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(Dix heures cinquante-neuf minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour,
tout le monde. Bien, d'abord, pour commencer, ce matin, à tout seigneur, tout
honneur, je veux féliciter Pascal Paradis pour son élection dans Jean-Talon. Je
veux féliciter aussi les militants et les militantes du Parti québécois. J'ai
été pas mal sur le terrain, mes collègues aussi, puis on les a vus, ils étaient
nombreux et nombreuses, les militants et les militantes du PQ, dans les rues de
Jean-Talon. C'est une victoire qui leur appartient également, puis je trouve ça
important, ce matin, de les féliciter pour leur travail et pour leur victoire.
C'est le fun, gagner une partielle, on en a gagné une, il y a quelques mois, à
Québec solidaire, ça fait que je leur souhaite de profiter de ces moments de
réjouissance là, qui sont précieux quand on s'engage en politique, que ce soient
comme député, comme militant, comme militante.
Sinon, bien, j'espère que François Legault
a entendu le message. J'espère que la CAQ prend des notes. Il y a eu deux
élections partielles depuis la dernière élection générale, et la CAQ les a perdues,
les deux. Une est allée au Parti québécois, une est allée à Québec solidaire.
De toute évidence, il y a des gens, et pas juste dans la région de Québec, qui
ne sont pas satisfaits de comment ça se passe au Québec. Ils voient leur loyer
augmenter, ils voient le coût du panier d'épicerie s'envoler, ils voient un Québec
qui n'est pas à la hauteur de ses capacités sur le plan environnemental, sur le
plan climatique, et ces gens-là, dans deux dernières élections partielles, ont
envoyé des messages assez clairs au gouvernement. Donc, j'espère que François
Legault va prendre des notes, parce qu'il y a du monde qui ne sont pas
satisfaits de comment ça se passe au Québec. Moi, c'est beaucoup ce que je
retiens de l'élection d'hier.
De notre côté, bien sûr, on prend acte des
résultats avec humilité, avec sérénité. Puis mon message aux gens de Jean-Talon
qui ont peut-être envisagé de voter pour Québec solidaire, qui ont hésité à le
faire puis qui ne l'ont peut-être pas fait, bien, ce que je veux dire à ces
gens-là, c'est qu'on ne les lâchera pas, qu'on ne les abandonnera pas, qu'on va
continuer, avec Sol et Étienne, dans la région de Québec, à marteler les
priorités qui, je pense, sont les leurs,
la crise du logement, le coût de la vie et
l'environnement. Et moi, je souhaite que Sol et Étienne travaillent
conjointement, le plus souvent possible, avec Pascal Paradis, pour faire
avancer les priorités des gens de Québec face à une CAQ qui les a abandonnés, que
ce soient la nécessité d'avoir un tramway à Québec, régler la crise du
logement, de s'occuper du dossier de la qualité de l'air. C'est des enjeux sur
lesquels mes collègues de Québec travaillent déjà beaucoup, puis je souhaite
qu'on puisse travailler avec M. Paradis le plus souvent possible. Merci.
M. Lacroix (Louis) : C'est quand
même drôle que...
M. Nadeau-Dubois : Je vais
céder la parole à mon collègue puis je réponds à votre question avec plaisir,
M. Lacroix.
M. Bouazzi : Merci, Gabriel.
Aujourd'hui, je voudrais vous parler de batteries. Évidemment, comme vous le
savez, nous, à Québec solidaire, on a toujours été pour les batteries, et puis
ça se fait de manière à ce que... En fait, il y a deux choses importantes. D'abord,
les revenus, et, ensuite, le contrôle, hein, parce que les batteries doivent
s'insérer dans une transition énergétique, où on a le contrôle, entre autres,
pour baisser les GES du Québec. Et, aujourd'hui, on doit se poser la question :
C'est quoi, la limite? C'est quoi la limite? Je veux dire, il y a
7 milliards de dollars, à terme, qui vont être sur la table. On parle
de... La limite, c'est quoi? C'est 100 000 $ par job,
200 000 $, 500 000 $ par job? On est rendus à 1,5 million
par job. 7 milliards, à terme, je vous rappelle, c'est comme si chaque
Québécois, là, ceux qui sont nés hier et ceux qui ont 99 ans, prête
1 000 $ par personne à cette compagnie-là.
On est devant un vieux schème de
développement économique, là, un vieux schème des années 80, là, de quand
Fitzgibbon a commencé à faire des affaires, mais en pire, parce qu'à l'époque,
l'idée c'était de ramener des capitaux étrangers, de s'assurer que, quel que
soit le coût environnemental et humain... et, aujourd'hui, ce n'est même pas
des capitaux étrangers, c'est notre argent à nous qu'on investit dans une jeune
pousse, qui a une compagnie qui fonctionne presque à plein régime. Et on n'est
même pas propriétaires, et je pense que ça, c'est une question vraiment
importante. Il y a juste moins qu'un demi-million, donc moins que 500 000 $
qui servent à acheter des actions, et je veux qu'on prenne acte de cette
situation-là, là.
On ose comparer ça à la Baie-James, là. Et,
encore une fois, 7 milliards, je pensais que c'était important d'y revenir
ce matin, parce que c'est quand même énorme, là. La Baie-James, là, c'est des
infrastructures qui nous appartiennent à nous, les Québécoises et Québécois,
c'est une expertise qui nous appartient à nous, les Québécoises et les
Québécois. On a les meilleurs ingénieurs au monde en matière de turbines et de
barrages. Et c'est un objectif noble, c'est d'avoir de l'électricité pas chère
pour les Québécoises, les Québécois. C'est quoi, nos garanties, pour que ces
batteries-là roulent au Québec? C'est quoi les garanties pour que les voitures
électriques vont être moins chères pour les Québécoises et les Québécois, alors
que c'est un produit de luxe? C'est quoi les garanties pour que la propriété
intellectuelle nous appartienne? On ne l'a même pas achetée, avec tout l'argent
qu'on met sur la table. Et, tout ça, au nom de la transition énergétique. On
doit les croire sur parole.
Et je vous rappelle qu'il y a une
compagnie multinationale qui est venue, qui a rencontré deux ministres à
plusieurs reprises, et qu'on avait une limite, pour un BAPE, à 30 mégawatts.
La limite disparaît. Ils produisent 50. La limite était à
50 000 tonnes de production par an. Ils produisent 56 000, la
limite passe à 60 000 tonnes. Ça fait qu'au nom de la transition
énergétique on ne serait même pas capables d'avoir un BAPE? Un BAPE, là, c'est
un moment démocratique où les citoyennes et les citoyens ont la seule chance...
c'est le seul moment où ils ont la chance de s'exprimer, où les spécialistes
viennent s'exprimer sur le plus gros projet public privé, à entendre l'appeler «privé»,
là, de l'histoire du Québec.
Ça fait que nous, notre demande,
aujourd'hui, est claire, là. Hier, on a entendu le gouvernement prendre acte
qu'il y a un manque de confiance des électeurs et des électrices envers la
manière de gouverner de la CAQ, là, mais nous, on veut que le ministre
Fitzgibbon, avec tout son historique d'éthique, aujourd'hui, nous dise que la
version de «Maîtres chez nous» au Québec, là, ce n'est pas des multinationales
qui viennent décider nos normes énergétiques, et c'est un BAPE, pour que les
citoyennes et les citoyens, entre autres, de Saint-Basile, se prononcent sur ce
projet-là. Merci.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Dans
le résultat d'hier, M. Nadeau-Dubois, vous avez, à Québec solidaire, moins
bien fait que lors de l'élection générale de 2022, vous arrivez en troisième
position. En 2022, quand vous étiez aspirant premier ministre, vous avez
récolté moins de votes que votre prédécesseure l'élection précédente. Est-ce
qu'il y a quelque chose qui s'accumule et qui teinte votre leadership, là, alors
qu'on est à la veille de votre réélection comme co-porte-parole?
M. Nadeau-Dubois : Bien, on
verra ça au congrès. C'est une question qui appartient aux membres de Québec
solidaire. Ce qui s'est passé, hier, pour Québec solidaire, c'est assez facile
à lire, là. Selon nos premières estimations, les jeunes ont voté à peu près
deux fois moins que les 65 ans et plus. On le savait que le défi, dans
cette élection-là, ce serait de faire sortir le vote des jeunes, et, de toute
évidence, ce n'est pas un défi qu'on a relevé. Ça explique, en bonne partie, le
résultat d'hier puis la légère diminution de votes qu'on a eus.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Est-ce
qu'il y a un plan de match pour vous sortir du vote des jeunes uniquement pour
avoir des succès? Parce qu'à travers l'histoire, là, pour l'instant, il n'y a
jamais eu un parti qui a réussi à les mobiliser à un point tel d'aller prendre
le pouvoir, là.
M. Nadeau-Dubois : Bien,
c'est un défi, c'est un des défis de Québec solidaire. On en a énormément parlé
depuis la dernière campagne électorale. Il faut qu'on soit capables de
construire des ponts vers les autres générations. C'est pour ça qu'on va
continuer à marteler sur les enjeux qui sont, justement, importants pour toutes
les générations, notamment la question du coût de la vie, des jeunes familles
qui, en ce moment, au Québec, travaillent à temps plein, ils ne sont capables
de joindre les deux bouts, des travailleurs, des travailleuses dans la fleur de
l'âge, là, qui, malgré qu'ils se lèvent tôt, puis qu'ils se couchent tard, se
ramassent quand même dans les banques alimentaires ou font des sacrifices
qu'ils ne devraient pas faire pour maintenir leur qualité de vie. Ça, c'est des
enjeux, je pense, qui ont du potentiel de nous faire percer auprès des autres
générations. Puis on va continuer puis on va prendre le temps d'analyser aussi
les résultats d'hier.
M. Bergeron (Patrice) : M. Legault,
hier, a dit que c'était... il prenait la responsabilité personnelle, et que son
parti prenait la responsabilité, que ce n'est pas la défaite de sa candidate.
Est-ce que vous seriez capable de dire quelque chose comme ça aujourd'hui?
M. Nadeau-Dubois : Bien, bien
sûr, je prends ma part de responsabilité dans le résultat.
M. Bergeron (Patrice) : Et
votre parti?
M. Nadeau-Dubois : Aussi.
Mme Prince (Véronique) : Tous
les partis d'opposition veulent revendiquer le titre d'opposition officielle.
Vous l'avez déjà fait à Québec solidaire, à un moment ou à un autre. Est-ce que
vous craignez que les Québécois voient en le Parti québécois cette opposition
officielle là, le titre que vous auriez voulu avoir?
M. Nadeau-Dubois : Il y a des
gens qui sont payés, dans la vie, pour discuter de ça à la télévision. Je suis
sûr qu'il y a des analystes qui vont se prêter à ce jeu d'analyse... bien, ce
jeu... à ce travail d'analyse dans les prochains jours, dans les prochaines
semaines. Moi, ce que je dis aux gens... Parce que moi, j'ai été beaucoup sur
le terrain dans Jean-Talon, puis beaucoup de gens nous disaient : Ah! on
vous trouve intéressants, on aime votre travail, mais on n'est pas sûrs, on
veut bloquer la CAQ. C'est beaucoup des choses que j'ai entendues. Puis le
message que j'ai pour ces gens-là, c'est : on prend acte que vous ne nous
avez pas choisis cette fois-ci, mais on va quand même vous défendre. Il y a des
locataires, dans Jean-Talon, des gens à faibles revenus, des jeunes qui ont
besoin d'une voix ici, à l'Assemblée nationale, puis on va continuer de faire
ce travail-là.
Mme Prince (Véronique) : Par
rapport à ce que vous venez de dire à l'instant, là, vous ne pensez pas que
c'est un vote pour le PQ? Vous pensez que c'est un vote contre la CAQ?
M. Nadeau-Dubois : Je vais
laisser les analystes analyser les résultats. Moi, ce que je constate, avec les
chiffres qu'on a, c'est que... puis je l'avais dit à plusieurs reprises dans
les dernières semaines, notre gros défi, c'était de faire sortir le vote des
jeunes. C'est difficile, en général, c'est encore plus difficile dans une
élection partielle. De toute évidence, on n'y est pas arrivés, là. Selon les
premiers chiffres qu'on a sous les yeux, les jeunes ont voté à peu près deux
fois moins que les 65 ans et plus. C'est sûr que ça fait une différence.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Ça aurait fait une différence s'il y avait eu
des votes sur les campus?
M. Nadeau-Dubois : Sans
doute, mais ce n'est pas le seul résultat. Il aurait pu y avoir aussi plus de
participation des jeunes dans les bureaux de vote réguliers. C'est une question
plus générale, je pense.
M. Côté (Gabriel) : Sous
prétexte de rejoindre les jeunes puis la population en général, vous avez
dépensé de l'argent en publicités sur Meta. Est-ce que vous sentez que vous
avez rejoint... que vous avez obtenu plus de votes grâce à cette stratégie-là?
Puis, sinon, est-ce que vous regrettez d'avoir donné de l'argent à cette grosse
compagnie-là pour rien du tout, finalement?
M. Nadeau-Dubois : Bien, d'abord,
c'est dur à quantifier, hein, l'effet d'un enjeu sur le vote. Moi, ce que je
peux vous dire, c'est que, sur le terrain, j'en ai très, très, très peu entendu
parler. Mon intuition, c'est que ça n'a pas fait de différence, ni d'un côté ni
de l'autre. Mais nous, on va continuer à utiliser les médias sociaux pour
rejoindre les gens, comme, d'ailleurs, beaucoup d'organisations médiatiques
elles-mêmes le font, hein? Beaucoup de médias au Québec continuent d'acheter de
la publicité sur les plateformes de Meta, parce que ces organisations
médiatiques là sont, elles aussi, dépendantes de ces plateformes-là pour aller
rejoindre leurs lecteurs, pour aller recruter du nouveau lectorat, en
particulier chez les jeunes.
M. Bourassa (Simon) : Est-ce
que vous craignez un recul du poids politique de Québec solidaire dans la
région de Québec, là, avec les résultats qu'on a vus hier, éventuellement?
M. Nadeau-Dubois : Hier, au
début de la journée, on avait deux députés dans la région de Québec. Ce matin,
on en a toujours deux, ça fait que j'appelle ça plus un statu quo qu'un recul.
On est enracinés depuis 2018, là, dans la région de Québec. Sol et Etienne,
vous les voyez, ils font un travail exceptionnel. Et moi, ce que je souhaite,
c'est que, le plus souvent possible, les députés solidaires de Québec puissent
travailler en collaboration avec M. Paradis, notamment sur un dossier
comme celui du tramway. Ça va être important que les députés de l'opposition,
dans la région de Québec, gardent le fort puis appuient le maire Marchand dans
ce projet-là, qui est tellement important pour la Capitale-Nationale.
M. Bergeron (Patrice) : ...une
question par jour. Vous qui êtes au... allez-vous dire oui...
M. Nadeau-Dubois : C'est mon
collègue Alexandre Leduc, qui est notre leader parlementaire, qui va...
D'abord, vous me l'apprenez. Je ne savais pas qu'ils avaient fait, qu'ils
avaient formulé cette demande-là. Je pense qu'ils l'avaient formulé la dernière
fois aussi. C'est des discussions qui vont avoir lieu entre les leaders
parlementaires.
M. Lacroix (Louis) : Mais est-ce
qu'ils méritent un petit peu plus de temps de parole, compte tenu du résultat
d'hier? Ils sont maintenant quatre.
M. Nadeau-Dubois : Ce n'est
pas à moi à juger de ça. C'est les leaders parlementaires, qui vont discuter
entre eux autres.
M. Lacroix (Louis) : Donc,
vous n'avez pas d'opinion sur le fait qu'ils gagnent en popularité et qu'ils
ont plus de voix maintenant, ici, à l'Assemblée nationale?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
c'est-à-dire que la répartition des budgets, la répartition des questions, ça
se fait en fonction du nombre de députés, et les leaders parlementaires vont
discuter de ça dans les prochaines semaines.
M. Bergeron (Patrice) : Votre
caucus ne donnera pas d'instructions aux leaders parlementaires, là?
M. Nadeau-Dubois : Non. Ce
n'est pas comme ça qu'on fonctionne.
M. Duval (Alexandre) : Considérant
que les libéraux en ont cinq par jour et qu'ils ont, bon, un petit peu moins de
20 députés, vous en avez 12, est ce que vous ne pensez pas qu'une nouvelle
répartition pourrait être favorable?
M. Nadeau-Dubois : Nous, on
n'est pas fermés... Tu sais, moi, je ne suis pas fermé à ce qu'il y ait des
discussions entre les partis, mais c'est les leaders parlementaires qui vont
s'en occuper, là.
M. Bossé (Olivier) : Si
c'était à refaire, est-ce que vous feriez votre investiture de façon moins
pressée, là?
M. Nadeau-Dubois : À
l'époque, on avait des raisons de croire que l'élection serait déclenchée très,
très tôt. C'est pour ça qu'on a procédé plus rapidement. Bon, finalement, ça
n'a pas été le cas. D'ailleurs, c'est une des raisons pour lesquelles ce serait
intéressant, au Québec, d'avoir des dates fixes pour les élections partielles.
Je sais que c'est une proposition qui a été longtemps discutée. Je pense qu'on
est rendus là au Québec. Donc, nous on a procédé rapidement parce qu'on croyait
que ça allait être déclenché très tôt. Maintenant que la game est terminée,
c'est tentant de se dire : Ah! si on avait su que c'était déclenché plus
tard, on aurait pu avoir plus de temps. Ce n'est pas faux. C'est sûr que les
tumultes qui ont entouré notre investiture au début du mois d'août n'ont pas
aidé à ce qu'on démarre la campagne sur le bon pied.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
qu'une femme vous aurait aidés? Est-ce qu'une candidature féminine vous aurait
aidés?
M. Nadeau-Dubois : C'est une
question purement hypothétique, je ne suis pas capable de répondre à ça.
M. Duval (Alexandre) : Avez-vous
l'impression que M. St-Pierre Plamondon, depuis un an, incarne mieux le
renouveau que vous et votre parti?
M. Nadeau-Dubois : Je vais
m'épargner le supplice de me commenter moi-même puis de me comparer moi-même à
M. Plamondon. Il y a des gens qui font très bien ça dans la vie.
M. Duval (Alexandre) : Êtes-vous
jaloux de son succès?
M. Nadeau-Dubois : Ah! non, la
jalousie n'est pas une émotion qui m'habite.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Mais, quand même, êtes-vous victime de votre
fonction?
M. Nadeau-Dubois : Pardon?
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Êtes-vous victime de votre fonction? Tu sais,
vous n'êtes plus le leader étudiant, en 2012, en bras de chemise, là, vous vous
promenez en complet-cravate.
M. Nadeau-Dubois : Bien, des
fois, je suis en bras de chemise, une fois de temps en temps, là.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Non, mais vous comprenez ce que je veux dire?
Vous êtes en complet-cravate, votre rémunération est rendue beaucoup plus...
M. Nadeau-Dubois : Bien,
juste ici. En complet-cravate, c'est juste à l'Assemblée, parce qu'on est
obligés, mais, sinon, au quotidien...
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : ...votre rémunération est beaucoup plus élevée
que celle de la majorité des Québécois, là...
M. Nadeau-Dubois : M. Plamondon
aussi.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : ...vous êtes rendu loin du salaire moyen. Tu
sais, est-ce que ça vous nuit, à quelque part, en fait, est-ce que ça vous
éloigne de votre électorat traditionnel?
M. Nadeau-Dubois : Tous les
députés font le même salaire de base. Je ne suis pas trop certain de comprendre
votre question.
M. Bourassa (Simon) : Êtes-vous
encore proche de la population?
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Bien, c'est ça. Est-ce que votre fonction vous
éloigne un peu de la population?
M. Nadeau-Dubois : Ah! bien,
moi... bien, je veux dire, c'est un défi pour tous les hommes, toutes les
femmes politiques de rester le plus possible connectés sur les gens qu'on
défend. Moi, il ne se passe pas une semaine sans que je ne rencontre pas des
gens qui en arrachent, que ce soient des locataires qui sont étouffés par les
hausses de loyer... J'ai visité au moins trois ou quatre banques alimentaires
dans les dernières semaines. J'ai rencontré des agriculteurs la semaine passée,
qui sont étouffés par le coût de la vie, c'est épouvantable, ce que ces gens-là
vivent. On est en tournée des régions, puis, dans le cadre de cette tournée-là,
on a rencontré récemment des infirmières qui sont étouffées par le TSO.
Moi, c'est sans doute l'affaire que j'aime
le plus dans mon travail, de rencontrer des gens qui subissent les conséquences
des décisions politiques qui sont prises ici. Ça m'aide énormément dans mon
travail. Je raconte beaucoup leurs histoires, d'ailleurs, en Chambre, parce que
je trouve ça important, puis je pense que c'est mon rôle aussi, comme élu de
l'opposition, d'être sur le terrain, d'entendre ces histoires-là puis de les
renvoyer à François Legault, de lui parler de ce qui se passe sur le terrain. Vous
ferez l'exercice d'aller voir mes dernières questions. Je m'inspire beaucoup de
ces rencontres-là que je fais. Je pense que ça met un visage sur des problèmes
que, trop souvent, on aborde avec des grandes statistiques et des grandes
études.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Mais c'est une crainte, pour les élus, de
finir par être déconnectés. Vous, vous y pensez, à ça, à cette déconnexion-là?
M. Nadeau-Dubois : Je pense
que c'est une crainte qui est partagée par tous les élus, oui.
M. Duval (Alexandre) : M. Legault
a dit qu'il serait sur les rangs en 2026. Vous, votre tête, est-ce qu'elle est
faite, M. Nadeau-Dubois?
M. Nadeau-Dubois : Oui, j'ai
déjà annoncé que je vais me représenter en 2026.
M. Duval (Alexandre) : Puis
le fait que votre formation politique soit pas mal toujours au même niveau dans
les sondages, est-ce que ça vous amène à avoir une réflexion sur votre
leadership?
M. Nadeau-Dubois : Nous, on
est, en ce moment, à Québec solidaire, en tournée des régions, pour, justement,
trouver des solutions pour relancer la croissance de Québec solidaire, et puis
ce travail-là va se poursuivre.
M. Duval (Alexandre) : Mais
vous, personnellement?
M. Nadeau-Dubois : Moi, j'ai
fait mon... j'ai fait les réflexions que j'avais à faire suite à l'élection de
2022. J'en ai fait état publiquement. On a rencontré nos membres en février ou
en janvier. On a fait ce travail-là d'introspection. La page, sur 2022, elle
est tournée, pour nous. Maintenant, on est en mode terrain, avec notre tournée
des régions. Je pense qu'on fait un excellent travail. J'étais d'ailleurs en
Mauricie la semaine passée. Puis on va continuer.
M. Duval (Alexandre) : Mais
vous ne répondez pas tout à fait, à savoir, vous, votre réflexion?
M. Nadeau-Dubois : Moi, j'ai
fait les réflexions que j'avais à faire suite à l'élection de 2022, la page est
tournée. Moi, je suis optimiste, pour la suite des choses, pour Québec
solidaire. On a un congrès qui s'en vient, qui, je pense, va être extrêmement mobilisant,
parce qu'on va choisir... les membres vont choisir la personne avec qui je vais
maintenant partager le rôle de porte-parole. J'ai bien hâte de savoir ça va
être qui, d'ailleurs. Je pense que ça va être un moment mobilisant. Ça va être
un de nos plus gros congrès, je pense, des dernières années.
Mme Côté (Claudie) : Donc, de
2022 à 2023, il n'y a rien qui a changé, pour vous?
M. Nadeau-Dubois : De?
Mme Côté (Claudie) : De 2022
à 2023, de l'élection générale à l'élection partielle, pour vous, il n'y a rien
qui a changé?
M. Nadeau-Dubois : Qu'est-ce
que vous voulez dire, «il n'y a rien qui a changé»? Dans quel... Dans le parti?
Mme Côté (Claudie) : Bien,
vous avez dit : J'ai fait ma réflexion en 2022, j'ai fait mon introspection,
c'est public. On est un an plus tard. Vous avez eu le même résultat. Donc, pour
vous, la réflexion, elle n'est pas nécessaire?
M. Nadeau-Dubois : Bien, pour
ce qui est du résultat... Nous, on a fait beaucoup de réflexion suite à l'élection.
D'ailleurs, il n'y a aucun parti politique qui a fait un bilan puis une
introspection aussi profonde et aussi publique que l'a fait Québec solidaire.
On a fait un deux jours, public, d'instances pour tirer les bilans de
l'élection de 2022. Ce travail-là a été fait sérieusement, en public, ça a
été largement couvert dans les médias, et c'est très bien comme ça. Mais la
page, sur 2022, pour nous et pour moi, elle est tournée. On regarde 2026, on
continue de travailler fort sur nos priorités.
M. Côté (Gabriel) : Hier
soir, François Legault a fait son entrée dans la salle puis il a commencé son
discours alors que M. St-Pierre Plamondon n'avait pas fini de faire son
discours. Est-ce que c'est impoli et arrogant de sa part? Est-ce que vous
trouvez que c'est...
M. Nadeau-Dubois : Bien, vous
devriez lui poser la question. Je ne sais pas s'il avait des contraintes de
temps, là. Je sais que la... Je pense que la tradition veut qu'on attende que
l'autre se termine. Des fois, on est dans le local électoral, on n'est pas au
courant de ce qui se passe dans les autres locaux. Là, je vais être bien
honnête avec vous, je n'ai pas vraiment les informations qui me permettent de
savoir si c'était un manque d'élégance ou pas, là. Je connais l'existence de cette
tradition-là. Des fois, aussi, les choses vont vite en politique, là. Je ne
sais pas trop. Pour les batteries.
M. Bergeron (Patrice) : Une
petite question sur les batteries, pour terminer, parce que vous avez lancé
plein, plein, plein de trucs, là, M. Bouazzi, là. Vous avez dit que vous
êtes pour les batteries, mais vous avez voté contre la motion qui avait été
présentée par M. Fitzgibbon. De un, pourquoi? Puis, de deux, si je
continue dans votre logique, il faudrait donc nationaliser l'industrie de la
batterie ou prendre tous les brevets, avoir... Je ne comprends pas, là.
M. Bouazzi : Bien, il faut...
C'est du capital de risque, ce qu'on a fait, là, c'est du capital de... Il y a
une différence entre nationaliser et être propriétaire d'un pourcentage qui a
de l'allure, là, je veux dire. Concrètement, quand on met, à terme,
7 milliards sur la table, et qu'il y a juste 500 millions qui servent
à acheter des actions, on n'a pas le pouvoir de décider un minimum de ce qui se
passe dans cette compagnie-là, là. Je veux dire, il y a... Ce que je décris, ce
n'est pas du communisme, le capital de risque, là. Ça fait qu'on est quand
même... Et, non, nous, on a proposé une motion qui explique pourquoi on est
pour la... qui dit qu'on est pour la filière batterie, mais qu'on voudrait
avoir des baisses de GES associées... de gaz à effet de serre associées à la
filière batterie, et c'est le gouvernement qui a voté contre. Comment ça se
fait...
M. Bergeron (Patrice) : ...que
M. Fitzgibbon a déposée, puis vous avez voté contre. Votre leader s'est
levé puis il a dit non...
M. Bouazzi : Oui, bien sûr,
parce qu'actuellement, quand on affirme que la filière batterie sert à la
transition énergétique, nous on dit : O.K., mettons-la dans une motion, et
disons qu'elle sert à baisser les gaz à effet de serre. Et le gouvernement a
voté contre. Non, on ne peut pas... Vous savez, il y a un problème de
crédibilité dans ce gouvernement-là. Il nous dit : C'est la transition
énergétique, ne vous inquiétez pas. Ça fait cinq ans qu'il est là. C'est quoi,
le bilan? Il est où, le plan? Vous l'avez vu, vous, le plan? Il est où? Il n'y
a pas de plan. On est dans une situation où, pour être sérieux là-dedans, il
faut aussi toucher aux économies d'énergie. Elles sont où, les économies
d'énergie? Je veux dire, ça fait cinq ans. Est-ce que le code du bâtiment a
changé? On continue, aujourd'hui... Je veux juste...
M. Bergeron (Patrice) : ...je
vous parle des batteries, là. À un moment donné...
M. Bouazzi : C'est la
transition énergétique, c'est un tout, justement. C'est-à-dire que si, l'idée,
c'est qu'il y ait des multinationales qui se fassent un coup de cash chez nous,
ce n'est pas notre vision des choses. Ça, c'est une vision des années 80,
on laisse ça à la CAQ. Nous, on est en 2023. Ça doit servir à un plan plus
large de baisses de GES, et c'est fou qu'on ait à l'expliquer au gouvernement
aujourd'hui.
M. Bergeron (Patrice) : M. Bouazzi,
pendant qu'on donne 14 milliards en Ontario, il faudrait que le Québec dise :
Non, on ne touche pas à ça tant que ce n'est pas 100 % propre? Pourquoi,
là? Je ne comprends pas exactement. Si on met 14 milliards en Ontario,
nous, on ne donne pas une cenne ou...
M. Bouazzi : Je veux juste
être clair, là. Nous, dans notre proposition, là, on avait 2 milliards,
sur la table, d'argent public, à la dernière élection, pour la batterie, là, mais
l'idée, c'est avoir des revenus et du contrôle. Je veux dire, si, l'idée, c'est
qu'on n'est pas capables de prouver qu'on baisse les GES, si, l'idée, c'est
qu'on n'est pas capables d'avoir des batteries qui roulent ici, au Québec, si,
l'idée, c'est qu'on n'est pas capables d'avoir des voitures moins chères... C'est
un produit de luxe actuellement, on n'est pas capables de faire une transition
énergétique sur la base de ce qui se passe actuellement. On est en train de
mettre 7 milliards sur la table, et on n'est même pas capables d'avoir des
conditions associées aux 7 milliards? Donc, on dit : Ça doit servir
au GES. Je veux dire, «Maîtres chez nous», c'est nous qui décidons, et, oui,
c'est nos cailloux, et, oui, on transforme la richesse ici, mais... et, oui, ça
sert à baisser les GES.
M. Bergeron (Patrice) : 7 milliards
par rapport à 14 milliards, vous comprenez que ce n'est pas la même
cagnotte.
M. Bouazzi : En 2023, on ne
met pas 7 milliards sur la table si on n'est pas capables de prouver que
ça baisse les GES au Québec. Ça me paraît évident.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Si Québec ne va pas de l'avant avec une
procédure d'évaluation environnementale, est-ce que le fédéral pourrait le
faire?
M. Bouazzi : On pense que
c'est le Québec qui doit le faire. Actuellement, on a vu un ministre, M.
Charette, qui disait qu'il n'était pas fermé à l'idée. Nous, ce qu'on pense,
là, c'est qu'il y a un vrai problème éthique, là. Je rappelle, là, il y avait
une limite à 30 gigawatts, la compagnie à 30 gigawatts. La limite
saute. Il y avait une limite à 50 000 tonnes, la compagnie crée
56 000 tonnes. La limite passe à 60 000. Je veux dire, ça n'a pas
d'allure, là. Je veux dire, il faudrait, au minimum... Les mouvements... Les
syndicats, les spécialistes, les mouvements environnementalistes demandent un
BAPE générique depuis plus d'un an.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : O.K., mais,si Québec ne le fait pas,
est-ce qu'Ottawa devrait en demander un?
M. Bouazzi : Québec devrait
le faire et prendre ses responsabilités par rapport à la transition énergétique.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Mais est-ce qu'Ottawa devrait le demander?
M. Bouazzi : Moi, je pense
que c'est… d'abord, le BAPE, c'est le Québec, là, et, deuxièmement, le Québec
devrait le faire. Actuellement, il y a des citoyens qui le demandent, il y a
des spécialistes qui le commandent. Il faut que le Québec le fasse. Et puis,
surtout, il ne faut pas que les multinationales étrangères décident de nos
normes environnementales.
M. Authier (Philip)
: Mr. Nadeau-Dubois, good
morning. Your party went from third… second, sorry, second, in that riding, to
third, last night, in that by-election. What went wrong?
M. Nadeau-Dubois : Well, we don't have all the data, but the first data we have is
pretty clear, young people voted twice… how do you say «deux fois moins»?
Journaliste
: …
M. Nadeau-Dubois : Twice as less. So…
M. Authier (Philip)
: Young people voted half as much.
M. Nadeau-Dubois : Half as much.
M. Authier (Philip)
: Sorry…
M. Nadeau-Dubois : So, with the date we have now, what we're seeing is that young
people voted half as much as voters from 65 years old and older. And we knew it
was going to be our main challenge, in that by-election, to get young people
out to vote. We didn't succeed in that challenge. It's one of the big factors
that explains our result yesterday.
M. Authier (Philip)
: But these by-elections are often used by voters to send a message
to the Government, and they
elect someone else. They didn't elect you.
M. Nadeau-Dubois : Well, there were two by-elections in the last year. The CAQ lost
both of them. Québec solidaire won one, the Parti
québécois won one. So, I think the message is pretty clear for Francois
Legault. A lot of people don't like what's going on in Québec, a lot of people
see their rent increase, they see their grocery cart being, you know, heavier
and heavier on their wallet. They want to see a government that takes care of
them, and they don't see that. That's why the CAQ lost two by-elections in the
last year, and I hope Mr. Legault is taking some notes and hearing the message.
Mme Mignacca (Franca
G.) : But, for you, you mentioned there were half as many, you know, I
guess, younger voters that came out to vote. But there are a lot of young
people that just have no interest in voting at all, and it will probably… it
may very likely stay that way. Do you think it's a mistake to base so much of
your voters base within that age group?
M. Nadeau-Dubois :
The democratic participation of young people is, yes, a structural challenge in
Québec and in a lot of democracies right now. It's always a challenge to get
them to vote. It's a challenge in a regular election. It's even more a
challenge in a by-election. We knew it was going to be our challenge, we talked
about it in the last weeks. And the results speak for themselves. We didn't
succeed in that challenge. And, yes, one of the goals of Québec solidaire in
the next years is to build those bridges towards a new… towards other
generations. I think when we talk about the housing crisis, when we talk about
the cost-of-living crisis, we are talking about issues that can be… that can
connect us with those other generations. We know that we have that work to do
and we're going to continue to do it.
Mme Mignacca (Franca
G.) : Do you think that you'll be entering more of a period of
reflection at this point?
M. Nadeau-Dubois : We had a big period of reflection after the last election. For us,
the page is turned on that 2022 election. And we are in the middle of a region
tour…
Mme Mignacca (Franca
G.) : Regional tour.
M. Nadeau-Dubois : …regional tour to meet Quebeckers from all backgrounds, from all
networks. It's going to be a very constructive process for us, and it's going
to help us to be better in 2026.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
M. Nadeau-Dubois : Merci
beaucoup. Bonne fin de journée.
(Fin à 11 h 25)