(Onze heures deux minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour,
tout le monde. Bon début de semaine à l'Assemblée nationale. Je veux vous
parler de logement ce matin. Hier, le premier ministre a déposé, au milieu de
la pire crise du logement en 40 ans, un budget dans lequel il n'y avait
aucune nouvelle mesure pour construire plus de logements au Québec pour freiner
l'augmentation des loyers. C'est un oubli qui est injustifiable. Mais, pire
encore, à la fin de la semaine dernière, on a appris que la ministre de l'Habitation
du Québec, Mme Duranceau, bloque des projets de maisons d'hébergement pour
femmes victimes de violence conjugale.
Donc, non seulement ce gouvernement-là n'a
livré aucun nouveau logement en deux ans avec son nouveau programme qu'elle
nous décrivait comme révolutionnaire, mais, en plus, la ministre de
l'Habitation bloque des projets pour femmes victimes de violences sous
prétexte, et je cite, que ça coûte trop cher. Quel manque de compassion, quelle
froideur, quelle froideur! On a l'impression que Mme Duranceau, elle voit
juste des portes. Moi, j'aimerais ça qu'elle pense aux femmes qui sont derrière
ces portes là. Quand il n'y a pas de maison pour femmes victimes de violences
conjugales, là, dans un quartier, dans une ville, dans une communauté, ça fait
en sorte qu'il y a des femmes qui restent dans des milieux violents. La pénurie
de places en maison d'hébergement, là, ça met la vie de Québécoises en danger.
Sur quelle planète faut-il vivre pour penser qu'il y a des économies à faire là-dessus?
Moi, je demande au premier ministre de
rappeler à l'ordre Mme Duranceau. Je demande au premier ministre
d'intervenir dans ce dossier-là, là. On ne peut pas se permettre que des femmes
restent dans des milieux violents et voient leur vie menacée parce que
Mme Duranceau réfléchit comme une investisseure immobilière plutôt que
comme une ministre préoccupée du bien commun. On ne peut pas accepter ça au
Québec.
Moi, j'étais, en fin de semaine, à
Rouyn-Noranda. J'ai rencontré les femmes qui portent le projet de maisons
d'hébergement là-bas. J'étais à La Sarre. J'ai rencontré les femmes qui portent
ce projet d'hébergement là-bas. Puis je peux vous dire que les commentaires de
Mme Duranceau, ils ne passent pas, là. C'est un manque de chaleur humaine
injustifiable. Le monde là-bas sont dévastés. Alors, je porte leur parole ce
matin puis je demande au premier ministre de rétablir le bon sens dans son
gouvernement, de demander à Mme Duranceau de permettre la construction de
ces projets-là. On en a besoin au Québec, il y a des femmes qui ont besoin de
se retrouver en sécurité. Bloquer des maisons d'hébergement pour femmes parce
qu'on trouve que ça coûte trop cher, là, ce n'est pas ça, nos valeurs au Québec
puis ce n'est pas ça que les Québécois puis les Québécoises veulent voir au
gouvernement comme sens des priorités. On a trouvé 7 millions de
dollars pour les Kings de Los Angeles, c'est des sommes similaires, là,
certains de ces projets là de maisons d'hébergement pour femmes. Ça fait que
les économies de bouts de chandelle sur cette question-là, là, ça n'a pas lieu
d'être puis je pèse mes mots.
Mme Ghazal : Merci. Merci
beaucoup, Gabriel. Bonjour, tout le monde. Moi, je veux vous parler du tableau
de bord de l'éducation, en éducation du ministre Bernard Drainville.
Évidemment, il n'y a personne qui est contre la transparence et la publication
de données en matière d'éducation. Ça, c'est sûr et certain, personne n'est
contre la vertu. Cela dit, M. Drainville a réussi à mettre tout le monde,
littéralement tout le monde, contre son palmarès, que ce soit les directions
d'école, les centres de services scolaires, les profs, les syndicats, même la
Fédération des écoles privées l'a mis en garde contre la publication d'un tel
palmarès. Il y en a un qui existe déjà, là, depuis 25 ans puis tout ce que ça a
fait, là, ça n'a pas réglé aucun problème dans le système d'éducation, ça a
augmenté le magasinage, le stress des parents, le stress des élèves pour
choisir des écoles qui sont en haut du palmarès.
Moi, je veux rappeler quelque chose à
M. Bernard Drainville : l'école n'est pas une marchandise où on
compare une école avec l'autre. La priorité du ministre, là, ne devrait pas
être de mettre en place des palmarès, ce que ça devrait être, c'est plutôt
d'offrir une éducation de qualité pour tous les enfants du Québec. Peu importe
le milieu dans lequel ils vivent, peu importe leur milieu familial, qu'ils
soient dans un milieu défavorisé ou qu'ils soient dans un milieu beaucoup plus
aisé, tous les enfants ont droit à une éducation gratuite et ce n'est pas le
palmarès qui va amener des spécialistes, ce n'est pas le palmarès qui va amener
des profs dans les classes pour s'assurer du bien-être puis de la réussite des
élèves.
Journaliste : M. Nadeau-Dubois,
est-ce que vous iriez jusqu'à dire que, sans ces maisons-là, la CAQ va avoir
sur la conscience certains cas de violence?
M. Nadeau-Dubois : Il y a
déjà eu plusieurs féminicides depuis le début de l'année au Québec. Chaque
féminicide est un féminicide de trop. Puis le gouvernement n'est pas tout
puissant, il ne peut pas régler tout le problème demain matin, mais qu'est ce
que le gouvernement peut faire? S'assurer qu'il ne manque pas d'argent pour
construire des lieux de refuge pour ces femmes-là. En pleine crise du logement,
là, il faut s'assurer que quand les femmes ramassent leur courage à deux mains
puis décident de quitter un milieu violent, qu'elles puissent le faire. Qu'est
ce qu'on dit aux femmes victimes de violence? Si on en avait dans notre
entourage, qu'est ce qu'on leur dirait? On leur dirait : Va-t'en, pars à
la course. Mais s'il n'y a pas de logements disponibles, elles vont s'enfuir
pour aller où? On ne peut pas faire d'économie sur la construction de maisons
d'hébergement pour femmes. La logique étroitement comptable de
Mme Duranceau, là, elle perpétue une situation qui est dangereuse pour des
femmes au Québec.
Journaliste : Le croyez-vous
que c'est 900 000 $, la maison, ou...
M. Nadeau-Dubois : Construire
une maison d'hébergement pour femmes, là, ce n'est pas comme construire un
bloc-appartements comme les autres. Quand on construit du logement social, on
ne met pas des vitres blindées. Quand on construit une maison d'hébergement
pour femmes, il faut mettre des dispositifs de sécurité qui sont coûteux. Je
parle des vitres blindées, mais c'est des pièces de crise, c'est des pièces
sécurisées, je veux dire, on ne peut pas mettre ça dans des cases, puis
comparer ça à des projets de logements conventionnels, puis trouver que ça
coûte trop cher.
Puis je vais prendre une comparaison, puis
là comprenez-moi bien, puis j'espère que je ne serais pas cité tout croche, là,
mais quand il est venu le temps de construire les maisons pour aînés, par
exemple, on s'est rendus à des montants jusqu'à beaucoup plus d'un million par
porte, là. Puis je ne veux pas comparer les deux, je ne veux pas dire qu'un est
plus important que l'autre, je fais juste dire : Pourquoi là-dessus...
pourquoi sur les maisons de femmes... pour les femmes en situation de violence
conjugale, comment ça qu'on compte les cennes? Voyons donc!
Moi, je les ai rencontrés, ces femmes-là,
je veux dire, elles m'ont pleuré dans les bras et elles se battent depuis des
années pour mettre sur pied des ressources pour femmes victimes de violences
dans leur communauté. Prenons l'exemple de La Sarre, il n'y en a pas de maison
à La Sarre. Il n'y en a pas. Elles font quoi, les femmes de ces communautés-là,
si elles sont en danger? Elles font 125 kilomètres de route? Voyons donc!
J'ai beaucoup de désaccords avec François
Legault, là, mais je ne peux pas croire qu'il est d'accord avec ça. Je ne peux
pas croire qu'il est d'accord avec ça.
Mme Ghazal : Puis je veux
juste ajouter aussi une chose. En ce moment, là, les groupes de femmes, ils nous
disent : Il y a 17 femmes qui sont refusées, c'est-à-dire qui
appellent parce qu'elles ont besoin d'hébergement ou d'être aidées et elles
sont refusées parce qu'il manque de places en ce moment, c'est 17 femmes
par jour. Donc, ces femmes-là vont où? Elles vont peut-être rester avec leur
conjoint violent.
Puis, l'argent, il est là, il a été promis
par le gouvernement en 2021. On se rappelle de la vague de féminicides, puis il
y a eu une levée de boucliers, puis le gouvernement a répondu à l'appel, puis il
y a eu de l'argent, des millions de dollars qui ont été réservés pour
construire ces maisons-là. Puis les groupes n'ont pas perdu de temps, ils ont
travaillé très, très fort. Ce n'est pas pour avoir des maisons luxueuses, comme
le dit Gabriel, il y a des éléments très, très importants. Il faut qu'il y ait
d'espaces d'aires communes, des aires de jeux, parce qu'on ne veut pas non plus
que les femmes restent seules dans leur chambre. L'idée, c'est de se
reconstruire pour pouvoir après ça continuer leur vie, et ça, ça prend du temps
puis ça prend un aménagement d'un espace particulier, et les groupes de femmes
connaissent ça.
Donc là, en ce moment, tout était prêt,
les projets sont prêts, ça a bloqué au bureau de la ministre. Donc, c'est une
promesse brisée qui a été faite en 2021, qui est brisée aujourd'hui par la
ministre Duranceau.
Journaliste : M. Dubois,
je voudrais vous entendre sur les événements de vendredi, d'abord sur la
stratégie de M. Legault en Chambre dans le dossier de l'immigration, la
réponse rapide de M. Trudeau et le flou artistique qui est maintenu sur
les options à considérer.
M. Nadeau-Dubois : Le flou
artistique qui...
Journaliste : Sur les options
à considérer pour la suite des choses.
M. Nadeau-Dubois : Oui. Bien,
c'est une...
Journaliste : La stratégie,
la réponse, la suite.
M. Nadeau-Dubois : C'est une
rebuffade totale, là, pour François Legault. Puis, les Québécois, ils vont être
perdants doublement. On va être perdants parce qu'on n'aura pas plus de pouvoir
en immigration, on va être perdants parce qu'on n'aura pas les sommes dont on a
besoin au Québec pour améliorer notre assurance dentaire puis notre assurance
médicaments au Québec. Puis, en plus, on se retrouve avec un gouvernement du Québec,
le gouvernement de M. Legault, qui est incapable de bien gérer le système
d'immigration. On le voit depuis des années, ils ont fait exploser
l'immigration temporaire de manière tout à fait désorganisée et chaotique puis
ils sont incapables d'assurer une bonne francisation, une bonne régionalisation
de l'immigration au Québec. Donc, une rebuffade historique pour François
Legault, dont les Québécois vont être doublement perdants.
Journaliste : Mais il reste
quoi comme option?
M. Nadeau-Dubois : Bien, notre
option à nous, elle est bien connue. Nous, on pense que le Québec devra avoir
tous les pouvoirs sur tous les sujets puis devenir un état indépendant pour
changer les choses pour vrai au Québec.
Journaliste : ...situation
urgente, selon le gouvernement, et qui presse.
M. Nadeau-Dubois : Bien,
d'abord, il faut quand même rappeler que sur la question de... Bon, sur la
question de la santé... parce que c'est deux sujets distincts, sur la question
de la santé, nous, on veut l'argent au Québec pour améliorer les soins
dentaires des Québécois et des Québécoises, on a besoin d'une assurance
dentaire publique et universelle, parce que le dentiste, ça coûte beaucoup trop
cher. On a besoin aussi d'améliorer la couverture en assurance médicaments,
mais on ne va pas se mettre à gérer des programmes parallèles à deux niveaux de
gouvernement. C'est complètement chaotique. Il faut faire ça au Québec, puis
cet argent-là, il nous appartient, il faut le ramener ici.
Sur la question de l'immigration, on veut
plus de pouvoirs, mais pas parce qu'on adhère à la thèse catastrophiste de
François Legault et Paul St-Pierre Plamondon. Oui, il faut remettre de l'ordre
dans notre système d'immigration. Vous nous avez entendus le répéter souvent,
l'explosion, là, de l'immigration temporaire, c'est un mauvais système. Nous,
ce n'est pas ça qu'on veut pour le Québec. Il faut augmenter les seuils
d'immigration permanente, mettre de l'ordre dans l'immigration temporaire,
puis, pour ça, ça nous prend plus de pouvoirs.
Des voix : ...
M. Nadeau-Dubois : Quand vous
parlez des options B, bien, on en a déjà fait une, à Québec solidaire. Mon
collègue, Guillaume Cliche-Rivard, qui, je pense, c'est quelqu'un qui connaît
bien son sujet, a proposé de renégocier l'accord Québec-Canada pour donner plus
de pouvoirs au Québec.
Journaliste : ...c'est sûr que
quand on renégocie, il faut être prêts aussi quand même à faire des
concessions.
M. Nadeau-Dubois : Nous, on
veut donner plus de pouvoirs au Québec. Vous nous demandez : C'est quoi,
les moyens d'y arriver? Le vrai moyen, c'est d'avoir tous les pouvoirs au
Québec et de faire l'indépendance. D'ici là...
Des voix : ...
M. Nadeau-Dubois : ...d'ici
là, c'est de renégocier l'entente de 1991.
Journaliste : Il n'y a pas un
risque de l'ouvrir, cet accord-là?
M. Nadeau-Dubois : Nous, on
pense qu'avec un gouvernement qui se tient debout, avec un gouvernement qui
fait son travail face à Ottawa, c'est possible d'aller chercher des gains. C'est
la proposition que mon collègue a faite.
Journaliste : ...le PQ
relance l'idée, ce matin. Vous êtes d'accord?
M. Nadeau-Dubois : Mon
collègue, Vincent, avait fait une proposition similaire, M. Plamondon la
renouvelle ce matin. On s'est parlé, d'ailleurs.
Journaliste : ...
M. Nadeau-Dubois : Bien, on
va voir la réponse du gouvernement. C'est quand même... Ce n'est pas un détail
dans ce dossier-là. Mais, ce que j'ai dit à M. Plamondon, c'est qu'on
était ouverts dans la mesure où ça faisait aussi partie de nos propositions,
là.
Journaliste : M. Fitzgibbon
réitère qu'il y a trop de voitures au Québec. Par exemple, il donne l'exemple
de Montréal, que, les fins de semaine, c'est trop, refuse encore... il comprend
son gouvernement qui refuse de mettre un malus, un peu comme vous l'aviez
proposé durant la dernière campagne électorale, mais il jette ça dans la cour
des municipalités en disant : Les municipalités devront réagir. Est-ce que
c'est aux municipalités de gérer ça?
M. Nadeau-Dubois : Bien, sur
la question du transport, la CAQ, c'est des grands parleurs, petits faiseurs,
hein? Parce qu'ils disent : Ah! il y a trop de voitures au Québec, mais
combien de projets de transport collectif ont-ils démarrés en cinq ans? Zéro.
Si on veut que les Québécois et
Québécoises changent leurs habitudes, puis les Québécois et Québécoises, là,
ils veulent changer leurs habitudes, qu'est-ce qu'il faut faire? Donner des
alternatives aux gens, leur donner des options de transport collectif, de
transport actif. On ne peut pas donner une entrevue, se plaindre qu'il y a donc
bien trop de chars au Québec, mais, à côté, ne démarrer aucun nouveau projet de
transport collectif en cinq ans.
Moi, les Québécois et Québécoises, là, que
je les rencontre en ville, en région ou en banlieue, ils me disent la même
chose : On aimerait ça faire notre part pour l'environnement, on veut
faire notre part, mais, si le gouvernement ne nous donne pas d'option, on
n'aura pas le choix de continuer à prendre notre véhicule.
Ça fait qu'au lieu de faire des entrevues
puis de lancer des slogans, il devrait parler à sa ministre, à sa collègue au
ministère des Transports, puis s'assurer qu'on développe du transport en commun
au Québec.
Journaliste : Mais est-ce que
c'est aux municipalités de taxer les véhicules polluants?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
c'est-à-dire, là les municipalités se sont fait donner certaines
responsabilités tout récemment par la CAQ, puis elles vont se gouverner avec
ces nouveaux pouvoirs-là, selon le mandat démocratique qu'elles vont obtenir de
leurs...
Journaliste : Mais est-ce que
c'est à eux de faire ça?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
moi... nous... bien, on ne s'oppose pas à ce que le gouvernement donne des
possibilités de financement supplémentaires aux municipalités. Mais nous, on
pense que la responsabilité de faire la transition écologique au Québec,
notamment en matière de transport, ça doit partir d'en haut, pas pour imposer
des solutions, mais pour amener une direction puis un leadership. Puis le
premier point, c'est donner des alternatives de transport aux gens.
Journaliste : Mais comprenez-vous
pourquoi il n'y a toujours pas de stratégie sur le caribou au Québec?
M. Nadeau-Dubois : Non. Mais
c'est un dossier que ma collègue Alejandra, responsable en matière de faune,
suit plus attentivement que moi.
Journaliste : O.K.
Pouvez-vous m'expliquer pourquoi vous avez voté pour la motion, la semaine
dernière, sur la Cour suprême et les femmes? Pourquoi vous avez voté en faveur
de cette motion-là?
M. Nadeau-Dubois : D'abord...
Journaliste : Est-ce que vous
aviez vu le jugement?
M. Nadeau-Dubois : ...important
de préciser que moi, je n'étais pas à l'Assemblée nationale jeudi matin.
Des voix : ...
Journaliste : Vous auriez
voté contre?
Journaliste : Vous auriez
changé de vote?
M. Nadeau-Dubois : C'est
parce que la prémisse de la question, c'est : Pourquoi vous avez voté.
Mme Ghazal : Elle a dit
«vous», «vous».
Journaliste : ...
M. Nadeau-Dubois : Ah! comme
groupe. Bien, c'est parce que...
Journaliste : ...
M. Nadeau-Dubois : Oui, bien
sûr, mais...
Journaliste : ...Québec
solidaire...
M. Nadeau-Dubois : Exact,
voilà. Bien, il faut savoir que ces motions-là, on les reçoit quelques minutes,
quelques... le matin même, là, avant la période des questions. On a peu de
temps pour les analyser. On a fait le plus de vérifications qu'on avait le
temps de faire dans les quelques temps qu'on a entre la réception de la motion
et le vote. Et ce qui était important pour nous, c'était de ne pas laisser
d'ambiguïté sur le fait qu'on n'est pas en faveur de l'invisibilisation des
femmes, mais le... Puis d'ailleurs, je vous souligne qu'on était le seul parti
à ne pas présenter conjointement la motion, hein, notamment parce qu'on avait
le sentiment qu'on n'avait pas eu le temps de faire toutes les vérifications
nécessaires. La CAQ fait souvent ça, la CAQ fait souvent ça, lancer des motions
très rapidement sur des enjeux complexes. Les partis d'opposition n'ont pas
toujours le temps de faire des vérifications. Et ce qu'on veut, c'est s'assurer
de ne pas envoyer de mauvais messages, puis bloquer la motion aurait envoyé le
message qu'on est d'accord avec le fait d'invisibiliser les femmes, puis c'est
un message qu'on ne voulait pas envoyer.
Journaliste : Mais sans la
bloquer, vous auriez pu vous abstenir puis dire : Bien, on voulait
vérifier avant. Vous ne l'avez pas fait.
M. Nadeau-Dubois : C'est toujours
une option qui est sur la table pour les différentes formations politiques.
Journaliste : Qu'est-ce que
vous pensez de la lecture que fait le gouvernement de ce jugement-là de la Cour
suprême?
M. Nadeau-Dubois : Bien, moi,
ce que je constate avec le recul, c'est que c'est allé beaucoup trop vite jeudi
dernier, puis peut-être qu'on a tous et toutes à prendre des notes sur la
manière dont on présente des motions quand ce sont sur des sujets... quand
c'est sur des sujets aussi complexes que ceux-là.
Journaliste : ...la lumière
sur comment ça se passe en coulisses pour présenter ces motions-là. Je me mets
à la place des gens qui, peut-être, nous écoutent, et peut-être qu'ils vont se :
Finalement, les motions de l'Assemblée nationale, là, quand les élus du peuple
parlent d'une même voix, qu'est-ce que ça vaut?
M. Nadeau-Dubois : Je pense
qu'il faut faire attention à ne pas mettre tout ça dans le même panier.
D'abord, ça arrive régulièrement, quand même, qu'il y a des échanges en amont,
là, sur le texte des motions, hein? Ça ne se fait pas toujours le matin même. Quand
les sujets sont plus sensibles, quand ils sont plus complexes, souvent, il y a
des échanges. J'ai été longtemps leader parlementaire, là, ça arrive quand même
assez régulièrement qu'il y a des échanges de plusieurs jours avant les
formations politiques...
Journaliste : Vous avez quand
même dit que la CAQ fait souvent ça.
M. Nadeau-Dubois : Oui, bien,
je remarque que, depuis le début de la législature, c'est arrivé quelquefois
qu'il y a des motions qui arrivent le matin, sur des sujets qui sont complexes.
Il y a eu la question des peines minimales récemment. Je veux dire, c'est des
enjeux juridiques, techniques, où on met de la pression sur les partis d'opposition
pour se positionner très, très rapidement. Est-ce que c'est la meilleure
manière de prendre des décisions? Pas toujours. En même temps, il y a aussi des
fois où les motions sont sur des enjeux plus... moins complexes, moins
techniques. On fait des motions pour souligner le décès de... bien,
souligner... souligner la contribution de personnes qui sont décédées, pour
souligner des journées commémoratives. Tu sais, il y a plein de motions où je
pense où ça va bien, mais je pense que ce qui s'est passé jeudi dernier, ça
pose des questions.
Journaliste : Est-ce que
votre leader manque de mordant? Est-ce qu'il fait bien son travail, votre
leader?
M. Nadeau-Dubois : Non, non, on
est très satisfait de notre équipe, là.
Journaliste : Pourquoi ça ne
pouvait pas attendre au lendemain?
M. Nadeau-Dubois : Bien, pour
ça, il faut demander au gouvernement.
Journaliste : Non, mais vous,
vous ne pouvez pas demander de retarder d'une journée?
M. Nadeau-Dubois : Non. Bien,
c'est-à-dire qu'on peut demander, mais à partir du moment où le gouvernement
nous envoie sa motion, ça veut dire que c'est elle qu'ils vont présenter, là.
On n'a pas de pouvoir d'empêcher le gouvernement, si c'est ça votre question, sauf
de bloquer la motion.
Journaliste : Donc, vous
n'avez pas eu le temps de lire le jugement avant de voter sur la motion. à
Québec solidaire, vous n'avez pas eu le temps de lire le jugement.
M. Nadeau-Dubois : Nos
équipes ont fait l'analyse du jugement, dans la mesure où ils étaient capables
de le faire, avec les minutes qu'ils avaient. Ils ont fait le plus d'analyses
possible, mais c'est un jugement qui est touffu. La période de questions
commence à 10 heures, donc ça ne laisse pas beaucoup de temps. Mais, oui,
il y a quand même un travail... le travail qu'on avait le temps de faire a été
fait.
Journaliste : ...vous
craignez de payer un prix politique en ne vous associant pas à cette motion...
M. Nadeau-Dubois : C'est sûr
qu'il y a tout un jeu politique autour de ces motions-là, tout le monde le
sait, c'est un secret de polichinelle. Nous, ce qu'on tente de faire, c'est de
prendre la meilleure décision possible, mais on la prend dans des circonstances
qui ne sont pas évidentes. Puis espérons-le que ça fasse réfléchir tout le
monde, ce qui s'est passé jeudi.
Journaliste : À votre avis,
là, en termes de pourcentage, là, quel est le pourcentage de députés qui font
des recherches eux-mêmes pour savoir si les motions sur lesquelles ils votent
sont correctes? À votre avis, là?
M. Nadeau-Dubois : Ça,
écoutez, je ne me lancerai pas dans cet exercice d'estimation à la volée. Nous,
on en discute en groupe, en caucus, le matin. On échange, on est... on a des
équipes de recherche qui font des recherches pour nous. Mais je ne me lancerai
pas dans une estimation pour ce qui est de tous les députés de l'Assemblée
nationale.
La Modératrice : Questions en
anglais.
Journaliste : On the immigration front, the fact that Mr. Paul St-Pierre Plamondon
invites you to all go, the Conservatives, the CAQ and the QS, to all go to
Ottawa, to the parliament, what will this change or what could this change?
M. Nadeau-Dubois : Well, one thing is sure, we need in Quebec more money to make sure that
dental care is accessible to everyone, and we don't want to have like a double
program that's going to be complicated for everyone. That's why we need the
money in Québec to expand the Québec coverage of dental care and of
medication. We also need all of our powers in immigration to build a better Québec for everyone, including immigrant
persons. So, we think we should try harder to get those powers from Ottawa.
But, of course, we don't agree with Mr. Plamondon and Mr. Legault on the
overall position on immigration, but on the specific fact to have more powers,
we agree, and we are ready to work with the other political parties.
Journaliste :
Who would you talk to up there?
M.
Nadeau-Dubois :
Well, that would be discussed with the other political parties while
going there, but I think all political parties in Ottawa need to be... how do
you say «sensibiliser»?
Journaliste :
Made aware...
M.
Nadeau-Dubois :
...made aware of the fact that Québec needs its money to expand the dental care coverage and the
medication coverage in Québec.
And we need all powers to have a good system of immigration for everyone in Québec.
Journaliste :
So you want to cut the temporary
immigration? Is it where you have...
M.
Nadeau-Dubois :
Well, we've been saying for saying for years now that the
disorganized explosion of temporary immigration is a bad model for Québec, especially when we have artificially
reduced the levels of permanent immigration in Québec. We were criticizing that in 2021 when the Government of Québec decided
to open the valve to a very high number of temporary workers that are often in situations of exploitation. So, we've been
saying that for years now, but we think it's possible to welcome people in Québec. We don't think immigration is a
threat to the Québec nation.
Journaliste
: But Québec could
control all the selection certificates for the...
M.
Nadeau-Dubois : Well, already, Mr. Legault
could do more to make our immigration system work. Mr. Legault keeps pointing
the finger at Mr. Trudeau for the explosion of temporary immigration in Québec, but he is one of the architects
himself of that new immigration system when we have historical low levels of
permanent immigration, but, in parallel with that, an unbelievable explosion of
temporary immigration, which is a bad model of immigration for the immigrants
themselves because it's a temporary and precarious status and for Québec itself. People all across our regions
want a good, regionalized immigration that is there to build the community in
the future, not temporary workers that are suspended from really integrating in
the society because of the temporary status.
Journaliste
: What do you think of Mr. Tanguay's request to Mr. Legault to
present a credible plan to balance the books before summer?
M.
Nadeau-Dubois : Well, the books will have to
be balanced, that's for sure. But I hope that Mr. Tanguay's not asking for an
austerity plan. That would not be out of character for the Liberal Party, they
were the champions of austerity in Québec. So, if Mr. Tanguay is asking for a long-term vision to have good
public finances in Québec, I
agree with him. If he's asking for an austerity plan, I completely disagree
with him. But I'm not surprised by his demand.
Journaliste
: One last question. For Prime Minister Brian Mulroney... in Ottawa, was Mr. Mulroney a source of inspiration somehow for you?
M.
Nadeau-Dubois : Well, we... Québec solidaire had deep disagreements on
some aspects, of course, with Mr. Mulroney, but there are some things in his
heritage that did inspire us. His political courage in front of the system of
apartheid in South Africa is certainly something we should be proud of. And in
our troubled times today, I think that kind of political courage should inspire
everyone.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
Mme Ghazal : Merci.
(Fin à 11 h 27)