(Huit heures vingt-cinq minutes)
M.
Bérubé
: Bonjour,
tout le monde. Journée importante, 50eanniversaire du français
comme langue officielle au Québec. Beaucoup a été fait, beaucoup reste à faire
encore, notamment pour la protection du français.
Et j'invite le gouvernement qui se
questionne sur le français auprès des jeunes, sur la socialisation qui se fait
en français, à adopter une mesure qui s'impose, ça ne serait pas prématuré d'adopter
le cégep en français, une mesure promue par le Parti québécois, par à peu près
tous les syndicats d'enseignants collégiaux au Québec, par le grand Guy Rocher,
un des co-rédacteurs de la loi 101; un consensus de plus en plus large. C'est
une mesure que la CAQ s'est refusée à adopter dans la loi no 96, dans son
plan d'action pour le français.
Et le ministre disait hier que peut-être
qu'il faudrait poser des gestes supplémentaires. Alors, vous savez quoi? Nous,
on sera heureux s'il pose ce geste-là, puis on va l'applaudir. On est
persistant, on travaille là-dessus depuis des années, on a des convictions, on
a des compétences. Je dis au gouvernement du Québec : Le moment est arrivé
de prendre toutes les mesures nécessaires pour s'assurer de la vitalité du
français.
Et j'utilise cette ouverture de conférence
aujourd'hui pour réitérer cette conviction très forte qu'on a à l'égard de
cette mesure qui permettrait, à un moment clé de la vie des jeunes de toutes
origines, à la fois les francophones et les jeunes issus de l'immigration, de
socialiser en français au moment où il faut choisir un métier, un réseau, un
lieu d'implantation. Et, sur ce, nous sommes tous les deux, les deux Pascal,
disponibles pour vos questions.
Journaliste : Là-dessus,
justement, M. Bérubé. Hier, le ministre Roberge a dit que, malgré l'augmentation
du nombre d'étudiants francophones dans les cégeps anglais, on n'avait pas
encore vu les impacts de la... sur loi no 96. Qu'est-ce que vous répondez à
ça?
M. Bérubé : Il n'y en aura
pas tant que ça. Il a plafonné. Mais l'enjeu est important, même si on élimine
les francophones de l'équation, les jeunes issus de l'immigration, les jeunes
de la loi 101, comme on dit, qui ont fait leur parcours primaire et
secondaire en français, il y a un transfert important dans les cégeps en
anglais. Ça veut dire qu'à 17, 18 ans, c'est un moment clé, on choisit une
formation, un lieu où on va travailler, un métier, on est en couple, on a une
famille, donc c'est un moment qui est important. On a investi beaucoup de temps
et d'énergie pour le primaire et le secondaire puis, au cégep, on dirait libre
choix? Ne serait-ce que pour les jeunes issus de l'immigration, ça vaut la
peine.
Mais, de façon générale, le réseau
collégial devrait être assujetti à la loi 101. Il y a un pas de plus à
faire là. Là, ils ont plafonné. C'est sûr qu'ils vont attendre de voir ce que
ça va donner. Mais là où je trouve que la CAQ a plafonné, c'est sur les mesures
à mettre en place pour le français.
Journaliste : Mais il y a 12 ans,
vous ne l'avez pas fait, là. Pourtant, c'était dans votre programme, vous avez
déposé une loi. Vous allez me dire, vous étiez minoritaires, vous n'avez pas eu
l'appui de la CAQ, l'ADQ à l'époque, pour le faire...
M. Bérubé : Ah! Merci de m'ouvrir
la porte, un gouvernement...
Journaliste : ...mais vous n'êtes
pas allés jusqu'au bout de votre idée, là, vous avez baissé le genou, là, en
2012.
M.
Bérubé
: On a
changé... on a changé d'opinion là-dessus. Et gouvernement minoritaire... Et d'ailleurs
on se souviendra que la CAQ avait voté contre la loi qu'on avait proposée parce
que ça allait trop loin. Ça, c'est le même gouvernement. On a perdu des années
sur les entreprises de moins de 50 employés. On n'avait pas cette position-là
sur le cégep en français, on l'a maintenant puis on s'assume. Puis vous savez quoi?
Ça nous sourit plutôt de s'assumer totalement.
Journaliste : ...nomination
de Christiane Germain à la table du C.A. de Santé Québec. Mme Germain, là,
était dans le groupe de réflexion qui a mené à la CAQ, donc elle est aussi
proche de M. Dubé, est-ce que vous y voyez une nomination partisane?
M. Bérubé : Bon, avec la CAQ,
il faudrait tout le temps saluer les intentions au lieu des résultats. Juste vous
glissez quelques résultats brièvement, puis je vais répondre à votre question.
Ce matin, à Mont-Laurier, 280 % d'attente à l'urgence, Saint-Eustache, 168 %,
Hôpital de Verdun, 219 %, puis à l'Hôpital général juif, 177 %...
M. Paradis : Taux d'occupation.
M.
Bérubé
: Taux
d'occupation. Il n'y a personne qui est ému, là, de voir l'agence de santé, le
C.A., ça ne change rien dans leur vie. Alors, moi, je ne commente pas les
individus, je commente les résultats.
Présentement, il y a un plan de
contingence en Outaouais, il y a une agence qui coûte une fortune en Abitibi,
il y a une situation précaire sur la Côte-Nord. Le système est en train de s'écrouler,
puis là, nous autres, il faudrait tous ce qu'on se tourne en même temps vers l'agence
en applaudissant le génie qui a été créé là, on n'embarquera pas là-dedans. Je
veux dire, à chaque fois, là, pendant des mois, ils nous ont tenus, là : Ça
va être qui, le top gun? Là, il fallait... c'était quasiment une téléréalité.
Un peu plus il y avait une caméra qui suivait le ministre pour savoir, tu sais,
sur quoi il penchait. Ne comptez pas sur nous pour embarquer là-dedans.
Quant à la présidence, demandez au premier
ministre quel était son critère pour nommer une présidence. Moi, j'aimerais l'entendre
là-dessus. Mais moi, je sais, dans... Je connais Mme Germain, j'ai été
ministre du Tourisme, je connais l'excellence dans son domaine. Mais est-ce que
ça prenait quelqu'un du privé absolument à la tête? C'est quoi, le critère?
Puis effectivement le premier ministre la connaît, c'est une des membres
fondatrices de la CAQ.
Journaliste : ...la connaître,
est-ce que ça, c'est un manque d'indépendance face au gouvernement?
M. Bérubé : J'évoque un fait.
Journaliste : ...la Commission
sur la santé et les services sociaux pourrait la convoquer pour l'entendre
aussi, là, pour...
M. Bérubé : Vous savez bien
que, même si on le demande, ils ne le feront pas. Le premier ministre est très
jaloux de ses nominations. D'ailleurs, j'en découvre des fois... Il y a
tellement de choses qui se passent, à quatre on ne voit pas tout. J'ai vu hier
que le délégué du Québec à Washington est un ancien candidat de la CAQ, depuis
le 1er mai dernier. Je n'avais pas vu ça, ça m'avait échappé. Donc, les
nominations se poursuivent, puis on n'a pas souvent l'occasion de les
questionner. Je vois qu'un sous-ministre de M. Fitzgibbon va être nommé à
Investissement Québec aussi. Ça se poursuit.
Donc, toujours intéressé à questionner les
gens sur pourquoi... Comment ils ont été approchés? Ça, c'est un autre enjeu.
Est-ce que les gens lèvent la main ou ils ont été approchés? Dans le cas de Mme Germain,
je comprends qu'elle a été approchée. Donc, c'était le choix du gouvernement.
Journaliste : Votre allié
indépendantiste vous a tendu la main ce matin pour régler rapidement le dossier
sur l'habitation, vous lui répondez quoi?
M. Bérubé : Bien, qu'on se
comporte selon nos... nos propres guides et on n'a pas besoin Québec solidaire,
là. L'enjeu du logement, ça fait longtemps qu'on travaille là-dessus. Puis oui,
on va... c'est une avancée qui est intéressante, puis on va l'appuyer dans les
meilleurs délais. Mais ce n'est pas... ce n'est pas Québec solidaire qui va
dire au Parti québécois comment se comporter. Je comprends que M. Gabriel
Nadeau-Dubois a... a besoin de conforter sa position pour la fin de semaine,
mais ça, ça ne nous regarde pas.
Journaliste : Mais qu'est-ce
que ça veut dire en clair? Eux, ils... ils aimeraient ça une adoption avant...
avant la pause estivale. Est-ce que vous pensez que c'est réaliste, l'adoption
de ce projet de loi là, avant la pause estivale?
M. Bérubé : On va faire dans
les meilleurs délais. Mais, vous savez, quelqu'un a posé la question tantôt, il
était un peu dérouté, ça ne s'applique pas pour le 1er juillet, là, ça s'applique
pour l'année prochaine, donc il n'y a pas une urgence pour le 1er juillet.
Ce que Québec solidaire essaie de dire à
travers vous, pour leurs membres en fin de semaine, c'est : Écoutez, on va
avoir un gain, là, avant la fin de semaine. Mais oui, ça va être important pour
les locataires, pas pour Québec solidaire, pour les locataires.
Joel Arseneau a tellement travaillé
là-dessus, puis ça fait des années qu'on travaille là-dessus, ce n'est pas un
enjeu qui appartient à Québec solidaire, ça, le logement, c'est un enjeu qui
appartient à tous ceux qui y ont travaillé. Puis moi, je suis très fier de
notre contribution sur cet enjeu-là. Et... et...
Des voix : ...
M. Bérubé : ...et je crois
même que le... à bien des égards, Québec solidaire a dit : Ça... on a
beaucoup collaboré à ce qu'ils changent d'idée. Je pense que les sondages ont
beaucoup contribué au changement de position de la CAQ. Vous devriez mettre ça
dans l'équation.
Journaliste : ...locataires,
est-ce que c'est important d'adopter ce projet de loi là avant le...
M. Bérubé : C'est important
de l'adopter. Moi, je suis plutôt de l'école que, quand on a des projets,
essayons de les adopter pendant qu'on siège. Alors, oui, c'est possible de le
faire.
Les consultations ont pas mal toutes été
faites, mais on n'a pas besoin d'une motion ce matin qui nous dit : Aie! j'espère
que les autres partis vont être d'accord avec nous. Ce n'est pas Québec
solidaire qui mène le jeu. Chacun des partis a des convictions et s'assume,
puis on va faire notre travail, mais...
Journaliste : ...de
frustration dans vos déclarations ce matin, compte tenu que vous avez fortement
critiqué le fait que Québec solidaire avait concédé des choses au gouvernement
pour faire adopter une loi, là. Je sens une certaine frustration dans vos
propos ce matin, est-ce que je les... je décode mal?
M. Bérubé : Oui, c'est le
cas.
Des voix : ...
Journaliste : ...si on fait
la séquence. Au début, vous disiez que c'était, bon, un spectacle, après ça,
bon, vous avez critiqué l'usage... votre chef a critiqué l'usage du terme loi...
M. Bérubé : L'important, c'est
le résultat. Ne jamais saluer les intentions, saluer les résultats, c'est notre
façon d'opérer dans tous les dossiers. Je viens de vous parler du français, c'est
la même affaire, les résultats.
Là, le projet de loi, hier, on n'avait
même pas eu le temps de le regarder. Là, on va l'étudier, on va faire du mieux
possible, on ne va pas retarder, on est préparés à ça, on connaît les positions
des groupes, notre collaboration est acquise. On n'a pas besoin de quelqu'un
qui nous dit : Allez-vous collaborer? Quand même!
Journaliste : Mais on
comprend que, pour vous, il n'y a pas urgence?
M. Bérubé : Moi, j'aimerais
qu'on l'adopte avant la fin de la session si on est capables. Moi, je suis
plutôt de cette école-là.
Journaliste : ...des
solidaires, là, vous nous avez dits...
M. Bérubé : Mais ils n'ont
pas besoin de nous le demander. Je veux dire, on est capables de se comporter
selon nos propres guides.
Journaliste : ...
M. Bérubé : Savez-vous
pourquoi qu'ils le font? Parce qu'ils ont un événement en fin de semaine puis
ils ont besoin de cocher ça pour leurs militants. Puis le gouvernement,
pourquoi qu'il fait ça? Parce qu'il regarde les sondages. Ne cherchez pas plus
loin.
Journaliste : Mais le
moratoire de trois ans, là, dans ce projet de loi là, les gens vont se faire
évincer indépendamment de la date du 1er juillet, là. Donc, vous ne voyez
pas d'urgence, au-delà du 1er juillet, de mettre en place ça pour les
locataires?
M. Bérubé : Je n'ai pas dit
qu'il n'y avait pas d'urgence, on est prêts à l'adopter, là, dans les deux
prochaines semaines, ça fait que c'est assez vite.
Puis, pour le reste, le gouvernement fixe
trois ans. Donc, il avance. Moi, je salue cette avancée. C'est exactement dans
le sens de ce qu'on souhaite. Peut-être que vous ne l'avez pas entendu aussi
fortement, mais c'est la même position qu'on a.
Journaliste : ...que
l'important, c'est le résultat, puis qu'on faisait ça pour les locataires, puis
que le gain politique n'était pas nécessaire ou n'était pas pertinent
là-dedans.
M. Bérubé : On était prêts à
le faire ce printemps.
Journaliste : Mais, dans ce
cas-là, pourquoi est-ce que vous semblez avoir une réticence à appuyer le fait
que Québec solidaire veuille prendre les devants ou le lead dans ce dossier-là?
M. Bérubé : Vous faites
erreur là-dessus, en tout respect. Je dis juste que Québec solidaire arrive
avec une motion nous disant : Allez-vous faire ça? Je vais dire... Ça fait
17 ans que je siège ici, là, je n'ai pas besoin d'une autre formation
politique pour nous dire quoi faire. On est capables de se gouverner selon nos
principes, selon notre travail.
Pourquoi vous ne posez pas plutôt la
question : Pourquoi qu'il nous demande ça à quelques jours de son congrès?
Moi, je pense que c'est plutôt ça qui justifie sa position de ce matin. Puis
habituellement j'ai un bon pif là-dessus.
Journaliste : ...pas de
pointe d'amertume?
M. Bérubé : Ça ferait
peut-être un meilleur topo, mais non.
Le Modérateur : On va passer
en anglais.
Journaliste :
...from Québec
solidaire, like undue pressure to pass Bill 65?
M.
Bérubé
:
For what?
Journaliste
:
Do you feel… they're trying to put...
M.
Bérubé
:
No. We do what we have to do, and we believe in some strong values, and
housing... Housing?
M. Paradis : Housing.
M.
Bérubé
:
...housing is a top priority for us. So, the Government can count on us for...
to adopt this important law. This is the work that Joel Arseneau did, and we're
very proud of our impact on the Government as well.
Journaliste :
You said, though, that you would like
to see it adopted within the next two weeks.
M.
Bérubé
: Sure.
Journaliste
: Why is there such a sense of urgency when eviction notices have
already been sent out? This may be a little too late to make a difference for
most people.
M. Bérubé :
It's an emergency for... for everyone, to
have a better law, but we feel that the sooner is the better. So, the Government can count on us to make sure that
we adopt this law.
Journaliste :
And on Santé Québec, what do you make
of the composition of the executive committee?
M. Bérubé :
Well, we are going to comment on the
result, not on the intention. This is the way we work. And good luck to
everyone. I wish everyone to succeed, but it's a… it's a big thing, 300,000
people working for the agency Santé Québec. There's a lot of pressure on
everyone. So, let's make sure that they are going to succeed.
Journaliste :
Do you have any hope that it could
improve the health care system?
M. Bérubé :
I hope, but this morning, in Mont-Laurier,
in Saint-Eustache, in Verdun, in the Jewish General Hospital, they don't seem
very impressed about what's going on with health in Québec with Mr. Dubé as a
captain. It doesn't work. It doesn't work in Outaouais, it doesn't work in
Abitibi, it doesn't work in the North Shore. This is the real... the real
result here. So, the Government
is going to be judged on that on 2026, you can… you can bet on this.
Journaliste :
...sur la question de la motion de Québec solidaire, qu'est-ce qu'on
comprend de votre position ce matin? Est-ce que vous allez l'appuyer ou pas?
M. Bérubé : Oui, on va
l'adopter, mais je trouve ça... ce n'était pas... Ce n'était pas utile. On se
parle tout le temps, les leaders, puis je veux dire, on va le faire. Ça sert
surtout leur intérêt à eux pour la fin de semaine. Tout le monde a vu clair
là-dedans, là. Ça ne m'impressionne pas beaucoup.
Le Parti québécois, sur le logement, est
cohérent. On fait un travail là-dessus. Ce n'est pas à propos de nous, c'est à
propos des locataires. Le gain est pour les locataires. On ne veut pas le
prendre pour nous. Alors, c'est ça, la différence. Merci.
(Fin à 8 h 38)