la moitié pour chacun, alors que la personne seule... pour la personne seule, le coût de la vie va être plus élevé. Alors, c'est très lié à la loi et à nos règles maritales.

La Modératrice : Louis Lacroix, Cogeco.

Journaliste : Bonjour. Malheureusement, je n'avais pas la chance de pouvoir assister au briefing technique parce que je suis tout seul dans la vie. Je ne veux pas faire pitié, là.

Mais juste au niveau de l'emploi, par exemple, là, vous avez dit tout à l'heure qu'il n'y a personne qui vous a dit : Bien, moi, je suis sur l'aide sociale puis je veux y rester, là. Mais, dans le cas d'une personne qui ne voudrait pas, absolument pas, là, se trouver un emploi, ou qui serait réfractaire à se trouver un emploi, ou quoi que ce soit, qu'est ce qui arrive avec ses prestations d'assurance sociale... ou d'assistance sociale, pardon?

Mme Rouleau : Bien, une personne qui ne veut absolument pas participer à aucun programme, aucune ressource qu'on lui propose, aura le minimum qui est... qui existe, là, dans... dans l'aide sociale, ce sera le...

Une voix : ...

Mme Rouleau : ...la prestation de base et point. Mais aussitôt qu'il y a une... une volonté de... de mieux s'intégrer, de participer... Et là, ce qu'on vient d'ajouter, ce n'est pas... Bon. L'emploi, c'est primordial, il faut aller vers l'emploi, mais ce qu'on constate, c'est qu'il y a un décalage entre certains prestataires et le marché de l'emploi. Et ce qu'on... ce qu'on vient confirmer, c'est d'intégrer ces personnes-là dans la participation sociale, ce qui n'existait pas. Ce qu'on fait aussi, c'est en... en identifiant maintenant les contraintes — non pas contraintes à l'emploi, mais contraintes de santé — on ajoute, on... disons qu'on... on considère, là, que la santé mentale, c'est important et que les enjeux psychosociaux sont importants. Alors là, on met en place des ressources pour aider ces gens à être mieux accompagnés, pour aller vers la participation sociale, vers l'intégration, vers... à l'emploi.

Journaliste : Alors, juste pour poursuivre avec... avec l'exemple, la... la prestation de base, elle est de combien versus une personne qui... qui est... qui est impliquée, par exemple, dans les programmes de retour à l'emploi? C'est quoi la différence qu'il reçoit sur le chèque?

Mme Rouleau : Bien, par exemple, la prestation de base, c'est 807 $ par mois...

Journaliste : 817 $?

Mme Rouleau : 807 $. 807 $. Mais s'ajoute à ça des prestations, si la personne a une...

Une voix : ...

Mme Rouleau : Oui, contrainte, bien, aujourd'hui de l'emploi, mais bientôt de santé. Si elle va, par exemple, dans Objectif emploi, bien, c'est 325 $ à 475 $ par semaine de plus que cette personne-là aura.

Journaliste : Ma deuxième question, ce serait...

Mme Rouleau : Et puis ce qu'on favorise aussi, c'est la formation. Et ça, aussi, c'est très important, sachant qu'il y a un taux de... Les gens sans diplôme, là, sont quand même assez nombreux, mais on veut les encourager à aller chercher leur diplôme d'études secondaires.

Journaliste : Vous avez parlé tout à l'heure des... des demandeurs d'asile. Et ça coûte combien au système? De base, là, vous avez dit qu'ils sont, en moyenne, autour de 10 mois, là, sur... sur l'aide sociale. Ça coûte combien, par année, au système?

Mme Rouleau : Bien, par mois, c'est environ 50 millions de dollars de plus.

La Modératrice : Caroline Plante, La Presse canadienne.

Journaliste : Bonjour, Mme Rouleau. Est-ce qu'il va y avoir des nouvelles embauches pour mieux accompagner toutes ces personnes?

Mme Rouleau : Il n'y a pas de nouvelles embauches et tout le... tout ça se passe dans un cadre financier qui est... qui est déjà prévu au sein du ministère. Le fait de fusionner des programmes... vont libérer les ressources qui vont pouvoir être plus attachées, disons, à l'accompagnement. Parce que de fusionner va... va éliminer une certaine bureaucratie, va permettre de revoir les formulaires. Puis il y a tout un exercice, là, qui va se faire, là, pour réduire les... les enjeux administratifs actuels. Ça fait qu'il n'y a pas de nouvelles embauches, on garde... on garde notre monde, puis il va y avoir des... des déplacements. Et on va... on va être plus... Ce sera plus simple, ce sera plus simple pour... pour les gens, beaucoup plus simples pour les gens. Puis ça va être avantageux aussi pour les... les employés.

Parce que, dans ma tournée, si je peux me permettre, dans la tournée que j'ai faite, j'ai aussi rencontré les employés des bureaux de Services Québec. Je suis allée dans à peu près tous les bureaux rencontrer les gens qui sont souvent en première ligne, là, puis qui reçoivent les gens qui viennent demander l'aide de dernier recours. Puis j'ai bien entendu ce qu'ils... leurs préoccupations. Alors, une très large partie du... du projet de loi est basée sur cette écoute-là auprès de nos employés mais aussi auprès des personnes qui vivent avec la... des situations de précarité.

Journaliste : Mais on peut s'interroger sur les coûts de ce que vous présentez aujourd'hui, quand même, parce qu'on a l'impression que vous ouvrez, là, vous ouvrez les programmes, qu'il y a des prestataires qui vont s'ajouter, notamment ceux qui vont... dont les... les problèmes ou les enjeux psychosociaux vont être reconnus. Alors, comment est-ce que vous pouvez affirmer qu'il n'y aura pas de coûts supplémentaires?

Mme Rouleau : Parce que l'exercice a été fait de manière extrêmement rigoureuse pour avoir un cadre financier qui ne... où il n'y aurait pas de... de coûts supplémentaires. Ça fait qu'on... en fait, on... avec ce projet de loi, on amène de nouvelles dimensions : la santé mentale, les enjeux psychosociaux. On fusionne des programmes. Alors, il y a certains... à certains endroits, on va réduire des coûts, à d'autres places, il y a une petite... une petite augmentation, mais, au final, c'est... il n'y a pas de coûts supplémentaires. C'est une réorganisation importante au sein d'un ministère qui est... qui a une fonction des plus importantes.

Journaliste : Si je peux me permettre une troisième question, est-ce que vous pourriez, s'il vous plaît, élaborer sur le nouveau défi que représentent les enjeux de santé mentale? Ça semble être quand même assez nouveau, là.

Mme Rouleau : Bien, c'est quelque chose qu'on voit depuis quelques années, là, on n'en parlait pas avant. Peut-être que c'était tabou avant. Puis le fait... Je pense que la pandémie a eu un effet certain, là, sur la santé mentale, puis ça, j'en ai beaucoup entendu parler. Alors, de reconnaître, ce qui n'était pas le cas dans le régime... l'ancien régime, disons, on reconnaissait avec peine les enjeux de santé mentale. Là, on aura... on fait appel à des professionnels de la santé, pas seulement que le médecin, mais des professionnels de la santé qui pourront déterminer ces... ces problématiques de santé mentale.

Journaliste : Puis leur parole va avoir le même poids que celle du médecin?

Mme Rouleau : Oui. Ils pourront faire le diagnostic, puis ce sera déterminé dans le cadre du règlement qui va suivre, là, l'approbation de... l'adoption de cette loi.

Journaliste : Juste une précision, je me permets, par rapport à ce règlement-là, est-ce que vous avez un enjeu avec le projet de loi de Mme LeBel? Est-ce que vous devez attendre qu'un... Ce n'est pas du tout en même temps?

Mme Rouleau : Non. Bien, on suit... Évidemment le projet de loi, on... Je suis heureuse qu'elle ait pu mettre de l'avant ce projet de loi parce qu'on va s'en servir, là, évidemment, de ce projet de loi qui... qui permet...

Journaliste : Mais vous pouvez aller de l'avant, même s'il n'est pas adopté, par exemple, là?

Mme Rouleau : Bien, elle va sans doute l'adopter prochainement. Et puis... et puis le... l'identification des professionnels sera dans le règlement qui va suivre l'adoption du projet de loi. D'ici là, bien, Mme LeBel aura sans aucun doute adopté son projet, fait adopter son projet de loi.

La Modératrice : Valérie Gamache, Radio-Canada.

Journaliste : Bonjour, Mme Rouleau. Je reviens sur l'argent, le 3,3 milliards que coûte le programme. Avez-vous un exemple de programmes, justement, qui seront fusionnés pour faire en sorte qu'il n'y ait pas de dépassement de coûts, là, que vous n'ayez pas à rajouter d'argent dans le programme d'assurance sociale?

Mme Rouleau : Exemples de programmes d'autres...

Journaliste : Vous dites, oui, qu'il y a des programmes qui vont être fusionnés, là.

Mme Rouleau : Là, on fusionne l'assistance sociale et solidarité sociale.

Journaliste : O.K., mais dans... En fait, ma question, c'est dans... Vous avez répondu à ma collègue que, dans le régime, il y a... par exemple, il y a certains programmes qui seront fusionnés. Et avez-vous un exemple de programme qui sera fusionné pour, justement, qu'on ne déborde pas, là?

Mme Rouleau : Alors, très précisément, le Programme d'assistance sociale et le Programme de solidarité sociale vont être fusionnés pour devenir le programme d'aide financière de dernier recours. Ce qui fait qu'on réduit la bureaucratie, on réduit les... les... certains enjeux de fonction publique. On va réduire des... des enjeux pour les prestataires. Est-ce que je vais dans assistance sociale? Est-ce que je vais dans solidarité sociale? C'est compliqué. Puis il faut répondre à une série de questions, cocher la bonne case, et puis... Alors là, ce sera un seul programme.

Journaliste : Et, quand vous parlez de diplomation, il y aura une prime à la diplomation? C'est un peu comme ça que vous le voyez. Puis, en fait, quels objectifs vous avez? Vous dites : Bon, il y a 40 % des gens qui n'ont pas leur... leur diplôme. Quels objectifs vous avez par rapport à ça?

Mme Rouleau : Bien, c'est la formation, c'est la diplomation, c'est de faire en sorte que ces personnes qui n'ont pas aucun diplôme en obtiennent un parce que c'est la base de tout. Ce qu'on... Tu sais, on mise beaucoup sur l'éducation, là, dans notre gouvernement, et là on voit qu'il y a une proportion de la population qui est sur l'aide sociale qui n'a aucun diplôme. Ils ont des enjeux. Alors, là-dedans, on a des personnes qui sont intéressées à l'obtenir, leur diplôme. Ça va leur permettre d'améliorer leurs conditions de vie. Ils vont... ils vont améliorer leur... l'accès à un emploi mieux rémunéré, etc. Alors, on va... on veut les encourager à faire leurs études. Il y aura une prestation pour le temps qu'ils font leurs études et un bonus à la diplomation parce qu'il faut se rendre jusque... jusqu'au bout.

Journaliste : Il est de combien, ce bonus-là? Est-ce qu'il est déjà déterminé?

Mme Rouleau : Ce n'est pas déterminé encore. On pourra le déterminer... Ce n'est pas déterminé?

Une voix : ...

La Modératrice : Mme Rouleau doit se rendre au Conseil des ministres, donc il y avait une précision — Isabelle — puis moi, j'ai une mini question ensuite... par la suite.

Journaliste : Je veux juste savoir, est-ce qu'il y a un lien à faire entre les mesures puis la crise de l'itinérance?

Mme Rouleau : Bien, il y a de nombreuses personnes qui sont en situation d'itinérance qui sont des prestataires d'aide sociale, alors ça va nous permettre aussi d'aller... de mieux les accompagner, d'aller les chercher. C'est un travail conjoint qui se fait avec mon collègue Lionel Carmant. Et on parle des mêmes personnes, là, lui et moi, souvent. Alors, on a... on a des... des intentions de... d'établir, là, des plans d'action ensemble pour ça. Mais ça, oui, ça va aider les personnes qui sont en situation d'itinérance.

Journaliste : Fanny Lévesque, La Presse. Je voulais revenir sur la notion de dépenses. Dans le fond, est-ce qu'on comprend qu'il y a des programmes actuels qui ne sont pas pleinement utilisés, qu'on a un peu de marge de manœuvre là-dedans ou...

Mme Rouleau : Bien, quand je parle d'Objectif emploi, c'est que ça s'adresse aujourd'hui aux personnes qui font une demande pour une première fois, les... qu'on appelle les primodemandeurs, là. Et là... Et ça fonctionne, mais on sait qu'on pourrait... en élargissant, on va aller chercher plus de personnes qui vont... qui pourront avoir accès à ce programme, améliorer leurs... leurs prestations et, en fait, améliorer leur condition économique, parce qu'ils embarquent dans tout le processus d'emploi.

Journaliste : Mais dans le contexte où vous dites qu'il y a 40... les demandes ont chuté de 40 %, est-ce qu'il y a...

Mme Rouleau : Depuis 20 ans.

Journaliste : Est-ce qu'on laissait de l'argent sur la table? C'est ça, ma question. Parce que vous élargissez beaucoup. Je comprends que vous allez...

Mme Rouleau : On ne laisse pas tellement d'argent sur la table en... en solidarité sociale.

Journaliste : Oui, mais je comprends que vous allez fusionner certains services. Mais, vraiment, vous êtes convaincue qu'on va, malgré ça, arriver à maintenir le cadre actuel budgétaire?

Mme Rouleau : Oui, on va maintenir le cadre actuel qu'on a... qu'on a planifié et on va... Notre objectif, là, parce que le projet de loi fait partie du plan de lutte à la pauvreté et à l'exclusion sociale, notre objectif, c'est d'aller chercher 50 000 personnes et de les amener vers l'emploi.

Journaliste : ...on parlait de projet pilote. Avec vos projets pilotes, est-ce que vous allez tester le revenu minimum garanti?

Mme Rouleau : Avec le projet pilote, on va tester certaines... certaines choses, mais je ne peux pas vous dire que ce sera ça, précisément, là, mais on va tester des... des façons de faire, on va tester au niveau de certaines clientèles qu'on peut... qu'on peut aider parce qu'elles sont plus marginalisées, disons.

La Modératrice : Parfait. C'est ce qui met fin à la conférence de presse. Merci, tout le monde.

Mme Rouleau : Merci.

(Fin à 11 h 59)


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