(Treize heures quarante-sept minutes)
M. Legault : Oui, bonjour,
tout le monde. Bien, depuis un certain temps, on assiste à un feu d'artifice d'annonces
de la part de M. Trudeau dans des champs de compétence du Québec. Donc, je
veux être très clair, là, d'abord, il n'est pas question d'accepter ça, puis,
comme on l'a fait depuis que je suis premier ministre, on va exiger que ces
sommes-là soient versées sans condition. Maintenant, le pire dans ces annonces,
c'est que souvent ça vise des problèmes qui ont été créés par le gouvernement
fédéral lui-même.
Évidemment, prenons l'immigration, le
gouvernement fédéral a laissé exploser le nombre d'immigrants temporaires à
560 000. 560 000, c'est une augmentation de 250 000 depuis deux
ans. Et, si on se compare à sept, huit ans, on était à 100 000. Là, on est
rendus à 560 000. Donc, ça amène des problèmes énormes pour les Québécois,
il nous manque d'enseignants, il nous manque d'infirmières, il nous manque de
logements, et ça pose un vrai défi pour l'avenir du français, en particulier à
Montréal.
Donc, je veux le répéter, parce que ça
pourrait être interprété... mais le peuple québécois a toujours été
accueillant, sera toujours accueillant. Quand on se compare — on va
bientôt avoir le premier ministre français — on reçoit, toute
proportion gardée, beaucoup plus d'immigrants qu'en France, qu'aux États-Unis.
Mais là on n'y arrive plus. On n'y arrive plus. Notre capacité d'accueil a été
dépassée.
Donc, j'ai un message pour M. Trudeau :
Au lieu de faire des annonces dans les champs de compétence du Québec, bien,
occupez-vous de vos propres responsabilités, en particulier l'immigration.
Journaliste : ...pour
discuter avec Ottawa quand on voit que, justement, ils peuvent annoncer, comme
ça, des sommes, des milliards dans les champs de compétence du Québec?
M. Legault : Bien, d'abord,
vous avez remarqué, comme moi, qu'enfin M. Trudeau a avoué ce qu'il n'avouait
pas depuis des années, c'est-à-dire qu'il y en a trop, d'immigrants.
Maintenant, il nous a lancé des pistes.
Christine Fréchette a des discussions avec le gouvernement fédéral, est-ce
qu'il pourrait y avoir une préapprobation par le Québec... par... oui, c'est ça,
par le Québec, est-ce qu'on pourrait exiger la connaissance du français, donc,
etc. Mais la force qu'on a, c'est d'aller chercher l'appui de la population.
Bon, je l'ai dit, pour l'instant, on ne veut pas faire de référendum sectoriel
sur ces pouvoirs-là, mais je sens qu'il y a une grande majorité de Québécois
qui disent : Écoutez, à 560 000 immigrants temporaires, on n'y
arrive plus. On n'y arrive plus, puis ça vient créer des problèmes aux
Québécois pour avoir des services puis pour garder le français à long terme.
Des voix : ...
Journaliste : ...pas question
de référendum. Récemment, vous avez dit...
M. Legault : Pour l'instant.
Journaliste : ...on laisse
tomber.
M. Legault : Pour l'instant.
Journaliste : Maintenant,
vous dites «pour l'instant». Ça pourrait changer?
M. Legault : Bien, écoutez,
là il faut voir, là. Est-ce qu'on a besoin de faire un référendum pour
s'assurer que la majorité des Québécois appuient? Puis là on va rentrer dans le
détail, là. Prenez, par exemple... Est-ce que les immigrants temporaires
devraient être préapprouvés par le Québec? Si c'était le cas, ça voudrait dire,
un, on contrôlerait le nombre, deux, on contrôlerait les exigences en français.
Donc, est-ce qu'on fait un référendum là-dessus, éventuellement? Est-ce qu'on
le fait plus large, sur d'autres sujets? Ça va dépendre aussi des résultats des
discussions. N'oubliez pas que M. Trudeau m'a promis une nouvelle rencontre au
plus tard d'ici le 30 juin. Donc, moi, je m'attends à des résultats, là. M.
Trudeau a une obligation de résultat. Puis, par la suite...
Des voix : ...
M. Legault : ...par la suite,
on va agir. Maintenant, il y a des secteurs dans lesquels déjà on a des
pouvoirs, qu'on pense aux étudiants, qu'on pense au PTET. Donc, on est en train
de regarder nos options.
Journaliste : Vous êtes en
train de dire à M. Trudeau : Si tu ne veux pas de référendum, donne-moi ce
que je veux.
M. Legault : Bien, écoutez,
ce que je dis à M. Trudeau, là, c'est : Écoutez les Québécois, puis, au
lieu de faire un feu d'artifice d'annonces dans les champs de compétence pour
dire : On va vous donner de l'argent en santé, on va vous donner de
l'argent pour le logement, allons donc à la racine du problème. Il y a trop, il
y a trop d'immigrants temporaires. M. Trudeau dit oui, ça fait qu'on dit à M.
Trudeau : Quand est-ce qu'on va les réduire?
Journaliste : ...déjà évoqué
ça, l'idée d'un référendum sectoriel, pour ensuite reculer. Dans quelle mesure
est-ce qu'on doit aujourd'hui vous prendre au sérieux?
M. Legault : Bon, d'abord, je
n'ai jamais reculé. Ce que j'ai dit, en campagne électorale, c'est que je ne
l'excluais pas. Puis je dis toujours que je ne l'exclus pas.
Des voix : ...
M. Legault : Mais... Mais...
Mais la première question à se poser, c'est : Est-ce qu'on a besoin de
faire un référendum pour que M. Trudeau soit convaincu qu'il y a une majorité
de Québécois qui se disent : Ça n'a pas de bon sens,
560 000 immigrants, tu sais?
Des voix : ...
M. Legault : Pardon?
Journaliste : À votre
question, la réponse, c'est quoi? Est-ce qu'on a besoin...
M. Legault : Bien, moi, je
pense qu'il y a déjà une majorité de Québécois qui sont d'accord pour dire :
M. Trudeau, de deux choses l'une, ou vous réduisez le nombre d'immigrants ou
vous cédez des pouvoirs au Québec, mais on ne peut plus continuer comme ça.
Journaliste : ...milliards
qui ont été annoncés, monsieur... Depuis, quoi, trois semaines maintenant, là,
que M. Legault... «M. Legault», excusez-moi, M. Trudeau effeuille son budget,
là, quelle est la part qui revient au Québec sur tout ce qui a été annoncé?
L'avez-vous évaluée jusqu'à maintenant?
M. Legault : Bien, il faut le
regarder dossier par dossier. Mais prenez un exemple, quand on a eu les
services de garde, même si on avait déjà des services de garde à taux réduits,
on a eu l'équivalent d'à peu près 22 % du budget qui était annoncé pour le
Canada, donc ce qu'on veut... puis on l'a eu sans condition. Ce qu'on veut,
c'est d'aller chercher notre part. C'est la même chose avec l'assurance
dentaire, c'est la même chose avec le programme des petits-déjeuners. Il y a
des choses qui existent déjà au Québec, mais on réclame notre juste part de
l'argent du fédéral, mais sans condition.
Journaliste
: ...
M. Legault : Bien, on... Il
faudrait les prendre un par un, M. Lacroix.
Journaliste : ...accordent-ils
aux champs de compétence, vous croyez? Selon M. Trudeau, ils s'en foutent.
M. Legault : Bien, écoutez,
écoutez, je pense que, pour... depuis six ans, là, ou cinq ans et demi, on a
résisté puis on a dit : On veut avoir l'argent sans condition, puis le
fédéral a fini par plier. Donc, moi, je pense que le fédéral va continuer de
plier. C'est une position traditionnelle de tous les gouvernements du Québec,
qu'ils soient péquiste, libéral ou autre.
Journaliste : ...M. Legault,
vous avez apprécié votre après-midi hier. Est-ce que vous avez raté votre coup?
Est-ce que vous auriez dû obliger les centres de services à tenir des activités
partout? C'est ce que vous reprochent les oppositions.
M. Legault : Oui, je pense
que... je pense qu'on ne se trompe jamais quand on laisse les parents, les
enseignants, les gens localement décider. Moi, je peux comprendre qu'il y avait
des parents qui voulaient vivre ça avec leurs enfants, des parents qui étaient
inquiets. Donc, ce qu'on a dit puis ce que Bernard Drainville a dit, c'est que
les heures de cours qui sont prévues doivent être données. Donc, si vous
utilisez, par exemple, une journée pédagogique hier, bien, il faut que ça soit
repris, puis cette journée-là ne sera pas utilisée à un autre moment. Donc,
l'important, c'est : organisez-vous avec les parents. J'étais à Longueuil
hier, il y avait beaucoup de parents qui étaient là aussi, parce que ce n'est
quand même pas simple à...
Journaliste : ...
M. Legault : Pardon?
Journaliste : ...des enfants
enfermés dans des classes avec des fenêtres fermées...
M. Legault : Bien...
Journaliste : ...avec
l'expérience d'hier, trouvez-vous que c'est logique au Québec, ça?
M. Legault : Bon, d'abord, on
n'a pas une grande expérience des éclipses totales. Donc, il y en a peut-être
qui n'ont pas trouvé le moyen d'avoir des lunettes pour tout le monde, là. Donc,
dans 82 ans, je suis certain qu'on va être mieux équipés.
Le Modérateur : On va passer
en anglais...
Des voix : ...
Le Modérateur : On va passer
en anglais. On va passer en anglais. Cathy.
Des voix : ...
Le Modérateur
: On va
passer en anglais.
M. Legault :
Cathy.
Journaliste
: Mr. Legault.
M. Legault : Cathy Senay.
Journaliste :
Is it your best strategy with
Mr. Trudeau, to basically have this threat of a referendum on immigration
to get what you want?
M. Legault : OK. What I say is that I don't exclude that. I say : It's not in
our plan short term. But what I want to tell Mr. Trudeau is that the
majority of Quebeckers, they
think that 560 000 temporary immigrants, it's too much. It's hurting
our health care system, we don't have enough teachers, we don't have enough in
housing. So, we really need to have some results. Mr. Trudeau finally said :
Yes, it was too much. It's the first time he's saying that. So, we expect, in
the next meeting, that he promised me for no later than June 30, that he
would come with results.
Journaliste :
And you talked about the French
language, the protection of the French language, that it puts a lot of pressure
on the protection of the French language. But did you see the OQLF's study last
week, saying that the use of French in the public space is stable? Doesn't it…
Isn't it a good news?
M. Legault : Yes, yes, it's a good news. We have to make sure that the next
report says the same thing, because some experts, they say that it's doubtful.
I don't know. But what we know is that, in the 160 000 asylum
seekers, more than 30 % don't speak French. So, it has to have an impact
on French, especially in Montréal.
Journaliste :
Experts have talked about the
detrimental impacts of screen time on young children, and other countries have
already moved to introduce legislation to try and stop this. Why is taking you Government so long to introduce legislation
or even start the discussion about introducing legislation...
M. Legault :
OK. First, I have to remember you that,
in 2019, Lionel Carmant hold a consultation, a vast consultation about it. Then,
we took some decisions like the cell is not permitted anymore in school. For
people under two years old, it's forbidden. We also had some ads. Right now,
the challenge is about at home with the parents. So, it's not easy, solutions
are not easy, but we're open to all the suggestions. And Mr. Carmant is working
on that since four years now.
Journaliste : En français,
là-dessus, M. Legault, sur le temps d'écran, est-ce qu'il faut légiférer?
M. Legault : Oui, oui, bien,
écoutez, on n'a pas attendu l'opposition pour prendre des actions sur le temps
d'écran, on sait que c'est un problème, c'est un problème partout dans le
monde. On a interdit le cellulaire dans les écoles, on a tenu une grande
consultation avec Lionel Carmant. Dans les garderies, on a défendu les écrans
pour les moins de deux ans. On a fait de la publicité. Parce que le vrai défi,
c'est ce qui se passe à la maison. Puis là, bien, il faut aussi avoir la
collaboration des parents pour que le temps d'écran soit limité. Merci, tout le
monde.
(Fin à 13 h 59)