Point de presse de Mme Pauline Marois, chef de l'opposition officielle, Mme Marie Malavoy, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'enseignement supérieur, Mme Marie Malavoy, porte-parole de l'opposition officielle en matière de prêts et bourses, M. Mathieu Traversy, porte-parole de l'opposition officielle pour la jeunesse et les affaires étudiantes, M. Amir Khadir, député de Mercier, M. Jean-Martin Aussant, député de Nicolet-Yamaska, Mme Lisette Lapointe, députée de Crémazie, et de M. Pierre Curzi, député de Borduas
Version finale
Le jeudi 17 mai 2012, 15 h 30
Hall principal de l'hôtel du Parlement,
hôtel du Parlement
(Quinze heures trente-cinq minutes)
M. Bureau-Blouin (Léo): Bonjour à tous. Merci de vous êtes réunis rapidement. Donc, hier, j'étais seul, disons, à lancer une contre-proposition. Aujourd'hui, comme vous voyez, nous sommes nombreux à faire un ultime appel à la raison, au dialogue. Aujourd'hui, nous voulons interpeller directement M. Charest et le Conseil des ministres en lui disant qu'une solution négociée est toujours possible. Les étudiants, nous sommes à Québec, nous sommes au Parlement aussi longtemps qu'il le faudra.
Loi spéciale, pas loi spéciale, ceci n'empêche pas d'avoir une sortie de crise qui est honorable, une sortie de crise qui est négociée entre les étudiants et la partie gouvernementale, une solution négociée qui va garantir, justement, une paix sociale. Nous savons qu'en ce moment même, justement, les libéraux sont en train de discuter de tout ça et nous pensons sincèrement qu'il est nécessaire de reprendre le dialogue pour permettre une sortie de crise qui fait du sens.
Aujourd'hui, vous le voyez, peu importe la couleur du carré, peu importe l'allégeance politique, aujourd'hui, ce n'est pas le temps de faire de la partisanerie ou de s'enfermer dans des dogmes. C'est le temps aussi de penser aux intérêts de la collectivité, c'est le temps de penser à ce pourquoi aussi les parlementaires ont été élus. Ils ont été élus pour garantir une paix sociale, pour garantir les compromis, et, aujourd'hui, je le répète: Nous sommes ouverts à des compromis, nous sommes ouverts à discuter.
Mme Courchesne réagissait à notre contre-proposition, ce matin, en parlant de la composition du conseil. Écoutez, si c'est seulement ce petit aspect qui dérange, nous sommes ouverts à en discuter, nous sommes ouverts à trouver des solutions. D'ailleurs, dans la contre-proposition qui a été lancée et contrairement à ce que dit Mme Courchesne en point de presse, jamais dans ça vous ne verrez les mots «gel» ou les mots «moratoire». On a soumis des propositions qui sont réalistes, qui sont crédibles, qui sont atteignables, et vraiment, pour moi et pour nous tous, c'est important, une fois de plus, faire un appel à la raison. Il ne faut pas que l'émotion, que le désir de vengeance de certains l'emportent sur la raison. Nous avons la chance... nous sommes à ça, et je le crois, d'en arriver à une entente qui est négociée, et nous ne sommes pas seuls à le dire.
Je tiens d'ailleurs à saluer tous les gens qui sont intervenus en faveur d'une entente négociée au courant des derniers jours. Je pense, par exemple, au bâtonnier, M. Louis Masson, qui a eu un courage, qui s'est levé au-dessus de la mêlée et qui a fait lui aussi un appel, par exemple, à la médiation. Donc, les solutions sont là. Les acteurs crédibles sont là. M. Charest, Mme la ministre, nous désirons aujourd'hui vous rencontrer. Nous sommes disponibles à Québec et nous désirons sincèrement en arriver à une entente négociée pour mettre fin à cette crise qui paralyse le Québec depuis trop longtemps.
Mme Desjardins (Martine): Ça fait 14 semaines que les étudiants se mobilisent, 14 semaines qu'on cherche à trouver une solution à cette crise. Après 10 semaines, on est convoqués à une première table de négociation. Quatre semaines plus tard, on est devant encore un mur, devant une crise sans précédent, là où on va déposer un projet de loi spéciale. Ça fait 14 semaines qu'on tente de diviser, en fait, la population entre les gens qui sont pour la grève, les gens qui sont contre la grève, les gens qui sont pour la hausse, les gens qui sont contre la hausse. On cherche à diviser finalement pour être capable de mieux passer peut-être aux prochaines élections, pour être capable de partager notre plan politique.
Aujourd'hui, l'heure n'est plus à regarder des sondages, à regarder vers la prochaine élection. L'heure est à régler une des pires crises que le Québec ait connue, une crise qui dure, une crise qui voulait au départ favoriser l'accessibilité pour tous. On en est rendus actuellement à brimer, en fait, les droits des étudiants, à leur demander de rentrer de force en classe, alors qu'on cherche à préserver l'accessibilité aux études. Je pense que l'heure est justement à l'unification. On le voit encore aujourd'hui, tous les carrés sont présents pour dire qu'il vaut mieux négocier une entente que d'imposer encore une fois unilatéralement une entente.
Ça fait quatre semaines que le gouvernement impose unilatéralement des décisions, quatre semaines qu'on tente de faire croire à la population que les décisions sont négociées, quatre semaines qu'on cherche à imposer un agenda politique avant de regarder et défendre les valeurs québécoises. Il est temps maintenant qu'on regarde ce qu'on est en train de faire, qu'on prenne un temps d'arrêt, et c'est la raison pour laquelle tout le monde ici est en train de prendre un temps d'arrêt, de regarder ce qui peut se passer. Et, un temps d'arrêt, ce n'est pas juste une suspension des cours. Un temps d'arrêt, c'est aussi évaluer une situation, prendre la décision qui s'impose et avoir le courage nécessaire de la prendre, cette décision-là, avec le reste des parties, en négociant. Un courage, c'est être capable d'aller s'asseoir et regarder, justement, la personne dans les yeux et être capable de regarder les différentes étapes à faire. Ce n'est pas sortir, finalement, unilatéralement, encore une fois, une décision.
Aujourd'hui, on est tous réunis pour appeler M. Charest, ministre, également, de la jeunesse. Qu'il regarde la jeunesse qui s'est levée depuis 14 semaines, qu'il vienne s'asseoir avec nous, qu'il vienne négocier une entente de sortie de crise, qu'il démontre qu'il est bel et bien un chef d'État et non pas seulement un chef de parti. Il est plus que temps que le ministre de la jeunesse, le premier ministre, s'assoie avec les étudiants, et regarde, et négocie une entente de sortie de crise. Le Québec, actuellement, retient son souffle. Il est temps que le premier ministre se lève et vienne s'asseoir avec les étudiants. Ce n'est pas tout de tendre la main, encore faut-il être capable de faire les bons pas.
Mme Marois: J'ai peu de choses à ajouter suite à ce que Léo et Martine vous ont dit aujourd'hui. Vous voyez effectivement tous les carreaux de différentes couleurs réunis, différentes formations politiques, et nous plaidons. Nous plaidons pour que le premier ministre prenne une bonne et une sage décision. Nous croyons qu'il en va de la paix sociale. Nous sommes d'accord que les étudiants doivent, le plus rapidement possible, retourner à l'école. Mais cependant il faut aussi être capable d'ouverture de la part du premier ministre.
Ce que je lui demande aujourd'hui, c'est de s'élever au-dessus de la mêlée et c'est d'être le premier ministre de tous les Québécois et de toutes les Québécoises, être capable de s'assurer que l'on sorte de ce conflit avec non pas des perdants mais avec des gagnants, parce que je crois que c'est toute la société québécoise qui va en sortir grandie. Il y a encore un espace, il y a encore du temps pour y arriver. J'implore le premier ministre et, je le répète, d'être le premier ministre de tous les Québécois et de toutes les Québécoises.
M. Khadir: Le gouvernement s'apprête à voter une loi matraque dans l'espoir de mettre fin à 14 semaines de conflit, à 14 semaines de grève étudiante. Nous croyons, à Québec solidaire, que ce n'est pas le bon choix. Le Québec a vu, au cours des dernières semaines, des représentants du mouvement étudiant, des gens intelligents, des adultes excessivement réfléchis qui, semaine après semaine, ont pratiqué la politique de la main tendue. Le gouvernement pense par erreur qu'en accroissant la répression, les amendes, en exerçant plus de coercition, il va arriver à faire plier le mouvement étudiant. J'appelle le gouvernement à y réfléchir à deux fois.
J'en ai parlé au ministre Bachand tout à l'heure, je crois que le gouvernement se trompe parce que le gouvernement, comme bien d'entre nous, ont mal mesuré l'ampleur et la détermination du mouvement étudiant. C'est un mouvement qui n'est à nul égal, en quelque point, comparable à ce que le Québec a connu. C'est une force avec laquelle il faut désormais compter et il faut le prendre au sérieux. Cette force pratique la main tendue, a fait des propositions parmi les plus conciliantes. Le gouvernement n'a pas saisi cette main, mais il n'est pas trop tard. On a encore plusieurs heures devant nous, nous sommes ici pour appeler le gouvernement à saisir cette main tendue parce que le contraire, c'est-à-dire recourir à une loi matraque, va avoir des conséquences désastreuses pour le Québec, pour les policiers qu'on envoie au front, pour les étudiants et les jeunes qui se font taper sur la tête.
Et, s'il arrive un malheur, c'est sûr que ce qui va arriver, c'est que le Québec tout entier va tenir le gouvernement comme premier responsable de ce malheur. Alors, il est toujours temps d'éviter ces malheurs et, pour l'éviter, il faut accepter la main tendue qui est offerte au gouvernement par le mouvement étudiant.
M. Aussant: Ça fait plusieurs semaines, en fait, qu'on réclame, nous, un véritable débat de société sur la valeur de l'éducation, l'accessibilité aux études, la gestion des universités, les frais de scolarité. Et ce que le gouvernement s'apprête à faire, c'est l'exact opposé de ça, inverse de ça, une loi bâillon. En fait, ça coupe les débats, ça fait en sorte qu'il y a une décision qui est prise sans que personne puisse en discuter. C'est l'inverse dont le Québec a besoin en ce moment. Et d'ailleurs, s'il y a des conséquences à cette loi bâillon, ce sera le gouvernement qui en sera le responsable.
Ceci dit, j'invite vraiment tous ceux qui veulent s'élever contre cette décision-là à le faire dans le civisme pour justement qu'on s'élève au-dessus des tactiques qu'on déplore. Donc, il faut que tout le monde prenne ça avec calme. On va se faire entendre, mais de façon pacifique, je l'espère. Merci.
Mme Lapointe: Nous sommes, je pense, tout près d'une entente. Les représentants du mouvement étudiant l'ont bien dit, ils souhaitent une entente, ils sont ouverts à la discussion. Alors, moi, j'appuie aujourd'hui, avec mes collègues, cet ultime appel à notre gouvernement, à notre premier ministre. On doit régler pacifiquement cette crise. C'est urgent. Voilà.
M. Proulx (Laurent): Bonjour à tous. Premièrement, j'aimerais dire que la présence du Mouvement des étudiants socialement responsables du Québec ici démontre clairement l'intention des parties ici de parvenir à un règlement, là, dans l'intérêt de toute la société québécoise. Notre mouvement se range derrière la position du bâtonnier du Québec comme de quoi la loi spéciale ne devrait être utilisée qu'en dernier recours seulement.
Nous avons vu des efforts pour parvenir à un compromis, significatifs, et nous sommes ici pour représenter les citoyens québécois dont nous comprenons l'impatience devant le conflit qui perdure, devant les étudiants qui sont pris dans cette grève étudiante là qui perdure. Donc, notre intention est de s'assurer de fournir toute l'aide possible pour parvenir à un règlement qui ne force ni l'une ni l'autre partie à capituler, mais bien à essayer de trouver un règlement qui sera gagnant-gagnant.
Donc, c'est notre intention, et je pense que notre présence aujourd'hui fait... démontre, là, une certaine transparence, là. C'est tout. Merci.
M. Michaud (Robert): Alors, Robert Michaud, un parent fier et inquiet. Moi, ce matin, quand je me suis réveillé, mes premières pensées ont été à ces policiers qui ont été blessés hier et à leurs familles. En fait, c'est une situation semblable qui m'a lancé dans cette aventure un peu folle de parent pas habitué à cette foule, mais un cri du coeur que ma conjointe et moi avons lancé pour trouver une voie vers le retour à la paix sociale. Ce cri du coeur qu'on a lancé, il a été entendu par plusieurs. Plus de 450 médecins, qui ont signé une déclaration pour les médecins, pour le retour à la paix sociale, ont emboîté le pas. Près de 250 scientifiques de tous horizons, de tous les centres de recherche, les universités du Québec, ont signé avec nous pour un retour vers la paix sociale.
En fait, ce cri du coeur là, on l'a relancé. On a écrit à tous les députés de tous les partis il y a deux jours, leur demandant de prendre le carré blanc pour un retour à la paix sociale. Une journée après, on a fait le même appel, on a appelé tous les leaders étudiants, on a pu parler avec eux autres. C'est possible de parler avec tout le monde, et même un simple citoyen, un amoureux de la démocratie, on peut parler avec les gens, on l'a fait.
Aujourd'hui, ou plutôt hier, on a trouvé une solution originale pour assurer le retour à l'école des jeunes. On a entendu que c'était la grande, grande et plus grande des priorités d'assurer un retour à l'école. Avec de l'imagination et de la créativité, on a remodelé un calendrier entier et ça serait possible de le faire. Mais la vraie priorité, ce n'était pas cela. La vraie priorité, c'est le retour à la paix sociale. Et, si on a fait la démonstration, hier, qu'avec de la créativité et de l'imagination on peut trouver des solutions à des problèmes, il nous reste à faire le même effort pour trouver une solution à la priorité des priorités: le retour à la paix sociale.
Chez les scientifiques, on a une expression extraordinaire qui s'appelle «think outside the box», c'est-à-dire sortir des sentiers battus, c'est ce que nous avons appelé tout le monde à faire. En fait, les canaux traditionnels de négociation ont échoué. Est-ce qu'on peut penser autre chose? Nous avions proposé un moratoire. Il y a une allergie présentement à ça, c'est peut-être une idée caduque, mais il y a d'autres idées qui circulent, il y a d'autres idées qui valent la peine d'être entendues, d'autres qui n'ont pas été entendues, tout mieux que nous prolonger dans cette crise sociale. On a entendu l'ex-juge Louise Otis proposer un conseil de médiation, le Barreau du Québec a prononcé la même proposition. Est-ce qu'il y a d'autres solutions que de perpétuer la violence? Nous, parents fiers et inquiets, nous sommes encore plus inquiets aujourd'hui, mais très rassurés de voir tous ces gens-là autour de la table, prêts à discuter. Alors, c'est une belle invitation qui devrait être saisie. Merci.
M. Curzi: Courte phrase. On a le sentiment d'être un petit peu au coeur de la démocratie au moment où il faut que les valeurs que nous partageons soient établies, et qu'on s'entende, et qu'on aille au-delà des conflits, qu'on réconcilie les parties, les opinions, les générations. C'est un moment qui me semble assez capital si on veut espérer avoir une société dans laquelle la cohésion sociale et les institutions démocratiques signifient encore quelque chose.
Mme Thibeault (Josée): Écoutez, je vous écoute, je trouve ça très courageux de la part de tout le monde, je ne sais pas s'il faut parler d'un baroud d'honneur ou d'une tentative de la dernière chance. Mais est-ce que vous pensez vraiment que le gouvernement Charest, après tout ce qui a été dit depuis le départ de Mme Beauchamp, serait d'accord pour perdre la face et reculer comme il le fait?
M. Bureau-Blouin (Léo): Ce n'est pas de perdre la face que d'en arriver à une entente qui est négociée. Ce n'est pas perdre la face que de garantir la paix sociale, et il n'y a pas de recul là-dedans, bien au contraire. Moi, je vois ça plutôt comme une façon de prononcer... à une façon gagnant-gagnant de rétablir la paix sociale et d'en arriver à quelque chose qui satisfait toutes les parties. Vous l'avez vu hier, on avait transmis au gouvernement une contre-proposition qui s'inspire grandement, presqu'en intégralité, de ce que le gouvernement a déjà approuvé. Et, au contraire, je pense que la population du Québec attend de nous, les étudiants, à ce qu'on fasse des compromis, à ce qu'on fasse des pas par en avant et à ce que la gouvernement accueille ça, finalement. Je pense que les Québécois attendent de nous à ce qu'on règle cette crise-là, et je pense que les gens aussi sont inquiets quand même de la menace d'une loi spéciale. Donc, moi, je pense qu'en aucun cas, ce serait perçu comme un recul, bien au contraire.
Mme Thibault (Josée): Est-ce que... On a entendu beaucoup Mme Courchesne ce matin, entre autres, elle l'a répété. Elle dit: Les canaux de communication sont encore ouverts. Est-ce que c'est vrai, de votre point de vue? J'ai entendu dire que vous aviez tenté de les rejoindre pour leur refaire la proposition, pour essayer de discuter encore. Est-ce que vous avez eu des réponses? Est-ce qu'ils sont ouverts, ces canaux-là, comme ils le disent?
Mme Desjardins (Martine): Comme je le disais, c'est bien de dire que les canaux sont ouverts, c'est bien de dire qu'on tend la main, encore faut-il faire des pas spécifiques pour être capable de rejoindre les deux positions. On a fait une proposition il y a 10 jours déjà de cela. L'entente qu'on a soumise... il y a des clarifications qu'on a demandées. Aucun retour concret n'a été fait. Et ce n'est pas à force... en fait, on a fait de multiples appels, on a fait de multiples tentatives de discussion, de réelles discussions. Une réelle discussion, c'est s'asseoir, les deux parties, face à face et d'en arriver à une entente qui est négociée. Il reste encore du temps pour le faire, il y a toujours du temps pour le faire.
Et on perdrait la face si on n'arrivait pas à aller s'asseoir et le faire. Je pense qu'actuellement les parties perdent la face parce qu'on est en train d'avoir une situation qui est perdante-perdante, alors qu'il y a 10 jours on avait une situation gagnant-gagnant. Et donc, si on ne retourne pas à la table, c'est vraiment là que le Québec va perdre la face parce qu'on est en train de vivre quand même un mouvement d'une ampleur sans précédant. Et, devant tout ça, on va faire un petit pas avec une loi spéciale. C'est tout ce qu'on peut offrir, un mouvement comme ça. C'est un peu décevant.
M. Plouffe (Robert): Je constate que la CLASSE est absente aujourd'hui. Est-ce que c'est parce que l'association est l'association irritante pour le gouvernement?
M. Bureau-Blouin (Léo): La CLASSE, dans un premier temps, était à Montréal, donc n'était pas disponible, mais je vais vous inviter quand même à poser la question plus directement à eux. Je sais qu'ils se sont déjà montrés ouverts à des discussions à plusieurs reprises. Mais, sur la question spécifique de notre contre-proposition, ça, je vais vous inviter à leur poser à eux directement.
M. Plouffe (Robert): ... sur ce que vous voulez nous faire comme démonstration, aujourd'hui. Je constate que la CLASSE n'est pas ici. Pourquoi? Est-ce qu'il y a quelqu'un derrière vous qui a...
M. Khadir: Je peux tenter une réponse?
M. Plouffe (Robert): Oui, M. Khadir.
M. Khadir: La CLASSE, comme principe de travail de groupe, travail de représentation, ont pour principe de ne pas sortir en point de presse ou en représentation avec des partis politiques. Mais je suis persuadé, pour avoir suivi attentivement les opinions de l'ensemble des acteurs du mouvement, que s'il y a une main tendue de la part du gouvernement qui est sincère, la CLASSE est partie prenante.
M. Plouffe (Robert): D'autre part, je... écoutez, il y a une expression qui dit trop peu, trop tard, là. On se demande pourquoi vous n'êtes pas apparus tout le monde ensemble. Pourquoi avoir attendu que le gouvernement annonce officiellement son projet de loi avant de sortir de cette...
M. Bureau-Blouin (Léo): Il y a aussi une expression qui dit vaut mieux tard que jamais, et j'espère que c'est ce qui va se passer aujourd'hui.
Mme Desjardins (Martine): Je tiens à rappeler également que le 22 mars dernier, alors qu'on avait la plus grosse manifestation de l'histoire du Québec, nous sommes sortis ensemble cette fois-là pour dire encore une fois et interpeller le gouvernement, qui refusait jusqu'alors de nous parler, tout le monde était présent pour appeler au gouvernement à une table de négociation. Et donc je tiens à rappeler que c'est la deuxième fois que nous sortons tous ensemble pour interpeller le gouvernement. Et donc je crois que trop tard, là, ça ne s'applique pas ici. Ça fait un mois déjà qu'on les a interpellés sur ce sujet-là.
M. Aussant: Et, M. Plouffe, toutes les motions qui sont déposées...
Une voix: Prenez le micro, s'il vous plaît...
M. Aussant: Et toutes les motions qui sont déposées ici depuis longtemps sont toujours conjointes avec des gens de tous les partis. Donc, on l'a fait avec les outils parlementaires qu'on avait.
M. Plouffe (Robert): Donc, il est têtu. C'est un gouvernement têtu, c'est ça?
M. Bureau-Blouin (Léo): Bien, ce n'est pas une question d'être têtu aujourd'hui. Je pense c'est juste une question de... puis, vous le voyez, la démonstration qu'on tente de faire, c'est qu'au-delà de nos différences idéologiques, au-delà de nos différences partisanes, on essaie de s'élever au-dessus de tout ça et de penser ce qui est le mieux dans l'intérêt collectif.
Je l'ai dit dans la proposition qu'on a soumise, on ne parle pas de gel, on ne parle pas de moratoire. On a été capable de mettre de côté nos principes qui, pour nous, sont importants parce qu'on est conscients qu'en ce moment il y a un climat social à préserver au Québec. Et, en tant que représentants étudiants, on se sent un devoir de régler ce conflit.
Le Modérateur: M. Pépin.
M. Pépin (Michel): Bonjour à tous et à toutes. Alors, j'adresserai ma parole aux représentants des fédérations, au président, présidente. Qu'est-ce qui nous démontre, compte tenu de ce qui s'est passé, que vous êtes en mesure de conclure une entente et de la faire accepter par vos membres?
M. Bureau-Blouin (Léo): Bien, la meilleure démonstration, je pense, je l'ai fait hier. Moi, j'ai eu des communications avec la ministre Courchesne. Je lui ai soumis une contre-proposition, je lui ai garanti que mon organisation pourrait non seulement la recommander, mais chacune de mes associations en grève m'ont dit que pour elles aussi ça leur convenait. Donc, pour nous, c'est un cadre de retour en classe qui est assuré. Il pourrait y avoir eu des communications aussi avec plusieurs étudiants.
Les gens sont conscients aussi des impacts importants de la grève, à l'heure actuelle, ils sont conscients qu'il y a des impacts humains et économiques sans précédent. Et on se sent, comme je le dis, en tant que représentants, investis d'un devoir de régler tout ça et ce même si l'objectif politique initial qu'on s'est fixé n'est pas atteint. Donc, je pense que la meilleure garantie que vous avez, c'est que... c'est celle là, c'est notre parole, c'est un engagement clair et sincère d'en arriver à un règlement et de défendre cette entente-là corps et âme, aussi loin qu'il le faudra.
M. Pépin (Michel): J'aimerais vous entendre, Mme Desjardins, sur cette question-là.
Mme Desjardins (Martine): J'ai rencontré mes associations il y a à peine une heure. On a eu un comité de campagne pour réagir face à la situation qu'on vivait actuellement, pour voir quelles étaient les étapes à prendre, et le mandat est très clair au niveau de mes associations: On doit retourner discuter, retourner négocier, en arriver à une entente qui est négociée. Elles le veulent, elles le souhaitent, elles sont prêtes à la prendre et à faire un bout de chemin avec ça aussi.
Et je pense que, de notre côté, il est clair, et on l'a vu au cours des dernières semaines, on a fait plusieurs propositions, on était très sérieux dans les propositions qu'on a déposées. On a fait énormément de recherche de notre côté et on est prêts, et l'entente... Et d'ailleurs la meilleure preuve que vous pouvez avoir, c'est... retournez voir la conférence de presse qu'on a donnée le 5 mai dernier, retournez voir la conviction que les trois associations à la table ont donnée lorsqu'ils sont sortis avec cette entente-là, retournez voir la conviction qu'on avait qu'on avait une entente gagnante-gagnante. Je pense que, si on ressort d'une entente négociée avec la même attitude, on peut penser qu'effectivement la paix sociale va être rétablie mais aussi qu'on va avoir une sortie de crise étudiante.
M. Pépin (Michel): Oui, mais ça a été un échec, cette entente-là, là. Il s'est passé toutes sortes de choses, là, par rapport à ça. Et je veux bien revenir sur ça, là, mais, en même temps, je me permets d'avancer dans ma question. Comme vous avez dit, M. Bureau-Blouin, que le conseil provisoire, ça... le membership - pardonnez-moi, là - de ce conseil provisoire, finalement, c'est une question plus ou moins importante, un peu technique, on peut considérer ça. Mais qu'est-ce qui est vraiment important pour vous dans les nouvelles... les ajouts, là, à l'entente, là? Qu'est-ce qui est primordial pour vous, qui devrait être entériné par le gouvernement et qui pourrait mener donc à une entente, à votre avis?
M. Bureau-Blouin (Léo): C'est le genre d'aspect avec lequel on va pouvoir discuter avec Mme Courchesne. Je ne veux pas m'en aller dans tous les petits détails, mais ce que je veux dire, c'est qu'il y a certains éléments, bien sûr, de l'entente qui sont importants. Il y en a... ce que je dis, c'est qu'on est ouverts à des compromis et qu'on n'est pas... que vraiment, notre priorité à nous, ici, c'est un cadre de sortie de crise. Je ne pense pas que l'objectif ici ce soit de dévoiler quel élément pour nous est absolument nécessaire, lesquels ne le sont pas. Ce que je veux dire, c'est qu'il y a une ouverture de notre côté, et que, pour ma part, on est prêts à mettre notre tête sur le billot si c'est la garantie que ça prend à Mme Courchesne pour qu'on en arrive à un règlement. Et je le crois sincèrement qu'il est temps de régler, qu'il est temps de régler cette crise qui paralyse le Québec, et cette volonté est partagée par un nombre croissant de représentants étudiants.
Journaliste: Bien, donc, pour être clair, là, si ça ne tient qu'à ça, parce que c'est ce que je crois décoder, là, donc, vous, vous trouviez que les recteurs avaient trop d'importance dans la composition du comité en question. Mme Courchesne vous a accusés de vouloir gérer les dépenses des universités. Donc, qu'est-ce que vous proposez finalement? Que ce soit 50-50 les représentants des étudiants et des universités sur ce comité-là, et là on pourrait s'entendre? Est-ce que c'est ça? Êtes-vous prêts à ça ou...
Mme Desjardins (Martine): Je pense que ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il y a eu des assemblées générales qui se sont tenues pendant une semaine, la semaine dernière. Chaque association, en grève ou non, se sont prononcées sur l'offre. Les clarifications sur l'entente de principe sont nombreuses.
Et je tiens à rappeler, là, qu'il n'est pas anormal d'avoir des clarifications sur une entente de principe. Habituellement, c'est la façon dont on fonctionne: un va-et-vient, on remodèle l'entente de principe. Pourquoi est-ce que le gouvernement refuse de faire la même chose avec le mouvement étudiant? Est-ce que c'est parce que la jeunesse n'est pas considérée, pour un gouvernement?
Et donc on a des clarifications à faire. Les clarifications sont, oui, nombreuses, mais il faut en parler. Et ce n'est pas simplement une histoire de comité provisoire, de composition de comité. C'est un ensemble de principes qui avaient été mis de l'avant dans cette entente-là, qu'on doit rediscuter, négocier parce qu'on a des mandats qui sont très clairs. Les étudiants de partout... C'est 320 000 étudiants qui se sont prononcés sur l'entente de principe. Ce n'est pas rien. Et 320 000 étudiants nous ont donné des clarifications à faire. Et donc, si on ne peut pas aller s'asseoir avec le gouvernement, comment est-ce qu'on peut arriver à avoir une entente de principe qui a du sens?
Journaliste: Donc, il n'y a pas que cet élément-là...
Mme Desjardins (Martine): Non.
Journaliste: O.K. Monsieur Bureau-Blouin, vous avez dit dans vos remarques d'ouverture, là: Il ne faut pas que le désir de vengeance l'emporte sur la raison. Alors, qui cherche à se venger de quoi, là, d'après vous?
M. Bureau-Blouin (Léo): Bien, peu importe. Ce que... Je veux dire, c'est que, des deux côtés, dans un conflit qui...
Journaliste: ...c'est quand même lourd de sens, ce que vous avez dit.
M. Bureau-Blouin (Léo): Non, mais ce que je veux dire, c'est que, dans un conflit qui est aussi long, d'un côté comme de l'autre... Il y a des étudiants qui sont hargneux envers le gouvernement, et j'imagine qu'il y a aussi des élus qui sont fâchés envers certains étudiants. Et ce que je veux dire, c'est que je crois qu'on est capable de s'élever au-dessus de tout ça et de dire: Mettons de côté... Parce que, bien sûr, il y a eu toutes sortes d'échanges, parfois rudes, hein? Nous qui avons accusé le gouvernement de toutes sortes de choses, le gouvernement qui a accusé... toutes sortes de choses les étudiants.
Et ce qu'on dit aujourd'hui, c'est: Mettons donc ça de côté, élevons-nous au-dessus de tout ça et ne laissons pas justement, un peu comme on a dit hier, ne laissons pas nos émotions et nos frustrations mutuelles passer au-dessus de l'intérêt collectif, finalement. C'est tout simplement ça que je veux dire.
Le Modérateur: Monsieur Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain): Alors, ma première question est très simple. Elle se répond par un oui ou un non, et la deuxième également. Est-ce que, depuis hier, vous avez parlé avec Pierre Pilote ou quelqu'un d'autre du ministère de l'Éducation pour faire une nouvelle proposition?
M. Bureau-Blouin (Léo): J'ai parlé à Mme Courchesne et M. Pierre Pilote hier, oui.
M. Laforest (Alain): Après?
M. Bureau-Blouin (Léo): J'ai parlé à Mme Courchesne après l'avènement de la loi spéciale, mais je ne lui ai pas reparlé aujourd'hui, ni à M. Pierre Pilote.
Mme Desjardins (Martine): Oui. Pour ma part, c'est exactement la même chose. J'avais parlé à Mme Courchesne deux fois hier soir, donc, avant son point de presse et après notre propre point de presse.
M. Laforest (Alain): Vous avez entendu M. Charest, vous avez entendu Mme Courchesne. Vous tendez la main à nouveau. Ils demandent une chose, c'est la hausse des droits de scolarité. Est-ce que vous êtes prêts à accepter la hausse des droits de scolarité et de voir d'autres amendements pour favoriser une négociation?
M. Bureau-Blouin (Léo): Regardez, par exemple, à l'intérieur de l'entente de principe qui avait été signée. Le principe était qu'il y avait augmentation des droits de scolarité. Il y avait possibilité de dégager des économies qui se transportaient ailleurs, dans la question des frais afférents. L'ajout et... l'entente de principe est maintenant disponible sur Internet, là, celle qu'on a modifiée. L'ajout qu'on fait, c'est qu'on parle de facture globale, c'est-à-dire qu'on peut diminuer les frais afférents, mais ça pourrait déborder sur la question des droits de scolarité.
Donc, c'est ce qui, je crois, constitue un cadre gagnant-gagnant qui permet au gouvernement du Québec d'augmenter, de son côté, les droits de scolarité mais qui permet à terme de diminuer la facture étudiante globale, si économie il y a.
Journaliste: Est-ce que c'est oui ou non?
M. Bureau-Blouin (Léo): Bien, c'est oui. Tu sais, si l'entente de principe, elle avait déjà été expliquée, tu sais, il y a augmentation des droits de scolarité dans cette entente de principe, mais elle peut être compensée par des économies dans le comité. Ça, il n'y a rien qui change.
Mme Desjardins (Martine): Je vous répondrais que jamais il y a une question qui peut se répondre exclusivement par oui ou par non, mais des «peut-être aussi», «selon les négociations possibles», ce serait peut-être plus intéressant.
Journaliste: Oui. Continuons avec les oui, non et peut-être, parce que, M. Léo Bureau-Blouin, vous avez, hier, un peu ouvert votre jeu, pas Mme Desjardins. Puis j'aimerais éclaircir toutes sortes de choses qui se sont dites et tout ça. Vous, est-ce que les termes, ce qui avait été présenté par la FECQ, vous étiez en accord avec ça, que vous étiez prêts à recommander également aux membres l'adoption d'une telle entente?
Mme Desjardins (Martine): On a présenté une formule qui était effectivement très similaire à celle de la FECQ, quelques modifications qui avaient été demandées par nos membres spécifiquement. Avant de pouvoir aller défendre une entente dans les assemblées générales, je vais attendre de voir ce qui se retrouve dans cette entente-là. Donc, je ne pourrai pas répondre à votre question tant et aussi longtemps que je n'aurai pas négocié une entente. Donc, je ne ferai pas non plus de négociation publique, puisqu'on demande une négociation en tête-à-tête.
Journaliste: Est-il vrai que vous demandiez toujours l'idée d'un moratoire?
Mme Desjardins (Martine): On a fait des offres au gouvernement qui étaient des offres optimales et des offres minimales. Dans toutes ces offres-là, le mot «moratoire» a été prononcé seulement une fois. C'est un terme qui semble très allergique au gouvernement et, encore une fois, si c'est un terme allergène, sortons notre dictionnaire des synonymes et trouvons un autre terme, trouvons une autre façon de le régler. Je pense qu'au gouvernement on a prouvé qu'on ne manquait pas de créativité pour présenter des offres, bien, créons encore une nouvelle façon de sortir de cette crise-là. Mais définitivement, la loi spéciale n'en est pas une.
M. Chouinard (Tommy): Mais on est dans... C'est simplement que vous faites un ultime appel au dialogue. C'est peut-être le moment de faire... d'envoyer un ultime signal que vous êtes prêts à céder sur un point ou à montrer de l'ouverture sur un point. Est-ce que vous êtes prêts, Mme Desjardins, M. Léo Bureau-Blouin, pardon, à présenter un signal clair?
Mme Desjardins (Martine): En fait, je retournerais la question au gouvernement: Quand est-ce qu'il va démontrer un signal clair qu'il est prêt aussi à faire des compromis? Je rappellerai qu'au niveau de la hausse, et on semble prendre pour acquis, en fait, que les étudiants ne font pas de compromis, mais au niveau de la hausse, le gouvernement n'a pas reculer d'un iota. C'est la raison principale pour laquelle les étudiants étaient en grève. On n'a jamais reculé. Le gouvernement a décidé de poursuivre, là, finalement, cette confrontation-là en disant: Les étudiants ne veulent pas reculer.
Je le disais hier, les mesures palliatives qui ont été mises, c'est de dire que 50 000 étudiants vont s'endetter suite aux mesures palliatives. Pourquoi? Parce qu'ils n'ont pas accès aux bourses, ils ont accès aux prêts. Il faut arrêter de dire que les étudiants n'ont pas fait de compromis. Les propositions qui sont là, du gouvernement, là, c'est de mettre encore plus d'étudiants devant un endettement plus élevé. C'est ça, la réalité. Donc, il faut arrêter de dire que c'est les étudiants qui ne font pas de compromis. Où est le compromis du gouvernement, sinon une tentative de démontrer qu'ils font des compromis? Mais ce n'est pas le cas.
M. Bureau-Blouin (Léo): Et je vous dirais, M. Chouinard, quand même, dans l'entente de principe que vous avez sûrement lue, je crois que c'est la démonstration que c'est quand même une entente de compromis. Et si ce dont le gouvernement a besoin, ce sont des engagements, eh bien, on va pouvoir en débattre. Je veux dire, je suis prêt, pour ma part, à aller jusqu'au bout, hein, s'il le faut. Si ça prend un engagement que nous mettrons... que je remettrai, par exemple, ma démission si une éventuelle entente n'est pas acceptée, c'est le genre de chose, bien sûr, auquel je suis prêt à regarder, là. Je veux dire, on est prêts à aller jusqu'au bout, là.
M. Khadir: Ça serait bon que le gouvernement s'engage de la même façon.
Journaliste: ...est-ce que je dois comprendre qu'hier, donc, lors de vos dernières discussions avec le gouvernement, il y avait deux contre-propositions sur la table? Juste une précision là-dessus.
Mme Desjardins (Martine): Oui. Il y avait plusieurs propositions sur la table. Une d'entre elles était l'entente de principe avec des clarifications. Encore...
Une voix: ...
Mme Desjardins (Martine): Celle de la FECQ. La FEUQ en a envoyé une aussi il y a 10 jours. Ça fait 10 jours que le gouvernement a une contre-proposition, 10 jours qu'il était capable d'apporter des clarifications. Et donc, quand on parle de faire des pas puis de vouloir, là, d'avoir une volonté de régler, bien, il faut être capable de démontrer également. Et on comprend qu'on a changé de ministre de l'Éducation entre temps, mais ce n'est pas une raison. Si le gouvernement parle d'une seule voix pour annoncer une loi spéciale, il est capable également de passer, en fait, le flambeau sur l'entente de principe qu'il a reçue il y a 10 jours.
Journaliste: Et est-ce que l'un ou l'autre d'entre vous, ou les deux, avait reçu la garantie de la CLASSE qu'ils étaient prêts à appuyer vos contre-propositions?
M. Bureau-Blouin (Léo): Du côté de la CLASSE, comme on a expliqué, leur fonctionnement, et vous l'avez compris, je pense, est un peu différent. Eux, de leur côté, ils ont toujours dit que, s'il y avait une nouvelle proposition, ils allaient la soumettre aux membres. Et ça, ça a toujours été clair de leur côté.
Journaliste: ...dites aux étudiants qui auraient envie de manifester ce soir parce qu'ils savent qu'il y a un débat sur la loi spéciale et qui pourraient peut-être faire du grabuge?
M. Bureau-Blouin (Léo): Ce message-là, je pense qu'il a toujours été clair de notre part, là. Bien sûr que manifester, c'est un droit. On a encouragé à maintes reprises à manifester. Je pense que c'est important que les citoyens s'expriment, que les étudiants se lèvent. Et, s'il y a une chose, je pense, duquel nous et les jeunes en général peuvent être fiers, c'est d'avoir mené un mouvement de mobilisation aussi important et qui, je pense, a donné un peu d'espoir à beaucoup de gens. Mais, bien sûr, il faut que ça se passe d'une manière qui est pacifique, et je pense que la plus belle manière de démontrer justement notre détermination, notre persévérance, c'est d'opposer un peu à toute l'oppression qui est omniprésente en ce moment un pacifisme et un calme qui, je crois, enverraient un message extrêmement positif à la population. Parce que certains dérapages qu'on a vu, et je pense que les gens le comprennent quand même de plus en plus, ce n'est aucunement représentatif du mouvement qui a traversé le Québec dans les derniers jours.
Le Modérateur: Deux questions en anglais... Allez-y.
Journaliste: Merci. In the house this morning, Mme Courchesne said two things. She said your proposal... what you're proposing now means that students would control university spending. The second thing she said was the dialog has not been broken, which seems to me that, you know, there may be some hope. What do you think, you know, given those two things: a, she's saying there's nothing to talk about, and b, let's talk?
M. Bureau-Blouin (Léo): Mrs. Courchesne said that we wanted to take control of the management of universities. If you look at the proposal that we sent to Mrs. Courchesne, there were six university principals on a committee of 19 persons. We made a suggestion to reduce this to four principals of university because, for students, it was important to equilibrate the force. But, like I said, if that's a problem, we can talk about it, we are ready for compromise on this specific thing. So, I think it's really... for me, it's really a detail. And Mrs. Courchesne said that she wants open communication, I think that's a step in the right direction. Let's have open discussion on a real proposal and for negotiate a deal. That's our message today.
Journaliste: Now, the other thing is when you talk to Government people, they say the problem is, if they're dealing with the unions, say the FTQ, CSN, there are certain rules, and everybody knows the game, and you can get an agreement. And, with you, it's amorphous, you know, there's different... four entities and so on, and they say: That's the problem. They can't really negotiate with you.
Mme Desjardins (Martine): Actually, to say that it's difficult to negotiate with us, they at least have to try once to negotiate with the students. They never tried. We have several discussions, we have been having only one proposition from this Government, the proposition that has been sabotaged next days, the days that follow this new deal that was on the table. So, I think, to say that the student association is very difficult to manage, well, you, at least, have to try. And I think the Government is very creative, we can find ways to resolve this issue by having the two parties at the same table and having a clear discussion. So, one way to say that you want to discuss with somebody, it's another thing to really have a discussion.
Journaliste: Mr. Bureau-Blouin, obviously, you said this in French earlier, if you could just repeat it for our benefit, what is your appeal to the Premier today? And why do you think, at this point, when the Government has already made its position clear, that it intends to table this legislation, you believe that maybe he could reconsider?
M. Bureau-Blouin (Léo): Even if there is going to be debate on a special law, I think it's important to have an ultimate chance, to give an ultimate chance to have a negotiated deal, because I think that a special law will have a negative impact on the social peace, and I think that a negotiated deal could permit a return to peace. I think that we are really good faith, we are ready more than ever for a compromise. We are more open minded than ever. We are realizing that we have... we heard the call of duty, if I can say, for social peace, and we sent some proposal that I think that are responsible. And I think that the Premier should try to talk with us, should talk with us to find a negotiated deal and we are not talking about days and weeks negotiation. We are talking about some hours that could pacify this conflict and permit a return in class. And I've been pretty clear with Mrs. Courchesne, and we sent a proposal that does not talk about social peace, that does not talk about moratorium, and I think that they should considerate it and take a few hours to talk with us.
Journaliste: I just want... I just have a question here.
Mme Desjardins (Martine): Bien là je suis toute seule. C'est correct... c'est correct, allez-y.
Journaliste: Bon, merci. I just want to know... I just want to know what guarantees do we have that, if the Government did sit down with you and negotiated a settlement, what guarantees do we have that students would follow your lead and accept this negotiated settlement, because it's seems that, you know, things are kind of out of control right now?
M. Bureau-Blouin (Léo): I talked with the students union from the FECQ that are on strike and what I sent to Mrs. Courchesne have been accepted by the students union on strike. They have accepted to recommend this offer. I'm ready to recommend this offer. If Mrs. Courchesne wants more guarantees, I can give her more guarantees, but really, what I want to say is that I'm concerned by the fact that social peace is troubled right now. I'm concerned by the fact that the strike has huge impact on thousands of students across the province, and it's not a matter of being in favour or against the strike, it's a matter of saving semesters, of saving some part of student's life. And, really, it's an honest statement that I want to make today to Mrs. Courchesne and the Premier, to say that we are more ready than ever for compromising. It's really an honest statement.
Mme Desjardins (Martine): This is why last week, actually, we asked every association members to vote, not only to go forward with this offer or to reject it, but, again, to make some clarifications. So, it's over 320,000 students that voted for clarification. So, this is a warranty that we can go along with a new offer, a compromise. And I think this is a way to prove that we are willing to do what is needed to solve this crisis. We made good point of this last week. So, why is the Government not sitting with us, not discussing with us? Why is the Premier, who is the Minister of the Youth, not sitting with the youth?
Journaliste: What message do you have for the MNAs who will vote on this piece of legislation tonight?
M. Bureau-Blouin (Léo): I want to say to the Council of Ministers to be open minded, to hear our ultimate call for a negotiated deal. I think it's possible and I think that the Quebeckers are going to be proud of their Government, of their Premier, of their students if we come to a negotiated deal. And it's not a matter of having or not a special law. It's a matter of preserving social peace, and I really think that the Quebeckers are going to be proud of us if we kind of taking consideration, not some «partisanerie» or some color of square, but really the interest of the majority.
Des voix: Merci.
(Fin à 16 h 16)