(Onze heures vingt-sept minutes)
M. Tanguay : Bon matin à toutes
et à tous. On va vous parler du budget, ce matin, parce que nous sommes le
Parti libéral du Québec. Le plan inexistant de retour à l'équilibre budgétaire,
pour nous, c'est un grave problème. J'ai envoyé, ce matin, à François Legault une
lettre lui demandant, lui demandant de produire, d'ici l'été, son plan de
retour à l'équilibre budgétaire. Il ne peut pas négliger ou reporter à un an
cet important exercice.
La semaine passée, deux firmes de cotation
de crédit ont levé des drapeaux jaunes, DBRS et Moody's, et, en ce sens là, on
ne peut pas laisser aller la situation. Déficit, je vous le rappelle, record de
11 milliards. J'ai publié, hier, sur le réseau X, une vidéo de François
Legault, de 2012, où François Legault déchirait sa chemise lorsqu'il demandait
à Pauline Marois d'aller à New York voir les maisons de crédit et de déposer un
plan pour un déficit qui était de 1,6 milliard. Il disait, à ce moment-là :
Votre trou de 1,6 milliard... Bien, François Legault, lui, à 11 milliards,
c'est bien davantage un gouffre, pour lequel il n'a pas de plan à retour à l'équilibre
budgétaire. Alors, on exige, d'ici l'été, un plan crédible de retour à l'équilibre
budgétaire.
Je vais céder la parole à mon collègue
Fred Beauchemin.
M. Beauchemin : Merci, Marc.
Le duo Legault-Girard a un énorme déficit de crédibilité. Non seulement on a
besoin d'un plan de retour à l'équilibre budgétaire, mais on en a besoin d'un
maintenant. Les deux agences de notation ont levé le drapeau jaune, la semaine
passée, pour deux raisons : déficit record de 11 milliards, et pas de
plan de retour à l'équilibre budgétaire. Je me serais attendu, de la part d'un
gouvernement responsable, d'au minimum accompagner, mardi dernier, un plan avec
son budget.
La stratégie de la CAQ, on l'a vu, c'est d'attendre
et de souhaiter que la banque centrale baisse son taux directeur. Attendre et
souhaiter n'est pas une stratégie. Il n'y a rien pour stimuler la croissance
économique dans ce budget-là, il n'y a rien pour améliorer la productivité de
nos entreprises. Déficit de crédibilité avec l'inflation, déficit de
crédibilité avec la pénurie de main-d'œuvre, avec la crise du logement, manque
de rigueur budgétaire, déficit record, crise du logement. La CAQ n'a pas de
plan de retour à l'équilibre budgétaire et, entre ce qu'ils nous ont présenté
en novembre et ce qu'ils nous ont présenté mardi dernier, il y a 8 milliards
d'écart. C'est inconcevable. Tous les gens peuvent le constater maintenant, il
y a un manque de crédibilité, il y a un déficit de crédibilité avec ce
gouvernement-là.
Journaliste : Sur ce qui s'est
passé, vendredi, lors de la rencontre avec M. Trudeau, M. Legault s'est
fait fermer la porte sur les doigts, là, on lui a dit qu'il n'était pas
question de donner davantage de pouvoirs au Québec en matière d'immigration. D'abord,
comment vous qualifiez cette réponse là de Justin Trudeau? Et quelles sont les
alternatives de M. Legault?
M. Tanguay : Bien, je pense
que la réponse... Il y a plusieurs aspects à votre question. Moi, je n'étais
pas surpris. François Legault ne peut pas être surpris. François Legault a dit,
à une réponse à Paul St-Pierre Plamondon, parce qu'il y a une surenchère
identitaire entre le PQ puis la CAQ : Oui, moi, je vais aller à Ottawa
puis je vais ramener... je vais exiger l'entièreté des pleins pouvoirs. C'était
écrit dans le ciel que M. Trudeau allait dire non. Nous, au Parti libéral
du Québec, ce n'est pas une demande que nous faisons. Le fédéral a un rôle à
jouer en matière internationale, en matière d'immigration. Nous, ce qu'on
demande, c'est le rapatriement du programme, à Québec, travailleurs temporaires
étrangers.
Ceci dit, il n'y avait aucune surprise là-dedans,
puis, encore une fois, je termine là-dessus, c'est un François Legault qui fait
une demande qui était irréaliste, qui se fait dire non, puis que là on voit qu'il
n'y a pas de résultats, par ailleurs, pour le Québec, notamment en santé.
Journaliste : Mais quelles
sont les alternatives? Qu'est-ce qu'il peut faire, M. Legault, là, une
fois qu'on lui a dit ça? Parce qu'il a dit qu'il étudiait ses options, si
jamais il se faisait dire non, mais ce n'est pas la première fois qu'il se fait
dire non, là, par Ottawa. Ça a été le cas avec les transferts en santé, c'est
le cas en immigration, ça ne va pas bien dans les négociations pour les
dentistes, l'assurance médicaments, etc. Alors, qu'est-ce que... c'est quoi,
les options de M. Legault?
M. Tanguay : Qu'il s'inspire
d'un Jean Charest. François Legault n'a pas de résultats, il n'a pas été
capable de bâtir des relations de confiance pour faire en sorte d'avoir des
ententes avec Ottawa. Quand vous êtes à couteaux tirés, à couteaux tirés avec
Ottawa, dans votre sixième année, on voit que la troisième voie de François
Legault est une voie d'échec. Vous... François Legault, c'est un séparatiste
dans le placard. François Legault a les mêmes politiques, mais lui a dit :
Bien, on va se désincarner, on va s'asseoir sur la clôture. Puis on voit qu'il
n'y a aucun résultat.
Journaliste : Juste pour bien
comprendre, vous demandez le rapatriement de tous les programmes de
travailleurs temporaires pour Québec.
M. Tanguay : Oui. Il y en a
un, il y a un programme, le Programme de travailleurs étrangers temporaires,
PTET.
Journaliste : ...le PTET, c'est
déjà de compétence...
M. Tanguay : Non, il y a une
cogestion avec le fédéral.
Journaliste : ...le PMI, ça,
ça ne vous intéresse pas de le...
M. Tanguay : C'est le PTET
que l'on veut comme...
Journaliste : Sur le PMI, là,
si on a un certificat d'acceptation du Québec, ce ne serait pas un gain
considérable?
M. Tanguay : Écoutez, mieux
faire en sorte que les deux ministères de l'Immigration puissent bien
fonctionner, c'est clair qu'il faut le faire. Moi, dans mon comté, j'ai des cas
pathétiques de personnes qui sont en attente, et qu'on leur demande d'aller
faire le tour du poteau pour aller renouveler leur permis, et ainsi de suite.
Le fédéral doit faire le ménage, et le provincial également, pour qu'on soit
plus performants en matière d'immigration. Donc, ça, ça pourrait participer,
effectivement, d'une entente ponctuelle.
Journaliste : Aller à Ottawa
avec les chefs de partis politiques, est-ce que c'est quelque chose que vous
comptez faire?
M. Tanguay : Non, non. Alors,
Paul St-Pierre Plamondon... Bien, première des choses, ce serait aller à Ottawa
pour réclamer l'entièreté des pouvoirs en immigration, ce qui n'est pas notre
position, au départ. Le deuxième aspect, d'aller réclamer que les transferts en
santé s'opèrent, bien, ça, nous, on le fait à Québec, on appuie le gouvernement
puis on lui dit : Vas-y, va chercher ça. Puis c'est à François Legault à
le faire. Ce n'est pas un pèlerinage à Ottawa, qui inclurait un café avec
Yves-François Blanchet, qui changerait quoi que ce soit au prix des tomates.
Journaliste : M. Tanguay,
pensez-vous qu'il faut quand même diminuer immédiatement, à court terme, le
nombre de demandeurs d'asile et de travailleurs étrangers? Est-ce que c'est la
priorité que de réduire ça significativement et rapidement?
M. Tanguay : Nous, on ne veut
pas mettre à la porte personne, si c'est ça, votre question. Nous, ce qu'on
demande, c'est qu'il y ait un contrôle qui soit repris de l'immigration, que
l'on ne considère pas juste les immigrants permanents, mais les immigrants
temporaires. On avait déposé — Monsef Derraji — un projet
de loi pour que, dans la planification, les temporaires puissent et doivent
être considérés. La CAQ a dit non. Alors, la CAQ, quand elle a dit en prendre
moins puis en prendre soin, elle a menti deux fois. Alors, perte de contrôle.
Aujourd'hui, on ne veut retourner personne à la maison, en termes de
travailleurs étrangers temporaires, mais on veut qu'il y ait une planification.
On en a besoin, de cette main-d'oeuvre là, et des gens qui vont vouloir, le cas
échéant, venir rester au Québec puis apprendre le français.
Journaliste : Quelle est la
position de négociation du gouvernement Legault en matière d'immigration? Parce
que M. Legault lui-même disait, la semaine dernière, que de rouvrir l'Accord
Canada-Québec, ça poserait des risques sur les pouvoirs en immigration du
Québec. Est-ce que vous partagez cette lecture-là? Est-ce que le Québec
pourrait perdre des pouvoirs dans l'éventualité où est-ce qu'il y a une
ouverture de l'accord?
M. Tanguay : Bien, je pense
que tous les pouvoirs qui ont été entendus entre le fédéral et le Québec sont
justifiés, évidemment, que le Québec les ait. J'ai parlé du Programme
travailleurs étrangers temporaires, que nous voulons ajouter à cela. Du reste,
je veux dire, le résultat, l'échec de François Legault, c'est à lui à
l'expliquer, là. L'échec de François Legault, c'est à lui de nous dire
qu'est-ce qu'il va faire, puis sa troisième voie, on voit que ça ne marche pas.
Sa troisième voie constitutionnelle, la neutralité, ça ne marche pas.
Journaliste : Pourquoi
avez-vous voté en faveur d'une motion sur la Cour suprême et les femmes? Quel
était votre raisonnement?
M. Tanguay : Bien, écoutez,
là-dessus, je vais vous dire, essentiellement, trois choses. Première des
choses, il faut savoir que les motions, le matin, il faut analyser ça à la
vitesse grand V. Premier élément. Deuxième élément, le jugement, qui faisait
249 pages, il y avait une référence au paragraphe 109. Cette
analyse-là aurait requis davantage de temps. Ça, nous, comme groupe, on l'a
pris comme une façon, aussi, d'être plus vigilants, notamment sur ce qu'avance
le gouvernement, sur ce qu'avance le ministre de la Justice. On questionnait
déjà la rigueur du cabinet du ministre de la Justice, mais là je pense que,
clairement, on a eu un exemple qu'il faut faire très attention quand ils
affirment des choses.
Journaliste : ...rigueur à
vous aussi, là, puis ça a été une motion présentée conjointement avec
M. Morin, ancien procureur, si je ne me trompe pas, là.
M. Tanguay : Comme groupe, il
est clair qu'il y a un enseignement là. Comme groupe, si nous n'avons pas eu le
temps de faire toutes, toutes les vérifications — encore une fois, un
jugement de 249 pages — et toutes les analyses, si c'était à
refaire, la rédaction de la motion aurait été différente de notre côté. Il n'y
aurait pas eu le cas de dénoncer la Cour suprême parce qu'elle voulait... tentative
d'invisibiliser les femmes...
Journaliste : ...bien, sur le
fond, là...
M. Tanguay : Sur la Cour
suprême...
Journaliste : Non, non,
mais...
M. Tanguay : ...je ne pense
pas que la Cour suprême faisait... On avait à dénoncer une tentative. Je ne
pense pas que la Cour suprême tentait...
Journaliste : L'avez-vous lu,
le jugement?
M. Tanguay : Pas en son
entier, non, pas en son entier. Maintenant, ceci dit, comme groupe, comme
groupe, c'est un enseignement. Et rajoutez à ça... nous, on assume ce qu'on
doit faire, mais rajoutez à ça le fait que... Deux choses. On pourra davantage
questionner la rigueur du gouvernement quand ils sont allés affirmer cela, qui...
dans les faits, l'analyse nous démontre autre chose. Et, deuxième des choses,
peut-être que vous allez voir, dorénavant, des motions où on va dire :
Écoutez, on ne va pas statuer là-dessus ce matin, on va reporter notre jugement,
sinon, il n'y aura pas de consentement. Ça se peut que vous nous voyiez arriver
plus souvent avec ça.
Journaliste : Est-ce que
c'est gênant pour l'Assemblée nationale, là? Elle me semble être couverte de
ridicule après avoir voté une motion comme ça.
M. Tanguay : Bien, écoutez,
ce n'est pas... disons que ce n'était pas... ce n'était pas une... ce n'était
pas une bonne journée cette fois-là.
Journaliste : Non, mais sur
le fond, là, l'expression, est-ce que vous êtes d'accord avec ça que ce soit
employé dans un jugement de la Cour suprême?
M. Tanguay : C'est délicat.
Est-ce que l'expression avait sa place? Ça soulève d'énormes questions. Chose
certaine, elle est arrivée une fois. Je pense qu'on ne peut pas parler de cette
façon-là. Ceci dit, c'était dans un contexte particulier. Mais de là à dire que
la Cour suprême a pris position, puis il faut dénoncer, parce qu'elle veut
invisibiliser les femmes...
Journaliste : ...après, ça
fait jurisprudence, des jugements comme ça. Ça fait que... Est-ce que vous
êtes... Peut-être dans le libellé de la motion?
M. Tanguay : Mais cette
expression-là est tout à fait malheureuse, et je pense que là, la réaction
démontre qu'elle ne devrait pas être utilisée.
Journaliste : M. Fitzgibbon
qui réitère qu'il y a trop de véhicules, puis met le fardeau sur les
municipalités, donc le fardeau, peut-être, de mettre un malus en place aux
municipalités, mais que son gouvernement, lui, n'est pas d'accord avec ça, est-ce
que c'est aux municipalités de faire ça?
M. Tanguay : Je pense que
Pierre Fitzgibbon et le gouvernement Legault ne peuvent pas, justement,
décharger leurs responsabilités. Pierre Fitzgibbon, ce n'est pas la première
fois qu'il dit qu'il y a trop d'autos sur les routes du Québec. Bien, lui, il
participe d'un gouvernement, à Québec, qui a des moyens, qui a des outils. Qu'est-ce
qu'il va faire? Entre autres, suggestion, transport en commun. Ça, qu'est-ce
que Québec peut faire pour aider les sociétés de transport à être plus
performantes puis à faire en sorte que les gens vont quitter davantage leur
auto? Mais, effectivement, il ne peut pas pelleter ça sur le dos des
municipalités, en disant : Arrangez-vous avec ça.
Journaliste : Est-ce que
c'est le gouvernement du Québec qui devrait gérer un malus, maintenant qu'on a
enlevé Roulez vert, par exemple?
M. Tanguay : Le gouvernement
du Québec a des moyens. Nous, on est davantage dans le fait de bonifier l'offre
de transport collectif, puis ça, ça relève de Québec, entre autres, qui est partenaire,
oui, avec les municipalités, mais il ne peut pas mettre ça sur le dos
exclusivement... sur les municipalités.
Journaliste
: So, you don't want to go to Ottawa for a pilgrimage on immigration?
M. Tanguay
: No, no, no. First of all, with respect to the demands on
immigration, we are not supporting that demand. We are not requesting, we,
Liberals, that… a complete transfer of all the powers and responsibilities of
the federal Government to the provincial Government. The federal Government has
an important role to play. And that's not our position. Our position is to make
sure that, for instance, the Program travailleurs étrangers temporaires will be
transferred to Québec. So, we will not go in a pilgrimage in Ottawa to have a
cup of coffee or a cup of tea with Mr. Yves-François Blanchet.
Journaliste
: But the thing is the Temporary Foreign Worker Program is already
jointly…
M. Tanguay
: Yes, jointly.
Journaliste
: …managed by the federal Government and the Québec Government. So, what would that… what are the
changes you're looking for?
M. Tanguay
: We're looking to put in place where we will… have the whole
picture, when we will have the full control of the… Because Québec can have the
objective, but it's the federal Government who will be allowing that objective to be a reality. So, again,
when we're talking about a loss of control, with respect to the temporary
workers, first, it started with a… from Québec, who permitted that increase in
numbers. That being said, it's a cogestion with the federal
Government. We think that Québec can be the whole… the
only entity responsible for managing that program.
Journaliste
: The… In response to your request to Mr. Legault about the plan to
balance the books, Mr. Girard is arguing that it's a long process. There is a…
You know, they're looking for $2.9 billion, and it will take a long time, it
will take a full year to get that plan to balance the books on the table. And
you think that's not soon enough?
M. Tanguay
: It's clearly not soon enough. That's the reason why I wrote a
letter to François Legault, and it goes with respect to the Québec's reputation
towards the maisons de crédit. And again, we need to have a plan. There is a
huge mistake. From November to January, in two months, we passed from $3 billion
deficit to an $11 billion deficit. That's a request, that's a must, and we
need to have a tangible plan. I don't know, Fred, if you want to add on this?
M. Beauchemin : I mean, you know, it's not an easy thing to actually do the
clean-up behind such a disaster, but the reality is that it took them two
months to create that disaster, or so they say, because we're looking for
transparency, and they're not giving it to us. In November, they were all
saying it's going to be $4 billion, and, all of a sudden, within a few
weeks from there, it went to $11 billion. And now, that's what we heard
last week. So, you know, if they're able to, like, destroy the thing in a few
weeks, I think they should be able to turn around quickly and show us a plan to
go back to a balanced budget quickly.
Journaliste
: Can I ask you about… Well, the former Prime Minister Brian Mulroney
is… lies in state in Ottawa. Was he a source of inspiration for you?
M. Beauchemin :
For me, personally, yes, because he
actually called on all Canadians to help him, at the time, build a stronger,
more prosperous and open-minded Canada, and I think that was the Canada that we,
actually, are able to live, from the dividend that it created for the last 30
years. So, yes, he was an inspiration, for sure.
M. Tanguay :
And we will have a very tangible legacy
from his passage as Prime Minister of Canada. For instance, the TPS, taxe sur
les produits et services, helped a lot the Government to be able to help our
people, and also, the ALENA, the international accord, and the role of Canada
at the international level. I think that it's... those are very, very important
legacies from Mr. Mulroney.
(Fin à 11 h 44)