(Onze heures quinze minutes)
M. Derraji : Bonjour, tout le
monde. Écoutez, vu l'état des finances publiques, vu l'état des... du déficit
historique que nous avons devant nous aujourd'hui, 11 milliards de
dollars... Et je tiens à rappeler que, pas plus loin que l'automne dernier,
novembre dernier, lors de la mise à jour économique, le ministre des Finances a
annoncé un déficit de 3 milliards. Quelques mois plus tard, nous sommes
devant un déficit historique de 11 milliards. Vu tout ce constat, au Parti
libéral du Québec, on demande aujourd'hui l'instauration d'un directeur
parlementaire du budget. Ce directeur parlementaire du budget va lever les
drapeaux rouges en temps opportun et non pas laisser aller la CAQ avec des
dépenses sans limites, sans avoir un photoradar. Donc, s'il y a des
dépassements, ou des infractions, ou des dépassements dans des dépenses non
contrôlées par le gouvernement de la CAQ, au moins le directeur parlementaire
du budget va nous informer. Il va être responsable de l'émission de plusieurs
rapports qu'on lui demande. C'est le cas ailleurs. C'est le cas en Ontario.
C'est le cas aux États-Unis. C'est aussi le cas en Australie et au niveau
fédéral.
Donc, ce qu'on demande concrètement
aujourd'hui, c'est le contrôle parlementaire des finances publiques et des
prévisions budgétaires du gouvernement. On demande aussi à ce que ce directeur
parlementaire puisse produire un rapport sur l'équité intergénérationnelle. Ce
qu'on voit aujourd'hui, avec un déficit de 11 milliards et surtout
l'absence d'un plan de retour à l'équilibre budgétaire, risque d'hypothéquer
les générations futures. Et en date d'aujourd'hui, avec ce que la CAQ a fait
avec le Fonds des générations, avec la dette qu'on a aujourd'hui, on n'a aucun
rapport sur l'équité... intergénérationnelle, qui est une valeur au Parti
libéral.
Donc, ce qu'on demande aussi, c'est que ce
directeur parlementaire du budget va produire, à la demande d'un député, un
rapport sur l'incidence financière pour le gouvernement d'une dépense projetée
ou du coût d'une mesure proposée. Donc, en quelque sorte, c'est... ce bureau et
cette personne va être la source en termes de coûts et en termes de dépenses
pour l'ensemble des élus. Ce directeur parlementaire du budget, il est là pour
guider François Legault à court terme, parce qu'il s'en va vers le mur avec ce
déficit historique, mais aussi guider les prochains gouvernements, peu importe
la couleur politique.
À l'intérieur du Parlement maintenant, il
y a un consensus, ça date depuis très longtemps. Le Parti québécois a déjà
déposé un projet de loi. Québec solidaire a déjà déposé un projet de loi. La
CAQ, ils ont déposé deux fois presque le même projet de loi par rapport au
directeur parlementaire du budget. Aujourd'hui, même le leader du gouvernement
nous a informés que la proposition qu'on vient de faire était dans sa réforme
parlementaire. Maintenant, je demande officiellement au leader du gouvernement
de préparer sa liste de groupes, qu'on entame les discussions, qu'on entame les
échanges, parce qu'on ne peut pas continuer à gérer les finances publiques
comme ça. C'est sûr que les générations futures paieront le prix, et ce qu'on
veut, c'est s'assurer d'avoir un photoradar pour éviter des dépassements et des
déficits historiques, comme ce fut le cas avec le dernier budget. Merci.
Journaliste : Votre degré de
confiance, M. Derraji, avec la réaction justement de
M. Jolin-Barrette à ce que tout ça aille de l'avant dans le contexte aussi
où, comme vous le dites, il y a un consensus parlementaire, votre degré de
confiance.
M. Derraji : Bien, je suis
quand même confiant, parce que le consensus, il est là, et aujourd'hui j'offre
une solution à M. Legault. M. Legault, son ministre des Finances
s'est trompé, pas de 1 milliard, pas de 2 milliards, pas de
3 milliards, il s'est trompé de 8 milliards. Au mois de novembre
dernier, il nous a dit clairement : Le déficit est de 3 milliards.
Aujourd'hui, le déficit est de 11 milliards. Donc, on ne peut pas
continuer à gérer à la petite semaine. Ce qu'on a besoin, c'est quelqu'un
indépendant. En temps opportun, il va nous dire : On s'en va vers le mur,
cette mesure est très coûteuse, on ne peut pas utiliser l'argent des
contribuables. Maintenant, si le gouvernement veut aller de l'avant, malgré la
remarque du directeur parlementaire du budget, ils paieront le prix, et ça va
être un prix politique.
Journaliste : Avez-vous
l'impression que les partis politiques sont plus enclins à aller avec un
directeur comme ça quand ils sont dans l'opposition, Lorsqu'ils sont au
gouvernement, ils sont moins chauds à cette idée-là?
M. Derraji : Le contexte a
beaucoup changé. J'ai entendu pas mal cette question. Nous sommes en 2024, avec
un déficit historique de 11 milliards. Sachant que ce gouvernement, qui
gère très mal les finances publiques, a hérité un surplus de 7 milliards.
Donc, prenez juste un pas de recul. Ils ont hérité de 7 milliards. Le
ministre des Finances nous annonce, au mois de novembre dernier, que le déficit
est de 3 milliards, on se ramasse avec 11 milliards. Sachant
qu'autour de la table, il y a des gens, des experts en finances, est-ce qu'on
peut continuer à faire confiance au gouvernement de laisser la gestion de
l'argent public, l'argent des contribuables... à continuer de fonctionner de la
même façon? Je pense que non. Et le temps, il est opportun. Le consensus, il
est là. Tous les... Vous venez de le dire : Tous les partis, ils ont déposé
un projet de loi. Le projet de loi, ce qu'on vient de déposer, il est complet
parce qu'aucun... aucune formation politique n'a parlé d'un rapport sur
l'équité intergénérationnelle. Ce qu'on vient de voir aujourd'hui avec les
11 milliards, c'est sûr qu'il va y avoir un impact sur les générations
futures.
Journaliste : Dernière
question, pour ma part. J'ai vu que vous avez fait une demande d'accès à
l'info, la recommandation du ministère des Finances, belle page caviardée.
Pourquoi, d'après vous?
M. Derraji : C'est des
hypothèses. Probablement que le ministère recommande la mise en place d'un
directeur parlementaire du budget, et je présume que c'est ça. Pourquoi? Parce
que le leader du gouvernement aujourd'hui a lui-même mentionné que ça faisait
partie de sa réforme. Donc, le fait... Si ça a été négatif, je ne pense pas que
le ministère des Finances va caviarder. Ils l'ont caviardé, parce que,
probablement, la recommandation, elle est positive. L'autre chose, c'est
l'enjeu de la main-d'oeuvre. Donc, est-ce qu'on a un problème? Pourquoi ils ont
caviardé aussi cet aspect?
Donc, j'invite le gouvernement à revenir à
la raison. Ce directeur parlementaire va aider en premier le gouvernement
caquiste, qui a perdu la boussole du contrôle des finances publiques,
clairement ils l'ont perdue, et ça va aider aussi surtout, surtout les
Québécoises et les Québécois, qui vont savoir : Est-ce que leur argent est
bien géré? C'est ce que les Québécois nous demandent, de bien gérer leur
argent. Merci.
(Fin à 11 h 21)