(Huit heures vingt-six minutes)
M. Bouazzi : Bonjour, tout le
monde. Ça fait que, rapidement, moi, je vais vous parler de deux sujets, d'abord
la question de la filière batterie et de ce qu'on a appris aujourd'hui dans
Radio-Canada. On voudrait dire deux choses. Évidemment, comme vous le savez, à
Québec solidaire, nous avions déjà mis de l'avant la question de la filière
batterie dans notre plateforme de 2018, et ce, dans deux objectifs et qu'on
pense être des conditions de la réussite de cette filière : d'abord des
gains économiques, la création d'une nouvelle industrie au Québec, et aussi, et
c'est tout aussi important, la réussite d'une transition écologique,
énergétique au Québec. Malheureusement, on ne peut pas juger de ce qui s'en
vient autrement que par ce qui s'est déjà passé. On voit que le gouvernement
est vraiment prêt à tout et n'est pas capable de nous prouver que ces deux
conditions-là sont faites.
Est-ce que Honda, c'est le nouveau
Northvolt? Est-ce qu'il va y avoir un BAPE où on va encore réussir à faire des
passe-passe pour leur faire éviter un BAPE? Quelles sont les conditions qui
vont faire en sorte qu'il va y avoir des gains économiques sérieux? Je rappelle
quand même les quantités d'argent qui sont mises en place. Pour Northvolt, on
parle d'un million et demi par job, on parle d'une compagnie qui, dans le
deal, pourrait importer 100 % de sa matière première d'Australie et vendre
100 % de ses batteries en Californie. On pense que ce n'est pas ça qui va
faire réussir tout de suite la transition énergétique si un minimum de revenus
et de batteries reste ici. Ça fait qu'on est curieux de voir la suite, et puis
on va demander de la transparence tout au long de ce processus, qui est, bien
sûr, quelque chose qui manque énormément.
Très rapidement, un deuxième point, sur le
projet de loi n° 44, sur les fonds de recherche du Québec, il y a une
mobilisation de plus en plus grande des professeurs. J'ai vu une lettre passer
où il y a pratiquement 2 000 professeurs d'université qui sont très,
très, très inquiets pour leur indépendance universitaire, qui ne comprennent
pas pourquoi est-ce qu'on va passer tout ce pouvoir-là du ministère de l'Éducation
supérieure vers le ministère de l'Économie. Si c'est pour mettre au pas la
recherche sous les ordres du ministre Fitzgibbon, évidemment, ça serait une
terrible nouvelle. Ça fait qu'encore une fois nous, on demande d'élargir les
consultations qui ont... sont prévues juste pour un jour et demi, et clairement
les centres de recherche, les universitaires doivent être écoutés dans le plus
fonds... le plus grand fonds de recherche québécois, où clairement les
consultations n'ont pas eu lieu. Voilà. Merci beaucoup.
Mme Labrie : Merci, Haroun.
Deux choses que je veux vous dire aujourd'hui. D'abord, souligner les appuis
qui continuent de se multiplier pour l'élargissement de la loi Françoise David.
On pouvait lire ce matin une lettre ouverte signée par Françoise David, mais
aussi des anciennes élues de toutes les formations politiques. Donc, j'espère
que François Legault va prendre le temps de la lire et de se rappeler combien
de fois il a dit qu'il n'y avait jamais rien de trop beau pour nos aînés au
Québec et qu'il aura ça en tête quand viendra le temps de... de prendre la
parole sur le projet de loi Françoise David.
Ensuite, je veux revenir aussi sur le
dépôt de mon projet de loi sur le droit de visite des députés dans les
établissements publics, la semaine dernière. Moi, depuis jeudi dernier, le
dépôt de ce projet de loi là, j'ai reçu énormément de messages, j'ai reçu des
appuis, notamment d'anciens élus, d'ex-jeunes placés, de parents de jeunes
actuellement placés, de gens qui travaillent dans des centres jeunesse
également, et tous me disent que c'est une excellente idée et qu'il faut
continuer de creuser, qu'il faut qu'on réussisse à aller voir ce qui se passe
là parce que ça ne va pas bien dans nos centres jeunesse actuellement. C'est
les messages que je reçois de toutes parts .
Alors, assurément, on va continuer de
creuser. Moi, je peux vous donner un exemple, là, il y a eu une mutinerie la
semaine dernière dans le Centre jeunesse de l'Estrie à Val-du-Lac, quatre
jeunes ont réussi à prendre le contrôle d'une unité, la police a dû intervenir
pour mettre fin à la mutinerie, il y a eu 20 000 $ de dommages. Les
témoignages qui sont sortis dans l'espace public, c'est que tout ça était
totalement prévisible, il y a des problèmes à l'interne, il manque de
personnel, il y a beaucoup de personnels d'agence, les jeunes n'ont pas les
interventions qu'ils méritent pour pouvoir se remettre sur pied. On échappe des
jeunes, c'est ce qui est nommé par des personnes qui travaillent en centre
jeunesse explicitement. Moi, ça m'inquiète énormément, alors j'ai refait une
demande pour pouvoir visiter le Centre jeunesse de l'Estrie la semaine
dernière, vendredi. Suite à la mutinerie, je voulais rencontrer des gens qui
étaient présents sur place pour comprendre ce qui s'était passé. Ça a pris 22 minutes,
ça a pris 22 minutes pour recevoir la réponse de refus de la part du
CIUSSS de l'Estrie.
Donc, moi, ce que je veux vous dire
aujourd'hui, c'est que j'ai vraiment l'intention de continuer de creuser ça. J'ai
même appris hier que le syndicat a de la difficulté à aller physiquement sur
les lieux voir ce qui se passe au Centre jeunesse de l'Estrie. Donc, moi, je n'ai
pas l'intention d'abandonner ces jeunes-là. On va continuer de mettre de la
pression sur le gouvernement pour aller voir ce qui se passe dans les centres
jeunesse.
Journaliste : Là-dessus, Mme Labrie,
le ministre Carmant disait la semaine dernière que la raison pour laquelle ça
vous a été refusé puis ça a été refusé à votre collègue Guillaume
Cliche-Rivard, c'est que c'était... ces centres jeunesse là ne se situaient pas
dans votre circonscription. Est-ce que c'est une bonne raison, selon vous, pour
refuser les visites?
Mme Labrie : Val-du-Lac, c'est
à sept kilomètres de ma circonscription, c'est là où sont les jeunes qui sont
hébergés qui proviennent de ma circonscription. Et puis je suis certaine à
100 % que si le député de Richmond avait demandé au CIUSSS de l'Estrie d'aller
visiter les lieux, il se serait fait dire non aussi parce que même le syndicat
local a de la misère à aller voir.
Journaliste : M. Bouazzi,
est-ce que François Legault a perdu le contrôle de la tête de l'État? Selon
vous, est-ce qu'il y a trop de fonctionnaires au Québec?
M. Bouazzi : Euh, bien...
Mme Labrie : ...
M. Bouazzi : Oui. Oui, vas-y.
Mme Labrie : Oui. Bien, parce
que je suis porte-parole en matière de trésor. Écoutez, nous, on l'a déploré
souvent dans le passé qu'il y a de la difficulté, par exemple, à avoir
suffisamment d'inspecteurs, par exemple, pour faire appliquer la Loi sur l'environnement,
on a de la difficulté également à faire appliquer le Code du bâtiment, à s'assurer
que c'est respecté, notamment pour la transition énergétique, donc c'est
certain que tout dépend de ce que font les fonctionnaires de l'État.
Il y a des besoins actuellement, donc,
pour moi, ce n'est pas anormal de voir une croissance de l'État, mais ce qu'on
constate en même temps, en parallèle, c'est aussi une centralisation qui est
faite par le gouvernement de la CAQ. Donc, est-ce que ce qui est centralisé
actuellement, c'est la bonne manière d'utiliser les ressources de l'État? Moi,
je ne suis pas en mesure de vous le dire.
Journaliste : ...
Mme Labrie : Bien, écoutez,
la réforme Santé Québec en est un... en est un bon exemple, ce n'est pas le
chemin qu'on prendrait parce que plus on centralise les choses...
Journaliste : ...on parle de
gestionnaires, on ne parle pas de bras sur le terrain, là. Là, des bras sur le
terrain, on en coupe à Montréal, là. À Sherbrooke, est-ce que vous avez eu vent
que de la coupure de personnel dans le réseau de la santé?
Mme Labrie : On parle de
taille de l'État qui grossit, là. Non, non, moi, je...
Journaliste : ...Santé
Québec, c'est... c'est du gestionnaire. On coupe des gestionnaires, on
centralise des pouvoirs décisionnels.
Mme Labrie : Je vais répondre
à la question de monsieur, parce que, je pense, vous n'êtes comme pas sur le
même sujet, là.
Journaliste : ...
Mme Labrie : Moi, ce que je
suis en train de dire, c'est que oui, on constate qu'il y a plus de
fonctionnaires dans certains ministères. Ce qui est important pour nous, c'est
ce que font ces personnes-là. Est-ce que ça contribue à améliorer les services
publics à la population? Est-ce que ça nous aide à faire appliquer nos lois? On
a eu des inquiétudes et on en a encore sur notre capacité comme État à assurer
le respect de nos lois. Donc, pour moi, là, la question, c'est vraiment que
font ces gens-là? Est-ce que ça nous permet vraiment d'assurer des meilleurs
services publics?
Journaliste : ...en fait. C'est
comme une question très difficile à... à évaluer, donc comment est-ce que vous,
vous...
Mme Labrie : Bien, écoutez,
un des exemples qui est donné par le gouvernement pour expliquer qu'il y a plus
d'employés dans la fonction publique, c'est notamment, là, la question de la
francisation. Quand on voit les listes d'attente en francisation, on se dit :
Mais peut-être qu'il en manque encore quelques-uns, des enseignants de
français.
Journaliste : ...il faut être
plus efficace.
Mme Labrie : Sur certains
dossiers, oui. Puis, de l'autre côté, on a eu la... les soins à domicile où on
nous dit : On fait remplir la paperasse à des gens. Puis, de l'autre côté,
il n'y a personne qui les regarde, ces formulaires-là. Donc, c'est clairement
un exemple où il y a des réajustements à faire. Donc, c'est une situation qui
est quand même complexe.
Journaliste : Quand vous
regardez cette hausse du nombre de fonctionnaires là, est-ce que, comme
collectivement, on en a pour notre argent en termes de services? Vous, votre
constat, c'est quoi? Vous posez la question, mais votre réponse à vous, est-ce
qu'on en a pour notre argent en termes de services?
Mme Labrie : Actuellement, je
pense que les Québécois font le constat très clair qu'ils n'ont pas les
services auxquels ils s'attendent en ce moment, là, de la part du gouvernement,
puis c'est vrai en santé, c'est vrai en éducation, c'est vrai dans à peu près
tous les domaines, en justice.
Journaliste : Même si le
nombre de fonctionnaires continue d'augmenter?
Mme Labrie : Mais oui. Mais
écoutez, regardez dans nos palais de justice à quel point il manque de monde en
ce moment pour avoir des délais raisonnables. Donc, oui, le nombre de
fonctionnaires continue d'augmenter, mais de toute évidence, on n'est quand
même pas encore capable de livrer les services à la population dans des délais
raisonnables.
Journaliste : ...manque de
monde?
M. Bouazzi : Juste un point
quand même...
Journaliste : Non, mais je
commençais à avoir une réponse.
M. Bouazzi : Oui, oui...
Journaliste
: Est-ce
que ça prend plus de fonctionnaires?
M. Bouazzi : Je vais vous le
dire et je vais prendre ma casquette de gestionnaire pendant des années.
Posons-nous la question : Combien il y a de gens qui ne sont pas
fonctionnaires et qui sont consultants à l'intérieur de l'État? Moi, je connais
bien les questions de technologie. Quel pourcentage du ministère de
Cybersécurité sont des placements de boîtes de placements de... de... et
ceux-là, ils coûtent deux fois le prix. Pour avoir été du côté des gens qui paient
les consultants, ce n'est pas évident du tout que d'embaucher des architectes
informatiques, des consultants, des «data scientists» et toutes sortes de
spécialistes. Ça va coûter moins cher à l'État, bien au contraire, en plus du
fait d'avoir une expertise interne, ce n'est pas juste... vous comprenez ce que
je veux dire, ce n'est pas juste les fonctionnaires qui font les services de
l'État actuellement, là.
Et donc, si vous me posez la question, par
exemple, pour le ministère de Cybersécurité : Est-ce qu'il y a assez de
monde? La réponse est non. On s'apprête à dépenser 10 milliards de
dollars sur 10 ans en énormes projets informatiques. Chaque erreur va
coûter 50 millions. Chaque fois qu'on va perdre une semaine sur un projet,
ça va coûter de l'argent. Il est évident qu'on a besoin d'une expertise de
l'État.
Journaliste : Donc, pour
vous, il faut transférer cette expertise-là qui est dans les boîtes privées, la
ramener dans la fonction publique, donc augmenter la taille de l'État pour
répondre à la demande de l'État au niveau de la cybersécurité. Est-ce que c'est
le cas dans d'autres choses, santé, éducation?
M. Bouazzi : Bien, c'est le
cas en santé aussi, et puis tout le monde est d'accord. Heureusement, on est
rendus à une étape où tout le monde est d'accord avec nous. Ça fait des années
qu'on le dit que les boîtes de placement de personnel est un problème, ça coûte
trop cher, et c'est du monde qui ne sont pas embauchés directement par l'État.
Journaliste : Même avec le
fait que François Legault reniait sa promesse de réduite la taille de l'État?
M. Bouazzi : Nous, on a un
gros problème avec le fait que, malgré tout ça, les services de l'État
aujourd'hui ne sont pas répondus. Évidemment, nous, on... nous sommes pour la
mission première de l'État qui est d'offrir des services, et malheureusement,
il est évident que les services actuellement... et je veux dire tout s'écroule,
c'est terrible, les écoles, les hôpitaux, la justice. Ce n'est pas une bonne
nouvelle.
Journaliste : J'aimerais vous
entendre, l'un ou l'autre, sur la réforme du droit de la famille. Là, sur le
principe, est-ce que vous êtes d'accord avec l'idée de créer de nouvelles
obligations pour un couple avec enfants?
Mme Labrie : Mais c'est une
réforme qui était très attendue, là, depuis une bonne dizaine d'années si je ne
me trompe pas. Donc, on a très hâte de voir le contenu de ce projet de loi là.
Je ne me prononcerai pas tant qu'on n'en a pas vu le contenu, mais on
l'attendait avec impatience, cette réforme-là.
Journaliste : Mais sur le
principe, donc il faut aller de l'avant?
Mme Labrie : Absolument.
Notamment parce que c'est une question d'assurer la sécurité économique des
femmes, hein, plus particulièrement. Donc, on a hâte de voir le contenu. Moi,
je ne me prononce pas sur le contenu, mais cette réforme, elle était très
attendue.
Journaliste : Mme Labrie
peut-être, juste rapidement, ou en fait peut-être M. Bouazzi aussi, là. Hier,
la motion en hommage à Yves Michaud a laissé place à un événement où la CAQ ne
s'est pas levée, ni le Parti libéral d'ailleurs, lorsque votre collègue, Mme
Ghazal, a présenté son hommage à M. Michaud. Comment vous avez réagi, vous?
Mme Labrie : Bien, écoutez,
je trouve ça disgracieux de leur part. Ça leur appartient de s'expliquer. Nous,
on l'a dit, on l'a répété à plusieurs reprises, on pense que l'Assemblée
nationale devrait corriger cette erreur-là. Maintenant, c'est à ceux qui ne se
sont pas levés de s'expliquer.
Journaliste : Mrs. Labrie, regarding the reform, I know that you haven't seen the
bill yet. But, just with... do you have an idea where the Justice Ministry is
going? There is a family law... lawyer that is saying the common law partners,
this definition, it's not even in the law. So, how far do you think we can go,
we should go in Québec to protect common law... common law partners as much as
spouses?
Mme Labrie :
We will wait to see the bill before we
comment. But what I want to say is that we were waiting for this bill since a
very long time, and as a woman, I was waiting for this bill since a very long
time. So...
Journaliste :
Why?
Mme Labrie :
Because, in the moment, it's difficult
for women who were not married to have justice when they... when they split.
So, I am hoping the situation to be...
Journaliste :
...going through this now, in this...
You are going through this situation?
Mme Labrie :
Oh no! I was married. No, no, no, it's
not personal. It's as a feminist I should have said. As a feminist, I was
waiting for this since a long time. So, we will see what's in the bill.
Journaliste :
What are you hoping to see in the bill?
What are you hoping exactly the bill will protect in terms of women but also
children's rights?
Mme Labrie :
That's what we are waiting for…
protection for women, yes.
M. Bouazzi :
And we invite you obviously to talk to M. Cliche-Rivard that is...
Mme Labrie :
After the bill will be...
Journaliste :
O.K.
Journaliste
: Il va
probablement venir. M. Rivard va probablement venir après le dépôt de la
loi.
Mme Labrie : Bien, écoutez,
ça va être une loi qui est volumineuse, hein? Donc, est-ce qu'il va venir la
commenter? Aujourd'hui, On va prendre le temps de la regarder, c'est vraiment
une loi qui va être ccomplexe.
Journaliste : Parfait.
M. Bouazzi : C'est bon?
Merci.
(Fin à 8 h 40)