(Douze heures quarante et une minutes)
M. Lamontagne : Bien,
bonjour, tout le monde. Très, très heureux d'être ici aujourd'hui. Je suis avec
mon collègue Sébastien Schneeberger, qui est le député de Drummond—Bois-Francs.
André Lamontagne, député de Johnson. On est ici pour s'adresser à vous aujourd'hui
pour mettre en lumière vraiment la situation problématique de l'hôpital
Sainte-Croix de Drummondville, mais surtout le travail et toute la mobilisation
de notre communauté pour répondre aux enjeux qu'on vit. On est accompagnés
aujourd'hui des membres de la Coalition pour un nouvel hôpital régional à
Drummondville, une organisation qui regroupe des acteurs de toutes les sphères :
le monde municipal, les citoyens, les médecins et le milieu des affaires. Je
prends le temps de vous présenter les représentants qui prendront la parole
aujourd'hui : Mme la mairesse Stéphanie Lacoste, qui est présidente de la
coalition et mairesse de Drummondville, Dre Catherine Tétreault, qui est
médecin de famille au GMFU de Drummondville.
Vous savez, depuis deux décennies, Drummondville
et sa région vivent un essor extraordinaire bien au-delà des prédictions qu'on
se faisait au début du siècle. Au début du siècle, c'est les années 2000.
Du point de vue démographique, on a atteint en 2023 la population qui avait été
projetée pour 2036, soit 13 années plus tôt. De ce fait, en 2022, la MRC
de Drummond a été reconnue comme une région métropolitaine de recensement
dépassant le cap des 100 000 habitants, une première RMR depuis 1986
au Québec. À titre d'exemple, entre 2001 et 2023, la population de la MRC de
Drummond a augmenté de plus de 25 %, alors que celle du Québec a connu une
croissance d'un peu moins de 19 %.
On connaît aussi, à Drummondville, un
dynamisme économique exemplaire. Son incubateur industriel, l'un des plus
grands au Canada, affiche complet. Seulement dans le secteur manufacturier, les
investissements se sont chiffrés à près de 500 millions en 2022. Les
affaires vont bien, les parcs industriels sont presque pleins et le taux de
chômage est au plus bas au Québec, tout comme les taux d'inoccupation des
logements. Bref, Drummondville est confrontée au défi de son attractivité, son
dynamisme et sa croissance.
Au surplus, on a, dans la région du
Centre-du-Québec, la filière batterie qui est en train de s'installer à
Bécancour. Les usines ont déjà commencé à lever les... à lever de terre, et
cela représente pour la région des milliers d'emplois. Cela aura nécessairement
un effet sur la croissance et les besoins de la population. La situation ne va
donc que s'accélérer.
Et toute cette croissance actuelle et à
venir met une pression énorme sur nos... sur nos différents services publics,
dont notre hôpital. L'Hôpital Sainte-Croix a été construit en 1947 et il est
aujourd'hui beaucoup trop petit pour les besoins de notre région métropolitaine.
Comme environ les trois quarts de sa superficie ont été réalisés avant 1965,
au-delà du manque d'espace, on a un enjeu important de désuétude des
installations.
Vous le savez, depuis deux décennies,
Drummondville et sa région vivent un essor extraordinaire. Je laisserai les
membres de la coalition vous détailler les inconvénients que cela occasionne,
mais simplement pour vous dire que l'état critique de notre hôpital, c'est un
fait, et ça, c'est une affirmation qui est objective. Devant ce constat, mon
collègue et moi, nous sommes engagés dans une collaboration avec le CIUSSS MCQ
pour faire progresser ce dossier d'envergure pour doter Drummondville d'un
hôpital qui répond à ses besoins, et ce, le plus rapidement possible.
En terminant, en plus de son dynamisme, un
élément qui caractérise la communauté drummondvilloise est sa solidarité et sa
capacité de se mobiliser. Ce qu'on a vu, dans la dernière année, ce sont des
acteurs de toutes les sphères de notre communauté qui se sont assis à la même table
pour parler d'une seule voix et travailler tous ensemble pour faire progresser
ce projet collectif. Pour Sébastien et moi, il est important de souligner cette
mobilisation qui se veut proactive et positive, et de collaborer avec eux et de
leur donner la présente tribune. Merci.
M. Schneeberger : Merci. Alors,
bonjour à tous. Merci, André. Alors, je me joins aussi à vous... souligner Mme
la mairesse, les élus, madame... mesdames les médecins, pardon.
Alors, je connais très bien cet hôpital.
Mes enfants sont nés là. J'y ai été plusieurs fois. On connaît tous les racoins
de l'hôpital, comme on peut dire. Et ce qui est important aujourd'hui, c'est
qu'on se mobilise, justement, ensemble pour faire pousser ce dossier-là, qui a
bien besoin.
Le Centre-du-Québec est une région
économique saine, M. Lamontagne l'a dit tout à l'heure, mais aussi, il faut le
spécifier, c'est qu'on a aussi une ville qui, au prorata de la population,
reçoit un des plus hauts taux d'immigration et aussi reçoit un des plus hauts
taux de personnes... de jeunes retraités, des personnes qui étaient parties à
l'extérieur et qui reviennent revivre à Drummondville. Alors, c'est sûr que ça,
quand on dit «personnes retraitées», ça va mettre tout à l'heure une pression
encore plus sur la santé, et c'est pour ça qu'on se doit d'avoir de nouvelles
installations et faire en sorte que Drummondville puisse avoir vraiment des
équipements, des installations dignes de ce nom aujourd'hui pour une meilleure
réussite au niveau des infirmières, des médecins, le corps médical, et faire en
sorte que Drummondville ait vraiment un choix exemplaire pour affronter les
prochaines années.
Alors, moi, pour ma part, l'initiative qui
a été prise, c'est que la mobilisation du terrain, on a une pétition qu'on va déposer
symboliquement tout à l'heure, c'est-à-dire une des citoyens, plus... presque
17 000 noms, et une aussi des médecins, de 183 noms, je pense,
si mon chiffre est bon. Et c'est pour... Nous, on le dépose symboliquement,
étant donné que ce n'est pas une pétition qui est conforme aux règles de
l'Assemblée nationale, mais vu le travail fait sur le terrain, nous, comme
représentants de la région, on se devait justement de promouvoir ces démarches,
ces efforts qui étaient faits des... de la part des citoyens pour notre milieu.
Alors, je veux les remercie pour cet effort et puis je veux leur dire
qu'ensemble nous allons... nous allons de l'avant pour ce dossier, qui est
important pour tous les citoyens et citoyennes du Grand Drummondville. Merci.
Mme Lacoste (Stéphanie) : Alors,
bonjour. Merci aux membres de la coalition de m'accompagner aujourd'hui. Très
heureuse de voir encore une fois votre solidarité. Merci à mes collègues
députés d'être là également aujourd'hui.
Je suis honorée de vous rencontrer en ces
murs et de vous parler comme mairesse de Drummondville, mais surtout comme
présidente de la coalition pour l'hôpital régional à Drummondville. Notre
présence aujourd'hui comme coalition est pour porter la voix de tout un milieu
mobilisé pour que des soins de santé puissent être dispensés dans des
infrastructures modernes et répondant aux plus hauts standards pour, en fait,
que notre monde soit soigné dignement.
Depuis maintenant plusieurs mois, la
population de tous horizons est réunie autour d'un objectif commun. Ils sont
plus de 17 000 à avoir signé une pétition citoyenne. Ils sont autour de la
table, simples citoyens, professionnels à la santé, industriels, étudiants,
employés, tous mettent l'épaule à la roue, car la situation est critique. Nous
sentons sous le leadership de notre large regroupement que le momentum pour un
nouvel hôpital régional ne cesse de croître. Notre présence à l'Assemblée
nationale aujourd'hui en témoigne. Je tiens également à souligner le travail de
fond que nous menons collectivement. Il est aussi possible, ce travail, car
nous avons souhaité que notre démarche soit positive, collaborative, efficace
et professionnelle.
D'ailleurs, nous sommes très fiers que les
pressions faites par la coalition ont résulté par la visite de M. Dubé
hier dans notre hôpital. Maintenant que M. Dubé a pu voir la désuétude des
lieux, constater par lui-même, nous serions très contents d'avoir une
discussion avec lui pour expliquer qu'est-ce que l'implantation de cette
nouvelle infrastructure va avoir comme impact dans notre communauté.
C'est donc au nom de toute la communauté
drummondvilloise, mais aussi de toute la région du Centre-du-Québec que nous
demandons plus qu'une promesse de campagne, que nous saluons assurément, nous
demandons un engagement ferme, et ça, c'est l'inscription de notre projet au
PQI dès 2024. Je vous remercie de votre attention.
Mme Tétreault (Catherine) : Bonjour
à tous. J'aimerais d'abord vous présenter les personnes qui m'accompagnent
aujourd'hui, soit Dre Nancy Durand, médecin de famille à Drummondville et chef
de la Table médicale territoriale du RLS de Drummond, ainsi que Dre
Marie-France Dupont, spécialiste en médecine interne à l'hôpital Sainte-Croix
et représentante des spécialités médicales sur la Coalition pour un nouvel
hôpital régional à Drummondville.
Mes collègues et moi sacrifions
aujourd'hui une journée de soins directs à nos patients pour vous convaincre à
quel point le projet d'un nouvel hôpital régional à Drummondville doit être
inscrit au PQI dès maintenant. Il est notre seule façon d'assurer des soins de
qualité durables à notre région parce que sa croissance démographique a déjà
atteint les cibles de 2036, alors que nos infrastructures en santé n'ont jamais
suivi. Tout le monde sait que notre hôpital construit à l'après-guerre est en
fin de vie. Nous remercions d'ailleurs nos députés d'en avoir fait un enjeu
électoral. Vous connaissez déjà les statistiques, les normes, les faits. Vous
savez que la facture sera plus salée à chaque année qui passe sans inscription
au PQI.
Depuis trop longtemps, chaque journée à
l'hôpital Sainte-Croix est un casse-tête pour maintenir la qualité et la
sécurité des soins aux patients. Comment vous convaincre autrement que cette
situation est intenable? On a choisi de vous parler de nos histoires vraies au
quotidien.
Travailler chez nous, c'est gérer une
urgence pleine pendant que le plafond du poste central s'effondre sous le poids
d'un dégât d'eau et inonde les postes informatiques. C'est aussi arrivé au bloc
opératoire. À plus de 10 dégâts d'eau par année dans notre hôpital, on a
créé un code turquoise pour les gérer plus vite. C'est devoir prendre
30 minutes pour transférer un patient intubé de l'urgence, située au
sous-sol, jusqu'aux soins intensifs au quatrième étage, parce que c'est l'heure
des repas, qu'un des deux ascenseurs est encore brisé et qu'il est impossible
de passer à deux civières qui se croisent dans nos couloirs. Vous savez, les
médecins de Drummondville prennent tous les escaliers de peur de rester pris dans
l'ascenseur. C'est aussi se résigner à travailler avec du vieil équipement
chirurgical parce que le plafond du bloc opératoire est trop bas et trop faible
pour accueillir le nouvel équipement aux normes. On a déjà essayé de le
rénover. C'est impossible de faire mieux. Pendant qu'un patient est en arrêt
cardiaque et que chaque seconde compte, c'est de ravaler notre frustration de
devoir vider une chambre à quatre pour pouvoir y faire entrer notre matériel de
réanimation. C'est aussi annoncer un cancer généralisé à un patient et sa
famille coincé entre une chaise d'aisance, un lit, une marchette et un rideau,
avec pour ambiance de fond sa voisine confuse qui gémit sans cesse et l'odeur
de la dernière selle de son autre voisin. C'est aussi choisir d'accueillir
quand même le plus d'étudiants qu'on peut dans nos postes déjà surpeuplés,
parce qu'ils ont avantage à connaître notre équipe. Parce qu'avec tout ce que
je vous ai raconté ici, vous pouvez deviner que tout ce qu'il nous reste pour
convaincre la relève de travailler chez nous, c'est notre gentillesse, notre
esprit d'équipe, puis, on va se le dire, notre résilience face à l'adversité.
Tellement résilients que nos problèmes sont passés sous le radar trop
longtemps, mais notre limite est atteinte. La pression démographique est
devenue insoutenable.
Drummondville et le Centre-du-Québec ont
besoin d'espoir. Nous avons besoin d'espoir par l'assurance qu'un nouvel
hôpital se construit concrètement pour maintenir les soins et l'enseignement en
attendant son ouverture, de l'espoir de pouvoir travailler un jour dans une
infrastructure digne de ce nom, innover dans nos pratiques et avoir un espace
décent pour former les futurs médecins et professionnels en région et pour
toutes les régions du Québec. Parce que construire un hôpital, c'est long.
Chaque journée qui passe sans inscription de ce projet au PQI menace la qualité
et la sécurité des soins chez nous, aggrave la crise que nous vivons et fait
monter votre facture. Ce nouvel hôpital régional est la seule solution possible
pour maintenir des soins de qualité à Drummondville et au Centre-du-Québec, et
c'est en 2024 qu'il doit être inscrit au PQI. Avec l'équipe exceptionnelle que
je viens de vous décrire, imaginez ce qu'on pourra faire avec un hôpital
moderne et fonctionnel. La réalité, c'est qu'à l'heure actuelle on s'approche
d'un point de non-retour à Drummondville et que notre hôpital est indigne d'un
système où les intérêts et la santé des patients sont prioritaires. Aidez-nous
à exercer notre métier dignement. Aidez-nous à offrir des soins de qualité à
Drummondville à la hauteur de notre système de santé. Merci pour votre
attention.
La Modératrice : Merci
beaucoup. Donc, nous allons passer à la courte période de questions. Simplement
vous nommer et nommer à qui s'adresse votre question, s'il vous plaît. On se
limiterait à deux avec le temps limité qu'on a. Merci.
Journaliste : Bien, je pense
que... je pense que je suis tout seul, ça fait que je vais peut-être m'en
permettre une de plus. Je veux juste comprendre. Là, le projet d'hôpital, il
n'est pas au PQI, là, mais, M. Lamontagne, vous êtes au gouvernement. Donc,
vous entendez ça, là. Comment ça se fait que... Je ne sais pas pourquoi vous ne
pouvez pas annoncer aujourd'hui que ça va être au PQI.
M. Lamontagne : Bien, en
réalité, première des choses, je veux la saluer vraiment, la mobilisation du
milieu, là. Aujourd'hui, c'est un témoignage de l'urgence puis de la
mobilisation qu'on a au milieu. On avait, à l'occasion de... des élections de
2022, pris l'engagement d'inscrire ce projet-là de la modernisation de
l'hôpital au Plan québécois d'infrastructures. Puis, naturellement, tous les
efforts sont mis pour que ça puisse se faire dans les meilleurs délais
possible, dans un contexte où les besoins en santé et en infrastructures de
santé au Québec sont... je ne dirais pas illimités, mais sont très, très, très
grands, où il y a des ressources limitées, mais on est engagés, vous le voyez
très bien, pour faire en sorte de tout... tout mettre en œuvre, là, pour qu'on
puisse avoir une réponse positive pour 2024, là.
Journaliste : Mais... O.K. Je
n'ai pas retenu votre nom, excusez-moi.
Mme Tétreault (Catherine) : Catherine
Tétreault.
Journaliste : Oui. Dre
Tétreault, je voudrais vous poser une question. Quand vous voyez, bon, une
annonce, là, de près de 1 milliard pour la nouvelle toiture du stade... C'est
parce que... Puis là je vous entends parler de... du code turquoise tellement
il y a souvent des dégâts d'eau dans votre hôpital. Trouvez-vous qu'au Québec
on met les priorités aux bons endroits? Il me semble que...
Mme Tétreault (Catherine) : Bien,
c'est une question complexe. Moi, je suis médecin de famille, je ne suis pas
politicienne, donc je ne sais pas tous les budgets comment ça fonctionne. Je
sais juste que moi, je suis ici pour défendre ma population puis qu'on en a
vraiment de besoin puis que c'est urgent parce que, déjà là, on se demande
comment on va toffer les prochaines années même en l'inscrivant au PQI cette
année. Donc, c'est grave. Il faut faire quelque chose. Puis moi, je ne suis pas
là pour décider où va le budget. Je sais que c'est des enveloppes différentes
puis je garde espoir, c'est tout ce que je peux faire.
Journaliste : Merci. M. le
ministre, juste une dernière petite question, oui.
M. Lamontagne : Juste un peu
plus fort.
Journaliste : Oui,
excusez-moi. Je vais parler un petit peu plus fort. Je vais juste me permettre
une question sur un autre sujet. Comme ministre de l'Agriculture... Comme
ministre de l'Agriculture, j'aimerais ça savoir pour quelles raisons, à votre
avis, il faut interdire aux fonds d'investissement le pouvoir d'acheter des
terres agricoles.
M. Lamontagne : Bien, je vous
dirais honnêtement, là, le moment qu'on a créé ici aujourd'hui, c'est un moment
privilégié pour mettre en valeur puis mettre en exergue toute la mobilisation
qu'il y a au Centre-du-Québec puis à Drummondville en lien avec les enjeux
qu'on a puis les besoins en infrastructures de santé. J'aurai beaucoup d'autres
occasions de répondre à votre question à ce sujet-là, mais je voudrais m'en
tenir...
Journaliste : O.K. Est-ce que
je peux... Est-ce que je peux vous parler...
M. Lamontagne : ...je
voudrais m'en tenir, s'il vous plaît, aux enjeux, là, qu'on souligne par
rapport à l'hôpital de Drummondville.
Journaliste : Est-ce que je
pourrais vous parler tantôt à propos... à ce sujet-là? Non?
La Modératrice : ...
Journaliste : Parfait. Merci.
La Modératrice : Merci. Ça
met fin à la conférence de presse. Merci beaucoup.
(Fin à 12 h 57)