(Onze heures vingt minutes)
Mme Labrie : ...on est très
fiers, Gabriel et moi, ce matin, de venir vous parler de la déclaration de
Saguenay, qui est le fruit du travail de toute la dernière année à Québec
Solidaire. En fait, en février 2023, les membres, suite au bilan de la
campagne électorale, nous avaient confiés le mandat de faire une tournée des
régions, des banlieues du Québec, d'aller rencontrer différents acteurs pour
bâtir des liens avec eux, prendre le pouls des préoccupations des régions, pour
voir comment on pourrait mieux s'enraciner, à Québec solidaire, dans les
régions. C'était ça, le mandat qui nous avait été confié. Ce travail-là a été
fait dans la dernière année, et a mis à contribution des militants à travers le
Québec, le caucus également. On a fait plus de 130 rencontres, 13 assemblées
publiques avec des citoyens. Et puis le bilan de toutes les réflexions qui ont
été partagées avec des acteurs de la société civile dans les derniers mois, on
le retrouve dans la déclaration de Saguenay, avec, également des propositions
qui vont nous aider à orienter la suite, là, justement, pour mieux s'enraciner
dans les régions, puis je laisse Gabriel vous en parler.
M. Nadeau-Dubois : Merci,
Christine. Cet exercice-là, c'est... Christine l'a dit, l'exercice de la
tournée des régions, ça a été un exercice, je pense, extrêmement enrichissant
pour Québec solidaire, et le... la déclaration de Saguenay, c'est le fruit de
cet exercice de plusieurs mois. C'est l'occasion de poser les bases de ce que
Québec solidaire est appelé à devenir, mais c'est aussi un exercice de
déconstruction de certains préjugés. Cette tournée des régions, ça a été
l'occasion pour nous, aussi, d'entendre ce que les Québécois, ce que les
Québécoises ont à dire sur Québec solidaire. Et cette déclaration-là vise,
notamment, à venir clarifier certaines choses, à venir déconstruire certaines
perceptions, qui sont erronées, mais qui existent, au sujet de Québec
solidaire. Une des perceptions qu'on entend souvent, puis c'est souvent relayé
également dans les médias, c'est que se préoccuper d'environnement, faire de la
question climatique une priorité, bien, ça voudrait dire culpabiliser les gens,
ça voudrait dire faire la morale au monde pour les choix qu'ils font au quotidien.
Ce n'est pas ça, notre projet, à Québec solidaire, et la déclaration de
Saguenay, c'est l'occasion de le clarifier, c'est l'occasion de venir
déconstruire ce préjugé-là.
Une autre chose qu'on va entendre souvent,
c'est que la transition écologique, qui est absolument nécessaire à faire au
Québec, bien, que ça voudrait dire menacer certains travailleurs, certaines
travailleuses qui travaillent dans des secteurs de l'économie qui sont appelés
à se transformer à la lueur des changements climatiques. Encore une fois... Et,
souvent, ces perceptions-là sont encore plus vives dans certaines régions, des
régions qui peuvent être plus dépendantes à... de certains secteurs de
l'économie. L'objectif de la déclaration... Un des objectifs de la déclaration
de Saguenay, c'est vraiment de venir clarifier ces choses-là, de venir
déconstruire ces préjugés-là, pour dire : Non, le projet de Québec
solidaire, c'est un projet qui cherche à unir les Québécois, les Québécoises
dans toutes les régions, unir les travailleurs, travailleuses. Qu'ils
travaillent au public, qu'ils travaillent au privé, qu'ils travaillent dans des
groupes communautaires ou dans l'industrie forestière, tous les travailleurs,
toutes les travailleuses ont un intérêt commun à faire une transition
écologique et économique qui soit juste, qui soit inclusive puis qui ne laisse
personne derrière. C'est l'occasion, donc, de réitérer que ce projet de
transition là, pour nous, c'est un projet qui vise l'amélioration de la qualité
de vie des Québécois et des Québécoises, ce n'est pas une menace à leur qualité
de vie. Bref, c'est une transition qui se veut juste, inclusive, par et pour
les travailleurs et les travailleuses. Voilà un exemple de préjugé que cette
déclaration vise à venir déconstruire.
Ce texte-là sera, bien sûr, débattu. Il a
été envoyé à nos membres il y a maintenant quelques semaines. Il sera débattu,
amendé et, souhaitons-le, adopté au conseil national, qui se déroulera à
Saguenay dans quelques semaines.
Journaliste : Est-ce que ce
texte-là traduit votre vision plus pragmatique?
Mme Labrie : C'est certain
que ce texte-là fait partie de la démarche, quand on dit qu'on veut être un
parti de gouvernement. Pour moi, c'est très clair qu'un parti de gouvernement
c'est un parti qui comprend bien les enjeux vécus dans les régions, qui a des
solutions à apporter à ces enjeux-là, qui prennent en considération les
préoccupations des gens qui les vivent directement. Vous nous avez souvent
entendus, à Québec solidaire... je pense que ça traverse tout notre travail
politique... Gabriel, tu as dit «par et pour». Nous, c'est ça qu'on met de
l'avant sur tous les dossiers, que les meilleures solutions viennent du
terrain...
Journaliste : ...le
pragmatisme, c'est... M. Nadeau-Dubois, donc, je ne sais pas si c'est
possible, pour vous, juste... Parce qu'il y a eu des questions sur ce que ça...
M. Nadeau-Dubois : Oui, j'ai
vu ça.
Journaliste : ...sur ce que
ça voulait dire, puis je pense que vous êtes probablement le mieux placé. Puis
c'est pour ça que la question, c'est de dire : Est-ce que la déclaration
de Saguenay, ça traduit votre vision du pragmatisme pour votre parti politique?
M. Nadeau-Dubois : D'abord,
moi, je souhaite qu'on ne fasse pas tout un plat du mot «pragmatique». Ce n'est
qu'un mot. C'est le mot que j'ai utilisé pour décrire la vision qui est la
mienne. Le plus important, c'est ce qu'il y a derrière ce mot-là, c'est le fond
des choses, et, sur le fond, cette déclaration-là, moi, je m'y retrouve. Cette
déclaration-là, elle est fidèle à ce que j'ai entendu pendant les dizaines
d'heures que j'ai passées en tournée, sur le terrain, avec mes collègues du
caucus et avec nos militants, militantes de l'ensemble du Québec, qui étaient à
nos côtés quand on rencontrait les... bon, quand on rencontrait les
producteurs, les productrices agricoles, quand on rencontrait les chambres de
commerce, quand on rencontrait les groupes communautaires, les syndicats, les
groupes citoyens. Ces rencontres-là, on les a faites avec nos militants, militantes,
et moi, je trouve que ce texte-là reflète bien ce qu'on a entendu. Mais, bien
sûr, ce n'est pas le nouveau programme de Québec solidaire, là, c'est juste un
bilan de la tournée, mais, pour moi, c'est un pas dans la bonne direction pour
Québec solidaire.
Journaliste : ...vous vous
retrouvez...
M. Nadeau-Dubois : Je me
retrouve là-dedans, je me retrouve là-dedans.
Journaliste : C'est ça. Donc,
votre souci de pragmatisme se retrouve dans ce document-là.
M. Nadeau-Dubois : Je peux,
d'ailleurs, vous donner un exemple, je peux vous donner un exemple. On a
rencontré beaucoup de producteurs, de productrices agricoles. Ça a été parmi
les acteurs qu'on a le plus rencontrés dans la dernière année, et c'était... ça
précédait un peu, là, la montée de mobilisation qu'on voit dans les derniers
mois. Puis quand on a rencontré les producteurs, les producteurs agricoles, ils
nous ont parlé de leurs priorités. Puis ils ont été assez clairs que, par
exemple, cette idée de réformer le syndicalisme agricole, qu'on a longtemps
prônée à Québec solidaire, les producteurs et les productrices nous ont dit :
Sérieusement, ce n'est pas ça en ce moment, notre priorité, on se fait rentrer
dedans par les changements climatiques, on se fait rentrer dedans par le coût
de la vie, on est endettés, on a peur, il y a les problèmes de santé mentale,
on a peur de perdre nos fermes. En ce moment, la priorité, ce n'est pas une
réforme de la structure syndicale. C'est de venir nous aider à faire face à
cette situation-là. Puis quand, moi, j'utilise le mot «pragmatique», ce que
j'entends, c'est la capacité à, justement, écouter ce que ces acteurs-là nous
disent, et dire : O.K., on va se mettre au diapason des priorités de ces
gens-là en restant fidèles à nos valeurs puis à nos idéaux.
Des voix : ...
La Modératrice : Un à la
fois, s'il vous plaît.
Journaliste : ...parce qu'en
région l'industrie minière est importante, l'industrie forestière. Est-ce que
c'est aussi en rupture avec ce que vous avez dans votre programme,
c'est-à-dire, tu sais, nationalisation complète, au besoin, nationalisation
complète ou contrôle public et nationalisation complète pour l'industrie
forestière?
Mme Labrie : Moi, je vous
invite à lire la déclaration de Saguenay, parce que la réponse à votre question
se trouve...
Journaliste : Moi aussi, je
m'invite à le faire, mais je ne l'ai pas fait encore. Est-ce que vous pouvez me
répondre?
Journaliste : Et vous l'avez
écrit, donc on aimerait ça savoir.
Mme Labrie : O.K. Oui,
parfait. Il y a, effectivement, eu des discussions avec des acteurs locaux à
travers le Québec, en particulier dans les régions ressources, où il y a
l'industrie minière, l'industrie forestière qui prennent beaucoup de place. Ce
qu'on retrouve là-dedans, c'est des propositions, justement, qui viennent faire
une place puis reconnaître, là, l'importance d'inclure ces acteurs-là dans les
prises de décisions locales. Nous, quand on parle de transition économique
écologique, à Québec solidaire, on veut le faire, puis c'est écrit là-dedans,
en assurant zéro perte d'emplois, là, nette au sein de chaque région. On veut
qu'il y ait des comités locaux de...
Journaliste : Sur la
nationalisation? C'est ça, la question.
Journaliste : Dans votre
programme, vous dites : On s'en va vers la nationalisation dans ces deux
cas-là. Qu'est-ce que... Quels sont les échos?
Mme Labrie : Bien, vous
verrez qu'il y a plus de nuances dans la déclaration de Saguenay, précisément,
parce qu'on s'est mis à l'écoute des acteurs sur le terrain, puis ce qu'il y a
là-dedans, c'est des propositions que les régions nous ont appelés à mettre en
œuvre, là, pour pouvoir s'enraciner.
Journaliste : Donc, dans un
congrès, éventuellement, vous reviendriez sur cette idée de nationalisation de
ces deux grandes industries?
M. Nadeau-Dubois : On va
prendre une étape à la fois, hein? Mercredi, je vous expliquais qu'il y a trois
grands chantiers qui sont à venir, puis ils vont avoir lieu un à la fois. Donc,
à notre conseil national de Saguenay, ce sera débattu, ce sera sans doute,
également, amendé. Je m'attends à ce qu'il y ait des vrais et des bons débats,
et c'est tant mieux, on est rendus là, puis c'est ce qu'on souhaite, Christine
et moi. Ensuite, il y a une proposition qui va être débattue, au conseil
national, qui vise à juste prendre la décision : Est-ce qu'on fait une
refonte de notre programme? Est-ce qu'on fait une modernisation ou pas? Si les
membres décident de s'engager dans ce processus-là, éventuellement, on aura les
débats sur l'ensemble du programme, et tout sera sur la table. Mais c'est pour
ça...
Des voix : ...
Journaliste : ...est-ce que
la nationalisation sera encore souhaitable?
M. Nadeau-Dubois : ...c'est
pour ça que c'est important pour nous de préciser ce matin que cette
déclaration-là, ce n'est pas le nouveau programme, c'est un débat qui est
distinct. Mais ce sont des orientations qui nous rejoignent puis qui,
globalement, on le souhaite, vont inspirer les membres de Québec solidaire.
Mais ces débats-là vont se faire de manière ordonnée, démocratique et un à la
fois.
Journaliste : Est-ce que vous
estimez qu'on a fait tout un plat de... du mot «pragmatique»? Comment vous
pensez que votre sortie de la semaine dernière a été accueillie par vos
membres?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
je... moi, je souhaite qu'on fasse un débat de fond, plus qu'un débat de mots.
Moi, j'ai choisi ce mot-là pour illustrer ma vision. D'ailleurs, ça fait des
années que j'utilise ce mot-là, hein? Si vous lisez mes déclarations, par le
passé, c'est un mot que j'ai souvent utilisé, et j'ai la définition qui est la
mienne. Pour moi, là, le pragmatisme, c'est, d'abord et avant tout, faire des
choix, c'est faire la liste des urgences dans la société québécoise, et se dire :
O.K., en quatre ans, à quoi on s'attaque, et par quoi on commence? Ça, c'est ma
définition du pragmatisme. Il en existe d'autres. Puis moi, ce que je souhaite
surtout, c'est qu'on ne fasse pas le débat sur le mot, qu'on fasse le débat sur
le fond, quel est l'avenir de Québec solidaire, puis comment pouvons-nous
revenir plus forts en 2026. Moi, je m'attends, par exemple, à ce que mes
collègues du caucus aient... embarquent dans ce débat-là, aient des visions.
Puis je ne m'attends pas à ce que tout le monde soit d'accord sur chaque
virgule.
Et est-ce que tout le monde va se
reconnaître dans le mot «pragmatique»? Peut-être pas, puis, honnêtement, pour
moi, sérieusement, ce n'est pas ça qui est essentiel, qui est important. Pour
moi, l'important, c'est qu'on ait ces débats-là. Je pense qu'on est rendus là à
Québec solidaire.
Journaliste : La Commission
nationale des femmes de Québec solidaire vous demande de revoir vos façons de
faire aujourd'hui. Les membres, dans une lettre, écrivent : «Il est
impératif de laisser parler les femmes et d'arrêter de museler leurs idées.»
Est-ce que les femmes sont muselées à Québec solidaire?
Mme Labrie : Écoutez, moi,
j'ai commencé à m'impliquer à Québec solidaire, notamment, parce que c'est un
parti féministe, c'est le parti qui a les meilleures pratiques féministes en ce
moment. Est-ce que ces pratiques-là sont parfaites? Bien sûr que non. Il y a
toujours place à amélioration. Puis on le répète assez souvent ici, en lien
avec l'actualité, à quel point ce n'est jamais acquis, hein, ce qu'on... les
gains qu'on réussit à faire, à travers le temps, pour les femmes. Donc, au sein
de Québec Solidaire, ce n'est jamais acquis non plus. On prend très au sérieux,
là, ce qui est nommé dans cette lettre-là, puis il va y avoir des suites. Parce
que ce qu'on souhaite, en fait, c'est que les femmes qui s'impliquent à Québec
solidaire, elles trouvent un lieu d'épanouissement, elles gagnent confiance
dans la nécessité de faire entendre leur voix dans l'espace public, puis en
politique, puis on va travailler très sérieusement là-dessus. Moi, j'en fais un
engagement personnel.
Journaliste : ...«boys'
club»? Qu'est-ce que vous pensez de ça, «boys' club»?
Journaliste : ...est-ce que
ça va être plus difficile de tendre la main aux régions sans Émilise
Lessard-Therrien?
Mme Labrie : Il y a deux
questions, je vais répondre successivement. Non, Québec solidaire n'est pas un
«boys' club» à mes yeux. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas des meilleures
pratiques, là, à adopter pour s'assurer que c'est un lieu d'épanouissement pour
tout le monde, notamment, les femmes, au sein du parti. Est-ce que c'est plus
difficile de s'enraciner... Reposez-la donc, oui.
Journaliste : ...la main aux
régions sans Émilise Lessard-Therrien?
Mme Labrie : Écoutez, la
volonté des membres de Québec solidaire de s'enraciner en région, elle était
très claire et explicite bien avant l'élection d'Émilise. D'ailleurs,
l'élection d'Émilise en avait été une manifestation. Puis le mandat qui nous
avait été donné, à l'hiver 2023, de faire une tournée des régions était
également une manifestation, là, de ce désir là de s'ancrer dans les régions.
C'est sûr que, bon, je me suis attristée, auprès de vous, du départ d'Émilise,
mais on ne renonce pas à s'enraciner dans les régions. Moi-même, je viens de
l'Estrie, je vois un terreau fertile pour les propositions de Québec solidaire
dans les régions, puis on espère que la déclaration de Saguenay va montrer aux
personnes qui vivent en région qu'on est à l'écoute de leurs préoccupations
puis, surtout, en fait, qu'on veut travailler avec eux et avec elles pour mieux
répondre à leurs besoins, là. C'est ça qu'il y a là-dedans.
Journaliste : ...entendu, M.
Nadeau-Dubois, deux départs, là, à la direction du parti, deux personnes qui
étaient très près de vous. Il y a deux façons de voir les choses en lien. On
vient... personnes qui partent parce qu'on va laisser plus de place, parce
qu'on vous disait que vous aviez le contrôle sur le parti, ou c'est des gens
qui ne vous suivent pas?
M. Nadeau-Dubois : La
politique, c'est un domaine qui est difficile. C'est difficile pour les élus,
par moments, c'est difficile pour les travailleurs, les travailleuses, c'est
difficile aussi, par moments, pour les militants et les militantes. Et moi...
Et ces départs-là, qui sont volontaires, on en a pris acte, ça nous peine, mais
c'est des décisions que je respecte. Après ça, vous comprendrez que je ne
commenterai pas en détail. C'est des décisions qu'on respecte.
Journaliste : Mais ça envoie
quoi, comme message, aux militants?
M. Nadeau-Dubois : Ce n'est
pas un message, c'est des décisions personnelles d'individus qui décident de
prendre un pas de recul, de changer la manière dont ils vont s'engager pour changer
le Québec, puis moi, je respecte ça.
Journaliste : Mais ça peut
être interprété comme si vous vouliez, comment dire, faire le ménage dans votre
garde rapprochée. Vous dites : Ce n'est pas ça qui est arrivé.
M. Nadeau-Dubois : Je dis que,
s'il y a des critiques à faire sur la manière dont fonctionne Québec solidaire,
c'est aux élus d'y répondre. C'est ce que Christine et moi faisons aujourd'hui,
c'est ce que j'ai fait la semaine dernière. Bien, moi, je trouve ça important
de respecter, d'abord, la vie privée, puis, ensuite, les choix de vie que font
des employés, des travailleurs, travailleuses qui ont donné des années et des
années de leur vie pour un parti et qui, aujourd'hui, décident de prendre un
pas de recul. Moi, je respecte ça. Puis je ne souhaite pas, sur la place
publique, disséquer, détailler et commenter, dans les menus détails, des
décisions qui sont des décisions personnelles, puis des départs qui sont
volontaires.
Journaliste : Qu'est-ce que
vous avez pensé du vandalisme sur le futur site de Northvolt? Est-ce que vous
condamnez ces gestes?
M. Nadeau-Dubois : Bien sûr.
On l'a fait, hier, sur les médias sociaux. C'est inacceptable. Il y a un débat
de société qu'il faut faire sur Northvolt et, en fait, sur l'ensemble du
déploiement de la filière batterie au Québec, mais ce n'est pas comme ça qu'il
faut le faire.
Journaliste : Sur le fond,
là, de... Parce que vous avez dit, là, le pragmatisme, tout ça, blablabla, tu
sais, il ne faut pas que ça occulte le fond des choses. Mais, justement, sur le
fond des choses, est-ce que la position de Québec solidaire, qui est dans son
programme, sur la laïcité vous apparaît comme pragmatique?
M. Nadeau-Dubois : Vous
parlez de la position, en ce moment, sur la loi... Bien, moi, en ce moment, je
suis...
Journaliste : Sur la laïcité,
donc les...
M. Nadeau-Dubois : Oui, moi,
je suis 100 % d'accord avec cette position-là en ce moment.
Journaliste : Donc, c'est
pragmatique, selon vous?
M. Nadeau-Dubois : Bien, oui,
oui. En ce moment, je la trouve tout à fait convenable puis, oui, je la trouve
pragmatique, oui.
Journaliste : En ce moment.
Donc, ça pourrait changer?
M. Nadeau-Dubois : Bien là, je
vous prie, quand même, de ne pas essayer de me faire dire des choses que je ne
dis pas, alors que je suis quand même très clair. Je vous dis que je suis
derrière cette position à 100 %, elle me rejoint sur le plan personnel. Je
n'ai pas de problème avec ça.
Journaliste : On apprend que
la... Ce matin, on a obtenu des...
M. Nadeau-Dubois : En ce
moment, demain, hier, après-demain aussi.
Journaliste : Bien, en ce
moment, on a...
M. Nadeau-Dubois : Oh! oui,
oui, mais je pense qu'on se comprend sur le fond de ma réponse.
Mme Labrie : On n'est pas,
actuellement, dans un exercice de modernisation du programme. La question sera
posée aux membres au mois de mai.
Journaliste : Mais ça
pourrait changer?
Mme Labrie : Bien, évidemment,
là. On vous le dit, que ça pourrait changer, depuis déjà plusieurs jours.
Journaliste : C'est sur la
table.
Mme Labrie : C'est,
effectivement, sur la table. Il y a une proposition qui est sur la table,
d'ailleurs, qui vient de la base, qui vient des membres qui nous ont... qui ont
été nombreux à appeler à une modernisation du programme. Donc, cette
proposition-là sera au vote à la fin du mois de mai. Je vous invite à venir
assister aux discussions là-dessus...
Journaliste : ...
M. Nadeau-Dubois : Non, non,
sur la refonte générale.
Mme Labrie : ...sur la
modernisation du programme en général.
Journaliste : ...
Mme Labrie : Si c'est adopté,
le mandat sera général pour la modernisation de l'ensemble du programme, et
c'est un processus qui va prendre des mois. Donc, la réponse à votre question,
vous l'aurez à la fin de ce processus-là, s'il a lieu, et ça, ce n'est pas
encore tranché.
Journaliste : Nous apprenons
ce matin... On a obtenu des documents, à 98,5, qui démontrent que l'agence de
transport... en fait, Mobilité Infra Québec, ce ne serait pas 50 employés
qu'il y aurait. En fait, il y en aurait 50 la première année, mais, à terme, au
bout de trois ans, selon les documents qu'on a obtenus, on prévoit
400 employés à l'agence, sans compter les ressources externes.
Mme Labrie : Vous nous
l'apprenez, là. Vous avez eu accès à des documents auxquels nous, on n'a pas eu
accès. Le projet de loi lui-même n'est pas encore déposé, donc on va commenter
ça plus longuement quand il le sera. Mais, de manière plus générale, sur le
dossier du transport au Québec, ce que j'aurais le goût de vous rappeler, c'est
que nous, ce qu'on voudrait, c'est que le gouvernement du Québec prenne à cœur
la mission de développer le transport collectif, là. Donc, si on parle de
plusieurs centaines de personnes pour développer seulement des routes, on va
avoir un problème. S'il y a des chantiers de transport collectif, y compris
interrégional, qui sont mis en branle, on va discuter de ça dans des termes
bien différents.
M. Nadeau-Dubois : Puis
peut-être juste ajouter un élément. Là, il faut... il va falloir de la
transparence. Je pense qu'on s'attend, de la ministre Guilbault, à ce qu'elle
nous dise clairement c'est quoi, ses intentions, et quelle ampleur cette
agence-là est appelée à prendre, parce qu'entre 50 et 400 employés il y a
quand même une pas pire différence. Donc, il faut de la transparence, il faut
qu'on sache où on s'en va, parce que le transport collectif, ce n'est pas un
dossier mineur, là, c'est la clé, la clé pour réussir notre lutte aux
changements climatiques.
Journaliste : Mes collègues
de Noovo ont fait un reportage sur un donneur de sperme de façon artisanale, là,
une famille qui aurait fait 600 enfants de cette façon-là. Est-ce que vous
avez une opinion par rapport... Est-ce que le gouvernement devrait légiférer
pour empêcher que ça se produise, des choses comme ça?
M. Nadeau-Dubois : Je suis...
On va prendre votre question en délibéré. On s'attendait à répondre à bien des
questions ce matin, on était bien... mais j'avoue que celle-là, on ne l'a pas
vue venir. Mais on n'évitera pas, on va vous répondre.
Journaliste : Sur le projet
de loi n° 57, est-ce que vous commencez à avoir une position, là — on
s'en va en étude détaillée bientôt — par rapport à la liberté
d'expression, la protection des élus? Donc, est-ce que vous pensez que le
projet de loi, en ce moment, qui est étudié va chercher cette balance-là, là? On
sait que les quatre centrales syndicales, eux autres, craignent pour la liberté
d'expression.
Mme Labrie : Bien, il y a
quand même plusieurs préoccupations qui ont été exprimées, là, par différents
groupes, là, en commission parlementaire. Moi, je n'y étais pas, là, c'est mon
collègue Etienne Grandmont qui était là. Donc, c'est certain que ça nous
préoccupe. Je ne suis pas convaincue que l'équilibre a été trouvé, non, avec ce
qui a été nommé en commission parlementaire. Mais un projet de loi, le
processus est long, la ministre peut encore améliorer, là, le projet de loi, puis
je l'invite à le faire, parce que c'est quand même assez préoccupant, là, ce
qui a été nommé, notamment sur la criminalisation possible de gestes citoyens,
finalement, là, d'aller poser des questions ou de poser des gestes dans les
assemblées. J'ai entendu des questions pertinentes, également, de la part
d'Élections Québec. Donc, plusieurs groupes ont manifesté des préoccupations,
qui méritent d'être prises au sérieux.
Journaliste : ...une question
sur Guillaume Cliche-Rivard. Est-ce que vous trouvez que sa situation est
délicate?
Mme Labrie : Mon collègue
Guillaume est un homme très, très rigoureux. Dès son élection, il a demandé des
avis à la Commissaire à l'éthique, il s'est rigoureusement confirmé aux avis de
la Commissaire à l'éthique. Moi, j'ai pleinement confiance en son intégrité, ça
ne fait aucun doute dans mon esprit.
Journaliste : ...situation
délicate? C'est ça, la question.
Mme Labrie : Moi, je ne
trouve pas qu'il est dans une situation délicate, dans la mesure où il a ces
avis-là en main, il sait qu'il s'y est confirmé.
Journaliste : Pourquoi ne pas
rendre l'avis public?
M. Nadeau-Dubois : Il y a des
informations personnelles dans certains de ces documents-là. Moi, je pense qu'on
ne peut pas demander plus à un élu que de solliciter lui-même, à trois reprises,
pour être absolument certain d'être conforme, là. Il a sollicité, à trois
reprises, des avis à la commissaire, par lui-même, pour être certain de tout
bien faire. Il se conforme totalement à ces trois avis. Je pense que c'est ce à
quoi on s'attend d'un élu à l'Assemblée nationale, qu'il utilise, comme
boussole éthique, l'institution que nous nous sommes donnée, ici les députés,
la Commissaire à l'éthique et à la déontologie.
La Modératrice : Rapidement.
Il va falloir passer en anglais.
Journaliste : ...l'avis,
est-ce que vous l'avez consulté? Parce que M. Cliche-Rivard a dit :
Je respecte l'avis de la commissaire. Bien, je veux dire, nous, on ne peut pas
le savoir si c'est vrai, on ne l'a pas vu, l'avis, puis la commissaire, elle ne
veut pas commenter, donc...
M. Nadeau-Dubois : Moi,
j'ai... Guillaume et moi avons eu toutes les conversations nécessaires, avec
Christine aussi, puis on est 100 %...
Journaliste : ...porte-parole
en environnement, et non... c'est-à-dire en immigration, et pas porte-parole en
environnement, compte tenu de sa situation, là? Je veux dire, vous ne voyez pas
de situation délicate?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
écoutez...
Mme Labrie : Moi, je
trouverais absurde, sincèrement, qu'on aille chercher une personne avec toute
son expertise puis qu'on ne puisse pas la nommer porte-parole en immigration...
Journaliste : ...en droit de
l'immigration?
Mme Labrie : ...pour laquelle
il a mis en mesure toutes les recommandations de la Commissaire à l'éthique, là.
Il n'y a pas d'enjeu là.
Journaliste : ...Mme Nichols,
elle, elle s'est abstenue d'exercer sa pratique avec... sur la foi d'un avis de
la commissaire. Puis comment vous expliquez le fait qu'elle ait pris cette
décision-là, mais pas M. Cliche-Rivard? Est-ce que vous comprenez cette
contradiction-là apparente?
M. Nadeau-Dubois : Guillaume
s'est conformé à l'ensemble des recommandations de la Commissaire à l'éthique.
Journaliste : Bien, si vous
en avez parlé avec lui, c'est parce qu'à quelque part vous avez pensé qu'il
pourrait y avoir un conflit d'intérêts.
Mme Labrie : C'est lui qui
nous en a parlé, de manière préventive.
Journaliste : Bien là,
M. Nadeau-Dubois vient de dire : Quand on en a parlé ensemble...
M. Nadeau-Dubois : Exact.
Journaliste : Alors, ça veut
dire qu'à quelque part vous devez avoir... ça a dû vous inquiéter, à quelque
part, si vous en avez parlé.
M. Nadeau-Dubois : Non,
c'est... J'ai un collègue et un ami qui a fait tout en son pouvoir pour être à
100 % conforme avec 100 % des règles éthiques, et il se fait poser
des questions. Donc, on en a jasé ensemble. Mais de cette discussion... de
l'existence de cette discussion-là, n'inférez aucun doute, de notre part, sur
l'intégrité sans faille de Guillaume Cliche-Rivard.
Journaliste : Sur l'identité
numérique, est-ce que vous croyez M. Caire que le ralentissement de son
projet soit dû réellement à la pénurie de main-d'œuvre?
M. Nadeau-Dubois : Je pense
que M. Caire prend acte des multiples ratés, là, dans la transformation
numérique de l'État. Après le scandale qu'on a vu à SAAQclic, ce projet-là
suscitait énormément de questions, et là on ne parle même pas de l'aventure de
la reconnaissance faciale, qui, elle aussi, avait généré beaucoup de craintes.
De toute évidence, M. Caire prend la bonne décision de prendre un pas de
recul, parce que là, il y avait trop de ratés, trop d'ambiguïté, trop de flou.
Et je pense que, pour la confiance des Québécois puis des Québécoises, c'est la
bonne décision.
Journaliste : C'est quoi, le
bilan de M. Caire, après six ans, en matière de...
M. Nadeau-Dubois : Ce n'est
pas fort.
Journaliste :
How do you think your presentation of
the need to reform the party and your use of “pragmatic”, the word “pragmatic”
has gone over, certainly, with some of the more traditional side of the party?
M. Nadeau-Dubois : Well, I really hope that we are going to have a debate on the core
issue, and not on the word. I used the word “pragmatic”. It's a word that I've
been using for years now. It's the word that I think, for me, represents the
vision that is mine. But a lot of other words can be used. And I hope that we
are going to focus on the core issue, and the core issue is: What do we need to
do, in Québec solidaire, to
come back better in 2026? A lot of definitions can exist on the word “pragmatic”.
My definition is that a pragmatic left-wing party is a party that makes
choices, a party that does a serious and democratic process of choosing
priorities in order to govern. That's what I mean when I say “pragmatic”. But I
really hope… and I invite the members of Québec
solidaire to have a debate on the core issue, not a
debate around the word itself.
Journaliste
: Doug Ford, yesterday, asked universities to remove encampments on
their campuses. Mr. Legault, on Thursday, here, asked police to intervene and remove those…
this encampment on McGill's campus. What do you think
about the difference between the two approaches of the two prime
ministers?
M. Nadeau-Dubois :
Well, I haven't seen Mr. Ford's announcement, but one thing is clear, a
court, a Québec court said that there was no legal need to remove the
encampment in McGill. There is no reason why Mr. Legault should go over
that court decision and decide that he will ask the police to do something. The
separation of power is something important, it's not a
decoration. The right to protest is important in a democratic society. And it's
deeply disturbing to see Mr. Legault intervening in that situation by putting
oil on the fire, instead than inviting everyone to have a dialog and to find a
peaceful solution.
Journaliste
: Yesterday, Mr. Ford said that… like, in the morning, that he's
asking universities to remove encampments on universities' campuses. What do
you think about the fact that Mr. Legault's colleague, conservative colleague
is basically respecting the powers, and police powers, and Mr. Legault is
asking, directly, police to intervene?
M. Nadeau-Dubois : Honestly, we had a huge… a big debate, a few years ago, about
academic freedom in Québec. I don't think it's the job of the PM to be the boss
of the universities, and it's not the job of the PM to be the boss of the
police. The separation of powers is important. The respect of the autonomy of
universities is important. Those are important principles in a democracy. And
Mr. Legault made a real mistake by putting oil on the fire this weekend.
Journaliste
: Sur le départ de Manuel... Ah!... n'avait pas terminé?
Journaliste
: Just one… Sorry. I'd like to hear you just on intimate partner
violence. I don't know if you saw those stories that came out this morning, but
there is a new pilot project being put in place by the SPVM and the prosecution
regarding strangulation and issues surrounding that. Do you feel like this
pilot project goes far enough? What more can be done to deal with that issue?
Mme Labrie : Well, a lot more can be done to make sure that every woman feels
safe in her own house. It's awful, for me, to know that, everywhere in the
world, and it's true in Québec too, home is the place where women are the least
in security. We can see it regularly in the front news. So, we have a lot of
suggestions to make for this. One of them is to improve the offer of housing
for women who want to escape a toxic context.
Journaliste :
Juste sur le départ de Manuel Dionne. C'est le troisième départ dans
l'entourage de M. Legault. Qu'est-ce que ça signifie, d'après vous?
M. Nadeau-Dubois : J'ai
presque envie de vous dire ce que je vous ai dit tantôt. La politique, c'est
dur, c'est un métier qui est exigeant. Que M. Dionne, après, je pense, quand
même, de nombreuses années, là, à travailler en politique, décide de faire un
choix de vie différent... j'ai même cru lire dans un article qu'il y avait des
questions familiales, tout ça... je veux dire, c'est des choix qu'il faut
respecter. Puis dans toutes les formations politiques, hein, il y a des gens
qui s'engagent dans l'ombre, comme ça. Ce n'est pas eux qui répondent à vos
questions le matin, mais ils font beaucoup, vivent... Ce sont des animateurs et
des animatrices de notre vie démocratique, qu'on ne voit pas, mais qui sont là,
puis qui sont importants. Puis moi, je peux comprendre que les gens, à un
moment de leur vie, décident de prendre un pas de recul. C'est le choix que M.
Dionne a fait. Sans vouloir faire de parallèle sur les raisons, il y a des gens
chez nous, aussi, qui ont fait ce choix-là, puis je... moi, je veux qu'on...
moi, je respecte ça. Puis je pense qu'il faut juste saluer le fait que ces
gens-là s'impliquent dans des formations politiques qui correspondent à leurs
valeurs, tout simplement.
Journaliste : Mais il quitte pour
la FMSQ, avant des négociations, justement, avec MM. Dubé et Legault. Ce n'est
pas...
M. Nadeau-Dubois : On verra
pour la suite des choses, selon les choix que fera M. Dionne.
(Fin à 11 h 50)