(Huit heures cinquante-deux minutes)
M. Tanguay : Alors, bon matin
à tous et à toutes. On va vous parler ce matin d'agriculture. Le temps presse.
La CAQ refuse d'agir à la hauteur de la crise. François Legault a reconnu... et
je l'avais questionné en Chambre, d'abord, pour savoir s'il reconnaissait la
crise en agriculture. Il ne m'avait pas répondu. Il avait refusé de la
reconnaître. Quelques jours ou semaines par la suite, il l'a fait finalement.
Une fois que le premier ministre François Legault admet et reconnaît, il y a
plusieurs semaines, pour ne pas dire mois, qu'il y a une crise en agriculture,
qu'est-ce qu'il fait? Aujourd'hui, c'est zéro puis une barre.
Et je vais vous citer, de façon très
éloquente, Yves Laurencelle, président de l'UPA, Capitale-Nationale — Côte-Nord.
Il disait ce qui suit le 23 mai dernier : «Quand le premier ministre a
reconnu qu'il y avait une crise en agriculture, je ne crois pas qu'il était
sincère. Il l'a dit pour se débarrasser des journalistes. Parce que, s'il
reconnaissait la crise en agriculture, il aiderait le ministre à régler les
problèmes.» Fin de la citation.
Alors, on demande... François Legault, on
apprend qu'il va incessamment rencontrer les agriculteurs et agricultrices,
leurs associations. On demande... C'est fini, là : On est en mode écoute.
On demande des solutions et des actions. Voilà.
Je cède la parole maintenant à mon
collègue André Fortin.
M. Fortin :Merci. Au cours... Au cours de la fin de semaine dernière,
là, le contraste était quand même frappant au niveau des différents partis en
matière d'agriculture. Du côté de la CAQ, ce n'était aucun mot prononcé sur l'agriculture
lors de leur conseil général. Du côté de Québec solidaire, la priorité, c'était
de s'en prendre à l'Union des producteurs agricoles. Et, du côté du Parti
libéral, on a présenté une résolution d'urgence pour venir en aide aux
producteurs agricoles.
Une des choses qui doit absolument être faite,
à très court terme, c'est le programme Agri-relance pour tous les producteurs
horticoles, là, qui n'ont toujours reçu aucune compensation pour la saison
dernière, saison qui était particulièrement difficile, et qui ont... qui ont
fait les frais... qui ont payé les frais du début de saison cette année sans
avoir de retour jusqu'à date sur leur investissement. Le ministre de l'Agriculture
avait promis, il y a deux, trois mois... il y a deux mois, que, dans quelques
semaines, Agri-relance serait déclenché. Le mois dernier, il nous a dit :
C'est fait, c'est signé. C'est une question de jours. Ça s'en vient. Le chèque
est dans la malle, pour utiliser ses mots.
À ce jour, aucune nouvelle du gouvernement
fédéral sur Agri-relance, aucune confirmation que ça va être déclenché. Le
ministre de l'Agriculture était tellement sûr de lui qu'il nous a affirmé qu'on
n'avait pas besoin de plan B, que le Québec n'avait pas besoin de se préparer
au cas où le fédéral ne déclencherait pas le programme. Et pourtant ce n'est
toujours pas fait à ce jour. Les producteurs ont besoin de réponses
immédiatement.
Journaliste : Concernant le
GAP, c'est la dernière journée aujourd'hui, là, M. Fortin. Il semble... Ce qu'on
entend, là, les échos, c'est que les médecins sont prêts à mettre de l'eau dans
leur vin, là, d'ici à ce qu'on règle la nouvelle entente avec le Conseil du
trésor au niveau salarial. Qu'est-ce que vous leur dites aujourd'hui?
M. Fortin :Bien, deux choses. D'abord... D'abord, la négociation, là,
elle aurait dû avoir lieu bien avant la date butoir, qui est... qui est celle
de demain, là. Encore une fois, c'est les patients qui paient le prix. Moi,
dans ma région, c'est impossible d'avoir un rendez-vous au GAP en ce moment. Il
y a des cliniques complètes, cliniques complètes qui dépendent du modèle du
GAP, et on ne sait pas ce qui va se passer avec la semaine prochaine.
Alors, de savoir que les négociations
progressent, que les médecins sont d'accord pour mettre de l'eau dans leur vin,
ça, c'est positif. Mais ce qui est... ce qui est immensément «detrimental» pour
le patient, c'est de... c'est d'avoir cette incertitude-là. Le GAP, là, c'est
la seule solution que le ministre de la Santé a mise de l'avant pour donner un
accès aux patients, et lui-même a torpillé son unique solution en laissant ça à
la dernière minute, en ne négociant pas d'avance et en faisant en sorte qu'il y
ait des patients qui ne soient pas capables de prendre rendez-vous avec leur
médecin.
Journaliste : Mais, sur le
fond, là, est-ce que vous jugez qu'on devrait continuer de payer les médecins
pour avoir... pour le GAP, finalement?
M. Fortin :Bien, peu importe, peu importe le type de rendez-vous, que
ce soit un... que ce soit une clinique qui fait du sans rendez-vous, le médecin
a une rémunération, que ce soit le GAP, le médecin a une rémunération.
Moi, j'ai entendu beaucoup de médecins se
prononcer sur la place publique comme quoi le 120 $ était peut-être
généreux. Alors, de le renégocier, c'est tout à fait légitime, de s'assurer que
les plages horaires sont utilisées pour ça, c'est légitime.
Ce qui n'est pas légitime de la part du
ministre de la Santé, c'est de le faire à la dernière seconde comme ça. On
avait tout le temps du monde. La date du 1er juin, elle était connue.
Vous-même, M. Laforest, vous l'avez mis sur la place publique il y a environ un
mois, un mois et demi, et on s'est dit : Est-ce que le ministre va être
capable de négocier avant la date fatidique du 1er juin? Là, on voit qu'il n'a
pas été en mesure de le faire.
Moi, je pense que Christian Dubé, sur cet
enjeu-là, a besoin d'aide. Il est temps que Sonia LeBel se mêle du dossier.
Journaliste : ...à l'aise
avec le fait qu'on renégocierait à la baisse cette prime-là?
M. Fortin :Bien, il faut renégocier. Il faut...
Journaliste : À la baisse?
M. Fortin :Oui, oui. On n'a pas... On n'a pas d'enjeu là-dessus, là.
Il faut renégocier cette entente-là. On a entendu les médecins qui nous...
certains médecins qui disent que le 120 $, c'est très généreux. Alors, il
n'y a pas de problème. La renégociation, elle est légitime. C'est la façon de
faire qui ne l'est pas.
Journaliste : Le PLQ est pour
la rigueur budgétaire. Est-ce qu'il faudrait même la faire disparaître
complètement?
M. Fortin :On n'en est pas là, là. Ce que je vous ai dit tantôt, et je
le répète, c'est que peu importe le mode de... le type de rendez-vous,
lorsqu'un médecin voit un patient, il y a une rémunération d'associée à ça.
Des voix : ...
M. Fortin :Pardon?
Journaliste : ...de bonus dans
ce cas-ci, là. On parle de... Ce n'est pas l'acte, là. On parle de primes...
M. Fortin :Mais l'objectif, là, puis...
Journaliste : ...mais il y en
a d'autres, là, associées au GAP.
M. Fortin :Oui. Bien là, je vais prendre un petit pas de recul, là. Le
120 $, là, c'est Christian Dubé qui l'a négocié, parce que le GAP, c'est
lui qui l'a mis en place. Alors, quand il est arrivé avec le GAP, il nous a dit :
J'ai besoin que les médecins voient plus de monde, j'ai besoin de mettre une
prime de 120 $. C'est lui qui l'a fait. Est-ce qu'il était obligé d'aller
là? C'est... C'était son choix à ce moment-là.
Nous, ce qui est important, pour le Parti
libéral, c'est qu'il y ait davantage de Québécois qui soient capables de voir
un médecin. Alors, c'est à eux de juger, c'est eux qui sont dans les
négociations en ce moment, quel montant est nécessaire pour y arriver. Nous, ce
qu'on vous dit, c'est que le 120 $, c'était généreux, que ça n'a pas porté
ses fruits, comme le ministre... le ministre l'a vanté pendant des années.
Alors, de le renégocier, c'est légitime.
Journaliste : Mais ce
120 $ là, il a été négocié à une époque où le gouvernement nageait dans
les surplus. Là, la situation est différente avec 11 milliards de déficit.
Est-ce que, compte tenu justement de la réalité financière du Québec, il n'est
pas temps d'abolir une prime comme celle-là? Est-ce que ce n'est pas ce que
vous feriez? Quand vous avez parlé, par exemple, de... voyons, de...
Des voix : De rigueur?
Journaliste : ...de
rigueur... j'avais juste austérité dans la tête, je ne sais pas pourquoi, mais
de rigueur budgétaire, est-ce qu'il n'est pas le temps de l'arrêter, cette
prime-là?
M. Fortin :Nous, on pense que c'est le temps de le renégocier.
Journaliste : Vous demandez à
Mme LeBel de s'impliquer.
M. Fortin :Oui.
Journaliste : Qu'est-ce
qu'elle pourrait faire de plus, Mme LeBel?
M. Fortin :Bien, je pense que d'avoir un interlocuteur différent à ce
moment-ci, là... Les médecins ont senti que Christian Dubé avait d'autres
intérêts au cours des derniers mois. Je pense que la population l'a senti
aussi. Tu sais, quand on parlait, au cours du projet de loi n° 15, que
Christian Dubé laissait un paquet de trucs sur la table pour ne s'occuper que
du projet de loi n° 15, bien, ça en fait partie. Ça fait partie des choses
qu'il aurait dû mesurer, qu'il aurait dû voir venir et que ça n'aurait pas dû
se rendre à des rendez-vous annulés pour les patients.
Journaliste : ...Conseil du
trésor qui négocie ça, là.
M. Fortin :Oui, mais madame...
Journaliste : Donc,
Mme LeBel est à la table de négociation actuellement pour renouveler
l'entente avec les spécialistes et avec les omnis, là.
M. Fortin :Mme LeBel...
Journaliste : ...le GAP a été
créé sur un fond d'enveloppe des salaires des omnis, là.
M. Fortin :Ce qu'on... Ce qu'on demande, c'est que Mme LeBel
prenne un rôle de leadership public, public et plus important parce que, de
toute évidence, Christian Dubé, ce n'était pas sa priorité au cours des
derniers mois. Puis on voit ce que ça donne aujourd'hui.
Journaliste : ...pas un bon
négociateur, là.
M. Fortin :Bien, je vous dirais que ce n'était pas...
Journaliste : ...Mme LeBel
est...
M. Fortin :...ce n'était pas sa priorité. Puis vous le voyez, là. Là,
il y a des rendez-vous qui ont été annulés parce que la négociation, elle a été
laissée à la toute dernière minute. Ça fait un mois qu'on en parle ici, vous,
moi, dans les médias, que cette date butoir là, elle s'en venait. Et ça,
c'est... c'est systématique de la part de Christian Dubé, là. Il met de l'avant
une mesure, il ne fait pas le suivi, il ne mesure pas l'impact sur les
patients. C'est vrai pour le GAP, c'est vrai pour ce qui s'est passé sur la
Côte-Nord, c'est vrai pour ce qui est en train de se passer au CISSS de la
Montérégie-Ouest, c'est vrai pour ce qui est... ce qui s'est passé en Abitibi.
C'est systématique de la part de Christian Dubé. Il laisse ça à la dernière
minute, puis c'est les patients qui en font les frais. C'est pour ça qu'on
demande une intervention de quelqu'un d'autre que lui.
Journaliste : Dans le dossier
de la Côte-Nord, qu'est-ce que vous pensez de la décision du CISSS de pelleter
la responsabilité dans la cour du ministre... du ministère et de, ce matin,
éviter les entrevues?
M. Fortin :Là, il y a... Dans ce dossier-là, là, le ministère dit que
ce n'est pas de sa faute à lui. Le CISSS de la Côte-Nord dit que ce n'est pas
de sa faute à lui. Le ministre de la Santé dit que ce n'est pas de sa faute à
lui. La ministre des Aînés refuse les demandes d'entrevue. Le CISSS de la
Côte-Nord refuse les demandes d'entrevue. Puis, pendant ce temps-là, c'est le
patient qui paie le prix. Le patient de la Côte-Nord, aujourd'hui, là, le
31 mai, si c'est un enfant qui a besoin de services de pédiatrie, il doit
se rendre à Québec. S'il y a une... S'il y a une mère qui accouche sur la
Côte-Nord et qui a la moindre complication, elle risque de se faire séparer de
son bébé. L'impact sur les patients dans la Côte-Nord, il est immense. C'est
une région qui est en crise au niveau des soins de santé, et de savoir que, de
part et d'autre, le ministre, le ministère, le CISSS se garrochent la balle,
là... On a besoin d'adultes dans la pièce et de gens qui sont prêts à répondre
à la population.
Journaliste : ...sur le
projet structurant de l'Est, là, on voit qu'il y a une proposition, peut-être,
de 16, 18 milliards. Tout d'abord, qu'est-ce que vous pensez, peut-être, d'un
prix comme ça? Puis est-ce que ça devrait être le premier projet qui est pris
par l'agence de Guilbault, là, quand ça va être mis en place?
M. Tanguay : O.K. Il y a
tellement de choses à dire là-dessus. Moi-même, député de l'est, dans
Rivière-des-Prairies, LaFontaine...
Écoutez, c'est la ixième mouture. On ne
compte plus le nombre de moutures du projet structurant pour l'est de Montréal.
Là, il y a un nouveau projet, 16, 18 milliards. Moi, je pense que ça a été...
de ce que l'on décode, ça a été quand même bien reçu par le cabinet de la
ministre Guilbault. On veut qu'il y ait des suites à ça. On veut qu'il y ait
des divulgations, justement, du budget, du calendrier, qu'il y ait des
consultations qui se fassent de façon efficace pour qu'on puisse finalement
avoir quelque chose qui avance.
Encore une fois, dans leur sixième
année... François Legault avait dit : Vous me jugerez sur les résultats.
C'est zéro puis une barre pour ce qui est de l'est de Montréal. Alors, on a
hâte de voir comment le gouvernement, maintenant que la balle est dans son
camp, va réagir, va être proactif puis va faire avancer un projet.
Journaliste : Mais là c'est
l'ARTM qui propose. On comprend que les pouvoirs de l'ARTM, tout ça va changer
parce qu'elle n'aura plus la possibilité de proposer des projets, ça va aller à
l'agence. Avez-vous peur, justement, que ça, encore, mette des délais puis...
M. Tanguay : Ah! bien, c'est
sûr. Je veux dire, il reste quoi? Il reste deux ans et demi à ce mandat-là du
mauvais gouvernement caquiste. Ils n'ont rien livré, ils sont dans leur sixième
année. Alors là, que sera le rôle, le cas échéant, de l'agence de transport?
Est-ce que c'est l'agence de transport qui va prendre le leadership dans ce
dossier-là? Encore une fois, c'est à la ministre Guilbault, au gouvernement de
François Couillard... de François Legault, François Legault... le gouvernement
de François Legault de mettre de l'avant ce qu'il va faire avec ce tracé-là
puis de livrer le projet.
Parce que Philippe Couillard, lui, avait
livré, quand on compare les deux. Alors, il ne faut absolument pas mélanger les
deux. François Legault ne livre pas. Philippe Couillard a livré ce qu'on
appelle le REM de l'Ouest, imaginez-vous. Il faudrait que François Legault ait
un peu plus de Couillard dans sa façon de développer, de développer, de
développer le transport structurant.
Journaliste : M. Fortin,
quand vous allez être au gouvernement, mettons, vous êtes ministre de la Santé,
est-ce que vous gardez ça, Santé Québec, ou c'est terminé, sous un gouvernement
libéral?
M. Fortin :Là, on n'est pas là, là. Honnêtement, ce que... ce qui...
Journaliste : ...est-ce qu'un
gouvernement libéral garderait Santé Québec?
M. Fortin :Bien, ce qui nous... ce qui nous inquiète aujourd'hui de
Santé Québec, là, c'est... c'est tous les... comment dire, c'est... c'est tous
les changements que ça va imposer à l'intérieur du réseau de la santé, là. Une
réforme, c'est lourd, c'est pesant, c'est difficile pour le réseau de la santé.
Alors, honnêtement, il faudra voir dans deux ans on est rendus où avec tout ça.
Aujourd'hui, là, on n'est pas prêts à prendre d'engagements d'une façon ou
d'une autre parce que ça a un poids immense, faire une réforme sur le réseau de
la santé. Alors, il faudra mesurer où on est rendus à ce moment-là.
Journaliste : ...
M. Fortin :Eh voilà! Eh voilà!
Journaliste :
On the GAP, you want to have a new
person involved, you're saying Sonia LeBel, but you know that there is already
a conciliator to the file, working with the two parties to come up with an
agreement, and since the beginning of the week.
M. Fortin :
I think it would be useful to have a
different voice, a different public voice in this matter, but at the... but the
bottom line is that Christian Dubé pushed this negotiation back, and back, and
back. This should have been done a long time ago. Everybody knew that June 1st
was the deadline. Everybody knew this was coming. And now we are facing a
situation where patients are losing access, patients cannot get appointments
with their health care providers because Government left this to the very last second. So, it's on them. And it's
systematic of Christian Dubé's approach on every file. Every time he puts
forward a measure, he doesn't... he doesn't measure the impact of it, and then
the patients end up having to pay for it. So, that's why we're saying that a
different voice would be useful in the public discourse.
Journaliste :
But the bottom line is that family
doctors are saying that they're no longer taking patients because they don't
receive the bonus anymore. They are not winning the public opinion war right
now.
M. Fortin :
But the responsibility to offer health
care services to my family, to your family, to our citizens, to Quebeckers lies on the Health Minister, lies
on the Government of Québec. They are... They have a responsibility
to strike a deal with the doctors so that patients have access to those
doctors, which they haven't done, they left it to the last second, and patients
are the ones paying the price.
Journaliste :
But you would... you would continue to
pay the bonus even though you don't have a proof that there is an increase of
appointments in Québec? What
would you do?
M. Fortin :
It is the only mechanism that the CAQ Government has added to say : How can
we provide Quebeckers with a family doctor access? It's the only one. And,
since they're in power for the next two years, that is the only access that
they will have. So, at this point, if they're putting all their eggs in this
basket, this one basket, they have to make it work. So, does it need to be
renegotiated? Absolutely. But
the way the Government's
renegotiating is creating problems for patients and citizens, and that's where
the problem lies. Merci beaucoup.
(Fin à 9 h 07)