(Neuf heures dix minutes)
La Modératrice : Alors,
bonjour. Merci. Bienvenue à ce point de presse de l'opposition officielle. M. André
Fortin, député de Pontiac, porte-parole en matière de santé, est accompagné ce
matin du Dr Peter Bonneville, président du Conseil des médecins,
dentistes, pharmaciens, CMDP, en fait, là, du CISSS de l'Outaouais. Messieurs.
M. Fortin :Bien, merci beaucoup. Merci d'être là. En fait, ce matin,
on veut vous parler de la situation critique au niveau des soins en Outaouais.
Vous le savez, on en parle depuis un certain temps. Hier, le CISSS de l'Outaouais
a dû commenter son plan de contingence, qu'il a mis en place pour la période
estivale qui s'en vient, avec des conséquences majeures sur la vie, la santé,
la sécurité des patients de la région.
Je commencerais d'abord par passer la
parole au Dr Bonneville, qui est un médecin dans la région depuis de
nombreuses années et qui préside maintenant le Conseil des médecins, dentistes,
pharmaciens.
M. Bonneville (Peter) : Merci.
Je tiens à remercier M. Fortin de l'opportunité, là, de pouvoir vous
parler ce matin. Ça fait un mois que nous sommes sortis dans les médias au
niveau du CMDP dans le CISSS de l'Outaouais. On a des grandes inquiétudes par
rapport à ce qui se passe en Outaouais, des grandes inquiétudes par rapport à
la sécurité des patients. Dans à peu près tous les secteurs, services,
départements confondus, on est sur le bord de la crise. On a un problème
important avec la proximité de l'Ontario. Tous nos travailleurs dans le secteur
de la santé semblent être attirés par des salaires plus élevés et des
conditions de travail nettement meilleures en Ontario, et c'est un exode qui
est important.
Dans les dernières semaines, vous avez
certainement vu qu'il y a eu plusieurs sorties médiatiques. On a eu une crise
avec des technologues qui partaient et on a tellement peu de technologues en ce
moment en imagerie médicale que le départ de trois technologues allait mettre
en péril l'utilisation d'un scan dans notre centre de traumatologie. On a eu
une solution imparfaite, temporaire à ceci, mais, malgré ça, les trois
technologues sont partis.
Cet été, on a une crise imminente au bloc
opératoire de l'hôpital de Gatineau, l'hôpital de Gatineau qui a sept salles d'opération.
Il y a cinq à six ans, les sept salles d'opération fonctionnaient tous les
jours, outre, bien sûr, les soirs, les nuits, les week-ends. Maintenant, on en
fait fonctionner deux par jour, avec l'aide de retraités, parfois trois. Cet
été, on est en plan de contingence pour tenter de s'assurer qu'on ait au moins
une salle d'opération qui fonctionne 24 heures sur 24. Nous sommes le seul
centre d'obstétrique pour toute la région avec 2 400 accouchements.
Alors, ça prend absolument la possibilité d'avoir des césariennes d'urgence 24
heures sur 24. Et, dans certaines situations, une césarienne est nécessaire en
dedans de cinq minutes pour sauver la vie de l'enfant. Nous, on a peur qu'avec
les plans de contingence actuels, où est-ce qu'on a possiblement juste trois
infirmières qui vont être disponibles sur une période de 24 heures, que ceci
mette en danger plein de monde dans l'Outaouais. On est au point où, si une
personne se lève le matin, qui doit travailler au bloc opératoire, a une
gastroentérite, on ne peut pas faire fonctionner notre bloc opératoire.
Donc, nous, il y a environ un mois, on a
commencé une pétition. Alors, je vous lis la fin de la pétition : «Nous
demandons de la part du ministre de la Santé, Christian Dubé, qu'il intervienne
le plus rapidement possible afin d'assurer une équité d'accès aux soins en
santé en Outaouais en appliquant une rémunération différenciée aux travailleurs
et professionnels de notre établissement. Seul notre gouvernement a le pouvoir
de mettre fin à l'hémorragie de départs vers l'autre province. M. Dubé, n'abandonnez
pas l'Outaouais.»
Moi, aujourd'hui, je veux vous faire part
d'un message. Mon rôle, comme président du CMDP, c'est d'assurer la qualité de
l'acte pour tous les soins qui sont donnés en Outaouais. Moi, en ce moment, je
vous dirais que c'est pitoyable. M. Dubé, il y a quelques mois, a donné
une allocution à laquelle j'étais présent, et ce qu'il disait, M. Dubé, c'est
qu'il y a une difficulté d'accès aux soins au Québec, mais, une fois que les
gens sont pris en charge, ils ont des soins de qualité. Moi, ce que je peux
vous dire, c'est qu'en Outaouais nous ne donnons plus de soins de qualité. En
ce moment, en Outaouais, on fait ce qu'on peut avec ce qu'on a, et c'est très
difficile. Et moi, j'ai honte des soins qu'on donne en Outaouais en ce moment.
Je n'ai pas peur de le dire : J'ai honte. J'ai honte d'être dans une
province où il y a une inaction par rapport à ce qui se passe en Outaouais.
J'ai honte de ça. Je ne sais pas quoi vous dire de plus. Je veux dire, moi, je
vous dirais, cette pétition-là, je me sens comme un mendiant. Je me sens comme
un mendiant, là, et, regardez, j'ai un GoFundMe, un GoFundMe pour une maladie
rare. Cette maladie rare là, c'est de rester en Outaouais. S'il vous plaît,
aidez-nous. Je me sens comme un mendiant et je n'ai à peu près rien d'autre à
vous dire.
M. Fortin :Merci. Merci, Dr Bonneville. Je pense que ce que le
Dr Bonneville partage avec vous aujourd'hui, ce que 15 chefs de
département, médecins, chefs de département, entre autres, ont partagé dans une
lettre publique il y a quelque temps, ce que cinq médecins en cancérologie ont
partagé, pas plus tard que cette semaine dans une lettre ouverte, c'est une
réelle appréhension par rapport à la période estivale. C'est une réelle
inquiétude, une peur par rapport aux services qui vont être disponibles pour la
population de l'Outaouais. Moi-même, comme résident de la région, je partage
l'inquiétude des citoyens qui comprennent ce que les médecins sont en train de
leur partager. Puis Dr Bonneville, moi, j'apprends à le connaître, mais ce
n'est pas quelqu'un qui me semble alarmiste. C'est quelqu'un de raisonné, de
réfléchi et de posé. Et pour que ces gens-là prennent la peine de véhiculer une
telle inquiétude au gouvernement, c'est parce qu'elle est réelle, là. Quand ils
disent qu'il y a une question de vie ou de mort cet été dans la région, c'est
parce que c'est vrai. Quand ils disent que... Quand les médecins en oncologie
disent qu'ils craignent pour la sécurité de leurs patients, c'est parce qu'il y
a un réel enjeu.
Alors que le ministre de la Santé et que la
présidente du Trésor... du Conseil du trésor aujourd'hui nous disent qu'ils
comprennent la situation, qu'ils sont préoccupés, c'est une chose, mais on a
besoin d'actions immédiates pour protéger le réseau de la santé cet été dans la
région.
La Modératrice
: ...
Journaliste : Oui, bonjour.
Tommy Chouinard, La Presse. Docteur, dites-moi, qu'est-ce que vous
demandez précisément? Est-ce que vous avez des idées de mesures... à
M. Dubé, à lui proposer et à mettre en place?
M. Bonneville (Peter) : Donc,
moi, M. Dubé, je le vois comme le responsable de tout le système de santé
au Québec pour s'assurer que la population du Québec ait, partout dans la
province, accès aux mêmes soins. Ce n'est pas le cas en Outaouais. Je ne vais
pas dire à M. Dubé comment, lui, il devrait faire sa job, mais ce que je
suis en train de dire à M. Dubé, c'est : Fais ta job. Assure-toi
qu'en Outaouais le monde ont les mêmes soins qu'à Laval, à Québec, à Montréal,
au Saguenay. Je veux qu'on ait accès au même plateau, avec le même nombre de
personnes pour travailler, la main-d'œuvre qu'on a de besoin pour travailler.
Le nœud de la guerre est là, c'est dans la main-d'œuvre, et on est à... 30 %
à 55 % de main-d'œuvre dans à peu près tous les services. Ce n'est pas
tenable.
Journaliste : Ce n'est pas la
première fois qu'on en... ça fait des années qu'on le sait qu'il y a un
problème d'accès aux soins de santé, en particulier en Outaouais, à cause du
voisin ontarien, et tout ça. Ces enjeux-là ne sont pas nouveaux. Qu'est-ce qui
fait qu'aujourd'hui, sous la gouverne, donc, de la CAQ, on est rendu à une
crise en Outaouais?
M. Bonneville (Peter) : En
Outaouais, on partait, prépandémie, d'à peu près 70 % de main-d'œuvre dans
les différents services. Et partout au Québec, on le sait, la main-d'œuvre, on
a eu une diminution. Ça fait que des centres où ils étaient à 95 %, ils se
retrouvent à 75 %, mais ils fonctionnent comme nous, ce qu'on avait
prépandémie. Donc, on avait quand même encore sept salles d'opération sur sept
qui fonctionnaient. Nous, on est partis de 70 % et on tombe à 40 %,
50 %. Il y a un seuil en dessous duquel on ne peut plus fonctionner. On ne
peut plus étirer l'élastique au-delà.
Journaliste : O.K. Maintenant,
la solution des équipes... peut-être juste la solution des équipes volantes,
là, est-ce que c'est quelque chose que vous souhaitez? Et est-ce que, par
ailleurs, le recours aux agences doit être non seulement maintenu, mais plus
important en Outaouais?
M. Bonneville (Peter) : Moi,
la façon dont M. Dubé réglera le problème, c'est à lui à la trouver avec, d'une
façon certaine, Mme Lebel, mais, au bout de la ligne, ce qu'on demande,
c'est qu'il y ait une solution et que cette solution-là ait une permanence.
D'annoncer des primes qui vont s'en aller dans deux ans, ça, ça ne nous rassure
pas du tout.
M. Fortin :Mais il y a un... il y a un... Si vous permettez, là, il y
a un... il y a un seuil à partir duquel ça devient extrêmement difficile de faire
son travail, et ça, c'est vrai pour les médecins, c'est vrai pour les
infirmières, c'est vrai pour l'ensemble des corps de métier, des corps de
professionnels. Et une fois qu'on baisse en dessous de ce seuil-là, ces gens-là
deviennent tellement fatigués, tellement usés, tellement sollicités que ça
devient... l'offre ontarienne devient de plus, en plus, en plus attrayante.
Alors là, on est dans une période, là, où est-ce qu'on va leur demander cet
été... c'est... ça va être extrêmement difficile et ça va rendre l'offre encore
plus intéressante.
Quand les médecins sont sortis sur la
place publique il y a quelques semaines, ils ont dit : Je ne suis même pas
certain que je vais être en mesure de donner des soins selon mon code, le code
de... déontologique. Alors, à partir de ce moment-là, il y a des médecins qui
choisissent de quitter, et ça, dans le plan de contingence du CISSS, c'est
nommé comme quoi il va y avoir des départs supplémentaires. Alors, on est
rendus dans un endroit, en Outaouais, où c'est... c'est l'espèce d'intérêt
composé, là, ça devient de plus en plus difficile s'il n'y a pas des mesures
qui sont prises. Et presque chacune des lettres de médecins parle des solutions
pérennes, c'est-à-dire des salaires comparables à l'Ontario, mais ça n'empêche
pas que ça prend des solutions à très court terme pour cet été également.
Journaliste : Bien, justement,
M. Fortin, puis peut-être vous aussi... Je comprends, là, que les
solutions pérennes passent beaucoup par le salaire. Bon, c'est le noeud de la
guerre, là, c'est... sauf que, ce que vous décrivez, c'est une situation
d'urgence, là. Éminemment, là, même en ce moment, il y a des soins qui ne sont
pas donnés. Alors, je reprends un peu la question de mon collègue :
Équipes volantes, recours aux agences privées, qu'est ce qui, rapidement,
soulagerait le problème que vous avez en Outaouais?
M. Bonneville (Peter) : À
court terme, mon inquiétude principale, c'est vraiment les blocs opératoires.
Gatineau en premier, un peu moins à Hull. Et quelle que soit la façon qui est
utilisée, là, on va avoir besoin de personnes qui vont travailler au bloc
opératoire et assez de personnes pour s'assurer qu'on ne tombe pas du tout dans
les plans de contingence d'avoir à fermer un de nos deux gros hôpitaux dans la
région. C'est impensable, l'autre hôpital va craquer en dedans de quelques
semaines.
Journaliste : Donc, M. Fortin,
vous, vous penchez pour les agences privées?
M. Fortin :Bien, moi je vous soumettrais ceci, OK? Il n'y a pas une
solution qui peut être écartée en ce moment, que... Si le gouvernement a besoin
de faire une cellule de crise pour l'Outaouais, qu'il le fasse. Si le
gouvernement a besoin de faire venir des équipes volantes temporairement, qu'il
le fasse. Si le gouvernement a besoin de mettre en place des primes
immédiatement, mais pas des demi-mesures comme ce qui a été fait pour les
technologues, là. J'entendais Mme LeBel ce matin, à la radio, nous
dire : Ah! on en a eu une solution pour les technologues. Oui, mais c'est
une solution qui est temporaire, qui s'applique uniquement pour les hôpitaux de
Hull et Gatineau. Alors, tout ce qu'ils font, c'est piger dans le bassin des
autres hôpitaux de la région pour envoyer les technologues vers Hull et
Gatineau. C'est une solution qui ne s'applique pas pour le temps partiel. C'est
une... Si on présente des solutions comme celles-là, bien, il faut au moins
qu'elles soient bien réfléchies et applicables sur l'ensemble du territoire de
l'Outaouais, parce que sinon, on n'avance pas, là.
La Modératrice
: ...
Journaliste : Oui. Excusez-moi
si la question a déjà été posée, j'étais ailleurs. Pourquoi l'Outaouais?
Pourquoi est-ce que c'est un problème vraiment ciblé en Outaouais? Pourquoi
est-ce que c'est à cet endroit-là et pourquoi est-ce que les... la... le
gouvernement ne semble pas répondre à vos attentes parce que vous êtes dans
cette région-là?
M. Bonneville (Peter) : Je
vais commencer par la fin de la question. Pourquoi le gouvernement ne semble
pas agir? Ça, il faudra le demander à M. Dubé et Mme LeBel. Pourquoi
l'Outaouais? On a une proximité avec l'Ontario. L'Ontario est une province qui
est plus riche que la nôtre. Les salaires pour tous les travailleurs de santé
là-bas sont nettement plus élevés. Si on prend, par exemple, les trois technologues
qui sont partis, on leur donne, du jour au lendemain, 30 000 $ de plus
comme salaire, et un salaire qui... qui va être pour la vie.
Je vais vous donner un exemple, là. Notre
proximité avec Ottawa fait en sorte qu'on perd des gens, des travailleurs de la
santé formés pour des... des travaux de technologues et qui partent travailler
pour le gouvernement fédéral. On a des travailleurs de la santé en ce moment
qui sont des fonctionnaires au fédéral, ça paie mieux, ils font du 8 à 4,
télétravail pendant trois jours de la semaine. Je peux les comprendre. Alors,
la proximité nous tue.
Journaliste : Mais au niveau
de mon autre bout de question, c'est-à-dire... parce qu'il y a quand même un
libéral qui est élu dans ce... dans ce coin-là. Il y a quand même aussi... La
CAQ est élue aussi dans l'Outaouais. Comment vous expliquez que le gouvernement
n'arrive pas à répondre à vos besoins spécifiquement en Outaouais?
M. Fortin :Bien, je m'aventurerais sur une chose. La région de
l'Outaouais, là, de par sa proximité, de par ses enjeux particuliers, ce n'est
pas une région qu'on peut traiter comme les autres. On ne peut pas appliquer
les mêmes solutions à l'Outaouais qu'on le fait partout au Québec. Alors, le
mur-à-mur pour cette région-là, ça ne fonctionne pas. On a besoin de solutions
spécifiques, puis ça, ça demande... Oui, c'est vrai, ça demande un peu plus de
travail, ça demande un peu plus de réflexion, ça demande un peu plus de...
d'imagination dans les solutions qu'on met de l'avant, mais... mais la responsabilité,
là, elle incombe quand même au ministre de la Santé. Ce n'est pas parce que
c'est plus difficile qu'on ne doit pas le faire.
Il y a des gens en... des gens en
Outaouais qui paient le même... le même nombre de taxes et d'impôts que partout
ailleurs au Québec... le même montant de taxes et d'impôts, alors ils
s'attendent à avoir les mêmes services et, en ce moment, ils ne les ont pas. Ce
qu'ils entendent, c'est des médecins qui disent qu'ils ont honte de la qualité
des services auxquels les patients ont droit dans la région.
Alors, oui, ça demande de faire les choses
différemment, mais ça ne devrait pas être un frein à appliquer ces
solutions-là. Il y a des patients qui aujourd'hui, là, entendent, de la part de
leur médecin, qu'il y a un enjeu de vie et de mort, si le gouvernement n'arrive
pas, justement, avec des solutions comme celles-là.
Journaliste : Merci.
M. Bonneville (Peter) : Moi,
si je peux me permettre, je vais faire une remarque un peu philosophique. Je
pense que la population du Québec en ce moment doit se poser une grande
question, et la grande question, c'est : Est-ce que, nous, ce qu'on veut,
c'est prioriser le droit de toutes les personnes au Québec d'avoir les mêmes
soins en santé ou le droit des travailleurs de la santé d'être rémunérés de la
même façon, dépendamment qu'ils demeurent en Gaspésie ou en Outaouais? Alors,
je pense que le droit des personnes d'avoir des soins de santé qui sont les
mêmes partout au Québec prime sur le droit des travailleurs d'être rémunérés de
la même façon partout dans la province.
Journaliste : Donc, en
Outaouais, à cause de la situation particulière à côté de l'Ontario, où c'est
attirant pour les travailleurs, on devrait peut-être payer, donc plus les
travailleurs de la santé?
M. Bonneville (Peter) : Moi,
je pense que c'est la seule façon qu'on va pouvoir assurer des soins de qualité
en Outaouais.
M. Fortin :Bien, en ne le faisant pas, là, ça mène à des situations
comme celle-là. Et, dans la pétition du Dr Bonneville, qui a été signée
par environ 22 000 citoyens, on fait état de... du nombre de... du
nombre de soignants dans certaines unités de service. On parle de, quoi,
25 % d'effectifs au bloc opératoire de Gatineau, là, 25 %
d'effectifs. Moi, dans l'unité de soins, à l'hôpital de Shawville, ils sont à
16 % d'effectifs, et ça ne va pas en augmentant. Alors, ce n'est pas
soutenable. Le modèle actuel n'est pas soutenable, là, ça prend des solutions
comme celle-là, sinon on va continuer à ne pas offrir des soins à la population.
L'Outaouais est dernier dans beaucoup
d'indicateurs en santé, et ça ne va pas en s'améliorant. Dans le plan de
rattrapage en chirurgie, là, M. Dubé prévoit qu'à la fin de son plan de
rattrapage, 40 % des chirurgies en attente soient en Outaouais. On est
5 % de la population, on aurait 40 % des chirurgies en attente. Ça ne
tient pas la route. On ne peut pas continuer comme ça.
Journaliste : Merci.
Journaliste : Bonjour à vous
deux. Une question pour M. Fortin. Je sais que votre chef a déjà réagi ce
matin, mais, sur le C.A. de Santé Québec, j'aimerais avoir votre avis.
M. Fortin :Bien, c'était évident que le gouvernement allait procéder
éventuellement au... à la nomination du C.A. de Santé Québec, mais, pour
nous... pour nous, là, les personnes qui sont nommées ne sont... ce n'est
pas... ce n'est pas ça, l'enjeu pour nous. L'enjeu pour nous, là, c'est :
Est-ce que la démonstration est faite que Santé Québec va avoir un impact
positif dans la façon qu'on donne des soins au Québec? Est-ce que Santé Québec
va avoir un impact positif sur la disponibilité des soins pour les Québécois?
C'est ça qui nous manque encore, et ni M. Dubé ni Mme Biron, lors de
son arrivée, n'ont réussi à nous rassurer quant à la... à l'amélioration des
soins. Alors, on va attendre de voir les résultats, mais, pour nous, ce n'est
pas un enjeu de personnalité de gens qui sont autour de la table.
Journaliste : Bien, Mme Germain,
est-ce que c'est quand même une bonne candidate pour présider ce conseil
d'administration là?
M. Fortin :Moi, je vois de loin le parcours professionnel de Mme Germain.
Ce n'est pas quelqu'un que je connais. Je n'ai pas analysé chacune de ses... de
ses aventures professionnelles, alors je suis bien mal placé pour vous dire si
c'est la personne appropriée. Mais encore là, peu importe la personne qu'on met
dans ce rôle-là, il faut lui donner le cadrage, il faut lui donner les outils
nécessaires pour améliorer les soins à la population, et ça, cette
démonstration-là, elle n'est toujours pas faite.
Journaliste : Merci.
Journaliste : Bonjour.
Peut-être juste une précision, Dr Bonneville. On y a fait allusion à
quelques reprises jusqu'ici, mais l'équipe volante annoncée par Christian Dubé
la semaine dernière, est-ce que c'est une bonne solution pour soulager le
réseau de la santé en Outaouais, selon vous?
M. Bonneville (Peter) : À
court terme... Je vais répéter ce que M. Fortin a dit : Nous, on est
ouverts à n'importe quelle solution qu'on va nous offrir. Si on nous offre de
l'aide à court terme, moi, je suis ouvert. À long terme, ce qu'on veut, c'est
avoir une solution sur le terrain qui ne dépend pas d'équipes volantes.
M. Fortin :Juste sur la question de l'équipe volante, je la prends de
façon plus générale, là, parce que j'ai entendu les commentaires de... du
président du CMDP de la Côte-Nord, entre autres, à qui on a offert l'aide de
ces équipes volantes là. Pourquoi il faut toujours attendre qu'on soit accoté au
mur avant d'agir? C'est... Là, il y a eu une crise sur la Côte-Nord et, deux
jours plus tard, le ministre de la Santé a dit : Ah! bien, on... on va
arriver avec des équipes volantes, faites-vous-en pas. Là, il a lancé un site
Web, etc. Ça fait trois ans qu'il nous parle de ces équipes volantes là.
C'était dans le discours d'ouverture du premier ministre après l'élection,
l'idée d'avoir une agence interne. Alors, pourquoi on a attendu la situation de
crise?
Et là, en ce moment, là, sur la Côte-Nord,
ils n'ont toujours pas... Il y a des gens qui n'ont pas les services
nécessaires parce que l'équipe n'est pas arrivée encore. Alors, on a toujours
l'impression d'être à la remorque d'une crise médiatique, d'une crise publique,
et, après ça, on agit.
Ce que le Dr Bonneville est venu
décrire aujourd'hui comme situation dans la région, là, ça fait des mois, et
des mois, et des mois qu'on en parle à Christian Dubé, ça fait des mois que le
Dr Bonneville et d'autres sonnent l'alarme publiquement, et là, aujourd'hui, on
nous dit : Ah! bien, on va peut-être arriver avec une solution qui
ressemble à celle qu'on a présentée ailleurs. Pourquoi on n'a pas fait ça avant
qu'on en arrive à un plan de contingence qui fait état d'augmentations des
décès en Outaouais?
Journaliste : Bien, si je
peux me permettre, vous parlez d'une solution à court terme. Or, ce que
M. Dubé a dit la semaine dernière, c'est que cette équipe-là pourrait être
appelée à demeurer de façon permanente pour combler des besoins ponctuels un
peu partout au Québec. Est-ce que ça, c'est de nature à vous rassurer?
M. Bonneville (Peter) : Les
postes, si je prends juste les postes infirmiers et infirmières, c'est toujours
un petit peu difficile d'établir combien il manque de personnel. Il y a des
équivalents temps plein, temps partiel, et tout. Mais au dernier compte de la
semaine passée, là, il nous manquait à peu près 600 infirmières à temps
complet en Outaouais, ça va vous en prendre en maudit des équipes volantes.
Journaliste : Peut-être une
dernière chose. J'aimerais savoir : Est-ce que vous avez eu, au cours des
dernières semaines, des échanges avec, soit le ministre, soit l'un, l'une de
ses représentants, représentantes ou des représentants du ministère au sujet de
la situation en Outaouais?
M. Bonneville (Peter) : La
réponse va être facile : Non.
Journaliste : Est-ce que vous
avez sollicité une rencontre?
M. Bonneville (Peter) : Il y
a un mois, lorsque la crise avec les technologues a éclaté, j'ai été capable
d'avoir, je pense, l'adjoint de l'adjoint à M. Dubé.
Journaliste : Puis qu'est ce
que ça témoigne, selon vous, cette situation, ce...
M. Bonneville (Peter) : Bien,
que M. Dubé, il est très bien protégé par son équipe.
Journaliste : Il est bien
protégé. Qu'est-ce que ça veut dire, ça, «être bien protégé»?
M. Bonneville (Peter) : Bien,
je pense, pour arriver à M. Dubé, il faut passer à travers plusieurs
couches protectrices, et moi, je ne suis jamais... jamais arrivé à passer à
travers toutes ces couches-là.
Journaliste : Maintenant que
vous êtes ici, est-ce que vous allez demander une rencontre avec le ministre ou
son équipe?
M. Bonneville (Peter) : Je
pense, comme on dirait en bon vieux Québécois, je... je suis peut-être un petit
peu tard dans la game, là.
Journaliste : O.K. Donc, on
verra.
M. Bonneville (Peter) : Bien,
honnêtement, j'apprécierais beaucoup qu'il se déplace en Outaouais et je vais
lui payer une bière.
M. Fortin :Merci beaucoup.
La Modératrice : Merci
beaucoup. Bonne fin de journée.
(Fin à 9 h 32)