(Huit heures vingt-sept minutes)
M. St-Pierre Plamondon : Bonjour,
tout le monde. Je veux revenir sur le lancement d'un mouvement aujourd'hui par
Denis Coderre pour combattre les méchants séparatistes, avec trois, quatre S,
et combattre la monnaie québécoise avec un slogan «Non merci!», littéralement
tiré du référendum de 1980, mot pour mot. En 1980, rappelons-le, j'avais trois
ans.
Donc, essentiellement, on revient avec l'argumentaire
de peur. Et j'ai entendu dire, c'était à LCN, Denis Coderre, je l'ai entendu
dire que les Québécois ne veulent pas de pays, ce qu'ils veulent, c'est manger
trois fois par jour. Ce sont des slogans, ma foi, étonnants. Puis j'ai
toujours dit qu'il ne fallait pas sous-estimer Denis Coderre, vous voyez sa
capacité à attirer l'attention médiatique, mais je lui dirais aussi de ne pas
nous sous-estimer. Et je suis surpris que l'argumentaire fédéraliste soit à ce
point figé, dans les années 80, dans les années 70 même, on pourrait
dire, à ce point statique. Ce que les Québécois veulent, parce qu'ils observent
comment le Canada ne considère pas le Québec dans plein de décisions, ne
remboursent pas ou n'offrent pas les fonds au gouvernement du Québec pour que
nos missions fondamentales fonctionnent, je ne pense pas que la campagne de peur
avec les slogans des années 80 colle avec ce que tout le monde constate en 2024.
Donc, on va surveiller ça attentivement parce que ça vient de la personne qui
probablement sera chef du Parti libéral du Québec. Ça fait de lui, donc,
potentiellement, le co-chef du camp du Non avec François Legault. Ce qui crée
un duo...
M. Bérubé : Co-porte-parole.
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
un duo de co-porte-parole du camp du Non qui est pour le moins intéressant.
Donc, on prend ça au sérieux. On va suivre ça avec intérêt. Et je pense que,
devant ces deux camps qui se forment de manière de plus en plus définie,
il y a également une responsabilité du côté des caquistes de nous dire ils
joindront quel camp entre le oui et le non.
Journaliste : M. Legault, la
semaine dernière a dit... il s'est plutôt associé au titre de capitaine Québec
que celui de capitaine Canada qui a laissé à M. Coderre. Donc, est-ce que
vous êtes d'accord avec M. Legault que...
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
de facto, M. Legault...
Journaliste : ...
M. St-Pierre Plamondon : Non,
non, il a le choix entre le non et le oui et il choisit le non. Et ça fait de
lui un des co-porte-parole du camp du Non avec Denis Coderre. Et ils ont
certaines similarités, peut-être, dans le style qui les amèneront à agencer
parfaitement leur discours, mais c'est quand même un discours similaire.
Journaliste : Québec
solidaire vous accuse d'entretenir le flou sur votre processus référendaire en
optant pour parler d'une consultation populaire plutôt qu'un référendum qui,
selon eux, devrait être exécutoire. Donc, est-ce que...
M. St-Pierre Plamondon : À
nouveau, je répète ce que j'ai dit hier, un ne peut plus clairement. J'utilise
le mot «référendum», je l'utilisais, je l'utilise, je continue à l'utiliser.
Simplement, je me permets aussi d'utiliser un de ses synonymes :
«consultation populaire». Je vous ai tous expliqué pourquoi. Donc là, que
Québec solidaire s'accroche à quelque chose qu'en fait je n'ai pas dit puis que
je ne fais pas, je trouve ça triste. En même temps, ça a aucun impact dans la
mesure où il n'y a personne au Québec qui doute qu'un gouvernement du Parti
québécois posera une question claire sur l'avenir du Québec dans son mandat. Je
l'ai répété, je vais le répéter, je ne changerai pas de position d'aucune
manière. C'est ça qui s'en vient, c'est notre destin. Nous deviendrons un pays.
Journaliste : M. Zanetti
vous reproche de ne pas utiliser le mot «référendum» sous prétexte que c'est un
mot qui fait peur. Est-ce que c'est un mot qui fait peur?
M. St-Pierre Plamondon : J'ai
tout répondu hier. C'est ça, c'est que... mais j'ai déjà répondu à ça hier, j'ai
vraiment répondu.
Journaliste : Est-ce que ça
vous fait peur?
M. St-Pierre Plamondon : J'ai
répondu à cette question-là hier. Donc là, à un moment donné, moi, je réponds à
toutes les questions de bonne foi, mais ce qui a été rapporté, c'est que je
reculais sur l'utilisation du mot «référendum» et ce n'est pas vrai. J'ai dit
par deux fois hier que j'utilisais indistinctement les synonymes, mais que je n'ai
aucun problème à utiliser le mot «référendum». Donc, si c'est ça que j'ai dit
et si c'est ce que je fais, à un moment donné, on ne peut titrer et rapporter
autre chose.
Journaliste : O.K. Je reviens
sur Denis Coderre. Vous dites : Il sera probablement le chef du PQ. Vous
êtes convaincu, là, qu'il a des bonnes chances de...
M. St-Pierre Plamondon : En
toute probabilité, il a de bonnes chances de gagner parce que l'impact qu'il a
sur les résultats d'un parti libéral qui, pour l'instant, ne réussit pas à
convaincre spécifiquement chez les francophones, son impact potentiel est quand
même très positif. Un gain de six points. Donc, en date d'aujourd'hui, il est à
prendre très au sérieux. Et dans quel cas il serait co-porte-parole du camp du
Non avec François Legault.
Journaliste : Qu'est-ce que
vous pensez de ce qui se passe à Berthierville actuellement, là, concernant l'intimidation,
du jeune, du père? Est-ce que le plan Drainville n'a pas fonctionné?
M. St-Pierre Plamondon : Je
me suis posé la question comme père : Moi, je réagirais comment?
Évidemment, il y a des faits qui nous échappent, mais dans la mesure où ce père-là
est intervenu auprès de l'école, est intervenu auprès de toutes les instances
et que le harcèlement et l'intimidation de son fils continue, chaque parent se
pose la question : Moi, j'aurais réagi comment, sachant que ça amène des
enfants au suicide des fois? Et je pense que l'école, le protecteur de l'élève
et le ministre au premier chef, là, ont des comptes à nous rendre. Et je
rappelle qu'évidemment on ne veut pas que les parents se fassent justice eux-mêmes.
Ça, ça va être absolument chaotique. Mais pourquoi on en arrive au point où un
père se dit : Mon dernier recours, c'est d'intervenir moi-même? Qu'a fait
chacune des institutions pour ne pas qu'on se rende là? Moi, je veux des
réponses là-dessus parce que ceci n'est pas normal. Et avant de juger, on va
aller chercher tous les faits. Parce que, parfois, l'intimidation mène au
décrochage scolaire, au plus grave, ça mène à des suicides et on ne peut pas
laisser faire ça. Et je me suis posé la question : Comme père, moi, j'aurais
réagi comment? La réponse n'est pas simple.
Journaliste : Sur le point
des motions, vous allez être appelés à voter sur une motion du Parti libéral du
Québec. C'est quoi votre position au PQ? Est-ce que vous êtes ouverts?
M. St-Pierre Plamondon : La
vérité, c'est qu'il n'y a rien là-dessus dans notre programme, ce qui nous
oblige à consacrer la quasi-totalité de notre caucus aujourd'hui sur une
délibération de cette question-là. On va reprendre ce qui a été présenté en
commission parlementaire, notamment, pour voir. Évidemment, là, un vote sur une
motion nous place en mode binaire, là. C'est 0,08 ou 0,05. Ça veut dire qu'on
n'étudie pas l'ensemble des options. C'est un peu la limite de ce processus-là,
mais on va le prendre au sérieux. Mais la... En date d'aujourd'hui, le fait est
qu'il n'y avait rien là-dessus dans le programme du Parti québécois.
Journaliste : ...que vous
allez en discuter et que vous êtes ouverts.
M. St-Pierre Plamondon : On
en discute. On est ouverts
Journaliste : Est-ce que le
débat qu'a suscité la présence du couple qui milite pour cette mesure-là, la
semaine dernière, ça va avoir une influence sur votre réflexion?
M. St-Pierre Plamondon : Ça
n'a pas une influence sur la politique publique qui doit s'appliquer, mais ils
auront eu le mérite, parce que c'était ça, leur objectif, de susciter un débat.
Et je pense que ce débat-là, il est légitime et nécessaire.
Journaliste : M. Bérubé,
est-ce que... est-ce que le ministre Drainville a fait une erreur en
renouvelant le permis de l'école Belz?
M. Bérubé : Clairement,
oui. Dans l'ensemble des écoles privées subventionnées par Québec, il y en a 50
qui sont des écoles dites religieuses. Elles sont juives, musulmanes,
chrétiennes, orthodoxes. Ces 50 écoles, selon le Parti québécois, en
droite ligne avec sa position sur la laïcité, ne devraient plus être financées
par Québec. D'autant plus que cette école a des manquements graves pendant la
période de la COVID et quant au régime pédagogique. Alors, si Bernard
Drainville décide de poser un geste comme celui-là, ça va à l'encontre de
toutes les notions de laïcité. On ne peut pas être cohérent avec la loi n° 21
et ne pas se poser des questions sur le fait qu'on finance des écoles où le
projet pédagogique est essentiellement sur des bases religieuses. Donc, il y a
des matières qui... qui en souffrent et des élèves qui en souffrent à terme.
Donc, je ne veux pas m'engager plus que
sur cette position-là, mais j'imagine qu'un gouvernement du Parti québécois,
sur cette question-là, serait beaucoup plus cohérent et mettrait fin au
financement. Donc, ces 50 écoles, il y a deux ans, il y a une
journaliste à Radio-Canada, Laurence Niosi, qui a fait un travail exceptionnel
pour les recenser, pour indiquer ce qui se passait. J'ai refouillé là-dedans
aujourd'hui, et il est clair qu'il est dans l'erreur. Et il devrait nous
expliquer pourquoi un gouvernement qui se dit en faveur de la laïcité, avec un
ministre qui s'est attardé sur ces questions-là dans les dernières années,
continue de financer des écoles religieuses. Ça n'a aucun sens.
Journaliste : M. St-Pierre
Plamondon, le DGE, hier, nous dit que c'est possible pour des ministres de
participer à des activités de financement. Donc, est-ce que vous, votre
décision est vraiment irrévocable ou vous pensez qu'il y a lieu de faire certains
aménagements?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
non. Moi, ma... La position, elle est claire, notre engagement, il est clair,
on n'enverra pas les ministres dans les cocktails parce que ça règle
complètement la question de faire miroiter un accès au ministre ou une
influence sur le ministre en échange du financement. Donc, c'est une façon très
simple d'évoluer dans la bonne direction. C'est tout.
Le Modérateur : On va prendre
une dernière question...
Journaliste : Oui, pour
revenir sur Denis Coderre, vous avez dit que son argumentaire réussissait dans
les années 70-80. Est-ce que vous faites...
M. St-Pierre Plamondon : ...
Journaliste : Est-ce que vous
faites de l'âgisme, là? Parce que M. Labeaume, quand il a dit que Denis
Coderre était passé date, là, ça a fait de la peine à M. Coderre.
M. St-Pierre Plamondon : Attention!
Être figé dans les années 80, lorsqu'on choisit le nom d'un mouvement,
puis on prend littéralement le slogan de 1980, ça parle d'une stagnation. Ça,
c'est un argument parfaitement légitime. Maintenant, sur l'âge, au contraire,
moi, je pense que non, on ne doit pas faire d'âgisme. Et j'ai été un des
premiers à dire : Moi, je prends très au sérieux Denis Coderre parce qu'il
arrive avec du bagage politique. Et la preuve, c'est qu'il fait parler de lui
ce matin.
Des voix : ...
Journaliste : Au début du
point de presse, vous avez dit que vous voyez des similarités de style entre
M. Coderre et M. Legault. Qu'est-ce que vous voulez dire?
M. St-Pierre Plamondon : Ah!
Je vais... Je pense, je vais... Je vais m'en tenir à ça, hein?
Des voix : ...
M. St-Pierre Plamondon : Non,
mais je ne veux pas.... Je ne veux embarquer. Je vais m'arrêter là.
Journaliste : ...St-Pierre
Plamondon, est-ce que... Est-ce que ça vous fait craindre, là, après une
élection partielle?
Des voix : ...
Le Modérateur : ...on va
passer en anglais.
Journaliste :
...contribution will be to the debate
as he arrived yesterday as a visitor.
M. St-Pierre
Plamondon :
Mr.
Coderre... the contribution to the...
Journaliste :
...
M. St-Pierre
Plamondon :
Well,
it triggers a question especially for the CAQ. Once he says «I'm into politics
to block the very threatening separatist, it triggers the question for everyone:
On which side are you? And that's a difficult question for the CAQ because
their whole doctrine has been to never answer those questions and to simulate
that they are winning within Canada, that they are making huge gains, which actually never happened. So, they will have
to answer a few questions. That's one impact of Denis Coderre saying: I am back
into politics because I fear a lot Paul St-Pierre Plamondon and the project of
becoming a country. So, it's going to be interesting to see how everyone reacts.
Journaliste
: It's a good thing for you.
M.
Bérubé
: …
M. St-Pierre
Plamondon : I think, every time you debate as
to whether Québec should exist and
decide by itself, the impact is that the Yes is progressing. Because the facts
are on our side. What is working for the No is fear. But every time we talk
about it and we ask the simple question: Is it a good
idea to spend by ourselves the $82 billion we're
sending to Ottawa? Should we
exist internationally? Should we decide by ourselves? The answers are pretty
obvious.
Journaliste :
On this debate coming up with… Québec
tables a motion on 0.05.
M. St-Pierre
Plamondon : Yes.
Journaliste :
How important it is to have this debate
at the National Assembly?
M. St-Pierre Plamondon :
We take it very seriously. We will
spend many hours today debating. Unfortunately, though, it's on a vote without
any preparation. And the vote makes… gives us two choices: 0.08 or 0.05.
So, it lacks a bit of context and options. But yet, we are going to take it
very seriously and deliberate today.
Journaliste :
…in the context that Québec is the last Canadian
province to not put in place the 0.05.
M. St-Pierre
Plamondon :
Sure,
but then, you could have… We could be currently at 0.06, 0.07. We could have a
different approach to that topic. So, unfortunately, the way, it's proceeding right now, like, it lacks preparation and…
Journaliste
: …presentations last week…
M. St-Pierre
Plamondon : But that's... Yes, that's it,
that's it. So, what we are going to do… that's…
Journaliste
: …on Thursday. So…
M. St-Pierre
Plamondon : We are going to take all these
presentations and go through them and debate today within the Parti québécois.
Journaliste :
We understand that, but why... why has
the Parti québécois not already
taken a position on it?
M. St-Pierre
Plamondon :
We
don't have, within our program, anything specific to that topic. And, that's up
to our members. So, they bring up topics, issues that become our program. If
it's not there, it's because they choose not to bring it up. But it doesn't
mean that it's not important.
And we are going to work on this today.
Journaliste
: Just going back to Denis Coderre. You know, you mentioned his… the
slogan that he's referencing and you mentioned you were only 3 years old
at the time. In your view, does it show that Denis Coderre is out of touch?
M. St-Pierre
Plamondon : Well, it shows a stagnation of
Denis Coderre's world, conception of where politics are in 2024. Because
what happened since 1980 and 1985 is that the way Canada evolved gives less and
less space and recognition to Québec. And it becomes very acute problems such as we can't find… in our
health care system, because, instead of getting $6 billion a year by the
Federal in return, we get only one. And our voice is not heard. We are not
consulted on many fundamental issues. So, things have changed since. And it's
as if Denis Coderre didn't take notice and thinks that a campaign based on
fear, with the exact slogan of 1980, will do the trick. And I think it's a bit
of a… it's an obvious stagnation, given the context has changed.
Le Modérateur
:
Merci beaucoup.
(Fin à 8 h 42)