(Huit heures une minute)
M. Leduc : Bonjour, tout le
monde. Content de vous retrouver en cette rentrée parlementaire. Ce matin, je
voudrais réagir à l'annonce d'hier sur le salaire minimum. Je trouvais ça
louche qu'on n'en ait toujours pas eu idée, du montant du salaire minimum qui
allait être annoncé par le ministre. D'habitude, c'est fait dans le temps de
Noël, jour de l'an, un peu avant ou peu après, puis là on était rendu à la fin
janvier et toujours pas de nouvelles. Puis je l'ai accroché, le ministre,
pendant l'audition du projet de loi no 42, j'ai dit : Qu'est-ce qui
se passe avec ça, c'est long, c'est long? Puis là, le lendemain, woups!, en
douce, on annonce un maigre 0,50 $ d'augmentation de salaire. Donc, ça
passe de 15,25 $ à 15,75 $. C'est franchement ridicule, franchement
ridicule.
Ça ne couvrira même pas la hausse de loyer
de cette année, alors que ça hausse partout, ça hausse à l'épicerie, le coût de
la vie explose, alors qu'on a connu des hausses un peu plus dans le sens du
monde, dans les dernières années, il y avait eu des 1 $, il y avait eu des
0,75 $. 0,50 $, c'est ridicule. C'est ridicule.
Moi, je vois des gens à l'épicerie, je
vois des gens au Dollarama, dans les pharmacies, ils ne gagnent pas assez d'argent,
le salaire minimum est trop bas, et là le ministre, tout ce qu'il leur offre, c'est
0,50 $ de l'heure. Je ne sais pas si vous faites le calcul, là, 0,50 $,
40 heures semaine, ça fait 20 $, 20 $ de plus par semaine.
Merci, M. Boulet. Merci, la CAQ, c'est ça que vous offrez aux gens, aux petits
salariés du Québec. Ce n'est pas suffisant. Qu'est-ce qu'on peut s'acheter à l'épicerie
avec 20 $ de plus par semaine? Je ne suis même pas sûr qu'on est capable
de se faire un pâté chinois. En fait, pas mal sûr que ça coûte plus cher que
ça, se faire un pâté chinois, maintenant. Alors, franchement, là, très déçu.
Ridicule, cette hausse-là. Les Québécois méritent beaucoup plus que ça, et la
CAQ, il va falloir qu'elle se réveille, avec le monde ordinaire.
Journaliste : Ça dépend si on
prend la recette de M. Couillard…
M. Leduc : Je vous écoute.
Journaliste : Sur le
financement des partis politiques, est-ce que vous êtes prêt à dire qu'on cesse
le financement public pour les partis?
M. Leduc : Bien, financer des
partis politiques, c'est quand même un exercice démocratique. C'est bien, on a
voté pour, dans le passé, de baisser le seuil, là, quand c'était à
3 000 $, à 1000 $, puis de le baisser à 100 $, mais c'est bien
que des gens puissent financer des partis politiques. C'est aussi, d'ailleurs,
pour des partis politiques naissants qui n'ont pas participé à des élections précédentes,
le seul moyen d'obtenir de l'argent, parce que, sinon, l'argent public est
uniquement basé sur des votes.
Le problème ce n'est pas ça. Le problème,
ce n'est pas que des gens donnent à un parti politique, le problème c'est qu'il
y a une contrepartie. C'est là où la CAQ essaie de changer le sujet, cette
semaine, en disant : Ah! personne ne m'achètera pour 100 $, tout le
monde le fait. Non, ce n'est pas vrai, que tout le monde le fait, ce n'est pas
tout le monde qui a des ministres qui vont dans des cocktails puis qui jasent
de dossiers, puis qu'on attire des maires, des mairesses, ou autres, peu
importent leurs fonctions, en échange d'avoir accès à un ministre, en
contrepartie. La loi... elle est très claire, hein, c'est le mot «contrepartie»
que la CAQ semble avoir oublié.
Journaliste : Mais le PQ l'a
fait, en 2014, avec Nicolas Marceau. Février 2014, Nicolas Marceau était
ministre des Finances, ils ont fait... eux autres, ils ont fait pire, c'était
un speed-dating. Les 15 premières personnes qui donnaient 100 $
avaient le droit de participer à un speed-dating avec M. Marceau.
M. Leduc : Ah! ça, je ne la connaissais
pas, cette histoire-là.
Journaliste : Alors, c'est...
Tout le monde l'a fait, là. Bien, vous, vous n'avez jamais été au pouvoir, je
veux dire, le comparatif est différent, mais tout le monde l'a fait, alors
est-ce qu'on est en train d'inventer un scandale en ce moment?
M. Leduc : Non, non, on n'invente
rien. Ce n'est pas correct d'avoir fait un système où on monnaye l'accès à un
ministre. Tous les élus, en particulier les élus municipaux, devraient pouvoir
avoir accès à des représentants du gouvernement plus facilement qu'en échange d'un
100 $. Donc, ça, c'est clair qu'il faut que cette culture-là cesse.
Journaliste : Mais est-ce que
vous êtes ouvert, au moins, à en discuter? Hier, M. Roberge a dit : Bien,
moi, j'invite les oppositions, s'ils veulent parler de financement politique, à
ouvrir le dialogue. Ils sont prêts, eux autres, à discuter de revoir la Loi sur
le financement politique.
M. Leduc : Discuter, il faut
discuter. Nous, on vous annonce un peu d'avance que la conclusion risque de
n'être pas favorable à ce que la CAQ soumet, mais on est toujours ouvert à la
discussion, c'est certain. C'est ça qu'il faut être en politique, de toute
façon.
Journaliste : Mais elle est
où, la solution mitoyenne entre inviter des ministres à des cocktails de
financement, puis, à l'autre bout du spectre, abolir le financement populaire?
On se rejoint où là-dedans?
M. Leduc : Je ne suis pas sûr
que je comprends votre question.
Journaliste : Bien, c'est
parce que là il y a comme les deux extrêmes, tu sais, il y a monnayer l'accès à
un ministre d'un côté puis, de l'autre côté, bien, le débat se tourne vers :
On abolit carrément le financement populaire. Il doit y avoir moyen de se
rejoindre...
M. Leduc : Bien là, pour
l'instant, c'est, à ma connaissance, juste la CAQ qui propose ça, qui ont
d'ailleurs un peu changé d'avis, là, ce n'est pas ça qu'ils disaient lors des
discussions avec le DGE dans les précédentes semaines. Ça fait que c'est à eux
de voir comment ils veulent se positionner. Je ne suis pas sûr que ça a
complètement changé le débat juste parce que la CAQ a changé d'avis.
Journaliste : Pensez-vous que
la CAQ doit présenter ses ministres, dans les cocktails, pour faire du financement?
C'est quoi, la raison qui les pousse à faire ça, d'après vous?
M. Leduc : Ça leur
appartient, c'est leur culture de financement. Je ne sais pas ce qui les
gouverne là-dessus, là. Visiblement, ça doit être assez répandu, on est rendu à
quoi, 4,5, comme disait mon ami Vincent hier, des députés qui ont utilisé ce
stratagème-là.
Journaliste : On en a vu
beaucoup plus que ça, là, des annonces de cocktails auxquels participaient des
ministres. Vous n'avez pas une idée de ce qui sous-tend cette façon de faire
là?
M. Leduc : Vraiment, excusez,
je ne suis pas sûr, je comprends… ce qui sous-tend votre question.
Journaliste : ...le pot de
miel, le ministre?
M. Leduc : Ah! bien, ça me
semble une évidence, ça, c'est l'accès au ministre pour un maire qui peut se
dire : C'est peut-être… Je n'aurai peut-être pas accès aussi facilement au
pouvoir, si je passe par les voies plus traditionnelles, si je demande un
rendez-vous par courriel, ou si j'appelle l'attaché politique du bureau de
circonscription. Là, il est là puis, pour 100 $, je vais y aller. Puis
c'est ce que le député ou son attaché lui propose de faire, c'est sûr que la
tentation est forte.
Journaliste : Concernant les
syndicats, surtout dans l'enseignement, vous êtes issu du monde syndical...
M. Leduc : Tout à fait.
Journaliste : ...une des
revendications dans les négociations, là, avec les enseignants, c'est de faire
en sorte de ne pas faire suivre le dossier... à l'autre, là. Si un enseignant a
un mauvais dossier, il peut changer de centre de services, puis aller enseigner
ailleurs, puis son dossier ne suit pas, parce qu'on le protège, ça reste quand
même qu'il a un dossier, soit un dossier de mauvais... Savez-vous où je veux
venir, là...
M. Leduc : Tout à fait.
Journaliste : Est-ce qu'on
devrait changer ça, là,? Est-ce qu'on devrait savoir, la personne qui est
devant un groupe d'élèves, on a affaire à qui?
M. Leduc : Moi, j'ai lu les
mémoires de la FAE, là, autant dans le projet de loi, peut-être, en éducation,
le 47, que dans celui que je... auquel je siège, le 42. Je pense qu'ils sont
dans l'erreur. Je pense qu'ils font une mauvaise lecture de la situation. Puis,
en plus, ils sont un peu isolés au sein du milieu syndical. Si vous allez voir
les autres mémoires, notamment dans mon projet de loi n° 42... bien, celui
du ministre, bien sûr, mais celui sur le harcèlement sexuel, les autres
centrales syndicales, personne ne propose le statu quo, là. Il y a toutes
sortes d'autres alternatives par rapport à ce que le ministre a déposé, mais
personne ne dit qu'il ne faut rien changer dans les autres centrales
syndicales, ça fait que même au sein du milieu syndical.
Journaliste : …parce que vous
dites : Ils sont dans l'erreur, pour vous, c'est quoi, l'erreur?
M. Leduc : Parce qu'en
réclamant le statu quo...
Journaliste : …il faut dévoiler
les dossiers?
M. Leduc : En proposant le
statu quo, ça ne marche pas, ça ne marche pas. La situation doit évoluer. Il y
a différentes façons de la faire évoluer. Moi, d'ailleurs, je trouve que le
ministre ne va pas assez loin. Moi, ce que j'ai proposé au ministre,
malheureusement, ça ne se trouve pas dans le projet de loi, mais on pourra en
discuter, peut-être, dans l'étude détaillée, c'est d'aller une coche plus loin.
Le problème, souvent, là, c'est que les syndicats se sentent, à tort ou à
raison, obligés de défendre tout le monde, incluant les fameux… Mais c'est
parce que la loi l'oblige, il y a un article du Code de travail qui dit :
Vous devez défendre tout le monde. Bien, c'est très clair, allons modifier cet
article-là. C'est l'article 47.2 du Code du travail.
Journaliste : ...la CSQ, là,
c'est qu'il y a des ententes qui soient négociées, puis que ce soit différent
d'une convention collective à l'autre. Donc, pour vous, est-ce que c'est
acceptable, ça? Parce qu'un prof pourrait avoir un dossier dans une série
d'écoles, là, qui relèvent d'une convention collective, puis ensuite s'en aller
dans une autre école, exemple, une école privée, puis là on n'aurait aucune
idée de ce qu'il y avait dans son dossier parce que ça changerait...
M. Leduc : D'employeur
Journaliste : ...pas
d'employeur, de convention collective, en fait, là, ou de...
M. Leduc : ...donc
d'employeur, c'est la même chose.
Journaliste : J'avoue, j'avoue.
Donc, ça, est-ce que c'est acceptable ou ça devrait être uniforme dans l'ensemble
du réseau?
M. Leduc : D'ailleurs, si on
avait un réseau public, totalement public, ça réglerait une bonne partie du
problème, mais ça, c'est un autre débat. Mais non, là-dessus, aussi, je pense
qu'il faut aller de l'avant avec ce qui est proposé du côté du gouvernement,
d'avoir un transfert de dossier. C'est quand même assez normal. Si c'est
quelque chose qui peut nous aider à protéger les élèves, il faut le faire.
Journaliste : Donc, il faut
que ce soit uniforme dans l'ensemble du réseau, pour vous.
M. Leduc : Le plus possible.
Journaliste : Puis, par
rapport au 42, parce que... pardon, vous y faites référence, la CSQ, elle
propose qu'après cinq ans les infractions de nature sexuelle, elles
disparaissent du dossier. Est-ce que ça, c'est une bonne proposition à votre
avis?
M. Leduc : En ce moment, ça
dépend des conventions collectives, puis c'est six mois à un an, grosso modo,
là, la tendance. Ça fait que, quand je disais tantôt que personne ne propose le
statu quo, c'est ça aussi, eux autres, ils ont mis au jeu un cinq ans. Les
expertes qui sont à l'origine du projet de loi du ministre semblaient assez
ouvertes à ne pas aller dans l'abolition totale, pour toutes sortes de raisons
que... dans lesquelles je ne rentrerai pas aujourd'hui. Moi, ce que je constate,
c'est que peu de gens, à part la FAE, ont dit : Il ne faut rien toucher.
Donc, le cinq ans, c'est une proposition, je n'ai pas une tête de faite
là-dessus. Le ministre non plus d'ailleurs. Il les a écoutés, il a trouvé ça
intéressant. On va voir dans les prochaines semaines à l'étude détaillée quelle
serait la bonne proposition. Puis moi, comme je vous disais à l'instant, je
pense qu'il faut alléger aussi sur l'obligation de représentation. Si on exempt
les syndicats, de leur dire : Vous êtes obligés de représenter tout le
monde, puis, si on leur dit : Dans les cas de violence à caractère sexuel,
vous n'êtes pas obligé de représenter votre salarié, Oh! ça va changer
l'ambiance sur le milieu de travail dans le moyen temps, ça.
Journaliste : ...cette
proposition-là à M. le ministre?
M. Leduc : Oui, oui, j'ai
envoyé une lettre au ministre en octobre. J'en ai parlé aussi dans certaines
audiences, puis je vais certainement en reparler dans les prochains jours puis
je vous en parle en ce moment.
Journaliste : ...la réponse
pour l'instant...
M. Leduc : Le ministre Boulet
avait dit qu'il l'étudierait, là, en octobre. Ça ne s'est pas retrouvé dans son
projet de loi, mais, comme d'habitude, on peut continuer à discuter par la
suite.
Journaliste : ...qu'une
commission scolaire comme English Montréal dépense 1,3 million de dollars
pour contester la loi 21. Vous, vous n'étiez pas tout à fait d'accord avec
la loi 21, là. Donc, qu'est-ce que vous en pensez?
M. Leduc : Je ne suis pas au
courant de cette nouvelle-là. Donc, ils dépensent 1,3 million de
dollars pour contester la loi 21 devant les tribunaux?
Journaliste : Contester la
loi 21. Jusqu'à maintenant, oui, ça fait 1,3 million.
M. Leduc : C'est une bonne
question, parce que ça demeure de l'argent public. Mais c'est sûr que c'est un
droit de... d'aller devant les tribunaux quand on considère qu'une loi enfreint
des droits, ça ne veut pas dire qu'on est nécessairement d'accord sur le fond, là,
mais ça reste un droit d'une organisation de le faire. Sur la loi 21, de
toute façon, vous connaissez notre position, nous, on la modifierait, on ne la
jetterait pas aux poubelles au complet, bien sûr, on modifierait juste la
partie sur les signes religieux.
Mais il y a tout le débat sur les clauses
dérogatoires qui s'en vient, parce que les clauses fédérales doivent être
renouvelées aux cinq ans, ce qui n'est pas le cas des clauses dérogatoires de
la Charte québécoise qui, elles, sont enchâssées dans la loi. Nous, notre
position là-dessus, elle est très claire, les clauses de la Charte fédérale… nous
ne la reconnaissons pas, la Charte fédérale, elle a été adoptée, là, avec le
rapatriement de la Constitution avec Trudeau, on la trouve illégitime. Donc, on
est à l'aise à renouveler les clauses dérogatoires fédérales. Par contre, la
Charte québécoise des droits de la liberté, notre charte à nous, adoptée ici,
au Québec, qui était précurseure d'ailleurs de beaucoup de droits et libertés,
nous, on pense qu'elle devrait être soumise, la loi 21, à la Charte
québécoise, donc on voudrait qu'elles soient retirées, les clauses dérogatoires
de la Charte québécoise dans le projet de loi n° 21.
Journaliste
: Quelles
sont vos attentes à l'égard du projet de loi de M. Boulet, aujourd'hui, en
matière de construction?
M. Leduc : J'ai des craintes.
Je comprends l'objectif de vouloir aller plus vite dans la construction, mais
au regard de ce qui s'est passé hier et avant-hier sur le fameux programme où
c'était supposé d'aller plus vite puis que les gens s'y inscrivent pour aller
rénover leur chalet, j'ai des craintes qu'on prenne un mauvais chemin dans un
objectif louable. J'ai surtout des craintes en matière de santé-sécurité du
travail. Si on tourne trop de coins ronds, est-ce qu'on ne va pas mettre en
danger les travailleurs? Déjà que c'est le secteur qui a le plus haut taux
d'accidents et de décès, largement en avance de tous les autres secteurs du
travail. Ça fait que j'ai des craintes. Mais on juge toujours l'arbre à ses
fruits, ça fait que je vais écouter... je vais voir son p.l. tantôt, je vais
l'écouter, sa conférence de presse cet après-midi.
Journaliste : Mais quand on
vient, par exemple, remettre en question la mobilité de la main-d'oeuvre, on
sait que les syndicats sont extrêmement... comment dire, frileux à ça, ils
réagissent souvent de façon assez... assez, disons, viriles. Est-ce qu'il y a
un risque, à votre avis, qu'il y ait... je ne sais pas, pour le climat social,
quand on vient jouer dans des clauses comme celles-là?
M. Leduc : Moi, je veux
entendre toutes les parties. Le ministre Boulet m'a dit qu'il va voir à des
choses pour que ça aille mieux en construction puis que ça aille plus vite. Je
demande à ce qu'il me convainque de ça. Ça fait que je vais voir c'est quoi
qu'il propose. Est-ce que finalement c'est ça qu'il fait dans son projet de
loi? Puis est-ce qu'il peut me faire la démonstration que ça va aider à aller
plus vite? Parce qu'on se rappelle la frustration, quand même, de plusieurs
travailleurs dans différentes régions, en particulier les régions éloignées du
Québec, des gens qui sont formés, qui sont capables de travailler sur des gros
chantiers, mais c'est tout du monde de Québec, Montréal, puis qui débarquent,
puis qui font du fly in, fly out, alors qu'eux autres se retrouvent sans
emploi. C'est très frustrant. On peut comprendre.
Donc, est-ce qu'on veut revenir à ce
système-là? Je démontre à... Je demande à être convaincu. Évidemment, je vais
rencontrer aussi les parties syndicales, les parties patronales, ça va être des
grosses auditions. Puis là j'espère que, cette fois-ci, contrairement aux
autres projets de loi, le ministre puis le leader, Simon-Jolin-Barrette ne va
pas tourner les coins ronds avec deux, trois jours d'auditions seulement, là.
J'espère qu'on aura de l'air pour respirer. Il y a beaucoup de monde qui
voudront s'expliquer. Ça va être un gros changement. Je ne veux pas qu'on le...
qu'on le rush, en bon français, je ne veux pas qu'on se presse trop vite. C'est
important d'agir en construction pour aller plus vite. Il y a d'autres façons
de le faire aussi, mais je ne veux pas qu'on tourne les coins ronds, je veux
qu'on fasse bien notre travail.
Journaliste : Ma question
portait sur les risques pour le climat social au Québec...
M. Leduc : Tout à fait...
Journaliste
:
Souvenez-vous de la dernière fois qu'on a eu une confrontation entre les
syndicats de la construction, là, c'était sous Mme Thériault. Puis ça avait
brassé quand même pas mal. On avait été obligés même de lui mettre des gardes du
corps puis des caméras de surveillance à sa maison, etc. Est-ce qu'il y a un
risque pour le...
M. Leduc : Je souhaite qu'on
ne soit plus là. Je ne pense pas que c'est... tu sais, on se rappelle aussi des
saccages de chantiers dans les années 70, là, je pense que la situation a
évolué quand même beaucoup. Moi, j'ai soumis un projet de loi pendant la
pandémie pour assainir le climat en construction, parce qu'il y a deux choses
étranges dans la loi R-20, là, qui est le code du travail de la construction.
C'est écrit noir sur blanc qu'il ne peut pas y avoir de rétroactivité
salariale, c'est le seul domaine du travail où on interdit dans la loi d'avoir
une rétroactivité salariale lors d'une négociation collective, puis c'est écrit
noir sur blanc qu'on peut avoir des scabs en construction, alors que l'ensemble
des secteurs du Québec n'ont pas le droit d'avoir des scabs dans des conflits
de travail. C'est deux choses qui, je pense, pourraient permettre à avoir un
meilleur climat. J'espère les retrouver dans le projet de loi qui sera déposé
tantôt.
Journaliste : Dans l'immédiat,
on peut.
M. Leduc : À cause que c'est
fédéral. Moi, je parle des travailleurs sous juridiction québécoise, mais vous
avez raison d'identifier les travailleurs sous le code fédéral,
malheureusement.
La Modératrice : Peut-être
une dernière en français...
Journaliste : Bien,
rapidement, peut-être, sur l'immigration. Comment vous trouvez l'offre qui a
été faite par M. Miller hier pour les demandeurs d'asile?
M. Leduc : Largement
insuffisante. D'ailleurs, on va déposer une motion à ce sujet-là aujourd'hui.
La Modératrice :
En anglais.
Journaliste :
Mr. Leduc, regarding the proposition of
Mr. Roberge to review the law on political financing, is it... Because he said
that if political... if political parties in the opposition want to do that,
let's discuss that. But this is what you want, to review the law and focus only
on public funding and no donations from citizens, for example, no private
donations, this is what you want?
M. Leduc :
I think it's obvious that the CAQ wants to change the subject now, they
want to change the focus, so they're trying anything to change the subject. The
problem has never been that individuals can give a donation to a political
party, that's O.K. It's more than O.K., it's a good sign of democracy. The
problem is that they don't respect the law. The law, it's written black on
white : You can't have a counterpart when you give a donation. And it's very
clear. Then, when you say...
Journaliste
: ...
M. Leduc : Exact, the actual law. You can't have a counterpart when you give a
donation. And it's very clear that, when the CAQ says, in textos, in messages,
that : Hey! If you want to meet my Minister, give me $100 and you're going to
be able to meet him or her, that's not respecting the law, and this is what
they need to change, but that's what the CAQ needs to change, not the law.
Journaliste :
Did you see Radio-Canada's web article
about this mayor who said : Well, it's a win-win situation. Why are they
talking about this, debating about this? Like, it's a win-win situation for us,
like, we pay, we get something, and they get a donation, like...
M. Leduc :
Well, I read and I heard more mayors
saying the opposite, saying they felt... «obligés», obliged or… to do so, and
they were not comfortable. They thought that they were forced to do that and
they were not comfortable with this situation. And this is why it needs to
change, but the culture needs to change, the CAQ culture needs to change, not
the law.
Journaliste :
And one word about the reform of the
construction industry. We heard lots of details already since last week, even
weeks before, from the Labor Minister Boulet, Jean Boulet. It seems to me that
we had war efforts and now we have construction efforts to make, but is there a
risk for you in this?
M. Leduc :
There is. Everyone shares the objective
to go faster in construction to construct more. So, I share this objective with
the Minister and with the CAQ. I'm just not sure that he's going to take the
good road to arrive to this objective. I need to be convinced. So, I'll see
what's inside his bill this morning and this afternoon. I have worries, I have
worries about health and safety issues, I have worries about the way people can
react to this kind of legislative piece. I think the social climate is not
going to be... There's not going to be any riot or anything. What I wanted to
say by saying this is that, contrary to other bills, when the Government just wants to go fast and fast and
adopt it as the day after it has been presented, I want to have space, time and
air to have auditions, not one or two days of auditions, maybe one week, two
weeks maybe, if necessary, to hear everybody.
Journaliste
: ...
M. Leduc : Not just the unions, but everyone. We need to have a common goal to
arrive to it and to do it together. We just saw the last initiative from the Government to form... to train, faster,
people, the result has been revealed yesterday, people are going to those paid
courses maybe more for their own interest, to be able to renovate their houses,
and stuff like that, and not to go on the construction industry. So, when you
go too fast, maybe the result won't be the thing you thought it would be. So,
just take our time, do our job seriously, and I'm eager to see what's inside
the bill.
Journaliste
: What's you take on the minimum wage increase?
M. Leduc : It's a shame, it's a shame. People are struggling, the cost of
living is big, the raise is not even arriving close to the raise of the rent
right now in Montréal and everywhere in Québec. And I was starting to think
that it wouldn't be a nice raise when I saw weeks coming by and with no
announce. Because, normally, they announce this around Christmas or new year,
and we're in February and there has been no announce.
So, this week, Tuesday to
be precise, I was talking to the Minister during a pause inside the bill on…
42, and I said : Why haven't we heard about it? Is it going to be good news or
will I fear it will be bad news? And the day afterwards, they announced, with a
small «communiqué», discretely, the announce of... So, it's a shame. And if you
do the math, $0,50 an hour for a week, 40 hours a week, it's $20 bucks. $20
bucks more to the people who are struggling to pay the bills, to pay the
groceries. What's the goal of this? What's the message of this? It needs to be
way higher than that. It's a shame that it's been $20 bucks a week, this raise,
this year.
La Modératrice : Merci beaucoup.
M. Leduc : Merci, tout le monde.
(Fin à 8 h 21)