(Huit heures quarante-neuf minutes)
M. Bérubé : Bonjour. Francisation
Québec, un verdict accablant qui provient du Commissaire à la langue française,
nommé par un gouvernement de la CAQ, qui nous dit essentiellement que le
dernier rapport qui restait à la CAQ, pour accepter davantage d'immigrants,
c'est : On va les franciser. C'est un échec retentissant. Je vous rappelle
un chiffre, en 2016, la population non permanente au Québec, c'était 86 065;
au 1er janvier, 560 174. Et qu'est-ce qui arrive avec Francisation Québec?
Le nombre de personnes qui ne connaissent pas le français augmente plus
rapidement que le nombre de personnes qu'on francise. Donc, le gouvernement a
perdu le contrôle, n'est plus capable de franciser correctement, surtout les
non-résidents, et ça fait en sorte que le français recule, vous l'avez évoqué
ce matin, c'est accéléré.
Et le sort de notre nation ne peut pas
dépendre, avec ces chiffres-là, d'une rencontre aléatoire avec le premier
ministre Trudeau d'ici la fin du mois de juin. On est très inquiets. Et le gouvernement
devra tirer des conclusions politiques de ce qui se passe présentement et d'arrêter
de faire comme si rien n'était. C'est grave ce qui se passe. Il y a des coûts
économiques, il y a des coûts sociaux, il y a des coûts humains. Et c'est ce
que le commissaire est venu nous réitérer, et on supporte totalement ses
recommandations.
M.
St-Pierre
Plamondon :Bonjour, tout le monde. Ce
matin, en toute franchise, je me demandais de quoi vous parlez en ouverture,
tellement il y a de sujets simultanément qui démontrent qu'à plusieurs égards
le Québec va mal. On a un ministre du Numérique qui est incapable de gérer nos
données. On a une ministre qui n'est pas capable de faire une liste d'attente
pour les CPE, comme si les technologies ne le permettaient pas. On fonctionne
toujours avec des fax dans nos hôpitaux. Le ministre de la Santé expulse des
personnes âgées, et, la veille, on apprenait qu'on envoyait des poupons loin de
ses parents, faute de pouponnière. La francisation ne fonctionne pas, et on est
devant un recul historique du français. Le ministre de la Sécurité publique
nous dit qu'il y a assez de policiers alors que ce n'est pas le cas, et la
criminalité atteint des sommets inégalés depuis longtemps. On a plus de
collusions, plus de contrats sans appel d'offres. On a des positions à l'international,
notamment vis-à-vis le conflit à Gaza, qui sont indéfendables. On a des
garderies à proximité des piqueries. Je ne sais pas de quoi vous parlez, mais,
clairement, on est devant... Si on prend un pas de recul, on est devant un
gouvernement à la dérive, un gouvernement qui n'a pas de vision et qui, faute
de planification et, dans plusieurs cas, faute de compétence, amène le Québec à
la dérive.
Donc, je vais prendre les questions sur
les sujets que vous jugez prioritaires, mais je pense qu'il faut prendre un pas
de recul et réaliser à quel point, dans plusieurs dossiers, le gouvernement de
la CAQ a été au-dessus de ses affaires pendant des années, et là on récolte l'absence
de planification et l'absence de compétence avec des vrais problèmes partout à
travers le Québec.
Journaliste : Est-ce qu'on
est rendus... au Québec de poursuivre des... de menacer de poursuivre des gens
qui ne veulent pas quitter des centres hospitaliers, entre autres celui de
Baie-Comeau, parce que trop âgés, et les envoyer dans des CHSLD à l'extérieur
de leur milieu de vie, parce qu'il n'y a pas de place?
M. Bérubé : Qu'est-ce qui se
passe à Baie-Comeau? En début de semaine, on a envoyé un poupon sans sa mère à l'extérieur.
Maintenant, on menace d'expulser des aînés de CHSLD. Écoutez, là ça ne se passe
pas tellement loin de chez nous puis dans un milieu que je connais bien, pour
avoir eu un père qui a fréquenté ces milieux-là. C'est du jamais-vu, et tout
ça, ce n'est pas Santé Québec, là, c'est sous la gouvernance du ministère de la
Santé. Ça ne suffit pas de dire à chaque jour qu'on est indigné, là. C'est le
ministre qui décide des grandes orientations, puis la population de Baie-Comeau
et de la Côte-Nord, présentement, fait les frais d'une mauvaise planification
et d'un bras de fer entre le ministre de la Santé, qui veut montrer qu'il ne va
rien céder, et les médecins omnipraticiens, à certains égards, pour le GAP,
mais aussi les infirmières pour les agences. Alors, c'est... Les gens de
Baie-Comeau, ils n'ont pas voulu ce destin-là, d'être dépendants de ce qui se
passe présentement.
M.
St-Pierre
Plamondon :Puis j'ajouterais qu'en
termes de qualité des politiques publiques, on parle d'un virage nécessaire vers
les soins à domicile. Et parce qu'on ne le fait pas, bien, les gens qui
pourraient recevoir des soins à domicile sont en CHSLD. Qu'est-ce que ça fait?
Bien, ça crée une rareté des places, ce qui fait que certaines personnes
veulent rester à l'hôpital, parce qu'il n'y a pas d'autres options pour eux. Et
ça, à nouveau, c'est une question de qualité des politiques publiques.
Journaliste : Mais on sait...
Là, M. Dubé va nous parler dans quelques minutes. On sait à peu près ce qu'il
va dire, là, que ça n'a pas de bon sens puis qu'il ne... pas faire ça, puis qu'il
a donné des directives. C'est ça qu'il va dire. Mais il y a quand même des gens
sur la Côte-Nord, dans l'administration du CISSS, qui ont pensé que c'était une
bonne idée de menacer des personnes âgées en CHSLD en leur envoyant une lettre,
où on les menace. Il devrait arriver quoi avec ces gens-là...
M. Bérubé : Bien, ils sont...
Journaliste : ...leurs
bureaux puis qui disent : Crime, je vais envoyer une lettre à une personne
âgée dans un CHSLD pour le menacer de le faire payer s'il ne s'en va pas?
M. Bérubé : Bien, les P.D.G.
sont nommés par Christian Dubé. C'est lui qui les nomme. Puis, quand qu'ils
font ça, ces P.D.G. puis leurs employés, ils savent bien que ça va finir par
être public, mais ils se disent : Probablement que le ministre va nous
défendre. Je veux dire, ce n'est pas une nomination étrangère. C'est la CAQ qui
a nommé le P.D.G., puis il n'y aura jamais eu autant de centralisation
maintenant dans les réseaux. Là, on est devant une situation où le ministre
aimerait beaucoup dire que là, c'est Santé Québec qui gère ça. Mais, aujourd'hui,
les gens de Baie-Comeau, là, ne sont pas attendris par le... les lignes qu'il
vous a envoyées tout à l'heure puis qu'il va vous dire tout à l'heure, là. Il
se passe quelque chose de grave sur la Côte-Nord. Moi, j'en suis témoin. On est
dans le même écosystème dans l'est du Québec, et ce n'est pas la faute de
personne d'autre que ce gouvernement-là qui a mal planifié la fin des agences.
Journaliste : Est-ce que ces
gens-là devraient être sanctionnés sévèrement pour avoir...
M. Bérubé : Je ne suis pas
là-dedans... qu'ils offrent des services, puis qu'on rassure les familles qui
ont peur de voir un aîné partir peut-être à Sept-Îles, peut-être dans
Charlevoix, peut-être à Québec ou au Lac-Saint-Jean. Moi, avant de trouver les
coupables, là, rassurons les familles. C'est là-dedans qu'on est.
M.
St-Pierre
Plamondon : Puis, à la base...
Journaliste : ...mais qu'est-ce
qu'on doit penser du jugement d'une personne qui fait ça?
M. Bérubé : Ça viendra après.
M.
St-Pierre
Plamondon :Puis, à la base, c'est la
responsabilité de ce gouvernement et du ministre. Parce que, si on planifie mal
et on a des politiques publiques qui, à long terme, ne sont pas viables, il y a
un moment donné où on frappe le mur, et c'est à ce gouvernement d'expliquer
comment on en est rendu là. Sur ce sujet à Baie-Comeau, comme sur tant d'autres
sujets, le Québec va mal de manière très, très généralisée, parce que ce
gouvernement manque de planification et manque de compétence, fait des
communications... Ça, des communications, vous allez en avoir, mais on n'est
pas plus avancé, et c'est à ce gouvernement de répondre, d'abord et avant tout.
Journaliste : ...mal planifié
la fin des agences. Est-ce qu'il faut... Bien, un des deux peut répondre, mais
est-ce qu'il faut reculer? Est-ce qu'il faut ramener les agences
temporairement, le temps de mieux réussir la transition?
M.
St-Pierre
Plamondon :Non, c'est vraiment une
question de planification.
Journaliste : ...présentement...
présentement, c'est le bordel, là.
M.
St-Pierre
Plamondon :Exact.
Journaliste : Qu'est-ce qu'il
faut faire?
M.
St-Pierre
Plamondon :Exact. Bien, nous, on
constate l'absence de planification dans cette transition. Ça crée, comme vous
le dites, un bordel au détriment de la population. Donc, on demande au ministre
de se saisir de la question et de ne pas agir en commentateur de l'actualité.
C'est lui, le ministre. Et, comme le disait Pascal, c'est lui qui a nommé tous ces
P.D.G.
M. Bérubé : Tous.
M.
St-Pierre
Plamondon :Donc là, il y a un moment
donné... le ministre va devenir responsable. Plutôt que de commenter en disant
que c'est inacceptable... C'est inacceptable en raison de sa gestion.
Journaliste : Comment vous
réagissez face au constat de l'AMP qui se rend compte que...
M.
St-Pierre
Plamondon : Je suis très inquiet.
Journaliste
: ...depuis
trois ans, il y a une augmentation de 30 % des contrats de gré à gré et
elle constate, avec ses pouvoirs, qu'il y a de plus en plus la présence de
collusion, donc du crime organisé, là. Ça, c'est des constats qu'elle a fait
part aux parlementaires.
M.
St-Pierre
Plamondon :Revenons aux projets de loi
no 61 et no 66. La volonté de la CAQ, en temps de pandémie, c'était, dans la
mesure du possible, de contourner les processus d'évaluation environnementale,
les processus d'appel d'offres, et on a vu une explosion des contrats de gré à
gré, et ça ne s'est pas estompé après la pandémie. Donc, on donne de plus en
plus de contrats de gré à gré, et là on a un projet de loi pour lequel il
faudrait se dépêcher... essentiellement, où est-ce qu'on suggère : S'il
n'y a pas de soumissionnaire, bien, on va y aller de gré à gré. Bien, vous
comprendrez qu'on ouvre la porte à la collusion, parce que c'est facile,
s'organiser entre soumissionnaires en disant : Moi, cette fois-ci, je n'y
vais pas, tu vas être le seul puis tu pourras fixer le prix que tu veux.
Donc, on est très, très loin des
recommandations de la commission Charbonneau, même, je dirais que, sur cet
article précis là, on se dirige dans le sens inverse des conclusions puis des
recommandations découlant de la commission Charbonneau. Et il n'y a aucune
chance que le Parti québécois précipite ce projet de loi là, qui est sous étude
en ce moment, parce que tout le monde... plusieurs intervenants sont venus
dire : Drapeau rouge, on risque de connaître des problèmes encore plus
graves, alors qu'on sait déjà que ce gouvernement crée un environnement
d'octroi de contrats de gré à gré en temps de pandémie, toutes sortes de
contrats pour lesquels on n'a jamais eu d'information. C'est déjà un
environnement glissant.
Journaliste : Et, même dans
la situation actuelle, je veux dire, est-ce qu'il faut faire la lumière sur les
contrats de gré à gré? Quand l'AMP dit qu'elle en trouve de plus en plus qui
sont en lien avec la collusion... Ce que vous dites, là, c'est ce que le
président-directeur général de l'AMP a dit, c'est-à-dire que... Il y a
certaines régions où les entreprises se disent : On ne soumissionne pas. Cette
année, c'est moi; l'an prochain, c'est toi.
M.
St-Pierre
Plamondon :C'est sûr. Et dans quel cas
il y aura des enquêtes. Donc, il ne faut jamais oublier que la justice a le
bras long. Donc, ce n'est pas parce que ce gouvernement-là ne s'intéresse pas à
la collusion ou ferme les yeux puis augmente le nombre de contrats de gré à gré
qu'un prochain gouvernement ne s'intéressera pas à la lutte à la corruption. La
justice a toujours lieu. Des fois, il y a des délais, mais nous, on ne laissera
jamais passer.
Journaliste : Vous pensez
qu'ils ferment les yeux sur la collusion?
M.
St-Pierre
Plamondon :Bien, c'est-à-dire que, si
tu augmentes constamment tes contrats de gré à gré puis que tu proposes dans un
projet de loi un mécanisme par lequel ce serait très facile d'organiser de la
collusion, je ne peux pas parler de l'intention, mais, clairement,
objectivement, tu crées un environnement qui favoriserait la collusion, et
nous, on ne laisserait pas passer.
Journaliste : M. St-Pierre
Plamondon, ce matin, vous avez dit à plusieurs reprises que le Québec va mal,
«le Québec va mal de manière très, très généralisée». Qu'est-ce que vous
répondez à ceux qui pourraient vous dire que c'est un peu alarmiste de répéter
que le Québec va mal en ce moment?
M.
St-Pierre
Plamondon : Je peux refaire la liste de ce que je... de ce
qu'on devrait tenter de commenter ce matin, mais replongez-vous il y a 10 ans à
peine, et on n'aurait pas imaginé autant de problèmes simultanément, de
constats d'échec dans plein de domaines au Québec. L'expression utilisée par
certains journalistes, c'est que ça craque de partout. Moi, je dirais qu'on est
devant un gouvernement à la dérive. Y a-t-il un pilote dans l'avion, là, quand
on regarde tous les ratés et tous les échecs dans plein de domaines qui n'ont
pas de lien? Et c'est toujours à peu près les mêmes sujets. C'est l'absence de
planification, probablement aussi l'arrogance pendant un certain nombre
d'années, qui a amené à ne pas planifier, mais dans certains cas aussi,
disons-le, là, l'absence de compétence pour bien gérer l'évolution des projets.
Il faut faire ce constat-là ce matin, là. Il y a trop de sujets qui sont tous
très, très déplorables, très, très importants et qui sont symptomatiques d'un
phénomène beaucoup plus large, assez généralisé au terme de maintenant six ans
de gouvernance caquiste, et ça doit être dit parce que ce n'est pas normal.
Le Modérateur : ...
Journaliste : ...I want to get your reaction to UQAM, that the pro-Palestinian camp is
being dismantled as the result of the injunction.
M. St-Pierre
Plamondon :
Once
again, the tribunals are setting the limits on what's acceptable and what's not
acceptable. From what I understand, both parties actually agree on how it
should work. So, as we said on several occasions, that's up to tribunals to
decide where we draw the line. We expect all parties to follow those rules.
Journaliste :
But are you happy though that its
peaceful settlement to...
M. St-Pierre
Plamondon :
When
you follow the institutions and you follow the law, there's a way for peaceful
resolution, and that's an example.
Journaliste :
Thank you.
(Fin à 9 h 01)