(Onze heures vingt minutes)
M. Tanguay : Bon matin à tous
et à toutes. Ce matin, évidemment, c'est jour du budget, le sixième budget de
François Legault. Les Québécois, après cinq ans, dans la sixième année de
gouvernement de François Legault, sont doublement perdants. Ils sont perdants
parce qu'il y a une perte de contrôle évidente des finances publiques, on va
ajouter encore une fois à la dette et au nombre d'années déficitaires, donc
perte de contrôle des finances publiques, et également, les Québécoises et
Québécois n'ont pas les services fondamentaux et essentiels auxquels ils
auraient droit de s'attendre.
Alors, l'Institut du Québec l'a, entre
autres, mentionné hier, le Québec est face à un impératif de croissance
économique. Pour nous, le Parti libéral du Québec, parti de l'économie, nous
devons créer la richesse. Après ça, nous pouvons la redistribuer.
Nos attentes, on l'a dit :
augmenter... Il y a trois attentes, de façon prioritaire : augmenter la
productivité de nos entreprises, donc produire, la deuxième attente,
évidemment, il faut augmenter la construction d'habitations, de logements
résidentiels, il faut construire, et nous devons favoriser le retour de parents
sur le marché du travail, au premier titre les mères, les femmes, en
convertissant 15 000 places qui sont dans le privé, non subventionnées,
en places subventionnées. Alors, il faut convertir. Alors, pour nous, le Parti
libéral du Québec, les priorités sont claires, il faut produire, construire et
convertir.
Mais, malheureusement, on a un
gouvernement qui, dans sa sixième année, dans son sixième budget, est incapable
de faire cela. Alors, on posera les questions, on va continuer de proposer, et notamment,
en habitation. Et là-dessus, je vais céder la parole immédiatement à ma
collègue Virginie Dufour.
Mme Dufour : Merci. Alors, le
budget, aujourd'hui, c'est... pour la CAQ, c'est une opportunité d'enfin livrer
des résultats. Parce qu'en logement malheureusement ce n'est pas le cas, le
gouvernement s'est traîné les pieds trop longtemps, et, l'an dernier, on a vu
les résultats : seulement 38 000 mises en chantier. C'est trop
peu. On aurait dû viser au moins 150 000 unités pour retourner à un
équilibre sur le marché. Alors, on est très, très loin du compte.
On a fait des propositions à cet effet-là
et on les réitère aujourd'hui. On veut le retrait de la taxe de vente du Québec
sur les matériaux de construction. L'Ontario l'a fait. Il faut aller de l'avant,
parce que maintenant, les capitaux fuient vers l'Ontario parce que c'est rendu
moins cher, construire là-bas, qu'ici. On a aussi... On entend dire que les
délais d'émission de permis sont un frein pour plusieurs projets. Alors, il
faut aider les municipalités à réduire ces délais-là. Et c'est pour ça qu'on
voudrait qu'il y ait des sommes qui soient dédiées à atteindre... à aider les
municipalités à atteindre ces cibles-là, des cibles de réduction d'émission de
permis, mais que les sommes soient investies dans les infrastructures
municipales, qui, elles, ont besoin de soutenir le développement résidentiel.
Et donc, je l'ai dit, le gouvernement s'est
traîné les pieds. Malheureusement, on a perdu six ans avec la CAQ. Alors, c'est
maintenant le temps d'agir, et on espère que ce sera avec le budget qu'on verra
cet après-midi. Merci.
Journaliste : Vous parlez de
construire. Vous avez probablement vu, donc, cette étude commandée par l'Inter
qui indique que la réforme de la construction du gouvernement, là, risque
finalement de nuire à la performance de l'industrie. Est-ce que M. Boulet doit
rectifier le tir?
M. Tanguay : Bien, j'entends
que, le projet de loi, on va commencer son étude. Alors, on va commencer à
travailler dessus, notre collègue Madwa-Nika Cadet, qui a fait ses devoirs, qui
a rencontré les différents groupes, tant du côté patronal que du côté,
évidemment, des syndicats, entre autres les constructeurs du Québec.
Bien, nous, on a des objectifs
d'augmenter. Qu'est-ce que l'on va faire? Ça nous prend, au Québec, ça nous
prend, avec le projet de loi n° 51, dont l'étude débute, une véritable
réforme de la construction, une véritable, pas une réformette, là.
Malheureusement, ce qu'on voit là-dedans, il y a beaucoup de questions à poser.
On va travailler en toute bonne foi pour rendre ça plus costaud. Mais
l'objectif est clair, il faut augmenter la flexibilité pour ultimement
augmenter la productivité. Au Québec, on a besoin de construire, là.
Journaliste : Donc, le projet
de loi ne va pas assez loin?
M. Tanguay : Pas assez loin.
Et nous allons déposer... Encore une fois, on va y aller article par article.
Madwa-Nika Cadet sera là, elle va faire des... elle va faire des propositions.
Mais on peut voir que le projet de loi doit aller plus loin. Ça doit être
réellement une réforme qui soit... qui donne des résultats sur le terrain en
termes, entre autres, de productivité.
Journaliste : Vous pensez
quoi des syndicats qui sont assez réfractaires aux changements...
M. Tanguay : Bien, je pense
qu'il faut s'entendre. Vous savez, il faut s'entendre avec les syndicats. Ce
sont eux qui vivent sur le terrain. Ce sont elles et eux qui ont le marteau
dans les mains, puis qui cognent sur le clou, puis qui font bâtir, entre
autres, ce que l'on demande comme priorité, les habitations résidentielles.
Alors, il faut travailler avec les travailleurs. Comment ça peut être un
gagnant-gagnant? Il y a moyen d'avoir une réforme qui augmente la flexibilité,
mais que ce soit aussi quelque chose d'intéressant pour les travailleurs. Ça peut
être intéressant.
Journaliste : ...revenir sur
le budget. Juste avant vous, Québec solidaire pointait encore une fois du doigt
surtout les baisses d'impôt que le gouvernement Legault a accordées l'été
dernier. Est-ce que c'est une erreur que le gouvernement a faite?
M. Tanguay : Non. Nous, on
l'avait proposé en 2022. Les nombreuses autres erreurs qui font en sorte
qu'aujourd'hui il n'a pas de marge de manœuvre sont, entre autres, le chèque
électoraliste de 6,7 milliards. Rappelez-vous, en 2018, le gouvernement
libéral lui avait laissé 7 milliards. Il a dilapidé les fonds publics.
Quand on parle... écoutez, quand on parle
des Espaces bleus, on lui avait dit que c'était... c'était un éléphant blanc
qu'il était en train de construire. Ce n'est pas... ce n'était pas un éléphant
bleu, c'était un éléphant blanc, les Espaces bleus. On se tue à lui dire, il
n'a jamais voulu entendre raison. Et là on voit le résultat, il a dû abandonner
ça. Également, les sommes d'argent, qu'il décide de faire... Lorsque l'on a,
entre autres, les CHSLD, les maisons des aînés, il met des centaines et des
centaines et des centaines de millions là-dedans. On est au-dessus du milliard,
pour 1 400 places, dont 400 qui sont inoccupées.
Mon point : Au-delà des baisses
d'impôt, pour lesquelles nous étions en faveur, François Legault a par ailleurs
mangé, grugé, dilapidé la marge de manœuvre financière. Puis aujourd'hui...
Rappelez-vous ce qu'il nous disait à la mise à jour économique. Aïe! Il faut le
faire, là. On trouvait que Nicolas Marceau, du PQ... lui-même l'avait dit,
qu'il n'avait pas été bon. Eric Girard, il n'a pas été bon. En novembre
dernier, mise à jour économique, il disait, Eric Girard : Écoutez, on
maintient le cap. Wow! Moins de trois mois après, il n'y en avait plus de
maintien... «on maintient le cap».
Et là on va voir l'ampleur du dégât. Nous
allons voir après-midi l'ampleur du dégât de la mauvaise gestion de François
Legault, à combien se chiffre le déficit, à quand sera le retour à l'équilibre
budgétaire. Et, pendant ce temps-là, les Québécoises et Québécois n'ont pas les
services essentiels.
Journaliste : ...l'équilibre
budgétaire, selon les libéraux?
M. Tanguay : Écoutez,
demandez-moi pas ce matin de ramasser la soue à cochons de François Legault.
C'est lui qui va nous le dire.
Journaliste : ...prendre le
pouvoir éventuellement, vous allez devoir le faire?
M. Tanguay : Tout à fait.
Tout à fait. Bien, ça prend...
Journaliste : Donc, si vous
avez le pouvoir, combien de temps vous vous donnez pour atteindre...
Journaliste : On entend 2030,
par exemple. Est-ce que 2030, donc, ça vous apparaît une cible qui est
correcte?
M. Tanguay : Bien, écoutez,
on va... on va... on va voir l'ampleur du dégât. C'est le résultat de cinq
années révolues. Il est dans sa sixième année, c'est leur sixième budget.
Alors, il dit : On n'en a plus, d'argent. Il y a toutes ces décisions-là
dont je vous ai fait mention, là, on ne les aurait pas... puis je vous fais...
je vous fais grâce des Kings à 7 millions, nous aurions géré de façon plus
rigoureuse, plus responsable. Alors, il y aura une échéance électorale, vous
faites bien de le rappeler. On a hâte au 5 octobre 2026. On aura eu notre
course à la chefferie. On aura une nouvelle personne à la tête du Parti libéral
du Québec. Il y aura un an et demi pour concrètement dire : Voici c'est
quoi, notre plan financier, puis c'est quoi, nos propositions. Et le Parti
libéral du Québec sera, à ce moment-là, l'alternative.
Journaliste : Pour relancer
l'économie, est-ce que ça prend des grands projets? Là, je voyais votre
collègue, ce matin, Marwah Rizqy, qui reproche au gouvernement d'être incapable
de mener à terme de grands projets. Est-ce que la relance de l'économie, donc,
ça passe par ça, des...
M. Tanguay : Oui, ça passe
par ça puis ça passe par l'aide aux plus petits projets, qui sont non moins
importants, qui sont nos PME, qui sont 95 % plus de nos entreprises, nos
petites et moyennes entreprises. Alors, parler des grands projets,
certainement.
Le tramway, on n'arrête pas de le lire à
tous les jours, le tramway est un système, un moyen de transport structurant
pour notre capitale nationale, qui fait en sorte que, s'il était mis de
l'avant... s'il avait été mis de l'avant, vous auriez eu, entre autres, un
impact sur les habitations. On parle de centaines de millions de dollars, des
centaines et des centaines, pour ne pas dire des milliers de nouvelles
habitations de logement qui se seraient développées autour du projet de
tramway. Alors, les grands projets, force économique des Québécoises et
Québécois, notamment dans la Capitale-Nationale. Ce n'est pas des farces, la Capitale-Nationale
est... elle est bonne dernière, dans les grandes villes canadiennes, avec
-4 % de décroissance économique. C'est du jamais-vu. Et aussi... donc,
grands projets et aussi les PME, soutenir notre économie.
Pierre Fitzgibbon est taxé uniquement...
Il a eu une... une fixation sur des gros deals. Pendant ce temps-là, il oublie
qu'il est ministre du Développement économique régional. Il ne s'occupe pas
assez, parce que c'est du détail pour lui, de nos PME puis de nos régions.
Journaliste : Vous parlez de
croissance... de décroissance économique dans le cas de la Capitale-Nationale.
M. Legault, ce matin, en lien avec le retour éventuel à l'équilibre budgétaire,
a dit que, bon, il y avait deux voies à emprunter, c'est-à-dire la croissance
économique et aussi la réduction des dépenses inefficaces et de la
bureaucratie. Est-ce qu'on peut faire encore mieux auprès de l'État québécois
pour réduire la bureaucratie et couper dans les dépenses inutiles?
M. Tanguay : Oui, oui. Puis
je vais vous rappeler ce que François Legault avait promis. Encore une fois,
François Legault, que vaut la parole de François Legault? Selon nous, pas
grand-chose. Pour ce qui est... Ce matin, il nous... il nous ressort sa
promesse, semble-t-il, électorale de 2018, quand il disait : Moi, je vais
couper 5 000 postes dans la fonction publique, puis c'est le
contraire qu'on a vu dans les cinq dernières années.
Alors, François Legault peut bien
promettre, promettre encore aujourd'hui. Là, là, il lui reste trois budgets à
son mandat. On lui demande de se ressaisir sur l'habitation, sur la
productivité de nos PME, sur les places en services de garde.
Et, en ce sens-là, François Legault, c'est
toujours à venir. Avez-vous vu ça? La marque de commerce de ce gouvernement-là,
là, ils me font penser à un vieux record de la Bolduc : Ça va venir, ça
va venir, découragez-vous pas, l'Agence santé va régler ça, Transport
Québec va régler ça, François Legault va régler ça. Bien, je veux dire, la
chanson, elle est usée, puis les résultats ne sont pas là.
Journaliste : J'aimerais vous
entendre. Je vous ramène évidemment à la chefferie. Donc, on a appris que M.
Lightbound, hier, n'allait pas se lancer. Je sais que vous allez me dire que
les candidatures s'en viennent, on va les avoir. Mais je veux savoir, parce
qu'il y a beaucoup de candidatures qui ont dit qu'elles étaient peut-être
intéressées et qui se sont désistées, ça donne quoi comme image, ça, le fait
qu'autant de candidats disent : Ah! peut-être, finalement, non?
M. Tanguay : Oui. Si vous
saviez le nombre de candidatures qui se disent intéressées, pas publiquement,
et qui ne se désistent pas.
Journaliste : ...
M. Tanguay : Vous aimeriez ça
que je vous en parle, hein? Mais je ne vous en parlerai pas parce que ce n'est
pas mon...
Journaliste : ...
M. Tanguay : Ah! oui. Puis, à
un moment donné, il y a un de vos collègues qui me disait : Plus d'une,
c'est quoi? Deux à cinq? Cinq à 10? Non, non. On ne fera pas ça ce matin.
Journaliste : ...la plus longue,
c'est le nombre de personnes qui ont dit : Je suis peut-être intéressée
puis je n'y vais pas, actuellement. Quelle image ça donne? Il y a... il y a des
gens qui laissent entendre que M. Lightbound n'a jamais été vraiment intéressé
à y aller.
M. Tanguay : Ah! bien, vous
lui poserez la question. Moi, chaque individu... Moi, j'ai fait ma réflexion
personnelle. J'ai décidé de servir le caucus et le parti comme chef intérimaire
et de ne pas y aller. Chose certaine, il y a plus d'une personne, puis là, ne
me demandez-moi pas un ordre de grandeur, mais, clairement, clairement, plus
qu'une personne qui est intéressée, qui n'est pas publique.
Puis moi, mon rôle n'est pas de commenter
ça. Honnêtement, la course à la chefferie va commencer fin 2024, début 2025,
et c'est là... j'ai tellement hâte, c'est là où, au départ, vous verrez qu'il y
aura plus d'une candidature intéressante.
Journaliste : Mais est-ce que
c'est une bonne chose qu'autant de gens s'y intéressent pour se désister? C'est
ça, ma question.
M. Tanguay : Ah! Bien, moi,
je ne le vois pas comme ça. Moi, je ne le vois pas comme ça. C'est normal que
des gens y réfléchissent, puis c'est normal que les gens expriment
publiquement, pour celles et ceux qui décident de ne pas y aller. C'est tout à
fait normal. Puis sachez une chose, je vous confirme qu'il y en a... il y en a
bien d'autres qui y pensent puis qui ne sont pas publics puis qui auront
l'occasion de prendre leur décision.
Journaliste : M. Tanguay,
vous avez peut-être vu, dans les pages du journal ce matin, qu'on a un autre
exemple de caviardage extrême.
M. Tanguay : Oui. Wow.
Journaliste : Cette fois-ci à
Investissement Québec. Vous pensez quoi de ce qu'on voit?
M. Tanguay : Là, je me
retiens, là. Je choisis mes qualificatifs. Je pense quoi? Ça prend...
Rappelez-vous encore une fois, que vaut la parole de François Legault? Pas
grand-chose. En octobre 2018, de mémoire, je pense, c'est le 17,
18 octobre, vous me corrigerez si j'ai tort, on avait Simon Jolin-Barrette
puis Geneviève Guilbault qui nous disaient : Nous vous... nous vous
promettons et vous aurez le gouvernement le plus transparent que vous n'avez
jamais vu.
À Investissement Québec, vous allez me
dire ce n'est pas comme tel l'État, mais c'est une société d'État, moi, je
m'attends à ce que le gouvernement dise à Investissement Québec : Ce sont
des fonds publics, vous devez donner l'information — on ne parle pas
d'avoir le nom de l'employé — le nom du fournisseur.
Je vous donne trois exemples qui m'ont frappé :
361 000 $ en repas, 645 000 $ en billets d'avion, ça voyage,
ils ont-tu une agence de voyages?, et 10 000 $, cadeaux de
reconnaissance, alors sûrement une personne qui le méritait, j'espère qu'elle a
eu du plaisir à le déballer. Mais là on aimerait ça, nous autres, déballer plus
de détails. Ça prend de la transparence, c'est de l'argent public.
Journaliste
: Merci.
M. Tanguay
: Merci
beaucoup.
(Fin à 11 h 34)