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Point de presse de M. Paul St-Pierre Plamondon, chef du troisième groupe d’opposition, et M. Pascal Bérubé, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière d’éducation et d’enseignement supérieur

Version finale

Le mardi 19 mars 2024, 11 h 40

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures quarante-quatre minutes)

M. St-Pierre Plamondon : Alors, bonjour à tous. Évidemment, ce matin, je veux revenir sur la lettre que j'ai fait parvenir à tous les autres partis ce matin, en disant simplement : Le Québec est dans une impasse sur le plan de la planification de l'immigration, mais également sur le plan de quelque chose de vital, qui est la santé, qui est sous-financée, de manière chronique, par 5 milliards de dollars à chaque année.

Vendredi dernier, on a été témoins d'un moment assez triste où le premier ministre du Québec a eu le mérite de faire clairement une demande absolument légitime, et il a essuyé un non catégorique de la part de Justin Trudeau dans cette demande de rapatrier les pouvoirs en immigration. Récemment, le Parti québécois avait reçu des invitations, et de Québec solidaire et du Parti conservateur, disant essentiellement : Sur la santé et sur l'immigration, est-ce qu'on ne devrait pas considérer faire un front commun? Et, vu l'importance et l'urgence de ces deux questions-là, qui ont été qualifiées par tout le monde, d'une manière ou d'une autre, là, de vitales ou de fondamentales, et constatant également que les quatre partis que je viens de mentionner, CAQ, PQ, Québec solidaire et Parti conservateur, représentent 86 % de l'électorat au Québec, on en vient à la conclusion que mieux vaut agir et tenter de créer un rapport de force, malgré le moment difficile qui a été vécu par le Québec vendredi dernier, qu'il est dans l'intérêt, donc, supérieur du Québec, à très court terme, de s'élever au-delà de la partisanerie et voir ce qu'on peut faire. Ça ne change pas mon point de vue sur la réelle solution. On ne devrait pas avoir à quémander, on devrait simplement décider par nous-mêmes. Mais, dans les circonstances, on présente même une motion aujourd'hui, qui va comme suit :

«Que l'Assemblée nationale condamne le refus catégorique du premier ministre du Canada à la demande légitime du gouvernement du Québec de rapatrier tous les pouvoirs en immigration;

«Qu'elle condamne le manque de considération des dirigeants fédéraux pour le Québec et ses élus vis-à-vis des demandes légitimes et fondamentales pour la nation québécoise;

«Qu'elle exprime sa solidarité envers le premier ministre du Québec.»

Donc, on est dans cet esprit-là de voir ce qu'on peut faire ensemble à court terme, même si ce qu'on considère, c'est que tout ça est très anormal puis qu'on ne devrait pas avoir à quémander pour des choses qui nous reviennent.

Journaliste : Vous dites que vendredi, c'était un moment triste, mais si vous vous rendez, tous les partis, à Ottawa, puis M. Trudeau ne vous rencontre pas, ce ne sera pas un moment aussi triste? Ça va être un refus aussi, là.

M. St-Pierre Plamondon : C'est assez important pour qu'on essaie des choses, même si c'est un peu contre nature, de mon côté, de faire des gestes de quémander. Santé, immigration, ce sont des questions fondamentales pour lesquelles le message ne passe pas là-bas. Donc, oui, il y a une valeur à essayer. Il y a également une valeur à la vérité.

Journaliste : Mais ce n'est pas ce que M. Legault a fait aussi, essayé, vendredi?

M. St-Pierre Plamondon : Oui, puis, dans quel cas... Tu sais, je ne m'attends pas à ce que M. Legault retourne avec nous. Je pense qu'il a fait sa part, mais un représentant de la CAQ, un ministre, peut nous accompagner pour qu'il y ait une continuité dans la démarche caquiste...

Des voix : ...

M. St-Pierre Plamondon : Mais, de toute l'histoire du Québec, je pense ne pas me souvenir, en tout cas, d'un bloc transpartisan de tous les chefs qui se pointent à Ottawa. Il y a une valeur à ça et il y a une valeur dans la vérité qu'on découvre, lorsque la réponse, positive ou négative, sera nommée. Donc, ce n'est pas sans valeur. Ce n'est pas idéal. Moi, je vous le dis, là, la vraie solution, c'est de décider par nous-mêmes et de sortir du Canada le plus rapidement possible. Les prochaines élections sont en 2026 et porteront notamment là-dessus.

Journaliste : Ma question, c'est que vous êtes conscients que vousrisqueriez de vous retrouver exactement dans la même situation que François Legault que vous dénonciez, là, vendredi dernier.

M. St-Pierre Plamondon :Bien, c'est-à-dire que je dénonce, on ne reculera pas, là. Le pire des cas, c'est qu'on demeure dans ce statu quo d'impossibilité de se faire rembourser des impôts qui viennent de notre poche pour les fins de la santé puis d'avoir une planification sensée de l'immigration. On ne reculera pas, là, au pire-aller, mais on pourrait peut-être avancer. Et moi, je crois que de prendre une initiative inédite dans l'histoire du Québec, compte tenu de l'urgence, a du sens dans les circonstances.

Journaliste : L'opposition officielle, à Québec, a déjà répondu ce matin qu'elle n'est pas intéressée à faire le voyage à Ottawa, donc...

M. St-Pierre Plamondon :Ce n'était pas si...

Journaliste : Oui, c'est assez clair, oui. Donc, c'est la fin de...  C'était très clair. Est-ce que c'est la fin, donc, du projet ou vous pourriez y aller sans le Parti libéral?

M. St-Pierre Plamondon :Je ne dis pas que ce n'est pas clair, je dis que ce n'est pas surprenant compte tenu des positions du Parti libéral. Il demeure quatre partis sur cinq représentant 86 % si chacun lève la main. Donc, ça ne perd pas de valeur, non.

Journaliste : Avez-vous eu un retour du gouvernement déjà?

M. St-Pierre Plamondon :Non, je pense, je préférerais mettre au jeu, puis il y aura des discussions au cours de la journée.

Journaliste : M. Parizeau disait que, pour relancer l'option souverainiste, ça prenait une bonne crise avec Ottawa. Est-ce que ce n'est pas ça que vous magasinez?

M. St-Pierre Plamondon :Ah! elle est déjà là. La crise à laquelle vous faites mention, là, elle est déjà là. Elle est là depuis longtemps, parce que les conséquences sur le recul du français, le logement et les services sociaux, particulièrement en santé, les conséquences du sous-financement chronique de notre système de santé sur les gens puis leur capacité à se faire soigner. La crise est déjà là, je l'ai déjà dit d'ailleurs très clairement, là, j'ai même parlé d'une crise sociale sans précédent.

Ceci étant dit, dans l'intervalle d'une élection qui, de notre point de vue, portera sur notre avenir et la mise sur pied d'un pays qui nous permettra de décider par nous-mêmes, au lieu de quémander à un gouvernement qui n'a clairement aucune considération pour le Québec, dans l'intervalle, on juge que mieux vaut faire quelque chose d'inédit et de nouveau.

Journaliste : Quelles sont les options qui s'offrent à François Legault pour réellement avancer sur l'immigration, là, au-delà demandes à Ottawa, au-delà de décider par nous-mêmes, comme vous dites? Quelles sont les options qui s'offrent dans l'immédiat à François Legault?

M. St-Pierre Plamondon :Dans l'immédiat, il y a l'initiative qu'on vient de mettre de l'avant, qui n'est pas banale. Il a lui-même parlé d'un référendum en immigration à quelques reprises. Ça demeurerait un geste fort et courageux qui aurait le mérite, au moins, de clarifier à quel point le peuple québécois, si on a du respect pour la démocratie, ne se fait pas entendre par un palier de gouvernement qui, de mon point de vue, est absolument de trop.

Journaliste : ...vous n'avez pas de rapport de force, c'est un peu ce que vous essayez de faire. Est-ce que... vaille que vaille quelque chose en... le rapport de force?

M. St-Pierre Plamondon :Bien, en a constaté vendredi l'absence d'un rapport de force. Est-ce qu'un référendum spécifique sur la question de l'immigration ou un bloc qui a un front commun de quatre chefs de parti représentant 86 % changerait la donne? Est-ce qu'on obtiendrait l'écoute de certains partis à Ottawa? Ce n'est pas du tout idéal, là, tu sais, je n'essaie pas de vous défendre. Moi-même, je ne suis pas de l'école de quémander. Ce n'est pas ça qu'on devrait faire au Québec. Mais devant l'urgence et devant le fait qu'il y a deux ans, avant, au moins... plus de deux ans avant les prochaines élections, cette initiative-là n'est pas sans valeur et aurait aussi le mérite de montrer qu'au-delà de nos divergences d'opinions entre les partis au Québec, il y a des moments où on est capable de se regrouper puis de travailler ensemble sur l'essentiel.

Journaliste : L'autre option, ce serait un certificat d'acceptation du Québec pour les travailleurs étrangers temporaires du programme de mobilité internationale. Est-ce que ça, ça serait un gain majeur si Ottawa accepterait qu'on ait un certificat d'acceptation sur ce programme-là qu'ils ont mis en place, alors que ce n'était pas dans l'accord au départ?

M. St-Pierre Plamondon :Oui, je veux bien, mais je suis obligé de vous ramener à l'essentiel, là. Le premier ministre du Québec a dit que c'était vital pour la survie de la nation de rapatrier tous les pouvoirs en immigration. Le fédéral abuse des pouvoirs qu'ils ont en immigration à la frontière et aux aéroports, de sorte que la situation, en ce moment, au Québec, de l'immigration temporaire et des demandeurs d'asile est hors de contrôle. Donc...

Journaliste : Mais déléguer ça... Moi, je vous demande... c'est une des options...

M. St-Pierre Plamondon :Non, non, mais je veux juste finir ma réponse. On ne peut pas prendre un élément, là, comme le visa mexicain et éluder l'essentiel en disant : Il y a un élément qui a changé pendant que tout le reste ne change pas. La question, c'est bel et bien : Pouvons-nous avoir les pleins pouvoirs en immigration suite au mandat fort de la CAQ et suite à une volonté de plus en plus limpide de toute la population québécoise, en tout cas de 86 % des électeurs à travers la représentation des partis politiques? C'est ça qu'on essaierait, mais pas en fonction de... Par exemple, je vous donne un autre exemple. Si on me dit : Ça a coûté 1 milliard, c'est ça, la réclamation du gouvernement du Québec, on a obtenu 100 millions. Si vous obtenez 50 millions de plus, puis que vous arrivez à 150, est-ce que ce serait un grand gain pour le Québec? Je suis obligé de répondre : Je serais très heureux, mais il demeure un manque à gagner de 850 qui est parfaitement anormal.

Journaliste : Je comprends votre point, mais vous ne répondez pas à ma question. Est-ce qu'un certificat d'acceptation... Le programme de mobilité internationale au fédéral, là, si le Québec obtenait un certificat d'acceptation pour avoir son mot à dire sur l'arrivée des travailleurs de ce programme-là, est-ce que ce serait considéré quand même comme un gain important?

M. St-Pierre Plamondon :Ce n'est pas les pleins pouvoirs en immigration, ce sont deux choses séparées. Je ne suis pas contre obtenir plus de pouvoir graduellement sur certains éléments ou des concessions, mais ne changeons pas le sujet, là je ne parle pas de vous, là, mais demeurons quand même focalisés sur l'enjeu d'obtenir tous les pouvoirs en immigration pour faire notre planification cohérente en fonction de la spécificité du Québec, qui n'est pas entendue ni considérée à Ottawa.

Journaliste : Le visa mexicain, vous étiez quand même... c'est quand même un gain, si je ne me trompe pas, pour vous. Et là on voit que l'usine de crevettes ferme, pas juste pour ça, mais en partie parce qu'ils ne peuvent pas avoir les travailleurs mexicains...

M. St-Pierre Plamondon :...

Journaliste : Bien oui, M. Bérubé. Donc, vous voyez qu'il y a des conséquences qui peuvent être négatives...

M. Bérubé : Bien, il faut connaître... Alors, vous qui connaissez bien Matane, tout comme moi...

Journaliste : ...

M. Bérubé : Non, mais vous y êtes quand même assez souvent, il y a quelques raisons qui expliquent la fermeture de l'usine de crevettes. Il y a d'abord les quotas, il y a la concurrence, il y a l'augmentation des coûts pour les bateaux. Et les visas mexicains, l'enjeu, c'était l'autorisation plus rapide. Donc, ils comprenaient qu'il y avait un geste qui était fait d'Ottawa, mais ils n'ont pas écouté en disant : Faites-le un petit peu plus tard, le temps que la saison de la pêche soit passée. Le résultat des courses, c'est ce qui a augmenté les risques, Matane est tombée. Mais surveillez les autres usines de pêche dans l'est du Québec, moi, je crains beaucoup. Ça, c'est un aménagement qui ne coûtait rien. On l'aurait fait juste quelques semaines plus tard. Ça a été demandé, ma députée fédérale l'a fait, le Bloc québécois l'a fait.   Et Mme Lebouthillier, qui veut d'ailleurs se présenter à Matane avec la nouvelle circonscription, aurait dû être au courant. Elle est au pouvoir puis c'est elle qui gère ça. Donc, c'est une catastrophe chez nous, mais c'est un facteur parmi plusieurs pour ce qui est des travailleurs mexicains, dans le cas de Matane.

Journaliste : La réduction de l'immigration, là on réalise que ça a quand même un impact négatif, là, ça peut avoir un impact...

M. Bérubé : Bien, c'est parce que, là, vous avez évoqué le cas de Matane, c'est un des facteurs.

Journaliste : ...en fin de semaine, vous avez critiqué assez sévèrement les médias qui ont rapporté que vous avez subi une menace. Pourquoi avez-vous fait ça?

M. St-Pierre Plamondon :Bien, essentiellement si on fait le résumé, j'ai pris le temps de lire tous les points de vue et d'entendre toutes les opinions. Tout a été dit, mais si on essaie de résumer, il y a deux points de vue qui se sont affrontés sur la question de la vie privée en ce qui a trait à des choses qu'on peut vivre sur le plan personnel. Puis là je veux vraiment faire la distinction avec nos points de presse où on pose des questions sur tous les sujets d'actualité. Lorsqu'il s'agit, dans mon cas, de menaces de mort sur mes enfants, mais, dans d'autres cas, ça peut être un divorce ou un problème de santé personnel qu'on n'est pas prêt à divulguer publiquement, ça peut être des problèmes avec ses enfants à la maison d'une quelconque nature, lorsque la vie privée... des difficultés dans la vie privée surgissent, il y a une première école de pensée que je constate qui est de favoriser, dans tous les cas, la liberté de presse et de dire : Bien, peu importe l'impact sur la personne, sur sa vie privée, nous, on publie parce que l'important, c'est que le public ait toute l'information.

L'autre école, qui est la mienne, c'est de dire : Lorsque la vie privée est en cause, il y a une décision éthique de balancer l'intérêt public à avoir de l'information de qualité avec l'intérêt légitime d'élus qui veulent avoir une certaine sphère privée ou une zone de cheminement, le temps qu'ils soient prêts. Et j'ai pris la peine d'intervenir avant, pendant et après ce point de presse là sur ce sujet-là par rapport à ma disponibilité.

Puis il y a un deuxième... Il y a deux courants de pensée qui s'affrontent également sur la valeur des ententes entre politiciens et journalistes. Un premier point de vue, c'est de dire : Peu importe ce que le journaliste dit sur le coup, si le patron de presse décide de publier, bien, l'entente ne vaut rien. Puis il y a l'autre point de vue de dire : Non. Si le journaliste qui a été témoin de l'ensemble des circonstances s'engage à publier une deuxième version et non pas la première, bien, cette entente-là, elle a une valeur.

Une fois qu'on résume... Tu sais, moi j'ai dit ce que j'avais à dire, là, et ça fait partie de mon style de livrer ce que j'en pense vraiment.

Journaliste : Est-ce que ce n'est pas d'intérêt public, quand même, pour les Québécois, de savoir que des élus ont des menaces à leur sécurité, et que, pour cette raison-là, la sécurité, elle est renforcée autour des élus au Québec? Tu sais, on ne parle pas d'un cas... Un divorce, là, tu sais, c'est autre chose...

M. St-Pierre Plamondon :Oui, oui, évidemment. Donc, vérifier les informations, il y a des questions d'intérêt public là-dedans, mais il y en a d'autres qui font partie de la sphère privée. Notamment, après une première tentative de répondre, j'ai demandé une pause. J'ai dit : Pouvez-vous me donner un break? Je vais aller prendre mon respir, puis je vais vous revenir, puis si vous me donnez la permission, je vais refaire ma déclaration, c'est la même. Mais on m'a filmé pendant que je prenais une pause puis on a utilisé ces images-là pour ajouter de l'émotion.

Journaliste : Donc, c'est ces images-là qui vous dérangent, ce n'est pas nécessairement le fait qu'on ait rapporté un enjeu d'intérêt public de sécurité auprès des élus...

M. St-Pierre Plamondon : Je ne vous cacherai pas que, sur le plan personnel, le fait que ça ait coulé, puis c'était supposé sortir le 11 juin, ça a coulé de quelque part, ce n'est pas évident parce que ça survient, dans mon cas, deux semaines après ces événements-là. Mais une fois que c'est public, je conçois que les journalistes ont un travail à faire, mais ce que je dis, c'est : Quand on a l'ensemble des faits, il y a moyen de balancer un espace vital de vie privée avec l'intérêt public de savoir que la sécurité est renforcée ou pas, des choses comme ça qui sont légitimes.

Et j'ai exprimé mon désaccord avec certaines des décisions qui ont été prises, d'autres ont exprimé leur désaccord avec moi, puis ça fait partie aussi de la démocratie, dans le sens que, je pense, j'ai été respectueux dans ce que j'ai écrit, on sent que je suis fortement en désaccord, mais je suis demeuré respectueux, puis il y a des gens qui sont en désaccord avec moi, qui me l'expriment, ce n'est pas... c'est pertinent quand même comme débat, puis je ne pense pas qu'on va le trancher aujourd'hui.

Je ne suis toujours pas prêt non plus à m'ouvrir, là, sur la place publique, devant 9 millions de Québécois, sur comment on a vécu ça. Je ne suis pas rendu là. Tant qu'on respecte ça d'une certaine manière, il y a des informations qu'on peut vérifier qui sont légitimes à vérifier.

Journaliste : Mais quand vous exprimez une émotion, puis on peut comprendre que vous avez eu une émotion importante à ce moment-là parce que ça vous touche personnellement, mais vous savez que les caméras sont là, vous savez que les caméras tournent. Les caméras ne sont pas cachées, les caméras sont là. Vous savez très bien qu'on est en train d'enregistrer, si on veut, cette émotion-là, en toute connaissance de cause. Donc, vous avez une émotion devant une caméra qui, avec votre consentement, est en train de tourner.

M. St-Pierre Plamondon : Attention au consentement. Donc...

Journaliste : Bien, attention, vous avez...

M. St-Pierre Plamondon : Bien, laissez-moi répondre.

Journaliste : Tu sais, je veux dire, la caméra est là, là, vous vous êtes présenté devant ces caméras là en toute connaissance de cause.

M. St-Pierre Plamondon : Laissez-moi répondre. Première chose, j'ai déjà eu des émotions devant vous, je ne m'en suis jamais caché puis j'ai toujours été comme ça. Donc, le problème ici, ce n'est pas d'avoir des émotions ou pas. La question ici, c'est si moi je ne consens pas à livrer certains aspects de ma vie privée devant 9 millions de Québécois pour des raisons assez évidentes, est-ce que c'est respecté ou non? Et ce que j'entends votre objection, c'est que si je consens à aller en...

Journaliste : ...

M. St-Pierre Plamondon : Oui, question, là, mais... Votre point, ce que j'entends de votre point, c'est que si je consens à aller en point de presse, ce qui est mon travail, là, sur la rencontre Trudeau-Legault, sur plein d'autres questions, c'est comme si je signais un chèque en blanc et que ça exemptait les médias d'évaluer l'équilibre entre l'intérêt légitime d'informer la population et la question légitime d'une sphère privée sur certaines affaires plus sensibles.

Moi, je pense que, même si je suis allé en point de presse, compte tenu que j'en ai parlé avant, pendant et après, de cette situation-là, il y avait, de mon point de vue, une obligation d'essayer d'équilibrer l'intérêt public à l'information et ma vie privée et que l'intérêt public à l'information a le dos large un peu. Je suis assez d'accord qu'il y a un intérêt public, donc ça, je ne le nie pas, mais il y a aussi toute la question des cotes d'écoute et du sensationnalisme sur des questions émotives qui, de mon point de vue, peuvent faire partie de choses personnelles qu'on n'est pas prêts à partager cette journée-là. Donc là... Puis, tu sais, je veux dire, je conviens que ce n'est pas simple comme débat, mais je pense que le débat a un mérite et a une pertinence pour la suite des choses.

Journaliste : Mais qu'est-ce que vous avez pensé des... M. Duhaime a appelé ça des conseils amicaux, là...

M. St-Pierre Plamondon : Oui, les conseils amicaux de M. Duhaime.

Journaliste : ...il vous a dit hier : Je pense qu'on n'a pas intérêt à exposer nos vulnérabilités, il faut faire abstraction de ça, ne pas donner d'attention à ces gens-là. Qu'est-ce que vous en avez pensé?

M. St-Pierre Plamondon : Comme je vous ai dit, je suis ce que je suis, puis même si j'essayais de changer, ça ne changera pas. Je suis un gars qui peut être émotif, mais là ce n'était pas tant ça, c'était... j'ai exprimé que je n'étais pas prêt puis que je ne consentais pas à déballer devant 9 millions de Québécois certains aspects de ce que j'ai vécu, et ça n'a pas sorti comme je l'aurais espéré.

Je me suis exprimé dans un texte que je considère quand même respectueux, mais précis sur ce qui est mon désaccord. Et c'est comme ça que je suis puis ça ne changera pas, peu importe les conseils de M. Éric Duhaime.

Journaliste : Est-ce que vous regrettez d'avoir voté en faveur de la motion sur la Cour suprême et les femmes?

M. St-Pierre Plamondon : Ah! ça, oui, c'est un point qu'on doit couvrir. Non, je ne le regrette pas. Moi, j'ai fait sortir le jugement. Évidemment, tu n'as pas le temps de lire le jugement, chaque paragraphe, mais je suis quand même juriste. Pascal Paradis a participé également. On l'a évalué, le jugement, et on avait un niveau de confort suffisant pour prendre position en faveur de cette motion-là pour la raison suivante : on comprend tout à fait le raisonnement de vouloir distinguer ce que ressentirait une femme de ce que ressentent les femmes. L'argument juridique, c'est de dire : On ne peut pas faire de généralisation. On comprend puis on l'a constaté que le mot «femme» apparaît très souvent, dans ce jugement-là, mais l'utilisation de l'expression, ouvrir les guillemets, «personne avec un vagin» est inexplicable, elle n'est pas nécessaire, cette utilisation-là pour distinguer le cas d'une personne avec les personnes. Et ce n'est pas anodin, de notre point de vue, parce que cette expression, «personne avec un vagin», vient avec tout un corpus idéologique et des concepts qui invisibilisent les femmes.

J'aimerais également réitérer un principe sur les motions, à savoir, l'Assemblée nationale, lorsqu'elle fait une motion, elle réitère un principe. Elle ne fait pas l'analyse d'un jugement. Puis, peu importe ce qu'on peut ensuite dire sur ce jugement-là, l'Assemblée nationale peut spontanément dire : Nous, on sent le besoin de réitérer un principe de base qui nous tient à cœur. Et, en soi, ce n'est pas une critique ou une caution d'un jugement spécifique parce que l'espace, ce n'est pas fait pour ça. Il y a plein de nuances à faire en jurisprudence, l'intention du juge, pourquoi on voulait corriger l'instance précédente. L'Assemblée nationale a toujours le droit, en réaction à n'importe quel élément d'actualité, de clarifier des choses, peu importe le degré d'ambiguïté qui peut découler d'un jugement.

Journaliste : Mais juste pour bien comprendre, vous, vous dites que vous avez eu le temps de le lire? Parce qu'il y a d'autres partis ce matin qui nous ont dit : Bien, ça arrive tellement vite qu'on n'a pas le temps de lire le jugement.

M. St-Pierre Plamondon : Non, non, on a fait nos devoirs.

Journaliste : Vous, vous dites que vous avez eu le temps de le lire?

M. St-Pierre Plamondon : On a fait nos devoirs. On était confortables et on est toujours confortables avec notre position.

Journaliste : Mais la motion dénonçait le jugement, non? La première ligne de la motion, ce n'était pas une dénonciation?

M. St-Pierre Plamondon : Ah! c'est un bon point. Il faudrait... Je n'ai pas le texte devant moi.

Journaliste : Oui. Parce que, là, vous dites que l'Assemblée nationale n'a pas à dénoncer un jugement, mais réitérer un principe, mais ce n'est pas ce que votre motion...

M. St-Pierre Plamondon : Oui. Bien, laissez-moi... Bien, de mémoire, là, je ne me souviens pas de la lettre exacte. Mais juste réitérer qu'on l'a lu, le jugement, en tout cas on l'a assez survolé pour être confortables avec l'idée que l'introduction du concept, alors qu'on jugeait que ce n'était absolument pas nécessaire pour faire les distinctions, posait des questions ou des doutes suffisants pour cette intervention de l'Assemblée nationale.

Journaliste : Donc, ce n'est pas vrai que ça a été trop vite, M. Plamondon? C'est fallacieux que de dire que tout ça a été bien trop vite?

M. St-Pierre Plamondon : Bien, c'est la nature des motions, là, ça va vite. Puis je ne veux pas prendre la défense de Québec solidaire, mais dans la mesure où ils n'étaient pas conjoints, mais ils ont consenti, c'est un des mécanismes qu'on a pour les motions, là. Tu sais, si tu n'es pas tout à fait 100 % certain, tu as le droit de consentir en disant : Ce n'est pas la mienne, puis de laisser les autres se dépatouiller. Nous, on est allés conjoints parce qu'on considère que l'utilisation du concept était inutile et soulève d'autres inquiétudes par rapport à l'invisibilisation des femmes.

Des voix : ...

Le Modérateur : On va passer en anglais. On va devoir passer en anglais.

Journaliste : Je comprends, mais c'est parce qu'à quatre députés, là, vous n'avez pas une équipe aussi importante que l'opposition officielle, par exemple, ni même que Québec solidaire puis vous avez eu le temps de lire le jugement. Donc, ce n'est pas une excuse de dire : On n'a pas eu le temps, là.

M. St-Pierre Plamondon : Bien, on ne peut pas se dédire de ses votes en disant : Finalement, c'est parce que je ne me prépare pas. Ça, évidemment qu'on ne peut pas faire ça. Mais à la décharge de QS, s'ils ont consenti et ils n'étaient pas conjoints, ce n'est pas le même degré d'engagement. Nous, on était conjoints puis on le serait toujours en date d'aujourd'hui.

Journaliste : ...dans le transcript, M. St-Pierre Plamondon, la motion dénonçait le choix des mots utilisés dans un récent jugement de la Cour suprême.

M. St-Pierre Plamondon : Bon. Bien, c'est correct. J'appuie ça. On dénonce donc l'utilisation du concept qui n'est absolument pas nécessaire pour démontrer qu'une femme, ce qu'elle peut expérimenter ne s'applique pas de manière généralisée à toutes les femmes. On pouvait faire cette explication-là sans introduire un concept très chargé sur le plan de l'invisibilisation du concept de femme.

Journaliste : Moi, j'ai une question pour le député de Matane, encore.

M. Bérubé : C'est Matane-Matapédia.

Journaliste : Excusez, Matane-Matapédia. C'est parce que, tantôt, pour la crevette, on a fait le lien avec l'immigration, là, mais au-delà de ça, vous parlez... vous avez parlé des autres facteurs. Un des facteurs importants, c'est la baisse des quotas, qui arrive d'Ottawa.

M. Bérubé : Clairement.

Journaliste : Donc, qu'est-ce que Québec peut faire? Qu'est-ce que le ministre de l'Agriculture, des Pêches devrait faire pour...

M. Bérubé : Bien, écoutez, il y a eu des représentations de M. Lamontagne sur les mesures d'atténuation. Si on n'accorde pas le quota de crevettes, par exemple, qui est à son plus bas depuis des décennies, ça prend des mesures de soutien. Ils nous ont annoncé le sébaste... là, on s'en va dans une discussion très aquatique, là. Le sébaste, qui fait son retour, ce n'est pas suffisant. Ensuite, il y a le soutien aux flottilles pour que le coût du fuel, de l'équipage, pour qu'il soit compétitif. Ça n'a pas été fait non plus. Et là on parle d'une ministre qui a ce pouvoir-là puis qui est en Gaspésie, qui s'appelle Diane Lebouthillier. Donc, il y a ça. Et il y a une utilisation importante des travailleurs mexicains, qui n'existait pas il y a quelques années. Sur 150 employés... mettons 200, à l'époque, 200, qui habitaient le territoire autour de Matane, maintenant, on peut dire 55, il y a à peu près 150, qui sont d'origine mexicaine, qui viennent travailler dans notre usine. Donc, il y a eu un changement très important.

Alors, oui, ça a eu un impact, mais on avait trouvé un aménagement qui faisait en sorte que, le temps de se débrouiller, on leur... ils étaient presque dans l'avion, hein?, on leur permettait de venir, et la règle s'appliquait tout de suite après. Puis là, c'est à nous à trouver des solutions pour la prochaine saison. Donc, on aurait sauvé la saison de pêche. Le gouvernement fédéral a dit non. C'est regrettable.

Journaliste : ...

M. Bérubé : Bien, en tout cas, à tout le moins pour cette année, se retourner de bord. On avait quelques idées. D'ailleurs, j'avais obtenu du ministre Lamontagne un permis de transformation du homard, l'automne dernier, et je pense que ça venait consolider l'usine. Là, il va falloir surveiller les autres. Il y a une usine, moi, de la Côte-Nord qui m'a demandé les noms des travailleurs pour aller travailler sur la Basse-Côte, imaginez. Alors, tout le monde cherche du monde, mais je pense que ça va très mal dans l'industrie de la pêche. Et, comme dans d'autres domaines, on a un pouvoir qui est limité. Le poisson, quand il est vivant, il est au fédéral. Le poisson, une fois qu'il est pêché, il est à Québec. Mais moi, je revendique d'avoir le droit de la gestion du poisson qu'il soit dans le fleuve ou qu'il soit dans la poêle.

Journaliste : C'est un manque de sensibilité d'Ottawa, là.

M. Bérubé : Bien, je veux dire, ils peuvent évoquer quoi? Ils accordent le titre de ministre des Pêches à Mme Lebouthillier, qui est députée à Gaspé puis aux Îles puis qui, d'ailleurs, nous rassure parce que, quand elle est nommée, elle dit : J'adore le poisson. Me voilà rassuré. C'était ça, sa phrase. Alors là, on ne rit plus, là. L'usine n'est plus là, l'usine de crevettes n'est plus là. C'est moi qui ai expliqué à du monde ce matin, dont un couple de quatre jeunes enfants qui me dit : On fait quoi? C'est quoi, le ailleurs quand tu es spécialisé dans le domaine des pêches?

Alors, imaginez l'impact pour Matane, qui a un lien identitaire assez fort. Mais moi, mes yeux sont tournés vers les Îles-de-la-Madeleine. La première chose que j'ai faite quand j'ai eu la nouvelle, j'ai appelé Joël Arseneau : Vérifie tes usines, puis Rivière-au-Renard puis Gaspé. Est-ce qu'on est devant un jeu de dominos? Il y a tout un pan de l'industrie québécoise historique qui est en train de s'écrouler. Ça ne serait pas prématuré de s'en occuper à Ottawa.

Le Modérateur : On va passer en anglais.

Journaliste : For your… the meeting you want to initiate on Parliament Hill, how many times do you want to be rejected on immigration matters?

M. St-Pierre Plamondon : Until we will have our own country or until we get results that, I agree, are not likely. But they're so fundamental that I think we ought to do something. And showing up with four leaders, representing 86 % of the voters in Québec, might have an impact. And I feel it's our duty to try to have an impact on healthcare and immigration, given that all parties, in one way or the other, have said that they were fundamental issues for the immediate future of Québec.

Journaliste : On the consultations two months ago, it was said very clearly that the QuébecGovernment wanted to have more powers to control temporary immigration. Why this is not the solution and we can't go just ahead with this? Like, is it the… all the powers or just concentrating on… at least controlling part of the temporary immigration?

M. St-Pierre Plamondon : Well, if you want something to be coherent, normally, what you aim for is to give the same people the power to make a coherent architecture. And what we've seen by the Federal Government over the past years is an abuse of power at the borders, at the airport, in immigration in general. So, given those documented abuses of power that have a serious impact on the French language, housing and services, the obvious and coherent solution is to get full powers. And that was named by the Premier as something vital and fundamental for the future of Québec, in which case we need to keep on taking initiatives. It doesn't change my fundamental point on this, and it's going to be the debate in 2026. It doesn't make any sense to go begging for your own money and your own legitimate powers to a government that obviously doesn't care much about what's happening in Québec. It doesn't make sense. We should decide by ourselves. But, until then, given the urgency and the seriousness of the situation, I think we're better off taking initiatives than doing nothing.

Journaliste : Who would you talk to? Do you have an appointment? Who would you talk to?

M. St-Pierre Plamondon : Oh! I haven't booked an appointment. I've sent a letter to other political parties in Québec. And afterwards, I guess, every party will be free to book what they feel fit in terms of… what they feel is appropriate meetings with different parties, I guess.

Journaliste : Do you think the Government can wait a full year before presenting its plan to balance the books?

M. St-Pierre Plamondon : I think the Liberals are correct on that issue, they indeed point out an important problem. It's one thing to… And I've been quite… I've been the softest on the budget, saying: Well, it's not obvious, to be the minister of Finance, given the pressure and the lack of transfers. But still, if you have a deficit of $11 billion, you ought to have plan to come back to equilibrium, and, if you can't propose… if you can't show this plan, there is an obvious problem. And, yes, I think the Liberals are correct to ask for that plan so that we know what's the game plan, what's the… what are the thoughts of the Government on this fundamental issue.

Journaliste : Thank you.

Journaliste : The former Prime Minister, Brian Mulroney, lies in... Ottawa, I was just wondering if he was a source of inspiration for you.

M. St-Pierre Plamondon : I'll let Pascal, who had the occasion...

M. Bérubé : Just a few words. Thank you for that. I had a relationship with Mr. Mulroney in the past few years, I had a lot of calls on the phone about... He's from Baie Comeau and from Matane, just across the river. And I feel, and I told him that, that he was the last Prime Minister of Canada who tried something to make sure that Québec could be in a better situation with honor and dignity, and we have great respect for that. So, he was the last one.

And, after Brian Mulroney, it was the Bloc québécois, and since this time, the «independentists» vote for the Bloc. But, before that, they wished that Mulroney could be way better than Trudeau, than Turner, than this liberal tradition. So, great respect for Mr. Mulroney, what he did, his courage, in Québec, in Canada, in the world, South Africa, to say the least. So, we... He is a Quebecker, first, who believed in Canada, who tried to make sure that Québec could be in a good position in Canada. It was not his fault... Manitoba, Newfoundland, other provinces, but he tried, and he was a good Prime Minister, and he deserves all the great words... receiving for him and I wish that his family can «capte» that, can have that for their memories.

M. St-Pierre Plamondon : ...appreciate that.

M. Bérubé : Appreciate that. So, it's going to be a great ceremony this Saturday in Montréal. I'm supposed to be there representing the Parti québécois. And I do remember my first memory about politics, back in 1983, the leadership race. I think it was in Edmonton or something like that. And I was playing hockey in the street, and every single time they had a new vote, I was entering inside the house : Oh! this is Mr..., this is Mr. Clark, this is Mr. Mulroney. And then my father said : The new leader of the PC is from Baie-Comeau, just a little city across the river, and his father is an electrician from an Irish background, and he was proud of that. So, we were proud that he was from a small town and he became the man that he was. So, a great man, and I shared a lot of good conversations on the phone, long ones, in the past months and in the past years. He was a great man.

La Modératrice : Merci beaucoup.

M. St-Pierre Plamondon : Merci.

(Fin à 12 h 15)

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