(Neuf heures trente et une minutes)
Le Modérateur : Alors,
bonjour, tout le monde. On va commencer par une déclaration de tous les
représentants des partis qui sont présents. Ensuite, on va prendre les
questions sur le sujet de l'annonce. Ensuite, on va libérer les collègues des
oppositions pour continuer sur les autres sujets d'actualité, s'il y a des questions.
Alors, M. Roberge, à vous.
M. Roberge : Merci. Bonjour.
Merci à vous d'être présents. Merci aussi aux collègues d'être présents. C'est
grandement apprécié qu'on puisse faire ça ensemble ce matin.
Je veux vous parler ce matin du processus de
révision de la carte électorale. Pour rappel, évidemment, il y a eu le rapport
préliminaire en septembre 2023, donc en septembre dernier, de la Commission de
la représentation électorale. Ensuite, il y a eu des consultations régionales
puis il y a eu des consultations des parlementaires, de toutes les formations
politiques, de toutes les régions du Québec, ici, à l'Assemblée nationale.
Je vous rappelle que le rapport
préliminaire propose actuellement l'abolition de deux circonscriptions, une en
Gaspésie, une à Montréal, puis plusieurs changements aussi de délimitations. Le
rapport préliminaire a fait couler beaucoup d'encre. Beaucoup de préoccupations
ont été soulevées de la part des élus, de tous les élus, et beaucoup des
citoyens aussi. Je rappelle qu'il y a eu une motion unanime de tous les députés
de l'Assemblée nationale à l'effet de préserver la circonscription en Gaspésie.
L'exercice de révision de la carte
électorale, c'est un exercice qui est complexe. Je comprends que les membres de
la commission doivent faire beaucoup d'arbitrage. J'ai le plus grand respect
pour leur travail. La commission est entièrement indépendante et doit demeurer
indépendante, mais son travail est encadré évidemment par des critères de
délimitation qui sont contenus, eux, dans la Loi électorale.
Or, suite aux consultations et aux
échanges que les parlementaires ont eus avec les membres de la commission, on
constate que la Commission de la représentation électorale a, en quelque sorte,
les mains liées par la loi actuelle et ne peut pas tenir compte de tous les
enjeux qui ont été légitimement exprimés par mes collègues, par des députés de
toutes les formations et de toutes les régions.
Sur un sujet aussi fondamental, on ne peut
pas faire la sourde oreille quant aux préoccupations qui ont été formulées.
Après discussion avec mes collègues des oppositions, je pense qu'on a un
consensus. Mieux que ça, je pense qu'il y a une unanimité encore, ce qui est
quand même très rare et qui doit être apprécié.
Donc, j'annonce aujourd'hui l'intention
gouvernementale, avec les collègues, de présenter un projet de loi qui vise à
suspendre le processus de révision de la carte qui est actuellement en cours.
Si le projet de loi était adopté, eh bien, la carte qui est en vigueur, qui
était donc en vigueur en 2022, serait en vigueur aussi en 2026, sans
changement. C'est une intention gouvernementale qui rejoint la demande commune
qui avait été faite par tous les groupes d'opposition. C'est une mesure qui est
exceptionnelle, mais qui est nécessaire. C'est essentiel que les régions du
Québec comme la Gaspésie continuent d'être bien représentées à l'Assemblée
nationale. Je pense que beaucoup de citoyens, mais particulièrement les
Gaspésiens... mais les gens de toutes les régions ont été entendus, pas seulement
par le gouvernement, mais, j'ose dire, par tous les collègues aussi.
Dans un deuxième temps, une réflexion sur
les critères de représentation devra être faite avec les collègues des
oppositions, encore une fois. C'est donc dans cette deuxième phase que nous
amorcerons des travaux avec les collègues pour revoir ces critères. C'est notre
responsabilité à nous, les parlementaires, les législateurs, de revoir, lorsque
nécessaire, les critères qui sont contenus dans la Loi électorale. Pour que la
Commission de la représentation électorale puisse bien faire son travail, bien,
on va revoir ces critères-là. Et je suis convaincu qu'à terme, pour 2030, la
nouvelle carte pourra susciter beaucoup plus d'adhésion, et c'est tous les
Québécois de toutes les régions qui seront alors gagnants. Merci. Je vais céder
la parole à mes collègues.
M. Derraji : Bonjour, tout le
monde. Premièrement, merci, M. le ministre, merci, chers collègues. Très
heureux aujourd'hui de confirmer devant vous que la proposition du Parti
libéral a été retenue. C'est un exercice transpartisan, mais l'exercice a été
très bien fait.
Nous avons vu, tout au long des
consultations, lors de la CRE, les doléances de beaucoup de collègues. Et
l'exercice a démontré son importance. Nous avons écouté des collègues de Québec
solidaire qui parlaient d'un enjeu très important à Sherbrooke, où on parlait
qu'on doit servir des électeurs qui ne sont... des citoyens qui ne sont pas
électeurs. J'ai entendu mon collègue Pascal Bérubé parler de l'enjeu de
sécurité, de l'éloignement. Nous avons aussi entendu des collègues qui
parlaient que ça n'a aucun bon sens d'éliminer des circonscriptions et de
baisser le poids des régions.
Donc, aujourd'hui, l'exercice de la
consultation nous a démontré les limites de la loi actuelle, la Loi électorale
actuelle. Le statu quo ne tient plus. La Loi électorale n'a pas été revue
depuis au moins 35 ans. Donc, c'est le moment, pour l'ensemble des
parlementaires, pour l'avenir démocratique, pour une meilleure représentativité,
de faire les choses correctement. La première étape, c'est dire au DGEQ
d'utiliser la dernière carte électorale de 2022. Ça va nous donner le temps en
tant que parlementaires.
Et j'espère que cette ambiance que je vois
entre l'ensemble des partis politiques va régner tout au long de ce processus
démocratique, parce qu'au bout de la ligne, c'est l'ensemble de la population
québécoise qui en bénéficiera, l'ensemble des régions qui vont profiter de
cette révision des critères, et probablement on va être tous à la même longueur
d'onde d'avoir une meilleure représentativité de toutes les régions du Québec.
Merci beaucoup.
Le Modérateur : M. Zanetti.
M. Zanetti : Oui. Alors,
évidemment, la question de la représentativité électorale, c'est une vaste question,
puis la seule chose qui pourrait vraiment amener une juste représentation, ce
serait une réforme du mode de scrutin pour aller vers un mode de scrutin à
vocation proportionnelle.
Maintenant, dans un système imparfait, je
pense que la suspension actuelle de la réforme de la carte électorale fait
l'unanimité, puis c'est important, je pense, de la faire. Donc, je salue le
gouvernement, là, qui accède aux demandes des oppositions de faire ça. Et ça va
être l'occasion aussi de réfléchir, disons, dans ce système-là imparfait, aussi
à la question du nombre de circonscriptions électorales au Québec. Parce qu'on
le sait, on est à 125 depuis 1989, et la seule façon de ne pas couper des
circonscriptions en Gaspésie et à Montréal, ça va être d'augmenter le nombre de
circonscriptions.
Ça fait que le fait de dire : On
suspend les choses pour avoir des réflexions plus larges après, pour moi, ça
ouvre la porte à ces réflexions-là, à ces discussions-là, puis je suis très
content de savoir qu'on va pouvoir les avoir de façon non partisane.
M. Bérubé : Bonjour, tout le
monde. Mes premiers mots iront à mes compatriotes gaspésiens et gaspésiennes
pour leur dire qu'une entente survenue entre l'ensemble des formations
représentées à l'Assemblée nationale permet de sauvegarder le poids politique
et les circonscriptions gaspésiennes de Gaspé, de Bonaventure et, dans une
moindre mesure, de Matane-Matapédia, dans sa... dans sa configuration actuelle,
je dirais.
Je veux remercier le Parti libéral, qui a
pris l'initiative de cette mobilisation. Je veux remercier le gouvernement du
Québec d'y avoir dit oui. Je veux remercier Québec solidaire de s'être joint à
nous. On le fait pour la démocratie, parce qu'on sait de quoi est fait le
travail d'un député, ses difficultés, ses défis. Bien sûr, il y a la
population, mais il y a la distance, il y a les moyens à la disposition des
députés, il y a des régions qui sont déjà éloignées géographiquement de Québec,
qui n'ont pas besoin de l'être politiquement en plus. Et je pense qu'on se
donne ensemble un beau défi, celui de reconfigurer la question de la
représentation électorale à l'Assemblée nationale. On fera preuve de créativité
et de réalisme, et ça, c'est très exaltant pour la suite.
Je veux saluer mes collègues de l'Est du
Québec que je vois, la ministre responsable de la région Gaspésie et
Bas-Saint-Laurent, la députée de Bonaventure, le député de Gaspé, qui, tout
comme moi, étaient mobilisés pour maintenir notre poids politique. Je pense
qu'on peut dire à nos concitoyens que le travail commun a donné des fruits.
Maintenant, le ministre l'a expliqué, il y
a deux étapes. La première étape, c'est signifier notre intention, et l'autre,
ça sera de travailler à redéfinir les paramètres et à dire au Directeur général
des élections, sans s'en mêler : Voici des indicateurs sur lesquels on
devrait travailler.
Donc, c'est une grande journée, notamment
pour la Gaspésie. Et je suis heureux d'y être... d'y être...
M. Derraji : Témoin.
M. Bérubé : Je cherche mes
mots. D'y être témoin, d'y être... d'y être associé, mais... Je suis très ému, j'ai
perdu mon comté en 2011, puis je m'en souviens encore, mais il n'était pas
question d'en perdre un. Au fédéral, on en perd un, mais là on l'a maintenu
grâce à nous tous, alors bravo tout le monde!
Le Modérateur : On va
maintenant passer à la période de questions. Comme il ne reste qu'une quinzaine
de minutes avant la période de questions, on va se tenir à une question, une
sous-question, s'il vous plaît. François.
Journaliste : Oui. Bonjour.
M. Roberge — si c'est possible de s'avancer au micro — vous
aviez dit, il y a quelques mois, que réformer la carte électorale ou réformer
la Loi électorale pour stopper cette refonte-là n'était pas dans les cartons. Qu'est-ce
qui a changé depuis?
M. Roberge : Les échanges
qu'on a eus avec les membres de la Commission de la représentation électorale
en commission parlementaire ont été très, très pertinents, ont été très
éclairants. C'est une chose d'exprimer des positions par des mémoires, c'est
une autre chose d'avoir des échanges en direct. Puis ce qu'on a constaté, c'est
que, lorsque les collègues, les députés de la Gaspésie, de partout exprimaient
des préoccupations, voulaient faire entendre leur voix, bien, les gens de la
commission nous disaient : Écoutez, c'est pertinent, c'est intéressant,
j'aimerais donner suite, mais la Loi électorale actuelle ne me permet pas. À ce
moment-là, on s'est dit : Bien, écoutez... On s'est mis en mode réflexion,
en mode solution, on a regardé les choses de notre côté, on a communiqué avec
les collègues pour arriver avec une nouvelle proposition en deux temps, donc
d'abord un projet de loi qui arrête les travaux de la commission — par
respect pour eux, on ne veut pas les faire travailler inutilement — et
qui reprend la carte de 2022 pour 2026, puis après ça, en phase deux, une
réflexion, une concertation et de nouveaux critères avec les collègues.
Journaliste : Je comprends
que c'est une réflexion qui va avoir lieu dans le futur, mais, si on s'attarde
au cas de la Gaspésie, c'est une... c'est des circonscriptions particulières,
très étendues sur le territoire, peu d'électeurs dans ces circonscriptions-là,
comment vous comptez vous attaquer à cet enjeu-là, surtout qu'il y a aussi un
exode, là, des électeurs en provenance de la Gaspésie, de la Côte-Nord aussi?
M. Roberge : Je veux prendre
garde de ne pas décider aujourd'hui devant vous, moi seul, du résultat des
discussions qu'on va avoir, mais on a derrière la tête qu'on ne veut pas
changer la recette puis arriver à la fin avec le même résultat. Si on change
les critères, c'est pour arriver à la fin avec un résultat qui est différent.
On va considérer tous les critères possibles, on va regarder ce qui se passe
ailleurs au Canada aussi, ils n'ont pas exactement les mêmes critères que nous,
puis on va arriver avec quelque chose qui sera constructif, mais je ne
m'avancerai pas ce matin sur quels critères seront retenus puis je n'arriverai
pas avec une position partisane en disant : Nous, à la CAQ, voici ce qu'on
veut. Moi, ce que je veux, là, c'est ouvrir le débat puis trouver quelque chose
qui va faire consensus avec les collègues, c'est ça que je veux.
Journaliste
: Merci.
Le Modérateur : Simon.
Journaliste : Oui. Bonjour.
Le processus de révision de la carte électorale est, par nature, indépendant. Est-ce
que vous ne faites pas un peu de l'ingérence politique dans ce processus-là
aujourd'hui?
M. Roberge : Bien, le fait
qu'on soit les quatre formations politiques, donc les 125 députés, je pense
que c'est une réponse très, très claire, qu'il ne s'agit pas d'un enjeu
partisan, il ne s'agit pas de sauver les comtés d'un parti ou d'un autre parti,
c'est une réflexion puis c'est notre devoir, là. Les parlementaires, on est des
législateurs...
M. Derraji : Le directeur
général l'a dit aussi.
M. Roberge : Le Directeur
général des élections, je pense, a exprimé des inquiétudes par rapport au cadre
législatif actuel et je pense que c'est en tout respect pour ses travaux puis
ce qu'il a dit, en réalité.
Gênez-vous pas si vous voulez intervenir.
M. Derraji : Bon, au fait,
dans le même sens, avant... avant qu'on siège en commission sur la CRE, la
Commission de la révision électorale, il y avait beaucoup d'enjeux autour de la
table. Je vous ai dit : Il y avait beaucoup de représentations de
collègues. Le Directeur général des élections lui-même nous a clairement dit
qu'il est d'accord avec les doléances qu'il a entendues. Mais le problème
réside où? C'est qu'il a les mains liées avec la loi actuelle. La loi actuelle
n'a pas été modifiée, je vous ai mentionné tout à l'heure... longtemps,
35 ans à peu près. Le bout sur la représentativité, il est dû, le statu
quo ne fonctionne plus, sinon on va vivre la même chose à chaque changement de
la carte électorale.
Donc, nous, ce qu'on donne aujourd'hui, ce
qu'on veut faire, ce qu'on espère faire, c'est revoir ces critères, mais
pouvoir les revoir, ça prend un changement législatif par un projet de loi qui
va permettre au DGEQ de ne plus utiliser une règle mathématique et un ciseau.
Il faut ramener d'autres critères, et c'est ce que mon collègue, et mes
collègues, vient de vous exposer.
Journaliste : Quand toute la
question... la première proposition de carte électorale est revenue, M. Roberge,
on vous avait demandé s'il n'y avait pas la possibilité d'augmenter le nombre
de députés, notamment en changeant la loi, là. Il y a... Le salon bleu est en
train de... va se faire réaménager incessamment. Est-ce que... Je ne comprends
pas... Je comprends qu'il n'y a pas de décision définitive, là, mais est-ce
qu'il y a une ouverture, du côté du gouvernement, à augmenter le nombre de
députés?
M. Roberge : Écoutez, ça fait
partie des choses qui pourraient être considérées dans la phase deux. Il va y
avoir des discussions à cet égard-là. Comme je vous dis, aujourd'hui, les
portes sont ouvertes. Je n'arrive pas aujourd'hui avec des critères définitifs
puis je ne ferme la porte à absolument rien aujourd'hui. Je veux une discussion
qui est ouverte et sincère avec les collègues.
Journaliste
: Donc, si
vous ne fermez pas la porte, la porte est ouverte.
M. Derraji : Bien, il ne
l'ouvre... Bien, il ne ferme pas.
Journaliste : Bonjour. Moi,
je vais être très technique. Là, vous déposez un projet de loi. Il va être
déposé quand? Vous... Évidemment, il y a une... il semble y avoir une unanimité
dans la démarche. Donc, vous vous attendez à ce que tout ça soit en place
quand?
M. Roberge : Bien, c'est dans
les prochaines semaines que j'arriverai avec un projet de loi. On a eu des
discussions préalables, mais je vais laisser quand même mes collègues étudier
le projet de loi à son mérite. Mais je suis très confiant parce qu'on va
respecter notre parole donnée. C'est un projet de loi qui devrait être assez
simple, peu d'articles, parce qu'essentiellement la phase un est beaucoup plus
simple que la phase deux, laquelle ouvrira des débats et des réflexions.
Journaliste : Mais
effectivement, généralement, quand la partie ministérielle ou quiconque,
quelque parti que ce soit présente un projet de loi, il le... il le... il le
présente en Chambre, puis après ça les autres partis en prennent connaissance.
Dans ce cas-ci, ce que je comprends, c'est que vous allez l'élaborer avec les
autres partis en prévision de le présenter, c'est ça?
M. Roberge : On a des
discussions préalables sur les principes, mais on ne fera pas d'outrage au
Parlement, on va faire les choses dans les règles en s'entendant d'abord sur
tous les principes et tout le contenu qu'il y aura dedans, puis après ça on va
respecter les règles parlementaires. Mais j'ai confiance, là. Écoutez, on a une
parole donnée, on est présents avec vous ce matin, tous ensemble, il n'y a
personne qui va tirer la couverte de son côté, là.
Journaliste : Et ce sera
adopté quand, dans le meilleur des mondes? D'ici la fin de la session?
M. Roberge : On veut faire ça
d'ici la fin de la session. C'est notre ferme intention.
Journaliste : J'ai une question
par rapport aux citoyens qui... avec cette révision, à Saint-Jérôme, par
exemple, Prévost, dans les environs, qui auraient eu une nouvelle
circonscription rapidement, donc peut-être une meilleure représentativité de
leur secteur. Qu'est-ce que vous répondez aux citoyens qui étaient peut-être
heureux de savoir qu'ils allaient avoir un député peut-être plus proche d'eux
parce que la région est moins grande ou tout ça?
M. Roberge : Comme élus, on
représente les gens de notre comté, on parle au nom des gens de notre comté,
mais on a aussi une perspective nationale, puis il faut regarder les intérêts
supérieurs du Québec, et, en ce moment, les intérieurs... les intérêts
supérieurs du Québec commandent une révision des critères. Donc, je pense que la
meilleure des solutions, à ce moment-ci, c'est de garder la carte actuelle pour
une élection, celle de 2026, sachant que, pour 2030, il y aura une nouvelle
carte, mais qui sera faite avec de nouveaux critères.
Journaliste : Mais la
démographie a vraiment changé dans le secteur, au nord de l'île de Montréal.
Donc, les gens vont devoir attendre en 2030 pour finalement être peut-être
représentés différemment?
M. Derraji : Bien, au fait,
vous soulevez les bonnes questions qu'on s'est posées pendant la CRE. Ces gens,
ils ont déjà un député présentement. C'est pour cela qu'on veut revoir les
règles, parce que probablement, à la révision des règles, où on va tous
s'entendre sur les règles... C'est quoi, le poids? Il y a aussi d'autres...
d'autres... dans d'autres régions, qui se disent : Écoutez, j'ai une
population de 90 000, mais mon comté est juste 45 000 ou
50 000 électeurs. C'est justement pour bien faire les choses et ne
pas juste pousser vers le futur le problème qu'on doit faire les choses correctement,
et, pour bien faire les choses correctement... Aujourd'hui, la Gaspésie ou un
autre comté paie, le lendemain, un autre comté. Le statu quo ne fonctionne
plus. Donc, pour ces gens, comme mon collègue Pascal vient de le dire pour la
Gaspésie... la Gaspésie, c'est très important de revoir les critères parce que
le ciseau et la règle mathématique ne fonctionnent plus.
Le Modérateur : Autres
questions? En anglais?
Journaliste : Avez-vous
d'autres questions en français?
Journaliste : M. Roberge,
juste rapidement, qu'est-ce que vous dites à la LHJMQ...
Le Modérateur : Ah! on va
revenir. On va laisser les... On va finir le sujet, on va laisser les collègues
quitter, puis on va commenter les autres sujets par la suite.
Journaliste
: O.K.
Parfait.
Journaliste :
I just would like to understand. What
do you say to citizens? Because it's an exceptional measure. I haven't seen
this, that all the political parties come together to stop the process of
getting the electoral map changed. So, you're basically saying : We
suspend this reform, we suspend the changes. So, what do you say to reassure
citizens that it's an exceptional measure but that was necessary?
M. Roberge : Well, I'll go with a statement. Of course, it's an exceptional
measure, and, of course, it was necessary. The commission is entirely
independent, but its work is government… is governed by the delimitation
criteria contained in the Election Act. The CRE's hands are tied right now by
the current law and it cannot take into account all the issues that have been
legitimately expressed.
Our intention, four
parties… our intention : to introduce a bill to suspend the current
electoral map revision process. If the law is voted… and I'm confident that it
will be voted, but, if the law is voted, the current map will be the one in
force for 2026, the intention in the line with the joint request of all
opposition groups. It's essential that Québec regions like Gaspésie continue to
be well represented at the National Assembly. As a second step, we must and
will reflect on the criteria for representation. It's our responsibility to
review, where necessary, the criteria contained in the Election Act. Thank you.
Des voix :
...
Le Modérateur : Merci, M.
Derraji, M. Zanetti.
Des voix : ...
M. Roberge : Si vous avez
d'autres questions sur d'autres sujets, je suis là.
Journaliste : Bonjour, M.
Roberge.
M. Roberge : Bonjour.
Journaliste : Mon micro
descend. Qu'est-ce que vous dites, donc, à la LHJMQ, qui, là, a fourni à ses
joueurs des chandails unilingues anglophones? Bon, il y a... on a pu voir aussi,
dans des vestiaires, là, des mots uniquement en anglais. Donc, qu'est-ce que
vous leur dites?
M. Roberge : Je pense que ce
n'est pas acceptable que la Ligue de hockey junior du Québec... que cette ligue-là
ne respecte pas le caractère francophone du Québec. Vous savez, le Québec est
la seule nation francophone d'Amérique. On a adopté une loi qui précise que le
français est la seule langue officielle, la seule langue commune au Québec. Je
pense que les dirigeants de la ligue doivent faire mieux, doivent corriger la
manière dont ils travaillent. Et je vais demander, dans les prochaines heures,
à l'Office québécois de la langue française de se pencher sur la question et
d'analyser la situation.
Journaliste : À votre
connaissance, est-ce que la LHJMQ est visée par la loi 101? Puis, dans ce
cas-là, est-ce qu'elle se soustrait à l'application de la loi 101?
M. Roberge : Ce que je veux
dire, c'est que je vais demander à l'Office québécois de la langue française de
faire toutes les vérifications. Mais, d'un point de vue des principes, ce qui
se passe actuellement, pour moi, n'a pas de sens. Ça n'a pas de sens d'avoir
des affiches unilingues en anglais, d'avoir des équipes québécoises qui
n'auraient, sur leurs chandails, que des termes anglophones. Je pense que ça ne
respecte pas, à tout le moins, le principe de la loi.
Journaliste : Sur un autre
sujet, bon, hier, vous avez fait cette sortie, là, concernant la charte des
locataires puis l'intention du gouvernement fédéral de venir peut-être
légiférer, là, en ce qui a trait à l'habitation. Bon, ça fait quand même
plusieurs revers, là, M. Roberge, que vous subissez. À chaque fois que vous
sortez pour dire : Bon, bien, on a gagné quelque chose, avec les transferts
en santé, il semble y avoir un autre revers. Qu'est-ce que ça dit sur votre
stratégie puis votre rapport de force avec Ottawa?
M. Roberge : Notre rapport de
force avec Ottawa, on y veille. Et on fait des gains régulièrement. On fait des
gains, puis il y a d'autres choses à aller chercher. Ça n'arrêtera jamais. Un
peu comme le français devra toujours faire l'objet de mesures de protection au
Québec, eh bien, les champs de compétence du Québec devront toujours faire
l'objet d'une vigilance très importante de la part du gouvernement du Québec.
Et ce n'est pas parce qu'il y a de nouvelles initiatives du gouvernement
fédéral qui empiètent sur les champs de compétences qu'il faut voir tout en
noir et penser qu'on ne fait jamais aucun gain. C'est tout simplement... C'est faux.
On s'est entendus pour des investissements ici pour la Davie, pour Northvolt. On
a fait une entente asymétrique sans condition sur le logement. On a fait une
entente asymétrique sans condition sur les garderies. On a obtenu la fermeture
du chemin Roxham. On a obtenu le retour des visas pour les Mexicains. Donc, on
a fait plusieurs gains, et il arrive de nouvelles préoccupations, on repart et
on défend nos compétences.
Journaliste : ...
M. Roberge : Bien, je pense que
le gouvernement fédéral a une attitude qui n'est pas la bonne. Ils essaient de
faire des choses d'un océan à l'autre. Or, quelque part entre l'océan
Atlantique et Pacifique, bien, ça s'adonne qu'il y a le Québec, qui est une
société distincte, qui est une nation distincte, qui a son Code civil, qui est
une pièce législative fondamentale. Et puis on ne laissera pas, là, le fédéral
arriver comme un bulldozer, tout simplement pas.
Des voix : ...
Journaliste : Donc, juste
là-dessus, juste pour poursuivre, M. Roberge, est-ce que vous voyez, dans la
démarche de M. Trudeau, une stratégie politique pour le Parti libéral du Canada
quand il... quand il s'attaque comme ça aux compétences du Québec?
M. Roberge : Si c'est une
stratégie, c'est une mauvaise stratégie, parce que les Québécois n'aiment pas
la centralisation vers Ottawa, les Québécois sont nationalistes, les Québécois
souhaitent un État fort du Québec, veulent que le gouvernement du Québec parle
au nom des Québécois, défende ses champs de compétence. Donc, si c'est une
stratégie, c'est une mauvaise stratégie. Si M. Trudeau veut faire de la
politique au Québec, bien, il faut qu'il se fasse élire au Québec puis qu'il
vienne à l'Assemblée nationale, mais il ne peut pas gérer le Québec à partir d'Ottawa.
Ça n'arrivera pas.
Journaliste : Parce qu'en
faisant ça il nuit...
Le Modérateur : Il nous reste
deux minutes, puis j'aimerais laisser la question à Cathy aussi, alors...
Journaliste
: Oui, bon,
bien, allez-y.
Journaliste :
I just would like to know. Yesterday,
you came… you came up on this new measure that Trudeau just announced for
renters. Isn't it annoying to always double check, be vigilant on your balance
of power versus Ottawa?
M. Roberge : No, I'm well determined to continue. I love my job, I love
negotiate with Ottawa. We had some gains, and we'll continue defend Québec and
continue to get some gains. We work for the Quebeckers, and we proudly do.
Journaliste
: So, Trudeau's strategy helps you to do your job, it gives you, like,
work to do, Mr. Roberge. This is why you're smiling?
M. Roberge : No, I'm smiling because of your question, because I think it's
funny, but, of course, I would prefer, I would prefer that Ottawa keeps
managing Canada respecting Québec.
Le Modérateur
:
Ça va être tout. Il faut se rendre au salon bleu. Merci.
Journaliste
: Merci.
M. Roberge : Je vous souhaite
une belle journée, tout le monde.
(Fin à 9 h 58)