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Point de presse de M. Haroun Bouazzi, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’énergie, et M. Gabriel Nadeau-Dubois, chef du deuxième groupe d’opposition

Version finale

Le mercredi 11 septembre 2024, 8 h 20

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Huit heures vingt-deux minutes)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour, tout le monde. Content d'être de retour devant vous ce matin avec mon collègue Haroun, qui, comme vous le savez, est responsable en énergie chez nous.

D'abord, quelques mots pour dire qu'on est assez fiers, à Québec solidaire, du débat qui est en train de s'enclencher au Québec sur l'alimentation scolaire. C'est une proposition qu'on a... qu'on martèle depuis plusieurs mois maintenant. On commence tranquillement à en parler de plus en plus. Il y a des chroniques presque à chaque matin sur cette question-là. Nous, on veut que le débat se poursuive. Il y a un enfant sur cinq au Québec, un enfant sur cinq sur les bancs d'école qui ne mange pas à sa faim. C'est inacceptable dans une société aussi prospère que le Québec, on n'a pas le droit d'accepter ça.

On en a parlé hier, je vous en parle aujourd'hui et, je vous vends tout de suite le punch, on va continuer à en parler pour créer le plus large consensus politique possible autour de cette question-là. Il y a déjà plein d'organisations dans la société civile qui sont en campagne pour un programme universel d'alimentation scolaire. On va continuer à se battre avec eux autres.

Et ce matin on va poser un premier geste. On va chercher à générer un premier consensus pour faire un pas dans la bonne direction. On va déposer une motion qui va chercher à rassembler l'ensemble des partis politiques pour qu'on rapatrie au Québec les dizaines de millions de dollars qui dorment à Ottawa suite aux annonces du dernier budget fédéral.

Vous vous rappelez que M. Trudeau avait annoncé 1 milliard sur cinq ans pour l'alimentation scolaire. Terre-Neuve a eu une entente avec M. Trudeau dans les derniers jours. Il faut, au Québec, obtenir le plus vite possible le rapatriement sans condition de ces fonds-là. Et, bien sûr, à Québec solidaire, on souhaite que tout le monde s'entende pour qu'on investisse cet argent-là en alimentation scolaire.

L'éducation, c'est une compétence exclusive du Québec. On a adopté l'année dernière une motion où tous les partis politiques s'entendaient pour mettre fin à la faim dans nos écoles. Donc, nous, on s'attend à ce que les autres partis acceptent notre main tendue et que l'Assemblée nationale parle d'une seule voix pour dire à Justin Trudeau : Donnez-nous cet argent-là sans condition. Nous, ici, on va l'investir pour améliorer le bilan d'insécurité alimentaire dans les écoles du Québec.

M. Bouazzi : Moi, je vais vous parler, sans surprise, du projet de loi n° 69. Hier soir, vous avez probablement entendu parler de chats. Bien, hier, M. Sabia nous a sorti un chat de son sac. Il nous a dit ce qu'on savait, évidemment, depuis longtemps, c'est que M. Fitzgibbon a distribué des mégawatts aux multinationales étrangères et pas aux industries locales, aux PME locales, et pas pour la décarbonation de notre économie.

C'est quelque chose qu'on voyait venir depuis longtemps. La P.D.G., rappelez-vous... on va faire la genèse, rapidement, là, la P.D.G. d'Hydro-Québec, à l'époque, Sophie Brochu, avait dit à peu près la même chose en disant qu'il ne fallait pas transformer le Québec en Dollarama de l'économie. La première chose qu'a faite le ministre démissionnaire Fitzgibbon, c'était le projet de loi n° 2 où il s'est donné des droits absolument énormes de distribuer des mégawatts sans aucun contre-pouvoir, sans critère public, sans... tout seul, là, de son... du haut de son... de sa grosse puissance, il a distribué 2 500 mégawatts, l'équivalent de deux fois La Romaine. On se rend compte, ça a pris 11 ans à construire La Romaine. Et puis ensuite, bien, il est tout simplement parti.

On a aussi eu un spécialiste hier, M. Pineau, qui nous a dit que les chances qu'Hydro-Québec, en 26 ans, construise ce qu'elle a mis sur papier étaient exactement de zéro.

On voit que le débat est important. L'ère de Fitzgibbon devrait être derrière nous. La ministre doit choisir un camp. Ça ne peut pas être celui du bilan de M. Fitzgibbon, ça doit être celui du dialogue.

On a envoyé une lettre hier qui demandait que... de rallonger de seulement une semaine les maigres deux semaines de consultations qu'on avait sur le projet de loi pour avoir des groupes comme l'IRIS, comme des Premières Nations, comme Greenpeace, qui ont demandé, cet été, de participer à cette commission, pour être ajoutés. Et puis on espère qu'elle va justement montrer que les choses changent et qu'il y a plus de débats et de dialogue. Parce que je tiens à vous dire que, s'il y avait eu un débat sur les deux dernières années, eh bien, avant de distribuer les mégawatts, on aurait vu que c'était une grosse erreur.

Journaliste : M. Legault, hier, en disant que, lui, son seul critère pour attribuer de l'énergie, c'est des emplois payants, il ne parle pas de décarbonation, là. Donc, qu'est-ce qui vous fait croire que les choses vont changer avec le départ de M. Fitzgibbon? On comprend que le premier ministre, lui, la décarbonation, ça ne fait pas partie des critères pour allouer des... de l'énergie.

M. Bouazzi : Bien, c'est là où la ministre doit effectivement montrer qu'elle a un minimum de poids. Ce n'est pas une petite responsabilité. Et effectivement la crise climatique bat son plein : les feux de forêt, les inondations, les coups de chaleur, les réfugiés climatiques. Je veux dire, c'est sérieux. La fenêtre est en train de se fermer. Ça fait que nous, on va faire pression. On est persuadés que, si on a un vrai débat national, non seulement ce gouvernement-là entendra raison, mais aussi il y aura de l'acceptabilité sociale pour les changements. C'est la chose à faire pour nous, pour nos enfants, pour les enfants de Mme Fréchette et pour le Québec. Ça fait qu'on reste... on reste quand même... On espère qu'elle a un certain poids, là.

Journaliste : C'est quoi, les changements?

M. Bouazzi : Bien, d'abord, aujourd'hui, ce projet de loi ne répond pas aux questions principales. Par exemple, celle qu'a posée M. Sabia hier, qui est que l'électricité... qui on doit prioriser au Québec, à qui on doit donner l'électricité. Ce projet de loi n'y répond pas. Combien de litres... de mètres cubes de gaz on va enlever?

Journaliste : ...M. Sabia a dit, ça, c'est Hydro-Québec, là. Québec solidaire...

M. Bouazzi : Non, ce n'est pas Hydro-Québec.

Journaliste : Québec solidaire, c'est quoi, vos priorités? Qui on priorise, là? Est-ce qu'on coupe les grosses industries? On fait perdre des emplois dans des régions du Québec puis on coupe l'amiante... pas l'amiante, on coupe l'aluminium, on coupe le fer, on aide la PME qui veut agrandir... Québec solidaire, où vous voulez couper, vous autres, là?

M. Bouazzi : Ça, c'est le projet de la CAQ actuellement.

Journaliste : ...

M. Bouazzi : Ah! non, mais je veux être clair...

Journaliste : ...projet de loi, M. Bouazzi, là.

M. Bouazzi : ...on ne coupe pas... on ne coupe pas dans les industries locales, et c'est bien pour ça qu'on a besoin d'un débat national. C'est parce qu'on priorise des compagnies comme Northvolt, à qui on a donné 1 million et demi la job de subventions, 1 million et demi la job de subventions, plutôt que se demander comment on va faire survivre nos industries en région et les aider à décarboner.

Donc, bien sûr que le projet de la CAQ, comme il est parti à se dire : Moi, je priorise les jobs à 50 $, sans aspect de la décarbonation, sans aspect du développement économique régional et puis de sauver les jobs qui sont déjà là, qui, pour beaucoup d'entre elles, sont des jobs payantes, c'est une erreur terrible, terrible pour la suite.

M. Nadeau-Dubois : Bien, peut-être juste... Je me permets... Je me permets de rajouter quelque chose. Il faut quand même remettre les choses ici en perspective, là. La raison pour laquelle on est dans le trouble, là, c'est Pierre Fitzgibbon. Il n'y a pas si longtemps que ça, il y avait des surplus d'électricité au Québec. M. Fitzgibbon a foutu le bordel dans notre planification énergétique. Là, il s'est en allé, et Mme Fréchette a l'odieux d'essayer de faire le ménage. Et nous, on essaie de contribuer à ce ménage-là du mieux possible. Les groupes qui viennent en commission essaient de contribuer à ce ménage-là le mieux possible. Mais qui a foutu le bordel? Qui a vendu, en quelques mois, à rabais l'équivalent de deux fois La Romaine? C'est Pierre Fitzgibbon.

Donc, nous, on a l'humilité de reconnaître que ça ne sera pas simple de faire le ménage dans ce bordel qu'a foutu M. Fitzgibbon. Puis ce qu'on espère, c'est que la ministre Fréchette apprenne des erreurs de son prédécesseur et ouvre un vrai débat pour que, comme société, on se les pose, ces questions-là. Qui va payer? Comment on va y arriver, à faire la transition énergétique? Quiconque prétend avoir une réponse en trois phrases à ces questions-là, cette personne-là vous ment parce que c'est des enjeux complexes. Il faut prendre le temps de les creuser. Et la première chose à faire, c'est tourner la page sur l'ère de l'arrogance puis du Dollorama de l'énergie, qui ont été la marque du bilan de M. Fitzgibbon.

Journaliste : Est-ce qu'à entendre les remarques de Sabia hier on ne peut pas comprendre justement qu'il y avait un conflit qui s'était dessiné de façon assez ouverte entre M. Fitzgibbon et M. Sabia, ce qui pourrait expliquer le départ de M. Fitzgibbon?

M. Bouazzi : La remarque de M. Sabia hier est profonde, elle est importante, elle est sur des investissements énormes en énergie qui ont été distribués à des multinationales plutôt qu'aux industries locales pour les décarboner. Je pense que les batailles entre ego, etc., sont très peu intéressantes devant le fond des choses, parce que c'est important, c'est Hydro-Québec. Je veux dire, le projet de loi qui est devant nous ouvre la porte à des pans de privatisation de notre production et notre distribution d'électricité...

Journaliste : ...pas une question d'ego, là. Je veux dire, il était question de deux enjeux puis deux visions qui semblaient complètement différentes puis...

M. Bouazzi : C'est possible, c'est possible. C'est... Évidemment, ce qui a été dit par M. Sabia et ce qui a été dit... fait par M. Fitzgibbon sont des choses tout à fait opposées. De la même manière qu'il s'est opposé à madame... à l'ancienne P.D.G. d'Hydro-Québec. La vision de M. Fitzgibbon, c'était de ne pas prioriser la décarbonation et de distribuer des mégawatts à des multinationales étrangères. Et puis on voit aujourd'hui que c'est plutôt compliqué avec Northvolt. Ça fait que c'est une vision de développement économique, franchement, des années 70, là : Venez prendre notre électricité pas chère, alors qu'elle coûte beaucoup plus cher en 2024. Rendez-vous compte, là, en moyenne, on leur vend à 0,057 $ le kilowattheure, alors que la nouvelle électricité nous coûte 0,11 $ du kilowattheure. C'est qui qui paie pour la différence? Bien, ça va être vous et moi. C'est ça, la réalité. Il nous l'a dit après avoir distribué les mégawatts. C'est ça, le style Fitzgibbon. La fameuse honnêteté de M. Fitzgibbon, bien, c'est de l'arrogance, puis aussi avoir utilisé l'électricité des Québécois sans leur dire ce qu'il allait en faire. Et puis après, bien oui, on va payer le prix. Il faut que ça s'arrête, là.

Des voix : ...

La Modératrice : Un à la fois, s'il vous plaît.

Journaliste : Juste pour bien comprendre votre position, M. Bouazzi, Hydro-Québec a établi à 75 % les mégawatts qu'elle... qu'il voulait allouer aux entreprises... en décarbonation des entreprises, contre 25 % pour le... la croissance économique.

M. Bouazzi : Exact.

Journaliste : Est-ce que c'est un chiffre auquel vous vous identifiez? Puis est-ce que, pour bien comprendre, vous voulez l'inscrire dans la loi?

M. Bouazzi : Donc, M. Fitzgibbon a distribué déjà le tiers de ce 25 % là et zéro pour le 75 % pour décarboner. C'est ça... Actuellement, on est dans du 100 % du 25 % dont vous parlez...

Journaliste : ...M. Fitzgibbon, il est parti.

M. Bouazzi : Bien, il faut absolument... il faut absolument prioriser la décarbonation, évidemment, et il faut inscrire dans la loi la décarbonation. Il y a beaucoup de groupes qui sont venus nous le dire, que ça devait être... Je veux dire, il n'y a même pas l'objectif de décarboner d'ici 2050 dans cette loi-là. Ça fait qu'évidemment il faut prioriser la décarbonation. Et c'est ce qui fait qu'on va sauver des jobs parce que, dans pas longtemps, économiquement, et on commence à les voir à la barrière, là, la quantité de CO2 associée aux biens que tu paies va être un coût associé aux douanes et puis aux échanges économiques internationaux. Ça fait qu'il va falloir investir tout de suite dans notre économie pour la décarboner parce que, sinon, bien, on ne pourra même pas la vendre à l'étranger, là. Ce n'est pas juste... Ce n'est pas juste une question de sauver la planète, c'est aussi une question de survie économique, là.

Journaliste : Vous avez parlé de chats tantôt. Vous avez pensé quoi du débat d'hier?

M. Bouazzi : Tu y vas-tu?

M. Nadeau-Dubois : Bien, à qui vous posez la question...

Journaliste : Allez-y, M. Nadeau-Dubois. Vous m'avez fait part de vos craintes face à une éventuelle réélection de M. Trump. Alors, vous en avez pensé quoi?

M. Nadeau-Dubois : Oui, bien, je n'ai pas écouté au complet, c'est tard, hein, ces choses-là, mais j'ai écouté la première... Je me couche... Je me couche tôt, mais... avec les contraintes qui sont les miennes, mais j'ai écouté la bonne première moitié. C'est sûr que c'est... Moi, c'est un exercice que je trouve toujours intéressant, d'abord parce que... je ne veux pas avoir l'air téteux, mais on se... on réalise à quel point, quand même, on est chanceux au Québec. Tu sais, on... ça nous arrive, entre formations politiques, d'être fâchés les uns contre les autres puis de débattre assez fort, mais, quand même, l'état du débat public aux États-Unis, c'est vraiment regrettable, l'extrême polarisation, en politique et dans les médias, parce que l'écosystème médiatique, lui aussi, a été complètement surpolarisé, la prolifération des «fake news». Tu sais, quand... que, dans le cadre d'un débat qui va décider qui va avoir la job la plus puissante au monde, on puisse lancer des inepties sur du monde qui mange des chats puis des chiens... tu sais, on en rit, là, parce que c'est proprement ridicule, mais, en même temps, c'est franchement déprimant. Puis je regarde notre débat public, notre vie démocratique ici, au Québec, on se dit quand même : On est... On est chanceux d'avoir une démocratie qui demeure en santé puis un débat public qui demeure en santé.

Journaliste : ...sait que ça... comment dire, que, quand il dit ça, là, il y a une bonne partie de son électorat qui y croit, à ça. Il ne dit pas ça innocemment, il le sait très bien que ça...

M. Nadeau-Dubois : Oui, puis c'est le fruit de décennies de... c'est le fruit de décennies de polarisation politique et médiatique. Puis moi, je fais juste peut-être candidement me réjouir du fait qu'au Québec, malgré tout, on n'en est pas là. C'est une bonne chose. En même temps, c'est aussi un avertissement, je pense, c'est un avertissement. Il n'y a aucune démocratie qui est, par définition, à l'abri d'excès comme ça, de surpolarisation comme ça puis de perte du sens commun. Ça fait que c'est un avertissement aussi. Tu sais, faisons attention à notre démocratie pour qu'on continue à avoir des débats politiques qui sont minimalement constructifs pour ne pas qu'on se rende à des niveaux de dégénérescence comme on voit aux États-Unis.

Journaliste : Donc, vous avez peur que ça traverse... vous avez peur que ça traverse la frontière, quand vous dites...

M. Nadeau-Dubois : Mais il n'y a aucune... Je veux dire, regarde, à travers le monde, on voit la montée de forces politiques qui ressemblent à celle de Donald Trump. Et il y a un avertissement là, pour toutes les démocraties, de... puis, pour tous les acteurs politiques et médiatiques, de tenir nos débats publics de manière à ce qu'on ne se rende pas là. Puis, si de voir l'état de la démocratie américaine, ça nous sert d'avertissement, bien, peut-être que ça va nous empêcher de faire certaines erreurs.

Journaliste : ...du travail électoral dans Terrebonne, à organiser votre machine? Est-ce que vous pensez que c'est gagnant ou c'est un... Disons que c'est une circonscription qui n'est peut-être pas dans votre... bien, disons, qui...

M. Nadeau-Dubois : Bien, on voit les mêmes chiffres que tout...

Journaliste : ...qui n'a pas été souvent gagnée par vous, là, mais...

M. Nadeau-Dubois : Bien, on est... on voit les mêmes chiffres que tout le monde, on est... on est réalistes à ce niveau-là. Mais oui, les travaux commencent tranquillement.

Journaliste : Avez-vous identifié des candidats potentiels?

M. Nadeau-Dubois : Les... Il va y avoir un processus d'investiture à Québec solidaire. Les travaux pour lancer l'investiture sont en train de commencer tranquillement.

Journaliste : Mais c'est une femme?

M. Nadeau-Dubois : On va présenter une candidate.

Journaliste : Comme ça a été choisi au congrès, là. Vous n'avez pas peur de vous refaire faire un Jean-Talon?

M. Nadeau-Dubois : On va présenter une femme, parce que, pour nous, la parité de notre équipe de députés, c'est important.

Journaliste : ...le pointage, le téléphone, déjà?

M. Nadeau-Dubois : Je vais en faire, mais là je n'en fais... je n'ai pas commencé encore. Au moment opportun.

Journaliste : ...une dernière question sur l'énergie...

M. Nadeau-Dubois : Ce n'est pas déclenché encore, d'ailleurs, là. La Loi électorale, il faut faire attention. Oui?

Journaliste : Bien, informellement.

Journaliste : Une dernière question sur l'énergie, peut-être...

M. Nadeau-Dubois : Mon beau-frère habite à Terrebonne. Je vais l'appeler, c'est sûr.

Journaliste : Le gouvernement a beaucoup misé sur l'électrification pour se donner un vernis vert, là, tu sais, on parle d'ailleurs du Fonds d'électrification et de changements climatiques. Mais, quand on voit que, justement, en ce moment, l'énergie qu'on va développer sert exclusivement à attirer des entreprises, est-ce que ça ne met pas en péril, je veux dire, tout le plan pour une économie verte? Je veux dire, les industries du Québec qui doivent se décarboner pour atteindre les cibles de 2030, bien là, si l'énergie n'est pas là pour eux, on dirait qu'il y a comme peut-être un jeu de dominos, là, ça ne fonctionnera pas pour 2030.

M. Bouazzi : On est très mal partis, on est très, très mal partis, parce qu'effectivement M. Fitzgibbon a distribué le peu d'électricité qui était disponible pour faire autre chose que décarboner notre économie.

Pour le plan d'économie verte aussi, là, on est quand même mal partis aussi. On ne sait toujours pas 100 % qu'il faut... de ce qu'il faut faire pour atteindre la... les objectifs maigres, là, de baisse de 37 % de production de CO2 au Québec. À chaque année, ils nous disent : Ah! bien, l'année dernière, je savais 55 % de ce qu'il fallait faire; cette année, je sais 60 %. L'année prochaine, ils vont nous dire : Je sais 65 % de ce qu'il faut faire. Pas de ce qu'on a fait, de ce qu'il faut faire, là. C'est comme si vous avez quelqu'un d'alcoolique qui vous a dit : Ah! cette année, là, moi, je sais où sont les 55 % de verres que je devrais arrêter de boire. Yo! On est encore alcooliques, là, et puis on a intérêt à savoir où sont les 100 % de verres qu'il faut arrêter de boire et puis de commencer à arrêter de boire très vite pour atteindre, encore une fois, le maigre 37 % de baisse de CO2, là.

À date... Moi, je vous dis, moi, je suis élu depuis deux ans. Une des raisons pourquoi je suis devant vous, c'est l'avenir de notre planète, là. C'est franchement déprimant. Pas de plan pour les ressources. Un plan d'économie verte où, franchement, c'est du foutage de gueule à chaque année. On n'est même pas capable de dire chaque dollar investi en quoi il baisse le CO2 actuellement. Il n'y a pas de transparence. Il n'y a même pas un plan pour l'adaptation à la crise climatique, qui est inéluctable. On a des gens qui ont de l'eau partout, on a des maraîchers qui sont sous deux mètres d'eau, où leurs tomates pourrissent. On n'a plus de crevettes à Matane. On a la 132, en Gaspésie, qui disparaît. On a des feux de forêt au Saguenay—Lac-Saint-Jean à chaque année. Je veux dire, à un moment, là, on est-tu capable de mettre un plan sur sa table? Ce gouvernement-là, il s'est dit : Ah! il y a un bon coup économique à faire, tout le monde parle du vert, bien, je vais prendre mon électricité et je vais la distribuer à des multinationales étrangères. C'est assez déprimant. Maintenant, les enjeux sont assez importants pour qu'on ne lâchera pas, et puis on va mettre la pression qu'il faut pour qu'ils nous donnent des plans.

Journaliste : ...l'impression que M. Sabia a baissé les bras quand il dit : L'accord de Paris, là, on n'y arrivera pas, là? Il a dit ça en préambule.

M. Bouazzi : C'est... Oui, c'est plus compliqué, c'est-à-dire qu'il a dit que le 1,5 % de baisse... Effectivement, c'est déprimant, et puis c'est.... c'est ce qu'on peut... c'est ce qu'on peut voir. Donc, dans les simulations de GIEC, il y avait le 1,5 %, le 2 %, le 3,5 %...

M. Nadeau-Dubois : Degrés.

M. Bouazzi : ...degrés d'augmentation. Cette année, on est déjà à 1,5 % d'augmentation. On a... À chaque année, on pète tous les records. Et donc il faut absolument tout faire pour ne pas dépasser le 2°, parce qu'au-dessus du 2° à peu près tout le monde s'accorde que l'humanité ne survivra pas. C'est ça, les enjeux qui sont les nôtres, là. C'est assez terrible. Et donc effectivement il faut... il faut prendre tout ça au sérieux et puis mettre toute notre énergie, en tant que société, à nous adapter, nous transformer et abaisser, entre autres, le CO2, hein? Parce qu'il y a aussi évidemment tout le... les... l'écologie, pas juste le carbone, mais juste les animaux qui nous entourent, il ne faudrait pas qu'ils meurent tous.

Journaliste : On this… the megawatts, as Québec solidaire, don't you see a clash with Premier Legault's answer yesterday at question period saying : My focus is high paid... high paying jobs... this is like individual gains, versus decarbonization of businesses, and that's a gain for Québec society? Don't you see a discrepancy, as Québec solidaire, that with this answer?

M. Bouazzi : This is terrible. It's terrible from an ecology perspective and terrible from economical perspective, because basically, if we don't actually take out all the carbon that our economy produces, this economy will actually disappear soon, because this will be a condition for selling any good, any time from... until 2050, and we have a huge... I mean, if we... we have industries that it takes 10, 15, 20 years to actually change. Is that a short-term view? From an economical short view, that is flabbergasting.

Yes, obviously we're in a totally different track. We need to actually make sure our economy gets rid of all the gas emission that is associated to it, and that is actually job creating, and it's good jobs because they're for a long term. And this idea of saying… I only see dollars associated to… How much is it going to cost to actually close the different companies that are in the Saguenay—Lac-Saint-Jean or in Gaspésie? It's obviously terribly costly for a society to actually not have the electricity they have been asking for and not receiving so far with Mr. Fitzgibbon.

Journaliste : And I've you heard the president of Sorel Forge?

M. Bouazzi : Yes.

Journaliste : He said that, like, if Mr. Legault said it's for high paying jobs… that the focus is on economic growth, for example Northvolt, that received a lot of megawatts in 2020... in 2023, but he said : I'm... I have high paying jobs too with $50 per hour. So, how you are going to... how you are going to build this line of attack against the CAQ Government as of today with this topic?

M. Bouazzi : So, obviously, this is the perfect example where everything is wrong. We have a company that is here, that is producing high quality goods, and that is paying well, and they just need less than 20 megawatts to actually get rid of the carbon they actually... whereas we actually gave 360 megawatts to just Northvolt, which is half of the production of the Romaine. It took us 11 years to actually build the Romaine. It's a terrible situation. All these companies should actually be studied, and the process to actually give the megawatt should be public process with public criterias. And obviously companies that are here should be an important criteria. And we... they don't even have, you know, with the Bill n° 2, the first one that I actually worked on… we don't even have an appeal process. So, if the Minister Fitzgibbon decided that you won't get electricity, which means that he actually can kill your industry, there is no way for a company to say : Can you just relook at it? Who can actually verify that this minister is right? All this era should be behind us. The new Minister Fréchette has to actually get rid of that arrogance that we have been seeing, of that lack of democracy, lack of transparency, and open up a real debate and take decisions that Quebeckers will actually be part of.

Journaliste : If it were up to you, would any of the province's energy be allocated to international companies? Is there still a place for companies like Northvolt in Québec?

M. Bouazzi : The answer is : It depends. The priority should be decarbonizing our economy, that's for sure. Now, saying that 0% of our development should be... should be... I mean, no... nothing of our electricity should be allocated to external companies, I don't think is the right way to do.

The problem is that, so far, 100% of what has been done was done for the multinationals abroad, and not for the companies here, which is a terrible problem, and that we have been selling this electricity cheap. That's the other problem. We have been selling it at $0,053 the kilowatt-hour, whereas it... actually the new electricity costs us $0,11, more than twice the price. So, someone will actually pay for it, and it won't be Northvolt, it will be you and me, so far, from what Mr. Fitzgibbon has been saying. We need a debate on that.

Journaliste : On the presidential debate last night, can I just get you on your concerns if there is a reelection of Donald Trump?

M. Nadeau-Dubois : Well, just from the perspective of the fight against climate change, it would be terrible, terrible news. I mean, the United States are the key... one of the key players in our fight against climate change. And, if Mr. Trump wins, we will all pay the price, and the generation of my children will pay the price, and it will be a heavy price. We cannot go back in our fight against climate change. We should be accelerating. But now the threat that is in front of us is that we actually go back. So, yes, it makes me afraid. And I'm not the only one. That's why I think we're seeing a vast, vast, vast majority of Quebeckers saying : Let's hope that Mr. Trump doesn't win. Yes, we cannot afford it as a planet.

Journaliste : The comments he made about immigration, you know, and things like that, is that something that concerns you in terms of, you know, spreading that sort of thing to Québec, that people might start to believe some of the things that he's saying?

M. Nadeau-Dubois : Well, the anti-immigrant rhetoric of Donald Trump is not... is not an invention of the United States. It's not an American invention. We are seeing a rise in anti-immigrant rhetoric around the world. We see it in Europe. We see it all across North America. And that too should be a warning for us. It's... When... It's... It's... The temptation is strong to make fun of Mr. Trump's remarks about immigrants eating cats and dogs. It is ridiculous, of course. But it's also like a cautionary tale, you know, that the rhetoric of division can go very far. It can go to the limits of the absurd. But still, that rhetoric as an influence on the public debate all across America and in Québec, too. You know, at the era of social media, it would be naive to think that those kind of... that kind of rhetoric doesn't have an influence on the debate here, in Québec. Look at what is happening in France. Look at what is happening in Great Britain. We are seeing a rise in anti-immigrant rhetoric around the world, and it has certainly an impact on Québec. I think it would be very naive to think that Québec is like an island that is isolated from all those other democracies. So, yes, it's pretty frightening to see that. And let's just work together, in Québec, all of us, to make sure it doesn't happen here. But let's not succumb to the idea that we are naturally immune from this. Unfortunately, no one is.

Journaliste : ...votre position sur la motion sur l'austérité des libéraux aujourd'hui?

M. Nadeau-Dubois : Moi, je trouve, c'est la motion la plus rigolote que je n'ai pas vue à l'Assemblée nationale depuis longtemps. Les libéraux sont vraiment des gens très rigolos. Une motion libérale pour critiquer l'austérité dans les cégeps et les universités, c'est comme si le P.D.G. de St-Hubert n'aimait pas le poulet. Je veux dire, ces gens-là, c'est les spécialistes de l'austérité. Il ne s'est pas passé, je pense, une semaine depuis le dernier budget sans que Marc Tanguay dise : Il faut de la rigueur, il faut de l'austérité. Ces gens-là invitent Philippe Couillard pour le célébrer dans leurs instances, pour souligner son excellent travail à avoir fait de l'austérité au Québec. Et là, cette semaine, ça déchire sa chemise sur l'austérité. Je trouve ça très, très drôle. Franchement, quand la cohérence est passée, je pense, les libéraux étaient partis prendre une marche.

M. Bouazzi : Je rajouterais, ceci étant dit, qu'on est très, très inquiets de l'austérité qui est en train d'être mise en marche par le gouvernement de la CAQ. Effectivement, que ça soit le Parti libéral qui mette ça de l'avant, ça fait partie de l'exercice parlementaire, qui peut être amusant parfois. Mais, pour les cégeps, moi, j'ai parlé à la directrice générale du cégep... du collège Ahuntsic. Les coupures vont avoir d'énormes conséquences sur les nouveaux programmes, sur les matériels de laboratoire, sur les extensions. On sait qu'il y a une augmentation de 5 % de la cohorte... des cohortes francophones dans nos cégeps. Il y a le cas du cégep d'Abitibi, par exemple, où il y a eu 80 % de coupures. C'est absolument scandaleux. C'est un manque de vision. Et malheureusement, avec un gouvernement comme celui-là, on peut s'attendre à des gestes qui sont de plus en plus graves dans ce sens-là, puis on en parlera probablement dans d'autres points de presse, mais on demande clairement au gouvernement de revenir en arrière. S'ils veulent équilibrer leur budget, pas sur le dos de l'avenir du Québec, s'il vous plaît.

La Modératrice :  Merci beaucoup.

(Fin à 8 h 51)

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