(Neuf heures quarante-sept minutes)
M. Legault : Oui.
Bonjour, tout le monde. Bien, écoutez, je veux revenir sur la situation
inquiétante qu'on vit avec les demandeurs d'asile. On est rendus à plus de 160 000 demandeurs
d'asile. Et il faut bien le spécifier, là, c'est la responsabilité du
gouvernement fédéral, les demandeurs d'asile. Et cette situation-là a un impact
sur le français qui est déjà fragile, entre autres dans la grande région de
Montréal, et sur les services publics, là. On a dû ouvrir l'équivalent de
plusieurs dizaines d'écoles pour les enfants des demandeurs d'asile, alors qu'il
nous manque de profs. On a évidemment beaucoup de pression sur le service...
sur les services en santé alors qu'il nous manque déjà d'infirmières. Puis,
évidemment, ça a un impact important sur le logement.
Donc, toute cette situation-là est due à l'inaction
du gouvernement fédéral. Puis il y a une urgence d'agir. S'ajoutent cette
semaine les services de garde subventionnés. La Cour d'appel, donc une cour
fédérale, vient nous dire, on est obligés de donner des services de garde
subventionnés aux demandeurs d'asile alors qu'on n'arrive déjà pas à en donner
aux citoyens québécois. Puis là j'ai été tellement surpris, estomaqué, ce
matin, le chef du Parti québécois vient dire qu'il ne supporte pas le
gouvernement du Québec. Donc, il fait plus confiance à une Cour fédérale pour
décider si le gouvernement du Québec doit ou non offrir des services de garde
subventionnés. Je rappelle que cette décision-là venait du Parti libéral du
Québec en 2018. Donc, c'est rendu que le chef du PQ, Paul St-Pierre
Plamondon est en dessous du Parti libéral du Québec avec le gouvernement
fédéral, c'est incompréhensible.
Maintenant, je demande au gouvernement
fédéral d'abord de remettre en place les visas pour les Mexicains. On le sait,
une partie importante des demandeurs d'asile qui arrivent à l'aéroport Trudeau,
ce sont des Mexicains. Il faut remettre en place les visas le plus rapidement
possible. Je demande aussi à M. Trudeau de revoir la distribution des
demandeurs d'asile, un peu comme on l'a fait quand on avait le problème avec le
chemin Roxham, c'est-à-dire de s'assurer qu'une proportion moins grande des
demandeurs d'asile soit au Québec. Actuellement, on a 55 % des demandeurs
d'asile du Canada, alors que le Québec représente 22 % de la population
canadienne. Donc, le gouvernement fédéral a le pouvoir d'agir. C'est M. Trudeau
et son équipe qui a le pouvoir d'agir, et je vais le rencontrer dans les
prochaines semaines. Mais M. Trudeau a une responsabilité d'agir actuellement,
ça a des impacts et sur le français et sur les services publics.
Journaliste : M. Rodriguez a
dit que vous receviez 775 millions de dollars par année avec l'Accord
Québec-Canada. Reconnaissez-vous que ça couvre quand même une bonne partie des
frais que vous réclamez?
M. Legault : Pas du tout. M.
Rodriguez mélange deux choses, le 775 millions, c'est pour les immigrants
réguliers, mais là, on a 160 000 demandeurs d'asile. Donc, c'est vraiment
une situation qui est exceptionnelle, qui exige, d'abord, d'agir, parce qu'on
n'arrive plus à donner les services, mais aussi d'être compensés
financièrement.
Journaliste : Sur les
services de garde, justement, est-ce que vous jugez, donc, qu'il faut réserver
les services de garde subventionnés, les CPE aux enfants des Québécois?
M. Legault : Bien, c'est ce
que le Parti libéral du Québec avait décidé en 2018. Moi, je pense que
tant qu'on n'est pas capable d'offrir les services de garde à tous les
Québécois, et je parle bien de services de garde subventionnés, là, bien, on
doit d'abord les offrir aux citoyens québécois. Puis je n'en reviens pas de
voir M. St-Pierre Plamondon dire qu'il veut laisser une cour fédérale décider à
notre place.
Journaliste : En attendant la
décision de la cour, M. Legault, la ministre Roy nous a dit ce matin que les
enfants de demandeurs d'asile vont pouvoir aller dans les garderies subventionnées.
Est-ce que ça vous embête, ça?
M. Legault : Bien non, mais
quand il y en a, des places de disponibles, c'est parfait, on souhaite offrir
tous les services : éducation, santé, aide sociale, garderie. Mais,
actuellement, là, tout le monde le sait, il manque malheureusement de places,
on est en train de réduire. Il nous en manque à peu près 37 000 places
pour bien servir les Québécois qui sont citoyens...
Journaliste : ...la situation.
M. Legault : Bien, écoutez,
même le Parti libéral le disait en 2018, à un moment donné, oui, l'école, oui,
la santé, mais les garderies subventionnées, c'est un beau programme qu'on n'a
pas fini, que les gouvernements successifs n'ont pas fini de mettre en place
pour les citoyens. Donc, une question de gros bon sens.
Journaliste : Le
12 mars, est-ce que les Québécois doivent s'attendre à de mauvaises
surprises?
M. Legault : Bien, écoutez,
je l'ai dit clairement dimanche, on a fait le choix d'investir massivement dans
les conditions de travail des enseignants, des infirmières. Je pense, c'est le
choix qu'il fallait faire.
Journaliste : Mais il va y
avoir des décisions difficiles à prendre. Vous avez dit que ce serait un
déficit plus énorme que d'habitude.
M. Legault : Oui, le déficit
va être plus... va être largement plus important, mais il n'y aura pas de
coupure de services puis il n'y aura pas d'augmentation d'impôt.
Journaliste : Est-ce que ça
va êtrevotre budget le plus difficile, M. Legault?
M. Legault : Bien, écoutez,
moi, c'est un budget dont je suis fier, de dire... Déjà, depuis cinq ans,
on a investi massivement en éducation. Là, on profite des négociations de
conventions collectives pour le faire encore davantage. Ce n'est quand même pas
rien, là, quand on dit que les enseignants, ceux qui sont, entre autres, dans
le milieu de l'échelle, vont avoir 27 % d'augmentation de salaire. Moi, je
suis très fier de ça.
Journaliste : M. Legault, est-ce
que... Je veux revenir sur les demandeurs d'asile. Est-ce que le fait justement
qu'il y ait une masse importante de ces gens-là qui viennent chez nous...Vous
avez parlé de 160 000, 55 % de tous les demandeurs d'asile, on a dit
cette semaine qu'on était au point de rupture de certains services. Il y a un
des points sur lesquels vous insistez souvent, c'est l'identité québécoise.
Est-ce qu'à votre avis, le fait qu'on ait tant de demandeurs d'asile met,
comment dire, en péril l'identité québécoise?
M. Legault : Bien, écoutez,
les faits sont têtus, 39 % des demandeurs d'asile ne parlent pas français.
On sait qu'au Québec on a 80 % de francophones, que malheureusement, c'est
en baisse. Donc, ça vient avoir un impact sur l'avenir du français.
Journaliste : Est-ce qu'il
faut les envoyer dans d'autres provinces...
M. Legault : Bien, écoutez,
ça a été fait par le gouvernement fédéral, à Niagara Fall entre autres. Ça va
faire partie des discussions avec Justin Trudeau.
Journaliste : ...vous pensez
quoi des citoyens qui bloquent l'accès au chantier aujourd'hui...
M. Legault : Les?
Journaliste
: Vous
pensez quoi des citoyens qui bloquent l'accès au chantier?
M. Legault : Bien, je ne
pense pas qu'on peut bloquer l'accès, là. On peut manifester,
mais librement.
Des voix : …
M. Legault : Yes, yes.
Journaliste :
Do you regret you walked with fruits
yesterday, and that it took over your argument, your explanation on Northvolt,
Mr. Legault?
M. Legault :
No. What I was trying to say is that
you cannot compare real estate development with an industrial development. If
you talk about the environment, it's not the same project, so you cannot
compare apples and oranges or bananas.
Journaliste :
But why are you taking those questions
about this project personally? Even though it's a green energy project, people
are allowed to ask questions, in your mind, Mr. Legault?
M. Legault :
Absolutely, absolutely, but I think we
already had a consultation about Northvolt, and I think that the President of
Northvolt even met with Gabriel Nadeau-Dubois, et... he offered many
interviews. So, everything is open.
Journaliste :
The MUHC had to close six cancer beds
last week, also, six more before, blaming labor shortages? What do you say
to Quebeckers who are concerned about this? Because that's a quarter of their
cancer wards that's now closed.
M. Legault :
Yes, well, you should ask the question
to Christian Dubé. Of course...
Journaliste :
...
M. Legault :
Yes, OK, but, of course, as you know,
we're in negotiation right now with
nurses of the FIQ, and what we're trying to get is more flexibility.
Journaliste :
Why the children of asylum seekers not
have access to subsidized day care? I understand you say it was a Liberal
Government decision, but you're in power now. So, in you opinion, why not give
access to those children?
M. Legault :
Because we don't have the means, we
don't... are able, we don't have enough places and we don't have enough staff
to offer these services.
Journaliste :
Yesterday, your Minister of Immigration
said the Federal Government seems quite disconnected on the asylum seekers
issue. What do you expect that you can get out of a meeting with Mr. Trudeau
that they have not reacted so far? You think that's... You have to go to the
top for this?
M. Legault :
OK. First, I'm asking Mr. Trudeau to
put again in place a visa for the Mexicans, because many of the asylum seekers
are coming from Mexico. Second, I ask Mr. Trudeau to do what he did with the
Roxham problem, which is to send more of them to other provinces. Right now,
Québec has 55% of the asylum seekers, and we represent only 22% of the Canadian
population.
Journaliste :
To talk to Mr. Trudeau, what would that
accomplish?
M. Legault :
I think he will take action to put the
visa, to see how we can bring some of the asylum seekers in other provinces.
Journaliste :
...the asylum seekers Supreme Court
decision, what do you say to the argument that it's discriminatory to women?
That is what the Supreme Court said, it's... It ruled that it was
discrimination. Why do you not think it's discriminatory?
M. Legault :
It's a question about being able or not
to offer services to the population. There's no magic way to offer that. I
cannot offer what I cannot bring to the table.
O.K., merci, tout
le monde.
(Fin à 9 h 59)