(Onze heures quinze minutes)
Mme Bélanger : Bonjour. Comme
vous le savez, la Loi sur les soins de fin de vie a été adoptée en juin
dernier. Et nous devons maintenant mettre en place et livrer une des mesures
les plus importantes de cette loi qui concerne la possibilité de faire une
demande anticipée d'aide médicale à mourir. On a fait notre travail depuis l'adoption
de la loi. La grande majorité des mesures sont en place. Il nous reste donc la
demande anticipée.
Nous le faisons pour des personnes, des
personnes qui sont en attente. Et, derrière ces personnes, il y a des tragédies
humaines, des gens qui ont des maladies neurodégénératives de type Alzheimer et
qui souhaitent rapidement, pendant qu'ils sont aptes, être en mesure de
signifier leur volonté et de faire de façon formelle une demande d'aide
médicale à mourir anticipée, lorsqu'ils ne seront plus aptes à prendre la
décision.
On a tenté à plusieurs reprises, dans les
derniers mois, d'avoir des discussions, des rencontres avec le fédéral pour
trouver une voie de passage. Malheureusement, au moment où on se parle, on n'a
toujours pas d'engagement. Et, vous le savez, le fédéral a déposé une loi, un
projet de loi en lien avec certaines dispositions de l'aide médicale à mourir.
Alors, il serait facile, puisque la loi vient d'être déposée, d'écouter le
Québec et d'ajouter un amendement pour modifier le Code criminel afin que nous
puissions aller de l'avant avec les demandes anticipées. Alors, je vous
remercie.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, bonjour, tout le monde. Écoutez, j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec
le ministre de la Justice fédérale, M. Arif Virani, pas plus tard qu'hier. On
sent qu'il y a une ouverture de la part du gouvernement fédéral, mais ce n'est
pas suffisant, ça prend des gestes concrets. Écoutez, le droit criminel est
régi par le Code criminel qui relève du Parlement fédéral. Et, afin de pouvoir
mettre en œuvre la loi que Mme Bélanger a présentée et qui a été adoptée à l'unanimité
par le Parlement québécois, il est nécessaire notamment de faire en sorte que
le Code criminel soit modifié.
Alors, il faut rapidement faire la
modification. Le Québec est prêt. Nous avons fait un travail sérieux ici, à l'Assemblée
nationale, comme ça a été le cas avec la première loi sur l'aide médicale à
mourir. On est rendus aux directives anticipées. Ça fait partie des choix de la
nation québécoise et le choix de la société québécoise. Et nous avons proposé
plusieurs avenues afin de modifier le Code criminel. Alors, pour nous, la balle
est au jeu depuis plusieurs mois, et on souhaite que le fédéral intervienne.
Alors, je cède la parole à mon collègue,
le ministre des Relations canadiennes.
M. Roberge : Merci, Sonia.
Merci, Simon. C'est clair que les soins de fin de vie, ça appartient aux champs
de juridiction, aux champs de compétence du gouvernement québécois. Il n'y a
personne qui remet ça en doute, et le Code criminel, lui, relève du
gouvernement fédéral. Donc, ici, on est dans un... une question où il y a un partage
des compétences qui est extrêmement important pour respecter la volonté des
personnes qui souffrent. Il faut respecter la volonté de l'Assemblée nationale,
il faut respecter la volonté de la nation québécoise, mais il faut aussi penser
au facteur humain.
On a entendu un argument du gouvernement
fédéral qui disait que ça devait être d'un océan à l'autre la même chose, il y
a un seul Code criminel. Attention, ici, il faut en prendre et en laisser. On
voit qu'il y a des exceptions parfois pour les aménagements, quand on pense au
cannabis, quand on pense aux loteries, quand on pense aux jeunes contrevenants.
Il y a des aménagements dans les lois fédérales qui permettent de respecter la
spécificité des provinces et de l'État comme la nation québécoise.
C'est important de dire qu'au Québec on
n'a pas fait ça sur un coin de table. La réflexion a été menée de manière
exhaustive. Il y a eu un rapport d'un comité. Il y a une loi qui a été dûment
adoptée. Il y a des règlements qui sont prêts. Au gouvernement fédéral aussi,
ils devraient être prêts. C'est important de mentionner qu'il y a un an, en
février 2023, il y a un comité mixte spécial qui a rendu un rapport qui
recommande de permettre les demandes anticipées, notamment en regard des
travaux du gouvernement du Québec. Donc, la réflexion a été faite aussi du côté
du gouvernement fédéral.
J'ai eu des conversations avec mes
vis-à-vis, que ce soit Pablo Rodriguez, Dominic Leblanc, toujours une belle
manifestation d'ouverture, le dialogue est ouvert, mais comme on dit, à un
moment donné, il faut que ça bouge. À un moment donné, c'est bien beau les
dialogues, dire qu'on est prêt à discuter et à travailler sur la manière de
collaborer pour discuter, pour travailler, à un moment donné, il faut que ça
bouge, à un moment donné, il faut que ça bouge. Il y a une opportunité, le
gouvernement fédéral va déposer et, bientôt, je pense, adopter une loi qui
concerne l'aide médicale à mourir, mais, cette fois-ci, en santé mentale. Il y
a l'opportunité, à cet endroit-là, de corriger la situation, de répondre
notamment à ce qui se passe au Québec. Donc, la posture de blocage est une
posture qui est maintenant intenable. Merci.
Journaliste : Est-ce qu'il y
a une façon, en ce moment, d'aller de l'avant même si le Code criminel n'est
pas modifié, ou si on est vraiment devant un fait que, si Ottawa ne bouge pas,
notre loi sur les demandes anticipées ne s'appliquera pas?
Mme Bélanger : Bien, écoutez,
notre demande actuellement, c'est qu'il y ait une modification dans le Code
criminel. Ça, c'est clair, c'est notre demande. Maintenant, on est lucide, là,
et on comprend que toutes les provinces ne sont pas à la même place que nous.
Au Québec, on a été précurseur dans la loi sur les soins de fin de vie et
l'aide médicale à mourir. Il y a un consensus au Québec. On a travaillé de
façon vraiment rigoureuse, on a fait nos travaux, on est prêt à aller de
l'avant. J'avais mentionné qu'on est... que, pour moi, 24 mois pour la
mise en œuvre de la demande anticipée, ce n'était pas un objectif en soi. Je
souhaitais qu'on le fasse le plus rapidement possible parce qu'il y a des gens
qui attendent. Au moment où on se parle, il y a des personnes qui attendent
avec impatience de pouvoir enclencher le processus.
Alors, actuellement, ce qu'on est en train
de faire... et on est en mesure de tout mettre cela en œuvre avant le début de
l'automne. Donc, on a travaillé sur les formulaires. On travaille sur les
programmes de formation pour les IPS et les médecins et sur le registre aussi
national. Donc, on est vraiment enligné, là, pour aller de l'avant.
Journaliste : Ce n'est pas
directement la question, Mme Bélanger, à savoir : Est-ce que c'est
nécessaire, absolument nécessaire que le Code criminel soit modifié, ou on
pourrait légiférer quand même, peut-être aller de l'avant avec les demandes
anticipées?
Mme Bélanger : Bien, écoutez,
je pense que c'est important de ne pas mettre nos professionnels dans des
situations où ils vont être exposés et où ils vont être inconfortables par des
législations qui pourraient être interprétées de façon différente. Pour nous,
c'est important, la demande, aujourd'hui, là, c'est au fédéral. Ils viennent,
là, de déposer une loi, là. Ils vont l'adopter dans quelques jours. Ils ont une
occasion d'ajouter un élément pour faire en sorte qu'au Québec, là, on ne soit
pas dans une zone grise. Et on va aller de l'avant, c'est notre volonté, c'est
la volonté des personnes.
Journaliste : ...dans le Code
criminel, là, pouvez-vous juste spécifier qu'est-ce qu'il faut modifier dans le
code... dans le Code criminel?
Mme Bélanger : Oui. Bien, en
fait, je vais laisser la parole à mon collègue. Puis, vous savez, aujourd'hui,
là, on est trois ministres, et je suis la ministre responsable des Aînés et des
Soins de fin de vie pour l'ensemble de la population. Mais le message
aujourd'hui, là, c'est que mon collègue est là, mon collègue des Affaires
intergouvernementales, et on veut une modification du Code criminel. Si ça ne
fonctionne pas, on va regarder ce qu'on va faire, de notre côté, mais on
enclenche le processus, là.
Journaliste : Vous leur
donnez combien de temps?
Mme Bélanger : Bien, on ne
leur donne pas beaucoup de temps parce qu'il y a des gens qui attendent, il y a
des gens, là, qui attendent. Puis eux, là, ils n'ont pas un an, un an et demi,
deux ans, là, ils ont un diagnostic de maladie neurodégénérative. Puis on le
sait que ça peut aller très vite, en particulier quand on a un diagnostic et
qu'on est très jeune. Alors, les gens sont soucieux, ils suivent les travaux de
très près. On travaille avec le Collège des médecins, avec l'Ordre des
infirmières. Il n'y a pas de raison qu'on n'aille pas de l'avant au Québec. On
a les balises nécessaires dans notre projet de loi pour pouvoir... dans notre
loi, excusez, pour vraiment mettre en œuvre ces éléments.
Journaliste : ...pouvez-vous
répondre à ma question, s'il vous plaît? J'ai posé une question, à savoir
qu'est-ce qu'il fallait modifier.
M. Jolin-Barrette : Attendez.
Juste M. Lacroix.
Journaliste : ...répondre à
ma question.
M. Jolin-Barrette : On va
répondre à toutes les questions. Alors, ce qui... C'est correct?
Journaliste : Oui, oui.
M. Jolin-Barrette : O.K.
Alors, ce qu'il faut faire actuellement, c'est une infraction criminelle. Dans
le fond, vous vous souvenez, avec l'arrêt Carter, notamment, avec,
précédemment, lorsqu'on a adopté la première loi sur l'aide médicale à mourir
ici, il y a une décision de la Cour suprême, le fédéral a modifié le Code criminel
pour permettre justement l'aide médicale à mourir. Par contre, les directives
anticipées ne sont pas prévues dans le Code criminel. Et ça constitue une
infraction criminelle d'un médecin qui commettrait... bien, qui commettrait,
qui accompagnerait la personne pour donner l'aide médicale à mourir dans le
cadre d'une directive anticipée parce que la personne ne peut pas donner son
consentement à ce moment-là. Actuellement, dans le Code criminel, la personne
doit pouvoir consentir, O.K., au moment de recevoir. Alors, c'est ça qu'on doit
modifier avec le Code criminel.
Puis ce que nous demandons, puis Mme
Bélanger l'a très bien exprimé, c'est d'avoir une exception pour le Québec. On
comprend que, pour les autres États fédérés au Canada, ils ne sont pas rendus
aussi loin que le Québec. Cependant, il y a déjà des précédents dans le Code
criminel où on prévoit que certains États fédérés ont une législation qui est
en place et qui a un cadre strict, responsable, rigoureux pour traiter ce genre
de demande là, des directives médicales anticipées. C'est l'exercice qu'on a
fait, à l'Assemblée, ça a duré longtemps, avec un travail parlementaire
sérieux, avec tous les partis d'opposition.
Alors, ce que nous demandons, c'est de la... que
le fédéral fasse preuve de flexibilité et qu'il reconnaisse que ça ne constitue
pas une infraction criminelle sur le territoire québécois parce que nous avons
un encadrement qui est strict.
Journaliste : ...en 2015, le
Québec n'a pas attendu après Ottawa. La procureure générale, à ce moment-là,
avait envoyé une directive au DPCP selon laquelle il ne fallait pas
entreprendre de poursuites contre des médecins. Alors, qu'est-ce qui vous
empêche de faire la même chose cette fois-ci?
M. Jolin-Barrette : On se
retrouve dans une situation... c'est un peu différent parce que le dossier
était à la Cour suprême à l'époque. La Cour suprême a rendu une décision et la
Cour suprême avait indiqué clairement, dans sa décision, que la loi québécoise
s'appliquait durant ce laps de temps là, il y avait une décision du tribunal.
En réponse à votre question, afin d'avoir
de la prévisibilité, de la stabilité juridique et surtout pour que les
soignants, les médecins, les infirmières, notamment les IPS, qui vont pouvoir
poser cet acte-là, bien, il y ait une certitude juridique. Et, dans le fond, la
solution, elle est au niveau de la modification du Code criminel, au niveau de
la sûreté. Écoutez, d'ici le mois de juin, le Parlement fédéral a l'occasion et
a amplement le temps d'apposer cette modification législative là. Mme Bélanger
vient de le souligner, il y a un projet loi qui a été déposé, pas plus tard que
cette semaine, justement, sur l'aide médicale à mourir.
Alors, nous, on demande, là, aux élus
fédéraux de prendre leurs responsabilités, d'écouter la population québécoise,
de constater le consensus national qu'on a au Québec et de faire les choses qui
s'imposent, sans quoi il y a des gens actuellement qui sont en attente et qui
requièrent ça. Vous savez, c'est un sujet qui fait consensus au Québec. Il n'y
a pas de raison que le fédéral empêche des gens de bénéficier de la loi.
Journaliste : ...c'est
impossible pour vous, M. Jolin-Barrette, de demander... Juste pour préciser,
c'est impossible pour vous de demander au procureur de ne pas amorcer de
poursuites sur les demandes anticipées, si vous alliez de l'avant, évidemment?
M. Jolin-Barrette : Ce n'est
pas impossible. La solution que je privilégie, c'est la modification au Code
criminel, pour une foule de raisons. Et je pense que notre partenaire fédéral
devrait réaliser toute l'importance d'apporter... Parce que ce n'est pas
uniquement, là, une personne qui décide de recevoir l'aide médicale à mourir de
façon anticipée, là, il y a tout un écosystème dans le réseau de la santé. Puis
c'est pour ça aussi qu'il y avait une mise de, puis vous me corrigerez, Mme la
ministre, de quelques mois pour que les soignants soient prêts, pour que
l'encadrement soit prêt parce qu'on fait un travail sérieux. Mais
l'environnement légal, dans lequel ces personnes-là... la santé évolue, doit
être extrêmement clair, puis la meilleure option, c'est de modifier le Code
criminel.
Journaliste : ...mais vous
seriez capable de le faire sans une modification au Code criminel...
Mme Bélanger : Oui. Mais, en
fait, quand même, je pense que c'est important de mentionner là, en 2015, ce
n'était pas du tout le même contexte, O.K.? Quand la loi a été adoptée, la
première loi sur les soins de fin de vie, ce n'était pas du tout le même
contexte. Le Code criminel était, à toutes fins pratiques, muet sur l'aide
médicale à mourir. C'est par la suite, une fois que le Québec a adopté sa loi,
que le Code criminel a été donc modifié. Et donc là, maintenant, il est
clairement indiqué, dans le Code criminel canadien, que les personnes doivent
être aptes jusqu'à la fin pour prendre la décision. Ici, là, on parle... Donc,
on voit tout de suite que la demande anticipée en prévision d'inaptitude, elle
n'est pas couverte, là, dans le Code criminel canadien. Et c'est ça qu'on veut
qui soit modifié, mais il faut éviter de faire des compromis.
Aujourd'hui, notre demande au fédéral,
c'est : Bougez, écoutez le Québec. On a notre loi, on a les balises
importantes. La population québécoise est là, il y a des gens qui attendent. Le
fédéral ne peut pas abandonner les personnes qui sont malades.
Journaliste : Si ça n'arrive
pas, est-ce que vous... est-ce qu'on jette la loi, puis c'est...
Mme Bélanger : Bien, si ça
n'arrive pas, on refera un autre point de presse puis on vous dira la
stratégie. Mais, au moment où on se parle, aujourd'hui, là, c'est ce qu'on
souhaite, c'est que ça arrive. Ça fait que je veux qu'on mette l'emphase
là-dessus.
M. Roberge : Je veux dire un
petit mot. On n'est pas devant une fin de non-recevoir en ce moment. Ils
manifestent de l'ouverture. On a quand même une ouverture de la part de nos
interlocuteurs fédéraux. Je n'essaie pas aujourd'hui de les faire changer
d'idée, de les faire marcher sur la peinture, les amener à renier leur parole,
je les interpelle pour que ça bouge promptement et pour qu'ils saisissent
l'occasion qui se présente devant eux. C'est ça, le cœur du message.
Journaliste : ...des médecins
qui pourraient le faire, Mme Bélanger? Est-ce qu'il y a des médecins qui
pourraient décider de le faire ou vous avez envoyé une directive ministérielle
de dire : On attend absolument qu'Ottawa bouge là-dessus?
Mme Bélanger : On n'a pas
envoyé de directive ministérielle parce que ce n'est pas en vigueur encore,
O.K.? Puis on travaille avec le Collège des médecins. On travaille avec l'Ordre
des infirmières pour les IPS, en lien avec la demande anticipée. On est à la
même place que le Collège des médecins. Ils ont fait différentes
représentations eux-mêmes au comité mixte fédéral. Alors, je suis en discussion
régulière. Puis il ne faut pas oublier que le comité mixte, l'hiver passé, ont
fait un consensus sur la demande anticipée, donc... et beaucoup, dans le
fond... Puis, au comité mixte, là, c'est des représentants des différents partis
qui sont là, avec les sénateurs, des représentants de différentes régions du
Québec. Et, dans le comité mixte, ils ont discuté de la demande anticipée.
Journaliste : ...est-ce que
vous reconnaissez que ce serait possible d'aller de l'avant sans une
modification au Code criminel, comme le disent plusieurs juristes et
constitutionnalistes, dont un qui est embauché par votre gouvernement, Patrick
Taillon?
M. Jolin-Barrette : À ce
stade-ci, nous souhaitons que le gouvernement fédéral saisisse la main tendue
que nous le faisons.
Journaliste : Mais ce n'est
pas ça ma question. Est-ce que vous reconnaissez que c'est possible?
M. Jolin-Barrette : J'ai
compris votre question, et ma réponse, c'est qu'à ce stade-ci nous souhaitons
une modification du Code criminel pour l'ensemble de la population québécoise
et de la population canadienne. C'est ce qui assure la façon de faire pour que
la loi québécoise soit en vigueur et que nous puissions assurer la
prévisibilité juridique à l'ensemble des intervenants qui auront un lien.
Journaliste : Est-ce que les
craintes, à ce moment-là, que vous avez viennent surtout du milieu médical, et
ces gens-là vous disent : Tant qu'on n'a pas ça au Code criminel, cette
modification là, nous, on ne le fera jamais, on ne le fera jamais. Est-ce que
c'est ça, l'origine de votre sortie aujourd'hui?
M. Jolin-Barrette : Nous, ce
qu'on vous dit, c'est qu'on est dans une fédération. Le Parlement fédéral a
certaines responsabilités, les élus fédéraux ont certaines responsabilités. Le
Québec parle d'une seule voix sur ce dossier-là. Je pense qu'on est des
précurseurs, mais je pense qu'on a bien fait les choses au fil des années. Peu
importe les formations politiques qui ont été au gouvernement, ça a été appuyé
à l'unanimité ici, à l'Assemblée nationale. Et le gouvernement fédéral doit
donner suite à la volonté du Québec en arrimant la législation fédérale à celle
du Québec.
Journaliste : ...M. Jolin-Barrette,
est-ce que la perspective d'un gouvernement conservateur à Ottawa...
Journaliste : Mme Bélanger,
vous aviez dit que ça prenait... vous étiez prête à prendre deux ans pour
harmoniser avec le Code criminel, pourquoi, là, maintenant, ça presse à ce
point-là? Vous disiez qu'il fallait faire les choses de la bonne manière.
Pourquoi maintenant il y a urgence d'agir?
Mme Bélanger : Bien, en fait,
le deux ans qui est inscrit pour l'entrée en vigueur dans la loi, j'ai, dès
juin dernier, mentionné que ce n'était pas un objectif en soi, c'est le maximum
pour la mise en œuvre. Puis là, je vous le dis, il y a une urgence d'agir,
parce qu'il y a des personnes, des vraies personnes qui attendent, qui sont
inquiètes. Il n'y a pas une journée où on n'a pas des demandes pour savoir où
on en est dans l'implantation du dossier. On a fait notre travail, je l'ai
mentionné tantôt, là, tout va être en place d'ici le début de l'automne. Alors,
il y a des personnes, il y a des tragédies humaines, il y a des drames, il y a
de l'inquiétude. Alors, on a tout ce qu'il faut pour aller de l'avant. On a...
on s'est préparé, on a travaillé correctement. Et le fédéral, la balle,
actuellement, là, elle est dans le camp du fédéral.
Journaliste : ...avant. Là,
votre sortie, est-ce que c'est parce que vous craignez que le fédéral traîne
tellement que ça pourrait prendre plus que de deux ans pour...
Mme Bélanger : Bien, j'ai eu
l'occasion de le mentionner. Ils sont ouverts, mais ça n'avance pas à notre...
ça n'avance pas aussi vite qu'on le voudrait. Alors...
Journaliste : Si Ottawa
modifie sa loi, Mme Bélanger, parce qu'on n'en a pas beaucoup parlé de ça,
s'ils vont réellement de l'avant avec une législation conditionnelle, comme
vous l'appelez, à quel moment est-ce qu'on pourrait avoir des demandes
anticipées effectives au Québec? Est-ce que vous êtes prêts à aller de l'avant
directement après l'adoption d'une loi?
Mme Bélanger : Bien, écoutez,
on est en train de regarder, là, il y a des étapes qu'on pourrait...
effectivement, là, aller de l'avant, comme par exemple, s'assurer de
l'accompagnement des personnes, s'assurer de l'utilisation des formulaires,
tester des choses. On pourrait commencer à faire, donc, ces interventions-là. Mais,
je vous le dis, là, moi, je ne suis pas là. Je veux une certitude que le Code
criminel va être modifié, et qu'au Québec on va avoir toute la latitude pour
que notre loi soit appliquée. Ça fait qu'on y va par étapes.
Journaliste : ...Mme Bélanger,
est-ce que la perspective d'un gouvernement conservateur vous fait craindre justement
des délais possibles? Parce qu'un gouvernement conservateur pourrait décider
carrément de ne pas aller dans cette direction-là avec des changements
législatifs. Est-ce que ça vous fait craindre ça? Est-ce qu'il y a une urgence,
vu la possibilité qu'un gouvernement conservateur puisse être élu à Ottawa.
Mme Bélanger : Bien, écoutez,
je ne ferai pas de politique fédérale, là. Il y en a certainement qui
s'inquiètent, probablement, des élections à venir. Mais je ne le fais pas dans
une perspective, là, électorale, en considérant les enjeux fédéraux. Moi, j'ai
fait le focus sur la loi, sur la mise en œuvre, sur l'engagement qu'on a pris,
puis on va de l'avant. Alors, voilà.
Journaliste :
I just would like to understand, for
you, Mr. Roberge or Mr. Jolin-Barrette , what's the rush? Like, the federal
Government is not against
modifying the Criminal Code, and you still have time to put that in place, for
the advanced consenting assisted dying. So, what's the rush today?
M. Roberge : Well, right now, people are suffering. Families are stressed,
people on the health care system are uncertain, they don't know what they will
be able to do. So, it's important to comfort all those people that we are
taking care of them. We, as people here, from Québec, we, as people from
Ottawa, all across Canada, they consider them and they want to help them. It's
simply human, it's our job, it's our duty.
Journaliste
: To clarify what would happen if they didn't modify the Criminal Code,
does… do you still have a way of going forward with this change? And how long
could that take?
M.
Jolin-Barrette : Well, we will go forward with
that. The bill that we had up here at the National
Assembly will apply. The important thing is that we
need the federal Government
make that modification to the Criminal Code. They are open to, but it's time to
close, it's time. You know, Ms.
Bélanger tells you : We're going to be ready next fall. So, we are in the
session of winter, in Ottawa, they just tabled a bill on that subject. So,
let's go. You have an opportunity to be sure that the Criminal Code gets the
disposition that fits with the Québec legislation and that's why we're doing
that press conference today, to tell you and to tell the federal Government : Let's go. You have
to act and you have to respect the willing of the Québec Nation and the
consensus of the National Assembly.
Journaliste :
But, what's the risk? If health
professionals go ahead, what's the risk if the Criminal Code has not been
modified for advance consent?
M.
Jolin-Barrette :
We have discussions right now with the Minister of the federal
Government. I'm sure they understand what the Québec want about that subject,
that important subject, and we need that they make that modification or do they
create an exemption for Québec, because there is a strong law that bound
everybody, that is predictable and that all the things are doing right by the
Québec side. And we start that care here in Québec, and it goes well, and
everybody in the health system is agreeing with that. We're talking about
Collège des médecins, l'Ordre des infirmières also. So, we are ready, so the
federal have to move really quickly.
Journaliste :
Merci.
(Fin à 11 h 40)