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Point de presse de M. Pascal Bérubé, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de langue française, et M. Pascal Paradis, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de travail et d’emploi

Version finale

Le jeudi 23 mai 2024, 8 h 20

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Huit heures vingt-cinq minutes)

M. Bérubé : Bonjour, tout le monde. Journée importante, 50eanniversaire du français comme langue officielle au Québec. Beaucoup a été fait, beaucoup reste à faire encore, notamment pour la protection du français.

Et j'invite le gouvernement qui se questionne sur le français auprès des jeunes, sur la socialisation qui se fait en français, à adopter une mesure qui s'impose, ça ne serait pas prématuré d'adopter le cégep en français, une mesure promue par le Parti québécois, par à peu près tous les syndicats d'enseignants collégiaux au Québec, par le grand Guy Rocher, un des co-rédacteurs de la loi 101; un consensus de plus en plus large. C'est une mesure que la CAQ s'est refusée à adopter dans la loi no 96, dans son plan d'action pour le français.

Et le ministre disait hier que peut-être qu'il faudrait poser des gestes supplémentaires. Alors, vous savez quoi? Nous, on sera heureux s'il pose ce geste-là, puis on va l'applaudir. On est persistant, on travaille là-dessus depuis des années, on a des convictions, on a des compétences. Je dis au gouvernement du Québec : Le moment est arrivé de prendre toutes les mesures nécessaires pour s'assurer de la vitalité du français.

Et j'utilise cette ouverture de conférence aujourd'hui pour réitérer cette conviction très forte qu'on a à l'égard de cette mesure qui permettrait, à un moment clé de la vie des jeunes de toutes origines, à la fois les francophones et les jeunes issus de l'immigration, de socialiser en français au moment où il faut choisir un métier, un réseau, un lieu d'implantation. Et, sur ce, nous sommes tous les deux, les deux Pascal, disponibles pour vos questions.

Journaliste : Là-dessus, justement, M. Bérubé. Hier, le ministre Roberge a dit que, malgré l'augmentation du nombre d'étudiants francophones dans les cégeps anglais, on n'avait pas encore vu les impacts de la... sur loi no 96. Qu'est-ce que vous répondez à ça?

M. Bérubé : Il n'y en aura pas tant que ça. Il a plafonné. Mais l'enjeu est important, même si on élimine les francophones de l'équation, les jeunes issus de l'immigration, les jeunes de la loi 101, comme on dit, qui ont fait leur parcours primaire et secondaire en français, il y a un transfert important dans les cégeps en anglais. Ça veut dire qu'à 17, 18 ans, c'est un moment clé, on choisit une formation, un lieu où on va travailler, un métier, on est en couple, on a une famille, donc c'est un moment qui est important. On a investi beaucoup de temps et d'énergie pour le primaire et le secondaire puis, au cégep, on dirait libre choix? Ne serait-ce que pour les jeunes issus de l'immigration, ça vaut la peine.

Mais, de façon générale, le réseau collégial devrait être assujetti à la loi 101. Il y a un pas de plus à faire là. Là, ils ont plafonné. C'est sûr qu'ils vont attendre de voir ce que ça va donner. Mais là où je trouve que la CAQ a plafonné, c'est sur les mesures à mettre en place pour le français.

Journaliste : Mais il y a 12 ans, vous ne l'avez pas fait, là. Pourtant, c'était dans votre programme, vous avez déposé une loi. Vous allez me dire, vous étiez minoritaires, vous n'avez pas eu l'appui de la CAQ, l'ADQ à l'époque, pour le faire...

M. Bérubé : Ah! Merci de m'ouvrir la porte, un gouvernement...

Journaliste : ...mais vous n'êtes pas allés jusqu'au bout de votre idée, là, vous avez baissé le genou, là, en 2012.

M. Bérubé : On a changé... on a changé d'opinion là-dessus. Et gouvernement minoritaire... Et d'ailleurs on se souviendra que la CAQ avait voté contre la loi qu'on avait proposée parce que ça allait trop loin. Ça, c'est le même gouvernement. On a perdu des années sur les entreprises de moins de 50 employés. On n'avait pas cette position-là sur le cégep en français, on l'a maintenant puis on s'assume. Puis vous savez quoi? Ça nous sourit plutôt de s'assumer totalement.

Journaliste : ...nomination de Christiane Germain à la table du C.A. de Santé Québec. Mme Germain, là, était dans le groupe de réflexion qui a mené à la CAQ, donc elle est aussi proche de M. Dubé, est-ce que vous y voyez une nomination partisane?

M. Bérubé : Bon, avec la CAQ, il faudrait tout le temps saluer les intentions au lieu des résultats. Juste vous glissez quelques résultats brièvement, puis je vais répondre à votre question. Ce matin, à Mont-Laurier, 280 % d'attente à l'urgence, Saint-Eustache, 168 %, Hôpital de Verdun, 219 %, puis à l'Hôpital général juif, 177 %...

M. Paradis : Taux d'occupation.

M. Bérubé : Taux d'occupation. Il n'y a personne qui est ému, là, de voir l'agence de santé, le C.A., ça ne change rien dans leur vie. Alors, moi, je ne commente pas les individus, je commente les résultats.

Présentement, il y a un plan de contingence en Outaouais, il y a une agence qui coûte une fortune en Abitibi, il y a une situation précaire sur la Côte-Nord. Le système est en train de s'écrouler, puis là, nous autres, il faudrait tous ce qu'on se tourne en même temps vers l'agence en applaudissant le génie qui a été créé là, on n'embarquera pas là-dedans. Je veux dire, à chaque fois, là, pendant des mois, ils nous ont tenus, là : Ça va être qui, le top gun? Là, il fallait... c'était quasiment une téléréalité. Un peu plus il y avait une caméra qui suivait le ministre pour savoir, tu sais, sur quoi il penchait. Ne comptez pas sur nous pour embarquer là-dedans.

Quant à la présidence, demandez au premier ministre quel était son critère pour nommer une présidence. Moi, j'aimerais l'entendre là-dessus. Mais moi, je sais, dans... Je connais Mme Germain, j'ai été ministre du Tourisme, je connais l'excellence dans son domaine. Mais est-ce que ça prenait quelqu'un du privé absolument à la tête? C'est quoi, le critère? Puis effectivement le premier ministre la connaît, c'est une des membres fondatrices de la CAQ.

Journaliste : ...la connaître, est-ce que ça, c'est un manque d'indépendance face au gouvernement?

M. Bérubé : J'évoque un fait.

Journaliste : ...la Commission sur la santé et les services sociaux pourrait la convoquer pour l'entendre aussi, là, pour...

M. Bérubé : Vous savez bien que, même si on le demande, ils ne le feront pas. Le premier ministre est très jaloux de ses nominations. D'ailleurs, j'en découvre des fois... Il y a tellement de choses qui se passent, à quatre on ne voit pas tout. J'ai vu hier que le délégué du Québec à Washington est un ancien candidat de la CAQ, depuis le 1er mai dernier. Je n'avais pas vu ça, ça m'avait échappé. Donc, les nominations se poursuivent, puis on n'a pas souvent l'occasion de les questionner. Je vois qu'un sous-ministre de M. Fitzgibbon va être nommé à Investissement Québec aussi. Ça se poursuit.

Donc, toujours intéressé à questionner les gens sur pourquoi... Comment ils ont été approchés? Ça, c'est un autre enjeu. Est-ce que les gens lèvent la main ou ils ont été approchés? Dans le cas de Mme Germain, je comprends qu'elle a été approchée. Donc, c'était le choix du gouvernement.

Journaliste : Votre allié indépendantiste vous a tendu la main ce matin pour régler rapidement le dossier sur l'habitation, vous lui répondez quoi?

M. Bérubé : Bien, qu'on se comporte selon nos... nos propres guides et on n'a pas besoin Québec solidaire, là. L'enjeu du logement, ça fait longtemps qu'on travaille là-dessus. Puis oui, on va... c'est une avancée qui est intéressante, puis on va l'appuyer dans les meilleurs délais. Mais ce n'est pas... ce n'est pas Québec solidaire qui va dire au Parti québécois comment se comporter. Je comprends que M. Gabriel Nadeau-Dubois a... a besoin de conforter sa position pour la fin de semaine, mais ça, ça ne nous regarde pas.

Journaliste : Mais qu'est-ce que ça veut dire en clair? Eux, ils... ils aimeraient ça une adoption avant... avant la pause estivale. Est-ce que vous pensez que c'est réaliste, l'adoption de ce projet de loi là, avant la pause estivale?

M. Bérubé : On va faire dans les meilleurs délais. Mais, vous savez, quelqu'un a posé la question tantôt, il était un peu dérouté, ça ne s'applique pas pour le 1er juillet, là, ça s'applique pour l'année prochaine, donc il n'y a pas une urgence pour le 1er juillet.

Ce que Québec solidaire essaie de dire à travers vous, pour leurs membres en fin de semaine, c'est : Écoutez, on va avoir un gain, là, avant la fin de semaine. Mais oui, ça va être important pour les locataires, pas pour Québec solidaire, pour les locataires.

Joel Arseneau a tellement travaillé là-dessus, puis ça fait des années qu'on travaille là-dessus, ce n'est pas un enjeu qui appartient à Québec solidaire, ça, le logement, c'est un enjeu qui appartient à tous ceux qui y ont travaillé. Puis moi, je suis très fier de notre contribution sur cet enjeu-là. Et... et...

Des voix : ...

M. Bérubé : ...et je crois même que le... à bien des égards, Québec solidaire a dit : Ça... on a beaucoup collaboré à ce qu'ils changent d'idée. Je pense que les sondages ont beaucoup contribué au changement de position de la CAQ. Vous devriez mettre ça dans l'équation.

Journaliste : ...locataires, est-ce que c'est important d'adopter ce projet de loi là avant le...

M. Bérubé : C'est important de l'adopter. Moi, je suis plutôt de l'école que, quand on a des projets, essayons de les adopter pendant qu'on siège. Alors, oui, c'est possible de le faire.

Les consultations ont pas mal toutes été faites, mais on n'a pas besoin d'une motion ce matin qui nous dit : Aie! j'espère que les autres partis vont être d'accord avec nous. Ce n'est pas Québec solidaire qui mène le jeu. Chacun des partis a des convictions et s'assume, puis on va faire notre travail, mais...

Journaliste : ...de frustration dans vos déclarations ce matin, compte tenu que vous avez fortement critiqué le fait que Québec solidaire avait concédé des choses au gouvernement pour faire adopter une loi, là. Je sens une certaine frustration dans vos propos ce matin, est-ce que je les... je décode mal?

M. Bérubé : Oui, c'est le cas.

Des voix : ...

Journaliste : ...si on fait la séquence. Au début, vous disiez que c'était, bon, un spectacle, après ça, bon, vous avez critiqué l'usage... votre chef a critiqué l'usage du terme loi...

M. Bérubé : L'important, c'est le résultat. Ne jamais saluer les intentions, saluer les résultats, c'est notre façon d'opérer dans tous les dossiers. Je viens de vous parler du français, c'est la même affaire, les résultats.

Là, le projet de loi, hier, on n'avait même pas eu le temps de le regarder. Là, on va l'étudier, on va faire du mieux possible, on ne va pas retarder, on est préparés à ça, on connaît les positions des groupes, notre collaboration est acquise. On n'a pas besoin de quelqu'un qui nous dit : Allez-vous collaborer? Quand même!

Journaliste : Mais on comprend que, pour vous, il n'y a pas urgence?

M. Bérubé : Moi, j'aimerais qu'on l'adopte avant la fin de la session si on est capables. Moi, je suis plutôt de cette école-là.

Journaliste : ...des solidaires, là, vous nous avez dits...

M. Bérubé : Mais ils n'ont pas besoin de nous le demander. Je veux dire, on est capables de se comporter selon nos propres guides.

Journaliste : ...

M. Bérubé : Savez-vous pourquoi qu'ils le font? Parce qu'ils ont un événement en fin de semaine puis ils ont besoin de cocher ça pour leurs militants. Puis le gouvernement, pourquoi qu'il fait ça? Parce qu'il regarde les sondages. Ne cherchez pas plus loin.

Journaliste : Mais le moratoire de trois ans, là, dans ce projet de loi là, les gens vont se faire évincer indépendamment de la date du 1er juillet, là. Donc, vous ne voyez pas d'urgence, au-delà du 1er juillet, de mettre en place ça pour les locataires?

M. Bérubé : Je n'ai pas dit qu'il n'y avait pas d'urgence, on est prêts à l'adopter, là, dans les deux prochaines semaines, ça fait que c'est assez vite.

Puis, pour le reste, le gouvernement fixe trois ans. Donc, il avance. Moi, je salue cette avancée. C'est exactement dans le sens de ce qu'on souhaite. Peut-être que vous ne l'avez pas entendu aussi fortement, mais c'est la même position qu'on a.

Journaliste : ...que l'important, c'est le résultat, puis qu'on faisait ça pour les locataires, puis que le gain politique n'était pas nécessaire ou n'était pas pertinent là-dedans.

M. Bérubé : On était prêts à le faire ce printemps.

Journaliste : Mais, dans ce cas-là, pourquoi est-ce que vous semblez avoir une réticence à appuyer le fait que Québec solidaire veuille prendre les devants ou le lead dans ce dossier-là?

M. Bérubé : Vous faites erreur là-dessus, en tout respect. Je dis juste que Québec solidaire arrive avec une motion nous disant : Allez-vous faire ça? Je vais dire... Ça fait 17 ans que je siège ici, là, je n'ai pas besoin d'une autre formation politique pour nous dire quoi faire. On est capables de se gouverner selon nos principes, selon notre travail.

Pourquoi vous ne posez pas plutôt la question : Pourquoi qu'il nous demande ça à quelques jours de son congrès? Moi, je pense que c'est plutôt ça qui justifie sa position de ce matin. Puis habituellement j'ai un bon pif là-dessus.

Journaliste : ...pas de pointe d'amertume?

M. Bérubé : Ça ferait peut-être un meilleur topo, mais non.

Le Modérateur : On va passer en anglais.

Journaliste : ...from Québec solidaire, like undue pressure to pass Bill 65?

M. Bérubé : For what?

Journaliste : Do you feel… they're trying to put...

M. Bérubé : No. We do what we have to do, and we believe in some strong values, and housing... Housing?

M. Paradis : Housing.

M. Bérubé : ...housing is a top priority for us. So, the Government can count on us for... to adopt this important law. This is the work that Joel Arseneau did, and we're very proud of our impact on the Government as well.

Journaliste : You said, though, that you would like to see it adopted within the next two weeks.

M. Bérubé : Sure.

Journaliste : Why is there such a sense of urgency when eviction notices have already been sent out? This may be a little too late to make a difference for most people.

M. Bérubé : It's an emergency for... for everyone, to have a better law, but we feel that the sooner is the better. So, the Government can count on us to make sure that we adopt this law.

Journaliste : And on Santé Québec, what do you make of the composition of the executive committee?

M. Bérubé : Well, we are going to comment on the result, not on the intention. This is the way we work. And good luck to everyone. I wish everyone to succeed, but it's a… it's a big thing, 300,000 people working for the agency Santé Québec. There's a lot of pressure on everyone. So, let's make sure that they are going to succeed.

Journaliste : Do you have any hope that it could improve the health care system?

M. Bérubé : I hope, but this morning, in Mont-Laurier, in Saint-Eustache, in Verdun, in the Jewish General Hospital, they don't seem very impressed about what's going on with health in Québec with Mr. Dubé as a captain. It doesn't work. It doesn't work in Outaouais, it doesn't work in Abitibi, it doesn't work in the North Shore. This is the real... the real result here. So, the Government is going to be judged on that on 2026, you can… you can bet on this.

Journaliste : ...sur la question de la motion de Québec solidaire, qu'est-ce qu'on comprend de votre position ce matin? Est-ce que vous allez l'appuyer ou pas?

M. Bérubé : Oui, on va l'adopter, mais je trouve ça... ce n'était pas... Ce n'était pas utile. On se parle tout le temps, les leaders, puis je veux dire, on va le faire. Ça sert surtout leur intérêt à eux pour la fin de semaine. Tout le monde a vu clair là-dedans, là. Ça ne m'impressionne pas beaucoup.

Le Parti québécois, sur le logement, est cohérent. On fait un travail là-dessus. Ce n'est pas à propos de nous, c'est à propos des locataires. Le gain est pour les locataires. On ne veut pas le prendre pour nous. Alors, c'est ça, la différence. Merci.

(Fin à 8 h 38)

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