(Neuf heures trente-trois minutes)
La Modératrice : Alors,
bonjour, bienvenue à ce point de presse de l'opposition officielle. Mme Garceau,
porte-parole de l'opposition officielle en matière de condition féminine, qui
est accompagnée de Marianne Khalil, pharmacienne, instigatrice d'une pétition,
l'impact de la violence conjugale sur les enfants, et qui appuie, là, le
mouvement des familles victimes de violence conjugale. Mme Garceau, c'est
à vous.
Mme Garceau : Merci
beaucoup. Merci à tout le monde d'être ici. Merci beaucoup, Marianne, d'être à
mes côtés pour une journée très importante. J'ai le plaisir d'être la marraine
d'une pétition, j'ai aussi... sur l'impact de la violence conjugale sur nos
enfants. Et j'ai ici l'instigatrice de cette pétition, Mme Marianne
Khalil, qui est avec nous, du mouvement des familles de violence conjugale
postséparation.
Et c'est une pétition dont je suis très
fière de déposer. Ça va être présenté aujourd'hui à la Commission des relations
avec les citoyens, parce qu'on veut créer un comité interdisciplinaire,
indépendant de la Direction de la protection de la jeunesse, pour pouvoir
élaborer des mesures d'évaluation, selon des experts en violence conjugale,
pour venir épauler et venir aider nos intervenantes et nos intervenants en
protection de la jeunesse qui ont la lourde tâche d'évaluer les circonstances
de ces enfants, de ces familles qui sont dans un contexte de violence
conjugale.
Et nous savons que, depuis la... la
pandémie, il y a eu une augmentation fulgurante de violence conjugale ici, au
Québec, qui a fait en sorte qu'il y a eu de nombreux signalements à la DPJ et,
évidemment, les évaluations qui en découlent. Et qu'est-ce qui est regrettable,
et il y a eu plusieurs reportages dans les derniers mois, c'est que les
évaluations portées par la DPJ, dans ces contextes de violence conjugale, a
fait en sorte que des mères ont perdu la garde de leurs enfants, et, au bout du
compte, c'est les enfants qui subissent des conséquences néfastes de ces... de
ces évaluations. Donc, nous demandons qu'il soit révisé par ce comité
d'experts.
Et donc c'est un moment, une opportunité
pour le gouvernement de se saisir de cette pétition-là pour venir vraiment
aider, épauler la Direction de la protection de la jeunesse afin de mieux
protéger nos enfants, afin d'assurer qu'il y a vraiment un filet de sécurité et
pour éviter qu'on ait des mères qui sont en train de... d'avoir des accès
supervisés de leurs enfants. C'est aberrant, ça cause un préjudice traumatique
pour les enfants, il faut le changer. Et sur... Je vais laisser maintenant la
parole à Mme Khalil, et je la remercie, sa détermination et son courage de
persévérer et de faire en sorte qu'elles sont allées chercher 1 717 signataires
sur cette pétition. Bravo, Mme Khalil, et félicitations!
Mme Khalil (Marianne) : Merci.
Je vous remercie, Mme Garceau. J'aimerais commencer par vous dire que je
pensais que j'étais seule. Je pensais que j'étais déboussolée, seule, et la
peur me paralysait dans un contexte de violence conjugale et, plus tard,
postséparation. Je me reprochais de ne pas avoir su comment m'en sortir et
protéger la chair de mes chairs, mes enfants. Comment, après tant d'études, une
pharmacienne n'arrive pas à s'aider elle-même lorsqu'elle a aidé des centaines
de personnes à chaque jour? Comment la peur peut paralyser le plus fort des
forts? C'est lorsque j'ai été entourée par près de 500 femmes que le
Mouvement des familles victimes de violence conjugale postséparation est né de
lui-même. Ces femmes, toutes aussi professionnelles que moi, autant de forces
que des blessures, des femmes fortes, que j'ai compris qu'en 2024 aucune classe
sociale, aucune profession et aucune culture n'est épargnée de cette violence
conjugale et de la postséparation.
Vous serez surpris de savoir que, parmi
nous, nous avons des femmes médecins, psychologues, ingénieures,
entrepreneures, enseignantes, procureures de la couronne, avocates de famille
et de jeunesse, des policières et même des femmes qui travaillent en politique,
et ça, c'est parmi tant d'autres. En 2024, le prix que nous payons est cher. Ce
sont nos enfants qui en sont le prix lorsque nous payons… lorsque nous ne
gardons pas le silence sur la violence. Dès que nous et nos enfants dénonçons
la violence, nous perdons souvent la garde de nos enfants. Notre instinct
maternel, notre force de la nature devient un défaut pour la société. Le droit
de parole et l'équité procédurale sont permis à notre agresseur, mais à nous,
ni à nos enfants, on ne l'a pas. Notre... Après la séparation, la violence
n'est plus sur notre corps, elle est invisible à vos yeux.
Nous sommes des femmes libres dans un pays
libre, mais emprisonnées dans une cage transparente. Nos agresseurs
maintiennent un contrôle coercitif sur nous par des types de violence qu'ils
ont inventés juste pour nous. Des organismes mondiaux, tels que... en
Angleterre, l'ont qualifié du sabotage du lien mère-enfant, le... Dans un
sondage récent, des femmes ont dit que le comportement du parent violent envers
ses enfants passe de 51,2 % avant la rupture à 56 % après la rupture.
Elles ont aussi rapporté que des formes de violence conjugale criminelles
qu'elles subissent reflètent toutes les infractions dans le Code criminel et
qu'à leur désarroi 68 % de ces cas ont été classifiés comme un conflit
sévère de séparation par la DPJ. C'est pour cela que nous avons besoin, et ce,
sans tarder, d'un comité multidisciplinaire, indépendant de la DPJ, pour
réviser les dossiers de compromission psychologique, 38.C, pour conflit sévère
de séparation de nos enfants au sein de la DPJ.
Avec humilité, je vous soumets que j'ai
pensé à la problématique à laquelle nous nous confrontons dans le système de
protection de la jeunesse avec des lunettes de pharmacienne, les lunettes de la
multidisciplinarité. Nous sommes choyés d'avoir des experts sans pairs au
Québec et ailleurs au Canada, allant même jusqu'aux Nations Unies, pour nous
aider avec leurs expertises, pour aider la DPJ avec l'analyse de ces dossiers
tellement complexes et délicats. Nous avons approché ces experts tels que ceux
de l'Institut PEVC, Dr Simon Lapierre, et Dre Isabelle Côté, et d'autres qui
ont émis des rapports et des études percutantes qui se basent sur de la science
et de la réalité de 2024. Saisissons la chance, Québec. Ces experts sont déjà
prêts à former le comité multidisciplinaire indépendant de la DPJ, le CMIDPJ.
Les femmes du Québec le disent haut et
fort que le problème est un problème d'analyse erronée, car la complexité des
situations de violence conjugale, et de post-séparation, et de contrôle
coercitif ont besoin de personnes expérimentées afin de démanteler avec
délicatesse les liens de contrôle sur la femme et l'enfant, et ce, en
minimisant les conséquences sur les victimes. Par cette pétition, je demande au
gouvernement de légiférer et de créer un comité multidisciplinaire, indépendant
de la DPJ, pour écouter les groupes d'experts de la violence conjugale et
d'agir avant qu'un autre infanticide et un autre féminicide de plus se
reproduisent. Je vous remercie.
La Modératrice : S'il y a des
questions, on va s'en tenir au sujet du jour. Je vous souhaite une belle fin de
journée. Merci beaucoup.
Des voix : Merci!
(Fin à 9 h 42)