(Huit heures vingt-deux minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour,
tout le monde. Content d'être de retour devant vous ce matin avec mon collègue
Haroun, qui, comme vous le savez, est responsable en énergie chez nous.
D'abord, quelques mots pour dire qu'on est
assez fiers, à Québec solidaire, du débat qui est en train de s'enclencher au
Québec sur l'alimentation scolaire. C'est une proposition qu'on a... qu'on
martèle depuis plusieurs mois maintenant. On commence tranquillement à en
parler de plus en plus. Il y a des chroniques presque à chaque matin sur cette
question-là. Nous, on veut que le débat se poursuive. Il y a un enfant sur cinq
au Québec, un enfant sur cinq sur les bancs d'école qui ne mange pas à sa faim.
C'est inacceptable dans une société aussi prospère que le Québec, on n'a pas le
droit d'accepter ça.
On en a parlé hier, je vous en parle
aujourd'hui et, je vous vends tout de suite le punch, on va continuer à en
parler pour créer le plus large consensus politique possible autour de cette
question-là. Il y a déjà plein d'organisations dans la société civile qui sont
en campagne pour un programme universel d'alimentation scolaire. On va
continuer à se battre avec eux autres.
Et ce matin on va poser un premier geste.
On va chercher à générer un premier consensus pour faire un pas dans la bonne
direction. On va déposer une motion qui va chercher à rassembler l'ensemble des
partis politiques pour qu'on rapatrie au Québec les dizaines de millions de
dollars qui dorment à Ottawa suite aux annonces du dernier budget fédéral.
Vous vous rappelez que M. Trudeau
avait annoncé 1 milliard sur cinq ans pour l'alimentation scolaire.
Terre-Neuve a eu une entente avec M. Trudeau dans les derniers jours. Il
faut, au Québec, obtenir le plus vite possible le rapatriement sans condition
de ces fonds-là. Et, bien sûr, à Québec solidaire, on souhaite que tout le
monde s'entende pour qu'on investisse cet argent-là en alimentation scolaire.
L'éducation, c'est une compétence
exclusive du Québec. On a adopté l'année dernière une motion où tous les partis
politiques s'entendaient pour mettre fin à la faim dans nos écoles. Donc, nous,
on s'attend à ce que les autres partis acceptent notre main tendue et que l'Assemblée
nationale parle d'une seule voix pour dire à Justin Trudeau : Donnez-nous
cet argent-là sans condition. Nous, ici, on va l'investir pour améliorer le
bilan d'insécurité alimentaire dans les écoles du Québec.
M. Bouazzi : Moi, je vais
vous parler, sans surprise, du projet de loi n° 69. Hier soir, vous avez
probablement entendu parler de chats. Bien, hier, M. Sabia nous a sorti un
chat de son sac. Il nous a dit ce qu'on savait, évidemment, depuis longtemps, c'est
que M. Fitzgibbon a distribué des mégawatts aux multinationales étrangères
et pas aux industries locales, aux PME locales, et pas pour la décarbonation de
notre économie.
C'est quelque chose qu'on voyait venir
depuis longtemps. La P.D.G., rappelez-vous... on va faire la genèse,
rapidement, là, la P.D.G. d'Hydro-Québec, à l'époque, Sophie Brochu, avait dit
à peu près la même chose en disant qu'il ne fallait pas transformer le Québec
en Dollarama de l'économie. La première chose qu'a faite le ministre
démissionnaire Fitzgibbon, c'était le projet de loi n° 2 où il s'est donné
des droits absolument énormes de distribuer des mégawatts sans aucun
contre-pouvoir, sans critère public, sans... tout seul, là, de son... du haut
de son... de sa grosse puissance, il a distribué 2 500 mégawatts, l'équivalent
de deux fois La Romaine. On se rend compte, ça a pris 11 ans à construire La
Romaine. Et puis ensuite, bien, il est tout simplement parti.
On a aussi eu un spécialiste hier, M. Pineau,
qui nous a dit que les chances qu'Hydro-Québec, en 26 ans, construise ce
qu'elle a mis sur papier étaient exactement de zéro.
On voit que le débat est important. L'ère
de Fitzgibbon devrait être derrière nous. La ministre doit choisir un camp. Ça
ne peut pas être celui du bilan de M. Fitzgibbon, ça doit être celui du
dialogue.
On a envoyé une lettre hier qui demandait
que... de rallonger de seulement une semaine les maigres deux semaines de
consultations qu'on avait sur le projet de loi pour avoir des groupes comme l'IRIS,
comme des Premières Nations, comme Greenpeace, qui ont demandé, cet été, de
participer à cette commission, pour être ajoutés. Et puis on espère qu'elle va
justement montrer que les choses changent et qu'il y a plus de débats et de
dialogue. Parce que je tiens à vous dire que, s'il y avait eu un débat sur les
deux dernières années, eh bien, avant de distribuer les mégawatts, on aurait vu
que c'était une grosse erreur.
Journaliste : M. Legault,
hier, en disant que, lui, son seul critère pour attribuer de l'énergie, c'est
des emplois payants, il ne parle pas de décarbonation, là. Donc, qu'est-ce qui
vous fait croire que les choses vont changer avec le départ de M. Fitzgibbon?
On comprend que le premier ministre, lui, la décarbonation, ça ne fait pas
partie des critères pour allouer des... de l'énergie.
M. Bouazzi : Bien, c'est là
où la ministre doit effectivement montrer qu'elle a un minimum de poids. Ce n'est
pas une petite responsabilité. Et effectivement la crise climatique bat son
plein : les feux de forêt, les inondations, les coups de chaleur, les
réfugiés climatiques. Je veux dire, c'est sérieux. La fenêtre est en train de
se fermer. Ça fait que nous, on va faire pression. On est persuadés que, si on
a un vrai débat national, non seulement ce gouvernement-là entendra raison,
mais aussi il y aura de l'acceptabilité sociale pour les changements. C'est la
chose à faire pour nous, pour nos enfants, pour les enfants de Mme Fréchette
et pour le Québec. Ça fait qu'on reste... on reste quand même... On espère qu'elle
a un certain poids, là.
Journaliste : C'est quoi, les
changements?
M. Bouazzi : Bien, d'abord,
aujourd'hui, ce projet de loi ne répond pas aux questions principales. Par
exemple, celle qu'a posée M. Sabia hier, qui est que l'électricité... qui
on doit prioriser au Québec, à qui on doit donner l'électricité. Ce projet de
loi n'y répond pas. Combien de litres... de mètres cubes de gaz on va enlever?
Journaliste : ...M. Sabia
a dit, ça, c'est Hydro-Québec, là. Québec solidaire...
M. Bouazzi : Non, ce n'est
pas Hydro-Québec.
Journaliste : Québec
solidaire, c'est quoi, vos priorités? Qui on priorise, là? Est-ce qu'on coupe
les grosses industries? On fait perdre des emplois dans des régions du Québec
puis on coupe l'amiante... pas l'amiante, on coupe l'aluminium, on coupe le
fer, on aide la PME qui veut agrandir... Québec solidaire, où vous voulez couper,
vous autres, là?
M. Bouazzi : Ça, c'est le
projet de la CAQ actuellement.
Journaliste : ...
M. Bouazzi : Ah! non, mais je
veux être clair...
Journaliste : ...projet de
loi, M. Bouazzi, là.
M. Bouazzi : ...on ne coupe
pas... on ne coupe pas dans les industries locales, et c'est bien pour ça qu'on
a besoin d'un débat national. C'est parce qu'on priorise des compagnies comme Northvolt,
à qui on a donné 1 million et demi la job de subventions, 1 million
et demi la job de subventions, plutôt que se demander comment on va faire
survivre nos industries en région et les aider à décarboner.
Donc, bien sûr que le projet de la CAQ,
comme il est parti à se dire : Moi, je priorise les jobs à 50 $, sans
aspect de la décarbonation, sans aspect du développement économique régional et
puis de sauver les jobs qui sont déjà là, qui, pour beaucoup d'entre elles,
sont des jobs payantes, c'est une erreur terrible, terrible pour la suite.
M. Nadeau-Dubois : Bien,
peut-être juste... Je me permets... Je me permets de rajouter quelque chose. Il
faut quand même remettre les choses ici en perspective, là. La raison pour
laquelle on est dans le trouble, là, c'est Pierre Fitzgibbon. Il n'y a pas si
longtemps que ça, il y avait des surplus d'électricité au Québec. M. Fitzgibbon
a foutu le bordel dans notre planification énergétique. Là, il s'est en allé,
et Mme Fréchette a l'odieux d'essayer de faire le ménage. Et nous, on essaie de
contribuer à ce ménage-là du mieux possible. Les groupes qui viennent en
commission essaient de contribuer à ce ménage-là le mieux possible. Mais qui a
foutu le bordel? Qui a vendu, en quelques mois, à rabais l'équivalent de deux
fois La Romaine? C'est Pierre Fitzgibbon.
Donc, nous, on a l'humilité de reconnaître
que ça ne sera pas simple de faire le ménage dans ce bordel qu'a foutu M.
Fitzgibbon. Puis ce qu'on espère, c'est que la ministre Fréchette apprenne des
erreurs de son prédécesseur et ouvre un vrai débat pour que, comme société, on
se les pose, ces questions-là. Qui va payer? Comment on va y arriver, à faire
la transition énergétique? Quiconque prétend avoir une réponse en trois phrases
à ces questions-là, cette personne-là vous ment parce que c'est des enjeux
complexes. Il faut prendre le temps de les creuser. Et la première chose à
faire, c'est tourner la page sur l'ère de l'arrogance puis du Dollorama de
l'énergie, qui ont été la marque du bilan de M. Fitzgibbon.
Journaliste : Est-ce qu'à
entendre les remarques de Sabia hier on ne peut pas comprendre justement qu'il
y avait un conflit qui s'était dessiné de façon assez ouverte entre M.
Fitzgibbon et M. Sabia, ce qui pourrait expliquer le départ de M. Fitzgibbon?
M. Bouazzi : La remarque de
M. Sabia hier est profonde, elle est importante, elle est sur des
investissements énormes en énergie qui ont été distribués à des multinationales
plutôt qu'aux industries locales pour les décarboner. Je pense que les
batailles entre ego, etc., sont très peu intéressantes devant le fond des
choses, parce que c'est important, c'est Hydro-Québec. Je veux dire, le projet
de loi qui est devant nous ouvre la porte à des pans de privatisation de notre
production et notre distribution d'électricité...
Journaliste : ...pas une
question d'ego, là. Je veux dire, il était question de deux enjeux puis deux
visions qui semblaient complètement différentes puis...
M. Bouazzi : C'est possible,
c'est possible. C'est... Évidemment, ce qui a été dit par M. Sabia et ce qui a
été dit... fait par M. Fitzgibbon sont des choses tout à fait opposées. De la
même manière qu'il s'est opposé à madame... à l'ancienne P.D.G. d'Hydro-Québec.
La vision de M. Fitzgibbon, c'était de ne pas prioriser la décarbonation et de
distribuer des mégawatts à des multinationales étrangères. Et puis on voit
aujourd'hui que c'est plutôt compliqué avec Northvolt. Ça fait que c'est une
vision de développement économique, franchement, des années 70, là : Venez
prendre notre électricité pas chère, alors qu'elle coûte beaucoup plus cher en
2024. Rendez-vous compte, là, en moyenne, on leur vend à 0,057 $ le
kilowattheure, alors que la nouvelle électricité nous coûte 0,11 $ du
kilowattheure. C'est qui qui paie pour la différence? Bien, ça va être vous et
moi. C'est ça, la réalité. Il nous l'a dit après avoir distribué les mégawatts.
C'est ça, le style Fitzgibbon. La fameuse honnêteté de M. Fitzgibbon, bien,
c'est de l'arrogance, puis aussi avoir utilisé l'électricité des Québécois sans
leur dire ce qu'il allait en faire. Et puis après, bien oui, on va payer le
prix. Il faut que ça s'arrête, là.
Des voix : ...
La Modératrice : Un à la
fois, s'il vous plaît.
Journaliste : Juste pour bien
comprendre votre position, M. Bouazzi, Hydro-Québec a établi à 75 % les
mégawatts qu'elle... qu'il voulait allouer aux entreprises... en décarbonation
des entreprises, contre 25 % pour le... la croissance économique.
M. Bouazzi : Exact.
Journaliste : Est-ce que
c'est un chiffre auquel vous vous identifiez? Puis est-ce que, pour bien
comprendre, vous voulez l'inscrire dans la loi?
M. Bouazzi : Donc, M.
Fitzgibbon a distribué déjà le tiers de ce 25 % là et zéro pour le 75 %
pour décarboner. C'est ça... Actuellement, on est dans du 100 % du
25 % dont vous parlez...
Journaliste : ...M.
Fitzgibbon, il est parti.
M. Bouazzi : Bien, il faut
absolument... il faut absolument prioriser la décarbonation, évidemment, et il
faut inscrire dans la loi la décarbonation. Il y a beaucoup de groupes qui sont
venus nous le dire, que ça devait être... Je veux dire, il n'y a même pas
l'objectif de décarboner d'ici 2050 dans cette loi-là. Ça fait qu'évidemment il
faut prioriser la décarbonation. Et c'est ce qui fait qu'on va sauver des jobs
parce que, dans pas longtemps, économiquement, et on commence à les voir à la
barrière, là, la quantité de CO2 associée aux biens que tu paies va
être un coût associé aux douanes et puis aux échanges économiques
internationaux. Ça fait qu'il va falloir investir tout de suite dans notre
économie pour la décarboner parce que, sinon, bien, on ne pourra même pas la
vendre à l'étranger, là. Ce n'est pas juste... Ce n'est pas juste une question
de sauver la planète, c'est aussi une question de survie économique, là.
Journaliste : Vous avez parlé
de chats tantôt. Vous avez pensé quoi du débat d'hier?
M. Bouazzi : Tu y vas-tu?
M. Nadeau-Dubois : Bien, à
qui vous posez la question...
Journaliste : Allez-y, M.
Nadeau-Dubois. Vous m'avez fait part de vos craintes face à une éventuelle
réélection de M. Trump. Alors, vous en avez pensé quoi?
M. Nadeau-Dubois : Oui, bien,
je n'ai pas écouté au complet, c'est tard, hein, ces choses-là, mais j'ai
écouté la première... Je me couche... Je me couche tôt, mais... avec les
contraintes qui sont les miennes, mais j'ai écouté la bonne première moitié.
C'est sûr que c'est... Moi, c'est un exercice que je trouve toujours
intéressant, d'abord parce que... je ne veux pas avoir l'air téteux, mais on
se... on réalise à quel point, quand même, on est chanceux au Québec. Tu sais,
on... ça nous arrive, entre formations politiques, d'être fâchés les uns contre
les autres puis de débattre assez fort, mais, quand même, l'état du débat
public aux États-Unis, c'est vraiment regrettable, l'extrême polarisation, en
politique et dans les médias, parce que l'écosystème médiatique, lui aussi, a
été complètement surpolarisé, la prolifération des «fake news». Tu sais,
quand... que, dans le cadre d'un débat qui va décider qui va avoir la job la
plus puissante au monde, on puisse lancer des inepties sur du monde qui mange
des chats puis des chiens... tu sais, on en rit, là, parce que c'est proprement
ridicule, mais, en même temps, c'est franchement déprimant. Puis je regarde
notre débat public, notre vie démocratique ici, au Québec, on se dit quand même :
On est... On est chanceux d'avoir une démocratie qui demeure en santé puis un
débat public qui demeure en santé.
Journaliste : ...sait que ça...
comment dire, que, quand il dit ça, là, il y a une bonne partie de son
électorat qui y croit, à ça. Il ne dit pas ça innocemment, il le sait très bien
que ça...
M. Nadeau-Dubois : Oui, puis
c'est le fruit de décennies de... c'est le fruit de décennies de polarisation
politique et médiatique. Puis moi, je fais juste peut-être candidement me
réjouir du fait qu'au Québec, malgré tout, on n'en est pas là. C'est une bonne
chose. En même temps, c'est aussi un avertissement, je pense, c'est un
avertissement. Il n'y a aucune démocratie qui est, par définition, à l'abri
d'excès comme ça, de surpolarisation comme ça puis de perte du sens commun. Ça
fait que c'est un avertissement aussi. Tu sais, faisons attention à notre
démocratie pour qu'on continue à avoir des débats politiques qui sont
minimalement constructifs pour ne pas qu'on se rende à des niveaux de
dégénérescence comme on voit aux États-Unis.
Journaliste : Donc, vous avez
peur que ça traverse... vous avez peur que ça traverse la frontière, quand vous
dites...
M. Nadeau-Dubois : Mais il
n'y a aucune... Je veux dire, regarde, à travers le monde, on voit la montée de
forces politiques qui ressemblent à celle de Donald Trump. Et il y a un
avertissement là, pour toutes les démocraties, de... puis, pour tous les
acteurs politiques et médiatiques, de tenir nos débats publics de manière à ce
qu'on ne se rende pas là. Puis, si de voir l'état de la démocratie américaine,
ça nous sert d'avertissement, bien, peut-être que ça va nous empêcher de faire
certaines erreurs.
Journaliste : ...du travail
électoral dans Terrebonne, à organiser votre machine? Est-ce que vous pensez
que c'est gagnant ou c'est un... Disons que c'est une circonscription qui n'est
peut-être pas dans votre... bien, disons, qui...
M. Nadeau-Dubois : Bien, on
voit les mêmes chiffres que tout...
Journaliste : ...qui n'a pas
été souvent gagnée par vous, là, mais...
M. Nadeau-Dubois : Bien, on
est... on voit les mêmes chiffres que tout le monde, on est... on est réalistes
à ce niveau-là. Mais oui, les travaux commencent tranquillement.
Journaliste : Avez-vous
identifié des candidats potentiels?
M. Nadeau-Dubois : Les... Il
va y avoir un processus d'investiture à Québec solidaire. Les travaux pour
lancer l'investiture sont en train de commencer tranquillement.
Journaliste : Mais c'est une
femme?
M. Nadeau-Dubois : On va
présenter une candidate.
Journaliste : Comme ça a été
choisi au congrès, là. Vous n'avez pas peur de vous refaire faire un
Jean-Talon?
M. Nadeau-Dubois : On va
présenter une femme, parce que, pour nous, la parité de notre équipe de
députés, c'est important.
Journaliste : ...le pointage,
le téléphone, déjà?
M. Nadeau-Dubois : Je vais en
faire, mais là je n'en fais... je n'ai pas commencé encore. Au moment opportun.
Journaliste : ...une dernière
question sur l'énergie...
M. Nadeau-Dubois : Ce n'est
pas déclenché encore, d'ailleurs, là. La Loi électorale, il faut faire
attention. Oui?
Journaliste
: Bien,
informellement.
Journaliste : Une dernière
question sur l'énergie, peut-être...
M. Nadeau-Dubois : Mon
beau-frère habite à Terrebonne. Je vais l'appeler, c'est sûr.
Journaliste : Le gouvernement
a beaucoup misé sur l'électrification pour se donner un vernis vert, là, tu
sais, on parle d'ailleurs du Fonds d'électrification et de changements
climatiques. Mais, quand on voit que, justement, en ce moment, l'énergie qu'on
va développer sert exclusivement à attirer des entreprises, est-ce que ça ne
met pas en péril, je veux dire, tout le plan pour une économie verte? Je veux
dire, les industries du Québec qui doivent se décarboner pour atteindre les
cibles de 2030, bien là, si l'énergie n'est pas là pour eux, on dirait qu'il y
a comme peut-être un jeu de dominos, là, ça ne fonctionnera pas pour 2030.
M. Bouazzi : On est très mal
partis, on est très, très mal partis, parce qu'effectivement M. Fitzgibbon a
distribué le peu d'électricité qui était disponible pour faire autre chose que
décarboner notre économie.
Pour le plan d'économie verte aussi, là,
on est quand même mal partis aussi. On ne sait toujours pas 100 % qu'il
faut... de ce qu'il faut faire pour atteindre la... les objectifs maigres, là,
de baisse de 37 % de production de CO2 au Québec. À chaque
année, ils nous disent : Ah! bien, l'année dernière, je savais 55 %
de ce qu'il fallait faire; cette année, je sais 60 %. L'année prochaine,
ils vont nous dire : Je sais 65 % de ce qu'il faut faire. Pas de ce
qu'on a fait, de ce qu'il faut faire, là. C'est comme si vous avez quelqu'un d'alcoolique
qui vous a dit : Ah! cette année, là, moi, je sais où sont les 55 %
de verres que je devrais arrêter de boire. Yo! On est encore alcooliques, là,
et puis on a intérêt à savoir où sont les 100 % de verres qu'il faut
arrêter de boire et puis de commencer à arrêter de boire très vite pour
atteindre, encore une fois, le maigre 37 % de baisse de CO2,
là.
À date... Moi,
je vous dis, moi, je suis élu depuis deux ans. Une des raisons pourquoi je suis
devant vous, c'est l'avenir de notre planète, là. C'est franchement déprimant.
Pas de plan pour les ressources. Un plan d'économie verte où, franchement, c'est
du foutage de gueule à chaque année. On n'est même pas capable de dire chaque
dollar investi en quoi il baisse le CO2 actuellement. Il n'y a pas
de transparence. Il n'y a même pas un plan pour l'adaptation à la crise
climatique, qui est inéluctable. On a des gens qui ont de l'eau partout, on a
des maraîchers qui sont sous deux mètres d'eau, où leurs tomates
pourrissent. On n'a plus de crevettes à Matane. On a la 132, en Gaspésie, qui
disparaît. On a des feux de forêt au Saguenay—Lac-Saint-Jean à chaque année. Je
veux dire, à un moment, là, on est-tu capable de mettre un plan sur sa table?
Ce gouvernement-là, il s'est dit : Ah! il y a un bon coup économique à
faire, tout le monde parle du vert, bien, je vais prendre mon électricité et je
vais la distribuer à des multinationales étrangères. C'est assez déprimant.
Maintenant, les enjeux sont assez importants pour qu'on ne lâchera pas, et puis
on va mettre la pression qu'il faut pour qu'ils nous donnent des plans.
Journaliste :
...l'impression que M. Sabia a baissé les bras quand il dit : L'accord
de Paris, là, on n'y arrivera pas, là? Il a dit ça en préambule.
M. Bouazzi :
C'est... Oui, c'est plus compliqué, c'est-à-dire qu'il a dit que le 1,5 %
de baisse... Effectivement, c'est déprimant, et puis c'est.... c'est ce qu'on
peut... c'est ce qu'on peut voir. Donc, dans les simulations de GIEC, il y
avait le 1,5 %, le 2 %, le 3,5 %...
M.
Nadeau-Dubois : Degrés.
M.
Bouazzi : ...degrés d'augmentation. Cette année, on est déjà à
1,5 % d'augmentation. On a... À chaque année, on pète tous les records. Et
donc il faut absolument tout faire pour ne pas dépasser le 2°, parce qu'au-dessus
du 2° à peu près tout le monde s'accorde que l'humanité ne survivra pas. C'est
ça, les enjeux qui sont les nôtres, là. C'est assez terrible. Et donc
effectivement il faut... il faut prendre tout ça au sérieux et puis mettre
toute notre énergie, en tant que société, à nous adapter, nous transformer et
abaisser, entre autres, le CO2, hein? Parce qu'il y a aussi évidemment
tout le... les... l'écologie, pas juste le carbone, mais juste les animaux qui
nous entourent, il ne faudrait pas qu'ils meurent tous.
Journaliste :
On this… the megawatts, as Québec
solidaire, don't you see a clash with Premier Legault's answer yesterday at
question period saying : My focus is high paid... high paying jobs... this is
like individual gains, versus decarbonization of businesses, and that's a gain
for Québec society? Don't you see a discrepancy, as Québec solidaire, that with
this answer?
M.
Bouazzi :
This
is terrible. It's terrible from an ecology perspective and terrible from
economical perspective, because basically, if we don't actually take out all
the carbon that our economy produces, this economy will actually disappear
soon, because this will be a condition for selling any good, any time from...
until 2050, and we have a huge... I mean, if we... we have industries that it
takes 10, 15, 20 years to actually change. Is that a short-term view? From an
economical short view, that is flabbergasting.
Yes,
obviously we're in a totally different track. We need to actually make sure our
economy gets rid of all the gas emission that is associated to it, and that is
actually job creating, and it's good jobs because they're for a long term. And
this idea of saying… I only see dollars associated to… How much is it going to
cost to actually close the different companies that are in the Saguenay—Lac-Saint-Jean or in Gaspésie? It's
obviously terribly costly for a society to actually not have the electricity
they have been asking for and not receiving so far with Mr. Fitzgibbon.
Journaliste :
And I've you heard the president of
Sorel Forge?
M.
Bouazzi :
Yes.
Journaliste :
He said that, like, if Mr. Legault said
it's for high paying jobs… that the focus is on economic growth, for example
Northvolt, that received a lot of megawatts in 2020... in 2023, but he said : I'm...
I have high paying jobs too with $50 per hour. So, how you are going to... how
you are going to build this line of attack against the CAQ Government as of
today with this topic?
M.
Bouazzi :
So,
obviously, this is the perfect example where everything is wrong. We have a
company that is here, that is producing high quality goods, and that is paying
well, and they just need less than 20 megawatts to actually get rid of the
carbon they actually... whereas we actually gave 360 megawatts to just
Northvolt, which is half of the production of the Romaine. It took us 11 years
to actually build the Romaine. It's a terrible situation. All these companies
should actually be studied, and the process to actually give the megawatt
should be public process with public criterias. And obviously companies that
are here should be an important criteria. And we... they don't even have, you
know, with the Bill n° 2,
the first one that I actually worked on… we don't even have an appeal process.
So, if the Minister Fitzgibbon decided that you won't get electricity, which
means that he actually can kill your industry, there is no way for a company to
say : Can you just relook at it? Who can actually verify that this
minister is right? All this era should be behind us. The new Minister Fréchette
has to actually get rid of that arrogance that we have been seeing, of that
lack of democracy, lack of transparency, and open up a real debate and take
decisions that Quebeckers will actually be part of.
Journaliste :
If it were up to you, would any of the
province's energy be allocated to international companies? Is there still a
place for companies like Northvolt in Québec?
M. Bouazzi :
The answer is : It depends. The
priority should be decarbonizing our economy, that's for sure. Now, saying that
0% of our development should be... should be... I mean, no... nothing of our
electricity should be allocated to external companies, I don't think is the
right way to do.
The problem is that, so
far, 100% of what has been done was done for the multinationals abroad, and not
for the companies here, which is a terrible problem, and that we have been
selling this electricity cheap. That's the other problem. We have been selling
it at $0,053 the kilowatt-hour, whereas it... actually the new electricity costs
us $0,11, more than twice the price. So, someone will actually pay for it, and
it won't be Northvolt, it will be you and me, so far, from what Mr. Fitzgibbon
has been saying. We need a debate on that.
Journaliste :
On the presidential debate last night,
can I just get you on your concerns if there is a reelection of Donald Trump?
M. Nadeau-Dubois :
Well, just from the perspective of the
fight against climate change, it would be terrible, terrible news. I mean, the
United States are the key... one of the key players in our fight against
climate change. And, if Mr. Trump wins, we will all pay the price, and the
generation of my children will pay the price, and it will be a heavy price. We
cannot go back in our fight against climate change. We should be accelerating.
But now the threat that is in front of us is that we actually go back. So, yes,
it makes me afraid. And I'm not the only one. That's why I think we're seeing a
vast, vast, vast majority of Quebeckers saying : Let's hope that Mr. Trump
doesn't win. Yes, we cannot afford it as a planet.
Journaliste :
The comments he made about immigration,
you know, and things like that, is that something that concerns you in terms
of, you know, spreading that sort of thing to Québec, that people might start
to believe some of the things that he's saying?
M. Nadeau-Dubois :
Well, the anti-immigrant rhetoric of
Donald Trump is not... is not an invention of the United States. It's not an
American invention. We are seeing a rise in anti-immigrant rhetoric around the
world. We see it in Europe. We see it all across North America. And that too
should be a warning for us. It's... When... It's... It's... The temptation is
strong to make fun of Mr. Trump's remarks about immigrants eating cats and
dogs. It is ridiculous, of course. But it's also like a cautionary tale, you
know, that the rhetoric of division can go very far. It can go to the limits of
the absurd. But still, that rhetoric as an influence on the public debate all
across America and in Québec, too. You know, at the era of social media, it
would be naive to think that those kind of... that kind of rhetoric doesn't
have an influence on the debate here, in Québec. Look at what is happening in
France. Look at what is happening in Great Britain. We are seeing a rise in
anti-immigrant rhetoric around the world, and it has certainly an impact on
Québec. I think it would be very naive to think that Québec is like an island
that is isolated from all those other democracies. So, yes, it's pretty
frightening to see that. And let's just work together, in Québec, all of us, to
make sure it doesn't happen here. But let's not succumb to the idea that we are
naturally immune from this. Unfortunately, no one is.
Journaliste : ...votre
position sur la motion sur l'austérité des libéraux aujourd'hui?
M. Nadeau-Dubois : Moi,
je trouve, c'est la motion la plus rigolote que je n'ai pas vue à l'Assemblée
nationale depuis longtemps. Les libéraux sont vraiment des gens très rigolos.
Une motion libérale pour critiquer l'austérité dans les cégeps et les
universités, c'est comme si le P.D.G. de St-Hubert n'aimait pas le poulet. Je
veux dire, ces gens-là, c'est les spécialistes de l'austérité. Il ne s'est pas
passé, je pense, une semaine depuis le dernier budget sans que Marc Tanguay
dise : Il faut de la rigueur, il faut de l'austérité. Ces gens-là invitent
Philippe Couillard pour le célébrer dans leurs instances, pour souligner son
excellent travail à avoir fait de l'austérité au Québec. Et là, cette semaine,
ça déchire sa chemise sur l'austérité. Je trouve ça très, très drôle.
Franchement, quand la cohérence est passée, je pense, les libéraux étaient
partis prendre une marche.
M. Bouazzi : Je
rajouterais, ceci étant dit, qu'on est très, très inquiets de l'austérité qui
est en train d'être mise en marche par le gouvernement de la CAQ.
Effectivement, que ça soit le Parti libéral qui mette ça de l'avant, ça fait
partie de l'exercice parlementaire, qui peut être amusant parfois. Mais, pour
les cégeps, moi, j'ai parlé à la directrice générale du cégep... du collège
Ahuntsic. Les coupures vont avoir d'énormes conséquences sur les nouveaux programmes,
sur les matériels de laboratoire, sur les extensions. On sait qu'il y a une
augmentation de 5 % de la cohorte... des cohortes francophones dans nos
cégeps. Il y a le cas du cégep d'Abitibi, par exemple, où il y a eu 80 %
de coupures. C'est absolument scandaleux. C'est un manque de vision. Et
malheureusement, avec un gouvernement comme celui-là, on peut s'attendre à des
gestes qui sont de plus en plus graves dans ce sens-là, puis on en parlera
probablement dans d'autres points de presse, mais on demande clairement au
gouvernement de revenir en arrière. S'ils veulent équilibrer leur budget, pas
sur le dos de l'avenir du Québec, s'il vous plaît.
La Modératrice : Merci
beaucoup.
(Fin à 8 h 51)